LA SAGA DU WU SHU

L’art ancien du Shaolin

Tang Fang Sheng a clairement décrit dans «L’art ancien de Shaolin Wu Dang» les règles et les techniques qui définissent le style autrefois pratiqué au célèbre monastère. Depuis, les choses ont bien évolué…

Des textes anciens relatés par Tang Fang Sheng dans «L’Art Ancien de Shaolin Wu Dang» ainsi que plusieurs écrits gravés dans des stèles définissent ainsi l’Ancien Style :

Un Espace de Travail
Les formes ( Tao ou Doan) s’effectuaient sur un espace correspondant à la peau d’un boeuf.

Deux Règles Simples
Poings pour le haut et pieds pour le bas. Frapper en attaquant, projeter en défendant.

Trois Méthodes de Combat
Avancer rapidement, reculer prudemment, esquiver au plus court.

Quatre orientations
– Méthode dure (force dure de nature yang) : frapper.
– Méthode souple (force souple de nature yin) : projeter ou immobiliser. Utilisation des points vitaux.
– Méthode interne : méditation et contrôle du Chi.
– Méthode externe : travail sur les os, les articulations, les muscles et les tendons (Gymnastique Bouddhiste).

Cinq Formes Fondamentales

– L’Est, le Tigre, la saisie, la hallebarde (Bois).
– Le Sud, le Léopard, le poing, l’épée (Feu).
– Le Centre, l’Ours, la paume, le bâton (Terre).
– L’Ouest, la Grue, le Sabre, le tranchant (Métal).
– Le Nord, le Singe, la Pique, la lance (eau).

Six Règles
– La Technique : simple, naturelle, vigoureuse, flexible et élastique.
– Les Pas : légers mais sûrs et fermes.
– Le Corps : il fait face à l’adversaire, pas à son attaque.
– Les Bras : fléchis sans être pliés, tendus sans être raides.
– Les Poings : le poing d’attaque se transforme en poing de défense, le poing de défense en poing d’attaque.
– Les yeux, ils voient tout sans rien regarder.

Sept Principes
– Main nue contre main nue
– Main nue contre arme
– Arme contre main nue
– Arme contre arme
– Souplesse contre force
– Force contre souplesse

Huit Caractéristiques
Précision, tactique, hardiesse, tactique, hardiesse, rapidité, détermination, compétence, courage et humilité.

Neuf Techniques
– Blocage contre coup de poing.
– Saisie contre blocage.
– Projection contre saisie.
– Esquive contre projection.
– Coup de pied contre esquive.
– Coup de genou ou de coude contre coup de pied.
– Poussée contre coude ou genou.
– Recul (absorption) contre poussée.
– Coup de poing contre recul.

Dix Instruments De Travail

Le sol pavé du monastère, les rochers de la montagne, la terre de la forêt, la natte de la salle de prières, l’expérience des anciens, la bonne volonté des plus jeunes, la pérenne de la Tradition, l’amitié entre frères, la Puissance de l’Empire, la Clémence du Bouddha.

La légende populaire crédite à l’Ancienne Ecole les épreuves des 36 chambres destinées au perfectionnement d’une technique particulière ainsi que du souterrain ou Salle de Lo Hon renfermant 108 mannequins articulés et se terminant par un chaudron chauffé à blanc que le postulant devait mouvoir pour sortir en le saisissant entre les avants bras… provoquant ainsi le fameux tatouage du Tigre et du Dragon. Le monastère du Mont Song dans le Hunan ne possédant pas une telle pièce ni rien de semblable, le Monastère du Fukien, aujourd’hui détruit, devient le seul lieu probable où de telles épreuves aient pu avoir lieu… Les optimistes quant à eux pensent que le souterrain, resté n’a jamais été découvert… on peut donc rêver sans pour autant se faire trop d’illusions !

A tout seigneur, tout honneur, il reste bien, actuellement, des détenteurs du Poing de la Petite Forêt au monastère du Mont Song… restés dans l’oubli le plus total pendant une cinquantaine d’années, Shi De Shan, le patriarche, Shi Cheng Yun et Shi De Yun, tous trois d’un âge fort respectable, ont fait ce qu’ils ont pu pour sauvegarder une tradition longtemps menacée. Ils possèdent, en quelque sorte, la mémoire vivante du lieu et continuaient leur pratique il y a peu de temps encore. Depuis l’arrivée massive des marchands dans le temple et l’absence notoire de Jésus Christ et de son fouet salvateur, donc la prolifération de touristes venus se faire photographier en bermuda à fleurs et bigoudis sur les marches millénaires, les « ancêtres » , peu représentatifs du Kung Fu éducatif et populaire, sont relégués au second plan des athlètes formés dans des studios cinématographiques plus conformes à une certaine image colorée et bondissante. II y a encore quelques années, il est vrai, Shaolin était encore en dehors de l’itinéraire touristique officiel, le seul temple visité dans la région étant le Monastère du Cheval Blanc, près le Loyang… Hormis quelques attardés, nul ne s’intéressait alors au Wushu et seul le Tai Chi Chuan avait droit de cité auprès des intellectuels désireux de ne pas trop mouiller leur chemise dans des exercices frustres et violents. Depuis peu, le Wushu étant redevenu une activité reconnue par les instances officielles, activité qui de plus motive le tourisme, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… le fameux temple qui avait subi au cours des âges de nombreuses déprédations (expédition des Xing, incendie dû aux seigneurs de la Guerre en 1928, révolution « culturelle »…) est en cours de rénovation. Les fameuses fresques martiales de la Salle Bai Yi, sur lesquelles avaient été cloués des panneaux, sont en restauration. Pour ceux qui douteraient du fait, il suffit tout simplement de comparer les relevés effectués par une expédition de l’Ecole Française d’Extrême Orient (photo dans Asian Fighting Arts de Smith et Draeger), les photos publiées par Ying Zi dans Shao lin Kung fu de Kingsway, et les photos actuellement disponibles. En 1900 la fresque principale était absolument intacte… le poster publié par Karaté montre de nombreuses traces résultant de l’humidité développée derrière les fameux panneaux ainsi que de probables grattages pour supprimer des graffitis gênants…