Quelques faits et quelques chiffres…

LA BETE DU GEVAUDAN : LES VICTIMES Plus d’une centaine de victimes de la Bête du Gévaudan 157 attaques et 104 victimes en trois ans !

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Victime de la Bête ! Illustration de P. Legisa pour l’excellent « Vie et mort de la Bête du Gévaudan » OGAM Entre le 30 juin 1764 (inhumation le 1er juillet de la première victime recensée : Jeanne Boulet, âgée de 14 ans et tuée au village des Hubacs sur la paroisse de Saint Etienne de Lugdarès du coté de Langogne) jusqu’au 19 juin 1767, date à laquelle Jean Chastel de la paroisse de Besseyre Saint Mary tue une  » bête  » au bord de la forêt de la Teynazère, sur la Sogne d’Auvers près de la paroisse de Nozeyrolles, la  » Bestio del Gebaudan  » aura officiellement tué 104 personnes sur un total précis de 157 victimes recensées suivant certaines sources (Jean Richard) et de 179 selon d’autres. En majorité des enfants et des adolescents des deux sexes et des femmes. Suivant les compte rendus d’époque aucun individu de sexe mâle de plus de 18 ans ne sera tué par la Bête bien que celle-ci ait attaqué plusieurs fois des hommes adultes mais sans le moindre succès ! Si on excepte un tag reproduit tous les ans et depuis belle lurette sur le mur d’une ruine au Bois noir de la Teynazère à coté d’auvers et qui affirme : « Ici fut dévoré le 15 juillet 1765 le caporal Gayon » …alors que la fameuse bête a été vue ce jour par un berger vers Pinols en Auvergne.

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Mais quelques années auparavant ce même caporal Gayon avait été dévoré le 19 juin. ! A qui se fier ?

La plupart dans un périmètre très restreint et fort bien délimité ! Cette fameuse  » bête du Gévaudan  » a donc sévi pendant trois ans dans le Gévaudan, le Haut Gévaudan, le Vivarais, le Haut Vivarais, le Velay, le Cantal et la Margeride.

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Le Pays de la Bête du Gévaudan ! La Margeride et le Mont Mouchet vus du Château d’Apcher. Bien qu’il s’agisse statistiquement et à première vue d’un assez grand territoire, le centre des carnages se situe dans un triangle incluant Paulhac en Margeride (9 agressions, six victimes), le Mont Mouchet (Nozeyrolles 15 agresions, 13 victimes) et La Besseyre Saint Mary (14 agressions, 11 victimes)… village d’origine des frères Chastel et de jean Chastel dit  » Le Masque « . Il convenait donc mieux d’éviter les lieux où résidaient justement ceux qui étaient censés rechercher la  » Bête  » et plus encore la proximité de Jean Chastel.

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Le Pays de la Bête Le Mont Mouchet et la vallée de la Truyère ou Trueira Saugues, Venteuges, Lorcières, Clavières, Aumont-Aubrac, Grèzes, Saint Alban cumulent un grand nombre d’attaques et de victimes dans un périmètre relativement restreint. Suivant Hervé Boyac – La Bête du Gévaudan-plaidoyer pour les loups – 12 paroisses cumulent à elles seules 61 attaques, toujours sur un périmètrre restreint. Ce sont Saugues et Venteuges (20) ; Aumont, Nozeyrolles et Javols (12) ; Saint Chély, Saint Alban et Grèze (9) ; La Besseyre Saint Mary (7) ; Paulhac (6) ; Lorcières (5); Clavières (2). Ce qui fait quand même beaucoup pour un seul loup ! Ces villages se situent aux alentours du fameux Mont Mouchet et bien souvent entre celui-ci et les redoutables gorges de la Deges, véritable faille naturelle formant une vallée presque inaccessible dont le fonds, parcouru par la rivière fort encaissée sur la plupart de son parcours, est constituée de prairies souvent marécageuses et des fameux « bois noirs ».

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Le Bois Noir de Saint Privat du Fau sur la route du Malzieu à Paulhac Fait étrange oublié par la plupart des auteurs, ce massif est truffé de mines, galeries et autres cavités constituées par d’anciennes exploitations minières abandonnées. La plupart de ces mines d’antimoine et de feldspath-fluor étaient en activité à l’époque de la bête puisque les minéraux et minerais exploités servaient à la verrerie. Une entrée de mine de feldspath fluor dans la vallée de la Desge Raison pour laquelle le gentilhomme et maître verrier, donc alchimiste, Verny de La Védrine, était venu s’installer au Château du Chamblard. Il possédait, par ailleurs, deux ateliers de verrerie à Auvers et Nozeyrolles et résidait souvent au Besset à l’invitation du maître des lieux.

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Le chateau du Chamblard vu de l’arrière (août 2006)

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Le Chateau du Chamblard, résidence du Maître verrier Verny de la Védrine, qui accueillit plusieurs chasses de la Bête sur les pentes du Mont Mouchet. Le chateau est actuellement en pleine forêt mais sur les cartes d’époque il se trouvait en espace découvert et était à portée de vue du Besset. Il constitue donc un lieu très important dans l’histoire de la Bete du Gévaudan. C’est un chateau donc la façade, de style fort classique, dissimule un arrière beaucoup plus ancien et fortifié. La « Maison de Maître » dissimule en fait une redoutable bastide.

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Un territoire truffé de grottes et de mines ! Une entrée de mine dans le bois noir de Desge Les mines et leurs entrées aux environs de Desges. Ces diverses mines, galeries, exploitations souterraines auraient fort bien pu servir de refuge à la Bête. On y extrayait le feldspath fluor utilisé en verrerie et en cristallerie. Verny de la Védrine qui résidait au Chamblard était maître verrier et possédait deux ateliers, l’un à Auvers, l’autre à Nozeyolles et ne pouvait pas ne pas connaître l’existance de ces mines puisqu’il utilisait le minéral qu’on y extrayait. Elles existaient donc déjà à l’époque. Mais personne, ou presque, n’évoque leur présence. Sauf le film « Le Pacte des Loups ». Le réalisateur Christophe Gans se serait-il mieux renseigné que les historiens locaux ?

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Georges et Martine Charles en reportage sur la commune de Lair, au dessus de la Desge, le 18 août 2011. La contre-enquête continue !

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Un groupe de stagiaires du stage de Paulhac devant l’entrée d’une grotte à Desge La contre-enquête continue avec quelques comparses. De gauche à droite et debout Nico, Alain, Mister Jack et accroupis Lara Crotf, alias Mona, et Jean Pierre. Depuis l’entrée à été murée !

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La même grotte de Desge vue de l’intérieur

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Une entrée de mine de feldspath à proximité de Pebrac

Le feldspath fluor est utilisé dans la verrerie

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La porte qui verouille le tunel de la mine

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Et la mine en question qui s’enfonce au coeur de la montagne et possède plusieurs issues

Mais dans un environnement particulièrement tourmenté ! Sur le simple plan de la topographie voici ce qu’expliquait déjà François Fabre : « On ne peut se figurer sans les avoir vues, ces gorges profondes, ces ravines sauvages de la Meyronne et la Révolte, de la Desges au dessous de la Beysseire, de la Truyère sur l’autre versant des Margerides qui elles-mêmes sont creusées de plis profonds, souvent hérissé d’épais taillis, inaccessibles à l’homme et praticables aux fauves seuls. La Bête avait tôt fait de sauter d’un versant à l’autre, de se couler sans être vue à la faveur des taillis et de mettre en défaut, tout en passant près de lui, la vigilance du tireur au poste. Et là haut sur les arides sommets des monts que ne ponctuent ni arbres ni arbustes, il lui était facile d’apercevoir les chasseurs aux aguets, et de se sauver hors de portée ».

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Le Pays de La Bête Un ruisseau qui peut fort bien servir de chemin pour échapper aux cavaliers sans trop de difficultés Monsieur Antoine, Porte Arquebuse du Roi, est encore plus explicite : « J’ai l’honneur de vous faire observer, M.M., que depuis cinquante ans que j’ai exercé des chasses de toutes sortes, tant en France qu’en Allemagne, au Piémont et les Pyrénées, je nai jamais vu de pays pareil à celui-ci et aussi difficile ! «  Lorsque l’on passe, à pied, d’Auvers à Lair, de Lair à Lesbinières et de Lesbinières à Desges, en moins de cinq kilomètres on passe du sommet du Mont Mouchet à plus de 1200 mètres d’altitude au fond de la Desges à 675 mètres soit un dénivelé très impressionnant sinon vertigineux à certains endroits. Le plus étonnant est que cette faille est parcourue du multiples chemins forestiers et champêtres. En véhicule automobile il faut, par contre, effectuer un détour de plus de quarante km, en passant par Saugues et Venteuges, pour effectuer le même parcours.

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Un buron, ou bergerie ancienne, dans la Vallée de la Desge En un mot comme en cent, certains villages qui se situent à portée de voix sont éloignés, par la route, de dizaines de Km ! On comprend donc bien la surprise des Denneval lorsqu’ils se rendirent sur le terrain. De nos jours encore, les fameuses cartes de la série bleue au 1:25000 ne tiennent aucun compte de la situation réelle et mériteraient une très sérieuse remise à jour puisque deux chemins « irrégulièrement entretenus » ont été remplacées par deux routes goudronnées. Dont l’une d’elle se terminait encore l’an dernier en cul de sac après plusieurs Km de montée à partir de Desges sur la Sogne. La descente à partir de Lesbinières vers Desges et retour sur la Sogne par La Grange est à réserver aux amateurs de sensations fortes.

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La ferme de Chazelles à mi pente entre Desge et Lesbinière. Une dénivellation brutale de plus de quatre cents mètres ! Mais cela vaut le déplacement et tous ceux qui aiment le vertige seront comblés. Le retour de Desges vers Saugues est plus paisible, bien que tourmenté à souhait, et permet de passer par Venteuges et son fameux calvaire du Golgotha. Lorsque nous y sommes passés à la tombée de la nuit, fin août de l’ année 2004, une petite vachère ramenait son troupeau des champs accompagnée de deux bâtards. Bien des choses n’ont pas changé.

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Le calvaire du Golgotha de Venteuges à la tombée de la nuit !

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Le même Golgotha de plus près ! Venteuges se trouve à mi chemin entre Desges et Saugues. Un grand nombre d’attaques eurent lieu entre ces deux villes qui détiennent, en quelque sorte, le record des victimes, si on excepte Nozeyrolles. La ville de Saugues et ses villages environnants connurent également de nombreuses attaques.

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La ville de Saugues et, au centre de celle-ci, la Tour des Anglais C’est une halte sur le chemin de Compostelle qui passe alors au coeur de la Margeride et au bord des gorges de l’Allier. Si Saugues offre l’aspect d’une cuvette les bords de celle-ci sont justement constitués de gorges profondes et sauvages de la Desge et de l’Allier ainsi que les massifs forestiers du Mont Grand et du Mont Mouchet et on comprend mieux comment la Bête du Gévaudan après avoir attaqué en plaine se réfugiait en montagne ou dans ces défilés profonds et souvent inaccessibles à qui ne connaît pas parfaitement les chemins qui les parcourent . Saugues propose donc le « Musée fantastique de la Bête du Gévaudan » qui est plaisant à visiter mais qui, bien évidemment, laisse le passionné un peu sur sa faim quoiqu’au cours des années on note une évolution tendant à admettre que celle-ci était probablement autre chose qu’un loup ! Une Bête monumentale sculptée dans le bois par des bucherons domine la ville elle mesure quand même six mètres de long et ne pèse pas moins de quatre tonnes !

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Une Bête réellement monumentale surveille la ville de Saugues ! Et à Saugues il ne faut pas manquer de visiter la fameuse ‘Tour des Anglais » qui est le dernier vestige d’importantes fortifications aujourd’hui disparues.

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La magnifique Vierge romane de Saugues

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Et son visage plein de compassion L’église de Saugues mérite une visite ne serait-ce que pour sa magnifique Vierge romane et pour quelques vitraux singuliers. Plusieurs restaurants fort sympathiques vous y attendent également du troquet proposant un plat du jour jusqu’au restaurant gastronomique proposant des produits du terroir et des spécialités gévaudannaises.