Défilé du Nouvel An Chinois
du Cheval de Bois à Paris : 2009
LE NOUVEL AN CHINOIS DANS LE TREIZIEME 1er FEVRIER 2009
par Georges Charles
Carte de Nouvelle année pour le Boeuf de Terre
le Boeuf c’est du carré !
Les débuts de la communauté chinoise et asiatique à Paris
Bien qu’il ait pu exister quelques Chinois et quelques Asiatiques isolés installés à Paris c’est à la fin de la Grande Guerre que la communauté chinoise voit le jour dans la capitale. En 1911 la Préfecture recensait 283 Chinois à Paris. Officiellement ce sont 3000 Chinois qui, entre 1918 et 1920, décident de demeurer en France. Ils sont issus du corps des 370 000 volontaires venus prèter main forte aux Alliés 230 000 du côté britannique et 140 000 du coté franco-belge.
A la suite d’un traité passé entre la Chine et les Alliés, les ressortissants chinois, on les appelle alors les « Célestes », ne peuvent pas combattre et sont donc affectés à l’intendance, au services de santé, à l’équipement. Ils seront donc infirmiers, fossoyeurs, cuisiniers, terrassiers, manutentionnaires, blanchisseurs, équarisseurs, charpentiers, menuisiers, tailleurs, cordonniers, jardiniers généralement sous un régime militaire assez dur.
Ils effectueront de multiples tâches, souvent les plus ingrates comme le nettoyage et l’ensevelissement des centaines de milliers de morts ou la manutention de tout le matériel nécessaire à la guerre des tranchées, poutres, fils de fers barbelés, tôles, chicanes. Il seront également affectés au creusement des tranchées avant les offensives. En fait ils effectueront un travail peu gratifiant mais qui soulagera les états majors de nombreux effectifs et qui, en profondeur, permettra la victoire de l’Allemagne par KO. Les « Indochinois » issus du Vietnam, du Cambogde et du Laos actuel, par contre, combattront dans les troupes coloniales ce qui permettra de former de nombreux cadres qui seront, plus tard, les leaders de l’indépendance.
A la fin du conflit nombre d’entre-eux décideront de rester en France.
Ils le firent très officiellement, sur requête, en fonction de leurs qualifications ou en forçant un peu le destin. Un certain nombre d’entre-eux, au moment de leur retour, profitant de la confusion qui régnait Gare de Lyon disparurent dans le fameux Ilot Châlon où ils ouvrirent les premiers restaurants chinois de Paris et probablement d’Europe. Ces gargottes existaient encore juste avant la construction de la Gare TGV Lyon-Pasteur et la plupart des Chinois qui débarquaient à Paris, il y a encore une vingtaine d’années, y faisaient leurs classes en tant que plongeurs, serveurs, cuisiniers puis maîtres d’hôtel avant de proposer leurs services « en ville ». Mais, si on excepte une immigration très récente des Chinois du nord, la plupart de ces immigrés chinois (Huaren en chinois ; Huaqiao désignant les descendants de ces migrants issus de Chine et résidant à l’étranger) provenaient des provinces du sud de la Chine et constituaient, dès le début de la communauté chinoise, des communautés ou groupes linguistiques spécifiques.
Les Communautés linguistiques chinoises à Paris
Elles se répartissent en plusieurs groupes qui, aujourd’hui encore, se réunissent en associations où les anciens se retrouvent et peuvent, ainsi, parler leurs propres langues spécifiques à leurs régions d’origine. Si le chinois écrit demeure unique, le chinois parlé est multiple et un proverbe populaire affirme même en Chine « A quatre lieues de distances on ne se comprend plus ». Le chinois écrit demeure le ciment de la Chine mais ses multiples « dialectes » en sont les pierres qui constituent autant de « petites murailles ». Les noms de familles eux-mêmes, comme en France il y a quelques décennies, demeurent très régionnaux et, souvent, tous les gens d’un même village (plusieurs centaines de milliers de foyers parfois en Chine !) portaient le même patronyme. La gastronomie elle-même, pour les Chinois s’entend, est influencée par ces régionalismes et il existe une authentique cuisine Wenzhou ou Teochew à Paris. C’est évidemment moins apparent pour les occidentaux qui se contentent des rouleaux de printemps et du canard aux pousses de bambou !
Les Teochew : C’est le terme qu’on utilise en France mais il faudrait, en réalité, lire, en chinois, Chaozhou ! Ils proviennent de l’est de la province du Guangdong (Canton) au sud de la Chine mais leur langue est différente du cantonnais et s’apparente à celle de Xiamen (ou Amoy). Ce sont généralement des commerçants et certains ont très bien réussi dans l’import-export. Ils constituent le groupe de plus important de la communauté chinoise parisienne et leur Association est l’une des plus actives /Amicale des Teochew en France 44, rue d’Ivry 75013 PARIS
Les Wenzhou : Ils sont originaires de la province du Zhejiang située au sud-est de la Chine (région de Hangzhou, la Venise chinoise) et sont justement ceux qui sont arrivés en France lors de la première guerre mondiale. Avant le milieu des années 70 ils constituaient le plus important groupe implanté en France mais furent, à cette époque, supplantés par les Chaozhou.
Les Qintian : Ils sont originaires de la ville de Qintian, également située dans le Zhejiang et constituent un groupe spécifique.
Association des compatriotes de Zhejian en France 3, rue Abel Hovelacque 75013 PARIS
Les Hakkas : Bien que originellement issus du nord de la Chine ils se sont implantés sur la côte du sud est de la Chine ainsi qu’au bord des grands lacs et sur les rivières et ports fluviaux. Ils sont donc, en Chine, considérés comme une « minorité ethnique » très particulière apparentés aux « gens de bords de mers et de bords de lacs » Donc ayant l’habitude de voyager et de commercer. Ils ont été longtemps été considérés, en Chine, comme des « gens du voyage » mais ont fourni de très nombreux militaires très célèbres comme le Général Yue Fei. Ils sont donc réputés pour leur courage mais aussi pour leur sens des affaires délicates et passent pour avoir bon contact avec les étrangers (donc les non-Chinois !). Le Maître Yip Man du Wing Chun était un Hakka. A Hong Kong leur particularité est de posséder une « flotte » donc les navires amiraux sont les énormes restaurants flottants qui trônent dans la baie d’Aberdeen. La plupart sont arrivés en même temps que les Chaozhou au milieu des années 70. Ils sont généralement des restaurateurs avisés capables de se mettre rapidement au goût des occidentaux !
Association Hakka Tsung Chinh en France 38, rue Dunois 75013 PARIS
Les Foukien : C’est ainsi qu’ils se nomment, du moins sur les banderolles du défilé chinois ! Il s’agit, bien évidemment, des ressortissants issus du Fujian (région de Xiamen située juste en face de Taiwan). Ils ont toujours commercé avec Taiwan, Okinawa et le sud du Japon et ont acquis une réputation de bons négociateurs patients mais redoutables. Le fameux Monastère de Shaolin réputé pour ses « moines guerriers » ne se trouvait pas dans le Henan (Centre de la Chine) comme on tente de nous le faire croire actuellement mais bel et bien dans le Fujian à Julianshan. C’est de là d’où proviendraient les Styles de Shaolin du Sud (Hung Gar, Liu Gar, Mo Gar, Choi Gar, Fut Gar) et les anciens styles de Karatedo d’Okinawa (Nahate, Shurite, Tomarite). Il sont, en plus, réputés pour leurs nouilles sautées !
Association des Résidents de Foukien en France 13-15, rue de la Vistule 75013 PARIS
Les Shangaïens et les Panyu : Shanghaï qui était un tout petit port connut son expansion grâce aux Occidentaux et, particulièrement, aux Britanniques.
De nombreux Shangaïens ayant pris l’habitude de travailler pour ou avec ces occidentaux, donc parlant le français et l’anglais, décidèrent de s’expatrier au début du XXe siècle en Angleterre et aux USA et bon d’entre-eux se portèrent volontaires pour venir en France lors de la première guerre mondiale. A la fin de celle-ci ils demeurèrent à Paris, ouvrant les premiers restaurants chinois de la Capitale dans l’Ilot Chalon, près de la Gare de Lyon ou Rue au Maire et rue des Vertus près des Arts et Métiers. On regroupe sous le terme Shangaïens les Chinois originaires de Suzhou, de Yangzhou. Une petite communauté très spécifique provient de la ville de Panyu situés près de Shanghai et est toujours représentée à Paris.
Les Cantonais : sous ce terme générique se regroupent, en fait, de nombreux Chinois venus de Canton mais également de Hong-Kong, Macao, Zhongshan mais qui, généralement parlent l’idiome cantonais…et proposent de la cuisine cantonaise, l’une des plus réputées de Chine. Surtout à l’étranger. Ils ont donc influencé la « cuisine chinoise de Paris » qui a elle -même été très influencée par les cuisines de l’ancienne Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos). Les Cantonais sont également ceux qui se sont le plus expatriés dans la diaspora asiatique mais également nord-américaine et anglo-saxonne. On considère donc comme « Cantonais » pas mal de Chinois qui viennent de San Francisco, Londres ou Brisbane ! De nombreux « Chinois » du Sud-Est asiatique (Cholon à Saigon, Singapour, Yawara à Bangkok) sont, ou étaient, également d’origine cantonaise. Bon nombre d’entre-eux sont donc arrivés en France dans les années soixante. Le terme « à la cantonaise », en cuisine, désigne donc à peu près n’importe quoi sauf quelque chose originaire de Canton, pardon Guangzhou !
Les Pékinois ou Chinois du Nord : Ce sont toutes celles et ceux qui parlent le Mandarin, la langue « officielle » nationale. En fait en provenance des provinces du nord comme le Shandong, le Shanxi, le Hebei, le Liaoning…
Ils ne sont généralement arrivés que très récemment et représentent les « Chinois officiels » enseignants, cadres, médecins, diplomates. Mais ce sont aussi les « jeunes » Chinois de la dernière génération venus étudier en France ou y travailler dans de grandes sociétés d’informatique ou d’import-export.
Les communautés asiatiques à Paris et dans le XIIIeme arrondissement
Ce sont elles-mêmes qui se définissent ainsi. Lorsqu’il est question de « quartier chinois », de « Chinatown » ou de « Hong Kong sur Seine » c’est oublier que la comunauté asiatique française est également constituée de communautés asiatiques non chinoises. Dans le Treizième arrondissement, par exemple, les Cambogdiens, les Vietnamiens et même les Laotiens dépassent, en nombre, les Chinois et, d’autant plus, les Chinois du Continent. Il existe donc, avant tout, une communauté française d’origine Indo-Chinoise. Où les choses se compliquent c’est que de nombreux résidents de cette communauté sont également d’origine chinoise. Il s’agit alors de Chinois qui s’étaient déjà expatriés au Vietnam, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande mais qui sont parvenus en France sous une autre nationalité que chinoise. Il en va d’ailleurs de même pour les Chinois provenant de Hong Kong qui étaient alors des citoyens britanniques à part entière, et donc considérés comme des Européens !
La Thaïlande demeure un peu à part ceci grâce, ou à cause, à son statut indépendant. De même que le Japon qui représente, avec les Coréens,une petite communauté très spécifique. Il existe encore quelques Tibétains, Népalais.
Mais alors qu’en Grande Bretagne on classe plus volontiers les Indiens, les Pakistanais et les Sri-lankais dans la communauté asiatique, en France, on préfère les considérer séparément.
- Amicale Sino-vietnamienne 14, rue de la Fontaine à Mulard 75013 PARIS
- Association des Résidents en France d’origine Indo-Chinoise 37, rue du Disque 75013 PARIS
- Association Nationale d’Amitié Franco-Asiatique 92, rue du dessous des berges 75013 PARIS
- Rencontre et cluture Franco-Asiatique 29, avenue de Choisy 75013 PARIS
La Danse des Lions Boulevard Masséna
Les Gardiens du Bouddha ou les Chiens Fous ?
Le lion en Chine (Shi ou Shizi) est considéré comme le symbole de la force et de la bravoure.
Il existait des lions chinois mais qui, en raison de leur férocité, ont été exterminés.
La légende affirmait qu’il venaient des Indes et qu’ils avaient suivi les premiers moines bouddhistes.
En Inde ils évoquaient également la force guerrière, le courage et la loyauté et « Lion » demeure toujours le nom de famille des Sikhs (Singh).
C’est également le Lion qui a donné son nom à la ville de Singapour (Singha Pourah = la ville du Lion).
On le retrouve également sur le bière Thailandaise Singha. En Chine on les appelle les « Gardiens du Bouddha » ce qui se dit « Chen Fo » ! Ce que les antiquaires, dont furent officiellement Maspero, Paléologue et Reclus, transcrivirent en « Chiens Fous » ! Un « chien fou » est donc tout simplement un lion chinois et non un quelconque pékinois ! Le Nouvel An Chinois est évidemment le prétexte rêvé pour sortir les « Chiens Fous » Contrairement au Dragon (Lung) où les « danseurs » sont « au dehors » (Wai), pour le Lion les « danseurs » sont « dedans » (Nei).
Nous allons maintenant trahir un secret, et même plusieurs secrets !
DU KUNG-FU A L’ABRI DES REGARDS INDISCRETS !
En fait les « danseurs » sont des pratiquants, sinon des enseignants, de ce qu’on nomme vulgairement le « Kung-Fu » et appartiennent toujours à une Ecole réputée pour la valeur de ses combattants.
A de nombreuses époques des Arts de Combat, jugés dangereux pour le régime, furent interdits.
Des Maîtres des Ecoles du Sud, issus de l’Ancien Shaolin, trouvèrent le subterfuge suivant : continuer à transmettre la pratique tout en êtant dissimulés aux yeux des profanes, et surtout des autorités, en présentant un spectacle festif et particulièrement amusant. La Danse des Lions dissimule donc la pratique de l’art de combat à un haut niveau et les pratiquants, souvent des « anciens » effectuent « dans le Lion » ce que l’on nomme des « formes » des Taolu (Daolu) proches des Katas du Karaté avec postures, pas, déplacements, coups de pied, coups de poings, balayages…et même la pratiques d’armes dissimulées comme on le verra plus loin. ET LES LIONS PROPOSENT BONHEUR ET PROTECTION
Et comme le monde est ce qui’l est depuis toujours, les principales Ecoles du Sud comme le Hung Gar, le Chow Gar, le Li Gar, le Mo gar, le Liu Gar…offraient leurs services de protection aux plus offrants Elle se rencontraient donc généralement sous le forme d’un Lion de couleur spécifique devant la boutique, le restaurant ou l’immeuble et les lions se livraient alors un combat sans merci. En apparence il s’agisait d’un jeu, d’une danse, mais en réalité les coups volaient et, finalement il ne devait demeurer qu’un vainqueur, les autres Lions allant se faire pendre ailleurs et devant se contenter du menu fretin !
Si le patron du restaurant, du bar, de la boutique acceptait la protection qui allait durer un an jour pour jour, il était coûtume d’échanger des cadeaux et des enveloppes rouges qui contenaient un peu, ou beaucoup, de « salade » pour le lion !
Donc des billets verts ! Ce faisant on savait alors que la boutique en question, son patron et ses employés ainsi que ses clients bénéficiaient de la protection d’une école réputée ! Et plus l’Ecole était réputée moins on craignait de problèmes. Et la police n’intervenait que très très rarement.
PAS DE TRIADES DANS LE TREIZIEME MAIS UNE BELLE TRADITION « MARTIALE »
A Hong Kong certaines Ecoles, par tradition, appartenaient à ce que l’on nomme génériquement les « Triades » et les meilleurs combattants étaient alors considérés comme des « Bâtons Rouges » ce qui leur permettait, assez officiellement, de proposer leurs services quitte à eux de réunir une « équipe » efficace et résolue. Cela mettait évidemment un peu de sauce de soja sur le Tofou ! Il n’en est évidemment plus rien de nos jours et si le Treizième arrondissement est et demeure un quartier très tranquille et très sur cela n’a rien a voir avec les Triades ni même avec les Ecoles ! Mais la tradition de la danse des Lions demeure et est une curiosité beaucoup plus subtile que le défilé ou la course du Dragon aux Lanternes !
Les « Chiens Fous » de la tradition chinoises
Chen Fo : les Gardiens du Bouddha !
Les Trois Lions de Terre, de Métal et de Feu arrivent sur le Boulevars Masséna.
Juste en face du siège social de l’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels.
Mais cela est un hasard.
Quelques belles démonstrations de force et d’équilibre !
Le Lion de Métal découvre quelques petits cadeaux déposés sur le parvis !
Il les protège de l’avidité des Lions de Feu et de Terre en se couchant dessus après une danse particulièrement amusante et humoristique.
Tchap, tchap, tchap…en un tour de main le gros pomelo a été découpé d’une main experte et une « corbeille d’or » a vu le jour.
On présente la corbeille au patron qui s’incline
C’est le bonheur assuré, et la prospérité, pour toute l’année du Boeuf !
Et qui remercie les Lions qui reprennent une danse endiablée au son de multiples pétards qu’on leur jette pour prendre congé.
Une petite discussion entre le Lion de Feu et le Lion de Métal
Seraient-ils comparses ?
L’orchestre qui a accompagné les Trois Lions. Visiblement ce sont tous des pratiquants de « Kung-Fu Wushu » et les filles ne sont pas les dernières. Les Lions suivent le rythme du tambour mais les cymbales et les tambourins suivent le rythme des Lions.
LA MESSE DU NOUVEL AN ET LA CEREMONIE DES ANCETRES A SAINT HIPPOLYTE
LA MESSE DU NOUVEL AN CHINOIS… NON ASIATIQUE !
C’est une toute autre vision du Nouvel An Chinois du Boeuf puisqu’il s’agit de la Messe à l’Eglise Saint Hippolyte située au 22 avenue de Choisy dans le 13eme.
La particularité de cette messe est de se conclure par un rituel de la Cérémonie des Ancêtres, particulièrement important pour la communaité asiatique qui, à l’occasion se retrouve unie. Il n’est un secret pour personne que Chinois et Vietnamiens ont parfois quelques difficultés de cohabitation, comme par ailleurs Cambodgiens et Thaï ou Japonais et Chinois, sinon Coréens et Japonais. Cette messe et cette cérémonie est donc l’occasion de dépasser quelque peu les antagonismes et de se retrouver dans une action commune. Chaque année l’église fait salle comble et on y retrouve des représentants, officiels ou non, de chaque communauté. Cela commence très sagement et se finit dans une sympathique confusion avec offrandes, pétards (électriques !) et fumées d’encens. Pendant des siècles la querelles des rites a empoisonné les rapports entre l’église catholique et les communautés asiatiques qui souhaitaient pouvoir continuer à rendre hommage à leurs ancêtres et à pratiquer les rituels familiaux, confucéens et taoïstes.
LA FAMEUSE QUERELLE DES RITES N’A PLUS LIEU D’ETRE !
Ce n’est qu’en janvier 1939 que l’interdit de la pratique des rites a été levée par le Pape Pie XI juste avant sa mort.
Il affirma officiellement que ces rites et les pratiques qui y sont attachées ne sont nullement opposées à la foi chrétienne et les autorisa donc à nouveau. Pour la petite et la grande histoire en 1645 le Vatican déclara ces rites et pratiques comme idolâtres courtcircuitant ainsi le travail de conversion des Jésuites qui prenaient de plus en plus de pouvoir en Chine et, partant, au Vatican. Sans cette fameuse « querelle » et cet interdit, la Chine aurait rapidement été, grâce à l’action des Jésuites, le premier pays chrétien du monde. Ces derniers s’apprètaient probablement à convertir l’Empereur, le Fils du Ciel lui-même à la Suprême Doctrine du « Seigneur Céleste » ! Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais le Vatican eut peur.
La puissance de la Chine était telle qu’une nouvelle « Eglise d’Extrême-Orient » risquait de voir le jour. Or le Vatican avait déjà de gros problèmes avec les Eglises du Moyen Orient et d’Orient. Et un nouveau Vatican risquait purement et simplement de voir le jour à Pékin, soutenu par le « Fils du Ciel » lui-même qui par sa conversion entraînerait un cataclysme sans précédent dans toute l’Asie du Sud Est et, probablement, jusqu’au Japon où les Jésuites étaient bien implantés et avaient également de bons rapports avec le Pouvoir Impérial. Et le Vatican préfèra le clash quitte à en faire porter la faute aux Dominicains qui étaient justement à l’origine de cette querelle.
Et la Chine ne fut pas chrétienne !
Ou fort peu.
Ouf ! Le Vatican l’a echappé belle.
Précisons qu’il existe désormais en Chine une église catholique « officielle » soutenue par le Régime de Pékin et une église catholioque « officieuse » mais bien active soutenue par le Vatican.
C’est une messe imposante et peu ordinaire !
On y vient communier en habits traditionnels et offrir des bouquets
Et aussi des fuits exotiques
Et surtout beaucoup, beaucoup d’encens !
Mais les pétards sont électriques !
Signe des temps.
Mais faire rentrer, officiellement, des pétards dans une église c’est un sacré signe de progrès !
Devant l’Autel des Ancêtres, le Rite millénaire est accompli !
Sous la Haute et Bienveillante protection de la Vierge Marie qui pourrait fort bien être Guanyin (Kouan Yin) ou Kwanon, la Divinité de la Miséricorde.
Qui est aussi Avalokiteshvara en Inde.
Les Asiatiques ne sont donc pas du tout dépaysés.
Mais également sous les bonnes augures du Boeuf de Terre, en l’occurence ici un Buffle d’Eau et son ami le Héron Blanc !
Image de la Force et de la Beauté comme le précise le Yijing.
LE DEFILE DE L’ANNEE DU BOEUF DANS LE TREIZIEME 1er FEVRIER 2009
On ne peut pas dire qu’on aura pas été prévenus !
Une superbe affiche de la Mairie du XIIIe
Est-ce l’année du Boeuf fou ?
LE DRAGON SORT DE LA BOUTIQUE !
Le Dragon jaillit des flots
Ensemble à calligraphie en émail Dynastie Qing
Il n’existe pas de Nouvel An Chinois sans le fameux défilé du Nouvel An Chinois ni, surtout, sans le Dragon qui représente la force de la communauté. « Lorsque le Dragon sort de la boutique c’est que la communauté est forte et bien implantée » affirme Monsieur Liu, l’un des « anciens » de la seconde génération, donc un Huaquiao, dont le père s’est installé à Paris juste après la première guerre mondiale. Monsieur Liu est donc né à Paris dans les années trente et sait de quoi il parle!
« Tant qu’on ne voit pas le Dragon il y a des « Chinois » quand on le voit c’est qu’ils se sentent chez eux » ajoute son fils avec un sourire qu’on qualifie généralement d’énigmatique.
« Nous sommes maintenant Français depuis cinq générations ajoute ce dernier et je vais bientôt être grand père ! »
« Et on se sent bien chez nous, en France et en tant que Français même et surtout si on reste Chinois ! »
Et il ajoute : « Le treizième est devenu un quartier riche et attire autant de touristes que les Champs Elysées et les Grands Boulevards réunis ! »
« Et nous sommes fiers de payer beaucoup d’impôts, plus que la majorité des autres arrondissements ».
« Nos enfants sont commerçants comme la tradition le veut, mais aussi ingénieurs, avocats, médecins, dirigeants d’entreprise et notre taux de réussite est exceptionnel. Chez nous il y a peu de cancres et très peu de délinquants. Nous connaissons la valeur du travail et les avantages de la réussite sociale. Nous regrettons de ne pas les motiver, ou assez peu, pour participer à la politique. On dit en Chine et probablement dans tout l’Extrême-Orient « Il vaut mieux traire la vache que de la tenir par les cornes! ». On est comme ça, les politiciens on laisse cela aux Chinois, aux Vietnamiens, aux Coréens du nord ! »
« Bon, maintenant c’est la fête et chaque année elle est de mieux en mieux réussie. Après on ira au restaurant en famille et les cinq générations de Liu se retrouveront autour de tables rondes. On sera, si on compte les petits cousins et leurs petites amies, près de deux cents ! »
ET LE DEFILE DANS LE TREIZIEME : UNE BELLE REUSSITE
Le Dragon dans la boutique !
Il montre son nez aux passants
Même le panneau pavoise aux couleurs de la Chine !
Les offrandes sont prêtes et on attend le Dragon de pied ferme
Tam Kung fait une petite démonstration devant un restaurant
Sous cet aspect débonnaire se cache un authentique Maître es Kung-fu !
Une démonstration de bâton long devant le restaurant familial
Là c’est pas « chinepop » mais Boxe du Sud !
Comme on le disait plus haut, les filles ne sont pas en reste et aiment défier les garçons.
Vu le sol on imagine le nombre de pétards ayant explosé là !
Mais voici le fameux défilé !
Les premiers drapeaux sont bel et bien français.
Ici on ne siffle pas la Marseillaise.
La bannière des Résidents d’origine Indo-Chinoise
Suivie des Indo-Chinois et des Indo-Chinoises qui revendiquent haut et fort cette appelation d’origine contrôlée.
Et les lampions indispensables à la fête
Une bande de jeunes « Tam Kung » qui dirigent les Dragons en les attirant avec des perles.
Les habits impériaux
Et les jeunes pages en costume traditionnel
Dans quelques années ils seront dentistes, chirurgiens, ingénieurs, dirigeants d’entreprise.
Et des demoiselles sur leurs chevaux blancs
Une bande de Sun Wukong « Singe égal du Ciel »
évoquant le « Voyage en Occident »
Et une danse des éventails
Le Dragon est sorti de sa boutique et parcourt les rues dans un tintamarre de bon aloi !
Une offrande pour le Dragon.
Il va nécessairement venir.
Le Dragon et l’Encens c’est augurer de bonnes affaires pendant toute l’année
C’est la jeunesse du coeur qui anime la fête.
C’est une grosse bête cette année le Dragon, signe de prospérité.
Une rafale de pétards sans lesquels la fête chinoise ne serait pas ce qu’elle est. Les anciens affirment que les pétards font fuir les Gui (Kouei), donc les « esptits perturbateurs » mais aussi les femmes !
Pétard se dit « Pao » ou « faire sauter le bambou ».
Originellement, avant l’invention de la poudre, on jetait des bambous dans le feu.
En fait la poudre est moins dangereuse !
La Bannière des Résidents du Foukien (Fujian).
Et celle des « Panyu », ville située à coté de Shanghai.
La bannière des Teochew n’est pas la moins spectaculaire
Et, enfin, à la fin du défilé le Boeuf de Terre (en Chine !)
Mais le « Buffle d’Or » pour les communautés su Sud Est Asiatique.
On est méridional ou on ne l’est pas !
Reportage exlusif – texte et photos – effectué par
L’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels
IDAMCT
Association culturelle et socio-éducative fondée en 1978
Siège Social : IDAMCT, 38, rue Dunois, 75647 PARIS CEDEX 13
Président Georges Charles
Cela fait donc trente ans que notre Association est présente dans le treizième !