L’INDIEN, LE RETOUR

Par Georges Charles

J’ai publié cet article dans les années 90 dans la revue mensuelle « La Vie Naturelle » du Groupe de Presse Arys où j’étais alors rédacteur de presse avant de devenir le Rédacteur en Chef de la revue Yao-Yin. Comme je viens de faire publier chez Ellébore le « reprint » intégral du Traité d’Energie Vitale également paru à cette époque chez Encre du groupe Arys j’ai pensé qu’il serait intéressant de ressortir cet article des cartons où il avait été enfermé depuis et d’y apporter quelques précisions entre parenthèses et une conclusion actualisée. Je sais, désolé, c’est un peu long mais à l’époque on savait prendre son temps et son espace. G.C.

 

 

OU L’HOMME CIVILISE ET BLANC REDECOUVRE LE BON SAUVAGE…

Cela se manifeste par quelques publicités où l’Indien devient tout à coup fort sympathique. Plus question de scalps, d’attaque de chariots dans la plaine, de mise à feu de ranchs, de rapine de bétail, d’alcool à bon marché, de ruses sournoises puisque l’homme rouge est devenu, comme tout un chacun, consommateur avisé. Il achète ses lunettes chez Aflelou, possède un ordinateur portable, déjeune chez Mac Do ou Mac Cain, reste en contact avec sa tribu grâce au Tam-tam miniaturisé, conduit une Jeep Cherokee, évite les embouteillages de départ de vacance. Jadis, sur les affiches vantant le parc d’attraction créé par Jean Richard à la mer de sable il demeurait relégué au troisième plan.

La part belle était laissée au cow-boy triomphant, moustachu et rougeaud, archétype de la réussite à tout prix et de la victoire de la civilisation industrielle sur le monde sauvage. Mais depuis l’image du beauf de Cabu satisfait de lui-même et de la société pâle et grise qu’il a engendrée ne fait plus vendre. L’Indien, en revanche, représente de nouvelles valeurs d’identification le plus souvent liées à la crise économique. Inconsciemment il représente tout d’abord la résistance individuelle aux systèmes autocratiques, technocratiques, politiques, économiques imposés de force d’en haut et d’ailleurs. Sa révolte est justifiée puisqu’elle est motivée par le simple fait que la majorité des promesses qui lui ont été faites n’ont jamais été tenues et que tous les engagements pris se révèlent, comme les traités Indiens, n’être en fait que de grossiers mensonges. Il représente également l’adaptabilité face aux circonstances difficiles. Il est capable de mobilité et de sacrifices et devient, en quelque sorte, un nomade qui assume sa marginalité sans pour autant perdre son identité. Il se retrouve dans la notion de tribu puisqu’il se reconnaît une fraternité avec tous ceux qui, comme lui, sont exclus, malmenés, spoliés ou risquent de l’être d’un moment à l’autre.

Comme pour les Indiens, ces diverses tribus forment une nation importante mais encore divisée. La tribu des jeunes, la tribu des chômeurs, la tribu des immigrés, la tribu des exploités, la tribu des mécontents, la tribu des malades, la tribu des exclus, la tribu des tôlards, la tribu des expulsés, la tribu des grévistes, la tribu des infirmières…(actuellement on pourrait ajouter le tribu des gilets jaunes, le tribu des urgentistes, la tribu des pompiers, la tribu des travailleurs dit privilégiés, la tribu des LGBT, la tribu des femmes battues) face au système unique hautain et répressif de l’état et de sa cavalerie bleue.

Comme l’Indien, il se retrouve parqué dans de nouvelles réserves nommées banlieues ou villes nouvelles et doit ruser à longueur de journée pour échapper aux diverses brimades, contrôles, manipulations, tentations, répressions dont il est l’objet permanent. Face à l’Europe, le cultivateur français finit, lui-même, à mieux s’identifier à l’Indien qu’au cow-boy puisqu’on lui saisit sa terre, qu’on lui vole son bétail, qu’on le dépouille sans la moindre vergogne. Mais il finit par se pendre lui-même haut et court.

Le nouvel Indien se soigne différemment, mange différemment (avec une tendance au Vegan), s’habille différemment, pense différemment et bien que regrettant le passé se tourne vers un avenir différent. C’est donc désormais le bon sauvage, souriant, imberbe (où à la barbe rase bien taillée) et bronzé, qui occupe le devant de l’affiche avec sa bimbeloterie colorée et son bourrin tacheté comme un léopard. Le dernier cow-boy est désormais Français, il s’appelle Lucky Luke et termine difficultueusement sa carrière sur une patinoire après qu’on lui ait interdit de fumer s’il voulait avoir une chance d’être importé aux USA. Il est vrai que son prédécesseur, dernière image commercialisable du Wild West en Stetson, est misérablement mort d’un cancer du poumon. Ses héritiers en sont réduits à tenter de vendre des cache-nez de laine sous une marque de cigarettes. Image terrible et dérisoire d’un cow-boy de magazine frileux et faux cul arrosé d’after shave. Grillé par l’indien. Pire encore, par une Squaw de dessin animé au nom imprononçable (Il s’agissait, je crois, de Potahoncas). Elle aurait au moins pu se nommer Nuage agile, Perle de rosée ou Soleil de Printemps et être un peu moins typée de visage. Si une bonne vieille maison de confiance, disons simplement d’avant guerre, comme les Studios Disney a cru bon pouvoir se mouiller dans le rouge c’est qu’il n’y avait déjà plus aucun risque et qu’elle satisfaisait une demande déjà bien établie par l’institution et les bonnes moeurs.

Il est vrai que le cinéma avait, depuis quelques années, déjà ouvert une sacrée brèche dans l’image jusqu’alors convenue du bon blanc et du méchant indien. On finissait donc par se poser quelques questions sur la conquête de l’Ouest et la nécessité d’un génocide parfaitement planifié et organisé depuis trois siècles. Il est, par exemple, significatif que sur plus de 1700 westerns tournés depuis l’invention du cinéma seulement 200 impliquent des indiens. Cependant, depuis 20 ans presque tous les westerns tournés réhabilitent ces mêmes indiens. Qu’il s’agisse de Jeremiah Johnson, du soldat bleu, d’un homme nommé cheval, de Pale Rider, de Little Big Man, du dernier des Mohicans, de Danse avec les loups et plus récemment encore de Grand Nord, les indiens bénéficient désormais d’un capital de sympathie indéniable qui aurait été impensable avant les années 50. Quelques figures jadis emblématiques comme Buffalo Bill, Kit Carson, Davy Crockett, Daniel Boone sont depuis déjà un certain temps montrées sous leur vrai jour, celui d’aventuriers sans foi ni loi, de bandits à la détente facile sinon de trafiquants notoires et d’affameurs d’indiens.

Plusieurs historiens, dont Felix Cohen, ont depuis relaté le fait que ce furent les colons qui les premiers ont commencé à scalper afin de toucher une prime variant suivant qu’il s’agissait d’un enfant, d’une femme, d’un vieillard ou d’un guerrier. Les indiens, motivés par l’exemple, n’ont donc fait que de prolonger cette coutume qu’on leur attribue à tort. On ne s’étonnera donc plus d’apprendre que le fameux général Custer, considéré comme le héros des guerres indiennes, n’était en fait qu’un pâle soudard choisi par Sherman pour une unique raison. Alors qu’il commandait un groupe d’armée d’élite du Nord pendant la guerre se Sécession, il avait été défait à plates coutures lors de la bataille de Vicksburg par quelques régiments considérés de dernier ordre. Or, ces régiments confédérés de l’armée Sudiste avaient été presque exclusivement composés d’indiens Cherokee et de noirs. Depuis cette époque il vouait donc une haine implacable aux indiens qui l’avaient ridiculisé sur le champ de bataille. Il eut donc carte blanche pour opérer la répression à n’importe quel prix mais il ne fut pas plus chanceux que la première fois puisqu’il fut vaincu et tué à Little Big Horn par les armées Sioux et Cheyenne de Crazy Horse et Sitting Bull. Son successeur, le général Sheridan, reprit le principe de Custer suivant lequel « Le seul bon indien est un indien mort ».

On ne se posa plus la moindre question jusqu’à la reconnaissance de la Nation Indienne suite à la tentative d’abrogation des Traités Indiens en 1978. Depuis, bien qu’il subsiste encore de nombreuses difficultés, plusieurs tribus indiennes comme les Oneidas, les Navajos, les Oglalas ont récupéré une partie de leurs terres et une importante indemnisation.

Le retour en force des indiens sur la scène internationale s’est également matérialisé par un fait très symbolique. En même temps que la plupart des pays occidentaux, particulièrement latins, fêtaient avec éclat les cinq centièmes anniversaires de la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb, le Prix Nobel de la paix était attribué à une indienne, Rigoberta Manchu. Il semble significatif que les lointains descendants des Vikings (donc en l’occurrence du Nobel, des Suédois) qui, cela est désormais prouvé historiquement, furent les premiers à débarquer en Amérique, trois siècles avant Colomb, aient choisi de rendre ainsi hommage aux indiens. Il semble que, malgré leur mauvaise réputation, les Vikings aient pu entretenir avec ces mêmes indiens (on devrait d’ailleurs dire désormais des « Amérindiens » mais ce qui dans la langue des oiseaux leur confère, on le comprend, une certaine amertume) de bons rapports (sauf, évidemment, dans certains films « gore » récents ) ce qui ne fut pas le cas, plus tard, des autres occidentaux. Ce juste retour des choses n’a pas toujours été apprécié à son entière valeur et, étrangement, l’histoire scolaire continue à oublier ce fait essentiel.

 

LE CHEVAL DE TROIE TEX-MEX…

L’image de l’indien désormais fait vendre des produits n’ayant bien souvent aucun rapport avec la culture indienne. Il existe, en revanche, d’autres produits qui, typiquement indiens, se dissimulent au contraire derrière la nouvelle mode Tex-Mex qui fait fureur aux USA et qui commence à débarquer chez nous par le biais des restaurants branchés et du rayon de l’épicerie de luxe de nos grandes surfaces. A vrai dire, aux USA il ne s’agit pas réellement d’une mode mais plutôt de tenter de flatter dans le sens du poil la majeure partie de la population des territoires du Sud.

Ronald Trenton, Professeur en sociologie de l’Université de Bâton Rouge, n’hésite pas à employer l’image d’un sablier qui s’est désormais renversé en faveur du Sud et au détriment du Nord. Pendant des siècles la langue et la civilisation occidentale, de tendance anglo-saxonne se déversaient du haut vers le bas, de l’Amérique du Nord vers l’Amérique Centrale puis l’Amérique du Sud. Depuis quelques années le processus s’inverse et c’est, au contraire la langue et la civilisation hispanique qui regagne le terrain perdu. Le pivot central de cette rotation, d’où l’image d’un sablier qui se retourne, est constitué du Panama, du Costa Rica, du Nicaragua, du Honduras, du San Salvador, du Guatemala et du Mexique.

Par le biais de la pression démographique et économique les courants migratoires s’exercent désormais de l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord. L’effet sablier a déjà largement atteint le Mexique qui, malgré d’importants problèmes économiques, n’a jamais au cours de son histoire subi une telle expansion culturelle, industrielle, commerciale et démographique (qui s’est malheureusement restreinte depuis la rédaction de cet article) . Cette expansion, en quelque sorte, se déverse désormais sur les états du sud des USA : La Californie du Sud, l’Arizona, le Nouveau Mexique, le Texas et en partie la Louisiane et le Mississippi sont désormais majoritairement de langue hispanique. Le phénomène est tel que certaines grandes villes, comme San Diego, Phoenix, Austin, Waco, n’utilisent plus que l’espagnol comme langue officielle concernant 95% des documents administratifs fédéraux. Aux deux extrémités Los Angeles et Nouvelle Orleans 70% de la police est déjà hispanisante. Cela fait dire à ce même Ronald Trenton que les Etats Unis du Sud s’apprêtent à subir dans les cinq années à venir un nouveau Fort Alamo à grande échelle où la trompette mexicaine prendrait, une fois de plus, le pas sur celle de la cavalerie US. Les bonnes vieilles valeurs de Sam Houston, Davy Crockett, James Bowie et William Travis ne sont plus en odeur de sainteté dans la région !

Par contrecoup, la mode est au chili con carne, aux tortillas, au guacamole, au tamales, au succotash tandis que la tequila, le mezcal et la bière mexicaine coulent à flot depuis les gargotes de Chihuahua ou de Guadalajara jusqu’aux bars des hôtels de luxe de Seattle de Chicago ou de Detroit. Cette mode qui fait rire jaune les adeptes inconditionnels de l’American Way of Life avec leur bière du Nord à l’arow root et leurs hamburgers Mac Machin est sur le point de balayer également l’exotisme alimentaire chinois ou italien des banlieues des métropoles industrielles. Comme devant tout phénomène nous parvenant des USA, nous ne sommes donc plus en reste puisque même notre Président de la République (A l’époque, évidemment Jacques Chirac) se pique d’apprécier la bière mexicaine dont nous tairons la marque et que le grand Johnny, autre institution (d’époque également) vénérable, quand il n’est pas au régime sec, vante à qui veut bien l’entendre les bienfaits aphrodisiaques du Mezcal, le vrai, celui avec une chenille dans le fond de la bouteille.

Le coup de la tequila avec eau gazeuse citron vert et sel sur le dos de la main c’est déjà amplement dépassé puisqu’elle sert désormais, dans certains milieux, à composer un cocktail détonnant auquel aucun alcotest ne résiste…le TGV. Nous ne vous le conseillons pas puisqu’il s’agit d’un tiers de tequila, d’un tiers de gin, d’un tiers de vodka. Cette alliance contre nature entre l’Amérique du sud, l’Europe du nord et la Grande Russie n’a pour seul but que d’atteindre l’ivresse le plus rapidement possible…d’où son nom.

Revenons au Tex Mex, ou Tec- Mec pour les puristes indianisant, contraction de Texas-Mexique, sorte d’élevage entre le fast-food américain et la gastronomie mexicaine, entre l’aigre doux et le piquant salé. En un an, dans Paris intra-muros, d’une demi-douzaine ils sont passés à presque quatre cents…on en attend entre 800 et 1200 pour l’année prochaine (mais finalement cela n’aura été qu’une mode passagère le Kébab ayant repris ses droits. On a les Indiens qu’on peut ! ). La plupart des villes de province ont désormais également leur Tex-Mex…Comme aux USA les « chinois » et les « pizzas » vont faire grise mise car ils drainent, suivant une statistique récente de la Drugs and Food Administration, 75% de la clientèle de moins de 30 ans qui échappe au fast food traditionnel. Il y a donc fort à parier que le Chili con carne va sérieusement concurrencer les hamburgers…à moins que les chaînes de fast food proposent à leur tour une gamme mexicaine !

Cela ne pouvait pas passer inaperçu des responsables marketing de la distribution en grande surface. Le Tex-Mex s’est tout d’abord installé, petitement, à coté des produits orientaux. Il bénéficie généralement maintenant d’un rayon spécialisé où l’on trouve le fameux chili con carne, la sauce aux piments de Tabasco, les tacos, le guacamole en poudre, les piments fumés, la confiture de cactus, les chips de maïs parfois même violettes puisqu’il s’agit de maïs indien…etc. Ce rayon encore très exotique connaît, de plus, quelques extensions au niveau des plats cuisinés en semi-conserve, en conserve et en congelé. Le Chili con carne est désormais produit au même titre que le cassoulet ou les raviolis farcis et figure en bonne place entre ces deux spécialités bien de chez nous. Le rayon des biscuits apéritifs a également été envahi par les cornets et chips de maïs…n’importe quel banlieusard connaîtra désormais, avec le pastis, l’inoubliable saveur du véritable fromage mexicain de Natcho ou du piment de la Sierra Madre ! Certaines grandes surfaces proposent déjà jusqu’à cinq marques de bières mexicaines… ! ( Bon, la mode est désormais à l’IPA (Indian Pale Ale) mais il ne s’agit pas des mêmes « Indiens »).

Tout cela, direz-vous, n’a pas grand chose à voir avec nos indiens si ce n’est le simple fait que tous ces produits sont issus de la culture indienne, hispanisée, certes, mais indienne. Nul ne veut encore l’avouer, moins encore aux USA qu’ici, mais en fait de culture hispanique il s’agit tout simplement de culture indienne. Le phénomène est tout simplement ethnique et touche toute l’Amérique du Sud, toute l’Amérique centrale et une bonne partie de l’Amérique du Nord, Canada et Alaska y compris. En réaction contre le visage pâle ou le gringo jadis triomphant mais aujourd’hui déstabilisé, l’indianité reprend ses droits en force. Pour une immense majorité des populations défavorisées du nord, du sud, de l’ouest un tout petit peu de sang indien dans les veines est devenu le motif de se sentir réellement indien à part entière et, ce faisant, de revendiquer le droit à l’appartenance à la Nation Indienne. (Au Québec, par exemple le fait de pouvoir démontrer qu’on a 1/8eme de sans « amérindien » dans les veines permet de se revendiquer de la Nation Amérindienne ! Donc, finalement qu’on « est un Indien »).

 

LA NATION INDIENNE …UNE NEBULEUSE EN VOIE DE SE STRUCTURER

Il existe bien évidemment plusieurs visions du monde indien (Quand cela ne concerne pas le monde des Amériques, donc les Amérindiens comment alors les nommer ? Des Eupopindiens, des Asiaindiens ? des Russoindiens, des Chinindiens ?) qui semblent pour l’instant bien contradictoires. Il est désormais à peu près admis, au moins en ce qui concerne les Amérindiens, ou indiens d’Amérique, qu’ils parvinrent d’Asie, par le détroit de Béring il y a quinze ou vingt mille ans. Il semble également possible que, pour certains d’entre-eux, ils provenaient également, mais plus tardivement, d’Océanie, thèse que Thor Heyerdahl défendit avec la fameuse expédition du Kon-Tiki. Dans un cas comme dans l’autre, ils descendent vraisemblablement d’une race dite pré-mongolique, souche unique des extrême-orientaux et des océaniens.

Bien qu’il semble exister autant de différences entre un Indien d’Amérique du Nord et un Indien d’Amérique du Sud qu’entre un scandinave et un berbère, à quelques groupes qu’ils appartiennent les Indiens possèdent un certain nombre de caractères somatiques communs. Ils ont le teint cuivré allant de l’ocre foncé au jaune clair, des yeux noirs, des pommettes saillantes, des cheveux plats noirs ou noir-bleu, un visage large et des pommettes saillants. Mais plus encore que ces caractéristiques, démenties par le fait que leur taille est fort variable, que leurs lèvres peuvent être épaisses ou minces, leur nez épaté, droit ou busqué, ils possèdent avant tout un fond culturel, social et religieux assez homogène. On remarque, par exemple une grande similitude dans d’innombrables mythes et légendes liés à leur origine. Hormis des exceptions liées aux particularités des civilisations indiennes de l’Amérique centrale (des amercentroindiens ? ) on retrouve également un grand nombre d’objets et de coutumes similaires : poteries ornées de bandes concentriques, arcs formés de deux parties de bois réunis en leur milieu, vêtements de peau cousus, mocassins, motifs de peinture et de tissage, sculptures sur bois ou sur ivoire, langage gestuel, système de numération, calendrier et souvent habitats fort semblables. Tout cela a bien évidemment été influencé au cours des siècles par des apports extérieurs ainsi qu’une adaptation climatique très diversifiée. Il n’en demeure pas moins une grande spécificité et, surtout, la certitude d’appartenir désormais à la même nation unique.

Il y a encore quelques années la majorité des Indiens souhaitaient oublier leur passé afin de mieux s’intégrer dans les systèmes économico-politiques dominants…Le système anglo-saxon au nord, le système américano-hispanisant ou américano-portugais au sud. Le simple fait d’être Indien ou même de posséder une partie de sang d’origine indienne semblait alors un handicap pour accéder sinon au confort occidentalisé du moins à un minimum d’aisance. La crise économique aidant, le miracle occidental s’est peu à peu évanoui et l’intégration à tout prix n’est plus devenue un motif suffisant pour accepter de perdre son identité. De plus, de nombreux Indiens ainsi qu’une grande majorité des « mistis » (métis d’origine indienne) se sont sentis solidaires des mouvements indépendantistes nés aux USA et Canada. Les « Macadams Indians » ont lancé un mouvement qui commence à être pris en compte jusqu’au coeur de la forêt brésilienne ou en Patagonie… Le massacre des tribus de la forêt amazonienne, en partie répercuté par la presse et de nombreuses associations, a également permis une prise de conscience nouvelle.

Par opposition à un pouvoir qui les méprise, le retour à d’anciennes valeurs bien souvent oubliées s’effectue peu à peu. En Amérique centrale et en Amérique du Sud, la plupart des fêtes religieuses sont désormais le prétexte idéal à retrouver les racines indiennes. Ce qui était il y a encore peu de temps du folklore se transforme peu à peu en une redécouverte des traditions ancestrales. (Presque une culture indienne ou amérindienne en l’occurrence) Au Nord, après une période assez hésitante et pas mal d’improvisation New Age, ces mêmes traditions indiennes sortent à nouveau de l’oubli. Si les touristes sont toujours motivés par la danse de la pluie, ils n’hésitent plus désormais à suivre des stages d’initiation à la culture indienne incluant la philosophie, la cuisine, la poterie, la confection d’un teepee, d’un wigwam ou d’un sweat lodge, le tissage, les dessins initiatiques en sable, la danse sacrée…etc. Sous la même influence certaines grandes universités américaines n’hésitent plus à programmer un cours de langue Cherokee ou un cursus sur l’histoire des Navajos ou des Pueblos. Bon nombre d’Américains se sentent donc désormais un peu Indiens ou un peu plus Indiens…tandis que les Indiens relèvent la tête en se sentant redevenir les premiers américains. La poussée Tex-Mex n’est donc que l’avant garde du mouvement qui est en passe de s’internationaliser…

 

RENDEZ VOUS…VOUS ETES CERNES !

La principale tromperie a été de faire croire aux Indiens qu’ils étaient disparus ou en voie de l’être. Désormais l’important n’est plus d’être Indien mais de se sentir Indien. Pour l’instant le mouvement des revendications territoriales ou des dédommagements pour les multiples spoliations commises jadis par l’homme blanc ne concerne encore que les Etats Unis et le Canada.

Pour beaucoup de visages pâles et de gringos cela demeure un simple phénomène qui ne les concernent pas directement. Tout dépend, bien évidemment, du bon vouloir des sociétés concernées à reconnaître ou non la qualité d’Indiens à ceux qu’ils considèrent comme des minorités. Dans cette hypothèse il ne s’agit, une fois encore, que de querelles d’experts, d’ethnologues, de sociologues, d’historiens mandatés par ces mêmes sociétés. Si on accepte, cependant, le fait d’une identité commune motivée par des revendications semblables et unitaires le problème prend une toute autre dimension et c’est une immense partie de la planète qui est alors concernée.

Image : Nordisk familjebok (1904), vol.1, Amerikanska folk. Nordisk Familjebok has credited the image to Bibliographisches Institut, Leipzig.

Déjà au XIXe siècle certains géographes, naturalistes, historiens comme Brehm, Zerb, De Quatrefage, Hamy s’étaient penchés sur cette question et avaient effectué une tentative de classement des diverses familles indiennes. Les conclusions effectuées sont demeurées dans les placards du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et de la Société d’anthropologie. Elles ne sont pas encore d’actualité car les principaux intéressés, les Indiens, n’en ont jamais eu connaissance…C’est certainement aride mais très instructif…On ne sait jamais ! (Dans le milieu du XIXème plusieurs « sociétés savantes et de bienfaisance » principalement françaises, devant l’ampleur des massacres concernant les « Indiens » ont décidé d’un commun accord de dresser la liste des différentes nations, tribus et familles « Indiennes » afin, au moins qu’une certaine mémoire soit conservée et puisse, plus tard, témoigner. Il s’agit donc simplement d’un « Mémorial » historique, philosophique et spirituel qui n’a pas d’autre exemple dans l’histoire du genre humain).

 

GROUPE AMERINDIEN

Amérique du Nord et Amérique centrale : Huit familles principales

  • 1/ Famille esquimale : Tribus des Esquimaux : Inuits, Aléoutes, Kamtchadales, Kamtchatka, Osamac, Taberuc
  • 2/ Famille Atabascane et Orégonienne (Californie du Nord) Tribus des Indiens des Montagnes : Atabasca, Chinouks, Nayas.
  • 3/ Famille Californienne (Californie centrale et Californie du Sud) Tribus des Indiens du Désert : Yaquis, Mayos, Poaa, Opatas,Papayos, Apaches, Péricues, Cochimis, Coros, Seris, Tlingits, Kwakiutls, Chinooks, Navajos, Nookas.
  • 4/ Famille Mexicaine (Mexique, Nouveau Mexique) Tribus des Indiens des Sierras : Toltéques, Chichimèques, Aztéques, Culhuas, Othomis, Olmèques, Huave, Zapotèques, Totonaques, Nonoalca, Zacatecas, Uto, Mexica, Tépanèques, Tarascas, Huaxtècas, Matlazincas, Huexotzincas
  • 5/ Famille Américano-canadienne : Tribus des Indiens des Forêts : Hurons, Iroquois, Delaware, Algonquins, Chipeways, Illinois, Sacs, Abenakis, Miamis, Ottawa, Onéidas, Onondagas, Cayugas, Powhatan, Ojibwas, Tuscacora, Micmacs, Mohawks, Pohatoncas, Shawnees, Crowh.
  • 6/ Famille Américaine : Tribus des Indiens des Grandes Plaines dits « Peaux Rouges »: Sioux, Dakotas, Tetons, Lakotas, Missouris, Blackfeet, Arapaho, Cheyennes, Assiniboins, Yanktons, Mandans, Meunitarris ou Gros Ventres, Osages, Poncas, Nez percés, Sareis, Piegan, Secotas, Witacas.
  • 7/ Familles Puebléenne : Tribus des Pueblos : Comanches, Moquis
  • 8/ Famille Floridienne : Tribus des Indiens des Marais : Choctaws, Cherokee, Seminoles, Têtes Plates, Creeks, Natchez, Tsakalié

Amérique du Sud : Neuf familles principales

  • 9/ Famille Ortégonienne (Venezuela) : Ortégonis, Mahancanis, Yutancanis
  • 10/ Famille Antisienne (Andes boliviennes) : Yuracarès, Mocéténes, Tacanas, Maropas, Apolistas
  • 11/ Famille Arancanienne (Andes et Terre de Feu) : Ancas, Fuegiens
  • 12/ Famille Péruvienne (Pérou Bolivie, Argentine) : Quichos ou Incas, Aymaras, Atacamas, Changos
  • 13/ Famille Pampéenne (Andes, Pérou, Brésil) : Patagons ou Tehuelches, Puelches, Mbocobis, Tobas, Mataguayos, Abipones, Lenguas, Charras, Botucudes.
  • 14/ Famille Chiquitéenne (Paraguay, Rio Grande) : Chiquitos ( 11 Tribus)
  • 15/ Famille Moxéenne (Andes Bolivie Brésil) : Moxas, Chaparucas, Itonamas, Canichanas, Cayuvavas, Pacaraguas, Itenes.
  • 16/ Famille Guaranienne (Brésil Paraguay) : Guaranis, Botocudos, Atacasis, Motacambos
  • 17/ Famille Charruanéenne (Uruguay) : Charruanas, Charruas, Chicumès.

GROUPE MALAYO-POLYNESIEN

  • 1/ Famille Malaise (Malaisie) : Malayas, Battas, Binawas, Dayaks, Orang-Loubou, Bugis, Macassar, Tagals, Bissayas, Igorotes.
  • 2/ Famille Polynésienne (Polynésie) : Tongans, Samoans, Tahitiens, Noukas, Hiviens, Pomotous, Amis.
  • 3: Famille Micronésienne : Mariannais, Carolins, Palaos, Ralik, Radak, Sukumacs.

GROUPE ASIATE

S’il est difficile d’avoir un recensement de ce que nomment désormais euphémiquement les Chinois « minorités ethniques nationales », quatre vingt dix tribus dites sauvages avaient été dénombrées uniquement sur le territoire de l’ancienne Indochine…Après une discussion, il est à préciser que la branche dite Touranienne composée des Tribus Mongoles et Toungouses (Kalmouks, Mandchous…) a été écartée de justesse de cette classification.(Pour la seule raison qu’il aurait alors fallu adjoindre à cette classification les diverses « tribus » que sont les Roms, les Tziganes, les Gitans, les Bohémiens, les Manouches…originaires du sous-continent indien).

  • 1/ Famille Chinoise : Yao, Bai, Tu, Dawor, Maonan, Yi (Lolos).
  • 2/ Famille Taiwanaise : Atayals, Tsou, Paiwan.
  • 2/ Famille Thai : Thai, Karen, Meo.
  • 3/ Famille Vietnamienne : Chams, Moi. (en réalité 80 tribus recensées )
  • 4/ Famille Cambodgienne : Jaraï, Rade, Stieng, Che Ma, Ma.
  • 5/Famille Laotienne : Sadets, Patau, Bahnar, Sedang, Boloven.

GROUPE EUROPEEN :

  • 1/Famille Ougro-Samoyède (Ienissei inférieur, Taïga, Toundra euro-asiatique, Sibérie) : Samoyèdes, Yurak, Nük, Ents, Nents, Quantaï, Baï, Mugadi, Jutchi.
  • 2/ Famille Altaïenne (Sibérie orientale) : Altaï Kiji, Kudanites
  • 3/ Famille Téléoute (Altaï méridional) : Téléoutes, Apurnak, Chölnok, Otkon, Mitä, Yazy-balik, Sarga, Kobor
  • 4/ Famille Choriate (Altaï septentrional) : Chors, Kär
  • 5/ Famille Tuvinienne (Sibérie du Sud) : Tuvin, Kèt, Ulgan
  • 6/ Famille Yakoute (région du lac Baïkal) : Yakoutes, Omogols, Isagaï, Uranquaï.
  • 7/ Famille Bouriate (Sibérie) : Bouriates, Tängaris.
  • 8/ Famille Toungouse (Taïga Angarienne) : Toungouses (17 tribus)
  • 9/Famille Golde (Amour inférieur) Goldes (6 tribus)

P.-S. : à l’époque de cette classification Brehm et Zimmer proposèrent d’y inclure ce qu’ils considéraient comme les lointains descendants d’une souche pré-indienne : les représentants européens des diverses « tribus » dites Gitanes ou Tsiganes (Roms, Tsiganes, Bohémiens, Gitanos, Gypsies, Tchinganis, Zingaris, Siahpochs, Kaffirs) rencontrées à la fois en Inde, dans l’Himalaya, dans toute l’Europe, en Afrique et au Brésil. Mais De Quatrefage et Maury s’y opposèrent en arguant que dans ce cas il conviendrait alors d’y adjoindre également les descendants des Kymris de Basse Bretagne et des Jurdès ou Hurdes d’Espagne ! (Luis Buñuel a tourné en 1932 un film documentaire sur ces Hurdès « Jour sans pain » (Hurdès YTierra sin pan) en ignorant qu’il s’agissait de descendants d’« Indiens » que les Conquistadores avaient ramenés en Europe mais qui s’étaient échappés dans la région d’Estrémadure entre le Portugal et l’Espagne et qui s’étaient sédentarisés, non sans mal en se mêlant aux populations montagnardes locales).

GROUPE PALEO SIBERIEN ET PALEO ARCTIQUE :

Groupes échappant à la classification européenne puisque se répartissant sur deux continents

  • 1/ Ghiliak (cour inférieure de l’Amour et île Sakhalin)
  • 2/ Tchouktchi (Détroit de Béring)
  • 3/ Youkaghir (Sibérie du Nord Est et Alaska)

Comme on le constate, même s’il ne s’agit que d’un principe oublié, et pour cause, bon nombre de ces peuples et tribus ayant depuis été exterminés ou assimilés, la « Nation Indienne » est loin d’être négligeable.

 

L’HERITAGE AMERINDIEN

Il s’agit des produits « découverts » par les conquérants européens mais qui sont consommés et utilisés par les Amérindiens depuis la nuit des temps…Ils font désormais, pour certains d’entre-eux, partie de notre quotidien : Le maïs, la pomme de terre, la patate douce, le tournesol, l’arachide, les haricots, la canne à sucre, les ananas, le poivron, le piment rouge, les courges, l’aubergine, les tomates, le manioc, l’avocat, le topinambour, la vanille, le cacao, la noix du Brésil, la noix d’acajou ou de cajou, la goyave, la papaye, l’agave, le kaki, le sucre d’érable, le mezcal…Mais également le coton, le coq d’Inde ou dinde (on parlait donc aussi du « poulet d’Inde » ou de la « poule d’Inde », donc finalement de la dinde ), les clams. Sans oublier des médicaments ou drogues comme la quinine, la cocaïne, le curare, le peyotl …et le tabac.
Qu’on le veuille ou non la fameuse cuisine « provençale » se compose donc principalement de produite « amérindiens » ! Sans les Amérindiens pas de ratatouille !

Pour en savoir plus sur les Indiens d’Amérique du Nord :

  • Guide des Tribus d’Amérique par Arnold MARQUIS Editions du Rocher
  • Les Indiens d’Amérique Collection Clé des connaissances Editions Nathan
  • Par le pouvoir du rêve, l’Esprit des Indiens d’Amérique par Richard Erdoes Editions Le Mail
  • L’Héritage spirituel des Indiens d’Amérique par Joseph Brown Editions Le Mail
  • La religion des Sioux Oglala par William K. Powers Editions du Rocher
  • Prophéties Indiennes par Nuage Rouge Editions du Rocher
  • Les Indiens d’Amérique du Nord par F. Taylor Editions Solar.

 

En guise de conclusion provisoire

Le Papoose de Paulhac suivant Patrice Vaidie à la Convention d’Athis Mons octobre 2019.

A l’époque où j’ai rédigé cet article j’avais donc constaté que la « Nation Indienne » était beaucoup plus importante et répandue qu’on ne le croit généralement et imaginé que si toutes les Nations, Tribus, Familles qui la constituaient en venaient à se regrouper et à s’entendre, la face du monde en serait bouleversée. Le but est donc de toujours leur faire croire qu’ils ne sont que des minorités ethniques, sympathiques, certes, mais de peu d’intérêt. Et il m’était venue une réflexion sur la jeunesse. On nous rebat les oreilles avec le principe de la démocratie, donc de la loi du plus grand nombre. De la majorité. En prenant par ailleurs le modèle athénien où en réalité un tout petit nombre d’individus, exclusivement des mâles athéniens et propriétaires, régnaient « démocratiquement » sur la Cité. Excluant la gente féminine, les métèques (Maitekos désignant simplement les « non-athéniens » (un Spartiate ou un Lacédémonien étaient donc des métèques !), les ilotes, les esclaves, les serviteurs. Donc près de 95% de la population. Donc, mathématiquement, un système ou 3% des individus imposaient majoritairement leur fait. Ce qui est pratique quand on se retrouve du bon côté et que c’est l’autre qui creuse.

Constatons encore qu’il y a juste un peu plus de deux siècles l’homme n’avait pas droit au vote donc à la parole. Qu’il y a soixante dix ans, ou peu s’en faut, la femme n’avait pas le droit de vote (du moins en France puisque Atatürk l’avait permis aux femmes Turques en 1929 ). Qu’il y a quelques années les LGBT n’avaient aucune reconnaissance légale. Les choses ont heureusement changé. Il demeure quand même un léger problème.

Les jeunes sont excessivement majoritaires sur notre planète. On atteint dans certains pays des taux avoisinant les 78% de moins de 18 ans. Et on leur dit « fermez-la » et « attendez d’avoir l’âge ». Ce qui est fort pratique mais fait quand même un peu penser à cette démocratie athénienne. Aussi truquée qu’un jeu de bonneteau aux puces de Montreuil. Jadis la communication n’était pas aisée et les nuages de fumée n’avaient qu’une portée limitée. Désormais il existe ce que l’on nomme les « réseaux sociaux » qui permettent, si on est branché ou câblé, de communiquer en quelques secondes à l’autre bout de la planète avec plusieurs milliers sinon millions d’individus et de faire passer un message.

Une image m’est venue lorsque je contemplais le ciel de Paulhac en Margeride par une belle après midi d’été. Il était parfaitement bleu. D’un bleu intense. Mais tout à coup se détachant de l’horizon je vis un petit nuage. Il était petit et tout seul. Je repris mon cours de bâton. Puis relevais les yeux. Et ils étaient trois désormais. Et je pensais aux « Trois-Un » (San Yi) du chapitre XV du Daodejing de Laozi (Tao Te King de Lao Tseu). Et, très normalement les « Trois-Un » se transformèrent en multitude (Wan). 
La multitude est ce qu’on ne peut compter, la myriade, comme les fourmis volantes avant l’orage dit l’Empereur Kangxi.

Le petit nuage « Papoose » qui était venu en éclaireur était maintenant perdu dans l’immense multitude de la Tribu des Nuages. Et je me retrouvais à la place de Custer à Wounded Knee. Mais là il me suffisait de rentrer au gîte dès les premières gouttes pour éviter de me retrouver trempé. Et cette image m’est revenue en voyant Greta Thunberg à la tribune de l’Onu. La Papoose est venue délivrer un message : elle n’est pas contente. Pour l’instant elle est tout juste le petit nuage dans le beau ciel de la démocratie. Et elle commence à être suivie par d’autres petits nuages. On connaît donc la suite.

Cela va mettre le temps qu’il faudra mais un jour prochain les jeunes de toutes les tribus sont se rendre compte qu’ils sont majoritaires. Et qu’on en pourra plus leur faire le coup de la minorité ou de la démocratie athénienne. Certains beaux esprits prétendent que pour être considéré comme majeur il faut payer des impôts. C’était vrai il y a un siècle. Désormais avant la naissance chaque être est déjà détenteur d’une dette qu’il va bien falloir payer. Et dès qu’il naît il paye donc des impôts quand il a la chance de boire du lait maternisé ou de faire pipi dans une couche médicalisée. Il paye ses impôts donc il a le droit de s’exprimer sur l’affectation de ceux-ci. Pour l’instant le ciel est tout juste un peu couvert mais viendra le jour où il faudra bien consentir à prendre un sacré parapluie. Ou à se retrouver sérieusement trempé.