La pensée chinoise se se limite pas à quelques proverbes !
Confucius est de retour, Allelouia !
« Allons de l’avant comme le fleuve s’écoule ! »
Kongzi alias Kongfuzi alias Kung Tzu alias Kong Fou Tzeu, alias Maître Kong, alias Confucius.
Entretiens – Lunyu IX 16 *
« Garçon, un Confucius bien cuit, s’il vous plaît ! »
G.C.
* « Le Maître qui se trouvait au bord d’une rivière déclara : tout passe comme cette eau, rien ne l’arrête, ni le jour, ni la nuit. Allons de l’avant comme ce fleuve s’écoule »
Comment préparer le Confucius à la mode par G.C.
Confucius, alias « Le Maître Kong », est à la mode.
Pas une semaine sans, que dans une librairie de hall de gare, ne soit exposé soit une revue dédiée, c’est aussi le terme à la mode, à Confucius ou à sa pensée sinon sa doctrine soit un ouvrage magistral présentant l’oeuvre du Maître.
L’un d’eux « Le bonheur selon Confucius » de Yu Dan a même, pendant des mois, représenté l’une des meilleures ventes de l’édition internationale et française. Nous y reviendrons.
Il y a encore quelques années Confucius était bon à jeter aux orties sinon à vouer aux gémonies puisqu’il représentait tout ce qu’il y avait de ringuard sur cette basse planète.
On lui reprochait son pendant petit-bourgeois pour l’ordre, la hiérarchie,l’organisation sociale de type paternaliste, son manque d’imagination et son immobilisme.
Il suffit de lire un morceau choisi de Etiemble pour sa préface de Confucius (Idées NRF 1966) pour en avoir une idée :
« Plus je vais, plus je tiens que les héritiers du confucéen hétérodoxe Siun Tseu, c’est-à-dire les philosophes du Fa Kia (Fajia), ceux qu’on appelle, selon les cas, Réalistes, Légalistes ou Légistes, avaient élaborés une théorie du gouvernement et de l’administration assurément plus efficace que celle de Maître Kong. Plus je vis, plus je sens que la philosophie taoïste, quand elle ne dégénère point en alchimie, en pratiques superstitieuses de longue vie, favorise une fantaisie, une joie intérieure que l’orthodoxie confucianiste a parfois contrariées. Moins j’ignore, plus je découvre que la doctrine en son temps libératrice de Maître Kong devient souvent un carcan, et comme une excuse aux esprits paresseux. Mais pour peu que je réfléchisse à l’usage que l’église de Rome a fait chaque jour des préceptes qu’elle attribue au Christ, comment accepterais-je qu’on reproche à Confucius les sottises des confucéens ? Vous n’empêcherez jamais les Caodaistes de vénérer dans un syncrétisme puéril Pasteur, Hugo et Confucius. Marx n’était pas marxiste, et le disait. Nul ne saurait lui imputer ni Beria ni Staline. Aux dernières nouvelles Confucius passerait pour une façon de « centriste avec des tendances gauchisantes ».
Il est vrai que celui-ci dans « Philosophes Taoïstes » aux Editions de la Pléiade fustigeait déjà les « zozos et les zozotes yanguisant leur alimentation » en oubliant que Confucius fut probablement le premier philosophe, ou du moins auteur, à se préoccuper de diététique allant jusqu’à donner des indications précises sur les assaisonnement’s utiles aux divers aliments.
Et qu’il répudia sa première femme parce qu’elle était incapable de couper la viande régulièrement et suivant ses indications. Mais il y a prescription car cela se passait il y a plus de deux mille cinq cents ans.
Sortons donc du carcan pour esprits paresseux et laissons de coté le centrisme aux tendances gauchisantes, nous ne citerons personne, pour une petite présentation en image de notre « produit » Confucius qu’il va bien falloir, lui aussi, assaisonner !
Commençons par sa pierre tombale à Qufu dans la Province du Shangdong. Né le 28 septembre 551 avant J.C. il décédai le 11 mai 479 av J.C. à Qufu où un important groupe de temples est visité par des milliers de Chinois chaque année.
La pierre tombale de Confucius à Qufu dans le Shangdong.
Nous le nommons Confucius, ce qui est la version latine de son nom chinois qui est, en fait, Kong Qiu Zhong Ni ce qui a, au fil du temps, été quelque peu simplifié en Kong Qiu puis en Kong Fuzi ce qui signifie simplement « Maître Kong » et plus simplement encore en Kongzi (Kung Tzu). Notons que les Japonais, qui en sont fort friands, le nomment Koshi.
On retrouvera donc souvent cette traduction « Maître Kong » pour Kong Fuzi comme le nomme, par exemple Wang Pi (Wang Bi ou Wang Fusi – 226 249) fondateur du courant Xuanxue.
La vie et l’oeuvre de Maître Kong ont été assez commentés pour que nous puissions éviter, à nouveau, de le faire, ce qui n’est pas le sujet de cet article.
Rappelons que ce même Wang Pi affirme clairement » Le doctrine du Maître Kong tout entière se résume en deux mots (caractères) Zhong et Shu et rien d’autre. » Il ajoute « Zhong c’est s »élever au plus haut de soi-même et Shu c’est s’ouvrir aux autres » et il conclut, ou peu s’en faut « Et tout le reste n’est que laçages de chaussures » sous entendu « tout le reste n’est que rituel » (Li).
Au sujet de ce rituel (Li) et de ce qu’il véhicule il est souhaitable d’observer le caractère ancien, donc classique, puis le caractère moderne, donc simplifié pour mieux comprendre ce qu’il désigne, ou semble désigner, dans l’esprit de certains de nos contemporains.
Li désigne le « rituel » dans ce caractère classique.
On y voir, à gauche, un caractère désignant une force, une puissance spirituelle et à droite un autel (des ancêtres) avec une bouche qui s’exprime et une offrande qui est un plat contenant de la nourriture (Lavier).
C’est la force qui nous relie à l’esprit des ancêtres. C’est guider quelqu’un de la porte d’entrée vers l’autel des ancêtres pour procéder à, une offrande qui sera, ensuite, partagée.
C’est, en quelque sorte, effectuer le passage entre le profane et le sacré.
C’est proche du latin religare (relier à) qui est à l’origine du mot religion.
Voici maintenant le caractère Li simplifié et qui se traduit, également, par rituel.
A gauche toujours cette force, cette puissance spirituelle.
A droite ce qui s’apparente bougrement à un crochet de boucher ou, au mieux, à un hameçon.
Difficile de ne pas imaginer alors le « hameçonnage » qui est le moyen de recrutement qu’utilisent les sectes ! Dans l’esprit actuel le rituel ne sert plus qu’à hameçonner les gogo pour mieux les dépouiller et de leurs facultés intellectuelles puis de leur pognon ! On imagine facilement comment passer de l’un à l’autre pour en tirer profit ! Notez que les Chinois n’écrivent pas mais dessinent et que lorsque nous avons un projet (porteur de projet, acteur de projet, projet social…) ils ont un dessein !
Confucius avait, pour le moins, un grand dessein.
Et même un grand destin.
Confucius, estampage de la Dynastie Tang
Donc une ancienne représentation du Maître Kong.
Les desseins quelque peu arides de Confucius dans les « Analectes ».
Notez que analectes signifie littéralement « esclave chargé de ramasser les restes d’un festin » et par extension les fragments choisis d’un auteur !
Il s’agit, évidemment, des « Entretiens » (Lun Yu) de Confucius que l’on a affublé, on ne sait trop pourquoi, de ce terme quelque peu ridicule.
Il conviendrait de considérer qu’il s’agit bel et bien de ce que Confucius a « mis à bandon » donc abandonné à ses disciples.
Mettre à bandon consistait à partager entre les invités les restes du festin, en quelque sorte le « doggy bag » d’époque.
Les Analectes c’est donc, en quelque sorte le « Doggy Bag de Confucius » !
Le Maître Kong à son apogée.
On remarquera ses « signes » ou « grenons », donc ses belles moustaches, et ses favoris (Manqing) ou rouflaquettes et, surtout, ses « dents de la chance » qu’il avait prohéminentes.
Le Maître Chen Manqing (Chen Man Ching – 1901 1975 ) du Taijiquan Yang, n’en déplaise à Etiemble, était surnommé à Taiwan « Beaux Favoris » (ou « Belles Rouflaquettes », c’est selon) à cause de cet ornement capillaire qu’appréciaient, autrefois, les lettrés Confucianistes et les Mandarins.
Zheng Manqing -1901 1975 –
Shefu du Yangjia Taijiquan
Il était surnommé « le Maître des Trois Excellences »
Mais aussi « Beaux Favoris » avec un jeu de mot sur Manqing.
Difficile de ne pas opérer un rapprochement avec le Maître Kong.
Un Confucius imposant de la dynastie Ming.
On remarquera, encore, ses fameuses « dents de la chance » et ses imposants sourcils, signes évidents de sa grande sagesse.
Le premier qui fait une allusion aux lapins crétins fera cinquante pompes.
Confucius recevant ses disciples. Peinture de la Dynastie Ming.
Confucius assis de la Dynastie Qing.
On remarque toujours ses fameuses « dents de la chance » mais ici il a l’air un peu triste sinon soucieux et bougon !
« San Jiao He Yi » – Les trois Doctrines s’harmonisent en Un –
Confucius, un peu rabougri et chafouin, le Bouddha, un peu bouffi mais qui a le beau rôle, et Lao Tseu exhibant un taiji , en fait un Wuji, senestrogyre, donc inversé, et assis sur une roue de tracteur .
C’est évidemment une fausse estampe chinoise illustrant un ouvrage occidental du XIXeme
Le Wuji Taiji Yin Yang tourne dans le sens dextre (Shun).
Le Yang blanc (clair) monte et se disperse; le Yin noir (sombre) descend et se concentre.
Si on l’anime par un souffle il tourne à partir de l’axe central dans le sens des aiguilles d’une montre (Shun) donc dans le sens de l’engendrement (Sheng).
Il est « svastika » et il engendre (svasti) la lumière (ka). En chinois Sheng Ming.
Dans le sens inverse, senestrogyre ou lévogyre, il tourne dans le sens opposé (Ni) donc de la domination.
Il est alors « sausvastika » et il s’oppose (sau) à l’engendrement (svasti) de la lumière (ka).
C’est le mouvement des ténèbres ou de la « lumière noire ». En chinois Zu Sheng Ming.
Officiant de la Dynastie Han effectuant un rituel.
La coiffe est la même que celle du Confucius de la gravure précédente donnée à tort comme taoïste.
Statue monumentale de Confucius en République Populaire de Chine, à Shanghai.
Statue monumentale de Confucius en République de Chine (Taiwan)
Notez l’inversion de la position des mains par rapport à la précédente !
Statue moderne de Confucius saluant
Confucius vu par les Occidentaux au XVIIIe siècle
Décidément le placement des mains est, ont le voit, assez arbitraire.
Les principes de vie de Confucius dans « philosophorum Sinencium »
XVIIIe siècle et le portrait en pied du Maître.
A l’époque on admettait le principe d’une philosophie chinoise, par la suite il ne fut plus question, officiellement, que d’une « pensée chinoise ».
La philosophie ne pouvant être que grecque, les humanités, latine, les civilités, française, la liberté éclairant le monde donc l’univers, éventuellement allemande ou alternativement nouvelle avec les « nouveaux philosophes ».
Confucius échappe, heureusement, au qualificatif d’ancien philosophe et est donc, simplement, un penseur.
Mais un penseur relevé et debout à l’inverse de celui de Rodin si caractéristique de la pensée française et donc du « Je pense donc je suis assis ».
Il est dit que Voltaire se recueillait dans son oratoire devant, ou plutôt dessous, le portrait de Maître Kong, très vraisemblablement celui-la même qui est illustré ci dessus.
Il disait de Maître Kong, avec une touche de respect mêlé de regret admiratif:
« De la seule raison, salutaire interprète,
Sans éblouir le monde, éclairant les esprits,
Il ne parla qu’en sage et jamais en prophète.
Cependant on le crut jusque dans son pays. »
C’est ce qui différencie profondément Confucius de certains : il ne fut jamais un prophète ni « Le Prophète » et n’a jamais souhaité être élevé à un autre niveau que celui d’un être humain fut-il quelque peu réalisé.
Un buste de Confucius abandonné aux orties dans la ville de Dancheng, province du Henan dans le comté de Quyang en RPC.
Le Maître Kong n’a pas toujours été en odeur de sainteté !
Konzi, le retour !
Tremblez racailles d’immortels, le Maître est revenu.
Et ça va rectifier sérieux dans le Tao.
« Zheng Ming » Mais le Maître Kong n’avait pas dit son dernier mot.
Il revient donc à la charge et sa contre-offensive est éclatante, surtout en Chine.
Le Confucius de Zhang Huan au Musée d’Art de Shanghai – Rockbund Museum
Une immersion dans la sagesse de la Chine !
Evidemment l’homme actuel n’est pas tout à fait à l’échelle du Maître Kong !
Mais il suscite toujours beaucoup de curiosité
Une autre représentation de Confucius par le même artiste contemporain.
Il affirme avoir réalisé une synthèse en trois D des différents portraits du Maître.
Le résultat est étonnant, il ne lui manque que la parole !
Mais l’artiste a oublié de lui refiler ses deux quenottes de lapin crétin.
On est déçus.
Confucius et ses disciples, le film avec Chow Yun Fat
La version chinoise du film sur Confucius.
Pas si catastrophique que cela, d’ailleurs, ce film.
On est étonné que le Maître Kong ne saute pas de bambou en bambou et ne délivre aucun triple coup de pied retourné volant.
Et même la version française !
« Sa sagesse est plus puissante qu’une épée » tenez vous le pour dit !
Bruce Lee et Carradine n’ont qu’à bien se tenir et ne parlons même pas de Jet Li.
Le super logo du « Confucius Institute » le porte avion de la « Pensée Kong »
On y remarque une colombe dont les ailes forment une vague qui submerge la planète tel un Tsunami de « bon sens » (Zheng Ming).
Tremblez, immortels, le débarquement à déjà commencé !
Les pays de Loire ont rejoint la reconquête, normal ils sont très fréquentés par les touristes chinois en mal de chateaux et la Fac d’Angers compte désormais de nombreux étudiants, et surtout des étudiantes, également chinois ou également chinoises.
Le Gross Paris a également succombé à la vague verte mais avec un peu de rose et de rouge. Quand même !
Et il en existe d’autres un peu partout en France.
Confucius à toutes les sauces
Comme nous le disions tout en haut il y a quelques années Confucius était bon pour la décharge publique et les orties et les anarco-taoïste avaient envahi le pavé comme dans une chanson de Léo Ferré avec comme chefs de file Michel Polac et Philippe Léotard.
Profitant de leur disparition les tenants de l’ordre ont refait surface brandissant bien haut l’étendard de Maître Kong, à défaut de celui de Jeanne d’Arc, pour bouter hors de France toute la racaille marginale se référant quelque peu à la Voie de Laozi, de Liezi et de Zhuangzi, alias Lao Tseu, Lie Tseu et Tchouang Tseu.
Il est d’ailleurs amusant que ce soient assez souvent des femmes qui se fassent le porte parole d’un type qui avait répudié sa première épouse sous le prétexte qu’elle coupait mal la viande et qui, somme toute, considère la femme à sa place lorsqu’elle demeure bien sagement à la maison.
Nous n’épiloguerons pas sur ce point puisqu’à la même époque, en Occident, il y a deux mille cinq cents ans, la femme ne bénéficiait pas d’un meilleur statut et aurait probablement préféré la philosophie de Confucius à ce qu’on lui faisait subir sous de multiples prétextes. En parlant de ces dames qui ont à coeur de réhabiliter le Maître Kong et sa pensée il serait difficile de ne pas citer Yu Dan, une universitaire chinoise, qui a commis un ouvrage vendu dans le monde entier à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires.
De quoi lui assurer un bon train de vie.
Yu Dan l’universitaire chinoise auteure de « Confucius from the heart » ou « Le bonheur selon Confucius » dans sa version française.
« Confucius from the heart » de Yu Dan dans sa version alglaise qui n’a pas peur d’annoncer la couleur :
» le best seller international aux dix millions d’exemplaires » !
Le même en version française.
La différence de marketing est patente : couverture sobre, caractères classiques et sous-titre passe partout « Petit manuel de sagesse universelle ».
On y ressentirait presque une touche d’humilité.
Un autre universitaire chinois a qualifié cet ouvrage de « bouillon de poulet pour l’âme » ce qui n’est pas, à proprement parler, un compliment très sincère. Mais le bon mot a plu et depuis sont parus de multiples ouvrages titrés « Un bouillon de poulet pour l’âme de… » (des ados, d’une mère, d’une femme, des Québecoises, de l’enfant, du couple, des professeurs…).
Signalons quand même que le terme « âme » n’existe pas dans la langue chinoise et est donc absent des 40 000 caractères que l’on peut y trouver. Il s’agit soit du « Coeur » (Xin), avec une majuscule ce qui le différencie de la pompe cardiaque, du cardia, et l’élargit à la « conscience », soit de l’Esprit (Shen) qui, traditionnellement est engendré (Sheng) par le Coeur et qui désigne alors ce que l’on pourrait désigner par une « entité supérieure » qui, justement se situe aussi au dessus et au delà de l’esprit.
Ce sont, évidemment, les Jésuites qui ont systématisé la traduction de « âme » dès qu’il était question de Xin.
Concernant cette traduction de Xin, quand il ne s’agit pas d’un ouvrage médical, il serait plus judicieux d’utiliser, par exemple, le terme « coeur-conscience » puisque cette notion de coeur rejoint ce que nous nommions autrefois le « for intérieur ». Cette notion de « coeur-conscience » ou de ‘for intérieur » est ce qui est sous-entendu dans des expressions comme « apprendre par coeur » (et non apprendre par cardia, par péricarde ou par pompe cardiaque !) ou « de tout son coeur et de tout son être » où on pourrait retrouver cette notion particulière de coeur-esprit. Si on dit, par contre, « il a le coeur bien accroché » il s’agit bêtement de l’organe lorsqu’il s’agit d’une épreuve physique mais de la conscience si il sagit d’une épreuve « morale » du type « il fallait avoir le coeur bien accroché pour supporter ce spectacle de désolation ».
Confucius « from the heart » désigne plus ce « coeur-conscience » que l’organe que l’on peut désormais remplacer par une pompe artificielle sans que la conscience du sujet en soit perturbée. A vrai dire concernant le Shen, que l’on traduit généralement par esprit, il en va de même car on considére généralement en occident que l’esprit est ce que produit le cerveau alors que dans la vision chinoise il est totalement indépendant de ce « merveilleux organe » mais organe quand même. Dans la vision classique le Shen est rattaché au Ciel et non à un organe fut il extraordinaire. Le coeur (Xin) est donc ce qui rattache l’être humain au Ciel grâce au Shen. Les Shen Ming, littéralement « Esprits Lumière » sont ce que nous nommons les esprits, voire les divinités.
Anne Cheng, une autre universitaire, mais française cette fois-ci, a justement fait remarquer que dans toute son oeuvre Confucius n’avait pas une seule fois utilisé le mot « bonheur » ce concept lui semblant probablement trop subjectif donc sans le moindre intérêt.
Anne Cheng enseigne, entre autres, au Collège de France et est l’auteure de « Histoire de la pensée chinoise » et traductrice des « Entretiens de Confucius » .
Elle répond à Bertrand Mialaret dans un article intitulé « Confucius réinventé, un produit d’exportation chinois » dans Rue 89.
Cliquer ici
Article auquel nous ne pouvons que souscrire et que nous vous conseillons.
Anne Cheng est également celle, si on excepte « La philosophie morale de Wang Yang Ming » de Wang Changzi, dans les années trente, qui propose la traduction en français de textes de cet homme d’action et philosophe et qui lui restitue la place qui lui revient dans les grands continuateurs du Maître Kong.
Anne Cheng
Revue de presse:
La presse hebdomadaire ou mensuelle s’est, évidemment, appropriée le phénomène Confucius et, au delà, celui de la pensée chinoise en proposant à ses lecteurs divers hors séries qui ont pour but de nous familiariser avec cette autre vision du monde.
C’est un peu comme si après avoir été amputés d’une importante partie de l’humanité on retrouvait un membre artificiel, une prothèse, sinon un fauteuil à roulettes, qui allait nous permettre, enfin, d’aller un peu plus loin.
En effet pour la majorité de nos contemporains occidentaux Confucius et son compère Lao Tseu ne sont en fait que facteurs de bons mots et de formules lapidaires de fin de banquet.
Il est une époque ou l’hebdomadaire Télérama avait demandé à diverses personnalités quel est l’ouvrage qu’elles emporteraient sur une île déserte.
Le Président Chirac, pourtant féru d’orientalisme, c’est du moins ce qu’on prétend, avait répondu tout de go « Confucius ». Sans trop préciser de quel Confucius il s’agissait. Ce qui laisse la porte ouverte à de nombreuses hypothèses. C’est sa fille qui lui a conseillé, par la suite, de se tourner vers les « arts premiers » où il pouvait raconter, enfin, ce que bon lui semblait.
Il est vrai, malgré tout, que Jacques Chirac avait confié à celui qui remplaçait son garde du corps en vacances que son mémoire de fin d’étude de la Promotion Vauban de l’ENA (1959) avait porté sur « Les stratégies militaires chinoises adaptées à la politique » (donc Sun Tzu !) ou peu s’en faut et qu’il avait ajouté à son interlocuteur, digne de foi, puisque j’y étais,
« Mais ne le répétez surtout à personne, je n’ai pas envie de passer pour un sournois ! ».
Pour ne pas être en reste et pour respecter une certaine parité, Martine Aubry, alors qu’elle quittait son poste de Ministre de l’Emploi sous le ministère de Jospin, s’est vu offrir par tout le personnel qui s’était cotisé, comme dans un départ anticipé à la retraite, une magnifique statue chinoise et ancienne de Confucius. Ce même personnel, jusqu’à ses proches conseillers, l’appelaient entre eux « Le Vieux Bouddha », probablement en raison de son regard plissé et impénétrable mais aussi parce que c’était le surnom qui était donné à la dernière impératrice douairière de la Chine, Cixi alias Tseu Hi. Une personne compétente dans son rôle mais particulièrement autoritaire.
Martine Aubry au regard énigmatique qui lui a valu le surnom de « Vieux Bouddha » qui était celui de l’Impératrice douairière Cixi alias Tseu Hi.
Elle aurait, dit-on, un faible pour le Maître Kong.
Justement au dernier Congrès du Parti Socialiste de Toulouse, Con, sa sortie sur Jean Marc Ayrault « C’est un honnête homme, un homme de gauche qui est droit » laisse entendre son attachement à la « rectification des mots » (Zheng Ming) si chère à Confucius.
Cette allusion à l’étymologie gauche/droite a du passer un peu au dessus de la tête de pas mal de monde.
Il n’est pas évident de savoir que, étymologiquement parlant, gauche (tordu) est le contraire de droit ou direct. Un type maladroit est donc gauche (mal à droit(e)) comme si il avait deux mains gauches. Un bois qui a gauchi se doit donc d »être remis droit, rectifié ou corrigé. Celui qui s’écarte de la règle droite (versus) est par contre coup per-versus, pervers. Jadis la maison de correction avait pour but et fonction de remettre sur le doit chemin ceux qui s’en écartaient et qui était considérés comme pervers.
Martine Aubry est donc une maîtresse femme qui montre que la gauche pourrait être plus adroite ». GC
Mais revenons à notre revue de presse des revues de presse dédiées, c’est toujours le mot à la mode, ou consacrées, si vous préférez, à notre bon Maître Kong souvent revu et corrigé et assaisonné de diverses sauces parfois assez insipides ou au contraire envahissantes.
Bon là tout est sur la couverture et il n’est pas trop nécessaire d’ouvrir et de se compliquer la vie. A partir du moment où il existe de la bonté, de l’harmonie, du respect, de la sagesse et de la sincérité tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Bon là c’est un peu du Mac Do avec le Confucianiste au milieu et diverses couches successives. Et un dossier spécial qui agrémente le tout comme une sorte de Ketchup posé à côté.
La c’est le même mais dans la gamme un peu en dessous on se doute que le pain va être plus mou, le steack haché plus gras, la sauce plus coulante et le cornichon moins vert.
Evidemment avec des termes comme Zen, Qigong (étonnamment écrit en Pinyin contrairement au Monde des religions qui utilise encore le vieil EFEO avec son Taï-Chi-Chuan (auquel il manque quand même les apostrophes !) et son Yi King vieux jeu) Méditation, Confucius, Sagesse…il est possible de ratisser large.
Mais soyons objectifs, c’est pas si mal que ça et compréhensible de surcroît bien que succinct car, visiblement, les intellectuels assis n’ont pas participé à sa rédaction.
Il est marrant de constater que c’est généralement celles et ceux qui se piquent de confucianisme qui oublient de respecter la règle qui veut, en France, que depuis 1964 on doive utiliser la transcription Pinyin à défaut de toute autre et ceci après la signature de traités internationaux concernant la transcription de la langue chinoise.
Ce fameux pinyin, littéralement « épeler les sons » fut inventé par un Jésuite français, Nicolas Trigault (1577 1628) et ne date donc pas d’hier soir comme on tend à la prétendre.
Il fut évidemment supplanté par la transcription de l’EFEO (Ecole Française d’Extrême Orient) conçue par un autre Jésuite, Séraphin Couvreur, en 1902.
En 1979 le pinyin fut reconnu comme transcription internationale de la langue chinoise par l’Organisation Mondiale de Normalisation. Un « zinzin » aurait dit De Gaulle.
En 1982 cette officialisation devine la norme internationake Iso 7098.
Cela fait donc 38 ans au pire et 30 ans au mieux qu’on devrait donc écrire taijiquan à la place de Taï-Chi-Chuan et de toute autre bidouille.
Et le pinyin s’écrit, ou se tape, avec des minuscules afin de gagner du temps !
Désolé mais on doit donc écrire, c’est la règle, maozedong à la place de Mao Tse Toung et laozi à la place de Lao Tseu !
Egalement marrant de constater, par expérience, que ces mêmes personnes, réfractaires à la règle, utilisent également des taiji inversés (ni) et donc senestrogyres ou lévogyres (de laevus = gauche) donc parfaitement dominateurs.
Mais c’est évidemment le fait du plus grand des hasards qui fait souvent bien les choses !
Rappelons à cet effet que la croix solaire ou bouddhique, la Svastika (littéralement qui engendre – Svasti – la lumière -Ka – en chinois Sheng Ming ) est dextrogyre tandis que la croix utilisée par les nazis, la Sausvastika (littéralement qui s’oppose à l’engendrement de la lumière) est senestrogyre ou lévogyre. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose, quand même. Dans le beau langage de l’art héraldique la première est dite croix gammée, la seconde croix crampée (à crampons ou qui se cramponne) et qui désignait l’araigne, donc l’araignée.
Il y a donc une habituelle confusion entre tous ces termes qui semble entretenue à dessein.
Le sens des « bras » est une illusion car il convient de la construire puis d’en visualiser le mouvement lorsque la croix est animée par un souffle (voir plus haut l’illustration Wuji Yin Yang).
C’est le « jeu de cartes » qui va avec la revue et où les « citations » de Confucius ont été regroupés par thème : la sagesse ; le bonheur ; la famille ; l’âme ; la perfection ; le pouvoir ; la droiture ; la morale ; l’humanité. On ne sait malheureusement pas d’où provient la traduction.
Un Dossier Philo Confucius malheureusement difficile à trouver en librairie.
Religions et Histoire a consacré ce numéro à Confucius.
Le Point – Hors Série – Les Maîtres penseurs –
Confucius le vrai Maître de la Chine
Là, c’est du lourd avec Anne Cheng, Jean Levi, Danièle Elisseef, Marc Kalinowski…et quelques autres.
L’illustration de couverture est un Confucius coréen (Kong Ja en Corée).
Vous en reprendrez bien encore un peu ?
Et pour quelques ouvrages de plus.
A mon humble avis pour connaître et apprécier Confucius il suffit simplement de lire Confucius et comme ajouterait Wang Pi…et rien d’autre !
Malheureusement les traductions multiples et varées sont très inégales allant de la prose jésuitique assez ampoulée aux resucées sans grand intérêt.
Comme pour le Daodejing et le Yijing, malheureusement, les meilleures traductions récentes sont en langue anglaise.
La vie et l’oeuvre de Confucius romancées par josé Frèches :
Moi, Confucius par José Frèches XO Editions
Sur la quatrième de couverture José Frèches ressemble à Stewart Granger, « le séducteur aux tempes grises » qui fit les beaux jours d’Hollywood dans les années soixante dix.
José Frèches
Cet auteur de romans à succès, sur la Chine, s’est, temporairement, glissé dans la peau de Confucius pour nous faire revivre le grand homme. Cela se lit évidemment bien car c’est la mise en condition, et en scène, des morceaux choisis du Maître Kong, son oeuvre, sa vie, ses disciples, ses amis, ses emmerdes. Après on adhère (ou pas, comme on dit !) au discours d’un Confucius qui aurait trop lu le Nouvel Obs. Exemple.
« Malgrè l’âge qui avançait, je continuais à être persuadé que tous les déréglements du monde pouvaient être corrigés par la raison et par la vertu, et que j’étais à même de favoriser l’un ou l’autre, parce que ce même monde était rationnel, et que le bon sens, cette antichambre indispensable de l’intelligence, finissait toujours par triompler, à force de persuasion et de pédagogie : c’est le cerveau qui commande aux bras et aux jambes, et non l’inverse ». (P 202).
Lorsqu’on connaît le peu d’intérêt des Chinois pour la raison ou du moins le raisonnable (Cf La raison des choses -essai sur la philosophie de Wang Fuzhi par Jacques Gernet – NRF Gallimard ) et le principe pensée/action de Wang Yangming) on a un peu de mal à la relier au Te (De) ou « efficace » donc à la vertu.
Le fait d’imaginer un seul instant Kongzi pédagogue, alors qu’il est l’homme du rituel, prète à sourire avec une certaine bienveillance presque bouddhiste.
Mais ne faisons pas la fine bouche car c’est un ouvrage qui va permettre, quand même, de mieux faire connaître la philosophie de l’Empire du Milieu, philosophie qui demeure toujours très présente de nos jours dans la Chine contemporaine qui fait le grand écart, une autre forme de « juste milieu », entre le communisme et le libéralisme.
Voici, à cet effet, ce que préconise Yagyu Munemori (1571 1646), disciple de Takuan Soho
» Lorsque vous pratiquez intensément l’action vient de votre corps et de vos membres et non plus de votre esprit. En vous distançant de la pratique, vous n’aurez aucun compte à lui rendre, et vous réaliserez chaque technique en toute liberté. A ce point vous ne saurez pas où se situe votre esprit, et nul démon ni hérésie ne pourront l’atteindre. Telles sont les pratiques qui permettent d’arriver à l’état de non-moi (muga). Ceci est le sens ultime de toutes les Voies ».
On est donc très loin du « Je pense donc je suis ».
Mais il s’agit là d’une vision tout à fait conforme à ce que propose Wang Yangming dans Xinxue et l’un des grands continuateurs de Confucius et qui fut très connu, et respecté, au Japon sous le nom de O’Yomei.
Joseph Needham, de Cambridge, écrivait il y a déjà quelques années : » L’expérience millénaire chinoise de la bureaucratie a également beaucoup de rapports avec nos inquiétudes actuelles. L’humanisation de la bureaucratie est probablement le plus grand problème de la civilisation moderne. Je voudrais pouvoir espérer que les bureaucraties d’avenir fonctionneront avec autant de véritable humanisme qu’une bonne administration municipale sous les Tang ou les Song. Ici les Chinois peuvent avoir une grande action à accomplir en livrant au reste du monde leurs enseignements, car leur bureaucratie a une expérience de deux millénaires. Il peut y avoir encore quelque vertu dans les médicaments de Confucius, de même qu’au dix-huitième siècle une traduction latine des Classiques ( du Maître Kong note GC) révéla à un monde étonné l’existence d’une morale sans recours au surnaturel, et une grande tradition de culture qui n’était pas basée sur la doctrine pessimiste du péché originel ». Joseph Needham – La tradition scientifique chinoise Collection Savoir Hermann 1974 Paris page 21.
Joseph Needham (1900 1995)
Toujours la même obsession de la « Sagesse » sinon du « Bonheur » !
Apprendre à philosopher avec Confucius. Par Michèle Moioli éditions ellipses.
Tout un programme !
Après les brèves de comptoir celui-ci s’imposait !
Manager c’est diriger et diriger c’est rectifier aurait dit le Maître Kong !
Le management comme vertu.
C’est souvent l’éditeur qui impose le titre et la couverture.
On imagine que Yashushi INOUE n’est pour rien dans ce pataquès éditorial.
Au vu du titre Inoué est probablement le type en rouge et Confucius le type en bleu.
C’est beau et surtout c’est grand l’humilité !
Encore tout un programme par Master, Lelarge et Maxima !
Tout en finesse en en « think large » sinon « think fat ».
Ah on se disait aussi qu’il manquait au débat quelque chose ou quelqu’un !
Badaboum, le voici, le voilà.
Revoilà le sujet qui fâche car si la Chine, en ce domaine, comme dans celui de l’écologie, d’ailleurs, est un excellent modèle elle n’en demeure pas moins un très mauvais exemple !
Confucius hormis quelques recettes de cuisines, ou conseils en assaisonnement’s, ne craignait pas de donner, également, des conseils écologiques de première valeur en se référant au Livre des Rites (Li Ji).
Un des commentaires précise même « Confucius lorsqu’il était jeune avait la charge de ses parents. Pour les nourrir il était donc contraint de chasser et de pécher. Mais il ne tirait jamais sur un oiseau posé et n’utilisait jamais un filet afin de laisser une chance à ces animaux. Quand on observe comme Confucius jeune était bon avec les animaux on imagine quelle fut sa bonté à un âge plus avancé vis à vis des hommes »
Belle leçon que nos amis Chinois, qui se piquent de Confucius à toutes les sauces, feraient bien de méditer en matière de nourriture et de potions magiques !
L’incontournable Etiemble qui dans ce domaine fut un Mandarin autrefois réputé.
Un autre incontournable avec Lin Yutang dont nous recommandons toujours vivement « L’importance de vivre » réédité par You Feng.
Rien à dire sinon que c’est assez sobre, comme il convient.
Du Kongzi en BD ! Probablement à emporter sur une île déserte !
Why not, nobody is perfect ! Mais ça fait quand même bougrement « Nouille-âge » !
En passant par Groucho et Karl Marx !
Paroles…paroles…paroles !
Par celui qui gagne à être connu.
Du Confucius pour l’oreille !
Et Dieu sait si le Maître Kong les a larges.
A ce sujet les oreilles du Général de Gaulle impressionnaient les Chinois et, bien entendu, Mao qui, dit-on, se tirait fortement dessus chaque matin pour les agrandir.
Les grandes oreilles sont preuve de sagesse ou du moins de sagacité.
Les mêmes Entretiens lus par Robin Renucci
Une sorte d’appel du 18 juin : « En toutes circonstances conformez vous aux circonstances mais en préservant votre rectitude » Confucius.
La rectitude : Zheng
Gouverner, la bonne gouvernance : Zheng
Les deux caractères ont strictement la même racine !
« Gouverner c’est mener le peuple à bon port comme le ferait un batelier avisé. Il convient donc d’éviter les écueils. Le batelier se tient droit mais le bateau suit la bonne route en agissant sur le gouvernail ». En chinois droiture (rectitude), gouvernail et gouverner ont la même racine.
Quelques calligraphiés de Shi Bo illustrent les préceptes.
On admet que le testament est beau.
Qu’en est-il maintenant de l’héritage ?
Voilà qui est reposant pour le regard et pour l’esprit.
Regardez bien cette couverture elle est presque hypnotique.
Comme quoi il n’est pas besoin de trop en faire, le juste milieu suffit.
Même le polar enchinoisé est à la « mode Confucius » !
Confucius says – quand on ne sait pas à qui attribuer une maxime de type oriental ( du type « quand à midi le roi te dit qu’il fait nuit contemple avec lui les étoiles ! » ) on la refile à Confucius ou, éventuellement, à Lao Tseu !
Un mot sur les néoconfucianistes
Le terme « néo » n’incite évidemment à rien de très positif et ressemble un peu à ce terme « d’Inde » dont on affublait au XVIIeme siècle tout ce qui provenait du Nouveau Monde, donc des Amériques et de la Caraïbe et qui était plus gros, certes, mais de moindre intérêt gustatif. On avait donc rapporté le poulet d’Inde, devenu la dinde et par conséquent le dindon, à ce sujet il est bon de préciser que « made in Turkey » ne signifie pas fabriqué en d’Inde mais en Turquie, le blé d’Inde qui deviendra le maïs et qui remplaça le pois chiche jusque dans la confection de la socca, le marron d’Inde qui ne devint comestible que pendant les restrictions dues à l’occupation, le bois d’Inde ou piment de la Jamaïque qui se substituait au poivre, l’oeillet d’Inde dont on consomme les fleurs en remplacement du safran (safran du pauvre), la seule exception étant le cochon d’Inde provenant des Incas qui est plus petit que le cochon et qui, habituellement, ne se mange pas.
Néo quelque chose c’est généralement cette chose mais en ersatz donc en pas terrible.
On sait, par exemple, ce qu’est l’idéologie nazie, alias nationale-socialiste, mais on a du mal à cerner l’idéologie néo-nazie qui est le plus souvent représentée par des nazis d’Inde, en survêtements douteux, rasés, avinés et braillant des slogans incompréhensibles à la gloire d’une équipe de foot constituée majoritairement de gens d’autres couleurs que la leur qui est habituellement rose.
On peut détester le confucianisme et même l’assimiler à une doctrine totalement révolue mais force est de constater qu’il s’agit quand même de quelque chose de très représentatif de la pensée chinoise qu’on veut désormais universelle.
Mais on imagine alors que le néo-confucianisme est le repaire des nostalgiques de la grande époque du Maître Kong, des espèces de Salafistes chinois revendiquant un retour aux origines et qui furent la cause de l’immobilisme chinois de ces derniers siècles.
Dès que quelqu’un se réfère à Confucius et qu’il n’est pas contemporain de ce dernier on lui refile l’étiquette infamante de « néoconfucianiste » donc, en quelque sorte, de holligan de la Voie du Milieu.
Dans la vision d’Etiemble ce qu’étaient Béria ou Staline au regard de Marx !
Le simple fait que l’on colle ici dans le même sac des néoconfucianistes Zhu Xi et Wang Yang Ming dont les doctrines s’opposent en tous points incite à une certaine prudence vis à vis de cette classification occidentale et totalement arbitraire.
Zhu Xi (Chu Hsi ou Tchou Hi) 1130-1200
Qui commenta et organisa, commenta et classifia ce qui convient de nommer le « canon confucianiste » et que l’on donne comme l’un des fondateurs du « néoconfucianisme »
Il faut donc atteindre les très hautes sphères, là où l’oxygène se raréfie, pour entendre parler de « tendances » du confucianisme qui devient alors réaliste, idéaliste, syncrétiste, réformiste…et on en passe.
Concernant Wang Yang Ming, par exemple, donc le credo repris de l’époque des Song était « San Jiao He Yi » (les Trois Enseignements (Doctrines ; Ecoles) – Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme – s’harmonisent en UN – sous entendu Enseignement ), il est patent que ce terme de « néoconfucianiste » est totalement déplacé. Pourquoi pas « néoboudhiste » ou « néotaoïste » ? Il serait donc beaucoup plus réellement « néosanjiaohéiste » ce qui admettons le n’existe pas. Mais pas plus ni moins qu’existe le « néoconfucianiste » qui est une galaxie dont le soleil, éteint, serait Confucius.
Sans ces « continuateurs » de l’héritage de Confucius, Confucius n’existerait pas et il n’en resterait qu’un testament vide de sens et, surtout, d’intérêt.
Ce sont ses héritiers qui on fait prospérer la boutique et c’est aussi cela que dénonçait, en son temps, Wang Yang Ming, ce qui lui valut cinq dures années d’exil mais aussi, après sa mort, sa réhabilitation. Dans le Temple de Confucius où l’on plaça sa tablette.
Après de très longues années d’oubli, de critiques et d’interdit il revient à la charge, profitant de la vague Confucius pour, probablement, dénoncer encore « la petite boutique Confucius » comme il le faisait de son vivant. Rappelons qu’il est celui qui motiva les premières banderoles vues en 1989 sur la Place Tiananmen et déployées par les étudiants en philosphie « Non à la boutique de Confucius ! » reprenant ainsi le slogan de Wang Yang Ming qui avait déjà été exhumé par l’écrivain contestataire Lu Xun (1881 1936) dans le « mouvement du 4 mai 1919 ». Mais comme souvent on ignore, ou on feint d’ignorer, l’origine de la citation et Mao lui-même se vantait de « saccager la boutique de Confucius ! »
Lu Xun (1881 1936) qui exhuma la formule de Wang Yang Ming lors de la mise en oeuvre du Mouvement du 4 mai 1919 « Non à la boutique de Confucius »
La réhabilitation de Wang Yangming est en cours, la preuve est cet ouvrage grand public que Yohan Radomski vient de découvrir dans le kiosque d’une gare de la banlieue de Shanghaï et qui présente « la vie et l’oeuvre de l’extraordinnaire Wang Yang Ming » !
Il y a peu de temps une intellectuelle chinoise mais, néanmoins calligraphe, me l’avait présenté de la manière suivante et mot à mot « Wang Yang Ming est pour nous (Chinois) ce que Coluche est pour vous (Français) : un fouteur de merde ! »
Coluche aurait probablement apprécié être comparé à celui qu’on présente désormais comme « l’un des penseurs les plus importants de la Dynastie Ming », ce qui est, somme toute, assez restrictif car il était avant tout non un penseur assis mais un homme d’action debout et en mouvement.
La vie et l’oeuvre de l’extraordinnaire Wang Yang Ming
Ouvrage de vulgarisation trouvé dans un kiosque de gare de la banlieue de Shanghai.
La réhabilitation n’est pas très loin !
Wang Yang Ming (1472 1529) et ses disciples
Le groupe monumental est très réçent !
Wang Yang Ming (1472 1529)
Les Trois Enseignements s’unissent en Un !
Et si on allait manger chez Confucius ?
On peut, évidemment, se confectionner un Confucius à ma mode mais on peut, plus pratiquement aller déjeuner ou dîner « Au Délice de Confucius » ou, plutôt, en réalité au « Délices Shan Dong » car, comme chacun le sait, c’est la province qui a vu naître notre philosophe préféré, à Qufu.
Maître Kong, alias Kong Qiu Zhong Ni a probablement dégusté certains de ces plats ancestraux, sinon millénaires, qui font la fierté de cette province.
A vrai dire il existe en réalité trois grands styles de cuisine du Shandong
– La cuisine Jiaodong des régions de Fushan, Yantai – La cuisine Jinan des régions de Qindao, Deshan, Yantai
– La cuisine dite de « Palais Confucianiste » ou Kongzhigung qui regroupe 30 classiques et 176 spécialités.
Quoi qu’il en soit la cuisine de ce restaurant est tout d’abord authentiquement chinoise, ce qui n’est pas très souvent le cas dans le XIIIe. Mais il faut dire aussi qu’il est un peu exentré, donc exentrique, puisque situé Boulevard de l’Hôpital à deux pas du Commissariat Central du XIII et, justement, en face du C.H.U. La Pitié Salpétrière.
Vous pourrez donc y déguster des spécialités telles que le boeuf fumé, la méduse à l’ail, le boeuf en soupe à l’huile pimentée, les tripes au piment, l’aubergine à l’ail, les racines de lotus en salade, la soupe de raie mijotée au tofou (qui remplace plus qu’honorablement le potage aux ailerons de requin !), les oreilles de porc au concombre, les concombres de mer sautés et on en passe une bonne trentaine !
Avouons tout de suite que ce n’est pas le restaurant idéal pour amener votre cousine qui ne jure que par pâtés impériaux et canard à l’ananas précédant la banane flambée au Saké le tout arrosé par du thé au jasmin ou du rosé de Provence.
Mais si vous souhaitez réaliser une authentique expérience gastronomique chinoise, c’est le bon endroit.
Les serveuses sont jeunes, sympa, souriantes et efficaces et le patron; Monsieur Xue, semble tout droit sorti du roman « Au bord de l’Eau » où il aurait, justement, été hôtelier. Enfin n’oubliez pas que la bière la plus vendue au monde, la Tsing Tao* (Qingdao), vient d’une brasserie située dans cette ville du Shangdong !
Originellement il s’agissait, à la fin du XIXe siècle d’une brasserie apportée en pièces détachées de Munich par la colonie allemande, comme elle en installa au Japon à Sapporo !
Depuis Tsing Tao produit toujours une Lager Beer (bière légère) très appréciée à table.
Vous pourrez donc en commander de grandes bouteilles à partager entre amis. * La Tsing Tao ou Jingdao est une bière chinoise encore produite en Chine, ce qui n’est plus le cas de la plupart des bières japonaises (sic) désormais produites au Pays Bas, en Belgique ou en G.B !
Délice de Confucius ou Délices de Shan Dong
68, boulevard de l’hôpital 75013 PARIS
01 45 87 23 37 Site du restaurant Délices Shan Dong
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