LA TOMBE DE WANG XIANGZHAI
Centenaire de la naissance de Wang Zemin Par Yohan Radomski
Commentaire additionnel de Georges Charles
Copyright Yohan Radomski Texte et photos reproduction interdite
Plan du cimetière avec les Cinq Eléments de la tradition chinoise La Tombe de Wang Xiangzhai (Wang Hsiang Chai) est juste sous le lac dans la partie bleue sombre (Xuan – « Profond et Mystérieux » symbolisant l’Eau) C’est un cimetière très officiel correspondant, ou peu s’en faut, au Père Lachaise ou à Arlington.
L’orientation symbolique du Cimetière. La Svastika ou « Croix Solaire » dite aussi « Croix Bouddhiste » représente le carré. Elle tourne dans le sens dextrogyre contrairement à la Sausvastika qui est la croix gammée ou croix crampée qui est senestrogyre. La Svastika est, étymologiquement « Qui engendre (Svasti ou Sheng) la Lumière (Ka ou Ming) » En chinois elle se nomme donc Sheng Ming et représente la multitude (Wan) qui revient à l’Unité (Yi). Elle est donc bienfaitrice contrairement à la Sausvastika qui « s’oppose à l’engendrement de la lumière » et qui est donc la « croix des ténèbres ». Il convient simplement de ne pas se tromper de sens. C’est le bon sens ! Le Triangle représente l’Etre Humain (Ren) Le Cercle représente le Ciel On note la présence d’un cercle ouvert qui représente le passage du Ciel ou cosmos vers le Tao ou la Voie. Les Huit Directions ou « Huit Figures » (Bagua) sont indiquées. Le caractère Bei (Pei) représente le Nord, donc l’Etoile Polaire, l’axe du Ciel. On constate que le symbolisme est toujours très présent en Chine jsuque dans les monuments officiels. Le Président Mao, comme le Président Mitterand, d’ailleurs, était féru de symbolisme et d’ésotérisme. Le Carré, le Triangle, le Cercle ne leur étaient pas inconnus !
La Tombe de Wang Xiangzhai
La tombe du Maître Wang Xiangzhai du Yiquan Dachengquan au Cimetière de Wanan près de Beijing Avec Olivier Chouteau enseignant et représentant de l’Ecole San Yiquan Le nom de Wang Zemin est sur l’arrière de la tombe
Le dernier nom gravé sur le dos de la tombe est celui de Wang Zemin (Wang Tse Ming ou Tai Ming Wong) (1909 2002) qui fut l’un des disciples de Wang Xiangzhai et qui enseigna le Xingyiquan à Georges Charles pendant près de 10 ans. La tombe est située dans un cimetière au nord-ouest de Pékin, près des Montagnes Parfumées (Xian Shan), le cimetière Bei Jiao Gong Mu. L’endroit est très paisible, boisé et entouré de vergers. Ce cimetière comprend des tombes de personnalités et il est gardé par des soldats. On doit remplir un registre et expliquer le motif de sa visite avant d’accéder aux allées.
La tombe de Wang Xiangzhai est à gauche près de l’entrée. Elle comporte de nombreuses inscriptions : une épitaphe au dos de la tombe évoquant la vie du maître et donnant une liste d’élèves importants. Certains noms sont entourés de noir, ce qui signifie que les personnes sont décédées. La lecture du texte se fait de droite à gauche et de haut en bas.
Le nom de Wang Ze Min, étant le dernier porté sur cette liste, se trouve donc à gauche en bas. Ce nom a été entouré de noir suite au décès de Wang Ze Min.
Deux autres listes ont été rajoutées sur le devant de la tombe. Elles comportent des noms d’élèves de deuxième génération et troisième.
devant :
Tombe du grand maître de boxe Wang Xiang Zhai, notre maître défunt Le créateur du Yi Quan et du Da Cheng Quan Ses disciples et collègues l’ont érigée avec respect Ecrit par son disciple Li Jian Yue dit Guang Huai
derrière :
L’épitaphe de monsieur Wang Xiang ZhaiLe prénom de monsieur Wang est aussi Nibao. On l’appelle aussi habituellement Yuseng ou Maodun Laoren. Il est né en 1883, dans le village de Weijialin du district Dian dans le Hebei. Il a appris le Xing Yi Quan du grand maître Guo Yun Shen. Monsieur Wang a été entraîneur de l’armée des huit bannières, officier d’état-major de l’institut des entraîneurs de wushu de l’armée de terre, entraîneur de wushu de l’armée de terre au Fujian, et juge principal de la compétition de wushu national à Hangzhou. Il a fondé l’institut du Yi Quan au temple Tai à Pékin
[ temple des ancêtres de la famille impériale, rebaptisé en 1950 « palais des travailleurs du peuple » ]. En 1950, il a assumé des responsabilités au sein de l’Association Sportive de Wushu. Il a travaillé à l’Institut de Médecine Traditionnelle Chinoise à Pékin et à Baoding. Monsieur Wang a beaucoup contribué à la protection de la santé des chinois. Il a visité beaucoup de grands maîtres de wushu et parlé avec eux. Il était très connu en Chine parce qu’il a créé le Yi Quan, prenant le meilleur, laissant de côté le moins bon. En 1963, il est mort à Tianjin de maladie. Il a écrit beaucoup d’ouvrages, par exemple « Quan Dao Zhong Shu » (l’élite de la boxe), « Yi Quan Zheng Gui » (Méthode correcte de Yi Quan), « Quan Xue Yao Xi » (explication de l’étude de la boxe), etc. Beaucoup d’élèves de monsieur Wang ont fondé l’institut du Yi Quan en Chine et dans d’autres pays, par exemple la Grande-Bretagne , les Etats-Unis, la France , l’Allemagne, le Japon, le Canada, l’Australie, l’Argentine, Singapour, le Brésil, Hong-Kong, etc. L’âme de monsieur Wang a été consolée par ses élèves car le Yi Quan a continué avec eux.Ses enfants et élèves sont [ liste incomplète car certains noms sont difficilement lisibles sur la tombe ] :
• Wang Dao Zhuang • Wang Dao Nan • Wang Yu Zhen • Wang Yu Fang • Wang Yu Bai • Zhao Dao Xin • Bu En Fu • Han Xiong • Han Xing Yuan • Zhang Chang Xin • Li Yong Zong • Yang De Mao • You Peng Xi • Yao Zong Xun • Li Jian Yu • Zhang Zhong • Wang Bin Kui • Ze Jing Jian Yi • Yu Yong Nian • Chen Bi • Dou Shi Ming • Kong Qing Hai • Sun Wen Qing • Pang Gui Lin • Li Xing • Zheng Wen • Wang Sheng Zhi • Wang Fu Lai • Wang Shi Chuan • Zhang En Tong • Zhou Zi Yu • Gou An • Wang Ze Min
Ses enfants et ses élèves ont construit la stèle pour lui.
L’entrée du cimetière
La grille d’entrée
Le portique
Une allée du cimetière
L’allée menant à la tombe
Le carré des tombes ou est inhumé le Maître Wang Xiangzhai
La tombe du Maître Wang Xiangzhai est la troisième
Les deux lions-dragons qui veillent sur la tombe
Les mêmes de face
L’inscription à la base de la tombe
L’inscription en bas de la tombe porte les noms des élèves de seconde génération.
Le nom des disciples directs du Maître Wang Xiangzhai figure au dos de la tombe et on y retrouve effectivement le nom du professeur de Georges Charles c’est à dire Wang Ze Min.
Il s’agit de la transcription officielle de son nom en Pinyin.
Ce nom, suivant d’autres transcriptions, est également Wang Tse Ming. Il a obtenu la nationalité française sous le nom de Wong Tai Ming ou Tai Ming Wong en 1954.
Il a enseigné le Liananquan, école directement issue du Dachengquan et du Yiquan du Maître Wan Xiangzhai, avec l’autorisation de ce dernier, à Paris à partir de 1949. Il figure également dans plusieurs généalogies dont celle de Sawai Kennichi dont il fut condisciple sous la direction de Wang Xiangzhai et avec lequel il a eu des échanges fructueux particulièrement dans le domaine des armes et des Katas supérieurs de Judo comme Itsutsu No Kata et Koshiki No Kata.
Preuve que Chinois et Japonais ont pu, un moment, se retrouver unis au sein des Arts Chevaleresques.
Yohan Radomski, Enseignant de San Yiquan, devant la tombe du Maître Wang Xiangzhai. Il représente la cinquième génération.
Wang Xiangzhai a enseigné à Wang Zemin qui a enseigné à Georges Charles (Cha Lishi) qui a enseigné à Thierry Borderie qui a enseigné à Yohan Radomski.
Celui-ci enseigne à son tour. Pour la petite histoire il a nettoyé la base de la tombe afin que les noms qui y figurent soient à nouveau visible. C’est ce que font généralement les héritiers quand ils se rendent sur la tombe d’un ancêtre.
Olivier Chouteau, enseignant San Yiquan et élève de Georges Charles sur la tombe du Maître Wang Xiang Zhai. Il représente la quatrième génération. Le nom de Wang Zemin (Wong Tse Ming) figure bien sur la tombe.
Olivier Chouteau, Enseignant San Yiquan, sur la tombe du Maître Wang Xiangzhai Juillet 2011.
Texte originel de l’épitaphe de la tombe de Wang Xiangzhai
wang xiang zhai xian sheng mu zhi ming
Wang xiang zhai xian sheng zi ni bao,hao yu seng,you hao mao dun lao ren. Ta yu 1883 nian Sheng yu he bei sheng dian xian wei ia lin cun. Ta he guo yun xiao da shi xue xi xing Yi quan.wang xiang zhai xian sheng ceng dan ren guo, ba qi jun jiao lian, lu jun wu shu Jiao lian suo jiao wu zhang,fu jian sheng lu jun wu shu jiao lian,hang zhou quan guo wu Shu bi sai da hui zong cai pan. ta zai bei jing tai miao cheng li le yi quan yan jiu hui, yu 1950 nian,dan ren zhong hua ti yu zong hui wu shu zu zhang. Ta ye ceng zai zhong guo Zhong yi yan jiu yuan he bao ding zhong yi yan jiu yuan gong zuo guo bing dui zhong gu Ren min bao jian shi ye zuo chu zhuo yue gong xian.xian sheng zai quan guo fang wen ge Pai wu shu ming jia, yu ta men qie cuo wu shu. Zhi hou, ta dui quan xue jin xing Fen xi yan jiu, qu qi jing hua qu qi zao po er chuang yi quan,yin ci ming yang Quan guao.ta yu 1963 nian bing shi yu tian jin. Ta de yi zhu you quan dao zhong Shu yi quan zheng gui quan xue yao xi deng ju zhu. Xian sheng de zhong duo Chuan ren zai quan guo ji shi jie ying guo mei guo fa guo de guo ri ben jia Na da ao da li ya a gen ting xin jia po ba xi xiang gang deng di jun You yi quan fen hui. Xian sheng hou ji you ren ke yi an wei xian sheng zai tian Zhi ling. Ta de zi nv ji di zi wang dao zhuang wang dao nan wang yu zhen Wang yu fang wang yu bai zhao dao xin bu en fu han xiong han xing yuan Zhang chang xin li yong zong yang de mao you peng xi yao zong xun li jian Yu zhang zhong wang bin kui ze jing jian yi yu yong nian chen bi dou Shi ming kong qin hai sun wen qing pang gui lin li xing zheng wen wang sheng Zhi wang fu lai wang shi chuan zhang en tong zhou zi yu gou an
Wang Ze Min deng ren wei ta li ci mu zhi ming.
A l’origine nous voulions inclure les caractères chinois figurant sur la tombe mais malheureusement le programme lié au site des Arts Classiques du Tao ne les reconnaît pas.
A défaut nous les avons donc remplacés par la transcription littérale en Pinyin Zimu ceci afin de valider la traduction en langue française et d’éviter des discussions sans fin et également sans réel intérêt.
Mais nous tenons cette page comprenant les caractères chinois à la disposition de celles et ceux qui souhaiteraient l’obtenir et nous vous l’enverrons par mail en format pdf. (Texte, traduction et photos de Yohan Radomski Reproduction interdite)
Commentaire additionnel de Georges Charles
C’est avec beaucoup d’honneur et de plaisir que j’ai reçu les photos et le texte chinois ainsi que sa traduction concernant la tombe du Maître Wang Xiangzhai.
Je remercie donc chaleureusement Monsieur Yohan Radomski d’avoir eu la gentillesse de me les transmettre afin que les Pratiquantes et Pratiquants ainsi que les Enseignantes et Enseignants de notre tendance et, au delà, du Kung-Fu Wushu, puissent, à leur tour, apporter par leur hommage, ou par leur visite virtuelle, un remerciement à ce personnage hors du commun dont la renommée dépasse désormais, et de loin, les frontières de son pays d’origine : la Chine.
Monsieur Yohan Radomski est enseignant de San Yiquan et aussi l’élève d’un de mes élèves.
Qu’il ait pu se rendre et se recueillir sur la tombe du professeur de mon professeur montre bien que la transmission s’effectue au travers des générations et que la mémoire se perpétue.
Le nom de mon professeur, Monsieur Wang Zemin figure bien sur cette tombe et il a même l’honneur de clore la liste des Disciples Directs de Monsieur Wang Xiangzhai. Il est donc inutile d’épiloguer sur ce fait et d’entretenir je ne sais quelle mauvaise querelle de clocher. Et j’ajoute que ce n’est pas Yohan Radomski, qui nuitamment, est venu graver le nom de Wang Tse Min sur la tombe !
Comme il est dit assez énigmatiquement « Il faut laisser les morts enterrer les morts » et éviter de se disputer sur les pierres tombales des défunts comme des héritiers qui se déchirent pour des sordides histoires de profit ou de pouvoir.
C’est inconvenant.
Nous ne pouvons que nous incliner avec respect et offrir notre pratique qui se perpétue dans l’enseignement. De mon coté je suis fier de contribuer à entretenir cet héritage et à prolonger l’action de ces Maîtres dans la mesure de mes moyens.
Et je suis persuadé que les Enseignants que j’ai formé et que je forme contribuent et contribueront également à faire de même. Epitaphe de la tombe de Guo Yunshen le professeur de Wang Xiangzhai Par Yohan Radomski
Texte, traduction et illustration de Yohan Radomski Reproduction interdite
Texte additionel de Georges CharlesEstampage de la pierre tombale de Guo Yunshen (Kuo Yunshen ou Fo Junsha)
(1864 1935 d’après la stèle officielle du Mémorial du Xingyiquan de Shenzhou dans le Hebei).
Il est à noter que le portrait gravé dans le marbre sur sa pierre tombale, restaurée par son disciple le plus connu Wang Xiangzhai, ne correspond aucunement à la photo de l’avorton habituellement présenté comme Guo y compris en Chine. Habituellement on ressemble au portrait de la pierre tombale.
Cette pierre tombale est conservée à Shenzhou par le Maître Héritier Zhang Yulin. Il faut encore ajouter que la date de 1822 1902, parfois donnée pour Guo impliquerait que Guo serait décédé alors que son successeur en titre Wang Xiangzhai (1885 1963) n’aurait eu de 17 ans ce qui est pour le moins très improbable.
C’est une question de « bon sens » comme aurait pu dire le Maître Kong (Zheng Ming = rectifier les noms mais aussi le bon sens).Le texte :
En octobre 1932 (21 ème année de la république instituée en 1911) Wang Xiangzhai et ses élèves sont revenus sur le territoire du district Shen, au sud de la province du Hebei, dans le bourg de Dong’Anzhuang, près de Heng Shui, pour nettoyer la tombe du maître Guo Yun Shen et ériger une pierre tombale. A cette occasion, une épitaphe a été écrite (peut-être par Wang Xiangzhai lui-même sous un nom de plume « Lian sou qing xu zi », qui se traduit ainsi « le Gentilhomme au Lotus, l’Homme pur et vide »).
Sur la pierre tombale
Li ú fang : laisser une bonne réputation Mín guó ershi yi nian shi yue gu dàn : un beau matin d’octobre de la 21 ème année de la République populaire. Quán fa dà shi Gu o Y ú n Sh e n xi ansheng zhi mù : Tombe du grand maître de l’Art du Poing, monsieur Guo Yun Shen. Zhòng mén xià jí zhu tóng rén deng jìng lì : Erigée avec respect par tous ses élèves et collègues. Shòu : Longévité
Texte originel en Pinyin Zimu de l’épitaphe de Guo Yunshen (Kuo Yun Shen) le Maître de Wang Xiangzhai
quan shi yun shen guo gong shen xian dong an zhuang cun ren sheng ping shang yi xia xi quan bang xun shi fang you jiao you ji bian yan nan si de yue wu mu liu he yi quan quan pu jian lian chuai mo shen de yi quan mi ao si fang zhi wen ming er zhi zhe yi jing bi shi mo bu gan bai xia feng xian gui men qiang dang ri zhi de yi lin xi yi yi lei jie neng yue neng fei gao chu shao lin wan wan di yi ti chang yan ren zhi ling yi quan ling shuang chui chi jiong xi bu huo fen yi ying chi ji zi pi tai jiao guan ru meng ge jie wei ren fen shen ti chang yu ti cao jiu tao zhong tian she wu lin yi quan yi ke guo jia wu shi ze wei xue xiao jian nan you shi ji jiang chang ying liu qiang guo ji chu qi zai zi si yu zi zhe ji men zhu ren ge juan zi shi shu bei biao mu zheng wen yu yu yin di bi zhi zhi yi zhi bu xiu lian sou qing xu zi zhuan bing shu
Le Maître de l’Art du Poing, monsieur Guo Yun Shen, originaire du bourg Dong’Anzhuang, situé dans le district de Shen, a vénéré toute sa vie la justice et l’esprit chevaleresque, et a aimé profondément le poing et le bâton. Il a cherché les maîtres, visité les amis, voyageant dans tout le nord du Hebei. Il a hérité du manuel du Liuheyiquan (« poing de l’Intention et des Six Harmonies ») de Yue Fei. Il l’a simplifié et approfondi, comprenant le secret du Poing de l’Intention. Des visiteurs ont été attirés par sa réputation des quatre coins du pays. Après avoir combattu avec lui, ils ont tous reconnu leur défaite, et sont devenus ses élèves. En peu de temps, ceux qui ont étudié avec lui les écailles et les plumes ont pu bondir et voler, mille fois mieux que Shaolin. On a promu son art, mais les hommes doués manquent dans la région. C’est pourquoi le Poing de l’Intention touche à sa fin et ne déploie pas ses ailes. A cette croisée des chemins, que les grands esprits s’appliquent à promouvoir le Poing de l’Intention et à l’intégrer comme discipline au sein du vieux système sportif et martial. Quand le pays est en paix, cela peut renforcer la santé des hommes. Au contraire, s’il est en guerre, cela peut servir sur le champ de bataille. La base d’une armée solide et d’un pays puissant est là. Ses élèves et ceux qui défendent cette idée ont tous donné de l’argent pour ériger la pierre tombale et décorer la tombe, et on m’a demandé cette épitaphe, alors j’ai nettoyé mon pinceau, et je l’ai écrite pour les siècles des siècles. Ecrit (et calligraphié) par le Gentilhomme au Lotus, l’Homme pur et vide.
Shawei photographié en juillet 2011 sur ce qui reste de la tombe de Guo Yun Shen (Kuo Yun Shen). Le cimetière n’existe plus et, à la place, un lotissement. La pierre tombale bien que dispersée en plusieurs parties a été miraculeusement conservée dans une arrière cour où Shawei et Olivier Chouteau ont fini par la retrouver après une enquête difficile. Les « héritiers » n’ont pas nécessairement apprécié l’épitaphe figurant sur la tombe et que l’on peut lire plus haut. « On a promu sont art mais les hommes doués manquent dans la région. C’est pourquoi le Poing de l’Intention touche à sa fin mais ne déploie pas ses ailes » No comment !
Texte additionnel de Georges Charles
Il est impossible d’évoquer la mémoire du Maître Wang Xiangzhai et d’oublier celle de son Maître, Guo Yunshen. Lui-même fut le disciple direct de Li Lo Neng alias Li Neng Jan. Et cette lignée, la tombe le précise, remonte à Yue Fei. Il est écrit par ailleurs que l’Art légué par ce dernier est Liuheyiquan. Ou « Poing de l’Intention et des Six Harmonies ». On y retrouve donc le fameux terme Yiquan qui fut utilisé seul par Li Lo Neng puis repris, après 1949, par Wang Yiangzhai. Mais ce terme Yiquan est bien précédé par quelque chose encore – Les Six Harmonies – et Guo Yunshen utilisera, à son tour, initialement le terme « Wuxingyiquan » c’est à dire « Poing de l’Intention et des Cinq Eléments » qu’il simplifiera par la suite en « Wuxingquan » donc « Poing des Cinq Eléments ». Son disciple Wang Yiangzhai lorsqu’il aura l’autorisation de fonder sa propre école utilisera donc le terme de « Dachengquan » (Ta Tcheng Chuan) qu’on traduit à tort par « Poing du Grand Achèvement » ou « Poing du Grand Accomplissement ».
Or dans la conception chinoise classique rien n’est achevé ni accompli. Il s’agit donc en fait du « Poing du Grand Dénouement » donc de la « Grande Simplicité ». Par la suite il utilisera, parallèlement, le terme de Yiquan reprenant ainsi l’idée de Guo Yunshen et de Yue Fei dans un désir de simplification. C’est, en quelque sorte, l’abandon de la « Forme » (Xing) mais aussi des « Six Coordinations » ou « Six Harmonies » (Liuhe) au profit de l’intention Yi seule. Actuellement la « Forme » semble pourtant plus motiver le « Yiquan » que l’Intention ! Car il n’est souvent question que de « formes » ou de « postures ». Guo Yun Shen aurait probablement parlé de « plumes et d’écailles » Parce qu’il enseignait également « autre chose encore ». Ce faisant, en utilisant le nom de Yiquan, Wang Xiangzhai reprenait à son compte le nom de l’Ecole du Maître de son Maître Li Lo Neng, ce qui était une rupture avec la tradition initiée par Confucius.
Celui-ci explique simplement
« Le nom d’une école appartient à son fondateur. Ce nom disparaît avec lui à sa mort et ne figure plus que dans les généalogies. Si un disciple souhaite fonder sa propre Ecole, il ne doit en aucun cas l’utiliser. Eventuellement il peut le garder en partie, associé au nouveau nom et ceci pour lui rendre hommage ». (Liji Yili VII 4)
Cette rupture était probablement liée à l’époque historique où, politiquement, Confucius et la Tradition ne représentait plus rien. Désormais le Maître Kong a été hautement réhabilité et rien n’empêche que les deux systèmes puissent cohabiter harmonieusement : la tradition et le modernisme. C’est ce qu’ils font même et surtout si la transmission traditionnelle demeure plus discrête. Le Maître Wang Zemin, de son coté, a donc préféré respecter la tradition confucéenne et donner un autre nom à son Ecole que celui de Yiquan ou de Dachengquan qui appartenaient spécifiquement à Wang Wiangzhai. Ce fut donc « Liannanquan » – Le Poing des Générations (engendrements ou fusions) Circulaires – Et il a souhaité que Georges Charles lorsqu’il qu’il lui a transmis l’autorisation de fonder à son tour sa propre Ecole, suivant cette même tradition, que celle-ci soit également respectée. San Yiquan ou « Poing des Trois Harmonies » a donc été nommée dans le respect de ce principe mais n’en est pas moins directement descendante de Liananquan donc de Yiquan et de Dachengquan comme elle descend de Wuxingquan, de Wuxinqyiquan et donc de Liuheyiquan. On peut respecter son Maître mais aussi le Maître de son Maître et le Maître de celui-ci.
Ce n’est pas interdit. Et c’est même conseillé par la tradition. San Yiquan respecte donc Wang Zemin et le Liananquan, Wang Xiangzhai et le Yiquan et le Dachengquan, Guo Yunshen et le Wuxingquan et le Wuxingyiquan, Li Lo Neng et le Yiquan et ceci jusqu’à Yue Fei et le Liuheyiquan. Ceci est peut-être un peu trop compliqué pour des Occidentaux et même probablement pour de nombreux Chinois mais il convenait de le rappeler. Il est bon, également, de relire avec attention l’épitaphe de la tombe du Maître Guo Yunshen. Cela incitera, peut-être, à un peu plus d’humilité. Une particularité historique qu’on retrouve dans le texte de l’épitaphe de la tombe de Guo Yunshen. On retrouve dans le texte en Pinyin les caractères Yue Wu Mu Liu He Yi Quan traduit par « Il a hérité du manuel du Liuheyiquan de Yue Fei ». Or le titre de Yue Fei est également « Yue Wu Mu Wang » qui se traduit par Yue recueilli et adopté (sens de héritier) par Wang. Wang représente le Clan Wang de Yue, protecteur de Hangzhou, qui adopta effectivement Yue Fei et qui lui permit de devenir général « Protecteur des Frontières » et donc le héro le plus connu de Chine. Il existe donc une filiation directe entre Yue Fei et Wang Zemin (Wong Tse Ming) qui, jusqu’en 1911, en tant que fils aîné était le Comte de Yue en titre.
Il faut encore expliquer que Dachengquan (Ta Cheng Chuan) possède exactement la même signification que Taijiquan. Dacheng et Taiji représentant « ce qui est le plus élevé », « la poutre maîtresse ». Ajoutons encore que Dacheng implique un aspect protecteur. Entre Dacheng et Changcheng (la Longue Muraille de Chine) il y a juste l’ajout de la clé « terre ». Energétiquement cela représente littéralement « Shou Jue Yin Xin Shu Bao luo Jing » dont le « Méridien Jue Yin de la Main Maître du Coeur qui protège et permet la communication ».
Ce « méridien » protège le Coeur comme la Longue Muraille protège le Palais Impérial donc l’Empereur. Ce rapport avec ce « méridien » qui est directement mis en relation avec les « Trois Foyers » est évident dans la posture Zhanzhuang.
GC