Synthèse
RESUME DE LA CONTRE ENQUETE
Le Baron Rouge – fusain d’époque pour lequel il a posé – avec sa signature
Manfred von Richthofen Rittmaster – Capitaine Manfred von Richthofen
et quelques réponses aux objections, Une piqûre de rappel
Comme souvent dans ce type d’opérations il existe bien évidemment plusieurs hypothèses !
La première version officielle, vite démentie par ailleurs, affirmait que Von Richtofen aurait été touché par un observateur australien tirant à l’arrière d’un biplace qu’il poursuivait.
La deuxième est simplement que le Capitaine Roy Brown aux commandes d’un Sopwith Camel aurait abattu le Baron Rouge alors que celui-ci poursuivait un novice, « Wop » May, qui se serait écarté du lieu d’un combat aérien au dessus de la Somme.
La troisième est que le Baron Rouge aurait été abbattu par les tirs conjoints de Roy Brown et de deux mitrailleurs, Evans et Buie embusqués au flanc d’une colline, le Belvédère de Sainte Colette, aussi nommé « cirque de Vaux ».
La quatrieme est que Evans et Buie auraient abbattu le baron rouge qui passait, par hasard, à portée de leurs mitrailleuses alors que May et Brown s’étaient écartés de leur axe de tir.
La cinquième est que le Baron rouge aurait été abattu par un certain Popkins.
Ces dernières hypothèses prennent comme convention essentielle que « Wop » May était un novice qui a agi par imprudence, que Roy Brown vint à son secours et que le Baron fut abattu fortuitement.
Nous proposons une toute autre version : « Wop » May n’était pas un novice mais un pilote très confirmé connaissant très bien le Capitaine Roy Brown, puisqu’ils étaient ensemble à la même école de pilotage, et qui était directement sous ses ordres puisque Lieutenant, donc plus gradé que la plupart des pilotes de son escadrille. On ne voit pas trop comment, dans l’armée britannique, au sein d’une escadrille d’active, un novice aurait eu le grade de lieutenant, donc d’officier alors que la plupart des pilotes confirmés étaient encore des sous-officiers. Et il ne sortait pas de l’école puisqu’il avait fréquentée celle-ci en même temps que Roy Brown. En fait « Wop » May, avant guerre, était déjà pilote d’exhibition à titre professionnel, ce qui, à l’époque, ne devait pas être trop fréquent.
Donc une première arnaque de taille.
Il agissait donc fort probablement dans le cadre d’une opération de « deception », assez coûtumière des Services Secrets Britanniques (SOE et SIS), et avait pour rôle d’attirer le Baron Rouge dans un traquenard parfaitement organisé avec des tireurs d’élite bénéficiant d’un matériel spécialisé comme de nombreux témoignages l’attestent.
Il y a beaucoup trop de points obscurs ou passés sous silence pour évoquer le simple fait du hasard.
Celui qui organisa très probablement cette opération, le Major Beavis, deviendra Général de Brigade et sera impliqué, lors de la seconde guerre mondiale, dans une autre opération de « deception », l’opération « Fortitude » qui couvrira le débarquement allié en Normandie en juin 44. A l’époque du Baron Rouge il était directement placé sous les ordres de « Quex » Sinclair qui deviendra, jusqu’en 1939 date de son décès, le patron du MI6. Du beau linge !
Il fallait porter un coup fatal à l’aviation allemande, à l’armée allemande, à la nation allemande, ceci afin de préparer la dernière offensive alliée qui devait amener la victoire de novembre 1918.
Et, selon les termes mêmes de l’Etat Major Allié « Von Richtofen vallait une armée à lui seul ! » Il suffit de regardre les cartes publiées dans l’immédiate après guerre, et encore de nos jours, pour constater que le lieu où était tombé le Baron Rouge est toujours indiqué. Et le plus souvent en rouge, au même titre que des batailles ayant engagé des centaines de milliers d’hommes.
Les prévisions étaient justes car le choc fut intense.
Pour la petite histoire c’est un certain Herman Göring qui remplaça le Baron Rouge à la tête de la Jasta 11.
Les temps venaient de changer et pas en faveur de l’Allemagne ! Maintenant, libre à chacun de retenir ou de rejeter cette hypothèse mais lorsqu’on étudie le dernier vol point par point et particulièrement sur place il devient difficile de se satisfaire du simple hasard.
A moins d’être un sacré « Bisounours » !
L’objection la plus facile est que « Wop » May n’avait pas d’expérience en matière de combat aérien et qu’il aurait donc fait une fort mauvaise « chèvre ». L’objection a cette objection est qu’on voit mal « Wop » May en simple novice échapper aux griffes du Baron rouge, c’est une hypothèse encore plus imbécile. « Wop » était un pro des acrobaties aériennes et un casse-cou notoire. Comme des milliers de pilotes il n’avait aucune victoire à son actif, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une bonne expérience du vol en combat. Au regard des circonstances c’est bien lui qui est la cause réelle de la mort du Baron Rouge puisqu’il l’a directement entrainé dans le traquenard.
Lorsqu’on connaît les Britanniques, ils ont toujours confié à des civils les actions les plus efficaces dans le cadre du SOE (Sercice Operation Executive) donc le service action des Services Secrets.
L’immense majorité des agents SOE, nommés « Baker’s street boys », ou « BSB » en raison de la proximité immédiate des Services Secrets de l’appartement de Sherlok Holmes qui, de son coté utilisait une « armée de mendiants », étaient bien des civils placés sous autorité militaire.
May a fini la guerre aérienne d’une façon plus qu’honorable puisque en sept mois, entre avril 18 et novembre 18 il descendit 7 avions allemands.
Le « novice » avait donc quelques sérieuses ressources lorsqu’on sait que l’immense majorité des pilotes chevronnés n’atteignirent jamais ce score en 4 années de combat !
Il demeurera néanmoins célébre pour ne pas avoir été la 81eme victime du Baron Rouge et pour avoir, directement ou indirectement, causé sa perte.
Jusqu’à la fin de sa vie il couvrira Roy Brown « le petit fonctionnaire aux yeux tristes », son ami de toujours, en lui attribuant cette victoire, ce que ne fit jamais officiellement l’Etat Major Britannique qui laissa toujours planer un doute.
« Wop » May était-il le novice que l’on nous présente habituellement ? Non, assurément pas. Avant de s’engager dans l’aviation militaire il était pilote d’exhibitions et d’acrobaties au Canada et aux USA. Il disposait donc de plusieurs centaines d’heures de vol dans des conditions très particulières. Après la guerre il reprit cette activité. Roy Brown et lui étaient des amis qui s’étaient déjà rencontrés à l’école de pilotage. « Wop » May était par ailleurs Lieutenant donc plus gradé que la majorité des pilotes qui participèrent au combat au dessus de la Somme. Ce faisant il était directement placé sous les ordres du Capitaine Roy Brown mais avait sous ses ordres la majorité des pilotes de l’escadrille. Son surnom « Wop » est par ailleurs explicite puisqu’il était un as du raze-mottes et des ressources brutales. Le coup du « novice » est donc, encore une fois, plus que suspect !
L’hypothèse de la « chèvre Wop » est donc crédible ? Dans la revue « Dogfight – au coeur du combat aérien » N°4 de janvier/février 07, un certain Rolf Steiner enterre définitivement l’hypothèse du traquenard en affirmant simplement « l’hypothèse de la chèvre « Wop » est peu crédible ». Ce qui est encore moins crédible à mon humble avis est qu’un novice ait pu échapper sans une égratignure aux griffes du Baron Rouge qui en avait vu bien d’autres et descendu bon nombre d’As alliés comme, par exemple, le Major Lanoe G. Hawker. Si l’opération avait bien été planifiée, comme c’est toujours le cas en ce qui concerne les Britanniques, l’Etat Major et Brown connaissaient parfaitement les capacités exceptionnelles de « Wop » May qui, soit dit en passant descendit un avion allemand chaque mois, soit 7 victoires homologuées, entre avril 18 et l’armistice du 11 novembre 18. Score sans appel d’un pilote de très grande classe. Si Wop avait été un « bleu-bite » Richtofen n’en aurait fait qu’une bouchée dans les premières secondes de la poursuite. Il s’est justement acharné parce qu’il ne parvenait pas à le toucher. Le piège a donc bien fonctionné.
Roy Brown a-t-il touché le Baron Rouge pendant la poursuite ?Probablement non car son rôle était de rabattre le Baron vers le Belvédère et les mitrailleuses au sol tout en empèchant le même Baron d’atteindre « Wop ». Comme il se situait juste derrière le dit Baron ses rafales dépassaient souvent le DRI rouge et risquaient d’atteindre Wop car dès que notre Baron, se sentant poursuivi, pressentait une rafale, il se retirait de l’axe de la queue de Wop. Il était trop fin renard pour ne pas utiliser cette technique qui bloquait Roy Brown de le canarder à loisir. Il est possible que quelques balles aient touché le DRI mais sans réelle conséquence. Encore une fois le « novice » « Wop » May a été capable de « driver » le baron entre deux rangées d’arbres juste au dessus de l’eau pendant près de 4 Km et de le diriger directement vers le fameux Belvédère. Et sans prendre une seule balle. Soit le Baron était réellement en dessous de tout ce jour là soit on nous prend pour des débiles mentaux !
Et le coup des mitrailleuses ?Là, le mauvais coup ne fait aucun doute ! C’est la Revue Icare – revue de l’aviation française- la « Pravda » des pilotes de lignes – qui dans son tome 2, justement dédiée au Baron Rouge (1992), page 53 donne une explication essentielle qui n’a malheureusement pas été trop comprise :
« Un petit détail encore : il a pu avoir de l’importance, le 21 avril 1918, le Commandant Beavis, qui deviendra Général de Brigade de l’Armée Britannique dans la seconde guerre mondiale était le patron de la défense anti-aérienne de la 53e batterie. Trouvant les mitrailleuses Vickers qu’il avait en dotation trop lourdes, peu maniables pour tirer en l’air, il avait déniché dans un dépôt à l’arrière des mitrailleuses Lewis moins puissantes mais plus légères et surtout aptes à faire feu dans toutes les directions. Il avait réussi à se faire livrer deux de ces armes pour les confier à ses deux meilleurs tireurs Buie et Evans. Une dernière précision qui dénote l’esprit combatifs de ces deux tireurs qui n’étaient pas là pour faire de la figuration : n’ayant pas encore reçu le dernier modèle de viseur, Evans et Buie avaient fait bricoler par leur camarade Bartlett un dispositif ayant les mêmes caractèristiques que ce viseur, et le bricoleur avait installé un exemplaire de sa « production » sur chacune des deux Lewis. La matière première était une douille d’obus ! Cet ajusteur de Bartlett n’a-t-il pas aussi pesé sur le destin du Baron Rouge ? » (revue Icare N° 142 Octobre 1992 – Le Baron Rouge Tome 2 Page 53).
On en apprend de belles lorsqu’on connaît la rigidité habituelle de l’Armée Britannique où l’on retrouve au trou pour des laçets non réglementaires ou une cravatte mal nouée !
Quelque jours avant le 21 avril « on » remplace les armes lourdes de dotation par des mitrailleuses légères « récupérées » et « bricolées » puis confiées, comme par hasard encore, aux deux meilleurs tireurs de la Batterie 53, justement ceux-là mêmes qui vont flinguer, par hasard, Von Richtofen que le plus grand hasard, toujours lui, fait justement passer au ras de leurs collimateurs bidouillés à partir d’une douille d’obus !
On croit rêver !
Que dit « Icare » concernant les dux mitrailleurs ? (Icare – Le Baron Rouge Tome 2 Page 50)
« Cette version donne l’avantage à Robert Buie, chasseur de la brousse australienne, de lointaine origine écossaise, homme modeste, classé mitrailleur dès son incorporation, tant étaient grandes ses qualités de tireur. William Evans, un rude gaillard du Queensland qui aimait la bouteille était également un tireur émérite. Mais peut-on dire à coup sur lequel des deux a fait mouche ? »
Donc, il faut bien l’admettre deux « pros » de la queue de détente, des tireurs patentés et qui se retrouvent justement là par le plus grand des hasards.
Et notre sympathique artilleur Beavis, qui autorise cette magouille, se retrouvera justement Général « Bigot » largement impliqué dans le très secrète opération « Fortitude » qui couvrit le débarquement allié de juin 44 ! Encore le fameux hasard si cher à nos amis d’outre-manche.
Mais il ne faut bien évidemment tirer aucune conclusion de tout cela et tout avaler en bloc.
La Lewis est une arme partiulièrement appréciée des pros de l’aviation !
Encore une Lewis montée sur un Nieuport…même les Français appréciaient cet engin. Ce qui n’exclut pas les deux mitrailleuses lourdes. Donc un trio redoutable qui fut « amélioré » pour la chasse au Baron.
La Vickers semble beaucoup moins adaptée à ce type de chasse
Les blessures de Von Richtofen et l’axe de tir du Buie et EvansLa dépouille mortelle de Von Richtofen si elle n’a pas été autopsiée a été étudiée par deux médecins de l’armée de l’air britannique. « Le pilote a été blessé à une jambe puis au ventre, essaya d’atterir, à partir de 20 mètres de hauteur la descente devint plus brutale, à ce moment là la balle mortelle tirée par une des Lewis entrée dans le dos, ressortit par la poitrine en sectionnant une artère mettant fin à la vie du grand aviateur » * (* malheureusement le siège baquet retrouvé intact à Toronto met fin à cette hypothèse – note de GC) « . Le tir a donc été presque horizontal et à bout portant et non vertical et lointain comme on le décrit souvent à tort. Ce que confirme un un rapport australien également publié dans Icare et qui confirme ce fait :
« Deux mitrailleuses Lewis installées sur la colline et mises en oeuvre par Evans et Buie ont fait feu sans arret dès que l’avion britannique (May) fut passé, à peu près à l’altitude à laquelle elles se trouvaient en tir presque horizontal et Richtofen est venu se jeter sur ce rideau de balles ».
Les sympathiques illustrations qui montrent un tir vertical et lointain ne sont donc qu’un arrangement de plus avec la vérité historique.
Pour faire bonne mesure Icare souligne ensuite
» Mais il est juste de souligner que May a eu du cran sous les rafales de son poursuivant, sans l’avoir voulu bien sur, d’amener le Baron Rouge devant une colline truffée d’armes automatiques dont deux très maniables étaient dans les mains de tireurs d’élite ». ( Icare – le Baron Rouge 2 page 53).
Ben voyons ! Pour peu on en écraserait une petite larme devant l’innocence candide du « sans l’avoir voulu, bien sur » ! Toujours ce stupide hasard et une certaine naiveté pour ne pas dire complaisante.
Encore un témoignage relaté par la revue Icare page 54 il s’agit cette fois du pilote Olivier « Boots » Leboutillier, un Américain du New Jersey engagé volontaire chez les Canadiens et témoin direct de la scène :
« Tout se tient là : en remontant Brown n’a pas pu voir Richthofen reprendre sa chasse derrière May, son aile droite masquant le Fokker et pendant 25 secondes, le temps de virer et de monter, il n’a plus rien vu. C’est au cours de ce laps de temps que May a attiré Richthofen sous le feu des deux Lewis. Ayant repris de l’altitude Brown a regardé vers le bas. C’était le moment juste où Richthofen chancelait… »
Mais là il est question que May ait « attiré Richthofen sous le feu des deux Lewis ». Consciemment ou inconsciemment ?
Lorsque le facteur sonnera à votre porte pour vous livrer un colis ce sera, souvenez vous en désormais, « sans l’avoir voulu, bien sur ! » et par le plus grand des hasards.
Et Buie affirmera longtemps que malgrè le fracas des mitrailleuses il entendit un cri perçant. Le Baron devait alors être bougrement près ! Ce qui rend la thèse de l’altitude et d’un tir presque vertical encore moins crédible et même très suspecte.
Pourquoi donc s’y attacher désespérément depuis 100 ans !
Si ce n’est pour dissimuler la vérité.
Le Baron a été flingué dans le cadre d’une opération spéciale très bien programmée et exécutée de main de maître comme nos Amis Britanniques savent très bien en produire.
Le plus amusant est qu’ils signent toujours en laissant une « carte de visite » puis démentent avec un large sourire.
L’Amiral Canaris, Heydrich, Rommel et bien d’autres firent, plus tard, les frais de ce type d’opération.
Et la « désertion » subite de May, Brown et des deux autres pilotes ? C’est encore un point des plus obscurs. Résummons le. May est poursuivi par Von Richtofen qui lui même est poursuivi par Brown qui lui même, suivant plusieurs témoins, est protégé par deux autres pilotes de son escadrille jouant, et c’est normal, le rôle de gardes du corps. Tout le monde se suit à la queue-leu-leu sauf les deux anges gardiens qui demeurent un peu au dessus et en retrait. Et juste au moment où le Baron Rouge vient se buter, ou presque, sur le Belvédère et vire à droite, pour se faire tirer comme un vulgaire canard, tout ce beau monde vire à gauche et disparaît dans les limbes, donc dans les lignes anglaises. Comme dans le feuilleton « Mission Impossible ». Il ne manque que la musique ! C’est vrai, c’est comme ça.
De nombreux témoins l’affirment également sans le moindre doute.
Et par le plus grand des hasard tout ce beau monde se pose à Bertangles, là où le lendemain matin von Richthofen sera enterré avec tous les honneurs militaires. Et à Bertangles, justement à l’Etat Major de l’aviation britannique « Wop » May rédige un rapport qui explique « Si j’avais eu plus d’expérience, Richtofen m’aurait descendu car il aurait su ce que j’allais pouvoir faire. Comme je ne le savais pas moi-même, mes manoeuvres folles l’ont dérouté ». Manoeuvres folles effectuées au ras de l’eau entre deux rangées d’arbres avec un as aux 80 victoires aux fesses ! Cet aveu sonne comme une pauvre confession. Et il n’en est pas moins vrai que 4 appareils britanniques ont brusquement cessé le combat alors qu’ils avaient l’avantage sur un seul adversaire presque désemparé. Auraient ils effectué cette splendide manoeuvre qui s’apparente à « filer à l’anglaise » ou « jouer les filles de l’air » si ils n’avaient pas eu des ordres précis ? N’auraient ils pas alors risqué le Conseil de Guerre pour désertion devant l’ennemi ? Ils savaient probablement, du moins Brown et May, que de poursuivre le baron à cet instant et à cet endroit équivalait à tomber dans un mur de plomb. Brown reviendra rapidement sur le lieu où fut tué le Baron rouge…Mais en automobile accompagné du Major Cairns. Et suivi par de nombreux photographes qui, eux aussi, étaient à Bertangles par hasard.
Les photographes étaient aussi à l’affut ce jour là ! A peine le Baron Rouge fut il descendu que les photographes « officiels » affluèrent de Bertangles suivant de peu Roy Brown et le Major Cairns et de nombreux officiers comme en attestent justement les photos d’époque. Le Baron et son avion furent photographiés sous tous les angles et l’avion, presque intact, fut rapidement dépouillé de sa toile et de ses accessoires. « Wop » May, lui-même lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 remettra à Göring, par l’intermédiaire du Général Milch, un morceau de toile découpé sur l’avion. En temps de guerre et à proximité du front on imagine mal ces photographes venus, par hasard, à Bertangles et parvenus presque immédiatement sur les les lieux sans une autorisation formelle. La presse faisait donc partie du dispositif puisqu’elle participait à la manoeuvre de « deception » (manipulation). Et, dans une certaine mesure elle collabore toujours sans trop se poser de question. Aucun autre As allemand n’a bénéficié de ce régime de faveur très spécial. Bien que Werner Voss, le Hussard de Krefeld au 50 victoires, ait probablement aussi été victime d’un traquenard à 1 contre 7 lorsqu’il rentrait seul d’une soirée arrosée à Berlin en passant par la Hollande chez son ami Antony Fokker. Et les photos ont été très rapidement publiées dans la presse civile alliée…et larguées sous forme de tracts au dessus des tranchées allemandes. Il n’est pas besoin d’être médecin légiste pour constater que les photos mortuaires du Baron ont été prises peu de temps après sa mort, l’oeil, notamment, n’ayant subi aucune altération.
Quelques photos de plus !
Une belle chasse au tigre dans la plus pure tradition anglaise.
Le cockpit du DRI avant le pillage systématique : il est intact !
La carcasse du DRI de Von Richtofen déjà largement dépouillée ! Il manque juste le chasseur avec le pied dessus.
La curée après l’hallali ! Il y a déjà pas mal de monde sur place pour examiner l’avion ! On se croirait déjà aux Puces de Montreuil. Mac Diarmid a déjà piqué les lunettes de vol du Baron éjectées lors de l’impact au sol et les deux lascars à droite repartent avec un souvenir. Dans quelques minutes l’avion rouge ne sera plus qu’une carcasse.
Les fameuses doubles Spandau du Baron impressionnent Un beau trophée de chasse ! Ce sont les canines du tigre.
La queue du tigre: il manque déjà la dérive avec la fameuse croix noire et blanche Mais il y a encore du monde sur place !
Il n’est pas mort il y a bien longtemps Mais les photographes étaient déjà là ! Il a été attaché sur une tôle ondulée dans la cour de l’usine et mitraillé une dernière fois pour la postérité.
« Il est étendu sur une plaque de tôle, il semble dormir paisiblement, un sourire aux lèvres. Quelques personnes se trouvent autour de lui, la figure est intacte et exprime le calme. Il est chaussé de ses bottes de Uhlan, bien cirées, sous la combinaison de vol, l’uniforme est impeccable. Quelqu’un a retiré son bonnet de fourrure, ce qui permet de voir ses cheveux blonds et soyeux qui encadrent son large front. Si j’avais pu, combien j’aurais voulu le ramener à la vie ! »
Capitaine Roy Brown
Le coup de théâtre final : le siège baquet du DRI que pilotait le Baron Rouge le jour de sa mort et qui ne comporte aucune trace de balle, le trou central servant à la fixation du siège sur le fuselage. La blessure mortelle n’ a donc pas pu être occasionnée pendant le vol.