Bâton, Tao-Yin Qigong, Energétique et Acupuncture

Par Georges Charles

Pour une autre compréhension des « points d’acupuncture » grâce à la pratique du bâton dans les Arts Classiques du Tao.


Le Sifu Liao Wu Chang et son fameux bâton à Taipei en 1980
Liao Wu Chan était un spécialiste de la médecine chinoise et à Taiwan était considéré comme un grand professeur de médecine spécialisé dans l’étude des champignons. Ce qui ne l’empèchait pas de pratiquer passé 84 ans !

Dans la continuité de l’article sur le Tao-Yin (Daoyin ou Do In) et l’acupuncture il est,  dans la pratique des Arts Classiques du Tao, donc dans la transmission de maître à disciple et de génération en génération, possible de démontrer les rapports existant entre les diverses parties du corps, ou segments corporels (Tu Xing), et les « points » (Xue – en fait ce caractère très ancien ne désigne pas un « point » (dont dans une certaine mesure une absence !) mais un terrier qui, de plus, est habité par une « entité-énergie » que l’on peut comparer à un animal) dits d’acupuncture qui sont en réalité des zones énergétiques particulières possédant des fonctions  définies.


Georges Charles dans « Tang Jing Gun Dao » Lebâton qui rebondit »
Style de la Mante Religieuse des Sept Etoiles du Nord du Clan Wang de Yue
dite « Deuxième Forme des Officiers »


Georges Charles en 1960 au cours de Henry Plée à la Montagne Sainte Geneviève
Il est le 3eme à partir de la gauche. Une bagatelle de cinquante années de pratique sans interruption. Cela peut amener une certaine compréhension du comment et surtout du pourquoi. Mais le secret de la pratique réside dans la pratique ! Et, dans les Arts Chevaleresques « le bâton précède le poing »

Dans l’étude sur les « points-terriers » de la main, ou « Trois Points/Terriers de nutrition du Tao » Tao-Yin San Hsue (ou Daoyin Sanxue) nous avons précisé qu’il existait des « terriers d’entrée », des « terriers de contrôle », des « terriers de sortie » et même des « terriers de réserve/concentration ».

Ce qui relie ces « points/terriers », dans la compréhension taoïste des praticiens de l’énergétique, sont les « coulées » ou « traces » comme celles qui, dans la nature relient les entrées et les sorties du territoire de l’animal. Donc son lieu de passage fréquent.

L’énergie circulant suivant des itinéraires particuliers en fonction des horaires, ces « coulées » sont d’autant plus marquées que la circulation est motivée.  Il n’y a aucune raison logique pour que ce phénomène qui se produit au niveau des mains ne se produise pas au niveau du corps, donc de l’abdomen, du thorax et de la tête.

Le positionnement du bâton dans les pratiques énergétiques préparatoires constituant le Mo Gun Yin Fa – littéralement « forme préparatoire au bâton d’arme », utilisées dans les Arts Chevaleresques, permet de prendre physiquement conscience de ces rapports particuliers.

En rappelant que sur le « Daoyintu Boshu » (rouleau du Tao-Yin) découvert dans la tombe N°3 de Mawangdui  à Changsha en 1972, rouleau de soie estimé par les archéologues au deuxième siècle avant notre ère, figuraient déjà des personnages utilisant un bâton dans des pratiques énergétiques.

Le Daoyintu Boshu – Rouleau du Tao-Yin de la Duchesse de Dai
Tombe N° de Mawangdui 184 Av. J.C.
On note la présence de personnages utilisant des bâtons. Ce rouleau où figurent une quarantaine de personnages est la preuve historique de la présence de ces pratiques « gymniques » en Chine deux siècles avant J.C. et attestent, de plus, grâce à la présence de sons mis en relation avec des organes, de la visée énergétique sinon médicale de ces pratiques.

La circulation de l’énergie (Qi, Ki, Tsri ou Chi…)
On note une certaine similitude avec les postures décrites plus bas !
Mais ce n’est évidemment qu’un hasard.

Le tombeau de la Duchesse, ou Marquise (Hou) de Dai comportait par ailleurs de nombreuses substances, minérales, végétales et animales composant une pharmacopée impressionnante, des ouvrages sur des conseils prophylactiques, des recettes de santé qu’on nommerait maintenant « diétothérapie » et cette référence au Tao-Yin Qigong.

Mais, au demeurant, rien sur l’acupuncture.

Ceci, simplement , pour remettre cette pratique à sa place au regard de la médecine chinoise. Et pour souligner que l’acupuncture fait partie de la médecine chinoise, et de la médecine des Chinois, mais au même titre que la pharmacopée (Bencao), le massage et l’automassage (comprenant les manipulations de type ostéopathique…) (Anmo), La diétothérapie et la diététique (Yinshi), ainsi que les méthodes « gymniques et énergétiques » que l’on connaît maintenant sous la dénomination de « Tao-Yin Qigong ».

Et sans pour autant, comme c’est fort souvent le cas en Occident, et malheureusement en Chine,  se présenter comme le leader du groupe les autres étant, quelque peu, des supplétifs.

Le bâton dans les écoles publiques en 1905 !

Le bâton au service militaire dans les années vingt

La gymnastique suédoise au tout déburt du XXeme siècle s’effectuait AUSSI
avec un bâton.

C’est vrai que son « créateur » Ling avait simplement pompé le Père Amiot et le « Cong-fou des Bonzes de Tao-Sse »
C’est à dire la « gyumnastique du Tao » donc le Tao-Yin !
Vous ne le croyez pas ? cliquer ici

L’acupuncture n’a pas à imposer son hégémonie sous le simple principe qu’il existe une pénétration ! Mais, en Occident, c’est un fait, la piqure rassure, comme le stéthoscope !

Cela fait plus sérieux que de « remuer un bras comme ça et comme ci » ou que de boire une soupe. Ceci dit le champignon parfumé (Muxiang) alias Lentinus edodes est celui qui permet d’extraire le lentinan, substance utilisée en oncologie et dans les tri-thérapies.

Et, malheureusement pour eux, les Chinois riches veulent se faire soigner comme les Occidentaux. Avec du Médiator, probablement.

Mais il faudrait expliquer, aussi, qu’on ne remue pas seulement un bras « comme ça et comme ci » mais dans des règles bien particulières et appuyées par une autre raison que l’anatomie descriptive du sportif.

Voici quelques unes de ces règles de base et quelques explications complémentaires.

Liaisons corporelles et énergétiques sur la face antérieure :

On va retrouver six points essentiels sur la face antérieure du corps qui correspondent également aux « Six Dragons » évoqués dans l’Hexagramme 1 (Qian) du Yijing. Puis, sur l’arrière du corps trois points essentiels qui sont trois points utilisés dans les réanmiations d’urgence.

 

Le placement du bâton.

Le bâton est en relation avec les doigts (saisie)

Le bâton est en relation avec les mains (poing)

Le bâton est en relation avec les poignets


Le Bâton est en relation avec les coudes

Le bâton est en relation avec les épaules

 

Ce qui permet de comprendre grâce au contact du bâton avec le corps où se situent les « points/terriers » (Xue) essentiels.

 


Les doigts sont mis en relation avec Huiyin (réunion du Yin)(RM1)


Les mains sont en relation avec Qimen (Portes de Pierre)(RM5)


Les poignets sont en relation avec Qihai (Océan du Souffle ou Mer de l’Energie) (RM6)


Les coudes sont en relation avec Zhongting (Pavillon Central) (RM16)


Les épaules sont mis en relation avec Tiantu (Pertuis Céleste) (RM27)


Le bâton s’élève au niveau de Yintang (Palais du Silence) (PE1)

Le bâton s’élève au dessus de Baihui (Multiples Réunions).

Il est possible de placer le bâton en contact avec Baihui. (DM20)

 

Liaisons corporelles et énergétiques sur la face postérieure ou dorsale.

Ce sont les « Trois Portes » De la Terre, de l’Homme ou de la Destinée, du Ciel

Elles ne correspondent pas nécessairement aux terminologies utilisées en acupuncture A l’origine Ming Men étairt le nom du rein droit tandis que Shen était le nom du rein gauche. Après le point Ming Men, comme le point Baihui, a trouvé plusieurs emplacements au grè des écoles.

La « Porte de la Terre »

Positionnement du bâton

Le bâton descend en contact avec Dimen (Ti Men) « Porte de la Terre »

La « ‘Porte de l’Homme » ou « Porte de la destinée »

Le bâton remonte en contact avec  Mingmen « Porte de la Destinée » aussi nommé Jenmen « Porte de l’Etre Humain »

La « Porte du Ciel » ou « Porte Céleste »

Positionnement du bâton


Le bâton remonte en contact avec Tianmen (Tian Men) « Porte du Ciel » ou « Porte Céleste ».

 

Il est à noter que ce sont les trois points essentiels de réanimation d’urgence qui permettent

1/ pour Tianmen dans une frappe remontante à accroître la tension (évanouissement  avec vide d’énergie – corps relâché, muscles détendus…)

2/ Pour Mingmen ou Jenmen dans une frappe descendante à faire chuter la tension (évanouissement avec plénitude en excès d’énergie – corps tétanisé, afflux sanguin en surface, muscles tendus…)

3/ Pour Timen dans une frappe directe à ré-équilibrer la tension (évanouissement non défini au niveau de l’énergie dont ni excès ni manque apparent). Et que le placement traditionnel de ces points/terriers ne correspond pas nécessairement à l’emplacement des « points » d’acupuncture dans une vision « moderne » !

Dans des manuels distribués par l’OSS puis par la CIA ces mêmes points sont utilisés pour tuer. Ce sont donc des « points vitaux » essentiels dont la mémorisation ne réside pas dans un écrit mais dans une pratique.

Le secret de la pratique réside donc dans la pratique ! (Guo Yunshen – La Paume Divine).

 

La référence du Traité d’Energie Vitale

Qigong et taoisme Matière théorique et pratique
Cet ouvrage de Georges Charles fut publié en 1990 aux Editions Encre

 

Ce sont les points/terriers mentionnés plus haut

La liaison subtile des membres et de l’axe dans le mouvement des énergies Cela s’exprime dans la pratique du bâton d’une manière évidente

Tout est Un

Tout est « un peu » construit !

La Forme d’abord
Le Mouvement ensuite
L’Energie enfin
Puis « quelque chose d’autre encore » !

Cet « autre chose encore réside dans la pratique » on ne le trouvera pas ni dans l’aiguille, ni sous l’aiguille !
Mais le bâton et sa pratique permettent à l’acupuncteur, et non à l’acupunctueur, de mieux réaliser son « Mandat Céleste ».
Il est vertical.
C’est le Ciel.
Il ordonne.

Et au patient, qui ne l’est pas toujours, de mieux accepter la douceur malléable et la réceptivité de la Terre.
Il est horizontal.
C’est la Terre.
Il accepte

Entre deux « Les myriades d’Etres s’adossent au Yin embrassent le Yang et cultivent l’harmonie au creux des vides médians »
Le reste est jeu de vilain.

Et ces jonctions se manifestent naturellement et nécessairement dans les applications que sont le Yiquan, le Dachengquan, le Liannanquan, le San Yiquan, le Neilianquan, le Taikiken…

Cela dépasse évidemment, un peu, le cassement de gueule « martial » ou l’acupuncture uniquement symptomatique du petit ouvrier.

Il faut affirmer ce fait !