LA SAGA DU WU SHU
Les 5 écoles de Shaolin
En 1736, cinq moines parviennent à s’enfuir du monastère de Shaolin tombé aux mains des Mandchous. Ils se rendent dans le Sud de la Chine, modifient leurs noms et créent cinq nouvelles écoles.
Lors du démantèlement du Monastère de Songshan par les Mandchous en 1736, cinq moines parvienent à s’enfuir : Hu Te Ti, Fang Ta Hong, Choi Te Chung, Li Che Kai et Ma Shao Hing. Afin d’échapper aux recherches ils se rendent dans le Sud, encore favorable aux Ming. Par précaution certains modifient leurs noms… Hong Te Ti, Liu Ta Hung, Choi le Chung, Fi Che Kai et Mo Shao Hsing créent chacun une École à partir de leurs connaissances personnelles de l’Art de Shaolin. Ils décident d’un commun accord de donner à ces cinq nouvelles écoles leur ancien ou nouveau nom de famille : Hung Gar Chuan (Poing de la Famille Hung), Liu Gar Chuan (Poing de la famille Liu), Choi Gar Chuan (Poing de la Famille Choi), Li Gar Chuan, (Poing de la famille Li) et Mo Gar Chuan (Poing de la famille Mo). Bien que deux autres moines, Yun Tsung et Chih Kong aient décidé de recréer l’École Shaolin dans le monastère Ju Liait Shah du Fukien, il est considéré que l’Ancien Style est contenu dans ces Cinq Écoles.
HUNG GAR CHUAN : LE POING DE LA FAMILLE HUNG
Le style de base fut donc créé par Hung Te Ti (Hu Te Ti). Celui-ci a pour principal disciple Miao Hsien, considéré comme l’un des Cinq Maîtres du Shaolin. La fille de Miao Hsien, Miao Tsui Ha se marie avec Fang De et de leur union naît un fils Fang Shi Yu, l’un des «Dix Tigres de Shaolin» . La nièce de Fang Shi Yu, Fang Wing Chun se marie avec l’un des autres «tigres», Hung Hsi Kuan… Ensemble ils créent la Forme du Tigre et de la Grue (Fu Hok Sheun Yin Chuan), restée un classique de l’École Hung Gar. Fang Wing Chair (Yen Yun Chum ou Yin Wing Tsun) n’en restera pas là puisqu’avec l’aide d’une nonne Bouddhiste Wu Mei (Ng Mui) elle créera par la suite la fameuse Ecole du Printemps Radieux (École du Joli Printemps… mais aussi Ecole du Renouveau) dont nous reparlerons.
Parallèlement, l’un des élèves de Chih Shan, supérieur du Monastère de Ju Lian Shan, Lu a Choi décide de rejoindre le clan Hung dans le Guangzhou. II y adopte Wang Chi Ying (Wong Kee Ying) qui deviendra le père de Wang Fei Hong (Huang Fei Hong ou Wong Fei Hong). Ce dernier (1847-1924) deviendra une figure légendaire des Arts Martiaux Chinois et le chef de file incontesté de l’École Hung Gar. Les productions cinématographiques de Hong Kong lui consacreront plus de 80 films où tournèrent les experts les plus prestigieux du Wushu de l’après guerre : Kwan Tak Him, Liu Chan, Shek Kin, Chan Hon Chung… Ces films, véritables documents sont malheureusement totalement inédits en Occident. Wang Fei Hong eut de nombreux disciples dont Lin Shi Jong, Kuei Chiao Chi, Liang Kuan, Lam Sai Wing, Leung Foon. Les liens entre le clan Hung et le clan Mo furent renforcés par le mariage de Wang Fei Hung et de Mo Kwei Lan, âgée de 16 ans alors que Wang en avait 60… La jeune femme fui bientôt surnommée «l.a Tigresse des Deux Styles» en raison de ses capacités. Elle vivait encore à Hong-Kong il y a quelques années et enseignait toujours, notamment le fameux «Poing volant» du Hung Gar, ainsi que la forme familiale du Mo Gar. Lam Sai Wing, petit et rablé, surnommé «le boucher volant» tant en raison de sa profession qu’en raison de sa virtuosité dans le maniement des «couteaux papillons» et du sabre de main des techniques de la Grue eut comme disciples Chan Hon Chung (Zheng Jin Zhong), l’actuel patriarche du Hung Gar et Président de l’Association des Arts Martiaux Chinois de Hong Kong (HKCMAAL) chez lequel l’auteur étudia les principaux Tao de l’École. Les Maîtres réputés de Hung Gar sont actuellement Chan Hon Chung et son fils, Yen Yik Kai, ancien Patriarche qui enseigne actuellement une forme de Hung Gar très proche de l interne (Hung Gar Wu Hsing Chuan), Leang Hon Kwong, disciple de Lao Chum, lui même élève de Tieh Qiao San (Tik Kin Salm), l’un des «Dix Tigres de Canton», créateur de la «Forme du Fil de Fer». Shao Han Sheng (Siu Hon Sang), élève de Fong Jong Piao, Leung Sung, Liu Chia Liang…
LES FORMES CLASSIQUES DE L’ECOLE HUNG GAR CHUAN
Fu Hok Sheun Yin Chuan : «Le poing de la Rencontre du Tigre et de la Grue» créé par Hung Hsi Kuan et Fang Wing Chun. La forme ancienne comporte 216 mouvements et un seul coup de pied (coup de pied fantôme contre l’ombre de la lune) et est de très faible amplitude. A l’instar des Katas anciens du Karaté Do, elle a été remaniée plusieurs fois et simplifiée au cours de ces dernières décades. Elle a été utilisée pour recréer une forme de synthèse en 1929 (Hon Chuan du Maître Long Kaï Ming), puis en République Populaire en 1964. Elle connaît donc plusieurs versions plus ou moins courtes et de plus ou moins grande amplitude. Elle demeure la forme classique du Hung Gar.
Siu Lo Hon Chuan : «Le Poing des Petits Disciples du Bouddha» , créée par le fondateur du Style Hung Te Ti. Elle procède donc directement de l’enseignement classique de Shaolin et se caractérise par une conception très symétrique ainsi que des déplacements dans les «pas de la Licorne Ivre» . Kong Chi Po Fu Chuan : «Le Poing du Tigre accroupi en posture d’Arc» . Créée probablement par Miao Hsien, l’un des Cinq Maîtres de Shaolin. Elle est considérée par plusieurs Maîtres comme étant la base essentielle du travail de l’Ecole à cause de son côté éducatif et répétitif.
Tieh Qiao Chuan (Tik Shien Kien) : «Le Poing du Fil de Fer» ou «Poing du Pont de Fer», créée par Tieh Qiao San, c’est une forme liée au travail de l’Energie (Qi) et des sons. La forme ancienne s’effectue sur un poème chanté. Les formes plus récentes ont conservé les sons liés aux éléments (Ha pour le feu et les techniques de Poing, Ho pour la Terre et les techniques de paumes, He pour le Métal et les techniques de tranchant, Si pour l’Eau et les techniques de pique, Wu pour le Bois et les techniques de griffe).
LES FORMES PLUS RECENTES ATTACHEES AUX ECOLES ACTUELLES
L’Ecole Hung Gar provenant directement de Shaolin, il est donc normal de travailler les techniques des Animaux et parfois même des éléments. Bien que les formes classiques renfermant la plupart des techniques zoomorphes, pour des nécessités pédagogiques plusieurs Maîtres créèrent de nouvelles formes simplifiées ou ne représentant qu’un animal. II existe donc de nombreuses formes assez récentes enseignées plus sous la responsabilité d’une Ecole ou d’un Maître que du style orthodoxe
– Fu Yin Chuan : Poing du Tigre
– Pao Yin Chuan : Poing du Léopard
– Hok Yin Chuan : Poing du Héron
– Haou Yin Chuan : Poing du Singe
– Sse Yin Chuan : Poing du Serpent
– Tchong Yin Chuan : Poing du l’Ours
– Lung Yin Chuan : Poing du Dragon
– Feng Yin Chuan : Poing du Phénix
– Keilen Yin Chuan : Poing de la Licorne
– Wu Quing Shij ou Wu Husing Chuan : Poing des Cinq Animaux (Yuen Yik Kai)
– Xi Ming Chuan : Poing du Soleil Couchant (Long Kai Ming), etc.