Daniel Collin nous a quitté

Daniel était un ami, un ami de longue date. Il nous a longtemps accompagné et soutenu. Il disposait de multiples cordes à son arc. Il avait été musicien, motard, randonneur invétéré, photographe, enseignant de Kung-Fu Wushu et de Tao-Yin Qigong, cuisinier et amateur de  cuisine, curieux insatiable, amoureux de l’Himalaya de sa flore et de sa faune, humaniste de terrain…on pourrait continuer longuement cette liste en en oubliant encore. Mais avant tout c’était un type bien. Un type comme on en rencontre peu. Sa simple présence était rassurante et il apportait le calme et la bonne humeur.

Daniel Collin, Georges Charles, Béatrice Pham Van et Martine Charles au restaurant Fontaine d’Asie à Saint Ouen. Daniel était un bon vivant ! Si vous observez sa manière de tenir les baguettes, elle est assez inhabituelle. Normalement, comme celles de la main au premier plan, elle reposent entre pouce et index, sont maintenues par le pouce et séparées par le médius. C’est la « manière civile » (Wen). Pour Daniel, elles reposent entre index et médius et médius et anulaire. C’est l’anulaire et l’auriculaire qui les ouvrent et referment. C’est la « manière guerrière » (Wu) car de cette façon les baguettes peuvent être utilisées pour se défendre d’une pique aux yeux ou à la gorge et on peut se saisir rapidement d’une arme (sabre) sans avoir à les poser. Cela fait penser à la « Mante Religieuse ». Daniel était un Homme de Paix mais pas un bisounours !

 

 

Daniel et Georges en stage à Paris. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’avec lui cela se passait toujours dans la bonne humeur.

 

Daniel Collin en mission humanitaire au Népal. Photo Véronique Vittet.

Il avait dévoué sa vie, avant de prendre sa retraite, au service d’autrui et avait longtemps été un des piliers de l’Association Humanitaire Assistance Médicale Toit du Monde où il était, en quelque sorte, l’homme à tout faire en se chargeant de sa logistique sur le terrain. Ce terrain il le connaissait bien car il était capable de partir pour des semaines, seul, dans ces territoires de hautes montagnes des contreforts de l’Himalaya. Pour y découvrir la nature mais surtout les Humains. En nous quittant il a du retrouver ces immensités où la terre et le ciel se confondent grâce à la montagne.
Il m’avait raconté, sans aucune vantardise, cette après midi où il passait près d’un village en fête où les hommes tiraient à l’arc. Ils avaient repéré le gaillard et l’avaient invité à partager leur jeu. Il se saisit donc d’un arc, plaça la flèche, banda l’engin et décochait. Le  flèche se ficha au milieu de la cible. Un vieil homme un peu dubitatif lui demanda de recommencer. Et il s’entreprit. Une seconde fois la flèche se ficha dans la cible au grand étonnement de toute la compagnie. Ils lui demandèrent où il avait appris et il répondit que c’était la première fois qu’il tirait réellement à l’arc. Ils s’étonnèrent de ce « réellement » et il dut expliquer qu’il pratiquait une forme de gymnastique qui représentait un tir à l’arc. Ils demandèrent en quoi consistait cette gymnastique dont il oublia de dire qu’elle était chinoise. Et ce que son professeur lui avait transmis : La mobilisation, l’accueil, la conduite, le contrôle et la non-action qui consistait simplement au décocher. Ce professeur c’était moi, évidemment. Et la fameuse gymnastique une partie du Tao-Yin Qigong (Daoyinfa) du Lingbaoming. Le commentaire était de Wang Yang Ming (1472 1529), ancêtre de mon professeur chinois Wang Zemin (1909 2002). « Lorsque tout est correctement en place il suffit de ne rien faire ! » Arc, corde, flèche, cible, mouche et archer ne font plus qu’un. Et il passa le reste de l’après midi à le leur transmettre. Et il fut évidemment l’invité d’honneur du banquet. Et il eut quelque mal à reprendre la route, du moins le chemin sinon la Voie. Cela fait beaucoup de monde derrière un arc mais Daniel était capable de les réunir, simplement comme ça.
Et d’atteindre le but.

La magnifique Kuan Yin qui veillait sur les cours de Daniel à Boulogne sur Seine.
Elle le protège.

Nous avions appris qu’il était atteint d’un cancer et qu’il avait décidé de se faire soigner. C’est un autre parcours difficile. probablement plus difficile que le trekking dans l’Himalaya. Cet été il semblait avoir eu rémission mais en septembre il a appris que le cancer repartait de plus belle.
Il nous a quitté il y a quelque jours dans le calme et la paix, entouré des siens.
Selon la formule consacrée qu’il repose désormais en Paix.
Nous adressons à sa famille, à ses amis, à ses proches nos plus sincères condoléances.
Salut Daniel !