Le Kalaripayat
Le Kalarippayat, Art Martial du Kérala : « L’âme guerrière et la main qui guérit » Par Georges Charles avec la participation de Cécile Gordons
– Article paru dans la revue Tao-Yin N° 3 juin juillet 1997.
A lire : Un magnifique ouvrage des Editions Lieux Dits par Hervé Bruhat
En fin de page Le Kalaripayat en France par Cyril Carrier
Le Kalarippayat
« Tout art martial est la transmission de techniques et de tactiques de combat, mais aussi d’un symbolisme porteur de messages codés à plusieurs niveaux et qui ne révèlent leurs secrets qu’après des années ou une vie de pratique… ».
La discipline du Kalarippayat est un chemin vers une connaissance profonde du corps humain et de l’utilisation de l’énergie, issu du Kérala (sud de l’Inde) et pratiqué par les Nayars (caste guerrière). Le Kalarippayat est un des arts martiaux les plus anciens et date, dit-on, de la fondation de l’état du Kérala.
Vatara Parasurama ou Parashûrama
Il est donné comme le fondateur du Kalaripayat dans la Province du Kerala
Il est de la caste des Nayar ou Kshatriyats – guerriers chevaliers- d’où est issu Bodhidharma.
Le sage Parashûrama, l’un des avatars de Vishnu, créateur de la terre du Kérala ayant charge de protecteur et conservateur veillant à l’évolution du monde, enseigna cet art à vingt et un gurus afin de maintenir l’ordre et d’ouvrir les hommes à la voie spirituelle.
Le Kanaran Gurukal en 1938
La tradition des Gurukal – Maîtres Enseignants – se perpétue toujours
Entre le douzième et le quatorzième siècle cet art prit la forme encore pratiquée de nos jours sous la direction d’un Gurukkal, incarnation vivante de la tradition.
Un autre Gurukal très réputé IS Panickhera
Le mot Kalari signifie gymnase et Payat art de combat. Le Kalari, construit selon des codes prescrits dans les textes anciens, était et demeure aussi sacré qu’un lieu de prières.
Le Kalaripayat est avant tout un art de la souplesse
Le maître de Kalari, respectueusement appelé Gurukkal, était son chef incontesté ; son pouvoir sur les élèves était égal, sinon supérieur, à celui des parents.
Chaque village possédait son Kalari où tous les enfants, adolescents et hommes venaient s’entraîner. Les fillettes pratiquaient jusqu’à l’âge de la puberté et pouvaient, ensuite, choisir de continuer ou non leur entraînement.
La cérémonie d’acceptation réciproque du Maître et du Disciple
L’âge idéal pour entrer au Kalari était sept ou huit ans. Un jeune garçon de cet âge, confié au maître, ne quittait le Kalari qu’après être devenu aussi parfait guerrier qu’accompli dans son éducation.
De nos jours le Kalari est destiné uniquement à l’enseignement du Kalarippayat et aux techniques médicales qui y sont associées.
Les jeunes gens admis dans le Kalari doivent commencer leur apprentissage par une série de massages qui dure quinze jours. Ensuite, l’élève aborde l’entraînement physique proprement dit par une série d’exercices de contrôle du corps évoluant du simple lancer de jambes aux plus complexes rotations et torsions du corps. Il étudie également des positions et des mouvements inspirés de la gestuelle animale : éléphant, cheval, lion, serpent, poisson.
Le Kalaripayat est aussi un art féminin qui se rapproche des danses sacrées
Ce qui permet au pratiquant d’évoluer au travers de la compréhension vécue des divers éléments naturels comme la terre, l’eau, le feu, l’air.
Ce qui n’exclut pas une certaine virilité !
Le surnom de « malabar » vient du nom des habitants de la côte des malabars !
La combinaison de tous ces exercices a donné naissance à des séquences bien définies qui constituent les Maippayats ; séquences courtes et intensives, à la fois martiales et artistiques.
Un autre Malabar expert de Kalaripayat
Les positions de base s’enchaînent dans des mouvements coulés puisant leur énergie dans la terre pour mieux projeter le corps dans l’espace.
Des positions très basses sont caractéristiques au Kalaripayat
Cet entraînement est aussi une gestuelle symbolique et un exercice de concentration. Cette pratique quotidienne permet à l’individu de maintenir son corps en excellente condition physique, de renforcer son mental et d’acquérir le contrôle de soi.
Des postures qui renforcent les articulations tout en assouplissant lers muscles et les tendons !
Arrivé à ce stade, l’étudiant peut être introduit dans l’art du maniement des armes.
Les Armes du Kalarippayat.
Un beau ratelier d’armes du Kalaripayat
Contrairement à ce qui est observé dans de nombreuses méthodes de combat asiatiques, le défense à mains nues est la dernière enseignée car elle est, dans le Kalarippayat, considérée comme la plus redoutable, le contact « corps à corps » pouvant rapidement faire perdre le contrôle de l’esprit.
Une ancienne épée Kalari Khanda du XVIIeme siècle
Il est donc préférable de passer par les diverses techniques d’armes afin de réaliser le « fondamental » dans la lutte, et ses dangers, afin d’acquérir, ainsi, le contrôle du corps et de l’esprit.
Les Indiens du Kérala sont des gens très pacifiques mais qui conservent des traditions et un esprit chevaleresque – Gurukal Madava
L’arme est considérée comme le prolongement énergétique du corps. C’est après ce lent et laborieux apprentissage que l’élève peut, enfin, « en venir aux mains ».
La tradition indienne qui a une réputation pacifique possède, cependant, un arsenal considérable de techniques de combat datant de l’antiquité.
Les textes anciens y font largement référence au cours des grandes épopées classiques : « Bhagavad Gîta », « Ramayana », « Mahâbâratha ».
Nombreuses sont, ainsi, les références aux actions guerrières, aux combats épiques. Chaque guerrier a son arme propre et aimée et chaque type d’arme est souvent spécifique à une déité protectrice.
Le bambou ou Kettukari :
Immobilisation avec un bambou
Il est d’une longueur équivalente à la taille du pratiquant et il constitue la première étape de l’étude des armes.
Les attaques sont circulaires, propulsant le bambou sans force mais avec vigueur. Sa pratique permet de prendre conscience que l’arme est le prolongement énergétique du corps et constitue une préparation efficace pour le maniement des autres armes et particulièrement de la lance.
La bâton court ou Cheruvati :
C’est une arme très simple mais efficace mesurant une cinquantaine de cm de longueur.
Les coups, d’une grande précision, sont portés et parés rapidement, jusqu’à cent à la minute.
L’attaque, comme la défense, demeure très proche du corps. Cette pratique réclame une grande maîtrise du corps car basée sur la dissociation.
les jambes glissent sur une même ligne tandis que le buste et les bras ne cessent de se mouvoir en rotations rapides et souples.
Dans la défense le corps demeure très bas avec une forte prise en terre. La technique du « rebond » permet d’utiliser l’énergie adverse et de lui renvoyer.
C’est l’application du principe de non résistance où l’action doit cependant demeurer très précise.
La dague ou Katharam (Khatar) :
Assaut avec deux dagues Kathar
C’est un long couteau effilé et tranchant dont la lame mesure une trentaine de centimètres.
Les attaques sont courtes et rapides, les partenaires demeurant très proches l’un de l’autre.
Elles se déroulent de tranchant à tranchant, sans force ni violence.
Les partenaires se suivent, geste par geste, les rotations et contorsions découlant d’une énergie commune et décrivant une sphère magique dans laquelle les pratiquants évoluent comme des félins.
Cette pratique demande une très grande agilité des jambes ainsi qu’un parfait équilibre corporel. Les gestes, nécessairement très précis, nécessitent un contrôle parfait du corps et de l’esprit.
L’épée et le bouclier :Valum et Parijayum.
Une pratique qui remonte à l’ère des chevaliers Kshattriyas
Cette pratique nécessite normalement sept années d’études et réunit l’ensemble des qualités requises pour les autres armes.
Bonds, torsions du corps, déplacements sautés et glissés s’enchaînent dans un grand nombre de combinaisons.
Les rotations de l’épée, très rapides, permettent d’obtenir une efficacité évitant l’effort et la perte d’énergie mais réclamant une grande agilité.
Le maniement du bouclier permet, quant à lui, de renforcer la force physique.
Les assauts sont toujours très spectaculaires !
La massue de bois ou Gada.
C’est une lourde masse de bois évoquant les armes moyenâgeuses et nécessitant force et puissance musculaire.
L’épée flexible ou Urumi.
C’est une longue épée très flexible qui peut se porter autour de la taille comme une ceinture. D’un maniement excessivement difficile car la moindre erreur peut être mortelle, cette arme permet de s’opposer à de nombreux combattants armés. Il convient de faire tournoyer cette lame souple très près du corps dans une double sphère en forme de huit.
La démonstration de combat de l’Urumi reste toujours fascinante car le pratiquant ne dispose que d’un simple bouclier pour se protéger de ses propres coups et de ceux de l’adversaire tandis que les étincelles jaillissent du frottement de la lame contre le sol.
La cape de tissus ou Kathyum Thalayam. C’est la pratique la plus dangereuse car elle consiste à se défendre contre un adversaire armé en utilisant uniquement une pièce d’étoffe du vêtement traditionnel du Kérala, le Vetchu. Il est donc nécessaire d’être calme et vigilant pour parer les attaques rapides et violentes portées avec un couteau.
La lance contre l’épée ou Kumtham contre Valum.
La pratique des épées doubles est un art subtil
Cela consiste en l’opposition de deux différents types d’armes.
L’un possède une lame courte et une protection (bouclier), l’autre est muni d’une arme longue de simple bambou mais muni d’une pointe métallique.
Cette pratique nécessite la parfaite connaissance des deux types d’armes, une grande habileté, de la vigilance et une grande qualité d’écoute.
La dague de bois courbe ou Otta (Ottakol).
La dague de bois courbe arme spécifique au Kalaripayat – Appu Nyambar Gurukal
C’est une petite dague de bois courbe dont l’extrémité s’affine et se termine par un bout arrondi.
C’est plus qu’une arme puisque son maniement nécessite le plus haut niveau de pratique dans l’art du Kalarippayat.
Elle est considérée comme « l’arme du Maître » puisque son emploi se base sur la connaissance des points vitaux du corps humain (marmas).
Les coups et les pressions sont dirigés vers les centres nerveux et moteurs.
Au cours d’un combat, le maître, armé de l’Otta peut fort bien stimuler, calmer ou paralyser.
Une utilisation très particulière mais aussi très symbolique de la force interne de l’éléphant.
Cette arme, tout à la fois symbolique et efficace, est la prolongation énergétique du corps, la prise de force partant du bas ventre et se déroulant jusqu’au bout de l’arme dans un mouvement fluide et coulé. Il est alors difficile de dire si c’est le corps qui épouse la forme de l’arme ou l’arme qui épouse la forme du corps. L’attaque et la défense se font toujours en enroulant l’arme et le bras du partenaire, ou de l’adversaire, sous la forme d’une caresse avant d’atteindre l’un des 108 marmas. Elle constitue la jonction entre la pratique martiale traditionnelle des armes, la pratique martiale à mains nues et la médecine traditionnelle développée dans l’art du Kalarippayat.
La pratique à main nue.
La posture du chat sous l’oeil du Gurukal
La pratique des armes n’exclut pas les saisies
Elle se définit comme l’étude des pressions et coups (Adi) et des esquives (Thada). Elle est basée sur la mise en application, en situation de combat, des techniques étudiées dans les « Meypayat » ou combinaisons inspirées des attitudes de certains animaux et de leurs qualités respectives.
On y retrouve la puissance de l’éléphant, la souplesse du félin, l’agilité du serpent…ect.
Cette pratique à mains nues inclut la parfaite connaissance des points vitaux, ou Marmas.
L’attaque des « marmas » ou points vitaux est essentielle à la pratique à main nue
Dans le concept indien il existe, en effet, 108 marmas ou points vitaux dont 63 peuvent être touchés et permettent de contrôler l’adversaire et dont 21 sont considérés comme pouvant engendrer la mort, parfois quelques jours plus tard.
Un coup ou une pression sur l’un de ces Marmas peut anéantir l’attaquant et le réduire à une condition comateuse.
Les marmas sont des points vitaux également utilisés en traitement d’affections
Cet art de combat redoutable utilisant les frappes, les saisies, les projections, les pressions et diverses attaques portées avec toutes les armes naturelles du corps est considéré comme l’un des plus anciens arts martiaux.
De nombreux historiens affirment qu’il fut à l’origine profonde de la plupart des arts martiaux d’Extrême-Orient ou, du moins, qu’il les influença fortement.
Le Kalaripayat est parfois très proche du Yoga
Il se pratique à même la terre battue, dans un espace creusé selon des codes prescrits par les textes anciens.
Et procure une certaine souplesse à ses adeptes qualifiés
Les combattants revêtent le Kasha qui est une pièce d’étoffe nouée autour des reins et dont une bande passe entre les jambes afin d’être fixée dans le dos.
Le port du Kasha renforce la tenue de la colonne vertébrale et protège les parties vitales tandis que le corps du pratiquant est enduit d’une huile médicinale.
Cette pratique à mains nues, en raison de son efficacité redoutable, est la dernière enseignée. Kalarippayat et médecine ayurvédique.
Ce n’est pas nécessairement une « médecine douce » !
Les méthodes curatives associées à la pratique du Kalarippayat restent une branche séparée et importante de la médecine indigène répandue encore de nos jours dans tout le Kérala.
C’est en fait la survivance de cette forme de médecine populaire qui a permis de maintenir et de préserver l’institution de ces écoles.
Le Maître Govindan Kutty Nair du Kalari de Trivandum explique et démontre que l’art martial et l’art médical font ainsi partie du même enseignement traditionnel : « Si j’ai les moyens de tuer, je dois être également capable de redonner la vie ».
On ne peut parler des Kalaris et de leur mode d’éducation sans mentionner l’Uzhichill, ou massage qui y est associé.
C’est une étape qui est nécessaire et à laquelle tout pratiquant est assujetti, aussi bien en Kalarippayat que dans divers arts de la danse et du théâtre comme le Kathakali, le Theyyam ou le Velakali. C’est une aide précieuse pour acquérir de la flexibilité, un moyen efficace pour assouplir les muscles, les tendons, les ligaments du jeune élève.
Pour l’homme d’âge mur, ces massages ou Sûkku-chikilsa, permettent de régénérer ses forces et de maintenir son corps en bonne condition.
Ils se font chaque année, sept jours consécutifs, de préférence à la période de la mousson, le climat étant humide et chaud.
Certains massages sont la continuité d’un traitement. Ils servent à soigner des problèmes neurologiques et psychomoteurs.
Ils peuvent durer sept, dix ou quatorze jours d’affilée, selon les symptômes et peuvent se répéter plusieurs fois au cours de l’année en fonction du diagnostic du thérapeute.
Le système de massage reste le même mais les huiles ayurvédiques sont judicieusement choisies pour chacun des cas.
Les enfants sont massés avec les mains, les adultes avec les mains et les pieds, si le poids et la masse musculaire sont suffisants et que la constitution osseuse est convenablement développée.
Le praticien s’accroche à deux cordes suspendues, prenant ses appuis et dirigeant ses mouvements à l’aide de celles-ci.
Massage avec les pieds
Il peut ainsi doser le poids de son corps, la pression de son pied en parcourant le corps de son patient abondamment huilé. Les pressions sont effectuées avec différents degrés de force en fonction des parties massées. D’autres massages sont pratiqués au Kalari par le Gurukkal lui-même : les Marma chikilsa, pratique basée sur la connaissance des Marmas, ou points vitaux, qui gouvernent certaines fonctions du corps. Une stimulation extérieure exercée sur les principaux centres vitaux permet d’atteindre le système nerveux et d’agir en profondeur.
Les maîtres authentiques, détenteurs de cette connaissance, demeurent très méfiants en ce qui concerne l’initiation et la transmission de ces techniques.
Seules les personnes ayant une parfaite connaissance du corps humain, une longue pratique du Kalarippayat et une moralité irréprochable devraient être habilitées à traiter suivant cette tradition médicale.
Cette forme de médecine utilise de nombreuses huiles ayurvédiques. Elles sont en grande partie issus de produits végétaux bien qu’il existe certaines huiles médicinales dérivées de produits animaux. En général une savante proportion de feuilles, racines, fruits ou graines, frais ou séchés entre dans leur composition.
Après avoir été pilée, la plante ou la partie choisie est réduite en une bouillie d’où sera extrait un jus pressé à la main ou avec une presse manuelle.
Une proportion d’eau y est ajoutée avant la première cuisson qui durera de nombreuses heures jusqu’à totale évaporation de l’eau.
Il ne demeurera de la décoction qu’une sève précieuse qui sera alors mélangée avec de l’huile.
Les huiles de base varient mais on retrouve souvent de l’huile de sésame ou de coco. Une nouvelle cuisson sera effectuée jusqu’à l’obtention d’une consistance idéale. Le maître surveille cette dernière opération de très près car il serait grave que la cuisson soit trop forte ou trop longue.
Ces préparations s’effectuent en grande quantité dans des chaudrons en bronze dont certains peuvent atteindre deux mètres de diamètre et sous lesquels un feu de bois est constamment entretenu. Les huiles ainsi obtenues sont très odorantes et colorées ; c’est une façon efficace de les reconnaître.
Utilisation de l’huile médicinale dans la massage ayurvédique du Kalaripayat
Les traitements.
On utilise souvent une petite boule de tissus, ou Kiri, rempli de médecines ou de plantes constituant des formules magistrales.
Dilatant les pores de la peau, relâchant la musculature, la chaleur permet aux principes actifs de ces formules magistrales de pénétrer le corps en profondeur par l’intermédiaire de l’huile ayurvédique.
Le Kiri est très efficace ; il convient pourtant de savoir le manipuler. En effet, s’il est trop chaud, le patient sera brûlé et même si cette brûlure demeure très superficielle il conviendra alors d’arrêter le traitement .
Le compte des jours et la continuité de ce traitement ont leur importance. Le Kiri permet à la fois un traitement médicamenteux et un massage précis sur des zones particulières en rapport direct avec les points vitaux. Il va de soi que ce type de traitement se fait en fonction du diagnostic du maître qui détient « l’art des associations »soit une connaissance approfondie des plantes et de leurs effets sur le corps, ceci en fonction des divers tempéraments des patients.
Parmi les cas les plus courants de traitements par ces méthodes ancestrales et réputées dans tout le Kérala pour leur efficacité on remarque la réduction des fractures et des entorses.
Les tours de reins et lombalgies sont également très fréquentes en Inde ou beaucoup de choses très lourdes sont encore transportées à dos d’homme.
Le Magna Kiri est heureusement là pour celui ou celle qui put payer ce remède magique, sinon, il faudra se contenter d’un massage fait de la main – très efficace – du maître avec la non moins efficace appatheillem…une onction juteuse et sucrée d’un beau vert lumineux.
Les torticolis, dorsalgies, lombalgies, coxalgies sont traités similairement avec grand succès.
Mais, il s’agit là de cas considérés comme mineurs car les patients viennent souvent de fort loin pour se faire soigner par le maître Govindan Kutty Nair, l’un des derniers détenteurs de cette forme médicale.
Il est difficile, dans le cadre de cet article, de parler de tous les cas et maladies traités par cette médecine dont l’efficacité sur le terrain est reconnue bien au delà des frontières du Kérala.
Si les soins apparaissent parfois simples, ils suivent cependant des règles précises qui sont le fruit d’une expérience millénaire et d’une grande connaissance des sciences de la nature.
Les combinaisons complexes utilisés lors des traitements réclament de la part du praticien une habileté et une compréhension de l’humain bien au delà de son simple mécanisme.
L’attitude humble du maître, son calme et à la limite sa lenteur ne font que renforcer son efficacité.
Il se considère comme le « transmetteur » d’un savoir qui ne peut être applicable et efficace que si lui, serviteur de la tradition, reste disponible et neutre face à ce savoir.
Lorsque l’on étudie sous sa direction, les heures deviennent des années à regarder, attentivement, à tenir un membre cassé ou foulé, à préparer consciencieusement les bandages, à limer les attelles, à chauffer les Kiri, fin de trouver la complémentarité des gestes du Gurukkal, à trouver le bon rythme
Le Kalaripayat utilise également des formes respiratoires spécifiques
Ne pas devancer mais cependant être prêt, toujours prêt jusqu’au jour où il vous dit « Are you ready ? » Ce qui veut simplement dire : « Eh bien, fais le maintenant… ! ».
Le Kalarippayat en France
Des techniques très efficaces !
Article et informations fournis par Cyril Carrier
Le Kalaripayat
Le Kalaripayat se présente comme la synthèse du Danhurveda, l’antique science de la guerre, et de l’Ayurveda, l’art médical dont sont tirés les points vitaux (marmas). L’apprentissage débute par les pillai thangi et les mey payat, l’équivalent des taos chinois, des katas japonais, dont le but est de « rendre le corps aussi mobile que les yeux ». Comme dans de nombreux arts martiaux traditionnels, la plupart des techniques s’inspirent du règne animal : éléphant, cheval, lion, chat, serpent, coq, sanglier…
L’enseignement du Kalaripayat peut commencer dès l’age de 8 ans. Selon la tradition une intronisation par le Gurukkal (maître légataire) lui-même est effectuée. L’entraînement quotidien dans un Kalari (gymnase/dispensaire médical) nécessite une série de rituels symboliques, avant et après la pratique, dans le but d’acquérir discipline et concentration. L’enseignement du Kalaripayat est principalement divisé en trois parties appelées Meithari, Kolthari et Ankhatari. Muni d’un Katcha ou d’un longhoti (bande de tissu recouvrant les fessiers et les parties génitales), l’élève s’enduit d’huile (sésame) pour prévenir des refroidissements, des froissements musculaires… Après s’être prosterné devant les divinités et le Gurukkal commence la formation initiale, le Meithari.
L’étudiant apprend différents types de lancers de jambe (kalugal), des postures (chuvadukal), des sauts et des exercices de souplesse constituant la base de l’enseignement du kalaripayat. L’étudiant confirmé répétera continuellement une succession de mouvements issus du règne animal pour tenter de retrouver l’équilibre et de ressentir le flux continu d’énergie circulant dans le corps. Le but étant d’harmoniser la respiration en adéquation avec les mouvements du corps.
Après l’apprentissage des pillai thangi et des mey payat (enchaînements développant les qualités masculines, explosion, détermination, concentration, focalisation…) et les qualités féminines (endurance, coordination, vision périphériques…(douze au total), le pratiquant est initié au maniement des armes en bois comme le bâton long (kettukari), le bâton court (cheruvati), la masse d’arme (gada), et l’ottakkol, une arme spécifique en forme de ‘S‘ destinée à l’attaque des points vitaux.
L’Ottakkol est une arme en bois incurvée particulière qui nécessite des mouvements complexes du corps et des jambes complexifiant le maniement de l’arme et sa coordination. C’est aussi est une étape fondamentale qui introduit le pratiquant dans la connaissance des marmas (points vitaux). Le maniement de cette arme est en étroite surveillance et sous tutelle exclusive du Gurukkal. Au bout de plusieurs années de pratique, commence l’étude des armes métalliques comme la dague (kadtaram), l’épée et le bouclier (valum palichayum), la lance (kuntham), et l’urumi, autre arme spécifique beaucoup plus longue qu’une épée, flexible, à double tranchant, pouvant se porter autour de la taille comme une ceinture et ainsi être dégainée. L’épée et le bouclier sont les armes de combat de prédilection du kalari. Son maniement codifié recèle de particularités notamment pour les salutations entre combattant que l’on nomme Puliyankam ou le combat de léopard.
Certains textes datant du 4e siècle (Agnipuranam, Nathyshastra) mentionnaient déjà les techniques de l’épée et du bouclier du Kalaripayat. Le répertoire riche et complexe de l’étude des armes du Kalaripayat inclut des techniques particulières tel que l’utilisation de la masse d’arme en souvenir des héros épiques. Il y a également le Marapititcha Kuntham, duel entre un épéiste et un pratiquant la lance exigeant des qualifications distinctes selon les armes manipulées par chacun. Il est enseigné des techniques à mains nues codifiées sous le nom de Verumkai dans lequel on apprend différents types de clefs, de saisies, d’immobilisation, puis des techniques particulières par l’intermédiaire d’une bande de tissu de 2 mètres de long appelées Kathiyum Thalayum. Car autrefois, traditionnellement pour les cérémonies, les représentations, et même au quotidien pour certains, les hommes portaient une étoffe sur l’épaule. Aujourd’hui en France, une vingtaine d’écoles différentes de Kalaripayat sont représentées sur tout le territoire.
Le blog » http://kalaripayatt.blog.mongenie.com/ » recense la plupart des enseignants actifs.
Parmi eux, Cyril Carrier pour l’école C.V.N. de Maître Sathyan Narayanan
et Nelly Dargent pour la K.K.A. de Maître C.M. Shérif. K.K.A. France C.V.N. Sangham
www.kalarippayat.fr
www.kalaripayat-bordeaux.org
Contact : 05 61 42 36 03 ; 06 33 66 95 29
Contact : 06 85 77 39 38 ; 09 53 51 39 57
K.K.A. France www.kalarippayat.fr
Contact : 05 61 42 36 03 ; 06 33 66 95 29