C’est pas la Résistance mais plutôt Dien Bien Phu !

Par Georges Charles

Certains m’ont fait remarquer que ce qui se passait actuellement n’avait rien à voir avec la Résistance. Ils ont probablement raison. Nous ne sommes pas occupés. Et pour certains nous sommes, d’ailleurs, de moins en moins occupés. Grâce aux restrictions et contraintes « sanitaires » bon nombre de cours associatifs n’ont plus lieu depuis deux ans et bon nombre de celles et de ceux que j’ai formé depuis des années et des années n’ont plus d’activité d’enseignement. Il est tout à fait normal et justifié d’interdire des pratiques de bien-être et de santé. Et de les remplacer par une obligation vaccinale déguisée. Avec de pseudo-vaccins dont on ne sait rien et dont la composition est protégée par un « secret défense ». Et qui comportent des effets secondaires. Avec une thrombose, une opération, un mois de soins infirmiers journaliers et de multiples visites à mes frais chez le chirurgien j’en sais personnellement quelque chose. Mais évidemment cela n’a rien à voir avec le « vaccin » et sa deuxième dose. J’attends désormais la troisième avec une appréhension certaine. Il y a de quoi. Comme des dents cassées n’ont rien à voir avec un coup de poing dans la gueule. Pendant l’occupation il y avait des Allemands. Là il n’y en a pas. Nous ne sommes donc pas occupés. Et ça n’a rien à voir. Evidemment. Celles et ceux qui s’occupent de notre destinée ont été démocratiquement élus. Ils sont donc mandatés pour ce faire et ne s’en privent pas. L’utilisation de l’état d’urgence et la gouvernance par décrets leur facilitent la tâche. Ils n’ont à rendre de compte à personne. C’est le « fait du Prince » qui prévaut. La situation est donc beaucoup proche de celle de Dien Bien Phu que de celle de la Résistance. Cette dernière était, on l’assure, aidée de l’extérieur et bénéficiait d’une image favorable, surtout en 1944 et demie. Ce qui n’était pas le cas du corps expéditionnaire parti se battre en Indochine et qui, évidemment, défendait les intérêts des Colons qui produisaient le caoutchouc et l’opium.

La stratégie de la cuvette.
Désolé pour cette image de « cuvette » qui peut choquer, à juste titre, celles et ceux qui n’y étaient pas. Mais elle est malheureusement réaliste.

Le vieil adage enseigné à tous les Officiers « Qui tient les hauts tient les bas » depuis des siècles, sinon des millénaires, dépassait quelque peu la compréhension de nos stratèges d’époque. Ils ont donc choisi d’enfermer l’élite de l’Armée Française dans une cuvette et de ne leur laisser que peu de moyens face à un ennemi qu’on ne connaissait pas et qui n’était censé être armé que légèrement. Les officiers français qui lisaient et étudiaient Sun Tsu, le stratège chinois, étaient vertement réprimandés puisque nous disposions de vrais stratèges bien français ou européens. Mais les Vietminh ne s’en privaient pas puisqu’il étaient conseillés à la fois par les Chinois et par les Américains qui n’avaient qu’un seul but commun : virer les Français et prendre la place. De plus, rien ne ressemble plus à un Chinois du Sud qu’un Vietnamien du Nord. Et en Chine le potentiel humain est gigantesque. Ainsi que le potentiel industriel militaire. Comme en quarante où les Allemands ne devaient pas pouvoir passer au travers des Ardennes, les Vietnamiens ne pourraient pas passer au travers des montagnes. Surtout avec des armes lourdes. Avec nos fameux points d’appui situés au dessus de la cuvette, mais en dessous des montagnes environnantes, rebaptisés avec des prénoms féminins : Isabelle, Claudine, Françoise, Huguette, Anne Marie, Gabrielle, Béatrice, Dominique et Eliane on pouvait donc dormir tranquille. Points d’appui uniquement armés de mitrailleuses et de mortiers. Quelques rares canons enterrés donc immobiles et vulnérables.

 

Les « points d’appui » de Dien Bien Phu et leurs prénoms féminins.

 

Dien Bien Phu vue d'ensemble

Vue d’ensemble de la « cuvette » de Dien Bien Phu (photo récente du site historique)

Mais Giap, lui, avait retenu un adage de Napoléon  » Où une chèvre peut passer, un homme peut passer, où un homme peut passer, un régiment peut passer, où un régiment peut passer une armée peut passer ». Mais pour le gouvernement d’époque Napoléon n’était qu’un dictateur. Et l’élite de l’armée française, des factieux en puissance. Plusieurs comme Hélie Denoix de Saint Marc (1922 2013) avaient été résistants, torturés, déportés et s’étaient engagés dans l’Armée Française. Comme Jean Bréchignac, « Brèche », (19141984), évadé des camps allemands, reprenant le combat en Afrique du Nord puis dans les Vosges et en Alsace. Comme Marcel Bigeard, « Bruno », (1916 2010), également évadé d’Allemagne, résistant combattant parachuté en Ariège le 22 août 1944 puis envoyé en Indochine. Et tant d’autres.

Et l’armée vietnamienne disposait d’une arme secrète redoutable : le vélo, ou au moins la bicyclette. Pas pour courir le Paris Roubaix ou le Tour de France mais pour transporter des quantités invraissemblables de matériel, de nouriture, d’armes, de munitions. Au dire des « Viets » près de 400 kg en moyenne par vélo. Et même et surtout en montagne.  Et une autre arme non moins redoutable des bricoleurs de génie capables de démonter n’importe quoi et de le remonter ensuite avec une clé anglaise et un tournevis. A la main. Là où il nous fallait un hélico pour transporter un canon, des bicyclettes suffisaient. Et de la main d’oeuvre. Des centaines de canons furent donc acheminés là où « personne ne pourrait passer ». C’est à dire au dessus des points d’appui et de la fameuse cuvette. De nuit et soigneusement camouflés. Les « Bodoï » se contentaient de riz, d’un peu de poisson sêché, de légumes salés fermentés et de Nuoc Mam qui contient de multiples vitamines et sels minéraux. Nous, on attendait les rations de combat qui auraient du être parachutées quotidiennement. Et qui arrivaient au compte goutte malgrè le dévouement sans faille de nos aviateurs chargés de ce ravitaillement. On avait surtout lourdement dédaigné et méprisé l’ennemi.

Un simple exemple. Le Dr Jean Borsarello, futur pionnier de l’acupuncture en France, chargé de veiller à la santé des prisonniers vietnamiens dans les camps, lors de ses visites d’inspection s’était étonné que les prisonniers Viets étaient généralement en bien meilleure santé que leurs gardiens Français. Grâce à un officier adverse, il avait pu visiter des infirmeries, plus ou moins clandestines, où les malades et les blessés étaient soignés par l’acupuncture. Avec des aiguilles de bambou durcies au feu. Et avec d’excellents résultats. Il avait souhaiter en parler au Médecin Général chargé de la santé du Corps Expéditionnaire, dont nous tairons le nom. « Borsa » fit son rapport debout, le Médecin Général assis, le nez plongé dans ses dossiers. Il releva la tête et lança  » Borsa, vous n’allez pas commencer à me faire chier avec vos médecines de Bougnoules ! Rompez. » C’est ce que Borsarello raconte dans ses mémoires.

Dessin de Borsarello

Dessin de Borsarello sur la conception militaire de la maladie et de la guérison.

On constate que la situation n’a pas beaucoup changé lorsqu’il est question actuellement, par exemple, de l’utilisation de l’Artemisia Annua utilisée dans toute l’Asie dans la prévention et le traitement de la Covid 19. Sans évidemment parler de l’Afrique, de Madagascar et d’autres pays qui ont eu de bien meilleurs résultats que nous n’en avons eu avec la thérapie transgénique.

Tranchée à Dien Bien Phu

Une tranchée à Dien Bien Phu. Nos stratèges ont réussi à recréer Verdun ! De 1916 à 1954 quelle évolution !

Nos fameux stratèges ont réussi à recréer Verdun à Dien Bien Phu, moins les moyens d’artillerie bien sur. Soit près d’un demi-siècle de retard. A Verdun, par contre, dans le Bois des Caures, le Colonel Driant, alias Capitaine Danrit, auteur de science fiction, inventeur du fameux « péril jaune » avait préparé, en 1916, un dispositif semblable à celui de Dien Bien Phu. Mais c’est une autre histoire.

Il est inutile d’épiloguer des heures sur ce qui a été fait, sur ce qui aurait pu se faire, sur ce qui n’a pas été fait. Les chiffres parleront d’eux mêmes. Entre le 13 mars et le 7 mai 1954, jour de la chute définitive du camp retranché qui a comporté un peu plus de 14 000 combattants on dénombrera 2293 tués au combat. Sur les 11721 prisonniers seulement 3290 rentreront en France. La chute de Dien Bien Phu entrainera les accords de Genève et la capitulation de la France en Indochine.
Une chanson Para résumera la situation sur place !

« ils disaient…
Ils disaient
La colonne Crèvecoeur
Viendra

Ils disaient confiants
Des milliers d’avions
Arriveront

Et puis, sans espoir
Pour rien, pour la gloire
Ils ont tenu le coup
Jusqu’au bout

Pendant que Monsieur Bidault parlait
Eux mouraient »

Pendant que des militaires, des sous-officiers, des officiers étaient « rééduqués » dans les camps vietminh, les plénipotentiaires sablaient le Champagne, à Genève, avec Ho Chih Minh et le Général Giap. Les Paras sont évidemment des « salauds » mais bon nombre d’entre-eux n’ont pas hésité à sauter sur la « cuvette » pour venir secourir leurs camarades encerclés de toutes parts. Des infirmiers, des cuisiniers, des « stratifs » dont c’était la premier saut. Et pour beaucoup le dernier. Ils savaient ce qu’ils risquaient et même ce dont ils étaient certains. Ils ont sauté sans se poser de question. Ils reposent en paix. Les « salauds » sont surtout celles et ceux qui ont fermé les yeux et qui n’ont pas voulu savoir ce qui se passait en fait. Les salauds ferment toujours les yeux et se bouchent les oreilles.

Une histoire familiale.
On dit de Dien Bien Phu qu’elle fut « La bataille oubliée » . Mais certains et certaines ne l’ont pas oublié.
Comme la famille du Lieutenant Charles qui commandait la 2eme Compagnie du 1er RCP sous les ordres de Jean Bréchignac « Brèche » qui rivalisait en faits d’armes avec Marcel Bigeard « Bruno ». Comme les familles de mes autres cousins.

Le Commandant du 1er RCP Jean Bréchignac « Brèche » le rival de « Bruno » Bigeard en faits d’armes. Moins médiatique mais aussi efficace.

Le Lieutenant Charles fut blessé  le 11 avril 1954 à Eliane. Il survivra à ses blessures et à son internement dans les camps viets. C’était un de mes cousins.

Le Lieutenant Charles au milieu de ses hommes au point d’appui « Gaby » Il sera blessé à « Eliane » le 11 avril 1954. Il commandait la 1ere Compagnie du 1er RCP.

 

Jean Gaston, fils de Roger Gaston, Résistant déporté. Il sera également blessé mais survivra à ses blessures et à son internement dans les camps viets.

Jean Gaston était le fils de Roger Gaston, frère de ma grand-mère, résistant déporté et revenu des camps nazis. Jean Gaston sera également blessé et il survivra à ses blessures et à son internement dans les camps viets. C’était également un de mes cousins.

Sans oublier Lucien Dumoulin, Légionnaire, Sous-Officier dont la jeep sauta sur une mine. Grièvement blessé, il eut la chance d’être rapatrié dans l’un des derniers avions qui quitta la cuvette. C’était le mari de la soeur de ma mère. Donc mon oncle par alliance. C’est lui qui m’avait porté, en grand uniforme, sur les fonds baptismaux. Et qui était donc aussi mon Parrain.

Comparaison n’est pas raison !

Evidemment cela n’a rien à voir, non plus, avec la situation actuelle, sauf en ce qui concerne l’incompétence de nos dirigeants. Et la stratégie imbécile de l’enfermement, du confinement, du mépris, de l’approximation, de la manipulation des faits et des chiffres. Et de l’incompréhension du terrain. Sans parler du manque de moyens. Et au final, la catasprophe et l’irresponsabilité. Concernant l’Algérie les accords ont été signés à Evian. Cela change de Vichy. C’est tout dire.

Je voulais le dire et l’affirmer bien fort.

Prisonniers du Vietminh. Peu sont revenus des camps.

Une pensée, également, pour celles et ceux qui ont été internés dans les camps vietminh et dont peu sont revenus.
Sans parler de toutes celles et ceux des « indigènes » qui nous avaient fait confiance et qui n’ont pas eu cette chance. Simplement liquidés. Comme, plus tard, nos Harkis. Ils ont été trahis et abandonnés à leur sort sans aucun remord. Mais comme disait Jean Ferrat « Le sang sèche vite en entrant dans l’histoire » et les vrais responsables et donc les coupables s’en tirent toujours à bon compte. Et les salauds aussi.
G.C.

 

 

 

 

 

 

Images de présentation : © Ali Haider – stockvault