le Phat Giao Hoa Hao
Un Bouddhisme social et persécuté – le Phat Giao Hoa Hao
par Francis MASGNAUD – Hue Phap – Editions Lucien Souny
288 pages Photos et illustrations NB 19 euros ISBN 978-2-84886-294-1
Francis MASGNAUD, alias Hue Phap, le Français bienveillant, est, habituellement, historien de la Franc Maçonnerie.
Il nous livre ici un important ouvrage très documenté sur une religion très particulière au Vietnam du Delta et à sa diaspora, qui est une forme de Bouddhisme social qui fut crée dans les années trente par un certain Huyn Phu So que ses détracteurs avaient surnommé « le moine fou ».
Cette vision particulière du Bouddhisme privillégie la méditation individuelle pratiquée chez soi, en famille, et rejette quelque peu le décorum des pagodes et les superstitions.
Dans une certaine mesure c’est un peu ce que prônait déjà Bodhidharma en Chine, dès le VIeme siècle avec le Chan qui deviendra le Sôn en Corée puis le Zen au Japon.
A la différence que pour Huyn Phu So, on peut facilement se passer du clergé, des moines et que le Bouddhisme est une affaire strictement personnelle qui ne doit pas se référer à des étrangers ni fonctionner sur le système des offrandes qui appauvrit le peuple.
Ce qui, on le comprend ne fut pas du goût de tout le monde y compris de ce fameux clergé à l’époque très puissant en Cochinchine.
Et encore moins des communistes du Viet Minh qui voyaient dans ce « moine fou » un concurrent à leur discours social et qui, grâce à son charisme et à sa rectitude motivait de plus en plus d’adeptes dans les classes sociales les plus défavorisées ainsi qu’à la campagne.
Ses préceptes simples et de bon sens pouvaient être pratiqués par toutes et tous et réellement mis en action dans ce qu’on nommerait aujourd’hui l’humanitaire.
Les défavorisés trouvèrent rapidement dans cette voie du Bouddhisme autre chose qu’une religion dont ils étaient forcés d’avoir la charge pour entretenir un clergé nombreux et, il faut le dire, oisif.
Il fut donc assassiné par ce même Viet Minh en 1947 ce qui incita les adeptes du Hoa Hao à créer une véritable armée d’auto-défense dont il avait lancé les bases.
Celle-ci, très efficace, permit de chasser les communistes du delta et vingt ans après sa mort les Hoa Hao remportèrent les élections d’une manière écrasante.
Les Hoa Hao furent utilisés par les Français qui les regroupèrent en plusieurs commandos dont certains étaient exclusivement féminins et très redoutés du Viet Minh.
Mais l’évolution de la situation aboutit à ce qu’en 1975 ces derniers prirent finalement le pouvoir.
Les Hoa Hao furent donc pourchassés et persécutés et se réfugièrent dans le système des fameuses « Sociétés Secrêtes » basées sur le modèle chinois des « Poings de la Justice et de la Concorde » ou du « Lotus Blanc ».
C’est donc, encore acruellement, un compromis plus qu’étrange entre ces sociétés secrètes, parfois proches des Triades, des mouvements d’entraide pratiquant l’humanitaire et une religion ayant ses racines dans le Bouddhisme des origines qui est, somme toute, assez contestataire.
On estime que le Hao Hoa regroupe plus de 7 millions de membres au Vietnam et près de 3 millions dans la Diaspora vietnamienne, ce qui est très loin d’être négligeable bien que ce mouvement ne fasse que très peu parler de lui.
Francis Magnaud, dans son ouvrage, s’attache à démontrer que ce qui semble paradoxal à des Occidentaux ne n’est pas vraiement au sein de cette pratique et que le Bouddhisme peut prendre, on le voit ici, des aspects surprenants.
Il nous permet également de pénètrer dans les rituels propres à ces fameuses « Sociétés des Etangs et des Lacs » qui constituent un aspect très particulier des sociétés initiatiques dites secrètes et quyi possèdent, à l’instar de la Franc- Maçonnerie, une longue et riche tradition.
C’est le contraste entre le visible et l’invisible, l’externe et l’interne, le grossier et le subtil caractéristique à la pensée dite d’Extrême-Orient.
La Générale de la brigade féminine des Hoa Hao
Il s’agit de Madame Lê Thi Gam
La femme du Général Tran Van Soai
Les armes traditionnelles sont pour l’image car ces redoutables amazones
utilisaient fort bien des armes à feu modernes et prouvèrent leur efficacité en éradiquant le Viet Minh de la zone du Delta.
La Brigade Féminine photographiée pour Life
Porte Fanion du Mouvement Hoa Hao
ces combattantes étaient redoutées par le Viet Minh
Le combat n’exclut pas la prière !
Les redoutables combattantes du Mouvement Hoa Hao On se croirait un peu dans « Le Seigneur des Anneaux » ! La réalité dépasse souvent la fiction
Affiche récente avec le portrait du Fondateur Huynh Phu So
Portrait de Huynh Phu So alors étudiant
Le Lotus Blanc du Hoa Hao –
en référence à la Société secrète chinoise du Lotus Blanc
Autre Lotus Blanc du Hoa Hao
Le Lotus Flamboyant du Hoa Hao d’inspiration moderne et chinoise !
Il faut bien vivre avec son temps.
Un autocollant actuel du Mouvement Hoa Hao
Articles de Georges Charles et Thierry Borderie sur le mouvement des Boxeurs en Chine en 1900 cliquer ici