Les Chinois, ou Célestes, en France pendant la Grande Guerre Par Georges Charles
• LES CHINOIS, OU CELESTES *, EN FRANCE PENDANT LA GRANDE GUERRE DE 1914 1918 par Georges Charles
Avec un additif sur les Annamites et Indochinois en 14 18
Il s’agit, en réalité, de la première migration en nombre de travailleurs Chinois, on disait alors « Les Célestes »*, en France lors de la Grande Guerre de 1914 1918.
* Les anciens Chinois disaient qu’ils appartenaient plus au Ciel qu’à la Terre puisque seule la plante des pieds est en contact avec la Terre et que l’individu debout est presque totalement en contact avec le Ciel. L’Empereur lui-même était considéré comme « Le Dragon, Fils du Ciel » d’où ce nom de « Célestes » qu’on leur donnait jusqu’en Occident. GC
« Ceux d’une Ancienne Nation désormais en guerre contre l’Allemagne : Les travailleurs chinois sur notre front ». Quotidien anglais 1916 On estime leur nombre, pour les travailleurs chinois en France, entre 120 000 et 150 000 qui sont arrivés à Marseille à partir de juillet 1916. Le chiffre le plus souvent donné est celui de 140 000.
Mais suivant des sources actuelles ils étaient arrivés 54000 en 1917 et 96000 en 1918. Soit 150 000. (colloque Int’l sur les Chinois en France pendant la Grande Guerre. Boulogne sur mer 2010 – voir lien plus bas).
Les chiffres exacts sont impossible à définir pour deux raisons essentielles. La première est qu’il s’agissait d’un secret militaire bien gardé. La deuxième est que ces travailleurs chinois se répartissaient, à l’origine, entre la Grande Bretagne et la France. Et que certains furent comptabilisés comme ressortissants britanniques et non comme Chinois, notamment les Chinois Canadiens. C’est la Grande Bretagne qui fut à l’origine du mouvement au début de 1917 et qui avaient repris l’initiative de Charles George Gordon, alias « Chinese Gordon » ou « Gordon Pacha » (1833 1885), qui avait lui-même jeté les bases d’un « Corps Chinois du Génie » formé par les ingénieurs militaires du » Royal Ingeneer Corps ».
Charles George Gordon alias « Chinese Gordon » puis « Gordon Pacha » en tenue officielle de Titou (Maréchal des Armées Impériales Mandchoues). Portrait officiel chinois effectué d’après une photographie. Il porte la veste jaune, la toque à plumes de paon à deux ocelles et le sabre de galuchat vert ce qui lui donne le privillège de pouvoir, avec une arme, approcher l’Empereur avec le titre de « Gardien du Trône ». Il est évidemment le seul occidental à avoir obtenu ce titre et ce rang qui n’avaient été délivrés qu’à un nombre infime de Chinois ou de Mandchous. A côté de lui une feuille de papier et un pinceau ce qui indique qu’il savait écrire, donc calligraphier, le chinois.
– Pour en savoir plus sur Gordon Pacha cliquer ici Par la suite les Britanniques fondèrent en Chine le C.L.C. ou « Chinese Labour Corps » (Corps des Travailleurs Chinois) qui était rattaché au YMCA ou « Young Men’s Christian Association » (association des jeunes gens chrétiens) qui, notamment, se chargeait des admissions et des contrats de ces travailleurs chinois désireux de venir en Europe. En Chine il y avait également le « Qingong Jianxue Yudong » ou « Mouvement Travail Etudes » (MTE). Et une revue, sous-titrée en français, le « Huagong Zashi » (Revue des Travailleurs Chinois). Un nouveau traité, ou plutôt un contrat, est signé entre la Chine, représentée par Duan Qirui, et la France le 14 mai 1916 qui autorise l’envoi de travailleurs chinois en France.
Au total cela représente déjà un beau contingent et une aide plus qu’appréciable.
Concernant ces travailleurs recrutés dans le cadre civil mais pour une affectation militaire, ou para-militaire, il s’agissait d’honorer un contrat, ou un traité, qui avait été signé entre l’Empire Chinois et les Empires Français et Britannique, en 1844 et qui stipulait qu’en échange de l’ouverture du commerce entre la Chine, le Royaume Uni et la France, ces pays devaient assistance à l’Empereur de Chine si le Trône était menacé et qu’en contrepartie la Chine devait assistance à ces pays en cas de conflit avec une puissance étrangère. Mais l’Empereur insista pour qu’une close soit ajoutée concernant le fait que les Chinois, ou Célestes, ne devaient pas prendre les armes mais se limiter à des actions civiles.
Une main d’oeuvre pacifique efficace et qualifiée !
C’est ce traité qui incita le Royaume Uni à envoyer des conseillers militaires lorsque le Trône de l’Empereur de Chine fut menacé par la Révolte des Tai Ping. Et particulièrement Charles George Gordon, qui deviendra « Chinese Gordon » et qui permettra, grâce à « L’Armée Toujours Invincible » qu’il commandait, de venir à bout de cette révolte qui avait déjà causé plusieurs millions de morts entre 1851 et 1864. L’Empereur de Chine, reconaissant, nommera « Chinese Gordon » Titou c’est à dire « Maréchal des Armées Mandchoues ». On a pu reprocher à « Chinese Gordon » d’être un mercenaire alors qu’il agissait dans le cadre strictement militaire et dans le respect d’un traité duement signé entre la Chine et l’Angleterre. On lui a reproché, également, d’avoir mis fin à une révolution populaire alors qu’en réalité le fondateur du Mouvement des Tai Ping, Hong Xiuquan (1814 1864) se prétendait le frère cadet de Jésus Christ et voulait imposer le « Royaume de la Grande Paix », d’inspiration chrétienne, mais qui n’avait rien à envier aux Talibans (séparation stricte entre les hommes et les femmes, obligations et interdits alimentaires…). Donc une folie sectaire plus que caractérisée. En retour la Chine de 1917, soucieuse de respecter la parole donnée, fut-ce celle d’un Empire alors qu’il s’agissait désormais de la République de Chine, décida d’envoyer des travailleurs afin de soutenir l’effort de guerre des Alliés.
Les travailleurs chinois creusent des tranchées en vue d’une contre-offensive en 1917
Ces travailleurs seraient donc chargés des tâches où ils étaient réputés c’est à dire le terrassement des tranchées et l’entretien de la voirie, le portage à dos d’homme pour le ravitaillement. A ce sujet le terme britannique de coolie provient du chinois Ku (idéogramme 2735 du Ricci) = amertume et Li ( idéogramme 3006 du Ricci)= force. Littéralement Ku Li c’est la « force amère » mais qui se traduit par « homme de peine ». L’intendance, la cuisine et la blanchisserie. Le brancardage des blessés et le service auxiliaire de santé. Le ramassage des morts et les travaux d’inhumation. Le convoyage et gardiennage des animaux.
Un travailleur chinois près du front en 1917 prend un peu de repos avant le portage On disait à l’époque « Où un âne ne passe pas, c’est le job d’un Chinois ! »
Tandis que le Lieutnant Colonel David Stephen Robertson, conseiller militaire de la légation en Chine se chargeait pour les britanniques du recrutement au nom du British Labour Corps, un colonel Français, Georges Truptil fut chargé du recrutement des travailleurs chinois au compte de la France. Il le fit par l’intermédiaire de la Tianjin Huimin Company avec laquelle il signa un accord. Les travailleurs chinois étaient engagés pour un contrat de trois ans reconductible. La plupart d’entre eux furent recrutés pour les Britanniques dans le Shandong et pour les Français dans la province de Zhejiang et plus particulièrement des deux villes de Qintian et de Wenzhou. Ils arrivèrent donc par bateau, après une traversée généralement très éprouvante, puis débarquèrent à Marseille et à Toulon pour se rendre à Paris par le rail. Ils furent donc transférés de la Gare de Lyon vers la gare du Nord afin de rejoindre leurs principales affectations dans le nord de la France.
Un match de boxe (chinoise ?) improvisé attire pas mal de spectateurs dans un camp du nord de la France en 1917. Un proverbe cantonnais dit « Lorsque des Chinois s’attroupent c’est qu’il y a quelque chose de bon à manger, une bagarre ou un jeu. Avec les trois à la fois c’est la bonne fortune assurée ! »
A cette occasion plusieurs travailleurs faussèrent compagnie à leurs accompagnateurs et se réfugièrent dans l’Ilot Chalon, un quartier insalubre, situé à l’emplacement de la nouvelle gare de Lyon TGV et qui existera jusqu’à la fin des années soixante dix. Ces immigrés « semi-clandestins » ouvrirent ainsi les premiers restaurants chinois de Paris ainsi que quelques boutiques et ateliers de maroquinerie. Ils furent donc les premiers Chinois à s’installer durablement à Paris. Ce phénomène s’amplifiera lors du retour en Chine des travailleurs chinois entre 1919 et 1921 qui, repassant par la Gare de Lyon, rejoindront, pour certains, leurs compatriotes Wenzhou de l’Ilot Chalon.
Dans les quelques restaurants de ce quartier déshérité il était question de « faire ses classes » et de grimper peu à peu tous les échelons de la hiérarchie et, grâce à l’ingénieux mais litigieux système de la « tontine », un système mèlant une épargne collective et le jeu ou un tirage au sort, de s’installer en ouvrant un nouveau restaurant à Paris. Plusieurs restaurants réellement chinois – et non asiatiques – s’ouvrirent donc dès les années vingt dans le quartier latin (rue Royer-Collard avec « l’Empire Célste », l’un des plus anciens restaurants chinois de la capitale), près de Montparnasse ou sur les Grands Boulevards comme « Pascal », un lieu très à la mode.
Groupe de cuistots chinois, on disait de « coqs », dans un camp dans le nord de la France en 1918. D’où l’expression « heureux comme un coq en pâte »
En Chine le cuisinier est un personnage fort honorable et même important, on dit d’ailleurs : « Près d’un mandarin les courbettes et le dos rond, près d’un cuisinier les emplettes et le ventre rond ! » Plusieurs de ces cuisiniers surent, après guerre, se recycler dans la restauration.
Les cuisines roulantes du camp chinois de Blangy sur Bresle en 1916 Le cuisinier eest, évidemment, Chinois ! Donc la cuisine est chinoise.
On y servait principalement de la cuisine de Wenzhou puis, peu à peu, de la cuisine Teochou ou Teochew, en réalité Chaozhouhua, de la province du Guandong et de la région de Chaoshan. Les « Wenzhou », ou « Kakinang », comme ils se nomment eux-même dans la communauté, représentèrent donc la deuxième vague d’immigration chinoise en France.
Paris années 1920. Le restaurant chinois « Pascal » était très à la mode. – Emily Hahn Coll. Time-Life
Des étudiants chinois fortunés, ou en passe de le devenir, venaient y déjeuner, ou surtout y dîner, avec des Dames de la bonne société dans une ambiance très Marguerite Duras qui aurait pu y retrouver son « Amant de la Chine du Nord » ! Des gens mal intentionnés disaient qu’on y jouait au Mahjong (Mah Jiang) et qu’on y fumait de l’opium jusque très tard dans la nuit ou très tôt le matin. Mais la police, malgrè plusieurs « descentes » n’y trouva jamais rien d’illégal.
Les coolies chinois ou la « Force Amère »
Le Général Mangin (1866 1925), maurassien convaincu, surnommé le « broyeur de noirs » (à cause de sa tendance maniaco-dépressive, on dirait actuellement bipolaire) ou « le boucher de Verdun » avait été l’initiateur de la « Force Noire » qui consistait à utiliser le réservoir des Colonies -Sénégal, Soudan Français pour, suivant ses propres mots « faire du poids sur les barbelés » et palier au manque d’effectifs après les tueries de Notre Dame de Lorette, de Champagne (Main de Massiges), de l’Argonne (Haute Chevauchée, Butte de Vauquois). A cette « Force Noire » de l’Afrique on pourrait donc opposer la « Force Amère » de la Chine. Les travailleurs chinois ne pouvant pas combattre une arme à la main, ils échappèrent pour la plupart au massacre sur les champs de bataille. Mais il est, à ce jour, toujours impossible de connaître le nombre de tués dans leurs rangs, d’autant plus que la grippe espagnole fit des ravages parmi eux. La plupart de ceux qui furent enterrés dans les 27 cimetières chinois en France, ou cimetière comprenant un carré chinois, décèdèrent à cause de cette maladie qui fit près de 17 millions de morts en Europe.
Or, le total des chinois inhumés en France représente, officiellement, 1663 tombes. On estime donc le nombre de morts chinois, ou de tués par fait de l’ennemi lors de l’accomplissement de leurs missions à environs 2000 si on compte ce qu’il est convenu d’appeler les « disparus ». Disparus pour de multiples raisons : désertion pour rejoindre des compatriotes Wenzhou de l’Ilot Chalon à Paris, disparus du fait d’explosions occasionnés par des obus ou des mines lors de travaux de terrassement, de déminage. Disparus parce qu’ensevelis lors d’effondrements de galeries de mines. Statistiquement cela ne devrait pas exéder 500 hommes. Mais certains donnent le chiffre de 20 000 morts ou disparus ce qui paraît totalement excessif. Mais dès qu’il est question de la Chine et surtout des Chinois on assiste à une inflation étonnante dans les chiffres et les montants. L’administration française n’aurait enregistré qu’une demie douzaine de demandes de rapatriement des corps en Chine, qui furent accordés dès les début des années vingt. Il manquerait donc à l’appel des morts 18000 Célestes qui, comme leur nom l’indique, se seraient évaporés. La Commonwealth War Graves Commission a recensé, de son côté, 1952 tombes chinoises comptabilisées comme « effectifs britanniques ». Soit un total pour la France et pour la Grande Bretagne de 3615 tombes concernant ces travailleurs chinois. Ce chiffre « officiel » dépasse donc largement les 2000 annoncés par certains mais est très largement en dessous des 20 000 morts prétendus par on ne sait qui et on ne sait comment, ni d’ailleurs pourquoi. Il n’est pas facile de dissimuler près de 15 000 cadavres surtout quand on sait la grande attention que portent les Chinois à leurs compatriotes défunts.
Il s’agit, encore, d’un mystère à éclaircir.
Journal néerlandais décrivant des travailleurs chinois se restaurant dans un camp du Nord de la France. Ils ont visiblement adopté la « galette » des chasseurs à pied.
Quoi qu’il en soit, les travailleurs chinois étaient répartis dans plusieurs camps en France et particulièrement dans le nord, à Boulogne sur mer près de Samer, à Wimereux, à Etaples, à Noyelle, dans la forêt de Crécy, à Blangy (sur Bresle) (parfois orthographié par erreur Angy) et dans la forêt d’Eawy près de Neufchatel en Bray. Mais également dans l’actuel Poitou Charentes où ils sont employés dans les manufactures d’armement de Chatellerault (MAC) mais également dans celles de Tulle (MAT) de Saint Etienne (MAS) ou dans les ports de La Palice à La Rochelle ainsi que dans région Lyonnaise et également à Saint Fons dans le Rhône pour les principaux. Un article de Ouest France signé de Jean Pierre Buisson et daté du lundi 3 novembre 2008, titré « Pour l’acier des obus, la SMN crache le feu, rappelle : » Les réfugiés belges sont les premiers embauchés, puis c’est le tour des prisonniers de guerre Allemands *, Autrichiens ou Bulgares installés dans les camps à Falaise, Carpiquet, Mondeville et Dives sur Mer. Plus d’un millier d’entre eux participent à la construction de la SMN. Le premier haut fourneau est inauguré le 19 août 1917, le second en mai 1918. Mais cela ne suffit pas, il faut produire toujours plus et la guerre s’éternise…Ultime recours on décide de piocher dans le plus grand réservoir planétaire : La Chine 140 000 Chinois vont ainsi migrer vers la France dont quelques milliers en Basse Normandie. Après l’Armistice pour remercier cette main-d’oeuvre qualifiée « d’exotique », on la rapatriera en Asie manu militari ». Premier paradoxe : avant la déclaration de guerre en 1914 la SMN appartenait à un sidérurgiste allemand de la Ruhr, Auguste Thyssen. Elle fut, évidemment mise sous séquestre. Deuxième paradoxe : A la cessation d’activité de la SMN, la dernière coulée ayant eu lieu en 1993, la Chine se portera acquéreur des hauts fourneaux et des installations qui seront démontées et remontées en Chine. C’est ce qu’on nomme un « juste retour de manivelle ! »
Photo illustrant l’article de Ouest France (c) collection Académie François Bourdon On se croirait dans un Western Soja avec le look d’enfer du travailleur chinois debout à gauche ! Mais c’est simplement parce que le dortoir n’est pas chauffé et qu’il y fait visiblement très froid, comble pour un site sidérurgique de hauts fourneaux. Suivant plusieurs témoignages transmis et dignes de foi de Caennais ou d’habitants des environs, les Chinois furent principalement utilisés pour la construction des grandes cheminées amiantées qui furent montées grâce à des échaffaudages en bambou. Il y eu visiblement plusieurs accidents, donc plusieurs morts (mais pas 15 000 !) qui furent enterrés discrètement sur place. Le site étant en voie de réhabilitation il serait peut-être judicieux de faire appel à un Maître du Feng Shui et un rituel de purification pour éviter un nouvel épisode à la Stephen King !
LA GRANDE GUERRE DE 1914 1923
* Concernant les prisonniers de guerre allemands de la Grande Guerre, donc 1914 1918, il existe à Nantes le cimetière de La Bouteillerie, rue Gambetta. Or ce cimetière comporte 226 tombes allemandes alignées le long d’un mur. Ces militaires allemands sont décédés à Nantes entre 1914 (en réalité 1915 puisque la demande a été formulée en janvier 1915 par le Syndicat des Entrepreneurs du Port de Nantes) et 1919, bien qu’il fut question il y a encore peu longtemps de 1923. Mais cela devait déranger et visiblement les tombes ont été refaites assez récemment pour aplanir cette aspérité historique. Les autorités d’époque ont donc conservé des prisonniers militaires et les ont utilisés, comme des esclaves, pour les faire travailler, à bon compte, dans le port de Nantes au dégazage, à l’amiantage, à la réfection, à la réparation de bateaux et au déchargement de ceux-ci dans des conditions qui ont occasionnées la mort de jeunes gens ayant entre 17 et 26 ans.
On apprend dans un article de Ouest France daté du 11 novembre 2006 et signé Chantal Boutry titre : « Cimetière Bouteillerie : 226 Allemands (avec minuscule à allemands) inhumés » « Ils étaient prisonniers de la Première guerre mondiale. Blessés ou malades ou travailleurs réquisitionnés, 226 militaires sont décédés entre 1914 et 1923 » et « qu’ils étaient surveillés par des militaires américains et qu’ils provenaient initialement du camp de Belle-Ile « .
On comprend mieux qu’il ait pu exister vis à vis de la France une certaine animosité de l’autre côté du Rhin.
Surtout si on imagine que Nantes ne devait pas être un cas unique. (Information initialement apportée par Manuel Poul, jardinier à la Ville de Nantes qui s’est étonné, à juste titre, des dates inscrites sur les tombes).
Quelques unes des 226 tombes allemandes du cimetière de la Bouteillerie Nantes. La plupart d’entre-elles portent des dates de décès entre 1918 et 1923 ! Cette photographie est sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0 Carré militaire Soldats allemands 1914-18 – Cimetière de la Bouteillerie*
Une partie de la liste des militaires allemands inhumés à Nantes entre 1915 et 1923 En précisant bien qu’il ne s’agit pas de blessés hospitalisés et décédés mais de prisonniers de guerre décédés pour la plupart pendant les cinq années suivant la fin de la Grande Guerre.
Concernant les Français, d’ailleurs, aucun régiment donc aucun soldat n’a été démobilisé le 11 novembre 1918. A cette date tous les journaux de marche des régiments comportent cette mention. « Un armistice a été signé ce jour. Le Régiment conserve ses positions ». Sinon « Le Régiement avance en direction de la frontière allemande ». La majorité des poilus, en réalité, seront démobilisés en 1919 sinon 1920 et parfois même plus tard. L’Etat Major et le pouvoir en place ne tenaient pas trop à ce que des régiments armés se retrouvent dans la capitale. On ne sait jamais ce qui aurait pu se passer. On a donc démobilisé « peu à peu et petit à petit ». Les « Grands Baluches » de l’Armistice du 11 novembre 1918 qu’on nous montre complaisamment ne concernent donc, en réalité, que les civils (on disait les rombiers, les gaziers ou les pékins…c’est selon) et les planqués. Puisque les militaires, donc les « poilus », étaient tous en casernement. La Grande Guerre ne s’est donc pas terminée, loin de là, en 1918 ! Mais il faut bien « faire un peu de pédagogie » de temps à autre et entretenir les mythes fondateurs. GC
Les camps des travailleurs chinois. Il va sans dire que la discipline de ces camps est toute militaire pour ne pas dire concentrationnaire puisque les travailleurs ne disposent pas de permission extérieure et une seule journée de repos par semaine, souvent remise en question pour des motifs futiles. La cuisine est effectuée par des travailleurs ayant une expérience dans la restauration et les travailleurs chinois ne se plaignent pas de l’approvisionnement qui est plus conséquent en France qu’en Chine à la même époque. L’armée se basant, normalement, sur les rations destinées aux Français qui étaient beaucoup plus conséquentes que ce percevait un ouvrier chinois en Chine. Il leur fut même proposé du vin mais on se rendit vite compte que les Célestes le supportaient assez mal. Et le pain ne les motivaient pas du tout alors que la portion habituelle était de 750 grammes par personne et par jour. Les Chinois obtinrent qu’il soit remplacé par des pâtes ou par du riz. Les journées de travail sont longues et harassantes mais à l’époque, pour un travailleur chinois habitué aux dures conditions de son pays, elles demeurent somme toute acceptables.
Il y aura même des « Chinois Canadiens » et des « Canadiens Chinois » dans le contingent britannique ce qui ne facilite pas le comptage du nombre exact de travailleurs chinois venus en Europe à cette occasion car certains furent comptabilisés dans les effectifs britanniques. Il n’y aura donc que fort peu de désertions et assez peu de problèmes, les Chinois ayant l’habitude de régler leurs affaires entre eux. Les autorités furent donc assez étonnés de leur discipline et de leur sens de la responsabilité collective. Plusieurs travailleurs chinois seront affectés dans des usines et dans les ports où ils s’adapteront fort bien.
Un dortoir du camp de Blangy sur Bresle
Des travailleurs chinois de la Grande Guerre s’exerçant au Kung-Fu Wushu dans la forêt de Crécy
Les travailleurs chinois du camp de Noyelle (62) fêtent le Nouvel An Chinois le 11 février 1918 dans l’année du Cheval de Terre. Ils n’ont pas l’air très contents parce qu’à l’époque les prises de vues photographiques étaient fort longues et que cela brisait l’ambiance de la « Danse du Dragon ». On se doute aussi que la température était fort basse. On les comprend très bien mais on remercie quand même le photographe pour ce document exceptionnel où l’on peut fort bien reconnaître les visages !
Remise en état d’une voie ferrée par les travailleurs chinois aux alentours de Saint Quentin en 1917. On imagine l’immensité et la difficulté du travail accompli par ces dizaines de miliers de « coolies » ! Plusieurs d’entre eux furent tués par des obus non exlosés ou ensevelis sous les gravats des batiments en ruine.
Les puits étaient fort nombreux à l’époque puisque chaque maison en possédait un et qu’il y avait, en outre, des puits collectifs sur presque toutes les places, publiques et à proximité des cimetières. Il fallait donc faire particulièrement attention où l’on mettait les pieds dans les villages en ruines car les margelles étant disparues il ne restait qu’une ouvertre béante, parfois dissimulée sous la végétation. Ce qui explique que la plupart des Poilus se munissaient d’une cane pour sonder le sol avant de faire un pas de trop. Il n’était pas rare, non plus, de périr noyé dans un trou d’obus dont on avait sous estimé la profondeur. La canne devint donc rapidement non seulement utile mais indispensable à la survie.
Des travailleurs chinois remettent en état les voies de chemin de fer bombardées par un raid de l’aviation allemande en 1918 près de la gare de Blangy sur Bresle injustement parfois nommée Angy.
Cet incident a été relevé par la presse d’époque dans « Le Miroir ». On reconnait toujours les batiments dans le lointain. Comme quoi les hommes changent plus vite que les choses !
Les travailleurs attendent leurs affectations. Il s’agit visiblement de travailleurs et de techniciens qualifiés dont la plupart iront dans les usines d’armes ou d’automobiles. On note qu’à l’époque, y compris en Chine, il était assez rare de sortir tête nue, les couvre-chefs se répartissant entre chapeaux, casquettes et bérêts.
Les autres, donc moins qualifiés, les fameux coolis (Kou Li) seront utilisés principalement à des tâches de voiries, comme la réfection de routes détruites par les bombardements, de voies ferrées ainsi que dans le déblaiement des ruines où ils sont particulièrement appréciés parce qu’efficaces et particulièrement pugnaces. Les travailleurs chinois utilisés par la France refuseront de creuser des tranchées de combat sous le prétexte, justifié, que cela les emmènerait sur les zones de guerre où ils seraient dans l’incapacité de pouvoir se défendre. C’est d’ailleurs le théme d’un film chinois assez récent avec Donnie Yen « Le retour de Chen Zhen » ou « The legend of the fist ». Les Britanniques refuseront ce motif jusqu’au moment où il y eut plusieurs tués suite à des bombardements et un risque avéré de la rupture du contrat, ou traité, de 1916 avec la Chine. De nombreux travailleurs chinois seront, enfin, affectés au service de santé et plusieurs deviendront infirmiers. Les blessés les préférant à leurs collègues occidentaux car considérés comme tenant mieux compte de la douleur et agissant, si on peut le dire dans ces conditions de guerre, avec plus de douceur et de compassion. De nombreux Chinois du cap de Noyelle seront ainsi affectés dans des hôpitaux militaires et, notamment, dans les centres de rééducation de Berck. Il serviront également, malgré leur réticences, à la récupération des cadavres sur les anciens champs de bataille et à leur inhumation dans les cimetières militaires en tant que fossoyeurs. Donc à de nombreuses tâches auxquelles les Occidentaux répugnaient quelque peu mais qui étaient plus qu’utiles, nécessaires, en cette partie du conflit.
Les travailleurs chinois eurent dont leur rôle dans la victoire de 1918. Le Maréchal Foch à leur sujet déclare en 1918 » Les Chinois sont des travailleurs de première classe qui pourraient devenir d’excellents soldats, capable d’une tenue exemplaire sous le feu de l’ennemi ». Ce qui est renchéri par le Colonel de Lapomarède qui déclare en 1918 « Ces travailleurs chinois sont sobres, solides, endurants et pacifiques ». Le Parlement Britannique déclare en 1919 « Ces travailleurs chinois ont obtenu plus de résultats et pris plus de risque que tous les autres travailleurs étrangers réunis, mais ce sont ceux qui ont, en fin de compte, reçus le moins de médailles ». David Lloyd, secrétaire d’état pour la guerre, écrit » Ces travailleurs chinois étaient souvent des camarades (fellows) d’une force immense, et il était habituel de voir un de ces Chinois se saisir d’une lourde charge, un tronc d’arbre ou un essieu de locomotive pensant plus de 400 livres et s’en aller aussi calmement que si il portait un paquet de lessive ! »
Un coolie chinois montre sa force en soulevant plus de 200 kg et en les portant sur une cinquantaine de mètres ! Le Lieutenant Colonel Gondre en 1919 put dire à cet effet » Les travailleurs chinois sont dociles, intelligents, de bons ouvriers et ont largement mais discrètement contribué à notre victoire ». La plupart d’entre-eux retournèrent en Chine entre 1919* et 1921 mais certains demandèrent de rester pour travailler en France ce qui inaugurera une nouvelle immigration comprenant de futurs hommes politiques chinois de premier plan venus se former professionnellement et surtout politiquement en France comme Deng Xiaoping, Zhou Enlai (Chou En Lai), Chen Yi, Cai Hesen, Li Lisan, Zhao Shiyan, Li Weihan…mais également le Vietnamien Hô Chi Minh. * Entre février 1919 et novembre 1919 suivant les recherches de Patricia Marcillaux, de l’Université d’Angers, il y avait encore plus de 5000 travailleurs chinois qui oeuvraient dans le Pas de Calais dans le cadre de la reconstruction. Information issue du « Colloque International sur les travailleurs chinois dans la première guerre mondiale » Mai 2010 Boulogne sur Mer et Ypres.
http://www.iccwww1.org/Conference-2010/Home_files/Resumes-abstract.pdf
Cycle de cinq émissions exceptionnelles en langue anglaise de la Télévision Chinoise CCTV9 sur les travailleurs chinois en France pendant la Grande Guerre :
http://english.cctv.com/program/newfrontiers/20091123/102795.shtml
http://english.cctv.com/program/newfrontiers/20091124/102525.shtml
http://english.cctv.com/program/newfrontiers/20091125/102777.shtml http://english.cctv.com/program/newfrontiers/20091126/102415.shtml
http://english.cctv.com/program/newfrontiers/20091127/102688.shtml Qu’on le veuille ou non si la Chine a participé à la victoire des Alliés en Europe, la France a également contribué à la construction de la Nouvelle Chine au travers de son élite qui venait étudier une autre conception de la politique !
Les cimetières chinois ou incluant des tombes de travailleurs chinois morts en France pendant la Grande Guerre
Les tombes chinoises du Cimetière Militaire d’Asq.
Le nombre exact de tombes, et même de cimetières, est toujours assez aléatoire car de simples tombes, parfois isolées, de ces travailleurs chinois ne sont pas mentionnées par les communes concernées. Il est par ailleurs possible, comme à Sains en Gohelle, qu’une fosse commune, en occurence la fosse 10, ait servi, par la suite, à créer un carré de tombes. Mais danc ce cas précis les travailleurs avaient été inhumés dans un linceul portant mention de leur identité ce qui a rendu leur identification néanmoins possible. Mais quoi qu’il en soit le chiffre des morts chinois en France (et en Belgique) pendant la Grande Guerre est plus proche de 3600, en comptant largement, que de 20 000 qui est un chiffre parfois avancé. Mais il dépasse bien largement, également, les 2000 donnés par d’autres sources. Les faits et les chiffres sont là.
Les cimetières chinois en France ou cimetières comportant des tombes chinoises en France :
- 1/ Abbeville (80) : 4 tombes
- 2/ Albert (80) : 1 tombe
- 3/ Arques La Bataille (76) : 70 tombes
- 4/ Asq (62) : 4 tombes
- 5/ Ayette (62) : 54 tombes
- 6/ Beaulencourt (62) : 6 tombes
- 7/ Blargies (60) : 22 tombes
- 8/ Charmes (88) : 3 tombes
- 9/ Choques (62) : 16 tombes
- 10/ Etaples (62) : 1 tombe cliquer ici
- 11/ Essegney (88) : 4 tombes
- 12/ Foncquevillers (62) : 2 tombes
- 13/ Gezaincourt (80) : 4 tombes
- 14/ Haute Avesne (62) : 12 tombes
- 15/ Laventie (62) : 3 tombes
- 16/ Le Portel (62) : 1 tombe
- 17/ Les Rues des Vignes (59) : 1 tombe
- 18/ Longuenesse (62) : 64 tombes
- 19/ Mazargues (13) : 6 tombes
- 20/ Noyelles (80) : 842 tombes cliquer ici
- 21/ Queant (62) : 1 tombe
- 22/ Ruminghem (62) : 75 tombes
- 23/ Saint Etienne au Mont (62) : 160 tombes cliquer ici
- 24/ Saint Sever (76) : 44 tombes
- 25/ Sangatte – Les Baraques – (62) : 203 tombes
- 26/ Tincourt (80) : 58 tombes
- 27/ Villers-Carbonnel (80) : 2 tombes
- Soit 1663 tombes réparties dans 27 cimetières.
Le camp chinois des Tranchées à Blangy sur Bresle (76)
Vue de la vallée vers l’aval au niveau de Boiteaumesnil. En bas c’est la ville de Blangy sur Bresle. Le « camp chinois » était installé dans cette vallée où désormais paissent les paisibles vaches normandes sous les pommiers en fleurs !
La ferme en torchis de Boiteaumesnil sur la D 928 à proximité de Blangy en direction de Neufchatel en Bray. Elle a nécessairement vu passer les Travailleurs Chinois car elle est visiblement très ancienne et se situe juste en face d’une des entrées du camp. Il est impensable que les Chinois qui disposaient d’un pécule ne soient pas venus s’y approvisionner en oeufs, en volailles et probablement même en cochons !
Le lieu dit Le Soleil Battu à proximité de Blangy et qui se trouve juste en dessous de l’autre lieu dit Les Tranchées. A ce niveau les tranchées se sont beaucoup moins bien conservées qu’en forêt. Mais on les distingue quand même à flanc de coteau.
Une autre vue de la vallée et des coteaux où se déroulaient les entrainements. C’est maintenant un paysage typique à la Normandie avec ses haies vives et ses pommiers en fleurs.
Une autre vue de la vallée où se situait le camp chinois de Blangy, cette fois-ci vers le haut du val. On distingue encore des traces de batiments dans l’herbe nouvelle mais il n’en reste plus rien.
Il s’agit de l’un des principaux camps chinois dans le nord-ouest de la France, en Haute Normandie (Seine Maritime jadis Seine Inférieure) se situant à proximité de la petite ville de Blangy sur Bresle à une vingtaine de Km de la mer. Dans certains documents elle est appelée, par erreur, Angy. Mais à notre époque les erreurs se recopient vite ! Ce camp se situait exactement dans la vallée comprenant le Fond de Blanqueval, Boiteauménil et le Fond Fournier sous le Mont de Dieu, la Côte du soleil Battu et le lieu dit Les Tranchées. C’est ce dernier nom significatif et représentatif de la Grande Guerre qui est souvent donné, à tort, au camp. Il existait des baraquements dans la Forêt Royale et Indivise d’Eu, toute proche, ainsi que dans la Forêt d’Eawy près de Neufchatel en Bray mais qui servaient de bases d’entrainement au creusement de tranchées et au ramassage des blessés dans les conditions les plus proches de celle du front. On retrouve donc un important réseau de tranchées et quelques casemates qui servaient de lieu d’entrainement. Au vu des cratères de bombes cet entraînement devait d’ailleurs être très réaliste. Mais il est vrai que cette même forêt abrita, pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs rampes de lancement de V1 allemandes ainsi que des postes de DCA qui furent bombardés par les alliés.
Le Poteau Maître Jean dans la forêt d’Eu près de Blangy. Il sert de point de repère pour une promenade oùl’o, découvre les tranchées, les trous de bombes, les casemates et une vue sur la vallée à parertir du lieu dit « Les tranchées ». C’est l’endroit où les vestiges et souvenirs du camp chinois de Blangy sont les plus significatifs car les mieux conservés.
A proximité du Poteau Maître Jean les vestiges d’un réseau de tranchées. On se croirait à Verdun ou dans l’Argonne !
Un sérieux trou de bombe dans le réseau des tranchées. Difficile de dire si il s’agit d’un entrainement lié à la Grande Guerre ou d’un bombardement allié de la seconde guerre mondiale. Les deux guerres parfois, comme au Chemin des Dames, s’entre-mêlent. Il est étonnant que l’un des plus grands réseaux de tranchées et probablement l’un des mieux conservés de la Grande Guerre se situe à un endroit où il n’y eut aucun affrontement.
Toujours le réseau des tranchées dans le bois avec Martine et le chien Ricky pour bien montrer l’échelle qui n’est pas trop rendue en photo. Ce n’est pas de la rigolade !
Toujours les tranchées dans le bois près du Poteau Maître Jean
Deux casemates près du poteau Maître Jean à procimité du camp chinois de Blangy sur Bresle
Une casemate encore très bien conservée également à proximité du Poteau Maître Jean
Une casemate en 1917 dans les Flandres avec des soldats britanniques et des travailleurs chinois. On distingue très nettement trois « Célestes » au centre de la photo, dans la casemate. Cela se situe visiblement en arrière de la ligne de front afin de respecter les accords signés en 1916. Pour s’y rendre, à partir de Blangy sur Bresle (76) il suffit d’emprunter la D928 qui passe devant l’ancienne gendarmerie en direction de Neufchatel en Bray, là où l’on fabrique encore les fameux fromages de Neufchatel, déjà connus sous Guillaume le Bâtard qui deviendra Guillaume Le Conquérant et Roi d’Angleterre *, de passer devant Boiteaumesnil, qui se situait en aval de la vallée puis de continuer jusqu’au Poteau Maître Jean et se se garer sur le parking afin de découvrir les fameuses tranchées. Les casemates, au nombre d’une dizaine, sont sur le bord de la route en direction de la Maison Forestière.
Un peu plus loin en empruntant le chemin de Longuemare on arrive au terme d’une marche d’une vingtaine de minutes au lieu dit « Les Tranchées » , la « Côte du Solein Battu » et le « Mont Dieu » à partir duquel on a une vue panoramique sur la vallée donc sur l’emplacement du camp. Il en existe encore quelques vestiges, pans de murs et fondations, mais ils sont inclus soit dans des pâtures soit dans des champs cultivés (colza). A la tombée de la nuit ou au lever du jour lorsque le soleil est rasant on distingue clairement les emplacements des barraques et des traces de rues et de places. Mais malheureusement il n’en reste presque rien si ce n’est le souvenir. Le camp, au total a du accueilir près de 75 000 travailleurs ce qui pour une ville comme Blangy était une communauté très importante qui fit, un moment, prospérer le commerce car les Chinois avaient besoin de ce qui est nécessaire à la vie et à la survie en camp. Mais comme tout ce qui est militaire, surtout à l’époque et en temps de guerre, il convenait de demeurer très discret au risque de se faire accuser d’intelligence avec l’ennemi, donc d’ espionnage. Les Normands sont déjà fort discrets et ne cherchèrent pas, pour la grande majorité, à en savoir plus donc trop. Encore actuellement c’est un pan d’histoire toujours plus ou moins occulté et qui ne motive que très peu de visiteurs et même d’historiens. Il n’existe pas grand chose en français sur le sujet. Preuve en est que mes articles parus dans tao-yin.co sur ce sujet ont suscité pas mal de copier-coller tant pour le texte que pour les photos ! Mais, par contre, un excellent ouvrage en chinois et en anglais, distribué en Belgique : « Over There – The pictorial chronicle of Chinese Laborer Corps in the Great War » édité par Shandong Pictorial Publishing House 2009 Weihai. ISBN 978-7-80713-809-9 que nous ne pouvons que recommander et d’où sont issues les photos sépia de cet article. Un reportage a été tourné sur place pour une télévision chinoise que j’ai pu guider sur les lieux mais il demeure, malheureusement, indisponible.
L’ouvrage en question : Over There – Chronique des travailleurs chinois pendant la Grande Guerre – en chinois et en anglais nombreuses photos et commentaires.
Je remercie chaleureusement Julien Debenat alias « Julianshan » Membre Enseignant des Arts Classiques du Tao et Enseignant à L’Alliance Française de m’avoir fait connaître et fait parvenir cet ouvrage. Pour en savoir plus sur les camps chinois du nord de la France : Le cimetière de Noyelles sur Mer Cliquer ici
Le cimetière de Saint Etienne au Mont cliquer ici
La tombe chinoise du cimetière britannique de Etaples cliquer ici
Et un site qui a peut-être oublié de citer sa source et préfére le copier-coller ! cliquer ici Mais c’est normal sur Internet semble-t-il !
Petite digression sur le Neufchatel et la cuisine normande de Guillaume.
* Suivant des sources britanniques émanant du Clan Sinclair, dont plusieurs chevaliers étaient présents à côté de Guillaume à la bataille de Hastings, le 14 octobre 1066 puisque le Comte de Saint Clair ou de Sinclair était l’un des cousins de Guillaume, celui-ci avant de s’embarquer à Saint Valéry en Caux pour l’Angleterre aurait demandé à ses hommes de s’approvisionner en nourriture. Or ils trouvèrent dans les fermes des environs le fameux Neufchatel qui existait déjà (contrairement au Camembert qui ne sera créé par Marie Harel vers 1790 !) et qui était, déjà, fort salé. Disons un peu salé. Guillaume le gouta et dit à peu près « Pouark, c’est trop salé, mes hommes qui déjà vont traverser l’eau salée vont être malades ! Aller quérir des confits picards (confitures de fruits rouges) et qu’il ne soit (le Neufchatel) servi qu’avec ces fruits sucrés afin d’en aténuer le sel qui provoque l’amertume ! » Guillaume ne voulait pas d’une « armée amère » et ce qui fut dit fut fait. A son arrivée sur le sol des Godons un repas fut servi, toujours avec le Neufchatel mais bel et bien, suivant les ordres, accompagné de confiture. Ceux qui détestaient Harold, ou Hérald, l’usurpateur puisque la couronne avait été promise à Guillaume maintenant devenu William, accourus à sa rencontre pour faire allégeance furent invités à ce repas et constatèrent que les Normands mangeaient le fromage avec de la confiture. Ce qui leur sembla de très bon gout. Et depuis c’est une coutume demeurée dans la Gentry, donc chez les descendants lointains de Normands. Il en va de même pour les viandes bouillies servies avec des légumes. Les Saxons, donc les Anglais d’époque ne consommaient que de la viande rôtie d’où leur surnom de « Roasted Beefeaters » (bouffeurs de viande rôtie) qui se transforma peu à peu en « Roastbeef ». A cause, également, il faut l’avouer, des uniformes rouges à parements blancs qui les faisaient ressembler à ce rôti duement préparé chez le boucher avec la barde et sanglé de ficelle. Ceux qui se rallièrent aux Normands prirent aussi cette mauvaise habitude de la viande bouillie accompagnés de légumes « à l’anglaise » donc juste peu cuits à l’eau. Cuisine anglaise qui a d’ailleurs désormais envahi le monde entier, y compris les « grands restaurants français » où l’on échappe plus aux légumes croquants à l’anglaise et manquant cruellement d’assaisonnement ! On trouve même désormais du « coleslaw » (c’est écrit dessus !) dans les super-marchés de l’hexagone.
Une souris d’agneau braisée avec une sauce tomatée au cumin mais accompagnée de légumes à l’anglaise – avec une excuse c’est au restaurant « Le Channel » à Ouistreham ! Encore un coup des Godons. Enfin les Normands (donc les « Français ») nommaient la viande dans l’assiette, donc à table, alors que les Saxons (donc les « Anglais »)la nommaient sur pieds, donc dans les champs. On retrouve ainsi pour le boeuf beef en normand et ox en saxon, pour le cochon porc et pig, pour le mouton mutton et sheep et ainsi de suite. Ceux qui se plaignent, en France, de la cuisine anglaise et qui s’en moquent feraient bien de tourner sept fois la langue dans leur bouche puisqu’elle provient, en réalité, originellement de chez nous ! Et que ce sont les Godons, pardon les Anglais, qui nous firent découvrir les roastbeef et autre beefsteacks que l’on nommait « rôts ». Mais il est amusant de constater que les gens de Neufchatel et les producteur de ce fromage, le troisième plus ancien fromage de France, (le premier fut Forma Ambericum – la Fourme d’Ambert, citée par le Grand César dans la Guerre des Gaules, le deuxième le Roquefort qui en 804 bénéficia d’une apellation contrôléee délivrée, excusez du peu par Charlemagne – Carolus Magnus Fleurus (Le Grand Charles à la barbe rase (à fleur de peau !) et non fleurie, crétins de copistes), et donc le Neufchatel (qui lui est à croûte fleurie ! ) cité dans les chroniques de la conquête anglaise (Gesta Guillelmi), vers l’An Mil, comme quoi les grands hommes ne sont pas toujours insensibles au bon goût ! Churchill disait à De Gaulle, à moins que cela ne soit le contraire, « Les Anglais ont trois cents religions et trois fromages alors que les Français ont trois cents fromages et trois religions, comment voulez vous que nous puissions nous entendre ? » . Et Brillat Savarin, pourtant particulièrement chauvin, avouait au début du XIXe siècle « La cuisine française est la première au monde car nous avons le vin et le fromage. Si cela n’avait pas été le cas, la cuisine chinoise occuperait probablement cette place ! ». Et le Brillat-savarin est lui-même un excellent fromage.
Le très fameux (et un peu salé, c’est vrai, mais délicieux !) fromage de Neufchatel – Le Neufchatel – AOP !
En cadeau à mes Amis Chinois (et à ma lointaine famille écossaise !) qui, pour la plupart n’apprécient pas nécessairement le fromage français ou normand mais qui font des efforts.
Connu depuis Guillaume le Conquérant si on en croit les Godons, pardon, les Anglais et même les Ecossais venus jadis de Normandie, et avant du Dannemark, plus particulièrement de Saint Clair sur Epte puis de Saint Clair sur Elle et qui sont devenus le Clan Sinclair dans l’extrême nord de l’Ecosse et dans les Orcades (Orkneys). Et qui devrait se déguster, suivant Guillaume lui-même, avec des « confits picards », donc de la confiture de fruits rouges, également réputée à l’époque de l’An Mil. Mais ce sont les Godons qui désormais l’affirment. Sa forme de coeur devrait séduire nos Amis Chinois et nous leur en proposont à chaque fois qu’ils viennent nous rendre visite dans ce coin de la très Haute Normandie. GC
Les Indochinois en France pendant la Grande Guerre de 1914 1918 par Georges Charles
L’Indochine n’est pas la Chine mais certains Chinois sont pourtant considérés comme des Indochinois ! La situation est très différente en ce qui concerne l’Indochine car elle est sous protectorat français et se doit donc d’intervenir directement dans le conflit. Elle comprend le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine, qui formeront le Vietnam, mais également le Laos et le Cambodge ainsi que le comptoir de Kouang Tcheou Wan (Guangzhouwan), situé en Chine à l’Ouest du Guangdong et qui comprend la ville de Zhanjian. Le cas du Guangzhouwan est particulier car bien qu’il s’agisse de Chinois, ils seront considérés comme Indochinois et pourront donc participer aux combats sous le drapeau français.
Territoire de Kouang Tcheou Wan – Miliciens chinois – carte postale d’époque. Les « miliciens chinois » sont vétus d’uniformes des tirailleurs tonkinois, donc indochinois, ce qui n’est pas fait pour simplifier les choses. Certains d’entre eux combattront en France, dans les tranchées de Verdun ou du Chemin des Dames.
Il y a donc des Chinois, oubliés par les historiens, qui ont combattu dans les tranchées et même dans le ciel puisque le plus célèbre d’entre-eux, mais désormais totalement oublié, le Sous Lieutenant Tzu (ou Hsu), justement originaire de la ville de Zhanjian est devenu un as authentique après avoir obtenu le score tout à fait honorable de 7 victoires aériennes homologuées (la grande majorité des pilotes n’en n’ont eu aucune à leur actif !)
Le Lieutenant chinois Tzu (Hsu) volant sous les cocardes françaises. Il a obtenu 7 victoires homologuées et est donc un authentique As de l’aviation de 14 18 !
Entre mai 1916 et février 1918 c’est le Gouverneur Général d’Indochine par intérim, Jean Eugène CHARLES, Résident Supérieur jusqu’en 1920 et qui sera également le précepteur de l’Empereur Bao Dai, qui se chargera de la conscription et du recrutement de militaires et de civils devant participer à l’effort de guerre.
Tirailleur Indochinois suivant une carte postale d’époque (doc. Marc Terraillon). On a pu reprocher à l’Officier Français de rester quelque peu en arrière judicieusement planqué ! Ce sera un peu le mythe des combattants de la jungle repris par les Américains vis à vis des Japonais. On représente dans les films américains le Japonais, le « Djap », comme un combattant particulièrement redoutable et faisant corps avec la jungle de laquelle il surgit férocement. Pourtant à l’époque 80 % des soldats américains étaient des ruraux, donc des campagnards habitués à la nature, alors que 80% des soldats japonais étaient des citadins qui n’avait jamais mis les pieds sur autre chose que sur du béton. Le même mythe refera surface pendant la guerre du Vietnam où les « Gooks » ou les « Niacs » ressurgiront de la jungle le couteau entre les dents. blog sur l’Indochine pendant la Grande Guerre cliquer ici 100 000 Indochinois nous soutiennent !
On estime que près de 100 000 Indochinois sont venus participer à cet effort. Dont 6000 officiers, sous-officiers et hommes du rang, donc militaires de carrière servant déjà sous le drapeau français ainsi que 2330 mobilisés parmi les résidents français devant accomplir leur service militaire.
Un groupe d’Elèves Officiers en 1917. Quatre sont des Indochinois tout à fait intégrés par leurs camarades Français.
Mais on compte 43430 combattants indochinois mobilisés entre 1916 et 1918 et qui seront répartis, 4800 dans 4 bataillons combattants et 24 300 dans 15 bataillons d’étape. Ces derniers sont utilisés dans le transport, le ravitaillement, l’entretien et parfois la garde soit de camps de prisonniers allemands soit de zonees sensibles. On compte parmi eux 5000 automobilistes et camionneurs et plus de 9000 infirmiers ou membres du service de santé aux armées (brancardiers, aides soignants…).
Troupe coloniale Indochinoise avec les Tirailleurs Tonkinois. Et l’adjudant de bande dessinée. Pas moyen de passer inaperçus ! Et vive la Coloniale nom de Dieu ! Comme pour les Chinois, les Indochinois sont très appréciés des combattants lorsqu’ils interviennent dans le cadre du service de santé car ils sont généralement très attentifs et bienveillants vis à vis des blessés et qu’ils ont une grande habitude du portage à dos d’homme ce qui rend le transport moins douloureux qu’en civière. Ils sont également réputés en tant que cuisiniers car ils parviennent avec peu à réaliser des plats appréciés et à agrémenter le trop fameux « singe »*, donc le corned-beef, de multiplees façons. Ainsi que 49 000 travailleurs coloniaux, principalement des Laotiens et des Cambodgiens jugés par les autorités françaises d’époque comme trop pacifiques pour tenir un fusil en raison de la très forte influence du Bouddhisme dans la population. Les Français qui se sont déjà heurtés aux redoutables Pavillons Noirs ne prètent pas aux Vietnamiens cette vertu pacifique ! Mais c’est le Tonkin qui avec plus de 43 000 tirailleurs fournit le plus de combattants. Les régiments combattants participeront à Verdun et au Chemin des Dames et de nombreux combattants seront décorés.
* Le surnom de singe donné au corned-beef provient du fait que la viande utilisée provenait de Madagascar et était celle des boeufs zébus ou boeufs malgaches à bosse qui alors était considérée comme de mauvaise qualité. Les poilus étaient certains que cette viande était mélangée à de la viande de brousse, donc du singe. Il en concevaient donc une certaine méfiance. La viande de boeuf malgache est désormais réputée et fournit les meilleurees tables d’Afrique du Sud et d’Australie.