Le Calendrier traditionnel de la chine ancienne

Le calendrier des  » Six Jours Sept Fen  » des prescriptions mensuelles

Laozi ou Lao Tseu sur son Boeuf.
En arrière plan les Bagua ou a Koua du Yijing ou Yi King Le calendrier annuel traditionnel suivant la méthode des  » Six Jours Sept Fen  » ( Liu Je Qi Fen)
C’est un calendrier ancien et classique qui combine les soixante quatre hexagrammes du Yijing (Yi King), ou Livre des Mutations, également connu sous le nom plus savant de Zhou Yi en référence à une des plus grandes dynasties chinoises (1121- 256 Av. J.C.), avec le  » Petit calendrier des Xia  » qui, lui-même, a donné naissance aux  » Prescriptions Mensuelles  » (Yue Ling).

Ce dernier fut ajouté au très classique Liji (Li Ki) ou  » Mémoire sur les Rites  » attribué à Kongzi (Confucius) et également inclus dans le Wainanzi (Houai Nan Tseu) attribué au Prince de Wainan. Ce calendrier lunaire fut créé par Mong Yi et King Fang, deux éminents taoïstes vivant sous la dynastie Qin (221 – 207 Av. J.C.) qui consignèrent leurs travaux dans le Yiwei Qilan Tu. Ce traité précisait que les soixante quatre hexagrammes sont mis en relation et répartis sur les 365 jours ¼ de l’année. De ce simple fait les symboles du Yijing ne se trouvent plus liés à la manipulation de baguettes ou de pièces chinoises, les sapèques, mais au calendrier traditionnel. Chaque période est donc présidée par un hexagramme particulier qui correspond à une énergie spécifique. Ainsi, le chaud, le froid, la sécheresse et la pluie se succèdent au cours des diverses périodes de l’année auxquelles on attribue une tendance liée à l’action de la lune et du soleil, du la terre et du ciel…

Suivant le texte ancien  » la méthode de King Fang consiste à observer le vent, les nuages, la pluie, le gel, le froid, le frais, le tiède, le chaud, l’humide et le sec, le plein et le vide ceci en relation directe avec le caractère propre à chaque période saisonnière et à chaque hexagrammes pour en déduire le faste et le néfaste, le favorable et le défavorable, le propice et le déconseillé, le productif et l’inutile… ».

Ce calendrier fut donc utilisé pendant des siècles, sinon des millénaires, tant dans le cadre de la médecine traditionnelle que dans celui de la vie aux champs…
Mais existe-t-il réellement une grande différence entre le microcosme du corps humain et le macrocosme de la nature ? Les taoïstes ne le pensaient pas et ont toujours la faiblesse de l’affirmer simplement.  » Ce qui est bon pour la nature est bon pour l’homme… mais lorsque la nature peut fort bien se passer de l’homme, l’homme ne peut pas se passer de la nature.
L’homme doit simplement respecter la nature « .

(Traité du Prince de Wainan – Wainanzi – 4emesiècle avant notre ère).
Pour un praticien taoïste il n’existe donc aucune différence entre celui qui cultive son jardin et celui qui cultive sa vie, donc sa santé… de même qu’il n’existe aucune différence entre celui qui traite son environnement grâce au Feng Shui(science chinoise de la géobiologie) ou celui qui traite un patient grâce aux aiguilles et à la moxibustion. Les deux pratiquent simplement l’acupuncture en rééquilibrant les énergies perturbées.
Il est difficile à faire comprendre à un occidental et bien souvent encore plus à un Chinois que macrocosme et microcosme ne font qu’un au sein du Tao et que cette unité (Tai Yi) est essentielle car à l’origine profonde de tous les phénomènes qui se manifestent, par la suite, suivant le principe Yin/yang.

Le Yijing et l’horoscope chinois des 12 animaux

Lorsqu’un taoïste initié pratique, par exemple, le  » Qigong  » il agit tant sur lui-même, le microcosme, que sur son environnement, le macrocosme… Il est donc difficile de prétendre que le  » Qigong  » est une simple pratique sportive qui n’agit que sur un certain nombre de licences. Mais, faut-il encore admettre le principe d’unité développé par la tradition classique chinoise qui motive tant la pensée philosophique, la littérature classique, l’art médical, la peinture et la calligraphie, les pratiques énergétiques que l’astronomie ou la géomancie…

Il est trop facile, par exemple, d’accepter la phytothérapie chinoise parce qu’elle est simplement rentable pour nos laboratoires et correspond, ou peu s’en faut, à nos conceptions médicales conventionnelles tout en rejetant l’acupuncture, moins rentable et trop différente dans son principe si on excepte le fait secondaire mais habituel de l’utilisation d’une aiguille dans le cadre d’un traitement médical… et en rejetant purement et simplement les pratiques énergétiques comme le  » Qigong  » ou le  » Feng Shui  » qui font intégralement partie du même système.

Une autre représentation plus ancienne de Laozi ou Lao Tseu

Les médecins occidentaux qui étudient l’acupuncture acceptent, par principe, le fait du microcosme et du macrocosme qui est le fondement essentiel de cette pratique thérapeutique. Mais, par la suite, toujours par principe, ils souhaitent généralement se limiter à l’utilisation des aiguilles sur un plan microcosmique… le fameux point d’acupuncture. Tout le reste, à leurs yeux, est de la poésie. Ils finissent par oublier que derrière l’aiguille est un acupuncteur et que derrière le point est un patient.

Or, dans la tradition chinoise le premier, debout, représente l’action céleste alors que le second, couché, symbolise le principe terrestre. Dans cette hypothèse l’acupuncture a pour but de relier et d’harmoniser le ciel et la terre, donc le macrocosme, par le biais de l’acupuncteur et du patient, donc le microcosme… aiguilles et points ne sont que de simples moyens de parvenir à ce fait. Heureusement, quelques acupuncteurs occidentaux, considérés comme des pionniers sinon des précurseurs, comme Lavier ou Chamfrault n’ont cessé d’expliquer cela…

Dans son Traité de Médecine Chinoise Tome V – de l’astronomie à la médecine – Chamfrault, pourtant à la fois médecin et acupuncteur, explique  » Le Maître acupunteur remplace donc avec ses aiguilles, et par le jeu de la pensée, ce qu’un taoïste initié pourrait accomplir par lui-même et sans l’intervention matérielle des aiguilles. Il semble donc que le traitement par les aiguilles d’acupuncture ne soit réservé qu’à ceux qui n’ont pas ce pouvoir « . La simple prise des pouls n’est donc pas, comme certains le prétendent, le fin du fin de l’acupuncture ! Or, il serait difficile de prétendre chercher à harmoniser les énergies du ciel et de la terre sans tenir compte de ce qui fut toujours le point de rencontre entre l’action du ciel et la réceptivité de la terre : le calendrier. Convenons que celui-ci, comme l’aiguille de l’acupuncteur, n’est qu’un moyen. De même qu’il est possible de piquer n’importe où et n’importe comment il est toujours possible de faire dire n’importe quoi à ce calendrier. Puis d’accuser son inutilité voire sa nocivité si les effets produits ne sont pas ceux qu’on attend.

A partir de données particulières, les lunaisons et les saisons, et de principes basés sur l’expérience de ce qui se reproduit chaque année depuis des millénaires, le calendrier permet d’obtenir des points de repère dans le temps et dans l’espace. Ce faisant il convient, encore, de procéder à une interprétation en fonction des circonstances afin, simplement, de savoir s’adapter… et ce n’est pas le plus facile. Il existe, en effet, de multiples solutions pour chaque problème…

C’est ce qu’essaie de résoudre le Yijing dans un principe d’évolution permanente. Comment fonctionne ce calendrier ?

Reconstitution de la Duchesse ou Marquise de Dai
Epouse du Premier Ministre du Roi de Chin (200 ac JC)

L’année constitue une unité fondamentale correspondant à la manifestation en mouvement du Tao, le Taiji (Faîte Ultime) dont la figure symbolique représentative est bien connue. Quatre hexagrammes essentiels ou fondamentaux (Zheng Gua) sont mis en relation avec les quatre directions fondamentales de l’espace et président aux quatre divisions temporelles de l’année :

  • l’Hexagramme 29 : KAN est mis en relation avec le Nord – du solstice d’hiver à l’équinoxe de printemps
  • l’Hexagramme 51 : ZHEN est mis en relation avec l’Est – de l’équinoxe de printemps au solstice d’été
  • l ‘Hexagramme 30 : LI est mis en relation avec le Sud – du solstice d’été à l’équinoxe d’automne
  • l’Hexagramme 58 : DUI est mis en relation avec l’Ouest – de l’équinoxe d’automne au solstice d’hiver

De plus, les 24 traits de ces quatre hexagrammes fondamentaux correspondent aux 24 souffles (Qi), ou 24 périodes (Qi Jie) de l’année. Ces 24 périodes, elles-mêmes, correspondant aux phases des lunaisons, s’étendent chacune sur une période de quinze jours. Chacune de ces périodes se subdivise elle-même en trois groupes de cinq jours (Hou – caractère 1762 du Ricci).Les soixante Hexagrammes restant comportent donc, au total, 360 traits correspondant aux jours de l’année. Comme l’année se compose de 365 jours ¼ chaque journée est, elle-même, divisée en 80 divisions nommées Fen (caractère 1565 du Ricci). En fait, chacun de ces soixante hexagrammes (Ca Gua ou Tsa Koua) correspond donc en réalité à une période de 6 jours 7 Fen. Parmi ces soixante hexagrammes douze président aux lunaisons et occupent la fonction de souverain (Pi – caractère 3957 du Ricci) durant douze périodes de six jours sept Fen.

Les six premiers hexagrammes symbolisent la phase ascendante du Yang (onzième à quatrième lune), les six autres (cinquième lune à dixième lune) celles du Yin descendant.

  • 24 : FU 11ème lune
  • 44 : GOU 5eme lune
  • 19 : LIN 12ème lune
  • 33 : DUN 6ème lune
  • 11 : TAI 1ère lune
  • 12 : PI 7ème lune
  • 34 : DA ZHUANG 2ème lune
  • 20 : GUAN 8ème lune
  • 43 : GUAI 3ème lune
  • 23 : PO 9ème lune
  • 1 : QIAN 4ème lune
  • 2 : KUN 10ème lune

 

HOROSCOPE CHINOIS ET YIJING :
TABLEAU DES SIX JOURS SEPT FEN

6_Jours_7_Fen

Les quarante huit Hexagrammes restant remplissent, quant à eux et successivement, la position de Prince ou Marquis (Hou – caractère 1761 du Ricci), le second des cinq titres nobiliaires, de Haut Dignitaire (Ta Fu – caractères 885 et 1612 du Ricci), de Ministre (Jing – caractère 994 du Ricci), de Duc (Kong – caractère 2871 du Ricci). Ces hexagrammes se succèdent donc dans l’ordre hiérarchique de Souverain (S), Prince (P), Haut Dignitaire (H), Ministre (M) et Duc (D). Ainsi, pour chacune des douze périodes de l’année il existe donc un Hexagramme souverain (Pi), deux monogrammes correspondant à une phase ou période (Qie Jie) Yin ou Yang de la nouvelle lune et de la pleine lune, deux phases complémentaires de la lune… premier quartier et dernier quartier, cinq Hexagrammes comprenant l’Hexagramme souverain, l’Hexagramme Prince, l’Hexagramme Haut Dignitaire, l’Hexagramme Ministre et l’Hexagramme Duc… six périodes de cinq jours (Hou) correspondant aux divisions du Yue Ling (Prescriptions Mensuelles). Comme on peut le constater ce calendrier est principalement basé sur les phases lunaires bien qu’il prenne en compte les principaux épisodes solaires de l’année que sont les solstices et les équinoxes qui servent d’axes fondamentaux.

De tous temps il a été considéré, en Chine, que la lune, donc le Yin manifesté, possède une très grande influence tant sur le climat, les cultures et les marées, donc le macrocosme, que sur la menstruation, l’allaitement, la pousse des ongles et des cheveux… et le caractère, donc le microcosme. Le temps d’une grossesse correspond très exactement à neuf mois lunaires. Il serait donc quelque peu étonnant que l’homme soit la seule créature terrestre qui puisse échapper à l’influence lunaire.

Il est évidemment très scientifique d’affirmer, en climatologie, que les phases de la lune influent profondément les marées et, partant, les vents et les précipitations et de nier farouchement, en médecine, que la lune puisse avoir une quelconque influence, fut-elle minime sur l’organisme et ses liquides. Un homme qui échapperait par hasard et scientifiquement à ce qui influe sur la nature environnante est certainement un excellent modèle théorique mais certainement pas une fin en soi. Il serait, par ailleurs étonnant que ce qui subit une influence horaire échappe à une influence journalière ou cyclique.

La médecine chinoise n’était pas la seule à se préoccuper du calendrier luni-solaire puisque, pendant des siècles, les facultés de médecine de Bologne et de Montpellier, probablement les plus réputées de l’Occident incluaient cette étude à l’art médical classique. L’apparition de substances médicamenteuses de plus en plus puissantes et de plus en plus actives ont fini par avoir raison de cette pratique chronobiologique qui ne se justifiait plus. Actuellement cette chronobiologie revient peu à peu et timidement en raison de la résistance de plus en plus grande des virus et des difficultés de traitement. Il est fortement probable que, d’ici quelques années, la médecine de pointe se penche à nouveau sur ces anciens calendriers et propose, à nouveau, un protocole médical basé sur l’évolution du temps universel et ses conséquences profondes sur l’organisme et le psychisme. La très antique sagesse chinoise considère que le Yin est favorable à la manifestation, à ce qui se matérialise et se concentre, à la minéralisation, à la cristallisation, à la densification tandis que ce qui est yang est, au contraire, plus favorable à ce qui est subtil, à ce qui se disperse et se dissipe, à la dissolution.

Chacun des soixante quatre hexagrammes des vingt quatre périodes, des douze cycles, des six énergies et des cinq mouvement est l’expression manifestée de ce principe essentiel qui trouve sa matérialisation dans les différentes phases luni-solaires du calendrier… lesquelles influent à leur tour sur les activités humaines. En résumé succinct : le Yin est favorable à ce qui est matériel, concret, manifesté, quantifiable, quantitatif tandis que le Yang est favorable à ce qui est immatériel, subtil, non quantifiable, qualitatif… La lune croissante favorise donc la croissance… cela est particulièrement visible sur les végétaux… mais également sur les cheveux et les ongles. La lune décroissante est, par contre, plus favorable à ce qui se passe en, profondeur, dans l’obscurité. Elle est propice à la conservation. Jadis le bois de construction était exclusivement coupé en lune décroissante tandis que le bois de chauffe était récolté en lune croissante… La semis, la culture, la récolte et l’utilisation des légumes obéissait à ce même principe.

En lune croissante, entre nouvelle lune et pleine lune, il convient donc de planter les légumes poussant au dessus du sol à l’exception de ceux qui risquent de monter prématurément en graine comme les laitues. C’est également la période favorable pour planter des arbres. La lune décroissante, par contre, est plus favorable aux semis et plantations de légumes poussant sous le sol, légumes racines ou tubercules, ou de ceux qu’on ne désire pas voir monter en graine comme les laitues et les épinards… c’est la période la plus favorable pour couper le bois et récolter ce qu’on désire conserver. Sur le plan des activités humaines la lune croissante est favorable aux activités intellectuelles, aux relations n’impliquant pas la durée, à ce qui est rapide et provoque des effets à court terme… au qualitatif nécessitant une décision ou un choix immédiat… tandis que la lune décroissante est plus favorable aux activités matérielles, aux relations impliquant la durée, à ce qui agit à long terme… au quantitatif nécessitant une mise en place et une évolution profonde, à ce qui est plus lent mais productif.