Sacre novice

Encore quelques précisions sur Wilfrid « Wop » May et les tireurs et mitrailleurs du « cirque » de Vaux sur Somme. Wilfrid « Wop » May est un ancien camarade de « Roy » Brown, ils se sont connus à l’école de pilotage. Wilfrid qui est donné comme débutant est pourtant lieutenant d’active. Donc plus gradé que la plupart des pilotes vétérans qui participent à ce combat. Son surnom « Wop » vient de sa célérité en voltige et, plus particulièrement, de son aptitude à voler en rase-mottes. Avant le décollage de ce 21 avril 1918 il s’entretient longuement avec Brown…

Virage au-dessus du Belvédaire St Colette

Celui-ci lui  » aurait donné conseil de rompre le combat en cas de problème car c’est son premier vol opérationnel « . Cette méthode qui consisterait à  » rompre le combat  » en cas de problème va à l’encontre de toutes les règles de la sécurité la plus élémentaire du vol de combat en escadrille. Or il ne s’agissait pas d’un vol d’entrainement mais, suivant tous les témoins alliés et allemands, d’une très importante formation de combat recherchant le contact avec l’ennemi.

« Wop » May : pas si chèvre que ça !

« Wop » May : un faux novice et un as de la voltige

On ne fait pas d’omelette sans casser d’oeufs ; un cheval de bois de « Wop » le casse-cou  !

Aux environs de Sailly le sec « Wop » May monte largement au dessus de la mêlée constituée d’un groupe de 36 avions, s’écarte de la formation puis s’en éloigne. Il est immédiatement pris en chasse par Richthofen qui a repéré son manège. « Wop » May plonge alors sur la Somme et ne quittera plus celle-ci jusqu’à Vaux. Il affirmera plus tard  » Heureusement que j’étais un novice car Richthofen, plus expérimenté, ne pouvait pas anticiper mes actions. Mes manœuvres folles l’ont dérouté « .
Ben voyons !

Manœuvres folles, certes, mais en maintenant rigoureusement le vol au dessus de la Somme puis en dégageant au bon moment après avoir attiré le Baron vers les mitrailleuses. .

Un débutant poursuivi par l’as des as allemands se borne à faire n’importe quoi, tout en conservant un cap précis, au ras de l’eau entre deux rangées de peupliers et en ne prenant aucune balle dans son avion. Quelle chance inouïe.  Mais comme dira plus tard un certain Adolf « Plus le mensonge est gros plus il est facile à faire avaler ! « 

Hans Joachim Wolff qui suivait le début de cette poursuite écrira le soir même en parlant de Richthofen  » Pourquoi volait-il si bas et si loin dans les lignes ennemies ? « .

Simplement  parce qu’il était certain de remporter cette quatre vingt et unième victoire que « Wop » May semblait lui offrir sur un plateau d’argent. Ce ne devait être  qu’une simple formalité. Le piège était donc bien conçu. 

Quant aux mitrailleurs présents sur le fameux « Belvédère Sainte Colette » on est réellement en droit de se demander ce qu’ils faisaient là puisque ce belvédaire surplombe une importante boucle de la somme formant un marécage fangeux se répandant sur plusieurs hectares. Donc une zone naturelle totalement infranchissable tant à pied qu’en barque. Ces mitrailleuses étaient censées protéger une batterie de mortiers. Lesquels, visiblement, étaient également destinés à faire des ronds dans l’eau puisqu’il n’existait, en face, aucun autre objectif que celle-ci. Suivant les cartes d’état major d’époque (Bibliothèque du Congrès) il n’existait aucune première, seconde ou troisième ligne australienne à cet endroit précis. Donc aucune batterie de mortiers en ligne. Il est donc beaucoup plus probable que ces tireurs et mitrailleurs répondaient à une mission précise et particulière puisqu’ils avaient été soigneusement sélectionnés. On ne sélectionne que très rarement des tireurs d’élite pour faire des ronds dans l’eau. Il est possible d’objecter que tout cela semble fort compliqué et que si il s’agit d’un beau coup monté par les Anglais il aurait été plus simple pour ceux-ci d’utiliser des Anglais et non des pilotes canadiens et des tireurs australiens. Mais cela ne permet-il pas de mieux répartir les tâches et les responsabilités et surtout de noyer le poisson en cas d’échec ? La mort « accidentelle » du Baron Rouge, par fait exceptionnel de circonstances, devait être la seule hypothèse retenue. Elle le fut.