Le thé chinois : brevage d’éveil
Ce n’est point trahir un secret que d’affirmer que le thé est la boisson la plus consommée en Orient et en Extrême-Orient. Et même, si non excepte l’eau froide ou chaude, la boisson la plus consommée dans le monde.
L’Empereur Sheng Nong après avoir bu le thé : il est éveillé !
Il s’est même confectionné un manteau de feuilles de thé.
Comme le Bodhidharma chinois qui, lui, est assis sur un matelas de feuilles de thé.
Or, qu’on le veuille ou non, c’est à partir d’une plante
unique, Camellia sinensis, que va s’élaborer non pas une
culture unique, au sens propre et au sens figuré, mais une
extraordinaire floraison culturelle permettant, mieux que toute
autre, d’apprécier les particularités spécifiques
de son implantation.
Pour un connaisseur rien n’est en effet plus chinois
qu’un thé chinois, plus indien qu’un thé indien, plus
tibétain qu’un thé tibétain, plus japonais
qu’un thé japonais et par extension plus russe qu’un thé
russe et plus anglais qu’un thé anglais.
Ce qui semble, au
départ, à une simple lapalissade se manifeste on ne
peut plus profondément avec l’usage.
Etrangement les deux plus anciennes et les plus grandes civilisations
présentes dans la zone d’influence du thé revendiquent
haut et fort son origine.
Les Indiens prétendent qu’il est
né dans le nord de l’Inde tandis que les chinois affirment
qu’il provient du sud de la Chine.
Les premiers jettent le Bouddha dans la balance en affirmant que
ses paupières, une fois coupées et jetées au
sol, donnèrent naissance au premier théier, les seconds
invoquent l’Empereur Sheng Nung qui aurait découvert ce breuvage
grâce à quelques feuilles tombées par hasard
dans l’eau chaude qu’il s’apprêtait à boire.
L’Empereur Sheng Nong goûte les plantes médicinales
Mais il n’a pas encore bu le thé et n’est pas encore éveillé, il possède encore des cornes démontrant son animalité latente.
A comparer, évidemment, avec la reproduction du haut de cette page.
C’est le coup du avant et du après.
Comme quoi la publicité ne date pas d’aujourd’hui !
Et comme quoi le thé n’a pas attendu les Anglais pour se faire connaître en Chine.
Sheng Nung appartient à la période légendaire des Cinq Empereurs donc donné comme antérieur à 2697 Av JC qui est l’avènement de Hoang Ti (Wangdi) le Troisième Empereur.
Pour les chinois, dans la croyance populaire, le thé était donc consommé avant 2697 AV JC !
Mais il s’agissait alors d’une sorte de médicament !
Le Premier Empereur, Fu Hsi ou Fouyi est celui qui a établi le Yijing (dynastie des Magiciens)
Le Deuxième empereur, Sheng Nong, est celui qui met en place l’agriculture et la médecine par les plantes.
Le Troisième Empereur Hoang Ti ou Wangdi est celui qui met en place l’écriture, l’acupuncture, la politique, l’art, donc les fondements de la civilisation chinoise
L’Empereur Jaune Qinshi Wangdi – comme son nom l’indique !
LesCinq Empereurs sont Fu Hsi (Fouyi) ; Shen Hong ; Hoang Ti (Wangdi) ; Tang Yao et Ti Shun.
Dans les deux cas; Sheng Nong ou Boddhidharma, le thé permit d’éviter
l’endormissement et de favoriser, par contrecoup, l’éveil.
Bodhidharma alias Bodhidaruma alias Bodaidharma alias Daruma alias Potitamo qui trouva l’éveil dans une tasse de thé aux environs de 500 après JC.
Dans une version chinoise prersque contemporaine.
Notez le matelas de feuilles de thé !
Le même Bodhidharma ou Daruma dans une version japonaise presque contemporaine.
Afin de ne pas avoir à prendre parti dans cette querelle
on distingue donc désormais deux grandes catégories
de thé : le thé d’Assam et le thé de Chine.
Les botanistes lorsqu’ils sont poussés dans leurs derniers
retranchements avouent qu’il provient probablement d’Inde mais n’en
continuent pas moins, en latin, à affirmer sa provenance
chinoise (sinensis).
Comme il se doit la Chine demeure le plus grand
producteur et consommateur mondial de thé tandis que l’Inde
conserve son titre de premier exportateur mondial.
Un point partout.
Le plus étonnant est, par contre, qu’à partir de ces
deux zones d’influence le thé à su conquérir
le monde et trouver son autonomie en s’adaptant au fait culturel,
et parfois religieux, sinon économique.
Le Hors Série Tao Yin de Georges Charles sur le thé chinois (lien désactivé)