Leonardo di ser Piero da Vinci et la « pazzia bestialissima » Par Georgio di Carlo da Neslo Normandosa

Leonardo de Vinci et la « pazzia bestialissima » * par Georges Charles

 

Leonardo : « Vous m’avez fait demander, Votre Majesté ? »

François Premier : « Oui, Léonardo assied-toi un instant, j’ai quelque chose à te demander »

L : « Vos désirs sont des ordres, votre Majesté »

FP : « Je t’ai invité en France car dans ton pays, l’Italie tu n’étais plus en odeur de sainteté »

L : « Je sais, Votre Majesté, les Médicis m’ont fait et les Médicis m’ont défait ».

FP : « Ceci dit il n’y avait pas que les Médicis puisque tu as été au service de Ludovic Sforza et de César Borgia chez qui tu as même rencontré Machiavel ».

L : « c’étaient tous des idéalistes avec lesquels il était impossible de s’entendre ! »

FP : « Je le sais bien et c’est pourquoi je t’ai ramené dans mes bagages et installé ici au Clos Lucé ou tu es libre de rêver, de penser, de travailler grâce à mon auguste bienveillance ».

L : « Je remercie encore Votre Majesté de sa bonté et de sa prodigalité ».

FP : « A ce sujet j’ai justement quelque chose à te demander et c’est pourquoi je t’ai invité à me rejoindre ».

L : « De quoi s’agit-il Votre Majesté, je suis à vos ordres et votre obligé ».

FP : « Voilà, Léonardo, je t’estime et je te respecte donc je vais être direct. Tu es un génie, cela ne fait aucun doute. Un génie exceptionnel. Fais-nous rêver Léonardo. Dessine et peins-nous de belles femmes comme cette Joconde que le monde entier ne va pas tarder à nous convoiter. Dessine-nous de beaux châteaux avec de beaux jardins. Invente-nous des oiseaux mécaniques qui chantent comme en produisent déjà les Chinois. A la rigueur invente-moi un carrosse qui avance sans avoir besoin de chevaux quoi que j’adore ceux-ci. Mais je t’en prie, Léonardo cesse de vouloir modifier le cours de la guerre. On me nomme le « Roi Chevalier » car j’aime la bataille, c’est vrai. Mais la bataille en armure avec des oriflammes et des beaux blasons, des panaches, du Panache. On se tue entre professionnels qui ont décidé de consacrer leur vie aux Armes. A des Armes Blanches, nobles, connues et respectées. Des lances, des épées. L’arc, cette arme des maudits Godons, déjà ne me plait pas. Sauf dans des joutes amicales où il est question de montrer son adresse en tirant sur des oiseaux de bois ou de paille. Je laisse aux manants les chasses ignobles où l’on utilise justement l’arc, la glue, le filet, le collet et même l’arquebuse. Je préfère le faucon. Quitte à monter à cheval je préfère une bonne bataille que de chasser à courre ».

L : « Je vous comprends bien Votre Majesté mais où est le problème ? »

FP : « Le problème est qu’en feuilletant l’un de tes fameux cahiers secrets où tu notes tes inventions, ce que j’ai vu m’a empêché de dormir toute une nuit. Je m’attendais à un peu d’érotisme ou a des paysages paradisiaques et je suis tombé, c’est le cas de le dire, sur ce qu’il y a de pire dans les moyens de détruire autrui. Des chars d’assaut avec des lames de faux tournoyantes ou avec des mousquets, des sous-marins pour envoyer des civils de par le fond, des machines volantes capable de bombarder des villes avec des explosifs ou des moyens de transmettre la peste, le choléra et que sais-je de pire encore. Je croyais jusqu’ici que tu étais bienveillant mais je me rends compte que tu excelle dans la capacité de destruction avec les pires moyens. Les Chinois, dont je te parlais, ont réalisé en quatre cents avant Notre Seigneur une grande conférence de désarmement pour justement éviter l’utilisation d’armes par trop meurtrières et qui déshonorent le genre humain par leur sauvagerie. En cette fameuse Renaissance que je soutiens et que j’éclaire tu voudrais donc que je sois pire qu’eux ? Que d’ici cinq siècles nos ancêtres abâtardis utilisent de tels moyens on ne pourra pas même leur en vouloir car ils seront trop nombreux sur notre bonne terre de France et celle-ci aura du mal à les nourrir. Les morts feront du bon engrais. Mais ici et aujourd’hui, Léonard, nous n’avons pas besoin de ta science, de cette science-là. Demeure un Artiste et laisse choir le côté martial. De celui-là je me charge l’épée à la main et mes armes sur le bouclier et tant pis même si je perds, ce sera avec l’Honneur. Cette discussion restera entre nous et je te rends le cahier, par respect pour le travail. Mais tes inventions demeureront à l’état que maquettes inoffensives devant lesquelles même les braves femmes du temps futur applaudiront avec insouciance. On dira « Quel génie ce Léonard de Vinci » car tu seras considéré comme un Français. Mais moi je saurais que mes Amis les Princes et les Puissants qu’on trainera pourtant dans la boue, n’auront jamais cautionné cela. Voilà je voulais te le dire et je te l’ai dit ».

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