L’Académie des Arts Martiaux Chinois Classiques : compte rendu de l’inauguration
Et bien c’est fait, le début d’une histoire est écrit. L’aventure peut donc se dérouler, ou non, mais nous avons fait les choses dans les règles. Nous proposons et la vie en disposera…
Nous nous sommes retrouvés à une vingtaine au château de Monteton pour l’ouverture de l’ Académie des Arts Martiaux Chinois Classiques (AAMCC). Georges Charles a débuté par un rituel de purification Taôiste des 5 éléments. Puis c’est Stéphane Faure, moine Bouddhiste, qui a également officié selon ses rites. Enfin, Thierry Borderie , après un rappel de la pensée de Wang Yang Ming sur les « san Jiao » se relia , à travers Hua To, aux fondements Chamaniques de nos pratiques.
Après s’être placé sous de bons auspices, nous avons parcourus ensemble certains des nombreux aspects de l’école San Yi Quan: forme des sceaux impériaux et leurs applications symboliques et martiales, genèse des mondes Tao emblématique du Xing Yi de tendance naturelle, Bâton de la Marquise de Dai et du Général Yue Fei, Kai Men She Qi Gong….
Nous remercions encore la venue de chacune et de chacun, la participation de Stéphane et de ses lectures sacrées et bien sur Georges Charles et son enseignement à la fois classique et transculturel tant il est vrai que si « le folklore de surface sépare les hommes, la tradition profonde, d’où qu’elle vienne, les réunit »..
Nous nous retrouvons au château de Monteton pour un autre stage ( Qi Gong/Xing Yi/Wang Tai Ji/ Mains collantes et éventuellement bâton de l’interne) les 28 et 29 novembre. Nous nous retrouverons ainsi tout les 2 mois. De surcroit, à partir de Février, une session de WE, tout les 2 mois, elle aussi, sera mise en place et consacrée à L’externe (Hung Gar) et aux armes classiques du San Yi.
D’ici là, l’AAMCC donnera sa première session à Nantes les 31 octobre et 1er novembre.
Thierry Borderie
Un mot de Georges Charles
Lorsque Thierry Borderie, qui est un ami de plus de trente ans, m’a demandé de participer à la première session de l’Académie des Arts Martiaux Chinois Classiques au Château de Monteton je n’ai pas hésité un seul instant. La dernière fois que j’étais venu en ce lieu, il y a quarante petites années, c’était à l’occasion d’un stage dirigé par le Maître Noro qui avait alors comme assistant Dominique Balta sous la direction duquel j’étudiais l’Aïkido. Dominique Balta étudiait, en échange, sous ma direction les Arts Martiaux Chinois Traditionnels et c’était quelques années avant la fondation du Kinomichi® . Cela ne nous rajeunit donc pas. Dans ces lieux chargés de plusieurs siècles d’histoire on ne fait nécessairement que passer. Mais c’est aussi un peu comme si on en était parti la veille. Quarante années dans ce cadre c’est peu de temps et on y retrouve très vite ses marques et des amis .
Etrangement ce séjour a été également l’occasion d’autres retrouvailles. Retrouvailles du lieu et du Dojo où, par la force des choses et du temps, je me suis retrouvé à la place du Maître Noro.
Retrouvailles avec nos amis qui gèrent ce lieu depuis toutes ces années et qui sont toujours aussi dynamiques et sympathiques, retrouvailles d’autres amis qui ne s’étaient pas revus depuis près de trente ans, retrouvailles avec un contexte chevaleresque au travers de blasons ayant directement rapport avec la pratique et la transmission des Armes et du Beau Langage. Là où la notion de Maître d’Armes possède encore une réelle signification. Retrouvailles avec des pratiquants passionnés qui recherchent toujours « autre chose encore ». Et c’est justement cet « autre chose encore » qui justifie l’Académie des Arts Martiaux Chinois Classiques car il est question non seulement d’enseignement mais aussi de transmission. Enseigner est une chose, transmettre * en est une autre. Celui, ou celle, qui transmet a une mission qui dépasse, et de loin, le savoir faire et le faire savoir. C’est la trans-mission. Mission qui
« passe au travers » donc qui continue et se prolonge dans le temps et l’espace.
* Transmettre, transmission, en latin tradere (abandonner – mettre à bandon -) confier, faire passer,
possède la même racine que tradition. « Contemplata aliis tradere » est attribué à Saint Thomas
« Transmettre aux autres ce qu’on a contemplé ». C’est simplement la Tradition. Mais dans le haut sens
du terme qui est malheureusement trop souvent confondu avec le folklore (littéralement légende (lore)
populaire (folk) ).
Il est un moment où il faut également savoir faire faire et se reculer un peu pour s’élever. Kongzi, alias Confucius, affirme
« On se réalise moitié par l’étude, moitié par l’enseignement ».
Cette réalisation, l’action du réel, c’est la transmission. C’est tout l’opposé du « projet » qui motive tant nos contemporains. Projeter c’est jeter devant. Quand on a passé près de soixante ans de sa vie à étudier, donc à apprendre, sinon à parfaire, comment jeter quelqu’un par terre, comment le projeter, on a envie de passer à autre chose qu’à un projet. On réalise ce fait. Et on souhaite transformer ce qui est grossier (jeter quelqu’un par terre n’est pas le summum de l’évolution humaine!) en quelque chose de subtil. En quelque chose d’autre, encore. Ou de changer le virtuel en réel. Le projet, la projection, la virtualisation cela suffit. Basta ! On a envie, enfin, de réalisation, de l’action dans le réel. Mais à un autre niveau que le « cassement de gueule » surtout si on a passé l’âge de se laisser enfermer dans une cage comme une bête féroce -en cage – Ou d’aller « faire de Djihad ». Guo Yunshen affirmait, de son côté, « L’important c’est de s’élever ». Mais il convient aussi de garder les pieds sur terre. Il faut « des racines et des ailes » comme le propose Patrick Charles dans son concept de « Passion Patrimoine ». L’image est très empreinte de taoïsme et de chamanisme. Ce n’est probablement pas un hasard. C’est aussi comme le prônait Hubert Beuve-Mery, fondateur du journal Le Monde, concernant le vrai journalisme, « la proximité et l’éloignement » , l’inverse du larbinage et du plastronage. Donc de la roture d’âme.
Il n’est pas nécessaire de convaincre les masses, la Résistance n’a jamais été une histoire de masse. Sauf lorsqu’on cherche à l’institutionnaliser. Il faut simplement agir. Et laisser dire.
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer »
disait Guillaume d’Orange mais il convient au moins de faire le premier pas. Ce premier pas est accompli et le temps, seul, pourra juger du chemin parcouru.
G.C.