Le « Champ de Cinabre » ou Dantian – Tan Tien

Par Georges Charles

Dan Tian : littéralement « Cinabre-Champ » Le Champ de Cinabre


Dan ou Tan (caractère 10323 du Grand Ricci) Il désigne le cinabre ou cinnabar (cinnabaris) qui est un sulfure de mercure (HgS) donc le minerais à partir duquel on extrait le mercure ou vif argent.

Cinabre massif provenant de Chine et ayant déjà été utilisé comme en atteste la trace présente sur sa tranche

le même cinabre massif utilisé en alchimie taoïste ou pour réaliser des Charmes -Fu Lu – (figures symboliques dites « magiques » ) de couleur cinabre.

Cinabre et Lingzhi (Ling Chih) ou « champignon magique taoïste » (ganoderme lucide ou laqué)
On comprend que la couleur de cinabre du champignon renforce son pouvoir particulier

Cinabre ou cinnabar natif et qui présente donc un début de cristallisation
Parfois des gouttes de mercure, ou Vif Argent, apparaissent dans les cavités.
Celui-ci provient d’Aldamaden en Espagne.
Aldamaden signifie cristal en arabe et a donné, par la suite, adamandin.

Un rare petit cristal de cinabre provenant de Chine (Tongren, Guizhou)

Le caractère chinois Dan ou Tan évoque une galerie étayée qui contient un minerai.
Certains voient également le bas du corps et le nombril situé juste au dessus de la ceinture.
Ce caractère est à rapprocher de Jin désignant le métal qui représente une montagne dans laquelle on a creusé des galeries qui contiennent des minerais.

Métal implique donc minerai de métal, minéral, cristal, ce qui est au plus profond.

 


Jin le métal ou Elément Métal

C’est une montagne dans laquelle on a creusé des galleries
Dans les galeries profondes se trouvent les filons de minerais
Symboliquement c’est aussi la Montagne (Shan) (au dessus) et l’Empereur (Wang) en dessous.

Le caractère Yu désignant la néphrite ou le jade
C’est la pierre la plus appréciée des Chinois !
On dit que le Jade et l’Or forment un beau couple.
Mais Dan ou Tan désigne aussi un elixir, donc une substance pure obtenue à partir de métaux ou minéraux, parvenue au terme des transmutations et qui n’est donc plus soumise à l’action corruptrice et destructrice du temps. En Alchimie Interne Nei Dan – littéralement cinabre intérieur – cela désigne la vérité intérieure.

Dan (Tan) désigne également traditionnellement ce qui est franc, sincère, sans arrière pensée.

Il est à noter que Tan Mai en Chinois désigne le Danemark.
La question est : pourquoi le Dannemark ?

Drapeau danois

Croix des Templiers
Dans l’esprit des Chinois il existe une certaine similitude « symbolique » !
Mais ce n’est, évidemment, que pure coïncidence et pur hasard.
Le hasard, comme la nature, fait bien les choses.
Certains croient, moi je suis certain !

Croix de l’Alchimie Interne ou « croix du cinabre interne » ?
Tien ou Tian (caractère 10929 du Grand Ricci)
Champ de labour, terrain en culture, champ du labourage rituel du printemps, région d’où on peut tirer des ressources, croître, sujet capable d’actions vertueuses, capacité de faire le bien.
Il est à noter que dans la langage ésotérique le laboureur désigne l’Alchimiste qui, lui-même, est l’anagramme de Saint Michel.
Le laboureur est, etymologiquement, celui qui oeuvre (labeur).
Le cinabre, en tant que sulfure de mercure (HgS) est le minerai à partir duquel on obtient le mercure (Hg), ou Vif Argent, longtemps associé au Dieu Mercure, qui est un métal qui se présente sous un aspect liquide d’où son nom grec de Hydrargyrum (argent liquide) qui a donné son symbole Hg.
On sait désormais que le mercure est un puissant neurotoxique et un polluant extrêmement dangereux pour l’environnement, flore et faune et qu’il convient donc de le manier avec une extrême précaution.
Ce que l’on sait moins c’est qu’il fut utilisé depuis des millénaires en alchimie ou « Art Philosophique » pour extraire des métaux des minerais et plus particulièrement pour extraire l’or du minerai d’or.
Ce fut un secret très longtemps conservé en Chine puis qui passa vers les Indes, vers l’Orient, vers le Moyen-Orient puis vers l’Occident.
Avant la connaissance de l’utilisation du mercure pour extraire l’or du minerai il fallait se contenter d’orpaillage, donc de la recherche de pépites ou de paillettes d’or (jaunet, genest, jeunet…) dans les ruisseaux.
Et donc d’une production d’or tout à fait « artisanale » dont il fallait bien se contenter.
Il est plus que probable, sinon certain, que les Templiers, donc l’Ordre du Temple, découvrit ce secret pendant les croisades et qu’ils purent utiliser le mercure, donc le Vif Argent, non pas pour « créer » de l’or à partir d’une quelconque transmutation mais, plus prosaiquement, pour l’extraire du minerai d’or.

On est souvent loin des « Pauvres Frères du Temple » qui chevauchaient un cheval à deux et pour deux !

Le sceau des Templiers – Double Cross –

Jacques de Molay Grand Maître de l’Ordre du Temple qui maudit Philippe le Bel sur le bucher.

L’Ordre du Temple fut créé par Hugues de Payns, marié à Catherine Sinclair.
Elle finança la création de l’Ordre.
De nombreux templiers (Templars) se réfugièrent en Ecosse.
Leurs descendants constituèrent pendant fort longtemps la fameuse « Garde Ecossaise » qui protégeait le Roi de France et qui, plusieurs fois, secourut et sauva Jeanne d’Arc.

La croix de sable engrellée du Clan Sinclair « Gardien du Temple »
Ce Clan fut également à l’origine de la Franc-Maçonnerie Ecossaise.
Il construisit la Chapelle de Rosslyn qui fait couler beaucoup d’encre.
C’est à la fois, en effet, un haut lieu maçonnique, templier et alchimique.
Il est donc presque certain que l’Or du Temple soit lié à l’Alchimie mais non à la pierre philosophale qui transmuttait du plomb en or, mais plus pratiquement à partir du mercure (également pierre philosophale puisque provenant du cinabre, qui est une pierre) pour extraire de l’or de la pierre, donc du minerai d’or, mais en grande quantité, donc presque industriellement.
Il en va de même pour l’alcool qui est issu d’un procédé alchimique qui suivit le même chemin et la même destinée vers l’Occident où il permit à l’Ordre du Temple d’accumuler de grandes richesses en vendant le procédé aux congrégations religieuses (Bénédictins, Trapistes, Capucins…).
Philippe le Bel et Guillaume de Nogaret en faisant arrêter, emprisonner, questionner les Templiers cherchèrent, avant toute chose, et en vain à obtenir ce secret.
Par la suite d’autres alchimistes finirent par le re-découvrir, au sens juridique à l’inventer, puisque Nicolas Flamel, Bon Bourgeois de Paris offrit au Roi de France la possibilité de fonder l’hôpital des Quinze-Vingt, donc de trois cents lits, ce qui était énorme pour l’époque et de faire ériger soixante chapelles.
Ce qui représentait on s’en doute un don fort conséquent pour un ancien épicier mais qui avait eu l’avantage de se plonger dans d’anciens grimoires et de les mettre en oeuvre.
Ce fut le cas de Geoffroy de Peyrac et de Martine de Beausoleil, alchimistes patentés, popularisés par les films « La Marquise des Anges » mais qui commirent l’erreur d’inviter le Grand Argentier du Roi à souper dans de la vaisselle d’or.
Ce qui lui déplut.

Martine de Beausoleil et Geoffroy de Peyrac les alchimistes malchanceux
Alias Michèle Mercier et Robert Hossein dans « Angélique marquise des anges »
Ne vous marrez pas ils ont réellement existé !
Comme quoi le cinéma populaire ne raconte pas que des conneries.
Or qu’ils exploitaient à partir du minerai extraits de plusieurs mines, dont celle du Genest à côté de Laval, et suivant un procédé alchimique utilisant le mercure et qu’ils connaissaient fort bien.
Ils furent donc embastillés et soumis à la question mais, comme pour les Templiers le secret ne fut pas divulgué.
Il ne le sera que bien plus tard et, malheureusement, l’extraction de l’or grâce au mercure pose désormais de graves problèmes pour l’environnement, entre autres, de la Guyane Française.
On constate également que Nicolas Flamel fut, de loin, le plus malin !

Nicolas Flamel vers 1350
C’est vrai qu’il a l’oeil malin !
Ce que l’on peut retenir de tout cela est que, symboliquement, le cinabre permet à partir de ce qui est grossier (le minerai donc une pierre sans valeur) d’extraire, à partir d’une oeuvre alchimique, donc de révèler, ce qui est le plus subtil et le plus précieux.
C’est le passage de la matière vers l’esprit et la mise de la matière au service de l’esprit.
La notion chinoise de « Travail Interne » (Neigung ou Nei Kong) permet à partir du « Cinabre Interne » (Neidan ou Nei Tan) d’opérer des transformations (Yi) puis des trasmutations (Hua) pour obtenir « autre chose encore ».
D’où le terme de Alchimie Interne.
Le Yijing (littéralement « Traité des Changements ») est l’une des voies de cette Alchimie Interne.
Il est donc normal de retrouver des Hexagrammes sur les figures symboliques désignant cette « Alchimie Interne ».
Changement, transformation, adaptation sont simplement trois étapes dans cette recherche particulière, donc propre, de « autre chose encore ».
Passer du commun au propre c’est s’approprier et ce faisant trouver la Voie.
Un des outils pour trouver cette Voie est Zheng, la rectitude.
Wang Bi (Wang Pi) au IIIeme siècle expliquait :

« La Voie de Maître Kong (Confucius) consiste en Zheng et en Shu et en rien
d’autre ! »

Zheng c’est l’élévation vers le plus haut. Le Yang de la Verticale.
Shu c’est s’ouvrir vers les autres : Le Yin de l’Horizontale

« Vigueur énergique et clarté du Yang, Douceur malléable et réceptivité du Yin »
Yijing.

« La Voie de l’Alchimie Interne c’est vigueur énergique et douceur malléable et rien d’autre »
GC

 

Pour en savoir plus sur la « Méditation du Calendrier de Jade des Rois de la Chine Ancienne » donc un voyage intérieur dans ces Champs de Cinabre : cliquer ici.

 


Estampe pour la méditation taoïste du Calendrier de jade des Rois de la Chine ancienne
C’est une vision « intérieure » (Neiguan ou Nei Kouan) des Trois Champs de Cinabre

Les représentations symboliques des « Champs de Cinabre » dans le corps de l’adepte du Tao-Yin Qigong du Lingbao

Quelques « archives » de Georges Charles au sujet de Dantian et de Neidan


Planche originelle et originale décrivant la méditation taoïste du Lingbao (1974)


La méditation taoïste ou Alchimie Interne
Exercices de Santé du Kung Fu par Georges Charles
Editions Albin Michel (1983)

1/ Champ de Cinabre Supérieur (Shangbu Dantian)
2/ Champ de Cinabre Médian (Zhongbu Dantian)
3/ Champ de Cinabre Inférieur (Xiabu Dantian)
4/ Palais du Nihuan
5/ Palais Ecarlate
6/ Palais de la Cour Jaune
7/ Croissance du Yang : ce qui gouverne
8/ Croissance du Yin : ce qui dirige
9/ Canal Central
10/ Coeur-Conscience
11/ Pont des Pies Supérieur
12/ Pont des Pies Inférieur
13/ Porte du Ciel (Dianmen ou Tian Men)
13/Porte des Hommes ou de la Destinée(Jenmen ou Ren Men)(Mingmen)
14/Porte de la Tere (Dimen ou Ti Men)

I : Point de Rencontre (Feu)
II : Point de Retraite (Feu)
III: Point de Stagnation (Eau)
IV : Point de Contemplation (Eau)
V : Point de l’Eclatement (Feu)
VI : Point de la Réceptivité (Feu)
VII : Point du Retour (Bois)
VIII : Point de l’Approche (Bois)
IX : Point de la Paix (Métal)
X Point de la Puissance (Métal)
XI : Point de la percée (Terre)
XII : Point du Dénouement Suprême (Terre)

 

Le Champ de Cinabre supérieur : Shangbu Dantian

C’est le « Palais du Ming Tang » ou le « Palais du Nihuan »
Exercices de Santé du Kung-Fu par Georges Charles Albin Michel (1983)
Cet ouvrage est toujours disponible et vous pouvez le commander à votre libraire !
Par contre le Traité d’Energie Vitale de Georges Charles (Encre) est totalement épuisé, sauf en italien.
Nihuan en chinois comme Nirvâna en indien signifie Illumination

Les Neuf Palais du Nihuan

1/ Mingtangong Palais de la Salle du Gouvernement
2/ Donfangong Palais de la Chambre d’Arcane
3/ Dantiangong Palais du Champ de Cinabre
4/ Liuzhugong Palais des Perles Mouvantes*
5/ Yudigong Palais de l’Empereur de Jade
6/ Taitingong Palais de la Cour Céleste
7/ Jizengong Palais de la Réalité du Grand Faîte
8/ Hsuandangong Palais du Cinabre Mystérieux
9/ Taihuangong Palais du Grand Auguste