Le Kung-Fu Wushu en souriant
Réédition

Les auteurs :

Patrice Vaidie,

alias OVE  est un élève de Georges Charles et de Georges Mongenoty et enseigne le Kung-Fu Wushu de l’Ecole San Yiquan. Mais c’est également un illustrateur de talent qui manie un humour presque britannique mais quelque peu enchinoisé. Il est le comparse de Georges Charles et a illustré plusieurs de ses ouvrages. Donc évidemment celui-ci.

Georges Charles,

alias Cha Lishi, pratique depuis soixante ans cette année et enseigne depuis une quarantaine d’année les Arts du Poing de la Chine et les pratiques d’éveil et de bien-être. Henry Plée disait de lui , et il l’a aussi écrit, « Georges, concernant les Arts de la Chine, ne fait pas partie des meubles ni des murs ni même des fondations. En Occident et particulièrement en France il représente le Plan d’Occupation des Sols (POS) ! ». Et ce fut l’un des premiers enseignants de Georges Charles dans les années soixante. Après avoir pratiqué le Judo, le Karatedo, le Taekwondo (tout de même 3eme Dan du Kukkiwon à Seoul en 1973 !) il découvre, à l’occasion d’un stage d’étude aux USA, en 1969, année de Woodstock, les Arts du Poing Chinois (que l’on persiste à appeler « Martiaux » alors que Mars cet égorgeur psychopathe en jupette de cuir n’a rien à faire là dedans ! ») parallèlement à un poste de « coach assistant » en Taekwondo et à l’enseignement de l’Aïkido sur le campus de Philadelphia Institute. La richesse des techniques chinoises l’impressionne et l’incitent à découvrir ce monde alors inconnu en France.

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Aux environs de San Francisco il rencontre dans un centre d’études taoïstes un certain Shan Tian Shi (Maître Céleste – ce qui en fait est un titre) qui n’est autre que Ray Huang (Huang Renyu 1918 2000) qui avait été l’un des principaux assistants de Robert Needham de l’Université de Cambridge. Ce dernier lui confie l’adresse d’un ami résidant à Paris, également initié taoïste, qui se nomme Tai Ming Wong (Wong Tai Ming mais aussi sous d’autres transcriptions Wang Zemin (République de Chine), Wong Tse (Tsö) Ming (Hong Kong) ) qui accepte de lui transmettre son savoir. Passionné des Arts du Poing et des pratiques d’éveil il avait été l’un des disciples du Fameux Wang Xiangzhai (Wang Hsiang Chai ou Wang Yusen dit également Nibao) (1885 1963) qui avait lui-même été l’un des principaux disciples de l’Inébranlable Guo Yunshen (Kuo Yun Shen ou Fo Jun Sha) (1829 1898).

Le nom de Wang Zemin figure au dos de la pierre tombale de Wang Xiangzhai au cimetière officiel des Collines Parfumées où sont enterrés les personnalités chinoises reconnues). Il s’avère que Wang Zemin travailla également, en compagnie de la fille de Wang Xiangzhai, Wang Yufang, sous la direction du fils de Guo Yunshen, Guo Shu qui leur transmit directement le Wuxingquan (Poing des Cinq Eléments).  Mais Wang Zemin (sous le nom de Wong Tse Ming) fut également l’un des deux derniers disciples de Yip Man (Ip Man, Ye Wen, Jiut Ping) (1893 1972) ce qui est attesté dans la généalogie familiale de son Ecole de Wing Chun. Wang Zemin issu d’une riche famille chinoise (le Clan Wang de Yue résidant à Hangzhou) fut élevé chez les Jésuites français dès  l’âge de 8 ans jusqu’à 20 ans et il maîtrisait parfaitement le français et même le latin ainsi que le chinois ancien. Ce qui lui a permis de transmettre son patrimoine sans interprète interposé.

Possédant une société d’Import-Export il se réfugia en France en 1949 afin de pouvoir continuer ses affaires et il ouvrit un cours de Xingyiquan sous le nom de l’Ecole Lianhuanquan (Poing des Générations Continuelles) dès les années cinquante. Georges Charles fut le premier élève « non-chinois » de Wang et pratiqua sous sa direction pendant près de dix année. Lorsque Wang Zemin décida de prendre sa retraite, de « fermer les poings », en 1979, il légua à Georges Charles la succession de son Ecole qui se nomma alors San Yiquan (Poing des Trois Unités) selon la tradition confucéenne. Ce fait est désormais reconnu en Chine ou une stèle franco-chinoise a été érigée au Mémorial du Xingyiquan de Shenzhou dans le Hebei. Georges Charles est donc considéré comme « Maître Héritier et Successeur en Cinquième Génération » du Xingyiquan de la Branche du Hebei. Le Xingyiquan est, quand même, l’un des trois styles majeurs de L’interne (Nei Jia) avec le Taijiquan et le Baguazhuang. La succession officielle s’établit donc ainsi : Li Neng Jan (Li Luo Neng ou Li Lao Neng) ; Guo Yunshen ; Wang Xiangzhai ; ; Wang Zemin ; Cha Lishi (Georges Charles).

Georges Charles est probablement le seul occidental et même « non-Chinois » à bénéficier de ce titre (Shengren Daoshi) et de cette reconnaissance. Si il était Japonais il serait nécessairement considéré comme un « trésor national ». Mais n’en demandons pas tant.

Le livre :

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Il faut se rendre à l’évidence lorsque les Chinois n’écrivent pas en lettre romanes, donc en Pinyin Zimu, pour tenter de se faire comprendre par les occidentaux, ils dessinent. Les caractères chinois, ou sinogrammes, sont en réalité des dessins, donc des images. Souvent quelque peu abstraites, certes, mais elle représentent quelque chose de bien réel.  Dans Cai (Tsai ) (en Pinyin Zimu donc la « romanisation » du chinois) on voit un arbre, un fruit, une main. Et l’on traduit cela par « cueillir » (prendre par la queue). On pourrait, en Taijiquan, remplacer le fruit par l’oiseau.  L’image chinoise est plus « efficace » que la version occidentale. Il s’agit d’agir et non d’écrire.

Partant de cette constatation et de celle, conjointe, qu’une image vaux mille mots, Georges Charles a demandé à Patrice Vaidie de lui dessiner des images représentatives de la pratique du Kung-Fu Wushu, alias de l’Art du Poing Chinois ou mieux de l’Art Chevaleresque de la Chine. Ainsi sans connaître nécessairement les caractères chinois le lecteur se plonge dans l’image de la pratique mais, aussi, de son étude.

De multiples ouvrages, très sérieux, expliquent le comment mais plus rarement le pourquoi. Si le « pourquoi ? »

se limitait à du « cassement de gueule » la réponse serait facile : « parce que ! ». Dans le moins pire des cas ce serait « Pour gagner une médaille ! ». Mais le Kung-Fu Wushu ne se limite heureusement pas à des coups et blessures ni à un résultat sportif, fut-il honorable. Il représente également plusieurs millénaires de civilisation et la sagesse profonde et antique de la Chine. Ainsi qu’un art de santé plus destiné à prolonger la vie que de la restreindre ou de la supprimer. Il nécessite donc quelques explications.

Le but de cet ouvrage est justement d’apporter ces explications et surtout de les rendre compréhensibles à tout un chacun.
De replacer la pratique dans son contexte historique, social, spirituel. Ce sont des biens grands mots mais autrement il suffit d’enfiler des gants de boxe ou de s’inscrire à un club de tir et de ne plus se poser de question.

Ou de simplement aller sur Internet et de suivre les conseils avisés des professionnels de la profession qui montrent comment faire. En sachant néanmoins que ce sont des professionnels qui, comme les camelots sur les marchés, réussissent à vous vendre un appareil totalement inutile, voire dangereux parce qu’ils savent parfaitement le manipuler. C’est leur boulot. Et qui vous transforme une pomme de terre en rosace en quelques secondes ou un adversaire en steak haché dès qu’il vous regarde de travers. C’est la réalité mais une autre forme de réalité que la vie quotidienne. Quand leurs combines ne marchent pas « en vrai » on risque six mois d’hôpital, au mieux, ou quand, par hasard, elles fonctionnent au moins trois ans de prison. Il vaut donc mieux les prendre avec un certain humour.

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C’est aussi ce que nous faisons dans cet ouvrage. « Le plus important des sens est celui de l’humour » avait coutume d’affirmer Wang Zemin alias « Monsieur Wong ». L’humour permet de prendre un certain recul.

Hubert Beuve-Méry, le fondateur du journal « Le Monde » expliquait que « Le journalisme c’est la

proximité et l’éloignement » ou « le contact et la distance » ce qui pourrait être une très bonne et simple définition de l’art du combat. Il faut être assez proche pour « filer des coups » et assez éloigné « pour n’en point recevoir ». C’est l’essentiel de l’art de l’esquive. Mais il faut savoir aussi prendre un peu de distance pour entrevoir la réalité.

Confucius expliquait, en son temps, « On se réalise moitié par l’étude (ou la pratique) et moitié par l’enseignement (ou la transmission) » mais actuellement les deux se mêlent pour ne pas dire s’emmêlent puisque la plupart des « enseignants » ne pratiquent pas  -ou ne pratiquent plus –  (sauf leur enseignement) et n’ont peut-être jamais pratiqué. Comme dans la comptine « Il était un petit navire…qui n’avais ja-ja-jamais navigué, ohé ohé ! ». Peut-être simplement parce qu’ils n’on rien, ou pas grand chose, à transmettre sauf le « parce que ! ».

Nous avons donc souhaité transmettre ce qui mérite de l’être au travers de ces « images » qui ne sont pas seulement des « miquets » de bande dessinée.

 

Les sujets abordés :

  • Art Chevaleresque et art martial
  • L’origine des Arts Chevaleresques et les Cinq Eléments (Wuxing)
    Comprendre le fonctionnement des  Cinq Eléments (Terre ; Métal ; Eau ; Bois ; Feu)
  • Shaolin et Zen
  • San Yiquan – Le Poing des Trois Unités
  • Les Cinq Animaux et la pratique – liaison entre Art Chevaleresque et Art de Santé
  • La pratique
  • Les « blocages » suivant les Cinq Eléments : faire cesser l’attaque adverse
  • Les postures (positions de combat) et les gardes
  • Coups de pied et applications
  • Tao Yin Qigong (Qigong du Tao) : La Voie de l’Energie
  • La pratique hier, aujourd’hui, demain

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Xiang le symboleUn exemple significatif

En chinois le caractère désignant « Xiang », image-symbole, le symbole, représente la dépouille d’un éléphant mort. L’Empereur Kangxi dans son dictionnaire classique de la langue chinoise explique à ce sujet :  » Il faut rendre vie au symbole (Xiang), l’animer en volume et en mouvement sinon il pue comme une charogne ».

L’animer, lui rendre vie c’est simplement lui redonner du sens et on retrouve alors Confucius auquel un prince demandait « Si vous aviez le pouvoir (comme moi) que feriez-vous ? » Confucius répondit simplement « Zheng Ming » ce qui signifie « rectitude (des) noms », donc redonner aux mots leur valeur. En chinois « populaire » Zheng Ming signifie simplement « Bon Sens ». Il faut non simplement « redonner du sens » mais encore du « bon sens ».

G.C.