Résistance et Maquis
UNE AUTRE RESISTANCE…CELLE DES RESEAUX
Documents d’archives inedits concernant Georges Charles FFL
Georges Charles 1902-1944 : un résistant de la première heure
Georges Charles s’engage comme volontaire pour la guerre de 1939-1940 Réformé suite à un accident lui ayant causé une infirmité on lui confie la responsabilité d’une station météo roulante destinée à informer l’Armée de l’Air.
Il participe à la « Drôle de Guerre » et à la Campagne de France toujours à la direction de cette station météo itinérante. Il effectue son travail en suivant la ligne de front dans la région Nord et tient un journal détaillé de sa mission. Avec six hommes attachés à cette station radio il échappe à l’étau des forces allemandes, traverse toute la France, embarque de force sur un navire « réquisitionné » par ses soins et se retrouve à Rabat au Maroc. Où son incroyable épopée lui vaut les honneurs militaires.
Démobilisé officiellement il revient en France. Et retraverse la France dans le sens contraire en uniforme. Ce qui lui vaut d’être arrêté une bonne douzaine de fois par tout ce qui porte uniforme. Mais relâché puisqu’il est totalement en règle avec les autorités civiles, militaires et allemandes. Et retrouve sa famille, à Boulogne, déjà partiellement détruite, tout le monde est sain et sauf.
Dès son retour il reprend ses activités de vente et de réparation de postes de radio TSF dans un magasin de Boulogne où il est probablement contacté par le SR Britannique. Il semble que celui-ci l’ait contacté avant la guerre et, suivant M. Perrot, officier de renseignement ayant travaillé pour les Britanniques et les Américains, ait en partie favorisé cette activité et formé Georges Charles au travail très spécialisé d’opérateur radio, ce que relate M. Fossier…
La boutique TSF de la rue Félix Adam : une bonne couverture ! Dès 1941 il retrouve un ami de longue date, Norbert Fillerin, qui dirige un réseau d’évasion des aviateurs alliés, le Réseau Pat O Leary. Cet ami lui en présente un autre…qui fait également partie du Réseau Alliance. Où il s’engage officiellement en avril 1941. Son activité d’électricien et de technicien radio lui permettent de travailler assez rapidement pour les Allemands, notamment dans l’électrification et le réseau de communication des forts de la région considérés comme la plus importante partie du « Mur de l’Atlantique ». Il fournit donc aux SR anglais des informations de première main, particulièrement sur les maisons transformées en Bunker de Wimereux.
Il effectue également le convoyage d’aviateurs et leur permet de passer la ligne de démarcation notamment en relation avec le Docteur Cliquet de Vierzon qui appartient au Réseau Pat. Mais également de messages, de postes de radio, de fonds destinés à la résistance. Et effectue plusieurs missions interzones.
Il se rend plusieurs fois en zone libre (Nice), à Londres et au Maroc. Mais revient toujours effectuer son travail de renseignement dans la Zone Interdite, donc la plus dangereuse puisque la plus surveillée et comptant le plus grand nombre d’Allemands et de services de contre-espionnage.
Georges Charles est arrêté, sur dénonciation, en décembre 1943, en pleine réunion à Lille, porteur de documents accablants puisqu’il s’agit de photos de rampes de lancement de V1 et de V2 ainsi que de plans précis d’ouvrages fortifiés. Condamné par le Tribunal Militaire (Alemand) de Lille, il est fusillé le 16 janvier 1944 au Fort de Bondues près de Lille. Ce fort est actuellement un musée de la Résistance.
Après de nombreuses années de recherches et de recueil de témoignages il s’avère que Georges Charles qui travaillait en parallèle pour le Rzseau Aliance et les Services Secrets Britanniques ait été victime de la fameuse opération Fortitude. Son dernier rôle, le plus important, aura été de fournir aux Allemands la confirmation que si un débarquement avait lieu en Normandie, il ne pouvait s’agir que d’un leurre. Le débarquement devant en fait avoir lieu dans le Pas de Calais !
Suivant M. Perrot « Georges Charles était trop important et trop averti des risques encourrus pour avoir été la victime d’un simple agent double. Mais son sacrifice a sauvé la vie de milliers de combattants et il fut une pièce importante dans l’opération de manipulation des services de renseignements allemands directement attachés à Hitler ». Mais le principe des sercices secrets est le secret et celui-ci sera bien gardé. Ceci n’est donc que l’introduction à un prochain ouvrage détaillant point par point cette action demeurée jusqu’à ce jour dans l’ombre. Aussi incroyable que cela puis paraître « Alliance » et « Pat » n’étaient que des « couvertures » permettant cette action du SR britannique, ceci au détriment des Agents qui furent « livrés » dans le cadre de cette « deception » qui suit point par point les principes de Sunzi.
Dernière photo de Georges Charles peu après son arrestation en décembre 1943 Prison de Loos Lès Lille
Attestation concernant l’appartenance de Georges Charles en tant qu’officier P2 du S.R. Alliance de 1942 à 1944. Il existait au sein des réseaux officiels de la Résistance trois types d’agents 01 : Agent répertorié qui travaille pour la résistance occasionnellement P1 : Agent de renseignement ou responsable qui travaille pour la résistance d’une manière habituelle. P2 : Agent de renseignement ou officier responsable qui travaille en permanence pour la résistance.
Attestation de Marie Madeleine MERIC-FOURCADE, chef du réseau Alliance Texte : Je soussigné Marie Madeleine MERIC, Chef du réseau de renseignement Alliance certifie sur l’honneur que Monsieur CHARLES Georges, louis Paul, né à Fives Lille (Nord) le 3 septembre 1902 Ayant droit MMe SINCLAIR rue Monsigny Boulogne sur Mer (Pas de Calais) Pseudonyme dans la Résistance : MARSOUIN N°64 Appartenait à mes services
Il y est entre le 12 avril 1942 Agent de renseignement et de liaison entre le Sud et le Nord Recherche des fortifications Zone Rouge Et en conséquence fait partie de la catégorie des Agents P2 de la France Combattante et figure dans nos états déposés à la délégation générale FFCI En foi de quoi la présente a été délivrée pour servir et valoir ce que de droit.
« Membre très actif du Réseau Alliance Mr. CHARLES georges fut arrêté par la Gestapo le 4-12-43 suite dénonciation d’un agent double travaillant pour le compte de l’ennemi. Interné à la prison de Loos Lès Lille, fut fusillé entre le 16 et le 20 janvier 44. Motif de son arrestation : Espionnage et aide aux puissances Alliées. Titulaire de la Médaille Militaire, Croix de Guerre et Médaille de la Résistance pour sa belle conduite devant l’ennemi ». Signé Marie Madeleine Fourcade.
Marie Madeleine MERIC-FOURCADE en 1943.
Autre attestation Marie Madeleine Fourcade mais portant signature conjointe de Jacques CHARLES, Officier Liquidateur du Réseau, Frère du fusillé. Jacques CHARLES, frère de Georges CHARLES, occupait sous le pseudonyme de « LEZARD » la fonction de Responsable des Opérations Rail au BCRA de Londres.
Appartenant également au Réseau Alliance, dénoncé puis recherché, il échappa de justesse à la Gestapo et rejoint l’Angleterre en convoyant 27 aviateurs récupérés par le Réseau Pat O Leary pour lequel travaillait également Georges Charles. La revue de l’Aviation Française ICARE dans son numéro 148 (M1872) de 1994 et consacré aux « AVIATEURS ET RESISTANTS » note à ce sujet précis page 32 : « Il parait normal de mentionner pour services rendus aux aviateurs…Jacques CHARLES, né le 14 mai 1905. Chef des renseignements ferroviaires à l’Alliance – brûlé suite à une trahison, a traversé les Pyrénées en escortant depuis Paris 27 aviateurs alliés ».
Attestation du Réseau Pat O Leary – Filière d’évasion –
Texte : « Par la présente, nous soussignés, attestons Que Georges CHARLES, époux de Madame Georges Charles, habitant actuellement à Boulogne sur Mer, 2, rue du Doyen faisait partie du Réseau PAT, et que le Chef de la Zone France Occupée SAINT JEAN – Louis Nouveau – avait dès 1942 confié Georges Charles au Groupe Frères de la Côte dont j’étais le Chef. Nous versions périodiquement des fonds à Georges Charles. Celui-ci était donc P2. Après l’arrestation du Commander PATrick O LEARY, après la mienne, Madame Fillerin prit la direction du Groupe et la liaison avec Georges Charles fut maintenue jusqu’à l’arrestation de celui-ci. Georges CHARLES continuait à nous signaler les pilotes tombés près de la zone rouge, à relever les renseignements de la défense allemande du mur de l’Atlantique et arrêté le 5 décembre 1943 porteur de photographies d’ouvrages et de rampes de V1 et V2 a été fusillé à Bondues, près de Lille, le 16 Janvier 1944. En foi de quoi nous attestons ».
Norbert Fillerin Officier de Réseau et Officier des Forces Françaises Renty le 17 janvier 1946.
Geneviève (à gauche) et Monique Fillerin à Renty (62) Avec 4 aviateurs alliés cachés à la ferme devant une pancarte offrant une récompense pour leur capture. Les Allemands offraient jusqu’à 2000 francs or pour la capture de chaque aviateur – le prix d’une voiture neuve de moyenne cylindrée.
De gauche à droite Geneviève, Monique, Norbert et Gabriel Fillerin à Renty (62) Norbert Fillerin était le chef de réseau Pat O’Leary pour la zone Nord et permit l’évasion de nombreux aviateurs alliés dont certains furent recueillis puis convoyés par Georges Charles.
Georges Charles, petit fils de Georges Charles FFL, avec Monique Fillerin, née en 1927, à Colleyrac Saint Cirq en juin 2008. Monique Fillerin a récemment été décorée de la Légion d’Honneur. C’est pas trop tôt mais mieux vaut tard que jamais.
Certificat du Chief Air Marshal (GB) remerciant Monsieur et Madame Charles (Sinclair) pour l’aide donnée aux marins, soldats, aviateurs du Commonwealth et ayant rendu possible leur évasion.
Certificat de service signé par le Field Marshal MONTGOMERY (GB) et remerciant Georges Charles comme volontaire des Nations Unies qui a donné sa vie pour que l’Europe puisse être libre. Georges Charles recevra la George Cross et la King’s Medal of Courage à titre posthume
Attestation signée par D. EISENHOWER précisant que le Président des Etats Unis d’Amérique lui a personnellement demandé d’exprimer sa gratitude envers Georges CHARLES et celle du Peuple Américain pour sa courageuse action dans l’assistance au retour des soldats Aliés.
Texte issu de « Zone Interdite Nord Pas de Calais » parJM.FOSSIER Editions Sociales 1997 Texte : Guy Bataille l’historien de la période de l’occupation du Boulonnais donne les informations suivantes :
« Le 4 décembre dans la soirée, à Lille, est arrêté Georges Charles qui appartient au réseau « Alliance » depuis avril 1941. Il fait partie également du service secret anglais. Du moins le rapport de police succinct établi à son sujet le précise-t-il. Ce Boulonnais qui connaissait le travail d’opérateur radio ne put fuir quand il fut appréhendé. Nous avons retrouvé sa trace à Boulogne puis à Neufchatel où il s’était réfugié. Il apparaît qu’il a appartenu également au réseau F2. Il sera fusillé dans la cour du fort de Bondues le 16 janvier 1944. Dans les fortifications on retrouvera son corps attaché à celui d’un autre (Camille Deis) ».
Carnet personnel de Georges Charles retrouvé au fort de Bondues
Texte : « Si je ne dois pas rentrer, cela est écrit dans notre destinée, il n’y a rien à faire pour la changer. J’aurais fait mon devoir de Français sans hésiter. Je prierai donc la personne qui trouvera le présent carnet de le faire parvenir à ma famille. Ma femme chérie et mes deux enfants adorés sauront en tous cas que mes dernières pensées auront été pour eux. Georges ».
Il n’y a pas grand chose à ajouter de plus. Si ce n’est que le courage n’a pas besoin de grandiloquence.
Et que mon Oncle, le beau frère de Georges, Roger Gaston qui faisait également partie de la Résistance dans un réseau anglais, en tant que radio clandestin,a été également dénoncé, arrêté à Marseille et incarcéré dans diverses prisons dont celle de Montluc à Lyon puis déporté à Dachau, sous le matricule KL Dachau 73498, dans le transport parti de Compiègne le 18 juin 1944 et arrivé le 20 juin à Dachau. Cette information particulière figure dans le Livre Mémorial des Déportés de France tome II page 934.
Roger Gaston qui s’est éteint le 1er juillet 1991 était Officier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre avec Palmes, Croix de Guerre 39 45, Médaillé de la Résistance, Médaillé of the King’s Médal of Courage.
Roger Gaston, beau frère de Georges Charles Officier aviateur rejoint la résistance en 1941 Déporté à Dachau et revenu. Concernant Dachau et les « camps tragiques » en 1933 on savait déjà. La preuve ? Cliquer ici
Ordre de mission pour Lionel Charles, fils de Georges Charles Mission urgente à Neufchatel octobre 44
» Les forces de police, les autorités administratives, les Forces Françaises de l’Intérieur sont priées de lui apporter aide et protection dans l’ accomplissement de sa mission… »
Cérémonie du 19 septembre 1992 dans la Cour Sacrée du Fort de Bondues Lionel Charles, Paul Astier, Maurice Schuman Derrière Lionel Charles, légèrement à gauche, Yolande Laurain, née Charles fille de Georges Charles qui fut fusillé en ce lieu de souvenir. Photo « La Voix du Nord »
Ils étaient 68 – Les fusillés du Fort Lobeau de Bondues Musée de la Résistance du Fort de Bondues Un ouvrage est désormais consacré aux 68 résistants fusillés du Fort Lobeau de Bondues Georges Charles y figure en bonne place cliquer ici
Sans oublier, non plus, Abel Charles, de Boulogne sur Mer, également Officier de Renseignement et qui joua un rôle plus qu’essentiel dans la libération de Boulogne par les Troupes Canadiennes en apportant des informations qui permirent de prendre la forteresse par surprise, donc de faire tomber la place forte, et en évitant de nombreuses pertes humaines tant dans les populations civiles que dans les troupes canadiennes et allemandes ! Mais qui se souvient de ça ?
Une autre guerre, la Grande, et un autre Sous Lieutenant mort pour la France
Par la même occasion je tiens à rendre également hommage à un autre sous–Lieutenant, c’est une tradition dans la famille, Georges Charles, employé de l’Octroi de Boulogne sur Mer. Tué à l’ennemi en juin 1916 devant le Fort de Vaux à Verdun, en défendant celui-ci. Il était déjà titulaire de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec palmes et étoiles et reçut, à titre posthume, la Légion d’Honneur. Il est cité dans la « Notice du Fort de Vaux » Les Editions Lorraires FREMONT à Verdun (1921) page 10.
L’un comme l’autre figurent sur le Monument aux Morts de Boulogne sur Mer. Le nom de Georges Charles est également gravé, en premier lieu, sur la plaque commémorative située au pied du Beffroi, Place de la Résistance à Boulogne.
Notice sur le Fort de vaux
Texte : « La 7eme compagnie du 142e RI, commandée par le Capitaine Tabourot, défend héroïquement les abords NE du fort…Le Sous-lieutenant de Roquette, du 53e RI, sorti avec son détachement de mitrailleurs ne peut se servir de son arme enrayée ; il vient rejoindre Tabourot avec l’Aspirant Buffet, le Sous-lieutenant Charles, le soldat Sénécal et d’autres braves. Et cette poignée de héros couvre l’ouverture du coffre NE ; nos grenadiers restent maîtres du terrain, ils ont culbuté les grenadiers ennemis ». Mais il est ajouté plus loin : « Les Allemands qui sont montés sur le dessus du fort viennent à la rescousse et notre position devient difficile ; l’ennemi est sur nos têtes, il nous domine du haut et arrose de grenades Tabourot et ses hommes, je vois tomber l’ héroïque capitaine ; une grenade lui a ouvert le ventre, une autre lui a tranché les deux jambes. On le ramène sur un brancard à l’intérieur du fort. Les autres tombent à leur tour » (Colonel Raynal).
Ce fut ce dernier auquel les Allemands rendirent les honneurs en présentant les armes qui demanda personnellement la citation à l’ordre de l’Armée et la Légion d’Honneur pour le Sous-lieutenant Georges Charles. Plus récemment, l’Indochine et Dien Bien Phu Le fils de Fernand Gaston, frère de Roger Gaston, donc mon cousin, s’engage fin 1944 pour aller « casser du Boche ». Mais il s’engage pour le durée de la guerre. Il se retrouve donc en Indochine puisque la guerre y continue et fera partie de la plupart des opérations.
Jean Gaston en Indochine Mais à l’instar du Lieutenant Georges Charles qui sera l’un des derniers défenseurs du Fort de Vaux, en juin 1916, ce sera le Capitaine Charles du Premier Régiment de Chasseurs Parachutistes (1er RCP), sous les ordres du Commandant Bréchignac, dit « Bréche », Commandant de la Première Compagnie, qui tombera gravement blessé en défendant le poste « Nana » sur le point d’appui Gabrielle en mai 1954.
Le capitaine Charles, commandant de la 1ere Compagnie du 1er RCP, au milieu de ses hommes juste avant l’assaut sur le poste « Nana » sur le point d’appui Gabrielle.
Emblème du 1er RCP : « Du ciel au Combat » (Première Compagnie)
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