Défilé du Nouvel An Chinois
du Tigre de métal à Paris : 2010

par Georges Charles

 

Bienvenue dans l’Année du Tigre de Métal !
Charme « Fu Lu » protecteur

Année du Tigre estampage traditionnel

LA COMMUNAUTE CHINOISE ET ASIATIQUE DE PARIS.

Dessin humoristique mettant en scène un « boxeur » et un « céleste » et daté de août 1900.
Ce dessin fait référence à la « Révolte des Boxeurs » qui eut lieu à Pékin.
Mais grâce auquel on apprend qu’en 1900 il y avait des Chinois à Montmartre !

 

Les débuts de la communauté chinoise et asiatique à Paris

Bien qu’il ait pu exister quelques Chinois et quelques Asiatiques isolés installés à Paris c’est à la fin de la Grande Guerre que la communauté chinoise voit le jour dans la capitale. En 1911 la Préfecture recensait 283 Chinois à Paris. Officiellement ce sont 3000 Chinois qui, entre 1918 et 1920, décident de demeurer en France. Ils sont issus du corps des 370 000 volontaires venus prèter main forte aux Alliés 230 000 du côté britannique et 140 000 du coté franco-belge. A la suite d’un traité passé entre la Chine et les Alliés, les ressortissants chinois, on les appelle alors les « Célestes », ne peuvent pas combattre et sont donc affectés à l’intendance, au services de santé, à l’équipement.

Ils seront donc infirmiers, fossoyeurs, cuisiniers, terrassiers, manutentionnaires, blanchisseurs, équarisseurs, charpentiers, menuisiers, tailleurs, cordonniers, jardiniers généralement sous un régime militaire assez dur. Ils effectueront de multiples tâches, souvent les plus ingrates comme le nettoyage et l’ensevelissement des centaines de milliers de morts ou la manutention de tout le matériel nécessaire à la guerre des tranchées, poutres, fils de fers barbelés, tôles, chicanes. Il seront également affectés au creusement des tranchées avant les offensives. En fait ils effectueront un travail peu gratifiant mais qui soulagera les états majors de nombreux effectifs et qui, en profondeur, permettra la victoire de l’Allemagne par KO.

Les « Indochinois » issus du Vietnam, du Cambogde et du Laos actuel, par contre, combattront dans les troupes coloniales ce qui permettra de former de nombreux cadres qui seront, plus tard, les leaders de l’indépendance.

Une carte de l’Indo-Chine en 1900

A la fin du conflit nombre d’entre-eux décideront de rester en France. Ils le firent très officiellement, sur requête, en fonction de leurs qualifications ou en forçant un peu le destin. Un certain nombre d’entre-eux, au moment de leur retour, profitant de la confusion qui régnait Gare de Lyon disparurent dans le fameux Ilot Châlon où ils ouvrirent les premiers restaurants chinois de Paris et probablement d’Europe. Ces gargottes existaient encore juste avant la construction de la Gare TGV Lyon-Pasteur et la plupart des Chinois qui débarquaient à Paris, il y a encore une vingtaine d’années, y faisaient leurs classes en tant que plongeurs, serveurs, cuisiniers puis maîtres d’hôtel avant de proposer leurs services « en ville ».

Mais, si on excepte une immigration très récente des Chinois du nord, la plupart de ces immigrés chinois (Huaren en chinois ; Huaqiao désignant les descendants de ces migrants issus de Chine et résidant à l’étranger) provenaient des provinces du sud de la Chine et constituaient, dès le début de la communauté chinoise, des communautés ou groupes linguistiques spécifiques.

 

Les Communautés linguistiques chinoises à Paris

La carte de l’Empire Chinois en 1900 Elle inclut la Dzoungarie, la Mongolie, la Mandchourie, le Tibet ou Sizzang et le Boutan.

Elles se répartissent en plusieurs groupes qui, aujourd’hui encore, se réunissent en associations où les anciens se retrouvent et peuvent, ainsi, parler leurs propres langues spécifiques à leurs régions d’origine. Si le chinois écrit demeure unique, le chinois parlé est multiple et un proverbe populaire affirme même en Chine « A quatre lieues de distances on ne se comprend plus ». Le chinois écrit demeure le ciment de la Chine mais ses multiples « dialectes » en sont les pierres qui constituent autant de « petites murailles ». Les noms de familles eux-mêmes, comme en France il y a quelques décennies, demeurent très régionnaux et, souvent, tous les gens d’un même village (plusieurs centaines de milliers de foyers parfois en Chine !) portaient le même patronyme.

La gastronomie elle-même, pour les Chinois s’entend, est influencée par ces régionalismes et il existe une authentique cuisine Wenzhou ou Teochew à Paris. C’est évidemment moins apparent pour les occidentaux qui se contentent des rouleaux de printemps et du canard aux pousses de bambou !

Les Teochew : C’est le terme qu’on utilise en France mais il faudrait, en réalité, lire, en chinois, Chaozhou ! Ils proviennent de l’est de la province du Guangdong (Canton) au sud de la Chine mais leur langue est différente du cantonnais et s’apparente à celle de Xiamen (ou Amoy). Ce sont généralement des commerçants et certains ont très bien réussi dans l’import-export. Ils constituent le groupe de plus important de la communauté chinoise parisienne et leur Association est l’une des plus actives : Amicale des Teochew en France 44, rue d’Ivry 75013 PARIS

Les Wenzhou : Ils sont originaires de la province du Zhejiang située au sud-est de la Chine (région de Hangzhou, la Venise chinoise) et sont justement ceux qui sont arrivés en France lors de la première guerre mondiale. Avant le milieu des années 70 ils constituaient le plus important groupe implanté en France mais furent, à cette époque, supplantés par les Chaozhou. Les Qintian : Ils sont originaires de la ville de Qintian, également située dans le Zhejiang et constituent un groupe spécifique. Association des compatriotes de Zhejian en France 3, rue Abel Hovelacque 75013 PARIS

Les Hakkas : Bien que originellement issus du nord de la Chine ils se sont implantés sur la côte du sud est de la Chine ainsi qu’au bord des grands lacs et sur les rivières et ports fluviaux. Ils sont donc, en Chine, considérés comme une « minorité ethnique » très particulière apparentés aux « gens de bords de mers et de bords de lacs » Donc ayant l’habitude de voyager et de commercer. Ils ont été longtemps été considérés, en Chine, comme des « gens du voyage » mais ont fourni de très nombreux militaires très célèbres comme le Général Yue Fei. Ils sont donc réputés pour leur courage mais aussi pour leur sens des affaires délicates et passent pour avoir bon contact avec les étrangers (donc les non-Chinois !). Le Maître Yip Man du Wing Chun était un Hakka. A Hong Kong leur particularité est de posséder une « flotte » donc les navires amiraux sont les énormes restaurants flottants qui trônent dans la baie d’Aberdeen. La plupart sont arrivés en même temps que les Chaozhou au milieu des années 70. Ils sont généralement des restaurateurs avisés capables de se mettre rapidement au goût des occidentaux ! Association Hakka Tsung Chinh en France 38, rue Dunois 75013 PARIS

Les Foukien : C’est ainsi qu’ils se nomment, du moins sur les banderolles du défilé chinois ! Il s’agit, bien évidemment, des ressortissants issus du Fujian (région de Xiamen située juste en face de Taiwan). Ils ont toujours commercé avec Taiwan, Okinawa et le sud du Japon et ont acquis une réputation de bons négociateurs patients mais redoutables. Le fameux Monastère de Shaolin réputé pour ses « moines guerriers » ne se trouvait pas dans le Henan (Centre de la Chine) comme on tente de nous le faire croire actuellement mais bel et bien dans le Fujian à Julianshan. C’est de là d’où proviendraient les Styles de Shaolin du Sud (Hung Gar, Liu Gar, Mo Gar, Choi Gar, Fut Gar) et les anciens styles de Karatedo d’Okinawa (Nahate, Shurite, Tomarite). Il sont, en plus, réputés pour leurs nouilles sautées ! Association des Résidents de Foukien en France 13-15, rue de la Vistule 75013 PARIS

Les Shangaïens et les Panyu : Shanghaï qui était un tout petit port connut son expansion grâce aux Occidentaux et, particulièrement, aux Britanniques. De nombreux Shangaïens ayant pris l’habitude de travailler pour ou avec ces occidentaux, donc parlant le français et l’anglais, décidèrent de s’expatrier au début du XXe siècle en Angleterre et aux USA et bon d’entre-eux se portèrent volontaires pour venir en France lors de la première guerre mondiale. A la fin de celle-ci ils demeurèrent à Paris, ouvrant les premiers restaurants chinois de la Capitale dans l’Ilot Chalon, près de la Gare de Lyon ou Rue au Maire et rue des Vertus près des Arts et Métiers. On regroupe sous le terme Shangaïens les Chinois originaires de Suzhou, de Yangzhou. Une petite communauté très spécifique provient de la ville de Panyu situés près de Shanghai et est toujours représentée à Paris.

Les Cantonais : sous ce terme générique se regroupent, en fait, de nombreux Chinois venus de Canton mais également de Hong-Kong, Macao, Zhongshan mais qui, généralement parlent l’idiome cantonais…et proposent de la cuisine cantonaise, l’une des plus réputées de Chine. Surtout à l’étranger. Ils ont donc influencé la « cuisine chinoise de Paris » qui a elle -même été très influencée par les cuisines de l’ancienne Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos). Les Cantonais sont également ceux qui se sont le plus expatriés dans la diaspora asiatique mais également nord-américaine et anglo-saxonne. On considère donc comme « Cantonais » pas mal de Chinois qui viennent de San Francisco, Londres ou Brisbane ! De nombreux « Chinois » du Sud-Est asiatique (Cholon à Saigon, Singapour, Yawara à Bangkok) sont, ou étaient, également d’origine cantonaise.
Bon nombre d’entre-eux sont donc arrivés en France dans les années soixante.Le terme « à la cantonaise », en cuisine, désigne donc à peu près n’importe quoi sauf quelque chose originaire de Canton, pardon Guangzhou ! Les Hainanais sont issus de l’Ile de Hainan située au sud du Guangdong (Canton) mais dont de nombreux habitants étaient déjà expatriés, en tant que commerçants et restaurateurs, dans les pays de l’Asie du Sud-Est, Vietnam, Cambodge, Laos. Ils sont donc souvent considérés comme « sino-vietnamiens », « sino-cambodgiens », « sino-laotiens » et même comme cantonnais à cause de la langue.

Les Pékinois ou Chinois du Nord : Ce sont toutes celles et ceux qui parlent le Mandarin, la langue « officielle » nationale.
En fait en provenance des provinces du nord comme le Shandong, le Shanxi, le Hebei, le Liaoning… Ils ne sont généralement arrivés que très récemment et représentent les « Chinois officiels » enseignants, cadres, médecins, diplomates. Mais ce sont aussi les « jeunes » Chinois de la dernière génération venus étudier en France ou y travailler dans de grandes sociétés d’informatique ou d’import-export.

 

Les communautés asiatiques à Paris et dans le XIIIeme arrondissement

Ce sont elles-mêmes qui se définissent ainsi. Lorsqu’il est question de « quartier chinois », de « Chinatown » ou de « Hong Kong sur Seine » c’est oublier que la comunauté asiatique française est également constituée de communautés asiatiques non chinoises. Dans le Treizième arrondissement, par exemple, les Cambogdiens, les Vietnamiens et même les Laotiens dépassent, en nombre, les Chinois et, d’autant plus, les Chinois du Continent. Il existe donc, avant tout, une communauté française d’origine Indo-Chinoise.

Où les choses se compliquent c’est que de nombreux résidents de cette communauté sont également d’origine chinoise.
Il s’agit alors de Chinois qui s’étaient déjà expatriés au Vietnam, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande mais qui sont parvenus en France sous une autre nationalité que chinoise. Il en va d’ailleurs de même pour les Chinois provenant de Hong Kong qui étaient alors des citoyens britanniques à part entière, et donc considérés comme des Européens ! La Thaïlande demeure un peu à part ceci grâce, ou à cause, à son statut indépendant. De même que le Japon qui représente, avec les Coréens,une petite communauté très spécifique.

Il existe encore quelques Tibétains, Népalais. Mais alors qu’en Grande Bretagne on classe plus volontiers les Indiens, les Pakistanais et les Sri-lankais dans la communauté asiatique, en France, on préfère les considérer séparément.

  • Amicale Sino-vietnamienne 14, rue de la Fontaine à Mulard 75013 PARIS
  • Association des Résidents en France d’origine Indo-Chinoise 37, rue du Disque 75013 PARIS
  • Association Nationale d’Amitié Franco-Asiatique 92, rue du dessous des berges 75013 PARIS
  • Rencontre et cluture Franco-Asiatique 29, avenue de Choisy 75013 PARIS

 

L’Année chinoise du Tigre de Métal et le Nouvel An lunaire.

Le roi de la fête !

Les fameux « Frères Tang » sont présents, omniprésents,archiprésents !
L’efficacité asiatique « Moins d’effort pour plus d’effet »
Difficile de prendre une photo sans un ballon publicitaire bien placé !

La preuve ! Et Tang !

Ce qui n’exclut pas quelques « extraterrestres » ou « infracélestes » !
Pub techno pour un club de rencontres.

Cette année l’Année chinoise du Tigre a donné lieu à plusieurs rassemblements et défilés mais le plus imposant a été celui organisé par les communautés asiatiques dans le « Chinatown » du Treizième arrondissement de Paris.
Le défilé qui commençait à 14H30 et qui faisait le tour du quartier en empruntant les avenues d’Ivry et de Choisy et le boulevard Masséna qui délimitent ce qu’on nomme parfois le « Triangle d’Or », déplaça plusieurs centaines de milliers de spectateurs.

Punaise, le monde !

Le quartier chinois en fête

Espérons que cet escalier est solide !

Cosmopolite et bon enfant vont de pair c’est simplement l’identité nationale sans se prendre la tête !

Là ils ont fait assez fort et c’est une sacrée réussite pour la communauté asiatique !
Il est donc devenu en quelques années un évènement incontournable de la vie parisienne prouvant, si il en était encore besoin, le dynamisme de la communauté asiatique, ou plutôt des communautés asiatiques de la capitale.
De son coté la mairie du troisième avait également organisé plusieurs manifestations du 9 au 14 février et concernant la musique, le chant, la danse, les arts martiaux, la cuisine ainsi qu’une exposition et un diaporama.

Les activités du Nouvel An chinois dans le troisième (3e) arrondissement

Traditionnellement en Chine et dans tout l’Extrême Orient la nouvelle année lunaire qui a comme symbole l’un des douze animaux du zodiaque est l’occasion de festivités ou on se retrouve d’abord en famille puis au sein de sa communauté et, enfin, tous ensemble afin de célébrer cet évênement plusieurs fois millénaire puisqu’il fut instauré par le fameux Empereur Jaune il y a exactement 4708 ans. A une année près puisqu’il n’existe pas d’année zéro avant ou après Jésus Christ ! Ce calendrier luni-solaire a bien évidemment subi quelques modifications au cours des âges mais demeure fondamentalement intangible.

L’Empereur Jaune ayant initié le cycle par un Rat de Bois, si on calcule par périodes de douze ans puis par cycles de soixante années, cette année 2010 était placée sous le signe du Tigre de Métal à partir de la nuit du 13 au 14 février à l’heure solaire du Tigre, donc trois heures du matin, et à l’heure légale (à Paris !) de 5 heures. Il est toujours amusant de constater que certains « calendriers énergétiques » ne tiennent pas compte de ce fait et font commencer l’année à une date « légale » tout à fait arbitraire. Comme il existe une « médecine légale » chargée d’étudier les morts, cette date « légale » est vide d’énergie, de mouvement, de souffle, de circulation, d’esprit. Elle est lettre morte.

De même, pour la prise des pouls en acupuncture traditionnelle, il faut tenir compte des énergies solaires et non d’une heure modifiée par décrêt par quelque gnôme européen au fond d’un ministère ou pire d’une commission fut-elle petite ou grosse.
Lorsque l’on traite d’énergétique encore faudrait-il prendre conscience que l’énergie suit plus les mouvements de la nature que les directives européennes ou chinoises. Ou on se borne, malheureusement, à pratiquer une « acupuncture légale ».
Mais il demeure quelques naïfs qui ne se sont pas encore rendu compte qu’il existait un décalage horaire, sinon culturel, entre la Chine, fut-elle populaire, et Paris !

Laissons leur leurs illusions et la vente de ces calendriers « légaux » donc morts. Quoi qu’il en soit le défilé fut un réel succès, peut-être même quelque peu victime de ce trop grand succès car il devient de plus en plus difficile de simplement se frayer un chemin dans une foule compacte et cosmopolite. Les quelques voitures et camionettes qui demeuraient garées au long du parcours à leurs risques et périls ont donc parfois servi d’estrade ou de poste d’observation à de jeunes aventureux.

A qui la faute ?

Il faut noter à ce sujet la bienveillance des services de police et de gendarmerie qui se sont contentés de faire les gros yeux ou de détourner, pudiquement, le regard ! Et il faut noter également que malgrè la foule importante et très bigarrée pour la circonstance il n’y eut, à notre connaissance, aucun acte de malveillance, aucune bagarre, aucune provocation, aucune détérioration et que le drapeau tricolore qui ouvrait le défilé ne fut pas sifflé mais souvent applaudi.

Les Lions saluent le drapeau tricolore !

Ce qui est significatif d’une certaine « intégration » même et surtout si l’esprit de communauté demeure très présent.
Mais il ne faut pas confondre intégration et intégrisme et communaité et communautarisme.

Une autre image de l’intégration s’opposant à l’intégrisme. Quelques « sportifs », il est vrai, pourraient en prendre de la graine ! Mais les « Arts Martiaux » sont, avant tout, une école de respect. Et là on n’est pas dans un stade mais dans la rue. Malgrè les tentatives de certains médias visant à discrèditer la communauté asiatique en faisant ses choux gras des « appartements raviolis » et des « avorteurs à aiguilles » au travers de reportages bidonnés, celle-ci est toujours favorablement perçue par l’immense majorité de l’opinion publique. Péril jaune et raviolis chinois : cliquer ici

Comme nous le prédisions à l’époque les clients sont revenus chez le « Chinois » du coin qui leur offre un « coquetèle maison » en apéro, avec quelques chips de crevettes, et un « Saké » en fin de repas et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

L’Autel du Nouvel An Chinois à Notre Dame de Chine
Cette année la communauté chrétienne asiatique avait choisi de célébrer conjointement le Nouvel An lunaire Chinois de l’Année du Tigre de Métal, la Fête vietnamienne du Thêt et le Carème.

Le Culte des Ancêtres n’est pas incompatible avec la foi chrétienne Illustration de la Bulle Papale du 8 décembre 1939 qui mit fin à la « querelle des rites » instaurée en 1742.

Le défilé du Nouvel An chinois dans le treizième arrondissement de Paris Il était évidemment placé sous les favorables augures du Seigneur Tigre qui se déclinait sous de multiples formes le plus souvent « nounouilles » à souhait.

Même le Tigre se sent un peu perdu !

Il faut, en effet, rendre le Tigre rassurant et se persuader qu’il est franchement sympathique.

Et même sous la forme d’un ballon il ne se sent pas très à l’aise. Il est quand même fortement considéré comme un animal « martial », le seul capable de faire jeu égal avec ce parvenu frimeur de Dragon. Mais c’est son cousin le Lion qui, en fait, était le roi de la fête.

La Bande les Lions de l’Avenue de Choisy

Chaque année on assiste à une éclosion de nouveaux Lions qui nécessitent chacun, évidemment, une équipe bien entraînée pour que le spectacle soit réussi. Jadis ces Lions et ces Dragons permettaient simplement aux pratiquants de Kung-Fu Wushu, et probablement également des Arts du Poing vietnamiens, de s’entraîner à la barbe et au nez des autorités.

Les Lions sans leur déguisement.

On note au premier plan une « fourche à tigre » Les pratiques de combat effectuées par les « civils » n’ont jamais été bien considérées par ces autorités qui préféraent qu’elles demeurent dans le registre militaire ou policier et, éventuellement, religieux comme ce fut le cas au Monastère de Shaolin ou plus exactement dans les divers Monastères qui portaient ce nom suite à une « franchise ».

La preuve avec ces « Moines » de Shaolin !

Elles furent donc très souvent interdites ou restreintes car le pouvoir impérial se méfiait des milices populaires et autres mouvements paysans qui, grâce à ces pratiques, pouvaient tenir tête à l’autorité. Les Mandchous (Qing ou Tsing), comme bon nombre de leurs successeurs, interdirent ces pratiques de combat à plusieurs périodes puisqu’elles étaient le ferment de la révolte des Chinois contre les envahisseurs qui occupaient le pays. L’un des épisodes les plus significatifs de cette révolte populaire et paysanne demeure la « Révolution des Boxeurs » qui s’en prit initialement au pouvoir impérial mais que celui-ci retourna contre les étrangers qui occuppaient les Légations de Pékin. Il s’agit bien de « boxeurs » (et non de boxers !) qui pratiquaient bien l’Art du Poing (Quanfa) au sein de groupements comme le Yihoduan (Justice et Concorde) ou le Baguazhang (Paume des Huit Trigrammes) et qui se firent massacrer par les armes à feu.

Quand ces interdictions avaient lieu, les pratiquants prenaient comme prétexte ces fameuses « danses du Lion » ou « danses du Dragon » pour s’entraîner discrètement à l’abri de leur déguisement.

Les Lions forment une haie d’honneur

Coup d’oeil martial et Guangti le Mandarin Céleste

Sous ces charmants animaux ce ne sont donc que succession de postures, de mouvements défensifs et offensifs, de stratégies de déplacement. Et lorsqu’ils se rencontrent il se peut que cela se transforme en une joute assez violente, parfois, afin de « protéger le territoire ». Tout cela se déroulant au son d’un orchestre bruyant mais dont les instruments eux-mêmes peuvent se révèler de redoutables armes comme les « double bâtons » utilisés pour frappper les tambours, les massues de Gongs et les cymbales. Chaque Ecole pouvait ainsi mobiliser plusieurs « Lions » et, éventuellement, un « Dragon ».

Quand le Tigre est là, le Dragon n’est pas loin !
« Le Dragon suit le Tigre comme la pluie suit le vent » (Yinjing 1) Et continuer la pratique d’un art de combat très efficace sous le couvert de la danse. C’est un peu pour les mêmes raisons que la plupart des Ecoles modernes de Kung-Fu Wushu se sont tournées vers des formes plus chorégraphiques qui suscitaient moins de méfiance de la part de ces mêmes autorités.

Sous le Dragon il fait toujours très chaud !

Et, parfois, malheureusement le folklore a peu à peu remplacé la tradition tandis que la chorégraphie a remplacé l’art de combat. Mais la danse des Lions et des Dragons demeure toujours ce qui est de plus spectaculaire dans les fêtes et les défilés et les « anciens » ne s’y trompent pas et en un coup d’oeil jugent la capacité « martiale » des jeunes pratiquants lors de leur prestation.

Le défilé commence entre une haie de Lions !

A la suite de ces Lions et de ces Dragons il est de tradition de faire défiler les bannières représentant les communautés et, éventuellement, celles des diverses écoles ainsi que des personnages symboliques représentatifs du Bouddhisme, comme Guanyin, du Taoïsme comme l’Empereur de Jade ou du Confucianisme comme le Maitre Kong (Confucius lui-même !) ou l’Empereur Jaune sinon le fameux Guanyu ou Guangti avec sa barbe et sa hallebarde.

Les bannières des Ecoles de Kung-Fu Wushu

C’est moins « martial » mais très coloré !

Une petite Mammie fière de représenter « sa » communauté !

La « Reine Mère de l’Ouest » symbolise la bienveillance et le pardon

Mais que serait la Fête sans la fumée de l’encens !

Et sans les tenues traditionnelles qu’on peut revêtir pour cette occasion

L’étendart du Dragon et du Phoenix

La Bannière du Foukien alias Fujian

Une petite communauté fière de rappeler que l’Unesco a inscrit Ma Zu sur la liste du Patrimoine de l’Humanité !

Un palanquin qui n’incite pas aux larmes !

La bannière de l’Association des Panyu en France

L’Association Amicale Franco-Chinoise de Paris

L’Amicale Franco Indochinoise de Paris

L’Empereur Jaune est toujours bien présent

Mais c’est encore le Tigre qui ferme le défilé du Nouvel An

Et également, mais presque surtout, de faire beaucoup de bruit avec les pétards qui chassent les mauvais esprits (et les femmes ajouteront certains !), de distribuer des bâtons d’encens (qui servent principalement à allumer les pétards !) et des mandarines qui sont le symbole de l’opulence.

Avant !

Pendant !

Après !

Un autel avec les « Trois Etoiles du Bonheur » Fu, Lu, Su
Donc d’obédience taoïste.
Et quelques réserves de mandarines !

Et un autel plus modeste avec les « Trois Bâtons d’Encens »

Et quelques à-coté un peu sucrés pour clore le bec du messager céleste venu rendre son rapport annuel à l’Empereur de Jade
Il mettra à peu près trois jours à s’en remettre.

Même la rôtisserie s’est mise aux couleurs du Nouvel An

Rouge ? Vous avez dit rouge ! La tradition exige que ce jour là on porte des sous-vêtements rouges surtout quand on est représentant du signe zodiacal en cause, donc cette année le Tigre de Métal.

Rouge ! Sans conteste la plus belle boutique du quartier chinois !

Et son Dragon de Feu !

Le tout ayant pour but de démontrer la vitalité de la communauté asiatique et, partant, des diverses communautés qui la constituent. C’est le moment de passer au dessus des clivages et, souvent, des problèmes historiques. On peut donc voir des Chinois, des Vietnamiens, des Cambodgiens, des Laotiens mais aussi des Japonais se retrouver à l’occasion de ce défilé alors que génèralement ils ne se cottoient guère. Cette année on a pu noter la présence du drapeau haitien et deux délégations non exclusivement asiatiques qui ont été remarquées pour l’ambiance des percussions. Les dragons eux-mêmes avaient du mal à ne pas danser la Samba puisqu’ils finirent par se trémousser en cadence !

Le drapeau d’Haiti était présent

La fin du défilé sur un rythme endiablé !

En résumé ce fut une fête très bon enfant qui mériterait simplement que les avenues soient dégagées des voitures en stationnement pour laisser un peu plus de place au public qui vient de plus en plus nombreux.

L’INSTITUT DES ARTS MARTIAUX CHINOIS – IDAMCT L’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels – IDAMCT – a été fondé par Georges Charles en 1978. C’est une Association culturelle et socio-éducative régie par la Loi de 1901 dont les statuts ont été déposés à la Préfecture de Paris le 18 décembre 1978. Son siège social se situait au 7 rue Fernand Widal (Boulevard Masséna) dans le treizième arrondissement, juste au pied de « Chinatown » (nouvelle adresse : IDAMCT, 38, rue Dunois, 75647 PARIS CEDEX 13).

Elle est l’Association mandataire de la Convention des Arts Classiques du Tao qui regroupe plus d’une quarantaine d’Associations déclarées en Métropole, dans les DOM TOM mais également dans la Communauté Européenne ( Italie, Espagne) et à l’étranger ( Québec, Pologne, République Populaire de Chine). Elle organise des cours, des stages, des expositions, des conférences, des démonstrations, des formations dans les pratiques énergétiques. Elle gère également ce site des Arts Classiques du Tao, tao-yin.co, qui met gratuitement à la disposition des internautes de très nombreux articles et informations concernant les traditions, les cultures, les pratiques issues d’Extrême Orient.