Mais le massacre continue paisiblement…

sous la haute bénédiction du Marquis d’Apcher…

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La Bête du Gévaudan sur les hauteurs de Saugues. La sculpture en bois brut a été offerte par des bucherons qui l’ont taillée à la tronçonneuse !

Le Marquis d’Apcher remplace Monsieur Antoine !

Du 2 décembre 1766 au 19 juin 1767 la bête du Gévaudan sera encore impliquée dans une trentaine d’agressions faisant dix sept victimes de plus…

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Encore une croix dans la forêt pour une victime de plus !

Au départ d’Antoine, ce sera le Sieur Jean Joseph de Chateauneuf-Randon, Marquis d’Apcher, Baron de la Garde, de Thoras, de Cénaret et de la Clause, Seigneur de Besque, de Verdun, de Clavière, Colonel de la Gendarmerie Royale, Maréchal de camp du Roi et Chevalier de l’Ordre de Saint Louis qui prendra le relais et  » se dépensera sans compter avec un zèle admirable et tout à fait à ses propres dépens « , selon les termes de l’Abbé Trocellier. Mais sans le moindre résultat que la continuation de la tuerie.

Après une relative période de tranquillité depuis le tout début de l’année jusqu’au début du mois d’avril où, probablement, la  » bête jeûne  » suivant son habitude après un gros problème, les crimes reprennent de plus belle fin avril et en mai dans la région de Besseyre Saint Mary (communes de Darnes, de Nozeyrolles, de Chanteloube, de Sauzon, du Mont Mouchet) puis de la paroisse de Desges où la dernière victime, Jeanne Bastide âgée de neuf ans, est égorgée le 17 juin à 17 heures entre La Grange et La Gazelle sur les bords de la Gourgayre au lieu dit « Le Bois Noir » .

Ce sera donc la dernière victime officiellement recensée de la fameuse  » bête « .

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La bête n’est pas encore très loin ! Dans les gorges de la Desge près du bois noir sur les rives de la Gourgayre

C’est à proximité que fut égorgée la dernière victime de la Bête ! De son coté, le Marquis d’Apcher, ou d’Apchier suivant les orthographes de l’époque, dirigeait les opérations en grand seigneur depuis le Château de Besque, siège de sa famille les La Tour d’Apcher, situé sur la paroisse de Charraix.

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Une croix dans la forêt près de la Besseyre Saint Mary où fut retrouvée l’une des victime. C’est un peu plus émouvant que la stèle de Chastel ! A proximité immédiate de la fameuse Abbaye de Sainte Marie des Chazes où Antoine de Beauterne avait abattu  » la bête « .

Bien étrange coïncidence en réalité. Ce même Antoine habitait, lors des chasses, une propriété, également un château, au Besset sur le territoire de la commune de La Besseyre Saint Mary (ou Mari)… épicentre des massacres. Encore une autre sacrée coïncidence. Plusieurs fois Antoine et le Marquis d’Apcher s’étaient retrouvés au château de Chamblard, également situé sur la commune de La Besseyre Saint Mary, appartenant à la famille du sud-délégué d’Auvergne, Monsieur de Boissieu, où résidait un gentilhomme verrier du nom de Verny de la Védrine qui était réputé pour  » avoir blessé un gros chien errant dans la montagne « .

Or ce Gentilhomme verrier, donc Maître verrier, ne pouvait pas ignorer la présence des nombreuses mines de feldspath-fluor, minéral justement utilisé en cristallerie et qui justifiait sa présence au Chamblard.

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L’entrée d’une de ces mines de feldspath fluor utilisé en verrerie Ces grottes et ces mines sont nombreuses dans la région.

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Qui aurait bien pu se cacher derrière l’une de ces portes ? Et personne ne parle de ces mines, grottes, galeries dont certaines étaien déjà abandonnées lorsque la « Bête » se manifesta sur et aux alentours du Mont Mouchet.

 

Une famille Chastel un peu particulière !

Comme par le plus grand des hasard tout ce beau monde utilisait les divers services des frères Chastel et, plus particulièrement, de Jean. Etrange famille que celle des Chastel. Le père Jean, dit  » Le Masque « , d’une instruction certaine avait été cabaretier et jouissait de la réputation d’être un excellent chasseur, et de celle, beaucoup moins bonne, d’être un  » sacré meneux de loups  » (meneur de loups, un individu ayant passé un  » pacte  » donc ayant le savoir et le pouvoir de diriger un ou plusieurs loups à sa guise… ).

D’où son surnom du  » Masque  » qui désignait habituellement, dans ces régions, les sorciers et autres jeteurs de sorts. Suivant certains son surnom exact serait « De la Masque » ce qui impliquerait qu’il serait né d’une sorcière dont il aurait hérité des pouvoirs. Son fils aîné, Pierre, également fort bien instruit, gérait depuis la Besseyre une partie des intérêts et des terres de Madame d’Apcher de Chateauneuf, dont il recouvrait, entre-autres, les créances personnelles auprès des mauvais payeurs. Il s’agissait donc de l’homme de confiance de Madame d’Apcher, très proche parente du Marquis.

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Le village de Desges près duquel fut égorgée la dernière victime de la Bête, une paysanne de 19 ans nommée Jeanne Bastide. Cette Bête fut tuée le lendemain matin par Jean Chastel posté sur la Sogne qui domine ce village entre Desges et Lesbinières.

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Le village de Desges au fond dela vallée Le fils cadet, Antoine, une sombre brute, était, par contre, garde chasse dans le bois de Ténazeyre, situé au cœur du Mont Mouchet.et qui appartenait également à Madame d’Apcher de Chateauneuf. Il avait, quelques années auparavant, échappé de peu aux galères, grâce à une haute intervention, pour une affaire de viol et meurtre avec actes de barbarie.

Il avait alors été prié d’aller se faire pendre ailleurs et d’entreprendre, à cet effet, un voyage lointain. On raconte alors qu’il avait été pris par des pirates maures et qu’il aurait subi des sévices dont il voulut se venger à tout prix. Il était revenu au bout de sept ans d’absence. Il vivait généralement seul dans plusieurs cabanes du Mont Mouchet entouré d’une meute de chiens et toujours suivi par une grande chienne rousse ressemblant fort à un l’un des immenses lévriers afghans ramenés de Syrie par l’un des neveux du Marquis d’Apcher, Jean François Charles de Molette, Comte de Morangiès ou Morangias suivant l’écriture d’Oc (1721 1801), également considéré dans la région comme un débauché notoire.

Pour une autre lecture du Mandement de Monseigneur l’Evêque de Mende !

Gabriel Florent de Choiseul Beaupré, évêque de Mende, le 31 décembre 1764, consacre et publie un mandement pour stigmatiser cette débauche et ce libertinage qui, selon lui sont à l’origine du fléau qui s’abat sur les hommes, et qui  » depuis plus d’un siècle et demi gangrène l’élite française « .

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Le fac-similé du texte du Mandement qui est tout autre que celui qu’on tente de nous faire croire.

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Le Cardinal Choiseul Donc le père de Monseigneur l’Evèque de Mende qui représente à la fois la très haute noblesse et le très haut clergé.

Le Mandement ne se borne pas à un prèche convenu comme on est en droit de l’attendre d’un cardinal de l’époque et qui constitue, normalement, l’introduction à ce que Choiseul Beaupré a décidé de dénoncer, mais à la dénonciation pure et simple des moeurs dissolues d’une certaine jeunesse. Or dans les termes de l’époque la « jeunesse » ne pouvait représenter que des représentants de la noblesse ou de la bourgeoisie et non les pauvres hères, sans âge sauf sur les certificats d’inhumation, qui constituaient le menu peuple. Il est vrai qu’une messe noire avait eu lieu assez récemment dans une église de Mende.

Ce qui incitait l’évêque à écrire dans ce mandement :  » Quelle dissolution et quel dérèglement dans la jeunesse de nos jours ! La malice et la corruption se manifestent jusque dans les enfants avant qu’ils n’aient atteint l’âge qui peut les en faire soupçonner. Ce sexe dont le principal ornement fut toujours la pudeur et la modestie, semble n’en plus connaître aujourd’hui ; il se donne en spectacle en étalant sa mondanité et se fait gloire de ce qui devrait le faire rougir. On le vit s’occuper à tendre des pièges à l’innocence, à usurper un encens sacrilège, à attirer jusque dans nos temples des adorations qui ne sont normalement dues qu’à la Divinité… L’abomination a pénétré jusque dans le lieu saint qui a été profané par des sacrilèges… « .

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Et ce n’est pas un hoax ! On imagine mal les enfants des bergers ou des vachers se livrer à des messes noires dans la cathédrale de Mende et se donner en spectacle en étalant sa mondanité ! Mais Monseigneur l’Evêque ne cite personne car le beau linge sale ne peut se laver qu’en famille… et il s’agit, dans ce cas particulier, de très grandes familles.

Il convient donc de lire de fameux Mandement entre les lignes. Pour certains, bien évidemment, l’Evêque de Mende évoque une intervention divine pour justifier les agissements de la Bête. C’est lire son texte au premier degrè dans notre conception du XXIeme siècle et non le remettre dans son contexte d’époque !

Et cette évocation divine fait simplement partie du devoir de l’évèque lorsqu’il occuppe sa charge, elle est la normalité de l’époque et cette évocation de l’apocalypse fait partie de tout sermon qui se respecte. Vatican II n’était pas encore passé par là ! Il ne s’agit donc pas d’élucubrations mais simplement de la normalité de l’église de l’époque et l’évèque demeure tout simplement dans son rôle d’homme d’église, ni plus, ni moins.

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L’apocalypse de la Cathédrale de Mende

C’est ce que les fidèles voyaient en écoutant le Mandement de Monseigneur de Choiseul Beaupré : une « beste devoirante » qui est le Moloch et dans laquelle sont jetés les pècheurs ! L’Evèque n’avait donc pas beaucoup d’efforts à faire pour évoquer une intervention divine puisque chacun voyait ce qu’est l’Apocalypse sur les murs même de la cathédrale. On est donc loin de « Mes biens chers frères, mes biens chères soeurs reprenez ce refain tous en coeur » de notre Ami Schmoll.

Autres temps, autre moeurs !

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La Bête de la cathédrale de Mende dans le panneau de l’Apocaplypse

Il est fort probable que lors de son Mandement dans cette même cathédrale de Mende, Monseigneur de Choiseul Beaupré ait désigné du doigt cette Bête de l’Apocalypse qui est toujours bien visible. En fait il accuse formellement « une jeunesse dissolue » qui n’est pas celle des victimes mais plutôt celle des bourreaux :

« Ne leur inspirez pas des sentiments tous opposés d’ambition, d’orgueil, de mépris pour les pauvres, de dureté pour les misérables. On vous voit bien moins occuppés de leur salut que de fortune et d’avancement pour lesquels tout vous paraît légitime, et ces passions naissantes que vous auriez du arrêter et étouffer par des corrections salutaires, vous prenez soin, au contraire de les nourrir, d’en faire éclore le germe, heureux encore si vous n’étiez pas les premiers à les pervertir et à les corrompre par la contagion de vos mauvais exemples ? Après cela fait-il être surpris que Dieu punisse l’amour déréglé que vous avez pour eux, par tant de sujets d’affliction et de douleur qu’ils vous préparent dans la fuite de leurs vies « 

Ici l’Evèque ne s’adresse pas au bas peuple mais à celles et ceux qui sont censés montrer l’exemple et qui, au contraire, par leurs moeurs dissolues gangrènent ce peuple en le pervertissant.

On voit assez mal Monseigneur le Cardinal de Choiseul Beaupré accuser les enfants des bouseux de l’époque, donc les victimes exclusives de la bête, la seule victime d’une autre extraction que populaire ayant été une vague petite cousine de Verny de la Védrine, de rechercher ambition fortune et avancement et de cultiver l’orgueil et le mépris vis à vis des pauvres ! Il n’est donc aucunement question, pour l’évèque de Mende, d’accuser la ribaudaille, la valletaille, la piétaille, les vilains, les croquants, les bouseux et leurs lardons, mâles ou femelles, donc les victimes de la Bête, mais bien la bourgeoisie et la noblesse de ce Gévaudan, ou au moins certains bourgeois et certains nobles de ce même Gévaudan qui entretiennent avec cette même Bête des intelligences coupables par action ou par omission.

Et il conclut : « Tâchons de concourrir à leur délivrance de la manière que nous le pouvons. Ne cessons point de la demander à Dieu : unissons nous pour lui faire une sainte violence. Redoublons pour eux nos supplications et nos prières… »

Une fois encore il ne cite personne car il souhaite que ce problème puisse se régler entre gens de bonne compagnie et trouve, enfin, une solution honorable. Donc de laver le linge sale en famille et de faire cesser les agissements des débauchés qu’il doit fort bien connaître.

Mais malheureusement il n’a balancé aucun nom dans une lettre « officielle » qu’on ne retrouvera donc pas ! Dommage. Notons que l’Evèque, bien qu’issu d’une des plus grandes familles de la noblesse française explique déjà les principales causes de la révolution qui ne saurait tarder : orgueil, mépris pour les pauvres, dureté envers les misérables, corruption, prévarication, dissolutions des moeurs de certains dépravés. Monseigneur Gabriel Florent de Choiseul Beaupré a les pieds et les mains liées par son origine et par sa charge mais n’en pense pas moins et il a, au moins, le courage et le mérite de s’exprimer avec force sur ce point. Il n’est donc pas uniquement le bigot faux-jeton que certains se plaisent à présenter pour le ridiculiser et qui, ce faisant, se ridiculisent eux-même par leur étroitesse d’esprit et de coeur.

On imagine mal par exemple, encore actuellement, un Evèque, fut-il Monseigneur Gaillot, se livrer, en chaire à une telle diatribe contre le pouvoir en place et proférer de telles accusations vis à vis de cette classe dirigeante sans risquer d’encourir les foudres du Vatican. Monseigneur de Choiseul Beaupré est loin d’être le personnage fat et veule qu’on nous présente généralement . Il est probablement le seul représentant de la très haute noblesse qui prend parti pour les pauvres et les miséreux en dénonçant les abus de certains représentants locaux de sa caste et de son rang. Et ce faisant il accuse cette même noblesse d’être à l’origine des méfaits de la fameuse « bête féroce, inconnue dans nos climats qui joint à la force la ruse et la turpitude » . Norons au passage qu’il nest pas question de loup mais d’une bête inconnue dans nos climats !

Il convient donc de relire plus attentivement ce fameux Mandement et de ne pas s’en tenir exclusivement aux affirmations des auteurs qui visiblement n’ont fait que de le parcourir rapidement ou que de reprendre les accusations de leurs prédécesseurs.

Et pour bien finir d’enforcer le clou écoutons ce que Choiseul Beaupré explique doctement tel un certain général dans son célèbre appel : tout n’est pas perdu ! « Cet animal tout terrible qu’il est n’est pas plus que les autres animaux à l’épreuve du fer et du feu ; il est sujet aux mêmes accidents et à périr comme eux. Il tombera infailliblement sous les coups qu’on lui portera dès que les moments de la miséricorde de Dieu nous seront arrivés. Déjà cette miséricorde nous a ouvert une ressource.

Les Etats de la Providence (CF le Vatican ! – ndla) sensibles aux calamités de ce Pays ont accordé une gratification à celui qui l’en délivrera et nous avons lieu d’espérer que plusieurs bras s’armeront pour nous secourir !  » On est loin d’un simple illuminé évoquant le fléau de Dieu pour noyer le poisson : On aura les moyens de se débarrasser de la Bête à condition de ne pas baisser les bras. Et si le Vatican lui-même offre une prime pour la destruction de ce fléau, c’est donc qu’il s’agit d’autre chose qu’une vengeance divine dont certains se regorgent en lisant le Mandement de travers. On a la foi qu’on peut. Mais elle est souvent mauvaise. Aides toi et le Ciel t’aidera ! Il convient donc de ne plus charger Choiseul Beaupré qui fut, probablement, le seul à dénoncer une situation lié à la dépravation de quelques uns. Mais qu’il ne put nominalement citer pour ne pas trahir son sang. Cela démontre encore un peu plus la faille existant entre les dirigeants et celles et ceux qui étaient taillables et corvéables à merci. Mais cette situation ne s’est pas nécessairement améliorée et de nos jours une telle affaire trouverait probablement les mêmes écueils et les mêmes errements.

« Selon que vous soyez puissants ou misérables…. » Et on a visiblement blanchi pas mal de monde, comme on continue par ailleurs à le faire de bonne ou de mauvaise foi. Seul le loup de Rinchard reste noir.

 

Entre les Chastel et de Morangiès une galerie de personnages peu recommandables !

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Le petit village de la Besseyre Saint Mary où résidait Jean Chastel

Comme par le plus grand des hasard tout ce beau monde utilisait les divers services des frères Chastel et, plus particulièrement, de Jean.

Etrange famille que celle des Chastel. Le père Jean, dit  » le masque « , d’une instruction certaine avait été cabaretier et jouissait de la réputation d’être un excellent chasseur et de celle, beaucoup moins bonne, d’être un  » sacré meneux de loups  » (meneur de loups, un individu ayant passé un  » pacte « , donc ayant le savoir et le pouvoir de diriger un ou plusieurs loups à sa guise… ). D’où son surnom « De La Masque » ( D’el Masco) qui signifie le sorcier et plus précisément (le fils) de la sorcière (Masca).

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La fameuse stèle de granit et de bronze représentant le Sieur Jean Chastel, tueur d’une Bête, à l’entrée du village de la Besseyre Saint Mary où il résidait. Il y est représenté à la fois de face et de profil ce qui en héraldique n’est symboliquement pas de bonne augure !

De plus tourné vers la gauche, sinistra. Pas non plus un bon présage. Mais il est vrai que la petite bonne du curé de Paulhac est également gauchère comme on le constate sur la statue d’Auvers. On en déduit donc que le sculpteur Kaeppelin est donc aussi gaucher. Chastel est armé de son fusil mais inconsciemment « démembré » car la stèle le coupe au niveau du bas ventre ce qui, toujours en héraldique, implique une trahison.

On dit que sa maison fut brûlée et rasée par les villageois comme, par ailleurs, le chateau du Besset. Sans aucune réaction des autorités d’époque. Il est vrai qu’il n’avait pas très bonne réputation.

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La fontaine-abreuvoir de La Besseyre Saint Mary il y a quelques années.

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Qui est depuis devenue la Fontaine Jean Chastel à la Besseyre Saint Mary.

Elle représente bien évidemment la fameuse Bête qu’il tua. On ne peut pas dire que Jean Chastel soit en odeur de sainteté mais, visiblement, sa réhabilitation est en cours ! A l’époque il n’inspirait pas confiance. D’où son surnom du  » masque  » qui désignait habituellement, dans ces régions, les sorciers et autres jeteurs de sorts. Suivant certains auteurs son surnom originel serait même « De La Masque » donc descendant ou fils d’une sorcière qui lui aurait transmis ses pouvoirs.

Son fils aîné, Pierre, également fort bien instruit, gérait depuis la Besseyre une partie des intérêts et des terres de Madame d’Apcher de Chateauneuf, dont il recouvrait, entre-autres, les créances personnelles auprès des mauvais payeurs.

Il s’agissait donc de l’homme de confiance de Madame d’Apcher, très proche parente du Marquis. Le fils cadet, Antoine, une sombre brute, était, par contre, garde chasse dans le bois de Ténazeyre, situé au cœur du Mont Mouchet et qui appartenait également à Madame d’Apcher de Chateauneuf. Il avait, quelques années auparavant, échappé de peu aux galères, grâce à une haute intervention, pour une affaire de viol et meurtre avec actes de barbarie.

Il avait alors été prié d’aller se faire pendre ailleurs et d’entreprendre, à cet effet, un voyage lointain. On raconte alors qu’il avait été pris par des pirates maures et qu’il aurait subi des sévices dont il voulut se venger à tout prix. Il était revenu au bout de sept ans d’absence.

Mais des recherches sur son âge à l’époque des faits semble rendre cette histoire mauresque suspecte Il vivait généralement seul dans plusieurs cabanes du Mont Mouchet entouré, selon les témoignages d’époque, d’une meute de chiens et toujours suivi par une grande chienne rousse ressemblant fort à un l’un des immenses lévriers afghans ramenés de Syrie par l’un des neveux du Marquis d’Apcher, Jean François Charles de Molette, Comte de Morangiès), également considéré dans la région comme un débauché notoire. Gabriel Florent de Choiseul Beaupré, évêque de Mende, le décembre 764, consacre et publie un mandement pour stigmatiser cette débauche et ce libertinage qui, selon lui est à l’origine du fléau qui s’abat sur les hommes, et qui  » depuis plus d’un siècle et demi gangrène l’élite française « .

La tradition orale locale explique que la maison des Chastel fut incendiée et ruinée puis qu’on y passa le soc de charrue et qu’on y jeta du sel et de l’eau bénite. Il en fut de même pour le chateau du Besset qui semble à l’épicentre de cette ténébreuse affaire. Mais force est de constater que le nom de Chastel existe toujours sur le monument aux morts de la Besseyre Saint Mary, ce qui implique que la famille Chastel soit y demeurait toujours soit est revenue sur ce terroir arrosé de sang.

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Le monument aux Morts de 14 18 à La Besseyre Saint Mary comporte le nom de trois Chastel. Mais il est certain que Jean Chastel cherche désormais sa réhabilitation et on se demande parfois qui a offert cette magnifique stèle à ce tout petit village

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Une pancarte publicitaire à l’entrée de Pompeyrin désigne la stèle de Jean Chastel à la Besseyre Saint Mary et la statue de la fameuse bonne du curé de Paulhac à Auvers

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Le fameux monument d’Auvers, du au sculpteur Philippe Kaepelin, inauguré en juillet 1995 et représentant le combat de la bonne du curé de Paulhac, Marie-Jeanne Valet, « la Pucelle du Gévaudan » le 11 août 1765 et de la Bête. Etrangement cet épisode fameux se situe non à Auvers mais à Paulhac en Margeride, sur un petit pont de pierre enjambant la Desge eb direction de la métairie de Broussous. La petite bonne et son exploit célèbre ont donc étés forpaysés ou, si l’on veut, délocalisés pour des raisons probablement économiques. Mais c’est qui qu’a payé ?

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Le petit pont sur le chemin de la métairie Broussous à Paulhac en Margeride où eut lieu le combat de Marie Jeanne Valet et de la Bête photo prise le 11 aout 2010 à l’heure où la bonne du curé fut attaquée.

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La pub sise à Paulhac mériterait, quant à elle, un bon coup de peinture !

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Le fameux coup de la bonne, gauchère, du curé de Paulhac. Et une lègère manipulation locale.

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Dans la gueule de la bête Cela rappelle quelque peu le Moloch de l’Apocalypse de la cathédrale de Mende.

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Une autre vue de la bonne gauchère du curé de Paulhac La sculpture est de Philippe Kaeppelin et a été inaugurée en juiller 1995.

La bonne du curé de Paulhac, Marie Jeanne Valet « La Pucelle du Gévaudan » aux prises avec la bête. Statue monumentale du sculpteur Ph. Kaeppelin située à Auvers. Les spécialistes du bâton et des armes de hast noteront qu’elle était gauchère. En fait d’armes il faut toujours se méfier des gauchers ! C’est cette fameuse statue qui se situe désormais à Auvers, lieu où Jean Chastel abattit la « bête » le 19 juin 1767 sur la Sogne. Etrangement elle relate l’épisode du combat contre Marie Jeanne Valet qui eut lieu le dimanche 11 août 1765 sur le petit pont de pierre situé entre le village de Paulhac et la métairie des Broussoux. On a probablement jugé que Auvers était plus « touristique » que Paulhac.

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La Maison de la Bête, ou plutôt la maison des amis de la Bête à Auvers. C’est un sympathique petit musée-exposition consacrée à qui de droit.

Mais dans ce cas pourquoi la statue d’Auvers ne représente-t-elle pas Jean Chastel tirant sur la fameuse Bête au lieu de cet épisode s’étant déroulé ailleurs ? Il est vrai qu’il existe une statue très connue de la « Bête » à Marvejols où celle-ci n’a jamais mis les pattes. Ou les pieds.

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La Bête du Gévaudan d’Auricoste à Marvejols. Les mauvaises langues affirment que la bête a été massacrée deux fois, la première par Jean Chastel, la deuxième par Auricoste ! Mais, entre nous, la « Bête d’Auricoste » ressemble bougrement à celle de Christophe Gans pour le « Pacte des Loups » et toutes les deux à un « panzer ». Mais Gans a été plus critiqué qu’Auricoste. En ce qui nous concerne nous lui préférons à celle de Marvejols la « Bête » de Saint Privat d’Allier !

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La « Bête de Saint Privat d’Allier ». Moins connue que celle de Marvejols elle est l’oeuvre de Mickael Moing

 

Où apparaît, entre les lignes, le Divin Marquis, une relation de Morangiès !

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Portrait du Divin Marquis de Sade On lui aurait apporté le Bon Dieu sans confession !

Juste un an avant le Mandement de Monseigneur de Choiseul Beaupré qui dénonce explicitement la luxure d’une certaine jeunesse gévaudanaise, le  » Divin Marquis « , Sade en personne, âgé de 23 ans, fils de Marie Eléonore de Maillé-Brezé, alliée aux Condé, de la branche cadette des Bourbons et du Comte de Sade, Seigneur de Saumane, de la Coste et du Mazan, Lieutenant Général de la Bresse, du Bugey, du Valromey et de Gex, avait été emprisonné à Vincennes pour libertinage et voies de fait, qualifiées à l’époque de  » débauches outrées  » sur deux jeunes filles dont l’âge ne fut d’ailleurs jamais précisé.

Mais les défenseurs du Divin Marquis affirme qu’il fut, comme Gille de Retz (ou de Rais ! ), victime d’une sombre machination destinée à le dépouiller de ses biens. Mais il semble bien, par contre, que Jean François Charles de la Molette, Comte de Morangiès ou de Morangias suivant la transcription en Langue d’Oc, ait entretenu des relations avec ce même Divin Marquis ce qui lui valait une réputation sulfureuse dans toute la région. Fils du Marquis Pierre Charles de Morangiès il a épousé en 1753 la fille du Duc de Beauvilliers Saint Aignan, alliance qui permet à la famille Morangiès de se hisser au sommet de la noblesse du Languedoc.

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Les armoiries de la famille de La Molette de Morangias

Il n’en sera pas moins emprisonné pour dettes et malversations et finira, ruiné, concubin d’une femme galante de mauvaise réputation qui finira par le tuer à coups de pelle à feu. Il est vrai qu’il venait juste de violer sa fille agée de six ans. Entre temps il semble, mais sans que personne ne puisse en apporter la preuve, que le Comte de Morangiès ait été enfermé un certain temps dans le château familial de Saint Alban sur Limagnole.

Cela se serait produit après que la dernière « bête » ait été abattue par Chastel sur la Sogne d’Auvers. A partir de ce moment les attaques cessèrent définitivement dans la région. Mais suivant certains auteurs elle reprirent peu à peu et d’une manière plus sporadique plus au sud. Le château de Saint Alban sur Limagnole, où fut probablement enfermé le Comte de Morangiès, est actuellement le centre d’un hôpital psychiatrique très connu !

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Le chateau de Saint Alban (XV et XVIe) devenu un important hôpital psychiatrique Les résidents logent dans le village moderne qui entoure le château.

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Le « Bestio » sur la girouette de l’église de Saint Alban en Limagnole !

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Une ombre sur la Sogne d’Auvers ![/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]