Meihuazhuang : Colloque à Paris Le 15 Août 2012
« Odi profanum vulgus et arceo » – « Je hais le profane vulgaire et je l’évite » HORACE (ODES III 1 V1) .
Colloque International du Meihuazhuang
à Paris le 15 août 2012
Les interventions et les intervenants au Colloque
« MEI HUA ZHUANG et la société d’aujourd’hui » Par Yan Zijie
« Le Mei Hua Zhuang n’est pas un art martial ordinaire, mais une culture spécifique unissant la théorie et l’aspect martial. Par ses différentes méthodes d’entraînements, il a pour fonction de former le cœur et de parvenir à renforcer l’habileté du cerveau et à développer l’intelligence. En gardant le principe que le Mei Hua Zhuang préserve ses essentiels et l’esprit général, il faut ainsi entreprendre des réformes et rénovations pour s’adapter au développement de la société ». Yan Zijie, Professeur d’informatique à l’université de Shandong, savant et grand Maître réputé de la 17e génération de Mei Hua Zhuang. Après ses études à Pékin sur la physique de la terre, il devient météorologiste du bureau provincial de Tibet pendant 18 ans puis intègre l’université de Shandong en 1980 où il enseigne les mathématiques ainsi que le Mei Hua Zhuang qui attire beaucoup d’élèves des différentes universités.
« Expatriation du Mei Hua Zhuang de la Chine vers l’occident » par Michèle Arsène
« Depuis vingt ans, le Mei Hua Zhuang voyage hors de son milieu d’origine. Ce déracinement, et les transformations du monde actuel, sont un véritable défi pour la transmission d’une telle pratique traditionnelle. L’intervention s’appuie sur l’évolution de Mei Hua Zhuang depuis sa source dans la Chine traditionnelle des campagnes, jusqu’à son implantation en France, et son évolution dans le monde contemporain ». Michèle Arsène, Professeur retraitée de mathématiques, passionnée de culture chinoise. Pratique les arts martiaux traditionnels (TaiChi, Qi Gong, Mei Hua Zhuang) depuis de nombreuses années. Intervenante au colloque international de Guangzong en Chine sur « la transmission et la préservation de Mei Hua Zhuang », Membre du conseil d’administration de l’Association Européenne de Mei Hua Zhuang de 2002 à 2010 et présidente de 2005 à 2008.
« De la bouture à l’arbre » par Georges Charles « Comment après avoir reçu la charge de la transmission d’une école traditionnelle, implanter celle-ci dans un milieu sinon hostile du moins totalement indifférent et finalement pouvoir constater, après presque quarante années d’efforts, que la bouture est finalement devenue un arbre qui se retrouve dans une petite forêt ».
Georges Charles, découvre les arts martiaux chinois et le Qi Gong aux USA en 1969. Après de nombreux séjours à Hong Kong et Taïwan, il commence à enseigner le Kungfu Wushu en 1975 en France. Fondateur de l’institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels dès 1978, il reçoit la succession de Wang Zemin en 1979 sous le nom de San Yi Quan. Il fonde les Arts Classiques du Tao en 1993 et est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur les arts martiaux chinois et les pratiques de santé et d’éveil
« Arts martiaux traditionnels et Qi Gong face à la loi sur le sport en France » par Jean-Pierre Thomas
« Nous allons définir ce qu’est un Art Martial Traditionnel et voir comment il évolue vers son seul aspect sport de compétition du fait de la loi du sport en France et du mode d’organisation des Jeux Olympiques. Nous nous intéresserons également aux divers types de Qi Gong que l’on peut trouver en France et à leur positionnement face aux diverses lois en vigueur dans notre pays ». Jean-Pierre THOMAS, chef de projet à Basler Electric France, pratique les arts martiaux internes depuis 1991 et enseigne le Qi Gong dans l’association Ginkgo depuis 1998. Passionné de culture chinoise et suivi de cours de la langue chinoise, il anime l’association de Mei Hua Zhuang de Strasbourg depuis 2005. Conférencier dans le cadre des journées nationales du Qi Gong en 2009.
« Caractéristiques physique et publique : analyse de la double structure relative à l’aspect martial et aux croyances du Mei Hua Zhuang » par Zhang Shishan
« En Mei Hua Zhuang, la recherche d’accumulation d’éléments physiques est un processus d’apprentissage conduisant des activités extérieures vers l’obtention de la spontanéité et de la conscience du corps. De plus, ses successeurs appliquent secrètement le « Champ théorique » pour transformer l’héritage de cette école en différentes activités de croyances populaires. Aujourd’hui, la tentation de chercher la diversité des cultures pour son développement est devenue un sujet important et d’actualité ». Zhang Shishan, professeur et directeur du centre de recherche sur les folklores de l’institut de littérature, histoire et philosophie à l’université de Shandong. Chef de rédaction de revues spécialisées, secrétaire général de la plateforme des études sur les festivals traditionnels de Chine relevant d’un programme du ministère de la culture, il anime et participe à de nombreux projets en sciences humaines au niveau national et provincial.
«Les modes de transmission des arts martiaux traditionnels en occident » par Yan Yan et Ren Junmin « En Chine, la transmission des arts martiaux est centrée traditionnellement sur le « maître » en tant qu’individu, mais en Occident, elle repose généralement sur un centre de formation, organisme coordonnateur. Comment trouver une articulation permettant la transmission de ceux-ci dans un esprit authentique? Pour améliorer et maîtriser la connaissance d’un art martial, quelles voies pourront être empruntées tant par l’enseignant que par les élèves, compte tenu de l’existence des cultures différentes ? » Yan Yan et Ren Junmin, fille et gendre de Maître Yan Zijie, commencent la pratique de Meihuazhuang pour Yan Yan dès son enfance et pour Ren Junmin dès 1986, et sont animateurs de cet art au sein de l’AE-MHZ depuis sa création. Yan Yan, diplômée du doctorat d’histoire à l’université de Paris I – Panthéon-Sorbonne, est actuellement maître de conférences à l’Université de Shandong. Ren Junmin, après l’obtention de son doctorat en droit, exerce ses fonctions de juriste au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et actuellement à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA).
« Mei Hua Zhuang et philosophie de Yi King » par Zhang Wenzhi
« Yi King est une des sources de la culture traditionnelle chinoise et sa philosophie a joué et joue un rôle très important dans la conception et le développement des arts martiaux traditionnels en Chine. Les rapports existant avec le Mei Hua Zhuang pourraient guider l’entrainement et l’utilisation de cet art et permettre à ses pratiquants de comprendre davantage où la philosophie se situe à travers la pratique ». Zhang Wenzhi, débute le Mei Hua Zhuang en 1987 sous l’égide de Maître Yan Zijie et travaille dans l’Armée de l’air chinoise pendant neuf ans. Professeur au centre de recherche de Yi King et de la philosophie ancienne de Chine à l’université de Shandong et rédacteur de la revue « Etude et recherche de Yi King ». Après avoir été invité à l’université de Harvard, USA de 2007 à 2008, il est actuellement invité à l’université d’Erlangen- Nuremberg, Allemagne.
« Le corps est le lieu sacré de la rencontre magique entre le Yin et le Yang. Il est un pont entre le passé et le présent, entre l’Orient et l’Occident » par Yossi Morgenstern
« Le corps est une des plus belles mémoires sacrées de l’Humanité. Les défis du temps actuel nous imposent de nous retourner vers les anciennes valeurs qui étaient transmises par les différentes Grandes Traditions et de trouver des moyens d’application dans notre quotidien. L’intervention va mettre en valeur les Ponts entre la vision chinoise et la culture occidentale et va accentuer la collaboration nécessaire pour bâtir ensemble un meilleur avenir ». Yossi Morgenstern, Ex architecte, praticien et enseignant de Médecine Traditionnelle Chinoise, enseignant de Qi Gong, praticien de la méthode Feldenkrais, co-auteur de livres en hébreux sur la culture chinoise, pratiquant de Mei Hua Zhuang et directeur du « Centre Morgenstern » à Tel-Aviv, Israël pour la médecine alternative pour la revitalisation et pour la santé. Vit en Israël et vient enseigner en France et en Italie depuis 25 ans
Pourquoi j’interviens à ce colloque ? par Georges Charles
Georges Charles Ecole San Yiquan du Xingyiquan de la Branche du Hebei
Tout d’abord parce que Yan Yan et Junmin Ren sont des amis de longue date. Lorsqu’ils m’ont proposé de participer en intervenant à ce colloque international sur le Meihuazhuang qui doit avoir lieu le 15 août prochain je me suis immédiatement dit » Un quinze août à Paris, ce doit être quelque chose ! » d’autant plus que je devais me reposer un moment en Lozère suite aux deux stages d’été que j’organise et que je dirige à Paulhac en Margeride en plein pays de Gévaudan.
Et il a fallu que je convainque Martine, ma tendre épouse, qui est Parisienne d’écourter notre séjour et de rejoindre la capitale un peu plus tôt que prévu. Ce qui n’a pas été facile car, justement, en tant que Parisienne elle connaît bien Paris au mois d’août et, spécifiquement, le 15 août.
La perspective de quelques plats chinois au lieu d’une truffade, d’un sac à l’os ou d’un aligot pouvait éventuellement nous inciter à quitter le Mont Mouchet sans trop de regrets ni même de remords puisque nous en aurions quand même profité pendant une bonne quinzaine de jours.
Notre décision fut donc prise d’aller nous enfermer une journée pour débattre de ce qui nous passionne depuis de fort nombreuses années maintenant : la pratique et sa transmission ! La perspective de se retrouver entre amis et enseignants ayant encore quelque chose à dire sur ce sujet nous a semblé être une bonne compensation au fait de quitter les montagnes un peu plus tôt que prévu.
Car il y a évidemment beaucoup de choses à dire, encore, sur ce sujet et, surtout, de faire valoir l’optique des Ecoles dites traditionnelles qui sont trop souvent confondues avec des instituts de formations où l’on forme, par essence, des enseignants qui n’auront jamais pratiqué.
Nous transmettons une tradition qui est un héritage et non une pratique qui permet d’afficher un diplôme, plus ou moins officiel, dans un gymnase municipal afin de pouvoir y vendre du loisir ou, pire encore, l’illusion de pouvoir se défendre en toute impunité en cas d’agression. Ou de distiller quelques secrets sur l’art de la santé, de la longévité, de l’immortalité qui consistent, le plus souvent, à monter lentement sa main comme-çi ou comme-ça en la suivant d’un regard béat avec un quelconque sourire intérieur.
Ou la meilleure façon de casser des briques, des planches, des pains de glace et que sais-je encore et de couper des ananas en poussant de grands cris. Entre le défoulement hystérique et le refoulement obscessionnel il doit bien exister quelque chose d’autre, encore. Et c’est cet « autre, encore » qui nous motive et que nous souhaitons essayer de faire comprendre.
Comment et pourquoi des écoles quelque peu anachroniques comme le Meihuazhuang et San Yiquan ont pu s’implanter en Occident tout en évitant cette vulgarité profane que hait et que fuit Horace ? Comment opposer l’authentique au n’importe quoi et surtout le cultiver ? Et surtout pourquoi ne pas simplement envisager une action culturelle ?
Trop souvent l’art martial fait penser à la musique militaire. C’est de la musique, certes, mais de la musique militaire. Et dans le domaine de la musique le militaire n’apporte pas grand chose sinon le fait de se mettre au pas.
Il doit exister la même différence entre un artiste, libre par essence, et un « artiste martial » qui est bien celui qu’on a réussi à mettre au pas. Je suis persuadé que les débats et les interventions vont permettre, du moins en grande partie, de répondre à ces questions.
Et ces réponses permettront d’envisager l’avenir de nos arts, de leur pratique, de leur enseignement et de leur transmission et ceci pour les générations futures. Ce n’était pas mieux avant puisque avant est derrière nous mais nous devons envisager le présent et surtout le futur afin de ne pas nous retrouver dans la position d’une sorte d’espèce en voie de disparition.
Comme il est dit sur la pierre tombale de Guo Yunshen il faut que nos pratiques déploient leurs ailes et s’élèvent encore quelque peu !
MEIHUAZHUANG, LE XINGYIQUAN ET SAN YIQUAN.
Si on excepte les rapports d’amitié, de « Yi Shi », qui existent depuis longtemps entre des enseignants, et non des moindres, et des pratiquants de Meihuazhuang et de San Yiquan il faut constater que, historiquement, nos écoles ont quelques raisons de s’entendre et de s’apprécier.
YAN Zijie Patriarche du Meihuazhuang de la 17eme génération HAN Qichang, né à Shenxian, a été l’un des maîtres de YAN Zijie, le Grand Maître actuel de Meihuazhang de 17eme génération. Or HAN Qichang fut l’un des principaux disciples de LI Cunyi (李存义) (Li Tsun I) avant d’étudier le Meihuazhuang. Le maître de LI Cunyi, lui-même, LIU Qilan (刘奇兰) était l’un des principaux disciples du maître Li Laoneng de la Branche du Xingyiquan du Hebei. C’est la Branche à laquelle San Yiquan se rattache par le biais de LI Laoneng, de GUO Yunshen, de WANG Xiangzhai et de WANG zemin. Cette filiation fait l’objet de la reconnaissance décrite au Monument Mémorial de LI Laoneng à Shenzhou dans le Hebei. Nous pouvons donc honorer un « Maître Ancestral » non pas commun mais particulier à nos deux Ecoles.
Junmin Ren me rappelait dans un courrier que « Même si notre école actuelle se concentre sur la pratique de Meihuazhuang, nous pouvons cependant trouver des mouvements ou gestes venant de Xingyiquan sous l’influence de HAN Qichang ».
Il existe également d’autres relations ancestrales, notamment avec la fameuse « Révolte des Boxeurs » à laquelle YAN Yan a consacré sa thèse de Doctorat, qui renforcent encore ces liens. Il aurait donc été dommage d’être absent ce quinze août à Paris !