Le Tao du sommeil

Le rêve créateur

Nous passons près du tiers de notre vie à dormir ou a tenter de le faire. Le sommeil est donc une constituante essentielle de notre vie au même titre que la respiration ou la nutrition. La privation de sommeil entraîne, à court terme, de nombreux désordres physiques, énergétiques, psychologiques. Le corps, perturbé dans son équilibre le plus profond, ne répond plus, le métabolisme se dérègle, provoquant une pathologie complexe parfois irréversible, et l’esprit, peu à peu, vacille allant jusqu’à engendrer des hallucinations de plus en plus intolérables. La privation volontaire de sommeil est donc utilisée dans de très nombreux pays totalitaires dans le cadre de la torture dite scientifique.

Dans de nombreux pays se considérant comme démocratiques, puisqu’ils échappent à la dictature, la privation de sommeil précède ou accompagne souvent la privation de liberté. Elle reste et demeure un moyen simple et efficace pour obtenir des aveux ou remettre le récalcitrant dans le droit chemin. Ce n’est pas un simple hasard si les procédures policières commencent très tôt le matin et se poursuivent généralement très tard la nuit. De même les négociations les plus importantes ont de plus en plus tendance à se poursuivre en dehors des heures normales de travail ou de veille. Il existe toujours une bonne raison pour prolonger les travaux et les discussions jusqu’à ce que l’adversaire moins prévoyant ou moins résistant finisse par céder sous le poids de la fatigue. On finit donc par trouver tout cela bien normal et on accepte, peu à peu, de moins en moins dormir tout en dormant de plus en plus mal ou de moins en moins bien.

Or, le sommeil engendre, on pourrait presque dire produit, quelque chose d’essentiel à la vie… le rêve. On parlait poétiquement jadis, en occident, du  » doux pays des songes  » ou du  » palais des songes « . En Chine, le sommeil se dit toujours  » Pays où l’on dort  » (Shui Xiang) tandis que les rêves se disent  » songe endormi  » (Shui Meng). On y distingue donc très naturellement le  » Pays où l’on dort  » (Shui Xiang) du  » Pays où l’on songe  » (Meng Xiang)… et du  » Pays où l’on rêve  » (Shui Meng Xiang). Dans cette optique, le songe est un rêve éveillé alors que le rêve ne peut se produire que pendant le sommeil. Dans la grande tradition chinoise l’immense majorité des découvertes est donc attribuée à un individu hors du commun effectuant un songe…

Lorsque Archimède découvre son fameux théorème il est dans son bain ; lorsque Newton découvre la gravité il s’apprête à faire une sieste sous un pommier ; lorsqu’un Chinois fait une découverte celle-ci lui apparaît nécessairement en songe… ou mieux, pendant son sommeil, sous la forme d’un rêve. Les inventeurs chinois, et Dieu sait si ils sont prolixes, travaillent en dormant.
L’écriture chinoise, les trigrammes du Yijing, la numérologie traditionnelle, l’utilisation du thé, le Taijiquan et mille autres choses prennent naissance dans le songe éclairé d’un empereur, d’un prince, d’un moine ou d’un maître. Qu’il s’agisse de l’Empereur Jaune, de Cang Xie au double regard, de l’Illuminé Boddhidharma dont les paupières se transforment en théier, de Zhan Sanfeng, l’Immortel aux Trois Pics qui, en rêve, voit s’affronter un oiseau et un serpent, les Chinois ne cessent de rêver… et d’inventer ce que nous découvrirons plusieurs siècles plus tard.

Ce qui servait alors à orienter les songes, comme la boussole, ou a effrayer les esprits revenants, comme la poudre, sera alors utilisé pour la conquête de nouveaux territoires et pour affirmer la supériorité de l’action sur le repos et de la réalité sur le rêve. Mais, où est réellement la réalité ? Zhuangzi, alias le Maître Tchouang Tseu, tente de répondre à cette question dans son Traité du Maître Transcendant de Nan Hua :

 » La vie ne serait-elle pas un rêve ? Certains tirés par le réveil d’un rêve gai se désolent. D’autres délivrés par le réveil d’un rêve triste se réjouissent. Les uns et les autres tandis qu’ils rêvaient ont cru à la réalité de leur rêve. Après le réveil il se sont dit que ce n’était qu’un vain rêve. Ainsi en est-il du grand réveil, la mort, après lequel on dit de la vie ce ne fut qu’un long rêve. Mais parmi les vivants peu comprennent cela. Presque tous croient être bien éveillés. Ils se croient vraiment les uns rois, les autres valets. Nous rêvons tous, vous et moi. Moi qui vous dit que vous rêvez, je rêve aussi mon rêve… Jadis, une nuit, je fus un papillon, voltigeant, content de son sort. Puis je m’éveillais, étant Zhuangzi. Qui suis-je, en réalité ? Un papillon qui rêve qu’il est Zhuangzi ? Ou Zhuangzi qui s’imagine qu’il fut un papillon ? Dans ce cas y a-t-il deux individus réels ? Y a-t-il eu transformation réelle d’un individu à l’autre ? « .

La limite entre le rêve et la réalité n’est que fonction de circonstance puis d’appréciation. Mais, ce qui est sur, c’est que le rêve a besoin du sommeil comme le sommeil a besoin du rêve. Et que l’un et l’autre sont indispensables à l’éveil… donc à la vie. Le sommeil, comme le rêve, représente encore la part de mystère qui est en chacun de nous et de tous temps certains on cherché à en trouver la clé. Or, suivant Albert Einstein :

 » Le plus beau sentiment qu’on puisse éprouver st le sens du mystère. C’est la source de tout art véritable, de toute vraie science. Celui qui n’a jamais connu cette émotion, qui ne possède pas le don d’émerveillement, autant vaudrait qu’il fut mort. Ses yeux et son cœur se sont fermés « .

Si il est possible de trouver la clé du sommeil, il demeure plus difficile de trouver celle des songes… Lorsque le sommeil chimique et dirigé est possible il demeure, par contre, toujours difficile et dangereux de modifier ou d’influer les songes. Un rêve peut s’expliquer plus facilement qu’il ne se dirige. Il y a plusieurs milliers d’années l’Empereur Jaune posait déjà à son médecin cette question :  » Quelles sont les causes des rêves ?  » Le très sage Qiba répondit :  » Lorsque l’énergie perturbatrice perturbe l’homme, elle ne se localise pas dans un point fixe mais elle circule avec l’énergie vitale. L’esprit est alors troublé. Lorsque l’extérieur du corps est en plénitude, l’intérieur est en vide. Si cette énergie perturbatrice pénètre dans les organes, l’intérieur sera lors en plénitude et l’extérieur en vide. Cela peut provoquer des rêves.

Voici quels sont ces rêves en fonction du mouvement de ces énergies :

Si l’énergie Yin des organes est en plénitude on rêve que l’on traverse la mer et l’on a peur.
Si l’énergie Yang extérieure est en plénitude on rêve alors d’incendie et l’on est en colère.
Si les énergies Yin et Yang sont toutes deux en plénitude on rêve alors de batailles et l’on devient violent.
Si la partie supérieure du corps est en plénitude on rêve que l’on vole tandis que si la partie inférieure du corps est en plénitude on rêve que l’on tombe.
Lorsque le foie est en plénitude on rêve que l’on est en colère.
Lorsque les poumons sont en plénitude on rêve que l’on a peut, que l’on pleure et que l’on vole.
Lorsque le cœur est en plénitude on rêve de rires.
Si la rate est en plénitude on rêve que l’on est gai, que l’on chante et que le corps devient très lourd.
Lorsque les reins sont en plénitude on se détache du corps. Il est possible que l’énergie troublée devienne alors stagnante. Dans ce cas, lorsque le cœur est en vide, on rêve de montagnes, de feux, de fumées.
Si le foie est en vide on rêve de forêts.
Si la rate est en vide on rêve d’abîmes et d’orages de montagne.
On rêve que l’on se noie quand les reins sont en vide et de voyages lorsque c’est la vessie.
Si l’estomac est vide on rêve de bons repas, si le gros intestin est vide on rêve de chants, si il s’agit de l’intestin grêle on se retrouve dans une grande ville.
Lorsqu’il s’agit de la vésicule biliaire on rêve que l’on se bat ou qu’on est en procès « . (Canon de la Médecine Interne de l’Empereur Jaune – chapitre 43-).

Suivant la médecine chinoise classique il existe donc une relation directe entre le rêve et les organes… de même qu’un organe en vide ou en plénitude peut engendrer un rêve spécifique, les rêves auront une influence directe et indirecte sur les organes et sur les énergies auxquelles ils sont liés.

Dans cette même tradition médicale les rêves, et par conséquence le sommeil, sont influencés par des causes externes ou internes ceci en liaison avec la bonne ou la mauvaise circulation des énergies internes ou externes.

Ainsi, une plénitude de l’énergie du poumon (interne) peut engendrer un rêve ayant un rapport avec le vent… mais, le vent lui-même (perturbation climatique donc extérieure) peut influencer l’énergie du poumon et provoquer un rêve similaire. Il en va bien évidemment de même pour les autres énergies organiques ou climatiques. Le froid, le sec, le chaud, l’humide, la sécheresse, le tempête, l’orage, la neige, le gel, les perturbations solaires, les phases de la lune, les marées… auront une influence externe sur les rêves et le sommeil.

De même un excès ou un défaut de nourriture, un excès ou un défaut de saveur, un défaut ou un excès de cuisson auront une influence interne sur le sommeil et sur les rêves. Il existe ainsi des rêves liés à l’indigestion et des rêves liés à la faim… de même qu’il existe des rêves liés à l’excès de piquant ou au défaut de sel. Un aliment trop cuit ou, au contraire mal cuit ou cru peut, par le biais d’une perturbation de l’énergie organique, provoquer un rêve particulier. Dans tous les cas, la qualité du sommeil s’en ressent.

Pour les Chinois il ne s’agit pas d’une quelconque nouvelle théorie à la mode que l’on oubliera bientôt au profit d’une autre théorie à la mode qui se démodera à son tour mais d’une évidente vérité médicale, presque d’un truisme. Sachant cela il sera du rôle du médecin, ou de l’acupuncteur, de conseiller son patient afin de rendre son sommeil agréable… et utile en lui évitant d’une part les insomnies et d’autre part les cauchemars (Meng Mo – littéralement songes (Meng) démoniaques (Mo) -).

L’influence du souffle sur le sommeil… et sur les rêves

Dans la conception chinoise classique il n’existe pas de différence entre le souffle respiratoire – Qi – et l’énergie vitale – Qi -… L’un et l’autre sont indissociablement liés… ils s’écrivent et se disent de la même manière.  » Petit souffle, petite énergie, petite vie « .
Ce qui peut s’exprimer également par : respiration vulgaire, énergie vulgaire, vie vulgaire.

Zhuangzi, toujours lui, ajoute  » Les êtres authentiques ne sont pas troublés par le rêve pendant leur sommeil ni par la tristesse pendant la veille. Ils ne recherchent pas des aliments raffinés. Leur respiration (énergie) calme et profonde pénètre leur organisme jusqu’aux talons tandis que le vulgaire, au contraire, respire seulement du gosier comme le prouvent les spasmes de la glotte de ceux qui se disputent. Plus un être est vulgaire et passionné, plus sa respiration est vulgaire et superficielle « .

Respiration, alimentation, passion(s) influent sur le rêve pendant le sommeil et sur l’état d’esprit pendant la veille. Le simple fait de régulariser le souffle pendant la veille peut permettre de régulariser le sommeil… et, par simple conséquence, les rêves et les songes. Si on admet que le sommeil est de tendance Yin par rapport à la veille qui est de tendance Yang, on comprend que l’expiration facilite le sommeil comme l’inspiration facilite la veille.

En médecine chinoise classique il a toujours été remarqué que l’insomniaque, comme le vieillard, vit en position d’inspiration (Yang) permanente et finit par oublier l’expiration. Suivant le chapitre 34 du Suwen (So Ouen) l’énergie au lieu de descendre normalement remonte vers le haut du corps provoquant une respiration de gorge bruyante et engendrant l’insomnie. Celle-ci est causée par cinq perturbations liée à cette montée de l’énergie :
Une chaleur excessive du haut du corps et particulièrement de la tête.
Des douleurs et des démangeaisons.
Des troubles de la digestion.
Des troubles de l’appareil circulatoire.
Des perturbations psychiques.

Il est encore ajouté que la contraction cardiaque, la systole, est rendue plus difficile par l’inspiration alors que l’expiration la facilite. Or, pendant l’inspiration il se produit une accélération du rythme cardiaque tandis que l’expiration ralentit les battements du cœur… si on ajoute à cela les phénomènes de tonification (accélération, mobilisation) dus à la lumière et de dispersion (ralentissement, stabilisation) dus à l’obscurité, on comprend que le travail de l’expiration, du retour au calme, de l’intériorisation facilitent le sommeil.

Les médecins chinois ont également observé, depuis la nuit des temps, que les animaux pour s’endormir s’enroulaient et mettaient le nez dans leur fourrure tandis que les oiseaux glissaient leur tête sous l’aile. Contrairement à leurs confrères occidentaux, probablement insomniaques et activistes, ils conseillent donc à leurs patients de dormir la fenêtre de la chambre fermée et le nez sous la couverture. Pas de fanatisme vis à vis de l’oxygène qui, si il est nécessaire et indispensable à la veille, n’est pas forcément le meilleur allié du sommeil. Dans une certaine mesure la respiration saturant peu à peu l’air de gaz carbonique, les vaisseaux se dilatent, la tension artérielle se normalise et se ralentit et les vaisseaux conservent leur souplesse…

La science occidentale, beaucoup plus tardive, confirme bel et bien que lorsque le sang est saturé d’oxygène, les vaisseaux se contractent et la circulation s’accélère… et que lorsque le sang est saturé de gaz carbonique les vaisseaux se dilatent et la circulation se ralentit. Il est facile de comprendre que le sommeil s’accorde assez mal avec la contraction et l’accélération…

Ce qui est valable dans la journée pour faciliter l’activité l’est peut-être moins le soir venu. Des activités violentes, intenses ou trop prolongées effectuées avant de se mettre au lit facilitent l’insomnie autant qu’une pratique respiratoire axée sur l’inspir… et le grand air. Il y a un temps pour tout. De nombreuses pratiques de santé chinoises veillent donc, surtout à partir d’un certain âge, à ralentir la respiration, à calmer la circulation et à pacifier l’esprit de manière à obtenir cette fameuse dispersion de l’énergie nécessaire à un sommeil paisible et réparateur.

La pratique de mouvements respiratoires lents paisiblement basés sur l’expiration profonde, des mouvements de bascule latéraux, des massages dans le sens contraire des aiguilles d’une montre du centre et en profondeur vers la surface et en périphérie, l’assise paisible (Zuo) facilitent ce retour au calme et préparent au sommeil.

Les pratiquants chinois utilisent des termes particuliers comme  » Paix  » (An) ou  » Calme  » (Jing)… mais il nous est également possible, suivant le même principe, de retrouver la valeur de termes comme :
 » Respiration  » (Re = ensemble Spir = esprit Ation ou Action = agir… donc   » Relier l’esprit et l’acte « …
 » Expiration  » donc  » L’esprit agit au dehors « …
 » Décontraction  » (Dé = enlever Contre = ce qui empêche Action = agir)… donc  » Enlever ce qui empêche d’agir « …
 » Relaxation  » (Re = doubler, plus Lax = lâcher, laisser Ation ou action = agir) donc  » laisser, laisser faire « …
 » Méditation  » (Médius = milieu de, centre Ation ou action = agir, faire) donc  » Agir centré « … etc.

Enfin, mieux vaut éviter de troubler l’esprit par des images trop violentes ou des émissions trop polémiques. Si il est bon de se  » délasser  » ou même de quelque peu réfléchir avant de se mettre au lit mieux vaut ne pas confondre délassement avec défoulement hystérique et réflexion avec refoulement obsessionnel.

La régénération par le sommeil

Le sommeil a principalement pour but de permettre à l’organisme de se régénérer par le biais de processus biologiques complexes. La posture horizontale, le ralentissement de l’activité cérébrale, de l’activité sensorielle, de l’activité circulatoire, le relâchement de la musculature… permettent la reconstitution des réserves d’énergie et la réparation des lésions. Ceci est un fait. Mais, dans la conception chinoise il existe une autre explication, complémentaire mais non contradictoire.

C’est également pendant le sommeil que les énergies corporelles, donc microcosmiques, se mettent en relation avec les énergies de l’univers, donc macrocosmiques. La position du sommeil par rapport à un axe vertical et par rapport aux axes horizontaux, aux orients, est donc très importante.

Dans cette conception classique, le Ciel (Tian), considéré comme  » Grand Yang  » engendre une énergie un peu yin ( » Petit Yin  » ou Shao Yin), le  » Souffle Spirituel  » (Shen Qi) qui descend et a tendance à se concentrer. A l’opposé, la Terre (Ti), considérée comme  » Grand Yin  » engendre une énergie un peu yang ( » Petit Yang  » ou Shao Yang), le  » Souffle Essentiel  » (Jing Qi) qui monte et a tendance à se disperser.

Lorsqu’un individu se trouve debout, en état de veille, ces énergies  » spirituelles  » (Shen Qi) ou cosmiques et  » essentielles  » (Jing Qi) ou telluriques ne font que le traverser de part en part motivant plus ou moins ses propres circulations énergétiques. Lorsque ce même individu est couché, ces énergies, alors, se concentrent en lui. Si il est couché face au ciel et dos au sol,  » adossé au Yin et embrassant le Yang  » l’énergie du Ciel ( » Grand Yang « ) descend et se concentre alors sur la face ( » Petit Yin « ) alors que l’énergie de la Terre ( » Grand Yin « ) monte et se manifeste alors sur le dos ( » Petit Yang « ).

Le corps énergétique est alors simplement rechargé comme un accumulateur. Si cet individu est couché face vers la terre et dos au ciel,  » embrassant le Yin et s’adossant au Yang  » ses énergies perturbées retournent alors au Ciel et à la Terre… le  » Petit Yin  » (face) retrouve alors le  » Grand Yin  » (Terre) alors que le  » Petit Yang  » (dos) retrouve alors le  » Grand Yang  » (Ciel). Le corps énergétique est alors nettoyé en profondeur.

Ce principe connu de tous temps en Chine est la base essentielle et fondamentale du fameux  » Feng Shui  » (géobiologie chinoise classique)… qui commence nécessairement dans la chambre à coucher. Les songes, comme les rêves, semblent participer activement à ce processus complexe en déconnectant certains barrages normalement présents lors de l’état de veille. Les images (Xiang) utilisées lors de méditations spécifiques, apparentées à des songes dirigés, et les rêves présents pendant le sommeil sont les deux parties conscientes et inconscientes de cette régénération indispensable à la vitalité puis à la longévité. Ces échanges énergétiques entre le Ciel, l’homme et la terre peuvent être perturbés par diverses causes tant externes qu’internes. Un lit trop mou ou trop haut, donc éloigné du sol, peut être l’une de ces perturbations… Une pièce trop chaude, trop froide, trop éclairée ou trop sombre peut également être à l’origine d’une autre perturbation.

En règle générale, les erreurs se cumulent… jusqu’à un aboutissement parfaitement défavorable. Avant l’arrivée des occidentaux Chinois comme Japonais… et la plupart de leurs voisins… dormaient paisiblement sur des nattes, l’équivalent des  » tatamis  » de paille ou des « futon  » de tissus, à même le sol et utilisaient des oreillers de cuir laqué, de bois ou même de pierre… et ils ne s’en portaient pas plus mal. L’insomnie comme le mal de dos était presque inconnu…

Puis vint la mode des sommiers et autres matelas dans des literies de plus en plus compliquées… qui vint de pair avec celle des fauteuils confortables et des amortisseurs de plus en plus évolués. Cela coïncida exactement avec l’apparition de l’insomnie, du mal de dos et de nombreux états psychiques (neurasthénie, apathie, anorexie… ) jusqu’alors inconnus et considérés comme des maladies occidentales.

Ce qui fut gagné dans une soit disant  » hygiène de vie  » ainsi que dans le  » confort  » le fut au détriment de la santé et de la vitalité proverbiale de millions d’asiatiques fort contents de pouvoir, enfin, nous imiter. Le sommeil du riche avait alors remplacé le sommeil du juste.

Désormais, la Chine, comme le Japon sont de grands consommateurs de somnifères et leurs rêveurs ne créent plus grand chose. Ils se bornent à faire comme nous et à se recopier indéfiniment.