La méditation taoïste du Calendrier de Jade des Rois de la Chine ancienne
par Georges Charles Daoshi du Lingbaoming.
Lao Wang Yu Li Shen Si.
Cette description de la méditation taoïste du Calendrier de Jade des Rois de la Chine Ancienne (Lao Wang Yu Li Shen Si) a été publiée par Georges Charles dans son ouvrage « Le Lit du Dragon » -Collection du Dragon – aux Editions du Chariot d’Or distribué par DGEditions – juillet 2000 ISBN 2-911806-14-X
Méditation Taoïste
“Calendrier de Jade” ou de la “Maison des Calendriers des Rois de la Chine Ancienne” (Lao Wang Yu Li Chen Si). Ecole de la Petite Réalisation du Joyau Ecarlate (Lingbao Ming Xiaodanpai Daoyin Nei Gong)
Peinture sur papier de soie démontrant le voyage intérieur ou Neidangong
Vision intérieure : Neiguangong
“La vision intérieure* (1) s’obtient en intervertissant le regard, en l’intériorisant. Cela s’effectue en tournant les pupilles verts l’intérieur tout en conservant les yeux mi-clos pour laisser pénétrer la lumière extérieure* (2).
Les yeux relayant l’éclat des astres et en y ajoutant leur propre lumière* (3) deviennent alors le soleil et la lune *(4) de l’univers intérieur.
Ces sources de lumière doivent ensuite être dirigées vers le centre situé au milieu de front entre les deux sourcils* (5) où une troisième source de lumière, identifiée avec l’étoile polaire*(6), réfléchit la lumière des yeux et la renvoie vers l’intérieur.
Paysage intérieur du Champs de Cinabre Supérieur (Shangbu Dantian)
Le paysage de l’intérieur de la tête de manifeste dans la vision d’une montagne*(7) élevée, ou plutôt d’une chaîne de pics qui entourent un lac central qui serait comme le centre d’un ancien volcan.
Ce lac d’altitude se situe à mi-hauteur entre l’oreiller de jade*(8), le centre de l’occiput et le point situé entre les sourcils nommé miroir céleste ou paire de champs célestes symbolisé par une passe située entre deux grosses pierres.
Au milieu de ce lac se dresse un palais. Il est composé de neuf pièces* (9), huit sur le pourtour carré, une au milieu. C’est le Palais des Lumières, de l’illumination scintillante (Ming Tang) ou “Maison des Calendriers des Rois de la Chine Ancienne”*(10).
Devant ce palais et le lac qui l’entoure s’ouvre une vallée, le nez. L’entrée de la vallée est gardée par deux tours, les oreilles. Dans la tour de droite est suspendue un tambour de bronze. Dans la tour de gauche est suspendue une pierre musicale.
Quand les Esprits (Shen) *(11) pénètrent ou ressortent par la Paire de Champs Célestes on les fait tinter en “battant les tambours de bronze et en faisant retentir le tonnerre”. Cela provoque le jaillissement de la Liqueur de Jade (la salive) qui alors se mêle avec le souffle (Qi) provoquant une “Pilule de Jade”*(12) que l’on avale.
Au fond de la vallée court donc un ruisseau qui amène l’eau de grand lac dans un plus petit, correspondant à la bouche où il surgit en fontaine*(13).
Le petit lac est traversé par un pont, le “Pont des Pies du Haut”, la langue. Ce pont donne accès à une rive inférieure sur laquelle se dresse une haute tour de douze étages, la trachée.
Cette tour se dresse sur une vaste place comportant neuf piliers et une porte monumentale de couleur pourpre nommée la “Place de la Porte des Piliers Célestes”*(14)
Elle marque la frontière entre le monde supérieur et les contrées médianes.
Paysage intérieur du Champs de Cinabre Médian (Zhongbu Dantian)
Ces contrées médianes*(15) sont éclairées par une autre paire de luminaires, les seins. La terre du milieu de cette contrée centrale est recouverte de nuages*(16), les poumons, qui dissimulent les astres centraux de la Grande Ourse *(17).
En dessous une grande demeure s’élève, colorée de rouge flamboyant, le coeur.
Devant ce Palais Ecarlate s’étend une vaste cour de terre jaune, la rate. C’est l’aire sacrée du corps et le lieu de réunion de ses habitants.
Cette aire débouche sur un pavillon appelé la Chambre Purpurine, la vésicule biliaire, qui est le lieu de retraite contigu à l’aire sacrée.
Plus loin on voit un grand bâtiment appelé Grenier des entrepôts. C’est l’estomac.
Au delà de l’estomac une vaste forêt de pins toujours verts sur laquelle souffle la brise marque l’emplacement du foie* (18).
Dans cette contrée médiane se situent également les Autels des Esprits du Sol et des Moissons situés dans deux pavillons* (19) de marbre blanc, le gros intestin, et rose, l’intestin grêle. Ces pavillons marquent les limites inférieures des Contrées Médianes.
Paysage Intérieur du Champs de Cinabre Inférieur (Xiabudantian)
Au delà de ces pavillons situés au bord d’un rivage battu par les flots *(20) commence le monde inférieur et aquatique.
Les deux reins y représentent les principes essentiels du Yin/yang contenant l’Essence de l’Origine Antique et l’Essence de l’Origine Ancestrale *(21).
A nouveau, comme la lune et le soleil, ils étendent leur lumière sur le vaste océan des souffles *(22) dans lequel nage une grande tortue noire *(23).
Du milieu de cet océan jaillit Kun Lun, la Montagne sacrée* (24), comportant également des Palais où se réunissent les Esprits, et qui se présente comme renversée et de base étroite, ressemblant ainsi à un champignon magique dont le sommet creux, le nombril*(26) plonge au plus profond de l’océan dans le champ de cinabre*(27), la source de l’origine de toute vie.
Atteindre cette profondeur c’est pénétrer les origines mêmes de la vie et vibrer à son unisson (28)”.
Le paysage intérieur du début de la méditation taoiste du Calendrier de Jade
Le passage vers les contrées médianes _ on y voit la Grande Ourse et la Polaire
Les contrées médianes de la Méditation taoiste du Calendrier de Jade
La partie inférieure du Voyage Intérieur de la Méditation taoiste du Calendrier de Jade des Rois de la Chine Ancienne. Le « laboureur » ou « labourant » comme en Alchimioe occidentale représente l’adepte de l’Alchimie Interne (Neidangong).
Explication des termes utilisés dans cette méditation taoïste
1 : Vision Intérieure. ↑↑
Littéralement “contempler l’Intérieur” (Nei Ningshi) est une pratique essentielle du Neigong (“Travail Interne”) de la méditation taoïste classique. Aussi nommée Neidangong (Pratique de la vision ndu Cinabre Interne) Cette pratique est également celle de la “promenade (marche) dans les organes” correspondant au microcosme corporel, la “promenade (marche) dans les étoiles” est donc liée au macrocosme universel.
2 : “lumière extérieure” ou “lumière du Ciel Postérieur (Hou Tian) ↑↑
Lumière d’après la formation du Ciel -ou d’après la naissance ) est donc la lumière “phénoménale”, manifestation essentielle du Grand Yang en opposition ou plutôt en complément, avec la lumière originelle ou « nouménale » d’avant le Ciel (ou la formation du Ciel) donc d’avant avoir vu le Ciel (le jour) qui correspond à la « lumière d’avant la naissance » qui peut être mise en relation avec la respiration dite embryonnaire (Taixi).
C’est la lumière du soleil, ou de ses reproductions (lampe, bougie…). C’est la lumière « commune » que l’on peut qualifier, quantifier et que l’adepte se doit d’intérioriser pour se l’approprier, la rendre propre, donc personnelle. Ce faisant il est question de « lumière authentique » ou de « lumière rectifiée » (Zheng Ming), littéralement « Rectitude/Lumière ».
On passe donc du phénomènal au nouménal et du grossier (commun) au subtil (propre) donc « approprié ». Cela est également à mettre en relation directe avec le terme « turbide », « trouble » (Zhuo) (Ricci N°1066), du chapître XV du Daodejing. « Hun Xi Qi Ruo Zhuo » dont un commentaire explique « Enrichissement de l’activité interne devenue palpable comme l’image de la lumière diffuse dans l’eau trouble » (Billeter).
On peut ajouter, ce qui n’échappait pas aux « sages » de la Chine Ancienne que cela correspond à l’eau du « Fleuve aux sables d’or » (Kin Chia Kiang ou Jinjiajiang) qui est la partie supérieure du Yangtse et qui charrie des limons de couleur jaune-dorée. « Lorsque la lumière du soleil touche le fleuve, celui-ci semble alors éckairé d’une douce lueur interne » (Bulletin de l’Association Amicale Franco-Chinoise Année 1912 -Le Haut Yang-Tse depuis son confluent avec le Ya Long jusqu’à Soui-Fou par Roger Garreau Page 176. Ce phénomène particulier, comparable à un albedo, où il semble émaner plus de lumière que le fleuve n’en reçoit se remarque également pour les jades, les laques, les perles de grande qualité. Pour la perle en particulier cela se nomme l’orient.
C’est donc tout à fait différent de boueux, sale, bourbeux, trouble comme cela est défini dans maintes traductions ne tenant pas compte de cette particularité spécifique. C’est le même rapport qu’avec les « nuées » (Ze) s’élevant au dessus d’un étang, d’un ac, d’une faille de montagne dont les Occidentaux, hormi quelques poètes, ne peuvent imaginer les bienfaits et qu’ils considèrent comme délètères et malfaisants.
Comment l’origine d’une nuée, d’un nuage pourrait-il être malfaisant ? On retrouve encore ce phénomène dans l’odeur particulière liée au printenps (Sao -Ricci 4209) qui représente ce que sent un jeune animal (agneau) au printemps.
C’est presque l’odeur du suint. Dans la vision chinoise classique c’est l' »odeur de cru qui donne envie de mordre au travers (les dents se joignent) ». C’est l’odeur de la chair fraiche que sent l’ogre dans les contes. Mais évidemment les occidentanx ont traduit cela par rance, fétide, oxydé. Pour un facultatif évidemment le petit agneau ne sent pas bon, ainsi que les aisselles. Parce qu’ils promènent des caniches parfumés à la violette et utilisent des déodorants de synthèse.
Mais en revenant au naturel le petit agneau incite à autre chose qu’à se boucher le nez. Miam ! L’odeur du cru n’est pas désagréable et ne correspond en rien à votre description négative ! Dans le chapitre 52 du Daodejing (Tao Te King) Laozi (Lao Tseu) propose ainsi :
“Utilise les rayons de lumière mais fais retour à leur source”.
(Traduction de Liou Lia-Hway de “Philosophes Taoïstes” Editions de la Pléiade NRF Gallimard).
D’autres traductions peuvent être également citées :
“Utilise la lumière et fais retour à la vue intérieure”
(François Houang Editions du Seuil)…
”La Force. User de sa lumière pour revenir à l’illumination”
(Claude Larre Editions Desclée de Brouwer)
3:”En y ajoutant leur propre lumière”.↑↑
Il s’agit de la lumière intérieure ou lumière nouménale, la lumière du Ciel Antérieur (Xan Tian) ou “lumière d’avant la création du Ciel”. C’est la vibration subtile et lumineuse issue de l’Ancien Yang (Lao Yang) avant que celui-ci monte et se disperse pour former le Ciel.
Pendant qu’on y est dans la critique des facultatifs et autres littérateurs il convient de mieux utiliser le terme « formation » du Ciel plutôt que « création » du Ciel. En effet dans la vision chinoise classique il n’existe pas de « création » possible, fut-ce dans le taoisme, le bouddhisme ou le confucianisme, mais une éventuelle « révélation » ou « manifestation ».
Cette vision créatrice de la genèse est caractèristique du monde judéo-chrétien. Il peut être question d’ « engendrement » (Sheng) mais si, comme Confucius, on rend aux mots leur juste valeur, leur « bon sens », engendrer, engendrement, génération, générer vient de grendre. Or si le gendre peut aider à la « procréation » il ne crée rien et c’est la bru qui « donne la vie ». Il ne donne pas « naissance à » mais permet simplement que cette naissance ait lieu. Ce qui est fort différent !
Donc tous les termes contenant la racine « créer » sont suspects lorsqu’il s’agit des classiques chinois (Le Créateur, le mouvement créateur, l’élan créateur, la création….). Je me suis fait avoir pendant des années en utilisant, comme tout le monde ces termes, et je me suis rendu compte, récemment, qu’il s’agissait d’une incompréhension de la « conception » chinoise où rien ne peut se créer de même que rien ne peut s’achever, s’accomplir, se finir, se terminer, se complaire. Dans le meilleur des cas il d’agit alors d’un dénouemement permettant de parvenir à « autre chose encore ».
La naissance comme la mort ne sont ni création ni aboutissement mais des dénouements. Avant il y a quelque chose, après il y a autre chose. Comme dirait Zuangzi « C’est ainsi et il faut affirmer ce fait ! » Ou faire autre chose que de traduire des classiques chinois.
4 : “Soleil et Lune” forment le caractère “Ming” (Ricci n) 3515)
“Illumination” “scintillance”.↑↑
Ce caractère particulier est lié à ce que les taoïstes nomment “régime du Feu” (Huo Hou). On retrouve ce caractère particulier dans un Hexagramme sacré (36) : Ming Yi “Obscurcissement de la Lumière” qui est l’aboutissement correspondant à la “mort du disciple” et qui précède l’hexagramme 37, Kia Jen “Retour au Clan” qui symbolise “l’éveil du maître” après un voyage initiatique, une “révolution”.
Cette pratique est donc étymologiquement et symboliquement liée à la “ Révolution”, “Petite Révolution” ou “Grande Révolution” et au “Retour” (Fu) qui est, toujours suivant Laozi “le mouvement du Tao”. Soleil et Lune (Ming), c’est aussi et encore le salut que l’on forme en réunissant le poing et la paume.
Le salut est dans un premier temps la santé (salute, salutaire, sain et sauf…) et dans un second la sainteté (le terme anglais de health provient de whole (global qui a donné holistique) puis holly (saint, sacré) . En Chine le “saint”(sic) est donc celui qui “éclairé de l’intérieur, conserve la santé”.
5: “Point inter-sourcilier”…↑↑
il s’agit de l’espace situé entre les deux sourcils et qui correspondou peu s’en faut, au trop fameux “Troisième oeil”.
Dans la tradition taoïste il correspond au 33eme hexagramme du Yijing : Dun “La retraite” (Ric. 5345). L’ancien caractère Dun représente, à droite, un sanglier, symbole de la force virile et sauvage.
Au centre un croissant de lune et deux rais de lumière, donc un clair de lune. A gauche un pied laissant des traces profondes : marcher de plus en plus lentement, avec précaution, puis s’arrêter. Cette image ancienne est explicite puisqu’il s’agit d’un sanglier, animal sauvage par excellence, la “bête rousse” avec ses défenses, son échine puissante, sa queue, certains diront son sexe, qui, sous le clair de lune, ralentit le pas et se dissimule.
Le sanglier représente la “dureté énergique du Yang” (Yijing) qui parvenue çà son apogée ne peut que décliner vers le Yin (symbole de la lune) et doit se dissimuler progressivement et prendre sa retraite (Dun) dans la “douceur malléable” (Yijing) du Yin. Le Grand Yang (Tai Yang) se transforme peu à peu en Petit Yin (Shao Yin).
Dun correspond au troisième mois de l’été, moment où l’énergie du Feu céleste se transforme en énergie de Terre et, du Ciel, gagne peu à peu la Montagne (Ken). Ce principe est exprimé dans l’Ode des Prescriptions mensuelles : “A la fin de ce mois, l’élément Terre agit, de la saveur douce le feu (l’amer) se pacifie. On le retrouve d’une manière plus explicite encore dans l’image fondamentale de l’Hexagramme 33 : “Sous le Ciel il y a la Montagne”. Il s’agit donc d’un “retour au centre” d’une intériorisation. Dans la pratique de la méditation alchimique taoïste du “Calendrier de Jade”, l’énergie authentique (Zheng Qi) après être parvenue au sommet culminant, au “Ciel”, le point Baihui (Pae Roe), correspondant à l’Hexagramme Gou, la “Rencontre”, donc au sommet du crâne, entame une descente (retraite) vers le point situé entre les sourcils.
C’est l’entrée du “Palais du Silence” (Yin Tang), nommée “Paire de Champs Célestes”; “Double Montagne” ou “Pénétration des Esprits”. Cette énergie s’enfonce ensuite dans le “Champ de Cinabre Supérieur” et dans le “Palais du Nihuan” pour atteindre le “Palais de l’Illumination” (Ming Tang).
6 : Etoile Polaire ou Etoile du Nord.↑↑
Elle se nomme traditionnellement Tai Yi, c’est à dire la “Grande Unité”, première et ultime manifestation de l’énergie. Mieux, son nom entier est Taipei Taiyi (Grande Unité du Grand Nord).
Elle représente le “pivot central” du “Palais du Milieu” constitué par les étoiles qui ne disparaissent jamais sous l’horizon et ceci quelle que soit la saison. L’étoile polaire représente à la fois l’unité et le pivot céleste autour duquel tournent toutes les étoiles de l’Est vers l’Ouest.
Ces étoiles circumpolaires forment la constellation de la Grande Ourse connue en Chine sous le nom des Sept Etoiles du Verseau du Nord (Qi Xing Bei Dou). Cette constellation qui opère une rotation complète autour de l’étoile polaire indique donc l’évolution permanente du Yin/Yang tant dans la journée qu’au cours des saisons de l’année.
Sima Qian (Sseu Ma Tsien)(145 86) dans les “Mémoires Historiques” explique ainsi ce fait : “Le Boisseau du Nord (Bei Dou) est le char du Souverain Céleste de Jade. Il se meut au Centre et gouverne les Quatre Orients. Il sépare le Yin et le Yang et ainsi détermine les quatre saisons et équilibre les Cinq Eléments. Il fait évoluer les divisions du temps et les degrés du ciel et de l‘espace. Il fixe les divers comptes”.
La lumière du Tai Yi est donc la lumière initiale, celle qui rassemble en un point ultime ce qui est présent dans l’espace et le temps de façon éparse. Tai Yi, suivant Lao Zi, c’est le nom que l’on donne au Tao : “Ne connaissant pas son nom, je le dénomme Tao. Ne pouvant le nommer je l’appelle Grand Un (Tai Yi)” (Chapitre XXV).
Mais Tai Yi c’est également la “Grande Mutation” que décrit Liezi (Lie Tseu) : “Tai Yi, la Grande Mutation (est l’état dans lequel) la Force ne se manifeste pas encore. Le Grand Commencement est la genèse (CF l’origine profonde) de la Force” (Chapitre III).
7: La Montagne.↑↑
Dans la symbolique taoïste elle représente la “force de l’immobilisation”, la stabilité décrite dans le 52eme Hexagramme Gen (Ric. 2654) représentant la “Montagne sur la Montagne” et signifiant ce qui est ferme, stable, inébranlable, inflexible mais aussi la franchise, la droiture, la simplicité, la rigueur morale.
Le texte classique indique pas à pas la manière de se stabiliser en six étapes :
• Stabiliser le gros orteil ;
• Stabiliser le talon ou la cheville ;
• Stabiliser le bassin ou les hanches;
• Stabiliser le coeur ou la poitrine
• Stabiliser le dos ou la colonne vertébrale;
• Stabiliser la mâchoire”.
Le texte classique indique, en outre, “Grandeur de la Stabilisation. Mais ne bloquez pas le sacrum (la queue de colombe) sinon le coeur suffoque” (raidissement du sacrum. Danger. Le coeur suffoque – Wilhelm).
Il existe évidemment diverses interprétations sur ces fameuses “stabilisations” ou “immobilisations” mais au moins l’une d’entre-elles, pour les praticiens de la “méditation taoïste” et, par extension des pratiques de longue vie, indique un schéma corporel évident que l’on réalise, par exemple, dans la posture “embrasser l’arbre” ou “se tenir fermement debout” (Zhan Zhuang) et qui consiste à régler, en les stabilisant, ces diverses parties du corps.
Il s’agit presque d’un réglage “‘ostéopathique” tenant en compte le fameux mouvement du sacrum et, par extension le “mouvement cranio-sacré” (voir plus loin le caractère Pi, le nombril…).
Littéralement, en chinois sigillaire (les caractères antiques utilisés dans la gravure des sceaux) le caractère Pi, désignant le nombril s’écrit avec un crâne et une face au dessus et deux individus qui « conspirent » en dessous. Littéralement le nombril est donc dans l’étymologie chinoise classique « celui qui conspire avec le crâne ».
8 : L’Oreiller de Jade Yu Zheng.↑↑
C’est le point central de l’occiput. Celui sur lequel le crâne repose lorsqu’on est allongé sur le sol face au ciel. Il est situé en face, mais légèrement en contrebas, du point Yin Tang (Palais du Silence).
C’est le point où se manifeste la “pulsion du Ciel Antérieur”, donc le mouvement microcosmique du Taixi (respiration embryonnaire) et macrocosmique du Tai Su (Grand Flux). Dans la tradition taoïste ce point est mis en relation avec d’une part la “Queue de Colombe”(Wei Lu) (ensemble coccyx-sacrum) et, d’autre part avec le nombril (Pi). Un mouvement subtil de flux et de reflux (Tai Su) relie ces trois points. On retrouve un principe similaire dans la “respiration cranio-sacrée” de l’ostéopathie.
Le Mouvement Respiratoire Primaire (MRP) peut donc correspondre à la respiration embryonnaire (Taixi) taoïste. J’ai émis, avant pas mal de monde, et publié dans le « Traité d’Energie Vitale » (Encre), l’hypothèse qu’il existe une relation possible entre le principe du MRP (Mouvement Respiratoire Primaire) ostéopathique et le principe du Taixi (respiration embryonnaire) taoïste ainsi qu’un rapport direct entre les trois diaphragmes (infra-crânien, thoraxique, pelvien) et les trois portes « Porte de la Tere », « Porte de l’Etre humain ou de la Destinée », « Porte Céleste » que l’on retrouve dans la méditation taoïste.
Après, cette hypothèse, étayée par mes travaux dans le domaine de l’énergétique chinoise appliquée et ceux de pionniers de l’ostéopathie en France, Bob Bénichou et Marc Bozzetto puis leurs premiers élèves, Franck et Tania Gilly, Pierre Yves Dodin, a fait école et est presque devenue un lieu commun.
Elle fut initiée, originellement, par des discussions que j’ai eues dans le courant des années soixante-dix avec le Dr De Sambucy qui était également le formateur en kynésithérapie de Franck et Tania Gilly qui furent mes élèves en Tao-Yin Qigong dès le début de mon enseignement. A cette époque j’ai eu l’honneur de compter parmi mes élèves Gabriel – « Gaby » – Faubert et André Faubert pionniers de l’acupuncture en France. En 1986 le Professeur J.F. Borsarello m’a demandé de rédiger le chapître sur les Cinq Eléments dans Les Cahiers de l’Acupuncture 1 – Les méridiens – publié chez Masson (1987). C’est également une période où j’ai publié dans les cahiers du COA ATMAN (Collége Ostéopathique Atman – Association pour les Thérapies Manuelles Anciennet et Nouvelles) une étude sur la mort subite du nouveau né eb relation avec l’énergétique chinoise où j’ai déconseillé, cela a été fait officiellement bien plus tard, de laisser dormir les nouveaux nés sur le ventre. Pour resituer un éventuel débat sur la question.
9 : Ming Tang.↑↑
Littéralement le “Palais de l’Illumination” ou “Palais de la Scintillance”.
Il se compose de Neuf Temples :
• Mingtangong “Temple du Gouvernement”;
• Dongfangong “Temple de la Chambre d’Arcane”;
• Dantiangong “Temple du Champ de Cinabre”;
• Liuzhugong “Temple des Perles Mouvantes”;
• Yudigong “Temple de l’Empereur de Jade”;
• Taitingong “Temple de la Cour Céleste”;
• Jizengong “Temple de la Réalité du Grand Faîte”;
• Xuandangong “Temple du Cinabre Mystérieux”
• et, au centre, Taihuangong “Temple du Grand Auguste”.
Chacun de ces temples reçoit les Esprits (Shen) qui se manifestent durant la pratique de la Méditation du Calendrier de Jade et avec lesquels il est possible de rentrer en relation. Ces Esprits entrent et sortent par le biais de la “Paire de Champs Célestes” et participent aux rites et cérémonie (Li).
10 : « Maison des Calendriers des Rois de la Chine Ancienne ».↑↑
Il s’agit du lieu (Temple) où étaient conservés les “calendriers” ou “Livres des Prescriptions mensuelles”, également nommés “Calendriers des Xia” (Hsia) (Dynastie des Xia 2207 1766 Av.J.C.).
Ces calendriers étaient réalisés sous le monopole des “anciens Rois” (Wang) et des empereurs (Di) et furent, par la suite, inclus au Yue Ling (Iue Ling) “Commandements Mensuels” qui fut, lui même, intégré au “Livre des Rites” (Liji ou Li Ki) qui est considéré comme l’un des Cinq Classiques (Wujing) de la Chine antique.
Ces calendriers donnent des indications sur les diverses activités en correspondance avec les saisons, les mois de l’année et les périodes correspondant aux lunaisons.
11 : Shen↑↑
Les “Esprits”. On peut traduire Shen par “esprit” mais également “divinités” ou “déités” bien que les Chinois n’aient jamais cherché à les “diviniser” au sens où nous l’entendons en occident.
Les Shen font partie intégrante du monde sensible, cela implique que Shen représente également le principe vital supérieur, la quintessence, la vitalité et tout ce qui est prodigieux, merveilleux, subtil, surnaturel. Les Shen, contrairement aux Gui (Kouei – esprits des revenants) sont des entités bienveillantes et protectrices avec lesquelles on peut, par le biais de la méditation et surtout de la “visite” des Palais du Ming Tang, rentrer en relations privilégiées.
Le but des “Charmes Taoïstes” (Fu Lu) que l’on brûle généralement en offrande (Pao = proclamer, rendre subtil ) et de faciliter cette mise en relation. Précisons qu’au Japon le Shinto, l’une des « trois religions d’état » (avec le Bouddhisme et le Confucianisme), n’est autre que « Shen Tao » ou « Shendao » – La Voie des Esprits. Ces « Esprits » qualifiés de « purs, lumineux, brillants » sont présents dans la nature. Les deux principaux représentent symboliquement le Feu (Ka) et l’Eau (Mi). Les « Kami » (littéralement -Feu et Eau – qui correspondent aux Trigrammes Li et Kan) sont donc les « Esprits de la Nature ».
Les Japonais ne sont pas idiots et savent fort bien qu’un arbre, une chute d’eau, un rocher ne sont pas des divinités (Dieux ou Déités) mais possèdent une « force » un « esprit » qui est leur « Kami ». Dans le Dojo le Kamiza (littéralement assise du Feu et de l’Eau) est le lieu où sont présentes, symboliquement, les « forces-esprits » de la Nature en l’occurence celles du Feu et de l’Eau. Kamikaze c’est littéralement « Vent (Kase) Feu et Eau » donc la « force-Esprit qui protège le japon.
D’un coté on divinise à tour de bras (Voie des Divinités pour Shinto !) puis on vulgarise à tour de bras (kamikaze pour désigner un vulgaire terroriste). Confucius aurait probablement souhaité que l’on conserve « Bon sens et juste mesure ». Pourquoi cette surenchère dans le « Divin » « Magique » « Merveilleux » alors qu’il s’agit simplement de quelque chose d’extra-ordinnaire donc littéralement d’au dessus de l’ordinaire.
12 : “Pilule de Jade”↑↑
(Yudan) C’est l’équivalent dans le Lingbaoming (Clarté du Joyau Ecarlate ou du Joyau Magique) de la “Pilule d’Or” (Jingdan) des praticiens taoïstes du “Cinabre d’Or” (Jindan), la “pilule d’immortalité taoïste” qui se compose de “Souffle” (énergie, principe vital, vitalité…) Qi et d’ “Essence” (principe essentiel) Jing.
Cette “pilule de jade” s’obtient soit par la méditation interne, ou alchimie interne (Neidan) soit par des pratiques d’alchimie externe (Waidan) utilisant le sulfure de mercure (cinabre) et la poudre de jade (Yutang).
Certains Taoïstes prétendent ainsi obtenir du jade liquide buvable qui permet d’accroître la vitalité et d’aboutir à la longévité sinon à l’immortalité. Plus pragmatiquement c’est également la salive (Jing = principe liquide) mélangée au souffle (Qi = principe aérien) formant une “pilule” (Dan) que l’on avale lors de la méditation après avoir “battu les tambours de bronze et fait retentir le tonnerre”.
13 : “Fontaine jaillissante”↑↑
(Yongquan) De Yong (Ric.5875) : jaillir, monter, s’élever, surgir et de Quyan (Ric.1386) : source, fontaine qui correspond généralement, en acupuncture, au premier point du méridien du rein (R1) situé sous la plante du pied dans le creux formé en repliant les orteils. Dans les pratiques de l’alchimie interne taoïste (Nei Dan) c’est un point de “concentration du souffle”.
Un principe essentiel de l’alchimie énonce : “Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut” Ici ce point particulier se situe en haut, sous le frein de la langue à la sortie des deux canaux salivaires où “jaillit la source de la liqueur de jade”.
Dans les pratiques internes la salive joue un rôle très important car elle est considérée comme une manifestation du Jing (Principe essentiel). Mélanger le Qi (l’air inspiré) et le Jing (la salive) est donc considéré comme “former une pilule de jade” qui porte en elle la vitalité et la longévité.
14 : “Place de la Porte des Piliers Célestes”.↑↑
On retrouve ici, sur le plan microcosmique corporel, le symbolisme lié à la fameuse Place Tian An Men de Pékin (Beijing) . C’est, en effet, le “parvis” ( du latin paradisus littéralement “au delà de la vie”), le passage du monde profane vers le monde sacré) de la ville tartare vers la Cité Pourpre (dite “interdite”) donc les Palais Impériaux.
Dans la pratique de la méditation taoïste les “piliers célestes” se trouvent de part et d’autre de l’occiput, sous l’oreiller de jade (Yuzheng) et “supportent” le Ciel, la voûte céleste donc le crâne. Entre ces deux piliers célestes se trouve la “Porte du Ciel” (Tian Men) point situé entre l’atlas et l’axis et nommé, en acupuncture Yamen (Porte du silence). C’est l’endroit symbolique où se rencontrent les Neuf Régions du Ciel :
• Le Centre du Ciel (Juntian),
• Le Ciel Bleu (NE) Cangtian,
• Le Ciel Changeant (NE) Biantian,
• Le Ciel Sombre (N) Xuantian,
• Le Ciel Ténébreux (NE) Youtian,
• Le Ciel Blanc (O) Haotian,
• Le Ciel Vermillon (SO) Zhutian,
• Le Ciel Embrasé (S) Yantian,
• Le Ciel Yang (SE) Yangtian.
Et les Neuf Montagnes sacrées Kuaji, Taishan, Wangwu, Shangshan, Taihua, Qi, Taihang, Mengmen, Yangshan.
Ces montagnes sont considérées comme les “Neuf Piliers Célestes”et constituent la fameuse chaîne de pics entourant le lac central visible au début de la méditation.
Puisque de la Place Tian An Men on passe du profane vers le sacré et que les “Neuf Piliers Célestes”, symbolisés par cette place et correspondant aux Montagnes Sacrées, permettent de s’élever dans les “Neuf Régions du Ciel” il semble que, suivant le principe de la tradition taoïste, les étudiants qui ont été tués sur cette place, ce “parvis”, en 1989 soient passés du rôle de mortels à celui d’Immortels ceci à leurs corps défendant ou comme on dit « à l’insu de leur plein grè » .
Il existe donc, probablement, dans ces “Contrées Célestes” quelques centaines de nouveaux immortels qui se demandent bien ce qu’ils font là en attendant d’être reçus en audience par l’Auguste Céleste de Jade. Celui-ci risque également d’être quelque peu surpris par ce fait inhabituel. Cela risque d’apporter un souffle contestataire dans ces paisibles contrées ce qui, soit dit en passant, ne ferait pas de mal.
15 : les “Contrées Médianes”↑↑
Elles se nomment également “Palais de la Cour Jaune de la Porte du Destin” (Mingmen Wangtingong) et comportent donc une porte médiane la fameuse “‘Porte du Destin” (Mingmen).
En acupuncture ce point est le 4eme du Vaisseau Gouverneur (VG4) situé entre les 2 et 3eme lombaires donc à l’opposé exact de l’ombilic. Cette “Porte du Destin” ou “porte de l’Illumination médiane” est aussi nommée “Porte de l’être humain” (Jenmen) mais se situe, dans la pratique taoïste, plus haut, approximativement au niveau de la 10eme lombaire (au niveau du point d’acupuncture Zhongshu “Pivot Central”).
Voir à ce sujet l’article sur le Tao-Yin Qigong et le Bâton cliquer ici
L’acupuncture, depuis qu’elle est reconnue « officiellement », a opéré un anchluss sur les autres pratiques médicales ou thérapeutiques ou simplement de prévention et impose sa terminologie.
Mais il existe plusieurs écoles d’acupuncture qui, originellement, n’étaient pas nécessairement d’accord sur l’emplacement des Xue (Hsueh) (points dits d’acupuncture) ainsi que sur leurs noms. Ainsi au grè des ouvrages Baihui et Mingmen se promènent dans le temps et dans l’espace puisque Ming Men désignait, à l’origine, le rein droit et non un point spécifique du dos considéré comme ce fameux VG4 qui, officiellement, se situe entre D2 et D3. Il y a seulement quelques années V2 et V3 étaient des vocables totalement inconnus en chine de même que la dénomination D pour dorsale.
Ce sont donc des considérations destinées à l’exportation vers l’Occident ou, du moins, à un usage occidental de cette pratique médicale symptomatique qu’est devenue l’acupuncture « officielle ». « Une aiguille un point un traitement » pourrait-on dire désormais. On est loin du « mandat céleste » de l’acupuncteur qui « ordonne » suivant le principe céleste.
Suivant cette même tradition la colonne vertébrale est divisée en 24 sections comportant trois portes ou “barrières principales” la porte inférieure, ou “Porte de la Terre”(Timen) mise en relation avec la barrière de la “Queue de Colombe”(Jiouwei ou Kieou Wei – ensemble coccyx-sacrum), la porte médiane ou “Porte du Destin”(Mingmen) mise en relation avec la barrière “Derrière les coudes” (Chou Hou ou Tcheou Heou) et la porte supérieure ou “Porte du Ciel”(Tianmen) mise en relation avec la barrière “Pilier du Ciel) (Tienshu ou Tien Tchou).
De ce fait, jusque très récemment, les Chinois n’ont jamais entendu parler de cervicales, de dorsales, le lombaires, de coccyxigiène et n’ont jamais « compté » les vertèbres pour se repérer (L4, D5, C1 etc) comme nous le faisons. Les Xue (terriers que l’on nomme « points d’acupuncture » ) se situent donc trois travers de doigts au dessus de la Porte de Terre ou une main en dessous de la Porte du Ciel. Il s’agit donc d’une description palpatoire humaine et non théorique basée sur le squelette donc le cadavre.
L’énergétique chinoise ce n’est pas de la médecine légale !
16 : les “Nuages” ou nuées “Yun” (Ric.6029).”↑↑
Ce sont les nuées irisées et chatoyantes qui, suivant le Yijing, s’élèvent au dessus de l’abîme. Elles représentent le jeune ou petit Yang qui s’élève à partir du grand yin.
Ces nuées s’élèvent et se dispersent vers le Ciel et correspondent donc à l’Est, au renouveau, à la croissance et symboliquement au “Dragon Vert” (Qing Lung ou Tching Long) donc à l’essence (Jing).
Les nuées correspondent au trigramme Dui (Touei) qui est désormais plus souvent considéré comme le “lac”. Mais, en réalité, il s’agissait à l’origine de l’image des brumes s’élevant au dessus du lac. Ici, ces “nuées”, Jeune Yang, sont mises en relation avec les poumons qui se rattachent au Jeune Yin. Or, ce Jeune Yin dans le symbolisme taoïste correspond aux ondées, à la pluie “Yu” (Ric.5961)…qui provient du Grand Yang (Ciel) et qui descend vers la terre. Cela correspond également au “Tigre Blanc” (Bai Hu ou Pai Fu) donc au souffle (Qi).
Lorsque les “Nuées montent et les Ondées descendent” et se rencontrent on assiste donc aux “Jeux des Nuages et de la Pluie” (Yun Yu Shi) ou aux ébats rituels du “Dragon Vert et du Tigre Blanc” (Qing Lung Bai Hu Jing Li). C’est aussi la réunion de l’Essence (Jing) et de l’Esprit (Shen).
Or Jingshen représente la compréhension globale, la connaissance parfaite, le savoir ainsi que l’ancien caractère désignant la “racine anthropomorphe” le Ginseng qui est en réalité Ren-Shen (Homme/Esprit) un peu comme nous nommions en Occident la mandragore Men-Erba (Minerve) (herbe ou racine (à forme) d’homme).
Il faut noter que le « prénom » du Maître Wang Zemin qui transmit cette pratique à Georges Charles se compose justement de Ze – caractère N°5132 du Ricci et qui signifie « vapeurs lumineuses, nuage brillant (correspondant au Trigramme Tui ou Dui et à l’hexagramme 58 du Yijing, ce qui signifie aussi bienfait, faveur, souvenir, influence profonde laissée par quelqu’un. « Joie. Moment où la progression douce et joyeuse développe la conformité avec le Ciel et la concorde avec les êtres humains » Min signifie l’humanité dans tous les sens de ce mot, à la fois la communauté humaine et la notion de bienveillance.
17 : la “Grande Ourse””↑↑
Dans la tradition elle correspond aux “Sept Etoiles du Boisseau du Nord” qui, au cours des jours et des saisons, semblent opérer une rotation complète autour de l’étoile polaire.
Etoile polaire et Grande Ourse et Svastika
Une carte chinoise ancienne du ciel – Dynastie Han 200 Av. JC
La rotation de la Grande Ourse et de la Petite Ourse autour de Tai Yi l’Etoile Polaire Symboliquement cela forme une Svastika (donner naissance à la lumière ou Sheng Ming en chinois).
Mais en réalité il y a deux croix : la petite tourne dans l’axe dextrogyre (Svastika qui engendre la lumière) tandis que la grande tourne dans l’axe contraire, donc senestrogyre ou lévogyre (Sausvastika littéralement « qui s’oppose à l’engendrement de la lumière » donc la croix de la « lumière noire »).
Les deux croix peuvent naturellement cohabiter mais si il n’y en a qu’une de représentée il faut évidemment qu’il s’agisse de la Svastika dextrogyre qui est la Croix dite Bouddhiste, l’autre est la croix gammée, ou crampée, de sinistre souvenir.
Au cours des quatre saisons cette rotation dessine symboliquement une “croix solaire” qui se lit Wan (10 000, innombrable, multitude) en chinois et qui correspond à la Svastika indienne. Svastika en sanscrit signifie littéralement “qui engendre la lumière” ou “qui tourne régulièrement”.
De nombreuses pratiques d’origine taoïstes utilisent ces “Sept Etoiles” donc la Grande Ourse comme support à la méditation et, plus particulièrement, à celle de la “marche dans les étoiles”. On retrouve ce symbole de la Grande Ourse sur de nombreux objets rituels (épées, éventails, vases…) ainsi que sur de nombreux charmes (Fulu) et estampes. Svastika Tibet
Broderie rituelle tibétaine sur soie.
On y dinstingue les deux croix svastika et Sausvatika qui tournent dans un sens dextre et senestre. Ce n’est pas du tout par hasard ou pour une raison décorative. Celle de gauche (en bas) engendre la lumière : Svastika ou Sheng Ming Celle de droite(en bas) engendre les ténèbres : Sausvatika ou Ni Sheng Ming
La croix gammée ou crampée du plafond de la salle des colonnes du chateau de Wewelsburg Où avaient lieu des cérémonies liées au culte luciférien de la lumière noire auquels participaient des officiers et dignitaires SS nazis. Ce n’est pas, non plus, par hasard ou pour de simples raisons décoratives.
Le symbolisme peut, malheureusement, être utilisé à des fins destructrices et c’est pour cette raison que la méditation ne peut et ne doit être que personnelle. Des termes utilisés dans les méditations classiques tels que « Calme et Paix » ; « Eveil et Concentration » ; »Mobilisation et Stabilisation » ; « Clarification et Purification » ; « Conserver le Pur et Rejeter le Trouble » peuvent fort bien prendre une toute autre signification lorsqu’ils sont utilisés à mauvais escient et lorsque l’esprit (Shen) est mis au service de la matière (Xing).
La matière doit être au service de l’Esprit et non le contraire. Il convient donc de toujours se méfier des « inversions » lorsqu’il s’agit de croix solaires ou du symbole du Taiji qui alors de dominateurs (cette fédération a l’exclusivité de la pratique et de son enseignement…) vers des dérives totalitaires.
Exclusivité signifie exclusion, l’exclusion amêne toujours l’intégrisme. Prétendre posséder l’exclusivité en matière de méditation est une forme d’intégrisme.
18 : le foie.”↑↑
Il s’agit d’un organe important symbolisant également le Jeune ou Petit Yang, la renaissance, la germination, la résurrection…donc l’Est et le Printemps.
Il représente le renouveau, ce qui sort de l’obscurité, le tombeau de l’hiver, pour s’avancer vers la lumière, le mouvement, la vie. On retrouve ici, lié au bois, la brise ou le vent, également Jeune Yang.
Le son (Wou) de la brise de printemps dans les bois de pins est le son lié à cet élément et à cette saison. “Le vent, symbolisé par la couleur bleue, s’exprime (appartient au) dans le Ciel, le bois, symbolisé par la couleur verte, s’imprime (appartient à la) dans la terre mais il s’agit de la même énergie initiale appartenant au Printemps, à l’Est, à la croissance du Yang”.
Le foie est le siège de la bravoure et du courage (Fu Wu “bravoure chevaleresque” ou “martiale”). C’est le souffle du renouveau, la germination printanière, ce qui s’exprime par la formule “Lève toi et marche”.
19 : Deux “Pavillons” de marbre.”↑↑
“Ting” (Ric.4964). A l’origine ces “Pavillons” (Ting) étaient de simples abris construits au bord d’une route pour que les voyageurs puissent y trouver refuge.
Peu à peu ce sont devenus des kiosques que l’on retrouve encore au centre des parcs. Ces kiosques étaient souvent utilisés comme lieux de rendez-vous puis comme salons de thé ou comme kiosques à musique. Par la suite ils furent considérés comme des pavillons situés à proximité des palais (Tang) donc des constructions harmonieuses mais de petites tailles.
Ces pavillons marquent également, comme c’est le cas ici, les limites des domaines impériaux ou seigneuriaux. Au Japon ils correspondent aux “portes monumentales” ou Torii qui délimitent le passage entre l’espace sacré et l’espace profane.
20 : Le “rivage battu par les flots”.”↑↑
Cette image implique le sac et le ressac du grand flux (Taisu) de l’Océan du Souffle (Qihai) qui anime le “monde inférieur et aquatique”.
Taisu dans la conception taoïste c’est, en réalité, le mouvement du Taiji donc du Tao constitué du Yin/yang. Taisu, le “Grand Flux” dans le macrocosme universel représente la pulsion initiale du Yin/yang (Taiji) qui organise la vie (Yang Sheng)) et le mouvement (Dong), donc la génération (Cheng) et la transformation (Hua) puis la mutation (Yi) qui ramène (Fu) à l’origine (Tai Yi) et au non-faîte (Wuji).
Dans le microcosme corporel c’est la “respiration embryonnaire” (Taixi ou Tai Si) qui se manifeste pendant la pratique de la méditation. On retrouve donc le principe essentiel de la “Genèse des mondes” décrit par Liezi (Lie Tseu) dans le chapitre III.
Il est particulièrement intéressant de constater que les anciens sages de la Chine classique considéraient que l’origine de la vie était liée au mouvement de l’océan, lui-même influencé par le mouvement de l’univers du Tao.
On distingue donc les stades suivants:
• Non-faite (Wuji).
C’est l’énergie qui est latente mais non encore manifestée. Le potentiel ultime avant le premier acte. C’est aussi ce que Liezi nomme Hundun (le chaos universel, le chaos primitif, le chaos initial). Hun (Ric.2279) représente la confusion, le chaos, le trouble, ce qui n’est pas organisé, ce qui est indistinct. Mais aussi ce qui est sans limite, ce qui est immense. C’est le Tao d’avant la séparation du Ciel et de la Terre. Dun (Ric.5336) représente le chaos, ce qui est grossier. Suivant Liezi “ce qui signifie alors que tous les être à venir de suite étaient contenus comme dans une houle confuse, indiscernables, inconnaissables” (Trad. Leon Wieger).
• Grande Unité ou Grande Mutation (Taiyi)
“Son nom ordinaire est Yi, la mutation parce que de lui tout sortira par voie de transformation, partant de l’état non sensible et non différencié, commençant par Un (Yi). Un fut le point de départ des êtres sensibles.
• Grande Origine (Tai Chu) (Ric.1167)
“La Grande origine c’est le stade de la matière ténue”.
•Grand Commencement (Tai Shi) (Ric.4357)
“Le Grand Commencement c’est le stade de la matière palpable”.
• Grand Flux (Tai Su) (Ric.4537)
”Le Grand Flux c’est le stade de la matière formée”. Ce grand flux est le mouvement du Taiji qui est à l’origine de la naissance des “dix mille (Wan) êtres” .Liezi ajoute “Le pur et léger monte et devient le Ciel. Le trouble et lourd descend et devient la Terre. Les souffles intermédiaires en se mélangeant harmonieusement produisent l’Homme”. Ce flux correspond également à ce qui est simple. Flux et reflux forment donc ce que l’on pourrait nommer l’influx de la vie dans le mouvement du Yin/yang.
Tai Su est donc également la “Grande Simplicité”mais aussi ce qui est antique. “Le Simple, état de l’être avant toute détermination, de la nature avant toute civilisation”. C’est « la grande simplicité antique » Ce “rivage battu par les flots” représente en quelque sorte “le Flux de la Grande Simplicité Antique” ce qui anime l’homme en profondeur, le mouvement de la matrice universelle qu’est la mer.
La Mère (mer) universelle”. Cette image puissante du flux et du reflux, lié au mouvement de la grande Tortue Noire, permet de visualiser les mouvements de l’énergie dans les pratiques de la méditation ainsi que dans les pratiques d’alchimie interne (Neigong ou Neidangong). En profondeur, comme la houle profonde, cette énergie monte et descend, reprenant ainsi le mouvement Yin/yang décrit par Liezi. Comme la mer au niveau de l’horizon semble, au grès de cette houle, monter et descendre.
En intermédiaire, comme les rouleaux des vagues, cette énergie s’enroule et de déroule. En proximité cette énergie, comme le sac et le ressac des vagues sur la plage, cette énergie va et vient. Comme pour l’océan cela provoque un mouvement global ou plutôt « entier », car cela ne ressemble pas à un globe, incluant Monter/Descendre en profondeur Enrouler/Dérouler en intermédiaire Aller/Venir en surface.
Cette image va être encore renforcée par celle de la Grande Tortue Noire qui nage dans cet océan du souffle.
Le concept « entier » correspond au caractère chinois Dun (Ricci 5343) utilisé par Laozi dans le Chapître XV du Daodejing (Lao Tseu et Tao Te King 15) : Entier comme le bois brut: « Dun Xi Qi Ruo Pu ». Dun c’est donc d’une seule pièce , le tout, en bloc ce qui représente une totalité, un holos utilisé dans le concept holistique, malheureusement mis à toutes les sauces et surtout du vieux « New-Age ».
Un cheval « entier » est un étalon qui n’a pas été coupé, il est donc intègre. Malheureusement les mots que l’on utilise pour décrire cet état sont aussi pollués que l’air, l’eau, le sol, les rivières, les nuages, la nourriture et l’esprit. Total évoque une compagnie pétrolière, général évoque un grade militaire, global fait penser à ces globes que l’on secoue et où tombe de la neige, universel à certaines colles qui, par principe de précaution ne collent plus grand chose, naturel à un label de super-marché désignant un produit industriel et holistique le New-Age qui est devenu très vieux pour ne pas dire sénescent donc franchement décadent. Il faudrait soigneusement nettoyer ces mots pour les démazouter en évitant de se salir.
Dans la pratique le mouvement de l’énergie est contenu dans l’Immobilité Primordiale (Wuji) . Le mouvement de l’énergie a pour racine la Grande Unité (Tai Yi).Le mouvement de l’énergie jaillit de la Grande Origine (Tai Chu). Le mouvement de l’énergie se manifeste dans le Grand Commencement (Tai Shi). Le mouvement de l’énergie se polarise (répartit) dans le Grand Faîte (Taiji). Le mouvement de l’énergie se développe dans le Grand Flux (Tai Su). Ce Grand Flux par le biais de l’action Yin/yang engendre dix mille êtres.
21 : les deux reins “Shen” (Ric.4319)↑↑
(en réalité Shen et Ming Men) “d’où dépendent la force et la sagacité” (Couvreur Dictionnaire classique de la langue chinoise).
Contrairement au poumon qui est considéré comme un seul organe, les reins sont au nombre de deux. Ils représentent le Grand Yin, l’Eau, le solstice d’hiver, la racine, la profondeur, l’origine.
Dans la tradition taoïste ils contiennent l’essence profonde de l’Energie Ancestrale (Zhong Qi) et de l’Energie Antique (Su Qi) et représentent donc le Yin et le Yang le plus profond au niveau corporel. Comme les yeux pour le haut et l’extérieur, l’un représente donc la lune et l’autre le soleil pour le bas et l’intérieur.
Le Laozi Zongqing (Lao Tseu Tchong Qing) ou “Livre du Centre de Lao Tseu”, reprenant le “Livre du Palais de la Cour Jaune” (Wang Ting Qing) parle des reins comme le “Portail Secret (ou obscur) du Pôle Nord” (Xuan ou Hsuan Ric.2089 : sombre, profond, caché, subtil, mystérieux, secret, silencieux).
L’un des reins, par ailleurs originellement nommé Shen, contient une tortue noire, l’autre, par ailleurs nommé originellement Ming Men, un guerrier noir qui réunissent leur énergie grâce à un serpent lové le long de la colonne vertébrale.
Lorsque cette énergie de la Tortue Noire et du Guerrier Noir ne fait qu’un elle s’anime d’un mouvement profond qui inspire et expire le souffle originel (Yuan Qi) et le met en relation avec le Souffle Antique et le Souffle Ancestral provoquant alors le mouvement du Grand Flux (Tai Su).
Dans cette Méditation du Calendrier de Jade, Souffle Originel, Souffle Antique et Souffle Ancestral se confondent finalement en Un Mouvement. « Ces Trois ne formant qu’Un » (San He Yi puis San Jiao He Yi). Donc Sanyi, sont décrits dans le chapitre XIV du Daodejing de Laozi : “Le regardant on ne le voit pas, on le nomme l’invisible. L’écoutant on ne l’entend pas, on le nomme l’inaudible. Le touchant on ne le sent pas, on le nomme l’impalpable. Ces trois états dont l’essence est indéchiffrable se confondent finalement en Un”. Mais cela correspond en fait au Jing (principe essentiel ou force substancielle), au Qi (énergie vitale) et au Shen (Esprit).
22 : “Océan des Souffles” Qi Hai↑↑
Ce terme correspond également à un point important de l’acupuncture situé un peu en dessous de l’ombilic où se manifeste particulièrement l’énergie et la vitalité.
Comme pour le Grand Flux cette référence à l’océan, à la mer intérieure, implique la profondeur de la naissance et l’origine de la vie.
Mais cela indique clairement qu’il existe également des marées hautes et des marées basses, des grandes et des petites amplitudes liées au mouvement des astres et plus particulièrement de la lune, des vives eaux et des mortes eaux liées au cycle des saisons, des périodes de calme et des tempêtes, des plages accueillantes et des récifs dangereux, des remous et des courants et non, comme on pense le croire trop souvent, une douce béatitude proche de l’endormissement que l’on croit être une méditation.
Méditer c’est « action centrée » et non effectuer une sieste avec un peu d’encens et une musaque New-Age ou faussement orientale.
Etymologiquement méditation signifie “agir centré” Comme celui qui, bien équilibré à la barre, sait conduire son bateau au milieu des flots. De ce fait le bateau, bien guidé, peut être secoué (fluctuat) (subir des fluctuations) mais ne sombre pas (Nec mergitur). Il ne faut pas craindre les remous ! Ce qu’il faut craindre c’est le calme plat. Ces pratiques s’inscrivent dans le cadre classique du « Yang Sheng Fa » (Pratiques qui engendrent la vie).
En Occident on constate, médicalement et légalement, la cessation de la vie par la cessation du mouvement, la cessation de la restiration, la cessation de la circulation, la cessation de l’activité cérébrale. Et le médecin signe un certificat de décès. Là il s’agit, tout au contraire, de faciliter l’entretien (Yi Yin) du mouvement, de la respiration, de la circulation (lymphatique, sanguine, artérielle, sensorielle, énergétique) et de l’Esprit (Shen). C’est tout ce qui différencie la pratique de vie de la médecine légale.
23 : “Une grande Tortue Noire”.↑↑
C’est, une fois encore, l’emblème du Nord, du Grand Yin, de l’Eau, du Nadir, de ce qui se situe sous l’horizon.
On retrouve un symbolisme évident avec une unité : la tortue
• Une dualité son dos rond (Yang) et sa face plate (Yin)
• Trois parties principales : les 3 barrières (Koan) basses : queue et deux pattes arrières ; trois barrières médianes avec neuf écailles ; trois barrières supérieures avec la tête et les deux pattes avant.
• Quatre orients : N E S O
• Cinq Eléments Eau Bois Feu Terre Métal
• Six énergies périphériques : influences de l’externe (Wai) vers l’Interne (Nei) la climatologie (vent, humidité, ensoleillement…) la thérapie (usage du métal et du feu – aiguilles et moxas (Mogusa), des plantes et substances minérales et animales…
• Sept niveaux de compréhension : statique ; statique vers linéaire ; linéaire; linéaire vers circulaire ; circulaire ; circulaire vers Ziran (liberté d’action) ; Liberté d’Action
• Huit Figures : les Bagua ou huit figures du Yijing ou Yi King
• Neuf Piliers Célestes : les Neuf sortes principales de nuages (Yun)
• Dix : Retour à l’Unité
• Onze : Avant le Ciel Après le Ciel (Houdian Xandian)
• Douze : Douze animaux cycliques symboliques et multitude des êtres
• (12 = 1+2 =3 Trois engendre Wan la myriade. La myriade des Etres s’adossent au Yin et embrassent le Yang. Ils cultivent (permettent, entretiennent, favorisent) l’Harmonie des Espaces Médians » Laozi
Il s’agit de la fameuse “Tortue/Serpent/Guerrier” que l’on retrouve dans le Feng Shui et qui désigne l’orient septentrional, donc en relation avec les “Sept Etoiles” de la Grande Ourse du Boisseau du Nord.
Une tortue de bronze utilisée dans le Feng Shui pour harmoniser un terrain. Certaines de ces tortues « noires » étaient réalisées en magnétite, donc en fer aimanté, posées sur une planche et flottant dans l’eau leur tête désignait le Sud et leur queue le Nord.
Tortue noire en bronze sur un brûle encens. « Ils étendent leur lumière sur le vaste océan des souffles (ou du souffle CF océan de l’énergie vitale) où nage une grande tortue noire ». Dans l’antique tradition chinoise la tortue (Gui) est à l’origine du monde du “Ciel Postérieur” (HouTian = après la création du Ciel) : sur son dos ( PetitYang), la carapace est ronde comme le Ciel (Grand Yang), sous son ventre (Petit Yin), la carapace est carrée comme la Terre (Grand Yin) alors qu’au Centre (Zhong) elle est habitée. De plus, sur sa carapace on retrouve divers signes permettant de connaître le passé, le présent et le futur.
Carapace de tortue utilisée dans la Chine Antique pour la divination Celle-ci comporte une soixantaine de caractères de forme « écriture sur os » Ne dirait-on pas aussi un crâne ?
Les caractères antiques sur cette carapace de tortue Il s’agit plus d’oracles que de divination.
Les carapaces de tortues ont donc souvent été utilisées pour la divination avant d’être remplacées par les pièces chinoises, les sapèques (Qian) comportant également un avers et un revers, une partie ronde et une partie carrée ainsi que des signes liés aux dynasties, donc au passé, présent et futur.
Cette tortue de l’origine du monde comportait, en outre, neuf piliers qui supportaient la terre. Lorsque la tortue s’éveillait, la terre était alors secouée par un tremblement.
Des tortues symboliques en bronze ou en terre étaient donc souvent utilisées pour conjurer ces mouvements destructeurs. Des tortues de fer aimanté ou de magnétite étaient, en outre, utilisées pour définir les orients et servaient de boussole dans le cadre de la géomancie (Feng Shui).
Les tortues sont considérées comme porte bonheur et peuplent les bassins de nombreuses maisons chinoises. Zhuangzi (Tchouang Tseu) utilise souvent ce symbolisme de la tortue et en fait, en quelque sorte, son animal emblème. Lorsqu’on lui proposa de venir au palais pour occuper une charge officielle il compara celle-ci à la situation d’une tortue qui, dans ce palais, était enchâssée d’or et couverte de pierres précieuses, et fit dire au prince qui l’invitait qu’il préférait de loin, comme une simple tortue continuer à tortiller sa queue dans la boue de l’étang.
Cette fameuse tortue de Zhuangzi “qui remue sa queue au fond de l’étang” permet une métaphore concernant le mouvement de l’énergie. Lorsque le mouvement de l’énergie part de la profondeur au centre (liaison entre le coccyx-sacrum et le nombril ou Qihai) elle monte peu à peu vers la surface et de celle-ci se répartit vers la périphérie (membres) lorsqu’elle atteint cette périphérie (mains) elle revient peu à peu vers le centre puis redescend vers la profondeur pour informer la tortue de ce qui se passe en surface.
La surface est donc animée par la profondeur tandis que la profondeur est informée par la surface. Ce mouvement de l’énergie rejoint et complète celui décrit dans celui de l’Océan du Souffle (Qihai).
24 : “Kun Lun” La Montagne Sacrée. (Ric. 2862 et 3287)↑↑
Montagne qui possède “trois étages” et qui sépare le Tibet du Xingjiang (Sinkiang) et se prolonge jusqu’au Sichuan (Setchuan) en passant par le Qinghai (Tsinghai).
Elle est traditionnellement considérée comme le domaine réservé et particulier de la “Déesse Reine Mère de L’Occident” qui est l’une des plus importantes divinités du panthéon taoïste. C’est cette immortelle qui est la gardienne des fameuses pèches d’immortalité.
C’est également dans les Monts Kun Lun que poussent les champignons magiques (Ling Qi) cités plus bas. Depuis le quatrième siècle avant notre ère ces Monts Kun Lun sont symbolisés par un brûle parfum qui prend, effectivement, la forme d’une montagne renversée et qui sert de support à la méditation.
Ces brûle parfums permettaient, en outre, d’opérer des purifications rituelles par le feu et la fumigation. On utilisa donc des substances aromatiques diverses puis des encens en grains (résines de myrrhe, d’aloès…), des cônes et des clous d’encens puis, récemment, des bâtonnets. On retrouve donc toujours ces “Monts Kun Lun” sous la forme de miniatures brûle encens en cuivre ou en laiton et on distingue toujours les “trois étages” de la Montagne Sacrée : le pied, la partie médiane qui sert de réceptacle à l’encens en grains, la partie supérieure qui sert de couvercle ou de support aux bâtons d’encens.
26 : le “Nombril” Pi. L’ombilic.↑↑
“L’ancien caractère désignant le nombril, l’ombilic représente en haut la tête, en bas des canaux dans lesquels circulent des esprits vitaux (Wieger – caractères chinois page 81)”
“Pi, le nombril lequel est censé communiquer avec la tête par des canaux où circulent les esprits vitaux” (Wieger – caractères chinois page 110)
Wieger ajoute que le caractère ancien situé sous le crâne indique que deux individus se suivent “comme des conspirateurs”en quelque sorte et étymologiquement l’ancienne écriture chinoise indiquait comme une évidence que le “nombril conspire avec le crâne”.
On ne saurait être plus direct quant à la liaison du mouvement existant entre l’ombilic et le crâne. On rejoint bien évidemment ici les notions de “respiration embryonnaire” taoïste et de “mouvement respiratoire primaire – MRP -” des ostéopathes.
La liaison entre l’ombilic, donc le Qihai, et le crâne, donc l’oreiller de Jade (Yuzheng) où se manifeste la “pulsion céleste”, s’effectue par le biais du mouvement subtil de la “Queue de Colombe” donc de la liaison coccyx-sacrum (Weilu).
27 : “Champ de Cinabre” Dantian.↑↑
Dan (Tan) (Ric.4671) :
cinabre, sulfure naturel de mercure d’où est extrait ce métal considéré comme le “vif-argent” des alchimistes. Par extension vermillon. Désigne aussi très classiquement une pilule puisque celles-ci, en Chine, étaient produites par transformations alchimiques (spagyrie).
Tian (Tien)(Ric.4944) :
champ, terre cultivée, champ labouré. cinabre Cinabre (minerais de mercure) avec cristallisations (Adamaden -Espagne) Lorsqu’il y a cristallisation du cinabre on est proche du « Joyau Ecarlate » (Ling Bao) cinabre massif Cinabre massif qui a été utilisé dans des travaux alchimiques.
Cinabre (minerais de mercure) avec cristallisations (Adamaden -Espagne) Lorsqu’il y a cristallisation du cinabre on est proche du « Joyau Ecarlate » (Ling Bao)
Cinabre massif qui a été utilisé dans des travaux alchimiques.
On peut distinguer trois “Champs de Cinabre” :
• Le Champ de Cinabre du haut (supérieur): Shang Dantian, correspondant à la tête ou au “foyer supérieur”. (Shangbu Dantian). Dans la tradition alchimique non dénaturée par les spéculatifs sectaires, c’est l’Egrégore (ou égrégor)
• Le Champ de Cinabre du Milieu (médian) : Zhong Dantian, correspondant à la poitrine ou au “foyer médian”. (Zhongbu Dantian) C’est l’Athanore.
• Le Champ de Cinabre du Bas (inférieur): Xia Dantian, correspondant au ventre et au bas ventre. (Xiabu Dantian) C’est le Réthénore.
Il s’agit, ici, du Champ de Cinabre du Bas qui est mis en relation avec l’Océan du Souffle (Qihai) mais qui dirige l’Océan des Formes (Xinghai).
28 : “Les origines de la vie”↑↑
Il s’agit ici de la pulsion initiale le “Grand Flux” (Taisu) qui anime le “Grand Faîte” (Taiji ou Tai Chi). Cette pulsion initiale, qui est à l’origine de l’univers puisqu’elle émane directement du Tao, se manifeste au niveau microcosmique dans la respiration embryonnaire (Taixi) qui symbolise le “Retour à l’Unité” (Fu Tai Yi) prôné par Laozi (Lao Tseu).
En prenant conscience de ce flux interne (Taixi) et en l’harmonisant avec le flux externe (Taisu) on s’harmonise donc avec le Ciel (Shenqi = Souffle de l’Esprit du Ciel) et avec la Terre (Jingqi = souffle de l’Essence de la Terre) donc avec le Tao et l’univers, pardon le cosmos, tout entier.
“Faire Un avec la Nature et avec le Tao” a toujours été la préoccupation essentielle des praticiens du Tao et ceci plus de deux ou trois millénaires avant que le “New-Age” voit le jour en Californie ou que les ostéopathes prennent conscience qu’il existe un “Mouvement Respiratoire Primaire” (MRP) qui est, suivant leurs observations, perceptible avant la naissance et se prolonge après la mort.
Favoriser ce mouvement interne, aussi ténu soit-il et quel que soit son nom, correspond donc à “favoriser et entretenir la vie”.
Cosmos et non pas univers. Parce que dans la tradition chinoise classique l’univers ne correspond à rien et est une vision purement occidentale avec un début (Big Bang ou l’un de ses multiples avatars comme le Big Crush, le Gib Moub et on en passe et des pires et que quelconque géante bleue qui viendrait avaler on ne sait trop quoi comme dans les mythologies manichéennes.
On peut donner une limite à l’univers, une limite au cosmos mais il n’y a pas de limite au Tao qui pré-existe et qui post-continue. L’univers occidental est le caca du moucheron du Tao. Laissons donc allégrement tomber toutes ces notions fallacieuses et pédagogiques, donc destinées à des enfants, d’univers, d’universel, d’universalité. Elles sont beaucoup trop limitées et ridiculespour être honnêtes.
Universalité des Droit de l’Homme ! Ridicule.
Le Tao se marre, si il ne se marrait pas il ne serait pas le Tao.
• Méditation ou Alchimie Interne ?
Il existera toujours des polémiques quant aux transcriptions et traductions des termes chinois car, bien souvent, il n’existe pas de correspondance directe avec des pratiques occidentales et les traducteurs du temps jadis, suivis par nos contemporains, ont utilisé ce qui leur semblait le plus approchant.
La notion d’univers n’existait pas dans la langue ou dans la pensée chinoise jusqu’à une époque très récente puisqu’il se situe à peu près entre le Ciel, ou cosmos (Tian ou Dian) et le Tao (ou Dao).
Il en va de même pour la méditation puisque pour désigner ce terme les Chinois utilisent l’image traditionnelle d’une pelle rituelle (Chan) qui sert à nettoyer et à aplanir un terrain pour y effectuer un rituel.
Ce terme a donc été repris par les Bouddhistes lorsqu’ils ont voulu traduire Dhyana (Tian-Na) en chinois et qu’ils l’ont transformé en Chan Na (kittéralement saisir cette pelle rituelle). Ce qui leur sembllait plus logique que Tian Na que l’on traduirait mot à mot par « Saisir le Ciel » !
Par la suite le Chan (Tchan) est devenu le Sôn en Corée puis le Zen au Japon.
Ce terme, à l’origine neutre puisqu’il s’agissait simplement de « se mettre en disposition de pouvoir accomplir un rituel » (qui peut tout à fait être animiste, confucianiste, taoïste et même parfaitement laïque), est donc désormais fortement connoté avec le monde bouddhiste ou du moins bouddhique.
Si on se réfère aux dictionnaires classiques de la langue chinoise on peut obtenir quelques informations particulières sur ce terme Chan (Ricci 159) : Nettoyer et aplanir un terrain pour des sacrifices. Offrir un sacrifice à la terre ou aux divinités de la nature (Ricci). Nettoyer et arranger en plein air un emplacement pour faire un sacrifice ou une offrande au ciel ou à la terre. Céder, transmettre, léguer un héritage à un homme d’une famille étrangère.
Chan : paisible, tranquille, repos, état contemplatif des Bouddhistes. La contemplation a cinq degrès. Moyen de perfection des Bouddhistes (Couvreur).
Les Jésuites qui ont, à l’origine, transcrit puis traduit le mot Chan qui signifiait « préparer un rituel », ont pensé que le terme de méditation, littéralement « agir centré » correspondait le mieux à cette compréhension.
Mais en Occident la méditation peut représenter beaucoup d’autres choses encore qui ne correspondent pas nécessairement avec ce que désignaient les anciens chinois par Chan. D’où des incompréhensions voire des contre-sens dans l’utilisation de ce terme lorsqu’il est question de pratiques classiques liées à la Chine.
Il en va de même pour l’alchimie qui désigne Al Chemia ou « esprit de la chimie », littéralement « ce qui se situe au dessus de la chimie comme l’algèbre (Al Chibra) se situe au dessus du chiffre.
En Chine il est question de « Dan » ou « Tan » (Ricci N°4761) qui désigne le cinabre qui est le minerais de mercure. Or, les alchimistes chinois ont découvert très tôt que ce mercure permettait d’extraire l’or du minerais donc de transformer quelque chose de très grossier en « autre chose » (Hua) de très subtil.
Ce procédé est par ailleurs passé de l’Orient vers le Moyen Orient puis vers le Proche Orient d’où il a été rapporté, très probablement par les Templiers, après les Croisades, avec le procédé qui permettait de distiller l’alcool, ce qui explique la richesse du Temple et de certains alchimistes comme Nicolas Flamel qui, en peu de temps, amassa une fortune considérable puisqu’il fit don d’une somme conséquente au Roi qui éleva soixante chapelles dans Paris et l’Hôpital des Quinze Vingt (trois cents lits, ce qui à l’époque ne s’était jamais vu !).
Mais il existait en Chine deux formes d’alchimie : une alchimie externe (Wai Dan) qui consistait à transformer des substances du grossier vers le subtil, c’est ce qui permit également à un disciple de Ge Hong de fabriquer du « jade liquide » le fameux Tofou (ne parlons pas de la poudre à canon !) et une alchimie interne (Nei Dan) qui permet dans le laboratoire alchimique qui est le corps de l’adepte de transformer également le grossier en subtil et le subtil en « autre chose encore ».
Ces deux « formes » d’alchimie existent toujours et il serait inconvenant de parler d’une forme d’alchimie opérative et d’une forme d’alchimie spéculative puisque toutes les deux visent à un résultat tout à fait concrêt même et surtout si il ne se manifeste pas de la même manière.
La forme d’alchimie dite « interne » est donc la méditation taoïste et cette « Méditation du Calendrier de Jade des Rois de la Chine Ancienne » est l’une des formes de cette alchimie. C’est par le biais de cette méditation que l’on peut également approcher la « méditation de la Clarté du Joyau Ecarlate » qui est une forme avancée du Daoyin Qigong (ou Tao-Yin Qigong). D’autres formes de « méditation taoïstes » consistent dans la « Petite Révolution Céleste », ou « Petite Marche dans les Etoiles » et dans la « Grande Révolution Céleste » ou « Grande Marche dans les Etoiles » et, plus prosaîquement, à des marches saisonnières.
Mais le secret de la pratique réside dans la pratique et dans elle-seule et il convient d’avoir un guide compétent pour s’aventurer dans ces contrées qui demeurent encore la seule chose que l’Etre Humain peut explorer sans causer de tort à qui que ce soit.
« Méditez, il en restrera toujours quelque chose » disait Wang Ze Ming avec l’humour qui le caractérise. Et cette « promenade interne » en soi est un bon moyen, un bon outil de méditation ! C’est aussi la porte vers le monde « Alchymique » donc « Phylosophique » !
Et le Lingbaoming est peut-être bien la clarté de la pierre philosophale.