Dino Fava

Le mot de l’artiste

Presque tous les jours je franchis le seuil de l’atelier. Je peins, je dessine. La peinture commence souvent sur une toile de lin ou métissée lin et coton habituellement apprêtée avec un enduit. Je procède autrement. La toile à déjà une texture, une couleur. Je la prends directement en compte. Elle absorbe la peinture acrylique, jusqu’ a ce qu’elle en soit bien nourrie et si je m’y suis bien pris, elle renvoie une bonne luminosité. Un ensemble pas dessiné commence à donner corps au tableau. J’obtiens comme une sorte de monde assez informe. A ce stade je suis rarement satisfait du résultat. Comme la toile commence à être protégée par suffisamment d’acrylique, je peux continuer avec de l’huile (l’acidité de la peinture à l’huile ne peut plus abîmer le support). Voila pour un peut de cuisine de peintre. Actuellement je procéde ainsi.

Les matériaux prennent une présence sur la toile. Le résultat n’est pas toujours attendu, pour la simple raison que la couleur est un moyen d’expression artistique des plus relatifs (pour illustrer ce constat avec une expérience très simple, il suffit de découper deux petits rectangles de la même couleur, les isoler sur un vaste fond noir et un autre blanc, et ils apparaîtront différemment alors qu’ils ont physiquement la même longueur d’onde).

Dans une journée avec la peinture, alternent des moments de prise de notes, de tai chi, chi gong d’errance du regard, avant l’action. Chacune de ses choses a son rôle. Dans les couleurs, les possibilités d’interaction leurs juxtapositions, leurs recouvrements, les traces, touches taches sont infinies. Je dois mettre en œuvre une réelle stratégie picturale. Mon objectif pourrait se définir par l’articulation de deux formules :« Réenchanter le monde » et « être en accord avec soi même ».

Il est facile de comprendre qu’un barbouillage livré au hasard ne produit pas le résultat recherché. Cela passe par une étude des formes et des couleurs, articulée à un cheminement dans la matière-couleur. Je constate que je ne peins pas à partir d’une maitrise de la couleur… Son étude m’ est pourtant nécessaire. Roland Barthes aurait pu dire : « un peu de pouvoir, beaucoup de saveur ». « … Matisse commençait ses tableaux à partir des fleurs de son jardin… ces fleurs offraient de nombreux rouges ».

Tant qu’à lui Cézanne constatait « Chaque peinture est le résultat d’une expérience délimitée dans le temps et dans l’espace». Actuellement à coté de grandes peintures dites abstraites, je peins une série de peintures reprenant la figure du tigre. Je pars de photographies. Le tigre me semble à même d’un énorme potentiel de peinture, au même titre que la couleur est lié à un potentiel d’énergie. Les choses s’entremêlent dans l’image, dans la peinture. Une tension se crée entre la couleur et une volonté de figure. La mise en mouvement des formes et des couleurs donne corps au tableau. Un tigre se dessine dans la matière couleur ou plus justement y apparait .

La couleur s’emploie ici pour donner des sensations colorées . Certaines peintures se font dans un engagement où l’être est véritablement en jeu (il en est de même pour d’autres activités). Cela peut tout simplement déboucher sur la capacité à faire de la bonne peinture. Le monde s’apaiserait alors. Son côté chaotique serait suffisamment atténué. L’expressivité de la couleur deviendrait de plus en plus subtile. L’imaginaire se trouverait mis en éveil à travers des gestes picturaux. La peinture reste en devenir et je ne sais pas aujourd’ hui ce que seront mes tableaux demain.

Quelques oeuvres de Dino Fava

 

Dino Fava dans son atelier

Dino Fava dans son atelier avec quelques unes de ses oeuvres

 

Dino Fava artiste peintre

 

Dino Fava Tigre noir et blanc

 

Dino Fava Tigre

 

 

Dino Fava peinture

 

Dino Fava peinture

 

Dino Fava Tigre2

Quand on parle du Tigre, il vient !

Proverbe chinois