« Embrasser le Ciel en enlaçant un arbre » Retrouver le souffle originel
« Posture de l’Arbre » « Embrasser un arbre » « Adossé à un arbre » Il s’agit d’une des postures les plus connues du Daoyin Qigong et qui, en Chine, connaît de multiples appellation et de multiples variantes.
L’arbre dans la tradition chinoise et occidentale : cliquer ici
Elle est réputée pour régulariser et accroître l’Energie Vitale (Sheng Qi).
Elle permet également de prendre physiquement conscience de la circulation de celle-ci au travers d’une pulsion profonde, le Grand Flux (Tai Su) qui est à l’origine de la fameuse respiration embryonnaire (Tai Xi) que certains font correspondre au « Mouvement Respiratoire Primaire » (MRP) mis en évidence en ostéopathie et qui est un mouvement profond de l’organisme qui anime celui-ci dès la conception et continue un moment encore après la mort.
Suivant les Taoïstes c’est ce mouvement de grande profondeur qui relie l’être humain au Ciel et à la Terre et qui réalise l’harmonie entre l’énergie cosmique (Shen Qi – littéralement « Souffle-Esprit ») et les forces telluriques (Jing Qi – littéralement « Essence-Esprit »).
Par le biais de cette pratique qui consiste à « Embrasser le Ciel en enlaçant un arbre » on régularise en profondeur cette pulsion profonde grâce à l’utilisation de la respiration consciente (Huxi) et de la visualisation intentionnelle (Yi). Il s’agit de la recherche d’une harmonisation profonde entre la posture (Xing), le souffle (Qi), l’intention (Yi) et l’esprit (Shen) pour provoquer une transformation (Hua) ou même une mutation (Yi).
Comme dans l’immense majorité des pratiques classiques cette posture se rattache à des explications précises apportées par les textes classiques ou essentiels propres à la culture et à la pensée chinoise.
Le terme « Embrasser le Ciel »provient, par exemple, du chapitre 42 du Daodejing de Laozi (Tao Te King de Lao Tseu) qui énnonce :
« Le Tao engendre Un. Un engendre Deux. Deux engendre Trois. De Trois naissent les dix mille êtres qui s’adossent au Yin en embrassent le Yang recherchant l’harmonie au sein des espaces intermédiaires ». S’adosser au Yin c’est s’appuyer sur la structure, sur la terre : embrasser le Yang c’est embrasser le Ciel.
L’Etre Humain peut, ainsi, s’inclure dans le Tao matérialisé par le Taiji (voir figure II) ou « Faîte Ultime ». Ce Taiji, à l’origine représentait une poutre faîtière, donc ce qui est à la fois au faîte et ce qui soutient la cohésion de la maison.
Le sommet (faite) est visible mais la poutre faîtière ne l’est pas…elle n’en est pas mois essentielle. Cela explique que le sommet est unique mais que le Taiji peut varier. Un sommet est toujours un sommet mais une montagne ne ressemble pas à une autre montagne. Ni une poutre à une autre poutre. Il est donc normal que cette posture, bien que considérée comme unique et essentielle, puisse varier suivant les écoles et les enseignements.
De plus l’enseignant n’est, somme toute, que le guide qui indique au pratiquant le meilleur moyen d’atteindre le sommet de la montagne. Il peut même aider celui-ci à gravir la pente et à franchir les difficultés mais il ne peut pas remplacer la pratique personnelle de ce pratiquant.
Dans cette posture l’Unité (Un) demeure la cohésion de l’ensemble. On doit se sentir « Entier comme le bois brut »(Chapitre 15 du Daodejing). Tête, corps, bras, jambes forment une Unité fondamentale.
Deux est ce qui différentie Yin/Yang : haut ou Grand Yang (Ciel) et bas ou Grand Yin (Terre); gauche ou Est (Petit Yang) et droite ou Ouest (Petit Yin); intérieur (Nei) et extérieur (Wai); face et dos; inspire (Xi) et expire (Hu), pensée (Shen) et acte (Dong).
Trois est la relation subtile entre la Terre, l’Homme et le Ciel; la naissance, la vie et la mort; le début, le milieu, la fin, symbolisé par le caractère Wang, l’empereur ou par les figures symboliques du carré (Terre), du triangle (Homme) et du cercle (Ciel).
Les « dix mille êtres »ou « la myriade des êtres » (Wan Wu) ne sont que la multitude dont chaque représentant est un individu ( du latin individis, unique, qui ne peut être divisé…). Pour les sages taoïstes chinois cette multitude est à la fois Ren, l’humanité et Ren l’individu, l’être humain unique. Qu’il soit, par ailleurs, homme ou femme, jeune ou âgé, fort ou faible, riche ou pauvre.
Lorsque cet être « s’adosse au Yin », donc à la terre, celle-ci confie son énergie essentielle (Jing Qi) qui s’élève et pénètre le dos.
Lorsqu’il embrasse le Yang, donc le Ciel, celui-ci engendre son énergie spirituelle (Shen Qi) qui descend et pénètre la face.
Cet être se trouve ainsi dans la position d’un accumulateur qui se recharge peu à peu en profitant au mieux des énergies cosmiques (Shen Qi) et des forces telluriques (Jing Qi) qui s’animent en lui dans le « Grand Flux » (Tai Su). Il est alors dit que « Les bras enlacent le Ciel, le courage enlace le corps, l’énergie vitale enlace les organes ». Il demeure au pratiquant, par le biais de la méditation, de bien harmoniser ce flux et, éventuellement de le canaliser vers un méridien ou un groupe d’organes.
Respiration, décontraction, relaxation et méditation.
Un des enseignements essentiels de Kongzi, le Maître Kong ou Confucius, consiste à rendre aux mots leur juste valeur. « Qigong » signifie littéralement « Travail (Gong) du Souffle (Qi) » ou « pratique énergétique ». Il serait étonnant qu’un « travail du souffle » ne tienne pas compte de la respiration (Huxi). Respiration, à son tour, signifie « Relier (Re) l’esprit (Spir) à l’acte (action ou axion) ».
En respirant il est donc indispensable d’unir l’acte et l’esprit. Inspiration signifie, à son tour, « l’Esprit (Spir) agit (action ou axion) à l’intérieur ou « dedans » (in) » tandis que l’expiration signifie « l’Esprit (Spir) agit (action ou axion) à l’extérieur ou » au dehors ».
En inspirant il convient de veiller à « remplir » (dedans) en allant de la base vers le sommet.
En expirant il convient de veiller à « vider » (dehors) en allant du sommet vers la base. L’inspire et l’expire, donc la respiration, est ce qui unit l’homme à la terre (base et intérieur) au ciel (sommet et extérieur), donc la matière à l’énergie et le grossier au subtil.
Il convient de particulièrement veiller à ce que la matière soit toujours animée d’un mouvement.
Ce mouvement (Dong) est, dans cette pratique du flux et du reflux, nommé Tui La. Ce qui signifie simplement « pousser et tirer ». Tui (Dui) (pousser) se compose du caractère main et du caractère oiseau ce qui indique la légèreté mais aussi la précision. On retrouve ce même symbolisme en Taijiquan dans le mouvement « Se saisir de la queue de l’oiseau » ( Lan Qiao Wei). La (tirer) se compose également du caractère main mais accolé au caractère être debout.
Ce caractère indique une grande force qui est indiquée par trois tendons (Li) réunis. Pousser et tirer indique la croissance, le changement, la mobilité. Comme en Occident, pousser et croître sont des termes également utilisés en ce qui concerne les plantes.
Lorsque ce mouvement est harmonieux il est alors possible d’accueillir, ou de cueillir, (Cai ou Tsai) l’énergie subtile du Ciel Antérieur (Xan Tian) qui est à l’origine profonde de la vie. Une fois encore le caractère Cai (Tsai) signifiant cueillir concerne les plantes. Il est difficile de cueillir (Cai) un fruit sur un arbre donc la croissance n’est pas achevée. Ces nombreuses références au végétal (Mu) donc à l’arbre ont également été à l’origine du nom de cette pratique (enlacer l’arbre). Ce symbolisme de l’arbre est omniprésent, bien que discret, dans toute la pensée chinoise classique et dans ses applications. On retrouve le symbole de l’arbre dès le premier hexagramme du Yijing (Yi King).
On le retrouve également en acupuncture où il est question des points « racine » et des « branches collatérales ». Ainsi qu’en astrologie avec les « dix troncs célestes » (Tian Gan) et les « douze rameaux célestes » (Di Zhi). En Taijiquan on parle souvent d’enracinement. Dans l’Art du Poing Externe, ou Kung Fu Wushu, k’Ecole la plus connu et la plus représentative, lorsqu’il ne s’agit pas de l’un de ses récents ersatz de music-hall, est Shaolin Shi Quan, littéralement le « Poing du Monastère de la Petie Forêt ». Difficile d’imaginer une forêt sans arbre !
Le China Shou (Art Souple des Saisies) ancêtre chinois du Jujutsu (Jiu Jitsu) japonais s’éctit avec le caractère Chin (Jin) qui signifie « souplesse » et qui se compose de deux arbres, impliquant un arbre (grand arbre) et une branche (petit arbre). L’image de la souplesse est celle d’une branche de saule ployant sous la neige jusqu’à ce que celle ci tombe permettant à la branche de revenir en place.
On retrouve ce caractère dans la formation de l’idéogramme « Judo » et il fut donnc utilisé conjoiontement par les Chinois et les Japonais en connaissance de cause ! En énergétique chinoise classique l’élément Bois (Mu) est omniprésent.Or, une fois encore pas de « Bois » sans arbre ! Les textes les plus classiques eux-mêmes utilisent fréquement l’image de l’arbre. Les racines en sont le fondement (Pen) donc ce qui est à l’origine profonde, les frondaisons et les « mille fleurs » sont l’aboutissement tandis que les branches représentent la diversification.
L’arbre est donc à la fois symbole d’unité et de multitude, de commencement et d’aboutissement etr ceci dans la pérennité et la longévité. Il aurait dont été étonnant qu’on ne retrouve pas ce symbolisme essentiel à la Chine dans le « Qigong » classique !
« Se tenir debout comme un arbre »est donc une formule très utilisée pour qualifier cette posture et, en outre d’apprendre à se décontracter : la décontractionest, étymologiquement, ce qui permet d’enlever, de retirer, de supprimer (Dé) ce qui empêche (contre) d’agir (action ou axion). Retirer ce qui empêche d’agir est donc la phase active (Yang). En complément l’expiration permet d’apprendre à se relaxer, donc de doubler (Re) le lâcher (lax, lâche) de l’action (action axion) tout en conservant son axe en « se reliant à l’axe ». Donc la relaxation. Laisser faire est donc la phase passive.
Décontraction et relaxation invitent, ensemble, au délassement puis au dénouement. C’est le rapport qui existe, naturellement, entre plein et vide, entre plénitude et vacuité.
Or, plénitude et vacuité, qui sont les deux faces d’une même pièce (symballein) invitent à la méditation. Mais, entre nous, la réalité chinoise diffère de la théorie occidentale puisque le plein induit la vacuité (et non la plénitude !) et que le vide induit la plénitude (et non la vacuité). Il serait donc judicieux de nommer ces deux là « vacuitude » et « plénité » puisqu’il existe bien la « bravitude » (entendu sur la Muraille de Chine !) qui, elle même est « fortitude » (force d’âme suivant Chinese Gordon).
Pratiquement, le rapport entre la décontraction, la relaxation et le fait de se relier à un axe permet d’aboutir naturellement à la méditation. Méditation signifie, à son tour, agir (action axion) centré (médius). Se relier à un axe et agir centré par le biais de la respiration et au travers d’une posture entre terre et ciel est la caractéristique fondamentale de ce travail. C’est simplement pourquoi cette posture se nomme également Zhan Chan (littéralement méditation debout) ce qui se traduit en japonais parRitsu Zen en opposition et en complément de Zazen( Zhou Chan en chinois). En Chine elle est donc commune aux pratiques taoïstes (Daoyin) et aux pratiques bouddhistes.
Quelques conseils pratiques pour faciliter la pratique
Le réglage classique de cette posture est défini dans l’hexagramme 31 (Xian) du Yijing (Yi King) : la Mobilisation ou l’Incitation : « déclencher l’influence ».
A la base de la posture, comme à la base de l’hexagramme, les gros orteils sont écartés entre la largeur des hanches et la largeur des épaules. En second, les talons s’appuient sur un axe Terre/ciel. Ce qui permet en troisième lieu de placer le bassin sur ce même axe. Le quatrième trait correspond à la poitrine qui est bien dégagée. Le cinquième trait correspond au dos, à la colonne vertébrale, et particulièrement à la nuque qui est étendue et repose également sur le même axe Terre/Ciel. Le sixième traitcorrespond au crâne qui repose sur l’axe au niveau du centre de l’occiput (Yu Zheng ou oreiller de jade).
Il est très important que ces points soient bien alignés et sur cet axe fondamental. Il est donc conseillé, au début, de pratiquer adossé à une mur (Yin !) puis, par la suite de s’en détacher en conservant la notion de ces points de contact et ce cet axe. Retrouver un axe et un équilibre dans le principe d’une orientation est important. Le langage populaire ne s’y trompe pas lorsqu’il évoque le fait d’être désorienté, déséquilibré ou désaxé. Une fois ces liaisons réalisées et cet alignement effectué il convient de paisiblement amener les bras en devant de soi comme si on « enlaçait un arbre ». Les bras forment donc un cercle idéalement parfait. Les épaules sont basses et décontractées. Les paumes sont vers soi et les pouces sont tournés vers le ciel et se situent à la hauteur du haut de la poitrine (clavicules). Il est possible d’élever ces mains à la hauteur du visage ou de les descendre en face du ventre pour d’autres travaux énergétiques particuliers. La respiration est profonde et ventrale.
Un caractère très ancien décrivait le nombril (Pi) (voir figure 10) comme « ce qui conspire (deux individus qui se suivent pas à pas, deux conspirateurs) avec le crâne (figure d’un crâne et d’une face montrant la fontanelle).
On retrouve encore le sixième trait de l’hexagramme 31 (Xian) : « Incitation de tous les os du crâne, de la mâchoire et de la face ».
Il convient, debout ou en forme couchée, de « maintenir la position quelques instants, quelques minutes ou un peu plus longtemps ». Peu à peu, par le biais de la respiration profonde qui influe sur le ventre (Pi – le nombril) au niveau du Tan Tien, sur la colonne vertébrale par le biais du coccyx, sur le crâne par le biais de l’occipital, un mouvement tout d’abord imperceptible puis profond anime peu à peu le corps. C’est la « respiration embryonnaire » (Taixi) animée par le Grand Flux (Tai Su) qui est, en réalité, le mouvement du Taiji donc de la terre (force tellurique) et du ciel (énergie cosmique) et, partant, de l’univers et du Tao.
C’est ce mouvement subtil et profond qui permet une régénération exceptionnelle et il est possible, pendant les vacances, de trouver de multiples endroits pour le pratiquer tant à la campagne qu’à la mer ou à la montagne, sinon en ville. Il est possible de visualiser très paisiblement un arbre, ses racines, son tronc, ses branches, ses frondaisons, son faîte, le flux et le reflux de la mer sur le sable ou sur des rochers, une montagne imposante avec son adret, son ubac, son sommet et ses sentes ou un être humain libre et debout. il est également possible de méditer sur les textes classiques ou les figures du Yijing mais il s’agit alors d’une particularité spécifique à la méditation taoïste ou bouddhiste. Quelques minutes par jour permettent d’en apprécier pleinement les effets. Attention de ne surtout pas crisper les muscles ou de contraindre le dos, conserver, ensuite une respiration calme paisible et profonde. En toutes circonstances il convient de bien se décontracter d’abord pour mieux se relaxer ensuite et méditer, enfin.
« Embrasser le ciel en enlaçant un arbre » Bien qu’il s’agisse d’une posture ancienne elle fut plus particulièrement développée par le fameux maître Wang Xiangzhai (Wang Hsiang Chai de son vrai nom Wang Yushen) (1890 1963) qui l’avait étudiée sous la direction du Maître Kuo Yun Shen connu dans toute la Chine sous le pseudonyme évocateur de « La Paume assassine du Bouddha » (Fo Jun Sha)…ou la « Paume Divine ».
Il s’agissait donc à l’origine d’une posture commune au Xingyi Quan ou « Poing de l’Unité du Corps et de l’Intention » de forme naturelle (Tseujan), l’un des trois principaux arts internes du Poing, et au Daoyin Fa de l’école du Ling Pao Ming ou « Clarté du Joyau Ecarlate ». Elle se situait donc à l’exacte limite entre l’art de combat et l’art de santé…entre ce qui est capable de donner la mort ou de restituer la vie. Kuo Yun Shen au court de sa carrière affronta une soixantaine d’adversaire en duel et ne fut mit en difficulté que deux fois par Dong Haiquan (Tong Hai Chuan) le fondateur du Baguazhang(Pa Kua Chang) ou « Paume des Huit Trigrammes »et par un de ses condisciple de pratique Che I Chai qui était, avec lui, l’élève de Li Neng Jang. Bien que d’une efficacité redoutée Kuo étudiait également la pratique de l’art de santé taoïste (Daoyin).
Wang Xiangzhai, moins remuant remporta également quelques duels dont l’un, contre le Japonais Kennichi Sawai, demeura célèbre. Sawai, haut gradé de plusieurs Budo (Judo, Karatedo, Aïkijutsu, Kendo, Iaido…) japonais deviendra, par la suite, disciple de Wang. Wang Xiangzhai transmit à la fois la pratique de combat et l’art de santé dans leur version taoïste jusqu’en 1949. Pendant cette époque il eut une vingtaine de disciples dont Wang Tse Ming (Wong Tai Ming) (1909…) qui se réfugiera en France et fut, pendant dix années l’enseignant de Georges Charles. L’arrivée des marxistes au pouvoir en Chine modifia profondément l’enseignement et le discours de Wang Xiangzhai qui dut se résoudre à ne plus transmettre, si on excepte ses toutes dernières années d’enseignement, que la pratique de santé dépouillée de toute référence à la tradition taoïste et à la pensée classique.
Une pratique unique pour de multiples appelations ! Il changea jusqu’au nom de cette pratique en la nommant tantôt
Yiquan (I Chuan) ou « Poing de l’Intention », ce qui était néanmoins une référence directe à ses anciens maîtres Kuo et Li, tantôt
Dachengquan (Ta Tcheng Quan) ou « Poing du Grand Dénouement « , tantôt Zhan Zhuang (Chan Chuang) ou « Se tenir comme un arbre », tantôt Zhan Chan(Chan Chuan – Ritsu Zen en japonais ) ou « méditation debout » et même Taiji Taisu(Tai Chi Tai Chu – Taiki Taiso en japonais) ou « Grand flux du Grand Faîte ». Ceci en fonction des circonstances et de l’idéologie du moment.
Il n’en réussit pas moins, malgré de multiples interdictions touchant les Arts de combat et les pratiques de santé liées au taoïsme et au bouddhisme à continuer de transmettre cet enseignement au nez et à la barbe du pouvoir. Il eut, prétend-t-on, entre 1949 et 1963, plus d’un millier d’élèves assidus. Ce qui explique que cette posture est toujours très connue et très pratiquée en Chine sous ses multiples aspects les plus divers et souvent les plus contradictoires. Certains de ces élèves n’on jamais, de leur vivant, eu une autre vision que celle d’une pratique de santé, d’autres, par contre, ont bénéficié d’une transmission directement liée à la pratique de l’art interne taoïste sinon à la pratique du combat réel dans laquelle, malgré un tempérament pacifique et conciliant Wang excellait. Wang pouvait demeurer plusieurs heures dans cette posture de l’arbre et, disait-il, en retirait un grand bénéfice.
Son disciple Japonais Kennichi Sawai faisait de même puisqu’il arrivait vers sept heures du matin dans un parc, prenait la posture, et ne commençait à bouger que vers dix heures. Lorsque arrivaient la plupart de ses disciples. Visite à la tombe de Wang Xiangzhai où figure bien, n’en déplaise à certains, le nom de Wang Zemin (Wang Tse Ming). Il est vrai que dans un forum un internaute éveillé émettait l’hypothèse que Yohan Radomski, qui avait pris les photos, avait peut-être gravé lui même ce nom dans le granit ! Probablement avec les doigts ?
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Wang Tse Ming et le Liananquan (Lien Han Chuan) : Wang Tse Ming (Tai Ming Wong ; Wang Tsö Ming; Wang Tse Min)(1909 2002), par contre, ne maintenait cette posture que quelques minutes, tout au plus une dizaine de minutes, il expliquait que Wang et Sawaï étaient des « maîtres d’arme » et n’avaient, par conséquence, que cela à faire alors que lui-même dirigeait une importante société d’import-export à Shanghaï et que ses concurrents n’étaient pas dans un parc.
Il développa donc une version plus dynamique basée sur un apport personnel consistant dans les enseignements particuliers de l’un de ses ancêtres, également très connu dans toute la Chine et jusqu’au Japon et en Corée où il est connu sous le nom de O’Yomei : Wang Yang Ming(Wang Shuren) (1472 1529), réputé pour avoir modifié les examens impériaux et rétabli la paix dans plusieurs provinces grâce à ses capacités martiales et stratégiques exceptionnelles.
Wang Zemin ( en Pinyin) (1909 2002) Illustration originale de Patrice Vaidie
Et qui suivant les transcriptions se lit aussi Wang Tsemin, Wang Tseming, Wang Tse Ming, Wang Tai Ming, Wang Tsö Ming et Tai Ming Wong ou Wong Tai Ming – ce dernier nom est la « vietnamisation » de son nom chinois et le patronyme sous lequel il fut naturalisé français. Il est loin d’avoir été le seul asiatique à avoir changé de nom à cause, notamment, des circonstances et des diverses phonétisations fantaisistes en cours !
Réfugié politique en France à cause du simple fait qu’il avait un ancêtre quelque peu encombrant, le fameux Wang Yangming alias Wang Yang Ming , Wang Shuren (Wang Shu Jen ou O’Yomei…) il avait préféré « vietnamiser » son nom de Wang Tse Ming (Wang Zemin) en Tai Ming Wong ou Wong Tai Ming et vivre et travailler dans le quartier vietnamien de Paris entre la rue Monsieur le Prince et la place Maubert.
D’autres que lui, par la suite, ont effectué la démarche contraire et « enchinoisé » leur nom vietnamien (ou Minh, par exemple, est devenu Ming…) quand ils n’ont pas transformé leur patronyme français en un nom chinois mieux adapté à leur profession (…Shan).
En ce qui me concerne c’est en Chine, à Hong Kong et à Taiwan, que pour des raisons de transcriptions en caractères chinois Charles est simplement devenu Cha Li Shi ce qui signifie simplement « celui qui enseigne avec une règle ». Précisons encore, pour les petits malins et les divers forums me concernant sans me trop me concerner que San Yiquan est la transcription en Pinyin Zimu de San I Chuan ou de San Yi Chuan qui a toujours été le nom de l’Ecole que je dirige depuis 1979, date à laquelle Wang Zemin m’a transmis Lien Han Chuan (Liananquan) et donc que cette école n’a jamais changé de nom depuis puisque les caractères chinois demeurent inchangés et semblables à ce qu’ils étaient et à ce qu’ils seront.
Comme j’ai coûtume de le dire « Georges Charles demeure Georges Charles et San Yiquan demeure San Yiquan ». Tout le monde ne peut pas nécessairement en dire autant. Le reste n’est que baratin à géométrie variable et vaticinations.
San Yiquan ou « Poing des Trois Harmonies » Wang Tse Ming enseigna cette forme de 1949 à 1979 en France à plusieurs disciples chinois sous le nom de Liananquan(Poing des Fusions circulaires) puis la transmit sous le nom de Sanyi Quan(San Yiquan) ou « Poing des Trois Harmonies » à Georges Charlesqui l’enseigne depuis 1974 et la transmet officiellement depuis 1979 en tant que successeur en titre de Wang Zemin. L’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels, fondé et déclaré en 1978, Association régie par la Loi de 1901 est le cadre juridique légal de cette transmission puisque nous sommes en France qui, suivant les Chinois, est le « Pays de la Loi » (Faguo).
Georges Charles est l’un des Membres fondateurs, l’un des Membres du Conseil des Sages et l’un des Membres du Comité Technique du Fonds International pour la Préservation des Arts Martiaux Traditionnels FIPAM . L’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionels IDAMCT et l’Ecole San Yiquan font partie de la FIPAM. San Yiquan a donc pignon sur rue et depuis un bon moment, déjà.
San Yiquan ou San I Chuan calligraphie en « nuages » de Wang Zemin
Le terme de San Yiquan désigne la fusion entre Trois Ecoles Externes et Une Ecole Interne.
l’Unité des Trois Yi :
Yi sur Terre représente aussi le chiffre 1 donc l’unité fondementale sans laquelle rien ne peut exister ni perdurer.
Yi pour l’Etre Humain représente l’Intention, le vouloir « Ce qu’exprime le Coeur au travers de la Rate »
Yi dans le Ciel représente les mutations ou transformations telles que l’exprime le Yijing.
San Yi est également une réfèrence classique au chapitre 14 du Daodejing de Laozi : « L’Invisible, l’Impalpable, l’Inaudible qui tous TROIS s’unissent en UN » C’est le Jing, le Qi, le Shen qui s’unissent dans le Tai Yi, donc dans le Tao.
Mais c’est aussi et enfin l’indication que cet enseignement particulier trouve sa source fondamentale dans l’Ecole de la Pureté du Coeur « Xin Xue » telle qu’elle fut transmise par Wang Yang Ming à ses disciples. L’un de ses préceptes essentiels est , en effet :
« San Jiao He Yi » :
« Que les Trois(San) Ecoles (Jiao) (Bouddhiste, Taoïste, Confucianiste)
s’Unissent (He) en Un (Yi).
Xingyiquan et San Yiquan
anciennement Hsing I Chuan et San I Chuan !
De l’Intention (Yi) prenant forme (Xing) dans le Poing (Quan) au Poing (Quan) des Trois (San) Unités (Yi) (ou Trois Harmonies). On peut dire, bien évidemment, que la Posture de l’arbre se prend « comme çi et comme ça, en mettant les pieds et les mains « comme çi et comme ça » et en respirant, ou en ne respirant pas « comme çi et comme ça ».
Mais on a peut être envie d’en savoir un peu plus si on veut pratiquer un peu plus longtemps. Ou dépasser le simple stade de la pratique.
Faire n’a jamais empêché de savoir.
Faire
Savoir
Savoir faire
Faire savoir
et même peut-être savoir faire faire.
Ne sont pas incompatibles, loin de là.
En savoir plus :
L’arbre vu par les occidentaux modernes : Les faux arbres dissimulent des antennes radios !
Hou, hou méfions nous. cliquer ici
Une tradition respectée
La règle de Confucius concernant les écoles :
Depuis la transmission de Li Lo Neng (Li Neng Jan), de la forme de Xingyiquan de tendance « orthodoxe » (Laojia) vers la forme « évolutive » (Ziranjia) le nom propre de l’Ecole représentée par le(s) Maître(s) Héritier(s) désigné(s) du vivant du Chef d’Ecole (Laoshi), s’est toujours modifié. Li choisit le terme Yiquan (Poing de l’Intention).
Son successeur Guo choisit le terme Wuxingquan (Poing des Cinq Formes). Son successeur Wang Xiangzhai (Wang Yusen) choisit le nom de Dachengquan (Poing du Suprème Dénouement). Le dénouement c’est « retirer les noeuds », donc être libre d’agir. Qui est traduit à tort par « Achèvement » puisque dans la tradition classique chinoise rien n’est achevé ni accompli. La « création » (le créateur, l’élan créateur, le mouvement créateur…), comme « l’achèvement » ou « l’accomplissement » sont des notions purement occidentales et très judéo-chrétiennes. Avant il y a quelque chose, ce qui pré-existe, après il y a autre chose, ce qui est perdure.
C’est simplement « avant le Ciel » (Xan Tian) et « après le Ciel « (Hou Tian). Par la suite, après 1949, il reprit, contrairement à cette tradition le terme utilisé par le Maître de son Maître, donc Yiquan (ou I Chuan !) . Ce qui entretient toujours une confusion Yiquan/Dachengquan ! (avec le slash !) L’un de ses successeurs, Kennichi Sawai choisit la transcription japonaise de Taikiken (qui est la traduction japonaise littérale de Xingyiquan).
L’un de ses successeurs, Wang Tse Ming choisit le nom de Liananquan (Poing des Générations Circulaires). Son successeur en titre et direct , Georges Charles (Cha Li Shi), choisit le nom de Sanyiquan (Poing des Trois Harmonies). Ceci pour la raison suivante : « Le nom d’une école appartient à son fondateur.
Ce nom disparaît avec lui à sa mort et ne figure plus que dans les généalogies. Si un disciple souhaite fonder sa propre Ecole, il ne doit en aucun cas l’utiliser. Eventuellement il peut le garder en partie, associé au nouveau nom et ceci pour lui rendre hommage ».
YILI(I Li) Cérémonial. Classique faisant partie des San Li de la Chine Antique. Attribué à Kongzi (Confucius). Cité par le Maître N’Guyen Dan Phu (1911 1995). Dont la plupart des disciples, d’ailleurs, respectent la Règle et la transmettent à leur tour. Mais, évidemment, à notre époque la lecture des « classiques » ne motive plus grand monde et leur respect encore moins ! »
Après la perte du Tao vient l’Efficace (Te ou De).
Après la perte de l’Efficace (Te ou De)vient la bienveillance(Ren).
Après la perte de la bienveillance (Ren) vient l’équité (Yi).
Après la perte de l’équité (Yi) vient la courtoisie (Li)
Après la perte de la courtoisie (Yi) vient le chaos (Lan) «Livre du Prince de Huainan (Wainanzi) IVe siècle avant nore ère.
Il convient, évidemment, de justifier l’utilisation des termes.
Wang Zemin (Wang Ze Min ou Wang Tze Ming) souhaitait respecter Confucius dans la juste utilisation des termes (ou des noms), donc respecter le « bon sens » (Zheng Ming). Inutile de traduire Tao. Tout au plus nous pouvons lui attribuer une majuscule. Le Te ou De est la « vertu », comme la « vertu du Prince » ou la « vertu d’une plante médicinale », donc son efficace.
Ici encore nous pouvons lui attribuer une majuscule. Ren c’est simplement la bienveillance envers les 10 000 êtres, la myriade des êtres, (Wan Wu) et non seulement vis à vis d’une catégorie. L’humanité est un mot vide de sens et avec une majuscule c’est un journal. Comme la Santé avec une majuscule est une prison. Et on sait fort bien qu’à certaines époques ou en certains lieux certains humains sont plus humains que d’autres. Le Tao n’a jien à faire de l’inhumanité ou de l’humanitaire ni du communautaire.
Nous préférons l’équité à la justice car « la justice est au droit ce que le bordel est à l’amour » (Clemenceau). Et l’équité est de « Rendre à César ce qui est à César et à chacun ce qui lui est du » La seconde proposition ayant été soigneusement oubliée par les
« boutiquiers de César » ! Comme il existe encore des « boutiquiers de Confucius » tels que les dénonçaient Wang Yang Ming, l’ancêtre de Wang Zemin. Mais aussi des Chinois qui ne respectent pas même Confucius ni les règles essentielles de courtoisie. La coutoisie c’est la « noblesse du coeur et de l’attitude » et le respect mutuel. Ce n’est pas de quelconques salamalecs et ronds de jambes plus ou moins ritualisés. Le chaos c’est tout le reste et surtout ce qui ne reste plus.
Mais l’important et même l’essentiel demeure la pratique sur le terrain et dans ce domaine particulier nous avons l’avantage de l’antériorité.