L’Energie de l’Eau
Etude sur le son et la vibration osseuse
La glace en mouvement (photo Gérard Bertin)
« Comme glace qui fond » (XV Daodejing) (Photo Gérard Bertin)
Les énergies de l’Eau : renforcer les os et les reins pour être en forme au Printemps !
Le caractère Dong : Hiver
L’Elément correspondant à l’énergie de l’hiver est l’Eau .
Le caractère Shui : Eau
A l’origine le caractère Shui (Eau) représente les berges d’une rivière constituées de deux traits Yin (discontinue) enserrant un flot continu constitué d’un trait Yin. Il est donc question d’un contenant et d’un contenu. Mais on retrouve également ce qui caractérise le trigramme KAN (l’Eau, l’abîme)
le trigramme Kan : l’Eau de l’abîme
Et l’Eau s’apparente donc directement, suivant la tradition énergétique la plus classique, à tout principe liquide (dissolution) provenant d’un solide (glace) et se transformant en vapeur (Qi).
Glace (Ping)
l’Eau (Shui)
et la vapeur (Qi)
Ce qui implique, en profondeur, le solide (glace), le liquide (eau), l’aérien (vapeur)
Le Yin de l’Eau c’est la glace ; le Yang de l’Eau c’est la vapeur.
Dans une certaine mesure la glace (Ping) est ce qui provient du Métal (Jin) tandis que la vapeur (Qi) ce qui évolue vers le Bois (germination sous l’effet de l chaleur humide)
On retrouve également le principe développé dans le chapître XV du Daodejing :
« Ils s’animent comme glace qui fond »
Huan Xi Ruo Bing Shi
Huan ; se désagréger, se dissoudre, se disperser (59eme Hexagramme du Yijing : le moment de la dissolution).
C’est le moment ou la structure devient meuble et s’anime peu à peu.
« Se sentir animé profondémment de l’intérieur comme si le mouvement, sous l’action d’une douce chaleur, renaissait peu à peu »
C’est aussi ce qu’il est convenu de nommer « Fu – le retour, le mouvement du Tao »
image-symbole que l’on retrouve dans l’hexagramme 26 (Fu)
Fu Hexagramme 24 : Retour
« Les choses ne peuvent pas finir d’une façon absolue, lorsque l’usure ou le déclin épuise le dessus, le dessous reprend en sens contraire. Parvenu à son extrême limite il y a retour en sens opposé. Liberté du retour » (Yijing – Annales du Musée Guimet Philastre) –
« Sortir et entrer sans inconvénient ; amis arrivant sans culpabilité ; parcourir la voie en divers sens. Le Gua Fu ne rend-il pas visible le coeur du ciel et de la terre »
« Le mouvement du tonnerre ébranle la terre en profondeur réveillant le mouvement de l’Eau »
C’est aussi l’hexagramme particulier de la période du stage du 12 et 13 janvier 2008 :
« Les sources se remettent à couler »
Sur un plan énergétique il s’agit de renforcer l’énergie des Reins en opérant une liaison avec l’énergie profonde des os et des articulations. Dans une certaine mesure il faut, peu à peu, amener la chaleur du Feu du Coeur, par le biais de la Pensée ou Esprit (Sen) et de l’INtention ou Vouloir (Yi) au niveau des reins de manière à réchauffer le Yin (glace) pour le « liquéfier » (Shui Xuan) (Eau) et transformer (Hua) celle-ci en vapeur (Qi) qui va motiver le passage vers la régénération printannière.
C’est le passage difficile de la Glace vers l’Eau puis de l’Eau en énergie de réveil.
Les reins (Shèn),
les os (gu)
les articulations (guan)
Dans les caractères chinois on voit nettement que les reins (Shèn) et les os (Gu) sont liés par la même racine qui représentait jadis la lune, donc le Yin. Les articulations, dans la vision ancienne, représentent simplement une passe, un défilé, un passage, une barrière, un col, une porte. Mais aussi une difficulté, quelque chose qu’il est difficile de franchir sans effort.
Chaque articulation représente donc une porte, une barrière qu’il convient d’ouvrir afin de laisser le libre passage à l’énergie régénérée ou renaissante.
On distingue généralement les « Trois Portes » de la Terre, de l’Etre Humain (de l’homme) et du Ciel…ainsi que la « Porte des Vents » ou que les « Portes de pierre » qui se caractèrisent par le caractère Men (Tian An Men). Mais il s’agit plutôt ici de barrières.
On peut donc les classer par type en fonction de leurs mobilités : grandes barrières donc de grande mobilité (Ta Dong) comme les épaules ; moyennes barrières donc de moyenne mobilité (Zhong Dong) comme les cervicales ; petites barrières dond de petite mobilité (Xiao Dong) comme les os du crâne, de la symphise publienne.
Il est évidement plus facile de mobiliser, donc d’ouvrir les grandes barrières que les petites ! Mais il est difficile d’ouvrir les « petites barrières » si les « grandes barrières » demeurent bloquées. Il convient d’utiliser une inter-réaction entre l’une et l’autre en utilisant la forme moyenne qui se situe à l’équilibre, donc au « juste milieu ».
En énergétique classique, donc taoïste, les reins droit et gauche contiennent l’essence profonde du Yin et du Yang donc la mémoire de l’énergie originelle (Yuan Qi), de l’énergie antique (Su Qi), de l’énergie ancestrale (Zong Qi) de l’énergie multiparentale (arrières grands parents, grands parents), de l’énergie parentale (mère et père) puis des énergies personnelles à l’individu, donc individuelles (individis – qui ne peuvent pas être séparées -). Ces énergies particulières nous relient au passé, au présent, au futur. C’est le Métal, l’Eau, le Bois.
L’Eau représente le mouvement (Dong) de l’énergie.
Sur le plan de la pratique l’eau correspond à la pratique des postures qui renforcent les Os et « ouvrent » ou assouplissent les articulations. Mais également aux postures spécifiques à la nuit, à l’hiver, donc des postures couchées favorisant la méditation.
Méditation au sens propre du terme : « agir centré » que l’on retrouve dans ls racines sanscrites, chinoises, coréennes ou japonaises du « Dhyana », du « Chan », du « Sôn », du Zen.
Originellement en chinois le caractère « Chan » désignait une pelle qui servait à aplanir un terrain de manière à pouvoir y construire un lieu de culte.
Préparer le terrain.
Etre prêt.
Le sanscrit Dhyana, originellement, consistait à offrir un siège (Asana) à une divinité. La méditation implique donc un peu plus qu’une simple sieste accompagnée d’un peu de musique « nouille-âge » et de fumée d’encens aux essences de synthèse. Ou d’un état proche de la glandouille organisée tel qu’on le présente dans certains magazines.
La fonction sensorielle qui relie l’être humain à l’élément Eau est la capacité d’écoute, en un certain sens la recherche de la qualité d’audition.
Il ne suffit pas d’entendre.
Il convient d’être à l’écoute.
Physiologiquement cela s’effectue au travers de la vibration des os et des liquides.
Ting : Etre à l’écoute, écouter
« L’audition permet aux os, donc à la structure corporelle, au squelette, de se préserver des bris dus aux chocs et au chutes »
Nei Jing Suwen
C’est le cri ou le bruit (avertisseur) qui avertit du danger etpermet de se tenir sur ses gardes, donc d’éviter l’accident. La vision chinoise classique insiste sur le fait que l’audition (entendre) et surtout l’écoute (écouter) permet de motiver rapidement les structures les plus profondes liées à l’instinct de survie, donc de « se tenir prêt et en garde ».
Ce qui est intuitivement compris en Occident dans le fameux « Garde à vous ! » qui se transcrit par « Raout ! » en langage militaire de base. Mais aussi en « Ecoutez ! » qui ponctue invariablement le début de chaque phrase de certains dirigeants d’entreprises ou autres politiciens.
C’est le « Garde à vous ! » civil (Wen) Qui correspond plus ou moins au « C’est bien entendu ? » donc au « C’est bien
compris ? » (Bois – prendre, saisir, comprendre ) qui est, aussi, une mise en garde au même titre que le » Bien vu ? » (Feu – voir -savoir). Dans une certaine mesure entendre c’est déjà comprendre.
Wang Yang Ming (1472 1529), philosophe et homme d’action, affirmait, bien avant Cohn-Bendit ou le Brigadier Dugenou « Chercher à comprendre c’est déjà contester ». Dans une certaine mesure « être à l’écoute c’est déjà révolutionnaire ». Ce qui nous ramène à la révolution, donc au « mouvement du retour ».
Les pratiques d’Hiver nous amène dont tout naturellement aux pratiques des « Petites et Grandes Révolutions Célestes » et au travail interne lié à la « Méditation du Calendrier de Jade des Rois de la Chine Ancienne ». Ce qui correspond, n’en doutons pas, à une pratique désormais révolutionnaire puisque participant du « Retour ».
Pour l’Interne les pratiques reliées au mouvement de l’énergie de l’Eau correspondent au Nadir, à l’obscurité profonde dans laquelle brille une petite clarté qui ne demande qu’à progresser jusqu’à la lumière (Ming).
C’est aussi le symbolisme de la Tortue (Gui)
Gui : la tortue
Tortue sur la carapace de laquelle furent gravés les Trigrammes et, probablement, les premiers caractères chinois, et qui servit pendant plusieurs millénaires de moyen de divination et surtout de moyen de communication avec les ancêtres lors de rituels dits magiques.
carapace de tortue avec caractères anciens en « os de dragon »
Cela peut être mis directement en relation avec le « souffle des os » (Ruach) et de nombreux rituels mortuaires.
omoplate (reproduction) avec signes « divinatoires »
Dans le Feng Shui (géobiologie chinoise ou organisation rationnelle de l’espace ) il est question de « tortue-guerrier-serpent noir » qui correspond au Nadir et au Nord. La tortue, de par son souffle profond et lent, représente la longévité. Carrée en dessous (Terre), habitée au milieu (Etre vivant) et ronde au dessus (Ciel) elle symbolise également le Tao manifesté et matérialisé.
La « Tortue Noire » et la « couleur mystérieuse » (Xuan)
petit brûle encens en bronze.