En ce moment il faut être quelque peu résistants
Par G.C.
En 1942 sort le film « Casablanca » de Michael Curtiz avec Ingrid Bergman et Humphrey Bogart. Il est désormais considéré comme l’un des dix meilleurs films du cinéma mondial. L’intrigue se situe à Casablanca au Maroc. La ville est contrôlée par le gouvernement de Vichy. A un moment Emile, le croupier, qui est plus ou moins un informateur et qui est joué par Marcel Dalio, toujours ambigu, est à table avec le héro principal qui doit choisir entre ses sentiments pour une Allemande et son devoir. Et il hésite.
Dalio prend alors délicatement du bout des doigts une bouteille de Vichy, la soulève, la déplace et la laisse tomber sur le sol où elle se brise. Et il dit simplement « Il y a des moment où il faut savoir faire un choix » Point. Tout est dit alors que les USA soutiennent encore Pétain. La scène plaira aux spectateurs et aura plus de retentissement qu’un long discours. On aurait envie de prendre un paquet de macarons et de la rejouer.
Passé soixante dix ans j’en ai pourtant vu et vécu pas mal. J’avais dix huit ans en soixante huit et j’étais étudiant à Paris. Pas révolutionnaire, certes, mais motivé par l’espoir de l’évolution d’une société sclérosée. Marcel Dalio aurait probablement commandé un vieil Armagnac au comptoir. En 41 les Zazous défilaient sur les Champs Elysées le 14 juillet avec deux cannes à pèche. Ils marchaient « avec De Gaulle ». Pas de grenades offensives ni de tonfas. Une réprimande.
En 68 on parlait plutôt d’un vieillard maniaque. Plus tard, désapprouvé par le référendum, il a au moins eu le courage de s’en aller. A l’époque les slogans étaient « Assez d’actes, des mots ! » ; « Soyons réalistes demandons l’impossible » ; » Mai, mai, mai Paris mai mai mai Paris ». Mais les Parisiens n’étaient pas encore passé du statut de veaux à celui de moutons. Et puis il eut Grenelle. Avec Balladur, Chirac et Pasqua, Môssieu Charleu, qui « fluidifiait les relations sociales à coup de valises ». Et tout rentra dans l’ordre avec les vacances et l’essence à la pompe. Grenelle a enterré 68 comme tous les Grenelles suivants, spécialités de Président Sarkozy qui était le disciple des trois cités précédemment, ont enterrés quelque chose : Grenelle de l’environnement, Grenelle de l’éducation, Grenelle des retraites et on en passe une demie douzaine. Maintenant on dit d’ailleurs « le Ségur du… » afin d’éviter les rigolades sous cape. Ah oui, j’oubliais celui-ci « Il est interdit d’interdire ».
Depuis le Grenelle de 68 j’en ai connu des interdits. Une simple liste remplirait un ouvrage de 600 pages et quelques annexes. Avec un tome II en préparation. La liste des autorisés tiendrait par contre dans un simple décret. Tout est autorisé sauf ce qui est interdit. Comme tout finit par être interdit cela laisse perplexe et un bel avenir aux avocats et aux juristes. Je ne suis pas du style « C’était mieux avant » puisque cet « avant » représente le passé, donc ce qui est derrière. En admettant bêtement que le futur est devant et le passé derrière, cette confusion entre le devant et le derrière est devenu la normalité. Et le contester est répréhensible. Mais je serai plutôt du genre à constater « C’est pire maintenant ». Ce n’est pas très rassurant. Et c’est même franchement déprimant. Mais puisqu’on vous assure que c’est pour votre bien il faut fermer sa gueule. C’est toujours pour notre bien, pour celui de l’humanité, de l’environnement, de la planète, de l’univers ou que sais je encore.
Bon cela ne date pas d’hier soir. Dans le film de Bertrand Tavernier (1989) « La vie et rien d’autre » Philippe Noiret qui joue le rôle d’un officier chargé d’identifier les dépouilles des soldats tombés au champ d’honneur de la première guerre mondiale cite un passage de Blaise Cendrars, repris plus tard par Bernanos en 1938 sur « Les grands cimetières sous la lune ». Simplement pour expliquer la bienveillance de nos dirigeants et le souci qu’ils ont de notre vie et/ou de notre santé.
« Les massacres ont été d’une telle importance que les cimetières militaires ont été élevés au rang de curiosités touristiques… ».
En précisant encore, ce n’est pas moi qui le fait, c’est Blaise Cendrars, que pour l’immense majorité il ne s’agit pas de militaires mais de civils comme vous et moi qu’on a déguisés, très rapidement instruits et envoyés au casse-pipe des deux côtés. Des instituteurs, des paysans, des étudiants, des employés de bureau, des infirmiers qui ne se connaissaient pas et qui se sont joyeusement massacrés sans trop savoir pourquoi au profit de gens qui se connaissent très bien et qui ne se seraient jamais fait le moindre mal. De nos jours les moyens ne sont plus tout à fait les mêmes mais les résultats sont identiques.
Et lorsque c’est mon cas, je ne suis pas le seul, à vouloir rendre hommage à l’un ou à plusieurs de ces ancêtres morts pour la France on m’empêche de pouvoir le faire puisque les cérémonies mémorielles ont été interdites. On a même fermé les cimetières. Je comprend que pour bon nombre de personnes ce devoir de mémoire n’est pas essentiel. Et qu’on peut fort bien se faire remplacer par Machin qui n’en n’a rien à foutre. Je ne lui donne pas le droit de me représenter. Pas devant la tombe ou la stèle de quelqu’un qui est mort pour la France en sachant pourquoi. Ce n’est pas la même France. Ce n’est plus la même France. Il est possible d’aller bosser, de prendre le train ou le métro bondés, de déjeuner dans un réfectoire, de faire ses courses dans une grande surface, de se rendre au vaccinodrome ou dans un laboratoire d’analyses pour se faire tester mais pas d’honorer ses ancêtres.
Depuis 1979 mon rôle est de transmettre un enseignement reconnu en Chine comme un « Trésor National » et qui remonte à l’époque des Croisades puisqu’initié par Yue Fei (1103 1132)… A la fois Art Chevaleresque et pratique de santé et d’éveil. Depuis plus d’un an je m’estime purement et simplement censuré puisque les salles où j’enseigne sont fermées par décret. Je suis donc obligé d’utiliser la technique du maquis. Cela n’était jamais arrivé à aucun de mes prédécesseurs puisque Wang Xiangzhai lui même (le professeur de mon professeur) continua à enseigner même pendant la Révolution Culturelle. C’est tout dire. Mais c’est pour mon bien et pour celui de mes élèves.
Même l’OMS reconnait que le « Qigong » a un rôle dans la prévention et le renforcement de l’immunité naturelle. Mais ici on n’en n’a rien à foutre et on ferme les salles ad aeternam pour des raisons sanitaires. De même que l’on ferme théâtres et lieux de culture. La culture ce n’est pas essentiel, évidemment. Surtout lorsqu’elle est naturellement contestataire. La gastronomie fait partie de la culture Française et est même inscrite au Patrimoine immatériel de l’humanité. Officiellement. Mais on ferme les restaurants. Et comme lors du Grenelle de 68 on « fluidifie les relations sociales » par quelques valises. Et il restera au contribuable de payer l’addition pour tous ces repas qu’il n’aura pas pu prendre en famille ou entre amis. Pour certains les restaurants clandestins permettent de détourner l’interdit qui s’impose à la majorité. Sans parler des buvettes et autres salons privés ses grandes institutions de la République.
La France (prononcer comme dans les années quarante la Frrrraince) première destination mondiale du tourisme. Oui, avant. Là on s’attend à une catastrophe. Sauf que les Français restent en France, évidemment. Mais chez eux ou au boulot ou au super marché. Paris, la Ville Lumière, est devenue aussi sale que…on ne sait même plus quoi dire à ce sujet. Bogota ou Mexico font probablement plus d’efforts. Les Chinois, les Japonais, les Coréens et même les Thaï n’osent plus mettre les pieds en France et encore moins à Paris où leur sécurité est menacée par des bandes identifiées mais agissant en toute impunité. La France, par contre, vend des armes à la moitié de la planète dont la moitié de dictatures. De l’arme de poing au sous marin en passant par le char ou les véhicules, bien reconnaissables, de répression des « émeutes », c’est à dire l’équivalent des « gilets jaunes » ou de citoyens qui revendiquent plus de liberté.
Et sinon elle vend de quoi les fabriquer en exportant le fameux cupro-nickel de Nouvelle Calédonie. Pas d’arme à feu sans cupro-nickel. On est les troisièmes producteurs mondiaux après l’Indonésie et la Russie mais les spécialistes de la spécialité s’accordent pour admettre que la qualité française dans ce domaine est exceptionnelle. Et on continue à chanter « Aux Armes Citoyens », dans la Marseillaise, alors que le port d’une lime à ongle risque de vous envoyer en correctionnelle ou peu s’en faut. Le Citoyen, si on excepte les chasseurs et quelques tireurs patentés, a été désarmé. Petit à petit, tranquillement sans trop qu’il s’en rende compte. Lorsqu’il était mécontent il pouvait tenter la « grève de l’impôt ». Celui-ci étant désormais prélevé à la source et l’Etat ayant mainmise sur vos comptes en banque, c’est fortement déconseillé au risque de ne plus disposer d’aucun moyen de paiement. Il lui reste à aller taper des pieds après avoir dument déclaré sa manifestation et, en plus, d’être muni d’un ausweis pour ce faire à ses risques et périls. Quand on voit ces mêmes citoyens se voyant infliger une lourde amende pour avoir débouché une bouteille de rosé sur une plage et ceci par des Gendarmes ou des Gardes Mobiles armés de fusils d’assaut (avec canon au cupro-nickel !) on se croirait revenus dans un film de Boisset ou dans une quelconque dictature Sud-Américaine des années soixante dix.
Il est su que les pays les plus démocratiques ont une seule police : la police d’état. Point. Lorsqu’on traverse une gare, désormais, il convient de se munir d’un guide comme pour celui qui permet de reconnaître les oiseaux ceci simplement pour savoir à qui on a affaire. Pour notre sécuritate. On a du bleu, du noir, du kaki, du beige avec de multiples variations comme pantalon noir et veste bleue ou pantalon vert et veste noire, ou kaki et veste camouflage type jungle (dans une gare cela s’impose !) ou total camoufled type guerre du golfe ( comme ces Généraux Américains ridiculement camouflés dans leurs Etats Major mais ici probablement des surplus) et des bérets et képis de toutes les couleurs ou presque. Rouge c’est les Paras (comme à Alger mais il manque un peu les casquettes lézard de Bigeard), vert c’est la Légion. Ou képi blanc. La tarte bleue ou blanche ce sont les Chasseurs, le képi les gardes mobiles, rien les agents de sécurité donc des civils déguisés en « matons du civil ».
En fait vous arriveriez à une douzaine en uniforme achetés dans des surplus et armés jusqu’au dents personne ne remarquerait rien. Bon les kalashes ça ferait un peu désordre au bout d’un certain temps. Donc, comme on disait de mon temps « une sacrée pétaudière ». Et après on pourrait chanter « Aux Armes Citoyens » en allant déposer une gerbe. Si la cérémonie est ouverte au public. Donc au Citoyen. Mais il ne faut pas rêver. Et cette mode ridicule venue d’on ne sait où d’envoyer « sur site » le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur, le Ministre des Armées, ou même le Président de la République. Ils n’ont visiblement que cela à faire et ils seraient plus efficaces dans leurs ministères de tutelle ou à l’Elysée que sur place à gêner les enquêteurs et à déplacer des régiments, des bataillons, des escadrons, le GIGN, le GIPN juste pour passer au 20H00 et satisfaire quelques voyeurs et Madame Zonzon. Pour l’image. Mais toujours après coup. Avec la chance inouïe que les terroristes soient en réalité très peu nombreux et très mal entraînés. Et ne disposent pas de tireurs d’élite. Heureusement. On n’est pas au temps de l’OAS. Mais il est vrai que lorsqu’un sous-préfet inaugure une maternelle il faut déplacer, pour sa protection, au moins deux escadrons de CRS ou de Gardes Mobiles. L’autorité ne semble pas trop être aimée du citoyen considéré comme un terroriste potentiel. Comment en est-on arrivés là ? Simplement à cause de la dérive totalitariste de l’Etat, d’un Etat et plus généralement des Etats. Et du mécontentement pour ne pas dire de la colère du citoyen lambda qui est tout juste bon à bosser masqué, à voter et à payer ses imports et ses contraventions et autres amendes infligées au moindre manquement, à la moindre inattention, au plus petit excès.
« Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. Il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux »
Tocqueville (1805 1859) cité par le Général Jean Yves Lauzier dans une lettre ouverte au sujet du « devoir de réserve »
Déjà !
Alors qu’on sait que dans la plupart des métropoles actuelles il y a plus de véhicules en circulation que de places de stationnement. Et un stationnement payant, comme à Paris du Premier Janvier à une heure du matin jusqu’au 31 décembre à 0 heure cinquante neuf minutes du soir. Quand la rue n’est pas en travaux ou encombrée d’immondices. Moi, ce n’est pas compliqué je ne met plus les pieds à Paris. Après y avoir résidé pendant plus de quarante ans, y avoir effectué mes études, y avoir travaillé, y avoir crée une Association en 1978 et y avoir donné des centaines de cours et organisé de multiples stages. Pour paraphraser Maurice Pialat, avec lequel je finis par avoir une certaine ressemblance, déclarant au Festival de Cannes 1987 « Vous ne m’aimez pas, rassurez-vous je ne vous aime pas, non plus ! » puisque Paris n’est plus aimable et bien je ne l’aime plus non plus ! Heureusement que j’ai pris, jadis, le temps d’y passer de bons moments. Mais c’est un temps révolu. Lorsque je vais diriger des stages en Province j’évite même d’y passer ou d’y mettre simplement les pieds et je passe par Roissy. C’est moche mais c’est un aéroport et une gare RER et TGV. Et comme les restos sont fermés je n’en ai donc plus rien à foutre. Non, rien de rien, non, je ne regrette rien. Le mal est fait.
Mais vivre à la campagne n’est pas non plus très facile. Quand on a un peu de terrain, une haie, quelques arbres cela produit nécessairement chaque année des « déchets verts ». Avant on les faisait sécher et on les brulait sans autre forme de procès. Cela durait en gros une bonne trentaine de minutes parce qu’on savait y faire. Maintenant c’est interdit et passible d’une amende de 450 euros. Pour les particuliers puisque les agriculteurs n’en n’ont rien à foutre. Il convient donc d’amener ces « déchets verts » à la déchèterie locale en voiture où on note le numéro de celle-ci et votre provenance. Dès fois qu’un Nîmois ou qu’on Basque ait décidé de venir se débarrasser de son surplus de verdure. Avec une japonaise hybride « normale » ce n’est évident. Les voitures japonaises « normales » ne sont pas faites pour ce type de mission. Il est donc préférable d’avoir un gros 4×4 ou un SUV et une remorque et de faire la queue avant de pouvoir vider les végétaux. Qui en pourrissant produiront autant de CO2 et d’ozone qu’un brûlage bien mené. Et sans compter la pollution liée aux véhicules qui ont été utilisés pour ce faire. C’est de l’écologie bobo-bonobo. Comme souvent.
Finalement on se demande si, comme presque tous les voisins, on ne va pas couper ces maudits arbres et faire arracher la haie vive et la remplacer par un putain de grillage. La campagne, même normande, finit par ressembler sérieusement à la banlieue. Presque au Neuf-Cube bien que là bas il y ait encore des espaces verts. Finalement on achète un incinérateur en tôle avec des trous et trois pieds qui disparaissent avec le fond au bout de six mois et on brûle dedans les fameux déchets. Puisque c’est autorisé. Il y en a pour deux jours au lieu de la demi-heure mais il faut faire avec. On voit passer les Pandores qui visiblement ont été prévenus par des écolos soucieux de préserver la planète. Mais ils ne s’arrêtent même pas. Déçus. Et le deuxième jour quand il en reste encore un bon tas, une braise ou deux s’échappent de l’incinérateur sans fond et et sans pieds et foutent le feu au reste. En gros vingt minutes. On a le seau d’eau et la pelle à proximité. Pour le fun. On imagine la Greta en train de trépigner hystériquement. Mais ça lui passera. La fausse écologie aura été le Cheval de Troie pour imposer de plus en plus de restrictions, de plus en plus de contraintes, de plus en plus de taxes, de plus en plus de réprimandes, de plus en plus d’interdits, de plus en plus d’effets d’annonce et de moins en moins de résultats tangibles. Les vrais pollueurs continuent à polluer en toute tranquillité et en toute impunité. Les espèces sauvages continuent à disparaître et les animaux d’élevage à être maltraités. Mais tout va bien puisque le vegan progresse. En même temps, d’ailleurs, que l’orthorexie.
Quelque soit le résultat des courses, conspiration oligarchique, grand reset, tentative de « serrage de vis » de nos dirigeants qui ont perdu toute autre espèce de crédibilité que la trouille qui se vend bien, ou simplement veulerie et incompétence en bande organisée il va bien falloir réagir et résister. Et décider de ne plus se laisser faire. Gandhi a dit, probablement, car il a dit beaucoup de choses en qu’on lui en a pas mal prêtées « Il faut du courage pour dire la vérité. Mais il en faut encore plus pour l’accepter ». Et on assiste à un manque de courage généralisé. Faire donner la force brutale face à une manifestation c’est un manque de courage. Gouverner par état d’urgence et par décrets c’est un manque de courage. Rester droit dans ses escarpins pendant que le pays souffre c’est un manque de courage. Etre aux bottes d’oligarques c’est un manque de courage. Ils ont instauré la trouille parce qu’ils ont la trouille. Et il faudra bien, un moment, rendre des comptes. Toutes les dictatures finissent mal, en général. Quand on voit les Ceausescu du temps de leur grandeur et qu’on les retrouve dans la cour d’une école jugés et fusillés cela devrait laisser à réflèchir. Finalement ils font pitié. Mais trop tard.
Il faut d’ores et déjà apprendre à résister comme l’ont fait certains de nos ancêtres. petit à petit, peu à peu, mais quotidiennement et en permanence. Opposer l’intelligence à la force imbécile et brutale. Et simplement être soi et pouvoir se regarder le matin dans la glace sans surtout se poser de question.