L’ANNEE CHINOISE DU COCHON DE TERRE

OU DU COCHON DU MONASTERE par Georges Charles

Le cochon sous salue bien !

Et, finalement, il a eu le dernier mot. Bien fait !

Il y a douze ans les autorités chinoises souhaitaient que l’année du Cochon se fasse discrète afin de ne pas provoquer la population musulmane. Cette fausse bienveillance a eu comme effet immédiat de générer l’indignation et la colère des Chinois « normaux » pour qui cet animal est un emblème d’opulence et de bonheur de vivre. Et le Cochon revient en force cette année. Honni soit qui mal y pense !

Le cochon sur une pagode avec quelques lingots d’or et même un cochon d’or couronné, image du bonheur et de la prospérité. De là à comparer le Cochon de Terre à une grosse tirelire bien pleine il n’y a qu’un pas !

 

L’ANNEE DU COCHON

Zhu Cochon 1

Astrologie Chinoise : l’Année du Cochon de Terre

Natifs de l’Année du Cochon : 1911 ; 1923 ; 1935 ; 1947 ; 1959 ; 1971 ; 1983 ; 1995 ; 2007 ; 2019

Quelques natifs de l’année du Cochon, au hazard :
Bernard Pivot ; Henry Kissinger ; Georges Pompidou ; Arnold Schwarzenegger ; PPDA ; Woody Allen ; Steven Spielberg ; Ronald Reagan…

Année du Cochon de Terre Ji Hai ou « Cochon du Monastère » débute en France le 4 février 2019.

Années du Cochon de Terre : 1899 ; 1959 ; 2019

Quelques natifs du Cochon de Terre toujours au hasard :

1899 : Humphrey Bogart ; Alfred Hitchcock ; Jean Moulin ; Fred Astaire ; Al Capone ; Ernest Hemmingway ; Duke Ellington ; Gloria Swanson ; Maurice Carême ; Raoul Salan : Charles Boyer ; Commandant Philippe Kieffer ; Francis Poulenc ; Henri Michaux ; Vladimir Nabokov ; Marcel Achard…

1959 : Didier Bourdon ; John McEnroe ; Luc Besson ; Nicolas Sirkis (Indochine) ; Pascal Légitimus ; Patrick Bruel ; Patrick Dupond ; Tom Novembre ; Vincent Lagaffe ; Vincent Lindon ; Yves Calvi ; Zabou Breitman ; Laurence Parizot…

Influence céleste : Tian Gan (Tronc Céleste) : Ji (6eme Tronc céleste) : Murissement des fruits et Pavillon Central dans lequel règne l’Etoile Polaire (Yin)

Influence terrestre : Di Zhi (Branche ou Rameau Terrestre) : Hai (12eme Rameau (branche) Terrestre) : Yin Métal (sanglier sous la lune)

Cette année du Cochon de Terre Ji Hai est donc naturellement placée sous le signe de la Prospérité et de la Réussite. Il s’agit donc d’une année JUE YIN liée au BOIS mais subissant l’influence profonde de la TERRE et de l’EAU et aboutissant finalement au VENT et à la sécheresse .

L’année chinoise du « Cochon de Terre ou Cochon du Monastère » est placée sous le signe terrestre du BOIS et sous le signe céleste JUE YIN (Tsiue Inn) et se caractérise par l’influence du VENT et de la SECHERESSE. Elle est reliée à l’Orient de l’Est et plus particulièrement au Printemps et au début de l’Eté donc au vent et à la chaleur modérés mais qui, ensemble, produisent la sécheresse. Vent et sécheresse liés à la chaleur sont la cause de vertiges, de bourdonnements et de problèmes liés au foie. Ces années Jue Yin évoquent, en énergétique classique, plus de problèmes hépatiques et dermatologiques avec tendance générale à l’essouflement et aux crampes…

Zhu le Cochno

Cochon, porc, sanglier, goret et on ajouterait presque cochonglier et sanglicochon c’est du pareil au même !

Le toit au dessus du caractère indique quand même qu’il s’agit d’un animal domestique ! Deux hommes sous un toit et partageant un cochon c’est l’image de la concorde, de la paix.
Le Cochon est le 12eme des animaux du zodiaque, donc le bon dernier de la liste.
Il n’est pas trop pressé d’arriver à destination car il a bien d’autres choses à faire que de rendre visite au charcutier (le chair-cuitier, contrairement au boucher cuit les chairs !).
En Chine, avec le canard il représente la viande la plus consommée. Et on y nomme populairement le canard « Oiseau-Cochon » c’est dire sa bonne réputation.
Mais, contrairement à la France où le filet(porc) et le blanc (poulet) ou le magret (canard), sont les morceaux préférés, en Chine on les trouve trop secs et pas assez goûteux et on préfère l’échine (porc) ou le haut de cuisse (poulet et canard).

Cochon, porc, sanglier… Zhu (Cheu) :

Il s’agit de la 152eme Racine désignant indifféremment le porc, le cochon, le sanglier mais aussi le 3eme jour de l’année et une constellation.

Le Coq et le sanglier ou la ténébreuse alliance entre Chanteclair (Sinclair) et Gordonach (Gordon) ! Dans la Gaule romaine le Coq a peu à peu remplacé le Sanglier comme emblème.

Il est donc difficile de préciser de quel représentant de la famille des suidés il s’agit. Le porc, dit aussi cochon, alias Sus crofa domesticus, descend directement du sanglier (Sus scrofa).

Les chasseurs ne nomment pas autrement ce dernier que cochon. Un sanglier est donc un cochon sauvage et le cochon, le latin l’affirme, un sanglier domestique. Si on sait que la femelle adulte est une truie, la jeune femelle une cochette, le tout jeune cochon un porcelet ou cochonnet, qui devient cochon de lait dans l’assiette, le jeune cochon un goret et le mâle reproducteur un verrat. Pour le sanglier les choses ne s’arrangent pas puisqu’il est tantôt marcassin (rayé et jusqu’à 3 ou 4 mois), bête rousse (queue sans touffe), bête de compagnie (!) (queue avec touffe), ragot ou laie ragotte, tiers ou laie, quarantannier, vieux sanglier ou vieille laie, grand vieux sanglier, solitaire. Et ceci sans tenir compte des dénominations locales ou fantaisistes.

Les Chinois, tout au plus précisent qu’il s’agit, pour le sanglier, d’un cochon sauvage ou Yezhu mais n’utilisent que rarement cette appelation qui se prononce en chinois comme Jésus ! Et la plupart d’entre eux, comme nos chasseurs, lorsqu’il est question de sanglier disent simplement « cochon ». En fait ils apprécient mieux le cochon noir et blanc qu’ils considèrent comme « moitié sauvage, moitié domestique » et qui allie donc le Wen civil et le Wu chevaleresque ou martial. Comme pour l’année de la chèvre, du mouton ou du bélier (Yang) qui représente le même animal, le « bélimouchèvre » en quelque sorte il pourrait donc être question du « cochonglier » ou du « sanglicochon » ce qui mettrait enfin et une fois pour toutes tout le monde d’accord et ferait cesser cette querelle de clocher qui n’a donc aucun lieu d’être.

D’où l’expression populaire « brailler comme un cochon » Celui-ci (ci-contre) est Normand (Vieux Rouen) !

Avec, néanmoins, un petit avantage aux zélateurs du cochon puisque, traditionnellement, il est question parmi les douze animaux du zodiaque chinois de six animaux sauvages : le Rat, le Tigre, le Lièvre, le Dragon, le Serpent et le Singe et de six animaux domestiques à savoir : le Buffle, le Cheval, le Mouton, le Coq, le Chien et le Cochon. Mais les supporters du sanglier pourraient fort bien faire remarquer que si le lièvre devient lapin, donc domestique, le cochon peut alors redevenir sauvage donc sanglier !

Pour les Vietnamiens qui remplacent alors le Lièvre, jugé trop lubrique, par le Chat, donc domestique il serait alors logique de parler de Sanglier et non de Cochon. Mais il est vrai qu’au Vietnam les cochons ressemblent fort aux sangliers. Et cette discussion pourrait encore durer des heures ! Mais c’est l’Empereur de Chine, lui-même, qui aura le dernier mot en remettant les choses en place dans le Sing Ching Kao Yuen ! Mais il s’en trouvent toujours, malgré tout, qui se veulent plus royalistes que le Roi, plus impériaux que l’Empereur et plus confucianistes que Kongzi. Cela les regardent mais nous les auront prévenus !

Le texte classique de l’Empereur Kang Hsi sur le Cochon ET le Sanglier !

Lorsque le sanglier se fâche voilà le résultat ! La Bête du Gévaudan n’est pas loin. Masque de Bugaku – Nara

Si l’Empereur de Chine le dit !

« Cet astérisme porte le nom de Tian Zhu (Tien Tchi) ou « Porc Céleste » et de Feng Zhu (Feng Tchi), le Sanglier et la grande étoile au Sud-Ouest porte le nom de Tian Zhu Mu ou « Oeil du Porc Céleste ». Comme on le sait les sangliers et cochons aiment beaucoup les terres bourbeuses et aqueuses. Le « caractère des cochons » disent les Chinois c’est d’aimer la terre (correspond à l’élément Terre) et l’eau (correspond à l’élément Eau), donc l’endroit fangeux où l’on garde les pourceaux. Ils doivent y trouver, en permanence, un mélange d’eau et d’herbes ( correspond à l’élément Bois). C’est pour cette raison que le caractère pour un réservoir d’eau ou un étang est composé des caractères Eau et Cochon, puisque les cochons aiment à manger et à se reposer auprès d’un étang ou au bord de l’eau dans les contrées marécageuses. Or, c’est à la septième lune que les grandes pluies commencent selon l’antique calendrier de la Première Dynastie de Xia (Hia). Un autre calendrier dit que c’est au dixième jour de l’époque des grandes chaleurs, c’est à dire au commencement de ce qui correspond à la période caniculaire de fin d’été (le mois d’Août), que les grandes pluies d’orage commencent à tomber (correspond à l’Elément Feu puis à l’élément Terre) . Ces pluies de Septième Lune portent le nom de « pluies de gouttes de vin ».

Dès que ces pluies ont amolli les terrains bas on lâche les pourceaux qui vont se vautrer dans cette eau marécageuse où ils trouvent une nourriture abondante de bestioles, de racines et de plantes. Que ceci ait lieu dans cet astérisme est attesté depuis la plus haute antiquité et prouvé par un commentaire du Livre des Odes (Traité de la Poésie). Ce Livre dit que les cochons aiment la pluie et le commentaire ajoute

« C’est pour cette raison qu’on voit les pourceaux entrer et patauger dans l’eau quand le Général Céleste à Tête de Cochon fait pleuvoir ».

Or, le « Général Céleste » est l’un des noms de cet astérisme du Porc ou du Sanglier. Il représente donc tant la prospérité que la Vertu Chevaleresque (Wu De). Les cochons trouvant une nourriture abondante dans les bourbiers et marais, le paysan n’a plus besoin de les nourrir. Ainsi le calendrier rural dit « Pendant la huitième et la neuvième lune on lâche les pourceaux et bien qu’on leur donne peu de nourriture, ils engraissent et apportent la prospérité dans la maison ». Cette coutume de lâcher les cochons est encore retracée dans l’expression « les cochons couchés » pour désigner les terrains bas, marécageux et riches.

Le célébré savant Soun Ki de la Dynastie Han fut si pauvre qu’il était obligé de « garder les pourceaux dans un grand marais » afin de pouvoir soutenir sa mère, ce qui n’empèchait pas une multitude de disciples de le suivre sur les petites digues entre les champs marécageux pour écouter ses discours. Ces cochons en remuant la terre pour manger les bestioles et les racines qui s’y trouvent rendent par là un immense service au laboureur car non seulement ils détruisent la vermine et les mauvaises herbes à leur racine mais préparent aussi, par leurs déjections, le terrain à la culture la plus rentable et ceci avec le seul effort de les garder.

Aussi cette qualité particulière au cochon est exprimée dans le caractère Houei, favorable ou propice, composé des caractères Cochon (Zhu) et Terre (Tu) représentant un cochon qui remue la terre en la réparant pour une récolte favorable. On se sert donc de ces terrains remués par les cochons pour la culture du riz comme cela est relaté dans un passage du Shi Ji où il est traité de la différente division des terrains et par le Zhou Li où on trouve ce passage : « Les officiers des semences dans les terrains inondés rassemblent les eaux au moyen d’un réservoir, ils les arrêtent par un barrage, ils les mettent en mouvement par des drains, les répartissent dans les rigoles et les font séjourner par des séparations dans lesquelles on mène les porcs de manière à rendre le terrain utilisable pour la culture du riz ». Ce texte emploie un terme désignant les eaux dans lesquels les porcs se vautrent et produisant, de ce fait, un engrais exceptionnel pour le riz et qui désignent les réservoirs dans lesquels on sème également d’autres céréales. Cet astérisme préside donc aux conduites d’eau et aux rigoles et permet de déduire des pronostics concernant les conduits d’eau, les étangs, les rivières et les fleuves.

Il est donc mis en rapport direct avec la prospérité de la culture et donc de tout l’Empire. En dernier lieu l’astérisme du Porc Céleste représente l’arsenal de l’Empereur et préside aux armes de cet arsenal car on commence à préparer les armes pour être en état de se tenir prêt contre les attaques hivernales des barbares. Ainsi il convient de bien réparer, pendant les premiers mois de l’Automne, les maisons, les fossés, les remparts et fortifications. L’étoile qui porte le nom de « Oeil du Porc Céleste » est aussi nommé Ta Xiang (Ta Tsiang) ou « Grand Général ». C’est donc une des noms qu’on donne au Cochon et surtout au Sanglier puisqu’il « remue la terre comme un guerrier furieux ». On le nomme également « Général au long museau » ou « Général en Chef ».

Cela explique l’adage qui dit que « Le pays de Wou dévaste et avale comme un grand Sanglier les pays qui sont au dessus de lui ». Le Porc représente donc à la fois la prospérité, la bienveillance mais aussi la « Vertu Chevaleresque » (Wu De) qui caractérise le Brave qui défend sa terre et qui sait même accroître son territoire. Cet astérisme annonce la septième lune qui commence au début du mois caniculaire (Août) et son domicile secret est attribué à l’Elément Métal puisque l’Automne est le règne du fer (correspond à l’Elément Métal) « .

Note : comme on va le voir plus loin ce commentaire « impérial » comporte bien les Cinq Eléments ce qui est, généralement, le signe d’une année équilibrée. Ce n’était pas le cas pour le Coq de Bois ni le Chien de Feu. Le fait que les éléments (Wu Xing) comportent une majuscule, ainsi d’ailleurs que les 12 animax du zodiaque – on parle de l’année du Cochon mais on décrit un cochon – est une convention admise. Il en va de même, d’ailleurs, pour les « organes » de l’acupuncture. On écrit donc méridien du Coeur mais on parle des battements du coeur. Ceci afin de différencier le principe du commun.

Il convient maintenant de préciser que l’Empereur profitait du monopole sur les horoscopes et les calendriers et se devait d’expliquer, à sa manière, ce à quoi ceux-ci pouvaient être utiles à l’Empire Fleuri, donc à la Chine toute entière. Une fois l’horoscope publié et ses commentaires effectués il laissait aux « Mandarins », donc aux savants, le soin de divulguer cette connaissance et qui apportaient, ce faisant,leurs propres commentaires éclairés par la lecture des Classiques et par leur expérience.

Par la suite cette connaissance et ces commentaires étaient, à leur tour, récupérés et adaptés par ceux qui faisaient profession de « modifier le destin » ou, plus simplement, d’influer sur celui-ci. Cela allait du médecin, au juge en passant par l’astrologue et le cuisinier. En fait rares étaient les professions qui échappaient à l’influence horoscopique du Calendrier Impérial ! Il se fallait que celui-ci soit donc à la fois le plus large possible mais, aussi, le plus utile.

Dans ce contexte l’astrologie chinoise, telle que nous la connaissons aujourd’hui, en Occident comme en Chine, n’est qu’une portion congrue, voire populaire ou « folklorique », de ce système impérial profondément lié aux Classiques et à la Sagesse de la Chine Antique et qui touchait alors toutes les classes de la société chinoise du Prince de sang jusqu’au paysan le plus pauvre. L’influence de ces horoscopes « officiels » était telle qu’ils ne furent jamais interdits même pendant les jours les plus sombres de la Révolution Populaire ou du Grand Bond En Avant ! Ils furent donc repris pas le nouveau système politique qui s’empressa de les diffuser sans trop modifier, par ailleurs, leur contenu et leur contenant.

Le texte de l’Empereur servait donc de base aux commentaires et permettait de « recadrer » quelque peu les divagations fumeuses et les affirmations dénuées de sens. On constate, par ailleurs, que celui-ci envisage les « Trois Trésors » (San Pao) que sont le Ciel, la Terre et l’Etre humain tout en faisant en sorte d’harmoniser les Trois en Un (San Yi) dans une « Harmonie Suprême ». Il ne faut donc pas s’ étonner que sa vision soit simplement un peu plus large et un peu plus élevée que celle d’un « diseur de bonne aventure » ! Ce faisant il n’a que faire des rapports difficultueux entre un individu né sous le signe du cochon avec un autre individu né sous le signe du serpent ! Mais il sait très bien que d’autres que lui pourront commenter ça à sa place. Et l’Empereur savait également, comme les dirigeants politiques chinois actuels le savent aussi, que les astrologues ne sont pas les plus dangereux ni pour le régime, ni pour l’humanité et qu’ils représentent, en quelque sorte, la soupape de sécurité de l’ irrationnel dans un monde qui ne laisse que fort peu de place aux rêves et aux prédictions.

Et quelques commentaires sur ce texte : Nous allons donc faire Oeuvre Mandarinale, ou alchimique et philosophale,en commentant quelque peu le texte impérial en espérant que l’Empereur ne nous en voudra pas trop puisque nous sommes probablement le rare et le seul à encore publier sa prose sans trop la trahir.

Un sympathique cochon chinois photographié par Shawei ! Cochonglier ou Sanglicochon ? Hein ?

On constate tout d’abord qu’il existe, comme nous le disions précédemment, une imprécision entre Cochon et Sanglier. Sanglicochon ou Cochonglier ? Dont acte. Ensuite qu’il s’agit bien d’une « influence céleste » d’un astérisme sur d’une part le climat et d’autre part sur les activités humaines par le biais de l’agriculture. Que cette « influence céleste sur les activités terrestres » concernant notre Cochon ou Sanglier de Terre de l’Année Ji Hai est favorable. Ce qui n’est pas toujours le cas. Les deux termes qui reviennent le plus souvent sont « Prospérité et Vertu Chevaleresque » et « récolte abondante et nourriture abondante » donc « prospérité dans la maison ». L’Empereur revient également sur les Eléments symboliques dirigeant et influant ce cycle : le Feu (Cochon de Terre) mais également la Terre, l’Eau, le Bois et le Métal. Les Cinq Eléments sont donc présents et tous présents ce qui n’était pas le cas, par exemple, dans les années précédentes du Chien ou du Coq.

Lorsqu’il y a engendrement (le gendre qui permet la naissance au sein du clan) et génération (les générations se succèdent harmonieusement comme le Grand Père est en harmonie avec son petit fils) la Paix règne dans la maisonnée. Il s’agit donc d’une année très favorable au « clan » (Jia ou Gar) ou à la famille. Un caractère chinois lié à la fois à l’amitié, à la prospérité et à la paix représente deux hommes sous un toit et partageant un cochon ! Amitié, prospérité et paix représentent donc cette année du Cochon de Feu. Sur un plan plus pragmatique et plus populaire il est inutile de préciser que le Feu et le Cochon produisent ce que les Chinois, et pas mal d’autres par ailleurs, apprécient lors des repas de fêtes : un cochon ou un sanglier rôti. Ce ne sont pas les Gaulois qui me contrediront. Mais l’Empereur rappelle que le cochon est également très utile pour les récoltes et plus particulièrement pour la récolte du riz. Symboliquement cela est très symbolique car le caractère désignant le riz (Mi) est partie constitutive du caractère désignant le souffle, l’ énergie, la vitalité, le QI (Tchi) ou Ki.

Le Grossier est la racine du subtil car ce qui est en haut est comme ce qui est en bas!

Le Cochon est donc symboliquement le « grossier qui est à la racine du subtil ». Les terres marécageuses que désignent l’empereur correspondent au caractère Ze (Tse) (Ricci 5132) désignant les eaux stagnantes, les marais, les étangs mais aussi les vapeurs lumineuses, les nuages brillants et par extension les faveurs, les bienfaits, ce qui est onctueux et également le bon souvenir laissé par quelqu’un de probe et généreux. Dans la tradition chinoise classique cela correspond au 58eme Hexagramme du Yijing (Dui) qui représente « la joie, le moment où la progression douce et joueuse développe la conformité avec le Ciel et la concorde avec les Hommes » (dictionnaire Ricci). C’est le second caractère du nom de naissance de Wang Zeming (Wang Tse Ming ou Tai Ming Wong) qui représentait alors les terres situées en contrebas de la Colline de l’Origine du Clan Wang (de Yue), près du Lac de l’Ouest et de Hangzhou. Il s’agit actuellement de la « Colline de l’Empereur de Jade » (Wang Yu San) réputé pour son grand cru du Thé de Longjing (Puits du Dragon). Il représente dans ce cas le « Champ des Huit Trigrammes » au centre duquel est l’Autel de l’Empereur des Song qui représente Tai Yi « La Grande Unité », les Sept Etoiles étant représentées par les sept chaudrons de bronze situés en haut de la colline. Cette « terre marécageuse » (Ze), propice aux sangliers, serait à rapprocher de la « Terre des Marais et des Broussailles » chère au Roi Arthur et à Merlin : Broekland, donc Brocéliande ou Bréchéliant.

 

caractère Ze : marais, bienveillant

Mais nous y reviendrons un peu plus tard. L’empereur donne également un exemple significatif concernant le Sage Soun Ki de la Dynastie des Han qui, bien que gardant les cochons, instruisait des centaines de disciples, indiquant ainsi qu’il ne faut pas se fier aux apparences et, qu’une fois encore, le grossier est à l’origine du subtil. Sous son apparence grossière le cochon peut être le symbole de la connaissance et il vaut mieux, probablement, avoir gardé les cochons avec Soun Ki que de s’extasier avec des philosophes de salon fussent-ils « nouveaux ». L’Empereur rappelle, ensuite, l’influence primordiale de l’eau et la nécessité de protéger celle-ci tout en sachant l’utiliser rationnellement. N’était-il pas quelque peu en avance sur son époque ? Ou écologiste avant même que cette doctrine soit « inventée » en Occident ?

La Vertu Chevaleresque n’est pas, loin s’en faut, l’art martial !

Enfin il finit en insistant encore une fois sur la « Vertu Chevaleresque » du « Grand Général » qui se doit, aussi, de protéger la culture et les cultures grâce à l’action raisonnée du métal.

 

Wu De : la Vertu chevaleresque

Il est bel et bien question de préparer les armes et de « se tenir prêt » à faire valoir cette bravoure (Wu) qui consiste, suivant ce même empereur, « à faire cesser la violence, ou l’utilisation des armes, sans pour autant nécessairement utiliser celles-ci ». On est donc loin de la traduction de « martial » qui désigne la capacité guerrière. Ce faisant il morigène le pays de Wou qui faisant mauvais usage de cette « vertu » s’en sert pour attaquer et conquérir les royaumes voisins. Ce faisant il est proche de la formule romaine « Si vis pacem para bellum » : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Montrant de par ce fait qu’il convient de se méfier des apparences et que le sympathique et placide Cochon pourrait bien montrer les dents si il est attaqué ou spolié. Le Cochon de l’empereur chinois est donc tout à la fois poète, paysan, chevalier et bon vivant. En fait une sorte de Porthos avant la lettre de Dumas ! Cochonneries et autres chinoiseries ! Notre ami le cochon a bien évidemment été mis à toutes les sauces car les Chinois et les Vietnamiens ne le dédaignent pas !

Un porcelet, des oies sauvages, la lune sur le lac, le Printemps s’annonce bien !

Le caractère Hai qui désigne notre Cochon de Terre  (Ji Hai) (1669 du Ricci) représente bizarrement un « cochon debout » , c’est le dernier des douze rameaux (branches) terrestres et il correspond à la dernière des heures doubles du jour, de 21h à 23 h.

 

Hai : dernier des douze rameaux terrestres – un cochon debout !

Moment important où l’énergie vitale se situe dans les « Trois Foyers » et se manifeste dans le point « réception » qui correspond au Grand Yin (Hexagramme N°2 Kun) et au point Qi Hai (Océan du Souffle).

 

Hexagramme N°2 : Kun – La réceptivité

Ce symbolisme du « cochon debout » mis en rapport avec le souffle vital (Qi) et, dans une certaine mesure, le bas ventre n’est pas sans rapport avec la sexualité ou, du moins, la capacité d’engendrement. Dans un « clan », Jia ou Gar le « gendre » est celui qui donne la vie, qui engendre, qui permet de perpétuer l’espèce. Il est donc normal que le caractère Jia (Ricci 523) désignant le Clan, la famille représente un « cochon sous un toit » ! C’est l’ancien terme de « maison » en tant que famille mais aussi en tant que demeure, logis, foyer donc, également, la parenté. L’hexagramme 37 du Yijing : Jia Ren (Kia Jen) :  » Etre du Clan » (Homme du Clan) est donc composé du terme Jia (Clan) et du terme Homme (Ren) (2426 du Ricci).

 

Hexagramme n°37 : Jia Ren : Etre du Clan

Mais cette année particulière correspond également à l’Hexagramme N°4 Meng « Initiation », « moment privilégié ou les jeunes (marcassins) interrogent le sage (sanglier) comme les disciples interrogent leur maître » . L’image de l’hexagramme montre, par ailleurs, un sanglier qui se dissimule dans son repaire protégé par la végétation. Cette notion de « Clan » ou « Famille » est très importante en Chine et définit les principaux noms de famille. Dans la pratique du Taijiquan (Tai Chi Chuan), par exemple, on différencie toujours aujourd’hui le Taiji du « Clan » Chen de celui du Clan Yang ou du Clan Wu. Et ce sont les Cinq Clans, ou Ecoles, qui transmettent la tradition authentique de ce que fut le « Poing du Monastère de Shaolin » : Hung Gar, Mo Gar, Li Gar, Lui Gar et Choi Gar avant que ce style ne devienne une bidouille de foire avec faux moines pour touristes occidentaux. Il est donc normal de traiter de « clans », fussent-ils occidentaux, dans le sein de ce document.

 

Hexagramme N° 4 : Meng : apprentissage, initiation

Enfin notre « Cochon de Terre » possède une profonde affinité avec l’hexagramme N° 33 Dun  » Retraite » ou « moment de recul qui permet de l’emporter sur les forces adverses » . Cet hexagramme qui fait partie des 12 Hexagrammes de la Révolution correspond au point situé entre les deux sourcils : Ying Tang : le « Palais du Silence » qui est très utilisé dans la pratique de la méditation taoïste. L’image est une bête puissante, en l’occurence un sanglier, sous la pleine lune et qui se dissimule entre deux rochers.

 

Hexagramme N° 33 : Dun : retraite, se dissimuler

Deux autres caractères important apparaissent dans notre année du Cochon de Terre. Il s’agit tout d’abord de Sui, la satisfaction, qui se compose du caractère cochon (Zhu) et du caractère couper (Ba). Couper un cochon pour le partager représente donc le plaisir, la satisfaction. Par la suite le caractère s’est transformé dans le sens de poursuivre (sanglier et suivre) et de rattraper. Rattraper ce que l’on poursuit est signe de réussite !

 

Sui : satisfaire , exaucer, réussir

Ensuite du caractère Huan qui signifie nourrir, élever et qui représente deux mains qui se saisissent d’un sanglier et du caractère désignant le riz. Se saisir d’un sanglier et le faire cuire avec du riz permet de nourrir le Clan. Mais il s’agit aussi de « donner l’eau du riz au cochon » pour le faire engraisser !

 

Huan : nourrir, élever

Mais il faut bien qu’il existe une certaine morale à laquelle le cochon participe à son insu. C’est ce que rappelle le Sage Zhuangzi (Tchouang Tseu) dans le chapitre XXIV de son oeuvre.

« Ceux qui tirent leurs ressources des autres hommes en les exploitant, ce sont des parasites. Ainsi sont les puces qui vivent sur un porc. Elles considèrent les parties poilues du porc comme leur palais et leur parc. Elles utilisent les replis de ses pattes, de ses mamelles, de ses cuisses comme des chambres confortables et un logement agréable. Elles ne soupçonnent pas qu’un jour viendra où le boucher à grands mouvements de bras étendra des herbes sur le sol et prendra un flambeau à la main. Ce jour là elles seront brûlées avec le porc. Comme elles les parasites vont de l’avant avec leur protecteur et rétrogradent avec lui. Ainsi sont ceux qui tirent leurs ressources de l’exploitation des autres hommes ».

Ceci est un sévère avertissement pour les « Bling-Bling » de tous poils !

Si, en Chine les Yao prétendent descendre du Chien, les Kitan, quant à eux revendiquent haut et fort avoir le Cochon comme ancêtre !

Le Voyage en Occident où le Singe l’emporte sur le Cochon !

zhubajieZhu Bajie : Le Cochon du « Voyage en Occident »

Pour les Bouddhistes le Cochon, Avidya, comme son nom l’indique presque, correspond à l’avidité et à l’ignorance. Il est mis en scène dans le fameux roman épique et moraliste « Le Voyage en Occident », Xiyouji, sous les traits de Zhu Bajie (Tchou Pa Kie), le Cochon armé d’un râteau qui accompagne le très religieux Xuan Zhang (San Tsang), le Roi des Singes Sun Wukong (Souen Wou Kong) et le bonze Sha Seng (Cha Chang) dans leurs aventures. Malgré ses défauts, le Cochon parvient néanmoins à l’Illumination, ce qui prouve, une fois encore que le grossier est la racine du subtil. Mais il est de fait que le vrai héros de ce roman demeure le Roi des Singes !

Le « Voyage en Occident » avec le Cochon Zhu Bajie Les caractéristiques du Cochon de Terre donc de la nouvelle année chinoise 2019 !

Un porcelet, une fillette, un papillon et des glycines : l’année du Cochon s’annonce bien ! Avant tout abondance et prospérité ! En chinois papillon se dit « Meng » qui signifie aussi « rêve ».

L’Année du Cochon de Terre est donc placée sous l’augure de l’abondance. Jadis « abandonner » signifiait « mettre à bandon » donc à la disposition de tout le monde et sans restriction. Un banquet « à bandon » permettait donc à tous de manger plus que de raison, d’en reprendre et même d’en rapporter chez soi. Cette coutume existe toujours en Chine et dans les communautés chinoises où il est question après un repas au restaurant de répartir les restes entre les convives. La tradition populaire veut que la nappe soit abondamment « cochonnée » ce qui prouve que le repas a été convivial. Une nappe propre après un bon repas n’augure rien de bon.

Cela prouve que le repas a été abondant et que l’on a mangé comme un cochon ! Les Occidentaux, plus coincés, demandent plus volontiers « quelques restes pour leur chien », ce qui a donné l’expression « dog box » ou « doggy-bag » qui désigne le paquet que l’on ramène du restaurant et qu’on mange devant la télé. Le chien n’étant qu’une bonne excuse puisqu’il a ses croquettes.

La tradition consiste aussi dans le fait que celui qui invite réussisse par diverses ruses à régler l’addition et à offrir le repas, ce qui implique les cris offusqués des autres convives et un simulacre de sortie des portefeuilles et des cartes bleues. Simulacre sans effet, puisque la tradition sera respectée et l’addition déjà réglée à la caisse.  Ce sera, ensuite, aux autres convives, à leur tour d’inviter puis de rendre la pareille. Cela change quelque peu du gag occidental qui consiste à tenter de partager l’addition ! Cette abondance implique la générosité, la bonne volonté et le bien-être. Mais le Cochon de Terre semble aussi quelque peu téméraire et parfois même un peu naïf. Prêt à se lancer dans l’aventure tête baissée il peut être la victime d’escrocs ou d’aigrefins sans scrupules et de tous poils qui profitent de sa bienveillance et en abusent.

Il convient donc d’avoir l’oeil et surtout de « sentir » ou de pressentir les fripouilleries. Le Cochon de Terre pourrait avoir une certaine tendance à l’exagération et à la suffisance. Il pourrait également se montrer trop indulgent vis à vis de ceux qui profitent de ses largesses. Et faire semblant d’être dupe pour éviter de passer, devant les autres, pour un pigeon. Mais il n’en est pas moins rancunier car sa droiture lui permet de juger, souvent trop tard, malheureusement, celles et ceux qui lui ont réellement causé du tort. Et dans ce cas sa vengeance peut être redoutable le brave cochon se transformant alors en bête rousse.

En affaires le cochon est astucieux et profondément matérialiste : « les affaires sont les affaires » mais cela l’empêche parfois d’élargir son regard et d’oublier la stratégie au profit de la tactique où même de la pratique de l’habitude pour l’habitude? Il aime l’argent et les avantages que celui-ci procure. Le Cochon, finalement, c’est un bon bourgeois. N’est-ce pas Monsieur Brel ?

Cela ne l’empèche nullement d’être fort charitable et particulièrement loyal. Mais il n’est pas totalement désintéressé car « ses futurs amis sont ses futurs clients et ses futurs clients sont ses futurs amis » Il envisage la vie sous un angle très positif et souvent avec optimisme même dans l’adversité ce qui rassure les anxieux mais met hors d’eux les aigris. On comprend finalement que le cochon ne soit pas trop apprécié par certains.

Le Cochon est également un grand conciliateur et de très bon conseil. C’est aussi un séducteur sensuel et bien intentionné qui ne regarde pas à la dépense. Par contre, il peut devenir exclusif et jaloux et, parfois s’avère trop conventionnel et un tantinet moralisateur. Son courage l’incite à prendre la défense de la veuve et de l’orphelin et, en ce cas, il rejoint le Tigre qui partage avec lui cette fameuse « Vertu Chevaleresque ».

Il s’agit donc d’une bonne année, particulièrement faste pour les natifs de l’année du Cochon et plus encore pour les Cochons de Terre au septième et huitième mois de cette année lunaire, donc en juillet et en août (périodes Da Shu 12 juillet 7 août et Li Chui 7 au 22 août).


Un cochon bien opulent qui sert de tirelire ! Quelques accords et quelques conflits !

Une autre période faste s’étend, pour le Cochon en général, du début novembre au début décembre.

Le Cochon de Terre s’entend particulièrement bien avec le Tigre de Métal (1890 1950) comme le Cochon s’entend généralement bien avec le tigre. Traditionnellement le Cochon s’entend bien avec le Mouton, le Lièvre et le Dragon. Mais il s’entend moins bien avec le Serpent et conçoit quelque animosité pour le Coq et le Boeuf.

Sa formule préférée pourrait être « Je me satisfait de peu mais uniquement du meilleur » ! (Churchill) A cette image si le Cochon est un signe astrologique peu valorisé, il n’en demeure pas moins l’un des meilleurs ! Précisons, enfin, que, populairement, en Chine « manger du cochon rôti à deux » signifie faire l’amour.

Et il vaut toujours mieux faire l’amour dans l’opulence que la guerre dans la misère !

 

LE COCHON ET LA VISION OCCIDENTALE

Le Sanglier d’Altamira : nos lointains ancêtres l’ont bien croqué !

Et un ouvrage pour bien commencer l’année du Cochon !amourvirtuel_poildecochon

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