Les Charmes Taoistes (5/5)
Qu’est-ce qu’un » Charme Taoïste » ?
Certains les nomment » papiers amulettes « , » calligraphies magiques « , » incantations picturales « , » diagrammes taoïstes « … etc. Leur dénomination classique est » Fu Lu » (Fou Lou) ou » Fu Jou » (Fou Chou).
Fu (caractère 1634 du Dictionnaire Ricci) représentait anciennement une baguette de bambou fendue longitudinalement en deux parties pour servir de lettre de créance ou de contrat liant deux parties. On en remettait une moitié à chacune de ces deux parties, leur concordance devenant, alors, signe d’authenticité. Cela représente donc, par extension, un heureux présage puis un charme ou une amulette.
Ce caractère est un homophone de Fu (caractère 1633 du Dictionnaire Ricci) qui représente une faveur céleste, le bonheur, la félicité, une offrande faite en sacrifice pour attirer l’influence favorable des Esprits (Shen) ou divinités.
De son coté Chou (caractère 1081 du dictionnaire Ricci) désigne une incantation, une formule magique, une imprécation (deux bouches s’exprimant au dessus d’une baguette magique).
Lu (caractère 3258 du dictionnaire Ricci) désigne un registre, par extension le destin, le sort.
Le messager magique des 9 Cieux Célestes
Littéralement Fou Chou est donc un contrat comportant une formule magique… par extension un charme permettant l’invocation et l’aide des Esprits (Shen)… ou un moyen d’entrer en relation avec l’invisible dans le but de modifier le destin ou le sort.
Ces » charmes » ou » contrats magiques » sont utilisés, normalement, dans le cadre spécifique d’un cérémonial rituel (Jiao) ou d’un rite (Li)… eux-même pris dans leur sens originel de liaison (relier, joindre). Ils permettent donc de relier, de joindre, le monde visible, ou phénoménal, nommé en chinois » Ciel Postérieur » (Hou Tian) avec le monde invisible ou nouménal, nommé en chinois » Ciel Antérieur » (Xan Tian). Ils représentent donc, étymologiquement une médiation (médium) entre ces deux mondes.
De ce fait ils acquièrent une fonction hautement symbolique puisqu’ils se substituent au concret. Ils sont, le plus souvent, reproduits par estampage (lithogravure, sérigravure, linogravure… ) sur du papier de riz de diverses couleurs. Le support, lui-même, peut comporter diverses authentifications… sceaux à l’encre rouge, fragments de textes canoniques, empreintes de doigts ou de main, filigranes, cheveux inclus…Ils peuvent également être peints ou » écrits » à l’aide d’une calligraphie magique en » herbe « , en » nuages « … Dans ce cas il s’agit le plus souvent d’une visualisation particulière. Ils sont, ensuite et le plus souvent, » chargés » lors d’une cérémonie rituelle particulière leur conférant leur efficacité. Enfin, ils sont accompagnés d’un mode d’emploi qui explique comment les utiliser et, souvent, comment les détruire après usage afin de faire cesser leur effet une fois le but cherché obtenu.
Il existe des centaines, voire des milliers, de charmes répertoriés en de nombreuses catégories pour de multiples circonstances de la vie : affaires, santé, habitat, famille, jeu…
Ces charmes, enfin, correspondent à des caractéristiques définies par le Baopouzi (Pao Pou Tseu) et se classent en deux catégories principales : celles où l’on reconnaît la calligraphie ou la représentation graphique, ou des éléments symboliques définis (sapèques, Taiji Yin Yang, trigrammes, personnages mythiques… ) et celles où l’on ne reconnaît rien ni à la calligraphie ni au dessin et qui représentent donc une abstraction.
Généralement les traits fins représentent le ciel, les traits épais la terre ; le style arrondi est considéré comme yin, le style carré considéré comme Yang, contrairement à l’art classique ; les caractères les plus utilisés sont Shou (longévité), Fu (bonheur), Sheng (ordre universel), Zhi (commandement), Sha (détruire), Ming (lumière, clarté, illumination), Cheng (réaliser, accomplir), He (harmonie), Tianming (décret du Ciel, destinée favorable), Ping (paix)… sans oublier Maimai (acheter-vendre, le commerce), Lou (prospérité), Jin (argent, or)…