Le tir à l’arc et le Qigong du Tao (Tao-Yin Qigong)
Par Georges Charles Membre du Conseil des Sages du Fonds International pour la Préservation des Arts Martiaux. Shengren Daoshi (Maître Héritier) de l’Ecole San Yiquan.
Une autre vision de la pratique du Qigong ! Ou ce qu’on peut écrire sur l’Arc
Qiqong ou Qi Gong littéralement « pratique souffle ». En chinois classique l’arc détendu se dit Chi Gong ! Bon, c’est vrai, j’aurais pu vous dire « Le Qigong c’est chinois, c’est ancien et ça soigne des tas de trucs et puis on vous propose une formation » Ou « Le Qigong consiste à élever la main comme çi ou comme ça, en la suivant du regard, avec un air entendu et un vague sourire intérieur » Mais on a préféré aller un peu plus loin. Désolé !
Tao Yin Fa Chi Kung ou Daoyinfa Qigong. Le second caractère à partir du haut est Yin et représente l’arc et à coté la corde L’arc est prêt à être tendu Le caractère Yin dans ce cas signifie : préparer, entretenir, être préparé mais aussi faciliter, attirer à soi, s’approprier (rendre propre en opposition à commun)
Taoyin et Kungdao (en japonais Do In et Kyudo) Photo et montage de Gérard Depreux sur l’indication de Georges Charles
A gauche l’arc chinois avec la corde détendue. C’est l’image symbolique, et le caractère chinois classique Yin de Tao Yin (dans le cercle orange à gauche). A droite l’arc chinois avec la corde tendue sur l’arc. C’est l’image symbolique, et le caractère chinois, Gong (Kung) l’arc (dans le cercle orange à droite). En haut le Ciel, au milieu l’Etre humain, en bas la Terre. L’arc, au travers de la corde réunit les trois en un.
Il faut placer la corde sur l’arc. Et il faut tendre l’arc pour le préparer à recevoir la flèche et effectuer le tir Le Yijing indique dans le deuxième Hexagramme « Kun » : « Sans préparation rien qui ne soit possible » Entretenir l’arc pour le tendre c’est littéralement « tenir l’arc entre les jambes » pour ployer l’arc et étendre la corde.
Jadis le Qigong du Tao (Tao-Yin Qigong) (Daoyin Qigong) se disait Tao-Yin Shen Ti (Daoyin Shendi) ou « Etendre (Esprit/ciel) et Ployer (Terre). Etendre et ployer c’est la pulsion originelle du Taisu (Grand Flux) mais également le fondement de l’Alchimie Taoïste (Neidangong) (Alchimie = solve coagula ou Spagus Ageïren dans les formes latines (rapide et sèche) ou grecque (lente et humide) ) Il faut ployer l’arc vers la terre et étendre la corde vers le ciel pour que la Terre et le Ciel se réunissent au travers de l’Etre Humain *. Etre Humain, c’est être humain et non seulement l’homme fut-ce avec une majuscule (Homme). En chinois Ren (Jen) qui représente le genre humain (humain being) et non seulement l’homme adulte mais aussi la femme et l’enfant et même le vieillard. En français on sait que l’homme embrasse la femme, si celle-ci y consent, mais ne l’englobe pas ! Etre humain, ou devenir plus humain, n’est-ce pas tout un programme ? Et il y a encore du boulot.
Un Etre Humain réalisé (Zheng Ren) qui respecte le Ciel, la Terre et la multitude des êtres (Wan Wu) c’est ce que propose la pratique du Qigong du Tao (Tao-Yin Qigong) depuis plus de deux millénaires. Le Prince Liu Han dans le traité N°7 du Houai Nan Tseu (Wainanzi) prévenait déjà, concernant le Qigong du Tao (Tao-Yin Qigong), en 250 avant notre ère « Méfiez vous des gymnastes ils ne connaissent que les postures ! »
Préparer l’arc pour le tir c’est littéralement Tao Yin ce qui en japonais se dit Do In. Il convient, littéralement, d’entretenir l’arc et , pratiquement, de « tenir l’arc entre les jambes » C’est aussi, littéralement et pratiquement, une question de « savoir faire » ce qui se dit et se dessine en chinois « Gong-fu » ou « Kung-Fu ». Sans cette préparation, cet entretient, cette compétence pas de tir à l’arc possible ! Et il en est de même en « Qigong » puisque sans Daoyin (Tao Yin) pas de Qigong possible ! Mais évidemment on peut aussi « monter la main comme çi ou comme ça… »
Où il est question d’Art Chevaleresque !
Lorsqu’en 1936 Eugen Herrigel (1884 1935), diplomate et disciple du Maître Awa, publie « Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc » (Zen in der Kunst des Bogenschiessens) il n’est pas encore question d’ « Art Martial », fut-ce avec des majuscules ou des guillemets. Il s’agit tout simplement d’expliquer aux occidentaux que l’art japonais du Kyudo dépasse, et de loin, le simple fait technique de planter à distance une flèche dans une cible.
Il y est question de se réaliser au travers d’une pratique spécifique qui appartient de plein droit au « Ritsu Zen », donc à une forme de « méditation active » liée un courant philosophique, humaniste et religieux appartenant au Bouddhisme. Plus précisément au Bouddhisme de la branche du Dhyâna, née aux Indes, et connue en Chine sous la dénomination de Chan (Tchan). Or la racine sanscrite du Dhyâna signifie « agir centré » que l’on a traduit par « méditation ».
Les premiers traducteurs occidentaux, généralement des Pères Jésuites, qui transcrirent ce sanscrit avait une connaissance du grec et du latin, donc des racines et des significations, sinon des signifiants. Ils utilisèrent donc le terme « méditation » dans sa signification originelle de « agir-centré » donc « medius » (au centre, ce qui se situe au milieu, comme le médius se situe au milieu des doigts) et « axion » (agir, faire, actif). De fait, les Indiens différenciaient deux formes de « méditation », la forme active, le Dhyâna et la forme passive, ou assise : Asana Dhyâna. Dans ce cas Asana signifie « assise » puisqu’il s’agit d’un rituel brahmanique destiné à « offrir un siège » à une divinité que l’on souhaite honorer. Par la suite Asana est devenu synonyme de la « posture » que l’on utilise, par exemple, en Yoga.
Originellement il était donc question de « Méditation » (Dhyâna) ou « Agir centré » et de « Méditation en posture assise » (Asana Dhyâna) ou « Agir centré en position assise ». Les Chinois préférèrent utiliser les termes de Zhan Chan – Méditation debout donc active – et de Zhou Chan – Méditation assise donc passive. Ce qui fut traduit en Corée par Sa Sôn et So Sôn puis au Japon par Ritsu Zen et Za Zen. Malheureusement les termes « actif » et « passif », ayant remplacé « debout » et « assis », furent pris au pied de la lettre. La pratique se tournant vers la « non-intervention », voire la « non-action », et l’intériorisation, voire l’introspection, on abandonna donc peu à peu la pratique originelle, devenue suspecte, pour la remplacer par une posture dite de « Recueillement parfait ». Les formes chinoises, probablement issues des Indes, de « gymnastique bouddhiste » telles que le Yijingking Xisuijing aussi nommées Yi-Jin-Jing (I Chin Ching, Yi Gin Ching, Yi Jin Fa, Joo Yeok en coréen, Eiki Kinkyo en japonais) furent donc peu à peu oubliées et dépréciées. Un peu domme le Zen a oublié Bodhidharma au profit de Hui Neng. A tel point que la musculation, le bodybuilding, sinon la « gonflette », et le stretching ou le Pilates ont peu à peu remplacé ces méthodes classiques tant au temple de Shaolin, berceau du Chan en Chine, que dans les Kwoon, Tao Jang et autres Dojos japonais et clubs occidentaux !
Entre l’Etre simplement humain et le paraître il a fallu choisir. Et il nous reste maintenant l’Art Martial américanisé, le « Martial Art » pratiqué par des « Martial Artists », qui a détrôné l’Art Chevaleresque si cher à Herrigel. Comme il faut choisir entre la fédération et l’école traditionnelle, le diplôme et la connaissance, la médaille et la réalisation.
Entre la « bravoure chevaleresque » de celui qui s’oppose à la violence, comme le décrit le caractère chinois Wu ou le caractère japonais Bu que l’on retrouve dans Wushu ou dans Budo ou Bujutsu puisque le sinogramme (caractère) décrit le fait d’arrêter une lance – celui qui par sa rectitude arrête l’usage des armes – et le caractère martial lié à la divinité romaine de la guerre, Mars, ou Ares chez les grecs, il y a tout un univers qui semble quelque peu oublié de nos jours. Donner comme exemple un égorgeur psychopathe en jupette de cuir qui se revêt des peaux de ses ennemis écorchés vifs – dixit la tradition greco-latine – ne semble pas être conforme à l’image de la sagesse ou, simplement, du bon sens. Mais on a les héros qu’on peut. Donc les ennuis qu’on veut. Pourtant, la vision occidentale de la Chevalerie ne différait pas trop de celle qui fut prônée en Extrême-Orient, preuve en est ce poème extrait du Roman de la Rose de Jean de Meung, mort en 1305 :
LA VRAIE NOBLESSE
« Je réponds que nul n’est racé, S’il n’est aux vertus exercé, Noblesse c’est coeur bien placé, Car gentillesse de lignée, N’est gentillesse de rien, Si un grand coeur ne s’y adjoint. Quiconque vise à la noblesse, D’orgueil se garde et de paresse, S’exerce aux armes, à l’étude Dépouille toute turpitude. Humble coeur ait courtois et doux, En toute occasion pour tous, Sauf envers ses seuls ennemis, Quand l’accord ne peut être mis«
Ce qui diffère, par contre, c’est que l’arc, considéré en Orient comme l’arme la plus noble est considéré en Occident comme une arme de manant ou de croquant. Donc utilisé par la piétaille, la valetaille et la ribaudaille, et, surtout, les « Maudits Godons » de Crécy, donc les archers gallois ! En Occident, et particulièrement en France, les nobles ne chassaient pas à l’arc mais à courre donc à cheval, et il convenait de « servir » (donc de tuer) l’animal (conséquent) à l’épieu, ou au faucon pour le petit gibier.
Les Normands ayant amené avec eux ces bonnes manières en Angleterre, l’arc y était également l’arme de la paysannerie (les fameux archers gallois et leurs « long-bows »). Entre nous, et en réalité Robin Hood devrait se traduire par « Robin la capuche » ou « Robin la cagoule », donc « Robin la racaille » (« La Caira ») et non pas par Robin des Bois ! Mais c’est évidemment, suivant l’imagerie du cinéma anglo-saxon, le gentil Anglais et Saxon qui s’oppose aux vilains Normands. Mais qui est quand même anobli, à la fin, par Richard Coeur de Lion qui, soit dit en passant est Normand (mi Français – mi Normand !) puisque le fils d’Aliénor d’Aquitaine.
Au Japon, comme en Chine et en fait dans tous les pays de tradition confucianiste, le tir à l’arc fut considéré, au même titre que la calligraphie ou que la poésie, comme un art noble. Le fameux Livre du Cérémonial (Yili ou I Li), partie intégrante du Livre des Rites (Liji ou Li Ki) dont on attribue la rédaction à Kongzi, donc à Confucius, traite très longuement et avec une précision minutieuse du tir à l’arc dans tous ses aspects : 37 pages pour le Tir de l’arc et 40 pages pour le Grand Tir de l’Arc dans la version de Séraphin Couvreur.
En voici un simple extrait :
« Le Prince se préparant à tirer à l’arc, il se découvre le bras gauche, met son doigtier au pouce de la main droite et une manche de cuir sur le bras gauche, prend son arc, enfonce trois flèches sous sa ceinture, en tient une quatrième des deux mains, ainsi que son arc. Le prince conserve sur le bras gauche la manche de sa tunique rouge, le prince fait fléchir son arc pour voir si il a l’élasticité voulue… »
Ce qui implique bien évidemment que les princes se devaient, nécessairement, de savoir et de pouvoir tirer à l’arc dans un grand cérémonial réunissant toute la cour et que, par conséquence, il se devaient naturellement de montrer l’exemple à tous. Pour ceux qui en douteraient encore voici ce que relate Marcel Granet dans La Civilisation Chinoise (Albin Michel) (page316)
« La vraie épreuve de noblesse, car les nobles sont avant tout des guerriers, est la joute du tir à l’arc. Elle ne conserve rien de la brutalité d’une épreuve d’habileté ou de bravoure au sens vulgaire de ces mots : c’est une cérémonie musicale réglée comme un ballet où l’on doit se montrer habile aux beaux saluts et brave dans ses habits. Tous les mouvements doivent se faire en cadence et la flèche qui n’est point partie sur la note juste ne peut jamais toucher le but, ou du moins ne compte pas. Les archers en avançant, en reculant, en tournant, en se retournant doivent toucher au coeur (Tchong ou Zhong) des règles rituelles; Au dedans une correcte (Tcheng ou Zheng) attitude de l’âme, au dehors une droite (Tche ou Zhi) attitude du corps. Voila ce qui permet de dire qu’on a touché le centre (Tchong) de la cible. Et c’est ainsi que se fait connaître la Vertu (Tö ou Te ou De). D’un prince qui tout le jour tire à l’arc sans qu’aucune flèche ne dévie on dira tout de suite qu’il peut régner : il peut écarter les calamités ! «
Au Japon l’art chevaleresque le plus noble consistait, devant l’empereur, en la cérémonie annuelle du « Tir à l’arc à cheval » ou Yabusame. Cette cérémonie fut entreprise pendant la période de Nara (645 724) et se perpétue de nos jours où trois grandes familles, les Clans Miura, Takeda et Ogasawara incarnent cette tradition plus que millénaire.
Dans la tradition chinoise tant que dans la tradition japonaise l’arc représente, en quelque sorte, l’aboutissement d’un idéal.
Donc un symbole essentiel concernant l’étude, la pratique et la réalisation des Arts Classiques du Tao.
Phra Ram ou le Roi Rama l’archer céleste du Ramayana On retrouve le tir à l’arc dans la symbolique bouddhiste. Bronze doré Coll. GC. On y retrouve aussi le tir à l’arc sans arc comme dans le Baduanjin ou le Tao-Yin Apsara dansante (en Chine on dirait que sa main gauche « repousse le Tai Shan » et que sa main droite « saisit la queue de l’oiseau ».
Si on excepte la position de la jambe droite (une femme, fut-elle danseuse, se doit de respecter les bonnes moeurs !) on est très proche de la statuaire de Pha Ram.
Où il est doublement question d’Arc !
Ce n’est donc pas un simple hasard si les caractères Kyudo, désignant le Tir à l’Arc rituel japonais, Art Chevaleresque si il en est, et les caractères Tao-Yin (Daoyin et par extension Do In) sont semblables à un trait près : La corde de l’arc est visible, donc importante, dans le caractère Yin (entretenir) alors qu’elle se fait discrète dans le caractère Gong (arc).
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce rapprochement n’avait jamais été effectué, donc publié, à ce jour, du moins à notre connaissance.
Voilà qui est fait et qui sera, heureusement, repris.
Il suffit de comparer les deux versions chinoise du Tao Yin (Daoyin) et japonaise du Kyudo pour comprendre qu’il existe bien une relation plus que sérieuse entre ces deux pratiques.
Il est donc significatif que Wang Yang Ming (Wang Shou Ren ou O’Yomei) dans le Chuanxi Iu II explique à propos de l’étude (Xue) :
« Il en va de même pour l’étude du tir à l’arc : il faut empoigner l’arc, fixer la flèche dessus, le bander et viser la cible. Pour apprendre à calligraphier il faut étaler le papier, saisir le pinceau et en tremper la pointe dans l’encrier. De tous temps et en tout lieu, rien n’a jamais pu s’appeler « étude » qui n’ait impliqué de l’action. Se mettre à étudier c’est déjà agir ».
Dans son ouvrage Histoire de la pensée chinoise (Editions du Seuil), Anne Cheng explique :
« Connaître la nature humaine consiste d’abord à la mettre en oeuvre et agir revient surtout à approfondir la connaissance de soi : on peut alors parler de connaissance « authentique » qui, engageant la totalité de l’être, est déjà action. Pour Wang Yangming, qui fut lui-même homme d’action, il n’est pas de véritable étude sans pratique (gongfu) avec ce qu’elle comprend d’entraînement quotidien au contact de la réalité ».
Les caractères chinois Tao Yin (Daoyin) : la corde en plus !
Le caractère du bas représente bien un arc composite (3 parties) et, la corde de l’arc qui est posée à coté.
arc chinois détenu. La corde est posée à côté, donc représente un élément séparé de l’arc.
Les caractères japonais Kyudo (Voie de l’Arc) : la corde en moins !
Arc chinois (Gung ou Kung, en japonais Kyu) tendu. La corde fait désormais partie intégrante de l’arc qui est donc prêt à être utilisé pour le tir. Le caractère Gong ou Kung de Gongfu ou Kung Fu représente « la force du tendon » donc de cette corde une fois tendue sur l’arc.
Qigong ou Chi Kung. Le dernier caractère à droite (Gong ou Kung) indique la « force du tendon » donc de la corde d’arc en tension.
L’arc (Gong ou Kung) et la cible (Zhong) dans une gravure chinoise ancienne (Liji -Livre des Rites)
Le caractère Dian ou Tian de Dantian ou Tan Tien désigne originellement la cible placée dans le « champ de tir ». Il est encore question d’arc et de tir à l’arc et surtout de « rituel ».
Caractère Dan (Tan) : le cinabre : juste au centre de la cible !
Caractère Chan (chinois) ou Zen (Japonais) issu du Dhyan (Indien)
A gauche le caractère (clé) Shi : révéler, révélation, ce qui est lié à une force spirituelle, à l’esprit, à un esprit (Ming Shen – les Esprits lumineux et brillants qui animent l’Essence (Jing) suivant le Wainanzi ou Houai Nan Tseu – Chapitre VII). A droite (au dessus) : deux bouches qui chantent pour se donner du courage. A droite (en dessous) : une antique fourche ou pelle qui sert à nettoyer et niveler un terrain afin d’y pratiquer un rituel.
Chan est la pelle rituelle des Bouddhistes. On reconnaît, encore, la cible et son centre (Zhong). Zhong, le centre, est le bruit que produit la flèche en atteignant le « coeur de cible » donc la « mouche ». « Faire mouche » c’est atteindre le centre de la cible donc le résultat escompté, le but.
Pour la Voie du Tao Zhuagzi (Tchouang Tseu) affirme :
« C’est en marchant que la voie est tracée ; c’est en nommant que les choses sont délimitée ainsi…La juste mesure permet la pratique, la pratique amène un résultat, le résultat représente le succès. Parvenir au succès est proche du Tao. Il faut affirmer les faits ! » (L’oeuvre Complète, Tchouang Tseu II 2 -Philosophes taoïstes bibliothèque de la Pléiade p. 97 ) (P.S. je préfère d’autres traductions dont celle de Wang Zemin – voir plus bas )
Il aurait fort bien pu ajouter « c’est un fait, ceux qui le récusent sont des Jean-foutres ! ». Il est bien question d’action sans (nécessairement) chercher à intervenir (non-intervention ou non-ingérance) (Wei Wuwei) et non de ne « rien foutre » comme le croient et l’affirment certains taoïstes du dimanche qui restent assis. Ce que Audiard dans « Un taxi pour Tobrouk » exprime parfaitement « Un con qui marche ira toujours plus loin que deux intellectuels assis ».
Il va de soi que la pratique du Tao-yin du Ling Pao Ming transmise au sein de l’Ecole du Poing des Trois Harmonies – San Yiquan – contient à la fois un enchaînement particulier du « Tir à l’Arc » ainsi qu’une explication, qui y est couplée, basée sur la calligraphie. Cet enchaînement implique la structure (Ti) correspondant à la pierre à encre, la forme (Xing) correspondant à la pierre d’encre, l’essence (Jing) correspondant à l’eau qui permet de liquéfier l’encre, au mouvement (Dong) qui réunit les trois (San), au pinceau qui correspond au souffle (Qi), à la feuille de papier qui correspond à l’intention (Yi), à l’image qui correspond à l’esprit (Shen) et à ce qui est engendré, c’est à dire « autre chose encore », donc la calligraphie et son effet.
Le but de la calligraphie est de provoquer quelque chose : elle agit.
La calligraphie, comme le tir à l’arc, est donc « action centrée », méditation au sens propre du terme. Dans le tir à l’arc on saisit l’arc (Structure Ti), on tend la corde (Forme Xing), on place la flèche (Souffle Qi), on voit la cible (Intention Yi), on vise la mouche (Esprit Shen) et on décoche (Wuwei – Non Intervention -). La « Non Intervention » est l’acte essentiel du tir à l’arc qui permet d’aboutir à « autre chose encore » (Hua) qui permet la transformation (Yi).
« Dans certaines circonstances, ne rien faire c’est déjà agir »
explique Wang Yang Ming. Dans le tir à l’arc, comme dans la calligraphie, dans le Tao-Yin ou la méditation c’est l’instant décisif où, lorsque tout est en place, il suffit de ne pas intervenir pour que l’acte essentiel se réalise. Le décocher de la flèche ou la libération de l’image (Xiang). Dans ce cas « Agir est facile ! »(Xing Yi) ajoute Wang Yang Ming dans Da Xue (La Grande Etude). « Agir Centré en attirant à soi la Voie » (Tao-Yin) ou « Agir Centré en facilitant la progression sur le Chemin »correspond à une conception de vie que n’aurait pas désavoué Wang Yang Ming et qui se base sur l’équilibre et la rectitude dans le respect d’autrui et de la nature.
Pas dans un endormissement servile.
Ce qu’on ne vous a pas dit sur l’arc !
» Il n’est pas de véritable étude sans pratique (gongfu) avec ce qu’elle comprend d’entraînement quotidien au contact de la réalité ». Wang Yangming cité par Anne Cheng dans Histoire de la Pensée Chinoise (Seuil)
Voilà un bon principe clairement énoncé ! Comme il semble donc difficile de parler d’arc si on ne connaît pas du tout son mode d’emploi et son utilisation. Comme il est difficile de parler de Tao-Yin (Daoyin) si on ne pratique pas. Comme il est difficile de parler du Tao si on ne pratique pas.
Lorsqu’on observe le caractère Yin composant le terme Tao-Yin on se rend compte qu’il s’agit d’un arc et d’une corde. Lorsqu’on observe le caractère Gong qui signifie plus simplement arc, on se rend compte que la corde n’est pas indiquée. Elle fait partie intégrante de l’arc Yin (Ricci 5778), dans ce cas signifie « tendre la corde d’un arc », par extension étendre, guider, conduire, introduire, amorçer. Ricci ajoute « Tao-Yin : Mener, guider, diriger. Gymnastique pour parvenir à l’immortalité ». Ce qui est confirmé par Couvreur qui explique encore : « Retirer ou contracter et étendre, se retirer ou se contracter et s’étendre. Etendre et replier les membres, sorte de gymnastique prescrite aux malades ».
Lorsqu’il est question de Yin (dans le caractère Tao-Yin), la corde de l’arc est visible car il convient, comme au tir à l’arc, de placer cette corde sur l’arc pour le tendre. Si l’arc n’est pas tendu il ne peut pas être bandé pour le tir et celui-ci n’aura pas lieu. C’est la vision occidentale du « non-agir » – pas d’arc, pas de corde, pas de flèche, pas de pas de tir, pas de cible, pas de mouche, pas de décocher, pas de tir, pas d’archer, pas de résultat, pas de Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc !
Mais beaucoup de bla-bla-bla puisqu’on se trouve obligé de remplacer l’action par l’explication, ou mieux, la justification, sans qu’il n’y ait implication ni application. La vision relatée par Zhuangzi, le Maître du Wuwei, est toute autre.
Elle est reprise par Wang Yang Ming : Il convient de placer la corde sur l’arc pour le tendre, c’est la préparation (Yi Yin). De saisir et de présenter l’arc. C’est ce qui s’attache à la structure corporelle (Ti) (os et articulations), cela correspond à l’hiver. D’éprouver la corde comme précisé dans le Cérémonial. C’est ce qui s’attache à la forme corporelle (Xing) (Muscles et tendons), cela correspond au printemps. De placer la flèche et de tendre l’arc. C’est ce qui s’attache au mouvement de l’énergie (Dong Qi) (circulation et souffle), cela correspond à l’été. De porter toute l’intensité de son regard sur la cible. C’est ce qui s’attache à l’intention (Yi), cela correspond à la cinquième saison de Terre. De viser la mouche, donc le centre de la cible. C’est ce qui s’attache à la libération de l’esprit (Shen) et du souffle (Qi). La mouche (point noir au centre de la cible) représente le miroir dans lequel se voit l’archer. De procéder par le principe de la non-intervention ( Wei Wu Wei) au « décocher de la flèche » C’est l’acte essentiel du tir qui consiste à laisser faire. A ne rien faire lorsque tout ce qu’il y avait à faire a été fait. Sans intervenir, donc sans ingérance. C’est à la fois tout tenir (maintenir et contenir) et laisser faire, donc lâcher prise. Il faut à la fois surtout ne rien lâcher puis, au bon moment, lâcher prise. Mais sans prise de l’arc, de la corde, de la flèche de la visée pas de tir ! C’est le principe du Retour (Fu) qui est le mouvement du Tao. Si la flèche atteint la cible on se rapproche du Tao !
« La juste mesure permet la pratique. Pratiquer c’est chercher à atteindre un résultat. Atteindre ce résultat c’est s’approcher du Tao. Il faut affirmer ce fait » (Zhuangzi – Tchouang Tseu II 2 Traduction SJ Wieger)
« La juste mesure permet la pratique, la pratique amène un résultat, le résultat représente le succès, parvenir au succès est proche du Tao, il faut affirmer les faits ». (Zhuangzi – Tchouang Tseu II 2 – traduction Liou Kia Hway). Mais je préfère, et de loin, cette traduction de Wang Zemin (1909 2002) – notes personnelles G.C. –
Tout est au présent. C’est l’action.
« C’est en parcourant le chemin que la voie se trace. C’est en les nommant que les choses se précisent. La juste mesure permet la pratique. Pratiquer c’est chercher à atteindre un but. Atteindre ce but c’est enlacer le Tao. Il faut simplement affirmer ce fait ».
On comprend alors qu’il s’agit plus que d’un simple tir puisqu’en libérant son esprit lors du décocher l’archer se rapproche du Tao. Concernant le Tao, le sinogramme ancien montre la tête d’un homme recouverte d’un couvre chef à cornes placée à coté d’une route sinueuse. Il s’agit d’un chef de clan, donc l’insigne distinctif bien connu des préhistoriens est une coiffe portant des bois de cerf ou de renne, et qui indique le bon chemin, la bonne voie aux membres de son clan comme le chef de la harde guide celle-ci vers sa destinée. On retrouve ici deux symboles distinctifs très anciens puisqu’attachés à la préhistoire : l’arc et la tête du chef de clan revêtue d’une coiffe à cornes.
Dans les deux cas, l’arc de Tao-Yin, comme le chef – ou la tête – de Tao, c’est ce qui se trouve le plus élevé dans la hiérarchie. C’est probablement qu’il y a une raison et qu’il existe une toute autre mesure entre le Tao-Yin Fa (Pratiques d’entretien de la Voie) ou le Tao-Yin Chi Kung (Daoyin Qigong) ou Pratique énergétique de l’entretient de la Voie et le « Qigong » en tant que simple « travail respiratoire » tel qu’il est souvent proposé de nos jours. Le premier est une Voie, le deuxième un vulgaire expédient.
C’est ce qu’exprime le Prince de Huai Nan (Wainan), Liu Han, dans le chapitre VII du Houai Nan Tseu (Wainanzi ou Huainanzi ou Wai Nan Zi) au IIeme siècle avant J.C. (Traduction S.J. Larre (1919 2001) de l’Institut Ricci).
« Méfiez vous particulièrement des gymnastes, ils ne connaissent que les postures. Ils appliquent l’art du coeur selon un schéma purement corporel. Là où il faut entendre les relations parfaite au travers des souffles de la Terre et du Ciel, ils entendent les échanges entre l’appareil respiratoire de l’homme et l’air extérieur. Tout le reste de leurs exercices physiques est prescrit dans la même optique insuffisante. Nous savons bien que les immortels comme Wang Kiao et Tche Sang Tseu pratiquaient cette respiration des gymnastes (pratiquants de la gymnastique taoïste), mais eux ne s’en tenaient pas là. Ceux qui veulent s’enliser dans le « Yang Xing » (nourrir la forme – forme uniquement corporelle) n’ont qu’à suivre ces gymnastes. Libres à eux. Nous leur disons simplement que les Tchen Jen (Zhen Ren) ou « Etres Réalisés », n’ont pas pratiqué cette voie là »
C’est la différence qui existe entre l’Art Chevaleresque décrit par Herrigel et les arts martiaux fédéraux. C’est la différence qui existe entre le tir à l’arc sportif et le Kyudo ou le Grand Rituel du Tir à l’Arc à la Cour d’un Prince décrit par Kongzi dans le « Cérémonial ».
Encore un simple exemple. Le dictionnaire classique de la langue chinoise de Couvreur paru en 1890 et qui reprend le dictionnaire classique de l’Empereux Kang Hi (Kang Hsi ou Kangxi), le Kang Hi Tseu Yien, imprimé en 1716, donne dès le premier caractère Yi (I) (Un) la définition suivante :
» Où la matière primordiale Un a produit le deux. Tenir l’arc tantôt débandé, tantôt bandé. Tantôt repos, tantôt mouvement. Tantôt ordre, tantôt trouble « .
C’est la définition impériale, ou cardinale, du premier caractère de l’ « éctiture » chinoise en précisant que le chinois classique ne s’écrit pas mais se calligraphie, donc se dessine !
Et ce qu’on vous a encore moins montré !
Dans Tao-Yin, ou Daoyin, la corde qui se tient à coté de l’arc doit être disposée sur l’arc afin de tendre celui-ci. Tao-Yin signifie, en effet, « entretenir la Voie » mais aussi « Etendre et Contracter ». Le terme ancien était : Tao-Yin Shen Ti « Etendre et contracter Ciel (Esprit) et Terre » En s’étendant et en se contractant dans le principe du Tao-Yin Shen Ti on opère cette « relation parfaite au travers des souffles de la terre et du ciel ».
Encore faut-il placer la corde sur l’arc (préparation ou Yi Yin Fa), donc tendre celui-ci afin qu’il puisse être bandé afin de pratiquer le tir et le décocher. Pour placer la corde sur l’arc il faut tenir celui-ci entre les jambes : entre-tenir ( le Yin de Tao-Yin) ! Il convient alors de ployer l’arc (Yin) et de tendre la corde (Yang). De placer la corde tendue dans l’encoche de l’arc plié. Et on obtient alors l’arc (Gong). La corde n’est plus visible puisqu’elle fait désormais partie intégrante de l’arc. Il est donc inutile de la représenter. Mais on peu désormais utiliser l’arc tendu en le bandant. Dans ce cas l’arc et la corde se ploient harmonieusement. Image de la force et de la souplesse. Le reste n’est que « Non-Intervention »
« Si on me demande qu’est-ce que le véritable esprit de méditation ? Je réponds qu’il consiste à maintenir en tous temps un coeur bienveillant et compatissant, que l’on parle ou que l’on remue son couse en écrivant, que l’on soit en mouvement ou en repos, que la chance soit bonne ou mauvaise, que l’on soit dans l’honneur ou la honte, ramassant tous ces éléments en un seul acte, dirigeant et concentrant l’énergie avec la force d’un roc de fer sous le nombril » Hakuin Zenki – Orate Gama
L’arc détendu donc inversé avec la corde posée (arc coréen de GC)
Le terme classique désignant l’arc détendu est Chi Gong Le terme classique désignant l’arc tendu est zhang Gong C’est la graphie de l’ancien caractère Yin que l’on retrouve dans Tao Yin (Daoyin ou Do In en japonais)
Comparez la photo au deuxième caractère : Yin Quelques explications et implications permettant des applications « Un expir, un inspir c’est la respiration, la respiration c’est la vie » Prince Liu Han dans le Wainanzi Chapitre VII Une certaine explication de la cosmogonie chinoise suivant la transmission de Wang Yang Ming dans l’Ecole de la Pureté du Coeur (Xinxue) effectuée au sein du Clan Wang de Yue et transmise à Georges Charles par Wang Zemin (Wang Tse Ming) (1909 2002).
Wuji : le « non-faîte » Ce n’est pas l’absence de faîte. C’est la non-présence du faîte. Lorsqu’un élève est inscrit à un cours et ne vient pas à ce cours il est absent de ce cours. Lorsqu’un non-pratiquant n’est pas inscrit à un cours et qu’il ne vient pas à ce cours il est ailleurs, donc non-présent mais il n’est pas absent. Un non pratiquant non inscrit et non présent possède en lui le potentiel de la pratique Un pratiquant inscrit et non présent à un cours perd le potentiel de cette pratique. Il a choisi de venir mais il est absent. Et le cours a lieu sans lui. Wuji c’est le Tao non encore manifesté.
Il s’agit d’un arc moderne du XXe siècle, composite, mais fabriqué traditionnellement en Corée en bois, laiton et corne synthétique. Il correspond aux arcs « à double courbure » utilisé depuis des millénaires en Chine.
Tai Yi : La Grande Unité C’est la manifestation du Tao. Elle possède en elle le potentiel des toutes les choses et de tous les êtres (Wan Wu).
La Dualité Yin Yang Pei Yin Pei Yang Shang Wei Dao Un Yin Un Yang c’est simplement le Tao Tai Yin (Grand Yin) Tai Yang (Grand Yang) Shai Yin (Petit Yin) Shao Yang (Petit Yang)
San Jiao : Les Trois Trésors
Le Ciel, La Terre et entre deux les Dix Mille Etres (Wan Wu) et « être humain » (Ren) Les différentes parties de l’arc : Extrémité de la branche de l’arc : Xiao Branche de l’arc : Yuan Branche inférieure de l’arc (Terre) Xia Yuan Branche supérieure de l’arc (Ciel) Shang Yuan Poignée de l’arc (Dix Mille Etres et Etre Humain) (qui est « au centre ») Fu Corde : Xian Coche de l’arc (ou l’on place la boucle lorsqu’on le tend) Mi Rainure de la corde Kou Arc détendu Chi Gong (correspond au caractère Yin de Tao Yin) Arc tendu Zhang Gong (correspond au caractère Gong signifiant arc ou Kuy en japonais).
La Branche Céleste (Tian)
La Branche Terrestre (Tu) et la branche céleste (Tian) se réunissent grance au « Centre » (Zhong) symbolisé par la poignée (Fu). L’arc est détendu (Yin) C’est le caractère Yin de Tao Yin ou de Yi Yinfa
Tao Yin c’est le Tao et l’arc non encore tendu puisqu’on voit la corde. C’est « entretenir la Voie » (mettre les choses en ordre pour pouvoir l’emprunter)
Lorsque l’arc est tendu on atteint le De (Te ou Tö) ; l’efficace, la vertu. Mais le Yijing affirme « Sans préparation rien qui ne soit possible »
Le Yi Yinfa (préparation) est donc nécessaire au Tao-Yin comme il est nécessaire de tendre l’arc avant de pouvoir le bander ! Mais Yin représente l’arc et la corde qui repose à coté. C’est aussi un arc détendu. Donc sans tension. Comme dans le Yi Yinfa. La courbure est inversée (Ni)
L’arc est tendu (Gong, Kung) C’est le caractère Gong de l’arc mais aussi Kyu (japonais) de Kyudo. La courbure est « normale » Shun Les « choses sont donc en place »
L’arc, la corde, la flèche. La flèche représente à la fois le mouvement (Dong) et le Souffle (Qi ou Ki). Symboliquement elle représente aussi le chiffre 4. Les Quatre Orients mais aussi la mort C’est pour cela qu’elle doit être mise en mouvement pour se tourner vers la vie. C’est le symbolisme d’une technique de tueur à distance (de « snipper ») qui se transforme en « Art de Vie » et en « Art d’Eveil ». C’est passer de l’art de guerre (Bujutsu ou Wushu) à l’Art d’Eveil et à l’Art de Vie (Budo ou Yang Sheng Fa) Il faut savoir et pouvoir le faire surtout si l’arc est puissant ! On peut facilement se blesser avec un arc si on commet une erreur dans cette opération essentielle ! D’où le « savoir faire » ou Gongfu – le Kung-Fu ! Il y a le faire Il y a le savoir Il y a le savoir faire Il y a le faire savoir il y a aussi le savoir faire faire ! Ce qui permet d’atteindre le Wuwei Mais mieux vaut faire que savoir.
Mieux vaut être bienfaisant que savant ! G.C.
La corde réuni le Ciel et la Terre Notez la courbure inverse (Ni) de l’arc.
Yi « entretenir » L’arc est « tenu entre les jambes » pour être ployé. C’est l’origine de la « Posture de l’Arc » Gongbo ou Gung Bo (Zen Kutsu Dachi au Japon)
Il faut employer « Gong Li » la force physique et « Gong Fu » le « savoir faire » pour placer la corde sur l’arc et tendre celui-ci L’arc est ployé vers la terre La corde est étendue vers le ciel Tao Yin Shen Ti désignait jadis le Qigong et signifie littéralement « Etendre et ployer entre Ciel (Esprit) ou Shen et Terre (Ti) » On passe du Yi Yinfa (forme préparatoire) vers le Tao Yin (Daoyin ou Do In en japonais) Forme d’application du Souffle ou de l’Energie. La posture Gongbo ou Gung Bo s’affermit comme dans l’utilisation du Poing (Chuan ou Quan). Elle se transforme en Bijongbu (Pi Chong Bo) ou « Posture de combat » de l’externe (Wai Jia) Mais on retrouve également cette posture dans l’ancien Taijiquan du Clan Chen.
L’arc est tendu et on peut « éprouver la corde » (action muscles/tendons)
Il est alors possible de placer la flèche comme on place le souffle Deqi (Te Qi ou Te Ki) c’est « rendre le souffle plus efficace encore » ou « Vertu du Souffle »
L’arc est bandé et pret au tir
L’intention Yi est dans la forme Xing. Xingyi c’est « Intention prenant Forme » L’esprit (Shen) demeure libre. C’est la « liberté d’action » Il suffit encore d’agir ! C’est le décocher qui consiste à « non-faire » (Wuwei). Et le tir a donc eu lieu. L’arc est donc débandé mais l’archer (Larcher, Charles Larcher est l’un des pseudonymes de Georges Charles dans la presse !) conserve sa rectitude ! L’arc revient en position initiale. Mais il est dit « Une parole malheureuse est comme une flèche qui est tirée, il est trop tard pour revenir en arrière ! » Donc il convient de faire attention à ce que l’on dit comme on fait attention lorsqu’on tire à l’arc. Un accident est vite arrivé !
Tir à l’arc du Tao-Yin et du Baduanjin (Huit Brocards Précieux) Pratique de Daoyin Qigo,ng attribué à Yue Fei (1103 1142) De nombreuses pratiques de « Qigong » reprennent donc le « tir à l’arc » comme exercice permettant de mobiliser os/articulations muscles/tendons circulation/respiration énergie/intention et libération de l’esprit dans le « Wuwei » qui correspond simplement au décocher de la flèche vers la cible.
Il demeure l’archer et un but : se rapprocher du Tao.
Une expérience de tir à l’arc chinois avec Gérard Depreux et Bernand Réveil
Gérard Depreux (à gauche) dirige Georges Charles (à droite) dans un tir de Kung Dao Il est bon, de temps à autre de redevenir juste un élève surtout quand l’enseignant et réellement un Maître dans son Art ! Gérard Depreux enseigne et transmet le Kung Dao – tir à l’arc chinois- au sein des Arts Classiques du Tao.
Georges Charles et l’arc chinois. Les bonnes habitudes reprennent vite le dessus et le « Yi » (intention) est palpable.
Georges Charles après le décocher – il ne ferait pas bon être sur le trajet de la flèche !
Le tir à l’arc chinois c’est aussi et encore une question d’axe et d’orient. Il faut savoir placer le corps avant de placer l’arc et placer l’arc avant de placer la flèche. C’est « éprouver la corde » (Printemps) et, par extension au corps, les muscles et les tendons ! C’est l’art du Tao-Yin (Daoyin) à son origine profonde. Il faut « Etendre et Ployer »
Martine Charles : L’arc et tendu puis bandé.
Martine Charles – Le décocher de la flèche. Nous remercions Gérard Depreux et Bernard Réveil pour leur accueil et leur patience dans cette séance de tir à l’arc chinois (Kung Dao) Plus que jamais il ne s’agit pas de « lâcher prise » n’importe comment au risque, tout simplement, de se prendre l’arc et la flèche dans la figure pour ne pas dire la gueu… Il faut plutôt tout d’abord ne rien lâcher puis, simplement, agir sans chercher à intervenir (Wei Wuwei) et le tir s’accomplit. Le tir accompli c’est un accomplissement. Dans une certaine mesure tirer à l’arc c’est comprendre le Qigong du Tao (Tao-Yin Qigong), donc s’approcher du Tao !
« Il y a ce qui est écrit et ce qui n’est pas écrit, il y a ce qui est dit et ce qui n’est pas dit, il y a ce qui est montré et ce qui n’est pas montré, il y a ce qui est enseigné et ce qui n’est pas enseigné. Entre ce qui est écrit et ce qui n’est pas enseigné il existe tout un monde à découvrir » GC PS : Charles Larcher est un pseudonyme de Georges Charles.
Bibliographie
- Le Zen dans l’Art Chevaleresque du tir à l’arc par E. Herrigel Dervy Libres TCHAN (ZEN)
- Textes chinois fondamentaux Témoignages japonais (1976)
- Expériences vécues contemporaines Editions 7 Hermès (1970)
- Le Traité VII du Houai Nan Tseu –
- Les esprits légers et subtils animateurs de l’essence par Claude Larre S.J. Institut Ricci
- Dictionnaire classique de la langue chinoise par F.S. Couvreur SJ Kuangchi Press
Pour en savoir plus sur le tir à l’arc chinois avec Gérard DEPREUX Cliquer ici
Tir à l’arc chinois par M.Depreux
Notez la posture Lao Gung Bo (Ancienne Posture de l’Arc) que l’on retrouve encore dans le Hung Gar (Hongjia).
Le site du Kung Dao Tir à l’arc rituel chinois Cliquer ici