le Taijiquan – Poing du Grand Faîte
Qu’est-ce que le Taijiquan ? Quelle que soit sa transcription – voir plus bas – cela signifie littéralement » Poing du Grand Faîte » Le « poing » est une référence aux « arts du poing » donc à une application possible en combat. Le « Grand Faîte » est un terme très classique utilisé pour désigner le « Tao en mouvement ». Ces termes semblent dont très paradoxaux puisque le Taijiquan est à la fois un « art martial » et une pratique de réalisation liée à la philosophie, ou à la pensée, chinoise. Il ne s’agit donc pas d’une simple gymnastique lente mais d’un moyen de réalisation au travers de l’utilisation rationnelle de l’énergie.
On est donc assez loin du « cassement de gueule ou de briques » que l’on évoque généralement lorsqu’il est question des « arts martiaux » ! Puisqu’il s’agit de justement sublimer le combat pour ne pas avoir à utiliser la violence. Violence contre autrui, l’adversaire, mais aussi la violence contre soi par la brutalité du mouvement et le non respect des principes de vie. Le Taijiquan est donc un « mouvement de vie » qui puise ses racines dans la sagesse de la Chine ancienne et plus particulièrement dans les pratiques énergétiques liées à la tradition du Tao.
Chaque posture, chaque mouvement a son utilité énergétique mais également une application possible avec un « partenaire ». A haut niveau il s’agit d’un art de combat très évolué. Donc d’une non négligeable capacité d’auto-défense qui vise justement à protéger la santé et ceci sur divers plans. Il existe de multiples styles, écoles, tendances parfois anciennes, parfois très récentes. Et un peu comme dans le principe de l’auberge espagnole on y trouve souvent ce qu’on a souhaité y amener ! G.C.
Le Taijiquan ou Tai Chi Chuan (Tai Ki K’iuan…) se pratique en solo ou avec un partenaire dans la pratique des poussées de mains. Illustration Patrice Vaidie pour « Kung-Fu Wushu en souriant » de Georges Charles Budo Editions de l’Eveil 1er Trimestre 2010.
Note de Georges Charles sur les transcriptions du chinois en français
Si on souhaite respecter les traités internationaux signés avec la Chine il convient d’utiliser la terminologie officielle de la République Populaire qui est la transcription dite « mandarine » ou Pinyin Zimu. Dans ce cas il convient simplement d’écrire taijiquan. Mais de nombreux auteurs, enseignants, pratiquants ou observateurs ont pris l’habitude, fort ancienne, d’utiliser d’autres transcriptions dont celle de l’EFEO (Ecole Française d’Extrême Orient), du Wade (transcription anglaise)n du Lessing (transcription allemande) ainsi que d’autres transcriptions non répertotiées que Lucien Tenenbaum dans « Ecrire, parler, soigner en chinois – Editions Tredaniel) qualifie de TAF (Transcription des Acupuncteurs Francophones). Le Taijiquan c’est donc aussi le Tai-ki k’iuan (EFEO classique !) cher à Catherine Despeux et à Etiemble, le Tai-Ji-Quan (Pinyin francisé EFEO moderne), le Taï Chi Ch’üan (!) en Wade classique, le Taiji Quan (pinyin francisé actuel), le Tai Tchi Chuan (mélange anglo-français), le Taidji Kuen (Wade américanisé) et toutes autres vatantes avec apostrophes, tirets, trémas. Mais tous désignent bien le même art, ou peu s’en faut. Et on entend même dire « Je fais du Tai » ! Un peu comme « On fait la Thailande, les pyramides, son âge, une crise de foi(e) ou la gueule ». En touriste.
Ce qu’on peut traduire par Poing (Quan) du Grand (Tai) Faite (Ji). Ou « Poing du Faite Ultime » Mais en fait le caractère chinois Ji c’est aussi la « poutre faîtière » d’un édifice. On peut donc en distinguer le sommet (faite) ou la construction (poutre et charpente). Jadis les sinologues et particulièrement les Jésuites utilisaient également le terme « grand comble » (ce qui rejoint l’idée de poutre). De fond en comble c’est de la cave au grenier pour la maison comme c’est de pied en cap pour l’homme.
Mais c’est le Dictionnaire Classique de la la langue chinoise de l’Empereur Kangxi, traduit par Séraphin Couvreur SJ, qui en donne la plus belle définition :
« Le Taiji désigne un mouvement qui va jusqu’à son apogée (Ji) et même le dépasse(Tai) »
Le « Poing » du Taiji désigne donc l’Art Chevaleresque du Grand Faite. Au plus bas niveau de compréhension c’est « la boxe du Grand Faîte » donc une histoire de vilains (jeux de mains et de poing, jeux de vilains !) Mais si on se réfère au classicisme le « poing » est ce qui est de plus subtil dans la « forme » corporelle. Le « poing » est donc utilisé dans le tir à l’arc, la conduite des chevaux, la calligraphie et représente « Shen » donc « Esprit » par opposition à la paume qui représente « Terre ». Il est également utilisé dans les saluts rituels où il vient rejoindre la paume ouverte. Dans cette hypothèse le poing « Quan » désigne donc ce qui est capable de transmuter le grossier (méthode de combat) en subtil (art chevaleresque ou art d’éveil sinon art philosophique dans le sens de l’Alchimie).
C’est aussi la transformation de la violence en art de paix.
Ci contre : un pouf créé par Thierry Lambert de l’Association Bambous à Caen ! Les multiples variations de la transcription du Taijiquan. De quoi en rester assis !
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