28eme Convention des Arts Classiques du Tao
Ce qui nous motive : la pratique et sa transmission !
Les 9 et 10 octobre 2021 à Saint Michel Chef-Chef, près de Pornic, à « La Brise de mer de Nantes » a eu lieu notre 28eme Convention des Arts Classiques du Tao. Elle réunit des responsables associatifs, des enseignants et de « Anciens » qui se reconnaissent dans notre approche des Arts Chevaleresques de la Chine et dans les pratiques d’éveil et de santé qui y sont rattachés. Sont représentées diverses Ecoles respectant la tradition des Arts du Poing telle qu’elle se transmet depuis des millénaires en Chine mais également au Japon, au Vietnam, en Corée et même en Occident. C’est pour cela que nous préférons le terme « Chevaleresque » au terme martial. Mars, à Rome, comme Arès à Athène était en réalité un égorgeur psychopathe en jupette de cuir qui aimait à se revètir de la peau écorchée de son ennemi vaincu. Et un sacré looser qui était du côté du plus fort lorsque celui-ci allait se prendre une tuile. Pour être poli. Il suffit de relire l’Iliade de Homère pour s’en persuader. Ce n’est pas un bon exemple et ce sont les Amis-Requins qui nous ont refilé le terme qu’on s’est approprié sans trop chercher à comprendre son sens réel. En Chine, selon l’Empereur Kangxi dans le Dictionnaire Classique de la langue chinoise explique : « Wu, la bravoure. Le brave est celui qui fait cesser la violence ( l’action des armes ( Ge : hallebarde, arme meurtrière) sans nécessairement utiliser celle-ci » Il faut insister sur le « nécessairement » car le Chevalier n’est pas un « bisounours » et si il y a nécessité d’utiliser la violence, il peut et sait le faire. Cela rappelle le Chevalier à la Rose (Guillaume de Machaut 1300 1377) qui recherche toujours la conciliation « Sauf si l’accord ne peut être mis ». Cela rejoint la notion de « Bienveillance et Rectitude » (Zhong Shu) de Confucius. « La tolérance (bienveillance) des vertueux s’accompagne toujours de leur droiture (rectitude) » L’ermite taoïste Shang Daoren 743 826). Les Chinois depuis de siècles, sinon des millénaires, distinguent l’Art de la Bravoure (Wu) de l’Art de la Guerre (Ping). Comme nous distingons d’ailleurs chez nous la musique de la musique militaire. Et la musique militaire de la musique « martiale » dont le morceau le plus représentatif est « L’entrée des gladiateurs » de Julius Fucik que l’on joue encore dans tous les cirques du monde lors de la parade. C’est une précision qu’il convenait d’apporter. En un mot comme en cent le Chevalier a des principes que le guerrier n’a pas.
Nous avons donc reçu cette année la participation effective et « présentielle » de près de cinquante pratiquants, enseignants et responsables ce qui au vu des contraintes « sanitaires » est une sacrée réussite. Nous regroupons près de soixante associations déclarées et plus d’une centaine de Membres sans compter nos Ami(e)s Italien(ne)s de Taoyinitalia. Nous pourrions facilement revendiquer le titre de Fédération, une de plus et probablement de trop, mais nous souhaitons conserver notre indépendance.
Ce que nous revendiquons est simple :
- une pratique pour toutes et tous à tous âges de la vie
- le droit à l’existence d’une pratique non sportive
- la reconnaissance de l’expérience acquise dans l’enseignement
- l’autonomie des styles et des écoles
Mais c’est évidemment beaucoup demander au regard de ce qui se passe habituellement.
LA CONVENTION DES ARTS CLASSIQUES DU TAO A SAINT MICHEL CHEF-CHEF
Nous avons donc pu tenir notre réunion annuelle au domaine de La Brise de Mer de Nantes à Saint Michel Chef-Chef, que nous remercions chaleureusement. L’Assemblée des Membres, la Convention, a permis d’échanger nos points de vue et nos informations sur la pratique, sur l’enseignement et sur les moyens dont nous disposons désormais en temps de crise « sanitaire » avec toutes les restrictions et contraintes que cela impose. Nous avons reçu de nouveaux Membres et fait un appel des effectifs. Suivant la tradition désormais instaurée le samedi soir nous avons pu profiter du « Dîner des Provinces » où chacun apporte une spécialité de sa région pour la mettre en commun dans un grand buffet convivial et gastronomique. Soirée qui se termine génèralement assez tôt le dimanche.
Les ateliers de pratique du dimanche matin.
Et le dimanche matin plusieurs ateliers ont été proposés aux participants dont l’un sous la direction de Olivier Chouteau concernant les pas du Xingyiquan de l’Ecole San Yiquan et les Cinq Eléments du Wuxingquan de Guo Yunshen. Il s’avère, en effet, que le Maître Wang Zemin (1909 2002) et la fille de Wang Xiangzhai, Wang Yufan, décédée en 2012, allaient ensemble étudier, en secret, sous la direction de Guo Shu, le fils de Guo Yunshen qui transmettait le Wouxingquan, une branche du Xingyiquan.
Par la suite Wang Zemin transmit cette pratique à Georges Charles, qu’il reconnut comme son successeur en titre. Cette reconnaissance est effective en Chine comme l’atteste la stèle franco-chinoise érigée dans le Mémorial du Xingyiquan à Shenzhou dans le Hebei. San Yiquan représente donc la Cinquième Génération de cette « Branche du Hebei » dont l’initiateur est Li Laoneng (Li Nengjan) « Old Farmer Li » .
Mais San Yiquan procède de deux sources essentielles celle transmise à Wan Zemin par Wang Xiangzhai (Dachengquan Yiquan) entre 1940 et 1949 et celle transmise à Wang Zemin par Guo Shu (Wuxingquan).
Et divers autres apports de Kung-Fu Wushu « Externe » (Waijia) et de Gymnastique du Tao du Lingbaoming (Ling Pao Ming). Sans oublier les Armes Classiques du Clan Wang de Yue, donc de la famille de Wang Zemin qui résidait depuis des siècles à Hangzhou. Sans oubier que, très officiellement, Wang Zemin (sous la transcription de Hong Kong de Wong Tse Ming) a été, suivant l’historique officiel ) a été l’un des deux derniers disciples de Yip Man. » Hong Kong 1965 1972 – the rooftop terrace. New students in this period included Wong Tse Ming and a female student Ng Yuet Tor. »
Le deuxième atelier a été animé, avec grand succès, par Matthieu Linay qui, victime d’un très grave accident cérébral, a pu, grâce à la pratique recouvrer une bonne partie de ses capacités physiques et intellectuelles. Et partage désormais ses connaissances et son vécu dans le milieu médical et aide désormais, très officiellement, des handicapés à suivre son modèle. Matthieu a su convaincre et séduire des enseignants « valides » et chevronnés grâce à sa passion et à son énergie. Il a été reconnu, en sus de San Yiquan, comme Membre Enseignant de la Convention.
Convention qui s’est donc officiellement terminée après le repas du dimanche midi.
L’an prochain, si Dieu le Veut, elle aura lieu en Touraine.