Texte de la Conférence de Georges Charles pour le Colloque International du Meihuazhuang
ISP – Centre International de Sejour à Paris -15 août 2012 PARIS
« Le chemin vers le but importe souvent plus que le but »
Gandhi.
« De la bouture à l’arbre » Texte intégral
Georges Charles – « Au Bord de l’Eau » – Ecole San Yiquan
Texte de Georges Charles pour le Colloque International du Meihuazhuang Paris 15 août 2012-08-18. Conférence effectuée sur place et traduite simultanément par Mme Dongmei Calvet
De la bouture à l’arbre par Georges Charles
– Je salue respectueusement le Maître et Professeur YAN Zijie et remercie YAN yan et REN junmin de m’avoir invité.
– L’Ecole San Yiquan est présente en France depuis 1949 et j’ai l’honneur de la diriger depuis 1979 en tant que Maître Héritier (Zhengren Daoshi) ce qui est assez inhabiturl pour un Occidental.
– Il s’agit d’une école rattachée au Xingyiquan de la « branche » du Hebei initiée par Li Laoneng. Elle inclut la pratique de l’art « martial » ou art du poing mais aussi, comme pour le Meihuazhuang, des techniques énergétiques (Qigong et Daoyin) et une partie théorique liée à la pensée chinoise classique de la Chine.
– Le Xingyiquan comme le Meihuazhuang est inscrit sur la liste des trésors culturels et immatériels de l’humanité et c’est donc pour moi une double charge que de transmettre cette école de l’art du poing chinois mais également sa partie culturelle.
– Les difficultés ont été les mêmes que pour le Meihuazhuang, principalement dans la différence de compréhension entre l’Occident, et particulièrement la France, et la Chine.
– En France on veut souvent tout rattacher à la raison ( C.f. Descartes) alors qu’en Chine on se préoccupe principalement de la vertu ou de l’efficace (Te ou De)
– Ici il faut non seulement expliquer mais encore se justifier : Pourquoi ? Comment ? Combien ? Où ? A quel titre ? et perdre, ainsi, plus de temps à organiser la pratique qu’à pratiquer, enseigner ou transmettre.
– Le cadre de la pratique n’est plus l’Ecole mais l’association et les deux se doivent de cohabiter tant bien que mal.
– L’art martial traditionnel est perçu comme un sport de combat et le Qigong comme une gymnastique douce ou un passe-temps.
– Et l’enseignant doit sans cesse faire un compromis entre la tradition et l’aspect soit disant démocratique de l’association.
– C’est peut-être aussi comme cela qu’un pont peut être lancé entre l’Occident, la France et la Chine.
– Mais c’est essentiellement la confraternité entre pratiquants et entre enseignants (Yi Qi Re Re) qui garantit, en fait, le futur et l’avenir de ces pratiques ancestrales.
– San Yiquan et Meihuazhuang ont établi depuis des années des relations d’estime et de respect mutuel et je souhaite que cela continue de par le futur en France mais aussi en Chine et, petit à petit, de par le monde
– « Utilisation rationnelle de l’énergie et prospérité mutuelle ! »
Texte intégral de la conférence de Georges Charles
Texte intégral de la conférence de Georges Charles Maître Héritier du San Yiquan Colloque International du Meihuazhuang Paris 15 août 2012 CISP De la bouture à l’arbre par Georges Charles Texte complet de la conférence proposée en français et en chinois
Les origines de ma pratique et de mon enseignement : le terrain.
Ma pratique a commencé en 1958, mon père était un judoka qui avait pratiqué avec Minosuke Kawaishi juste après la seconde guerre mondiale. Il m’a donc inscrit au Judo au JJCE de Enghien avec Riva et Dupuis comme enseignants. Mais le Judo ne m’a pas convenu et en 1960 j’ai commencé la pratique du Karaté avec Henry Plée qui était le pionnier de cette discipline en Occident. Ce qui m’a permis de travailler, en cours ou en stage, sous la direction de plusieurs Maîtres Japonais comme Murakami, Kase, Mochizuki, Nanbu.
En 1966 j’ai également étudié l’Aïkido sous la direction de Dominique Balta qui était l’élève de Masamichi Noro, de André Nocquet et de Jean Daniel Cauhépé. Donc de 3eme génération partir du Fondateur Morihei Ueshiba. En 1968 j’ai également étudié le Taekwondo avec Lee Kwan Young qui venait d’arriver en France. En 1969 je suis parti effectuer un stage aux USA où j’ai travaillé en tant que répétiteur, on dirait actuellement coach, en Taekwondo, pour le compte de Shin Yun Hun au Philadelphia Institute. Parallèlement j’ai dirigé à la même époque des cours d’Aïkido sur le Campus de l’Université de Philadelphie. C’est à cette occasion que j’ai découvert la pratique des arts martiaux chinois avec des étudiants qui pratiquaient l’art des saisies (Qinna Shou) . On a échangé des techniques et j’ai été impressionné par la richesse, la diversité mais aussi la logique du système chinois. Ils m’ont fait rencontrer leur enseignant et nous avons eu un très bon contact.
Il m’a donné une lettre d’introduction pour un maître chinois qui résidait à San Francisco où nous nous rendions avec mon cousin. Son nom d’enseignant était Shen Tian Shi et il était le responsable d’un centre culturel chinois mais qui était en fait une congrégation taoïste du Lingbaoming ouverte au public. L’immense majorité des étudiants étaient d’origine asiatique et nous avons été très bien reçus. Nous avons eu un très bon contact avec le Maître Shen Tian Shi qui s’étonnait que j’ai lu les œuvres de Joseph Needham qu’il connaissait bien. J’ai donc pratiqué sous sa direction une forme de Daoyin Qigong du Lingbao qu’on nommait alors « Gymnastique Chinoise Traditionnelle » ou « Yoga Chinois ». Lorsque j’ai du revenir en France pour effectuer mon service militaire je lui ai demandé si il connaissait un enseignant chinois à Paris et il m’a répondu par l’affirmative me proposant de lui écrire une lettre d’introduction. Il m’expliqua que Wong Tai Ming était un homme d’affaire mais également un maître taoïste laïc qui enseignait également la « Boxe Chinoise » connue aux USA sous la dénomination de Gongfu. Je suis rentré en France mais il était en voyage et j’ai décidé de suivre un stage d’été avec un maître vietnamien nommé Hoang Nam qui enseignait le Karaté mais également le « Kung-Fu Kempo » et le « Taidji » (Taijiquan).
Cela m’a donné l’envie de continuer les pratiques chinoises avec l’intention de les enseigner par la suite. Wong Tai Ming (Tai Ming Wong mais qui se nommait en réalité Wang Zemin) m’accepta comme élève. Il enseignait chez lui et, quand il faisait beau, au Jardin des Plantes près duquel il habitait. J’étais le seul occidental car ses autres élèves étaient Chinois et beaucoup plus âgés que moi. Wong ou plutôt Wang dirigeait une société d’import-export et se rendait assez souvent en Extrême-Orient. J’ai appris pas la suite qu’il avait été l’élève direct, et répertorié dans les archives historique de l’école, du Maître Yip Man. Il avait également été le disciple direct du Maître Wang Xiangzhai de la branche du Xingyiquan du Hebei et qu’il bénéficiait donc d’une autre filiation directe de quatrième génération (Li Laoneng, Guo Yunshen, Wang Xiangzhai…).
Au sein de sa famille, originaire de Hangzhou, il avait également bénéficié d’une transmission incluant la pratique de l’Externe (Waijia) mais également de l’Interne (Neijai) et des formes taoïstes du Ling Bao Ming. Cette transmission incluait de nombreuses armes ainsi qu’une forme « secrète et ancienne » de la « lance fondue à un crochet du Général Yue Fei » qui aurait été à l’origine profonde du Xingyiquan. Wang était également passionné par la culture chinoise et affirmait qu’il avait comme ancêtre un certain Wang Yang Ming (1472 1523), philosophe et homme d’action. Et il parlait parfaitement français ce qui facilitait la transmission orale des principes liés à la pratique et à sa théorie. J’ai donc étudié pendant près de dix années sous sa direction et il m’a proposé de me rendre en Extrême-Orient pour pratiquer sur place, ce que j’ai fait en plusieurs séjours entre 1973 et 1977. Entre temps j’ai passé un 3eme dan de Taekwondo au Kukkiwon de Séoul en 1973. Mais depuis 1973 je me suis exclusivement tourné vers les pratiques chinoises.
Grâce à ses lettres d’introduction j’ai été très bien reçu par divers enseignants à Hong Kong et à Taiwan. A cette époque les portes de la Chine continentale étaient fermées ce qui explique que je me soies rendu à Hong Kong, à Taiwan et dans les diasporas chinoises de Singapour et de Bangkok. J’ai donc rencontré et pratiqué avec les Shifu Chan Hon Chung et Yuen Yik Kai du Hung Gar (Hongquan), Tang Sang et Leung Ting du Wing Chun (Yonchunquan), Lee Yin Argn du Taijiquan et Xingyiquan. J’ai également reçu un diplôme d’enseignant et suis devenu Membre et représentant de la Hong Kong Chinese Martial Arts Association (HKCMAAL) et de la Koushu Federation of the Republic of China (KFROC) avec le titre de Shifu. En 1974 Wang m’a donné l’autorisation d’enseigner l’Externe (Waijia), ce que j’ai fait à la MJV François Villon à Enghien. J’ai donc officiellement commencé à enseigner, en 1974, les fondements des trois écoles externes du Hung Gar (Hongquan), du Tang Lang (Bei Tanglangquan) et du Wing Chun (Yongchunquan) ainsi que les armes comme le bâton long (Gun), l’épée (Jian) et le sabre (Dao) ainsi que l’éventail de fer (Tieshan) à la MJC François Villon puis au JJCE de Enghien les Bains où j’avais commencé le Judo en 1958.
Mais en première partie du cours j’ai naturellement utilisé la « gymnastique chinoise » donc le Daoyin Qigong comme « échauffement » en tant que préparation physique, respiratoire, énergétique ce qui, visiblement, était une première en France et probablement en Europe. Par la suite j’ai ouvert plusieurs cours à Paris et à Neuilly où j’ai rencontré Alain Setrouk qui enseignait le Kyokushinkai. Cette école du maître Oyama entretenait de bons rapports avec Kennichi Sawai qui était l’un des élèves de Wang Xiangzhai et qui enseignait le Taikiken (Xingyiquan en japonais) au Japon. Ce qui me permit de rencontrer l’un de ses disciples occidentaux en la personne de Ian Kallembach. Nous avons d’ailleurs participé en commun à la rédaction d’un numéro de Budokas Magazine (1977).
C’est l’époque où on a fondé la FNBC (Fédération Nationale de Boxe Chinoise) issue de l’ANKFK -Association Nationale de Kung-Fu Kempo de Hoang Nam où j’ai été conseiller technique puis directeur technique national. L’ANKFK regroupait de nombreux enseignants vietnamiens qui enseignaient alors ce qu’on nommait le « Kung-Fu Kempo ». Mon action, en tant que directeur technique, à l’époque, consista à faire connaître et donc à faire reconnaître les écoles chinoises traditionnelles issues des styles externes mais également des styles internes ce qui, évidement, posa quelques problèmes vis-à-vis de l’ancien « Kung-Fu Kempo » qui regroupait principalement des écoles vietnamiennes ou sino-vietnamiennes ainsi que des méthodes personnelles pour ne pas dire occidentales ou très occidentalisées. On me considéra alors à peu près comme un « liquidateur » chargé de remettre de l’ordre dans une situation plus ou moins ambiguë, ce qui fut accompagné de plusieurs articles dans la presse spécialisée. Cela se termina par une scission entre plusieurs groupes.
D’une part la FNBC (Fédération Nationale de Boxe Chinoise), dont j’étais le Directeur Technique National choisit de représenter les écoles chinoises externes et internes dites traditionnelles, c’est-à-dire ayant une relation avec la Chine ou sa diaspora. D’autre part certains enseignants, donc Jacques Chenal qui était un élève de Hoang Nam, choisirent de rejoindre la FFKAMA (Fédération Française de Karaté) qui était alors la fédération « officielle ». La plupart des enseignants vietnamiens préférèrent fonder leur propre structure qui regroupa alors le Vovinam-vietvodao. Le Maître Hoang Nam décida de faire cavalier seul avec un pied ici et un autre pied ailleurs. Je pensais donc pouvoir développer les arts du poing chinois en les rendant plus représentatifs. J’ai voulu faire venir des amis enseignants Chinois représentatifs des écoles authentiquement chinoises, principalement de Hong Kong et de Taiwan, mais on m’a dit qu’on pouvait fort bien se passer d’eux et fait comprendre, lettre à l’appui, que cela dérangeait. Et je finis par me retrouver isolé et sans moyens d’action.
J’ai donc démissionné de la FNBC et suis rentré à la FFRZ ou Fédération Française de Ritsu Zen (Zhan Chan en chinois) où je suis devenu également conseiller technique puis DTN. Cette fédération autonome regroupait des pratiques japonaises, Aïkido, Iai Do, Karatedo, Zazen, Taikyokuken et d’Okinawa (Tode, Tomarite, Kobudo) avec une forte influence du mouvement Zen, on y retrouvait, notamment Pierre Portocarrero. Le fait que San Yiquan, donc l’école que je dirigeai, représentait, par filiation, la pratique chinoise du Zhan Chan (Méditation active ou debout – que l’on nomme aussi « posture de l’arbre » qui correspondait à la pratique japonaise du Ritsu Zen semblait un facteur favorable d’intégration au sein de cette Fédération. Mais il y avait top de différences de mentalité entre le système japonais et le système chinois comme entre le Zazen et le Ritsuzen et le Zhan Chan, donc des incompréhensions qui finirent par compliquer l’organisation même de la Fédération. J’ai donc, une fois de plus, mais pas pour les mêmes raisons, décidé de démissionner de cette fédération qui cessera d’ailleurs son activité peu de temps après mon départ. En 1978 j’ai fondé l’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels. Le premier siège de cette association se trouvait 48, rue Amelot à Paris.
C’était l’époque où je travaillais dans la protection pour deux sociétés différentes : Century et Budo Brothers et tant qu’agent de protection rapprochée, donc garde du corps, d’une part et comme responsable de l’entraînement des agents puis comme directeur technique pour Budo Brothers. Ces deux sociétés fournissaient des gardes du corps mais également des agents de surveillance et je fus chargé de leur instruction tant sur le plan des méthodes de combat que sur le plan théorique concernant l’aspect juridique et social, ce qui était une première. Le patron de Budo Brothers ayant appris que je recherchai un siège social à Paris me proposa, très sympathiquement, d’utiliser l’adresse du siège de sa société ainsi que les locaux d’entrainement et administratifs, ce que j’acceptai évidemment. Il me demanda de déposer à la préfecture de Paris les statuts d’une association qu’il venait également de créer. Le même jour, le 18 décembre 1978, j’ai donc déposé les statuts de l’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels et ses statuts en Préfecture. Ce qui a été publié au Journal Officiel peu de temps après.
Par la suite certains qui visiblement ne m’aimaient pas trop et qui n’appréciaient pas trop mon action ont fait remarquer, non sans arrières pensées, que le siège de l’Association IDAMCT, donc concernant les Arts Martiaux Chinois, était à la même adresse qu’une Association pour le développement et la promotion des gardes du corps, agents, de protection, maîtres de chiens, agents de surveillance et de sécurité et que les statuts des deux associations avaient été déposés le même jour. Il fut évidemment facile d’effectuer un amalgame entre ces deux activités, qui n’avaient pourtant aucun rapport si ce n’est l’adresse, et ma fonction. En un mot comme en cent j’ai été accusé d’être une espèce de « barbouze » ou, du moins, de recruteur de personnes peu recommandables qui effectuaient on ne sait quelles vilaines besognes.
A tel point que cela remonta aux Renseignements Généraux qui effectuèrent une enquête à ce sujet sans évidemment découvrir quoi que ce soit. La fiche de renseignements que j’ai pu obtenir grâce à la Loi « informatique et liberté » en atteste. Mais il est vrai que de par mon ancienne activité liée à la protection j’ai eu, par la suite, d’autres fréquentations avec des responsables de ce milieu, notamment avec les Clubs des Lilas et du XVIIIe qui étaient gérés par des responsables de sociétés de protection, et que les mêmes individus malveillants ont pu continuer à échafauder des théories toujours déplaisantes. Je veux simplement affirmer que je n’ai jamais mêlé ma pratique et mon enseignement des Arts Chevaleresques Chinois à une quelconque activité parallèle et qu’on rencontre plus souvent, dans la milieu des arts martiaux et des arts de combat, des individus ayant des rapport avec la protection qu’avec la réparation des porcelaines de Chine !
Malheureusement cette image défavorable n’est toujours facile à gérer et a permis à certains, toujours les mêmes, de me faire passer pour une brute épaisse, sinon un soudard de droite, dans le milieu de l’Interne (Taijiquan et Qigong…). Mais, d’autre part, comme dans le milieu de l’externe et des arts de combat on me faisait également passer pour un intellectuel de gauche cela devait, en moyenne, faire bonne mesure et laisser entendre que je suis, en réalité, un praticien du « juste milieu », de la « bonne mesure » et du « bon sens » plutôt qu’un extrémiste ! Entre temps j’ai effectué de très nombreuses démonstrations, plus d’une centaine, et établi de nombreux contact parmi les enseignants des arts martiaux afin de faire connaître les arts chinois et plus particulièrement le Tao-Yin (Daoyin), ceci dans le milieu du Karaté (Plée ; Habersetzer ; Portocarrero…) et de l’Aïkido (Nocquet ; Cauhépé ; Balta…). La plupart des préparations dans ces pratiques « martiales » se bornaient alors à faire des pompes, des marches en canard et des abdominaux puis à courir et à sauter autour de la salle comme dans un cours de gymnastique scolaire et j’ai voulu apporter un aspect énergétique plus traditionnel à ces pratiques, ce qui s’est peu à peu réalisé sans qu’on s’en rende trop compte. Ce changement a été qualifié alors de « syndrome parisien » par un professeur très connu ! Si j’avais été un danseur il y a fort à parier que j’aurais souhaité apporter ces techniques aux préparations dans les cours de danse et que, maintenant, le Qigong serait désormais intégré dans une fédération de danse !
C’est très vaniteux de ma part d’affirmer cela mais il suffit de constater l’évolution des préparations dans certains Arts Martiaux comme l’Aïkido et même le Judo avec, particulièrement, le Taizo (qui est le Taisu donc grand flux en chinois) pour en prendre conscience. Et que dire du Taijiquan qui ne proposait que rarement une préparation adéquate ou du Kung-Fu qui copiait, dans ce domaine, le Karaté ? Mais en 1979 Wang Zemin a décidé de prendre sa retraite et de se retirer à Taiwan en me laissant la succession de son école qui, de Liananquan (Poing des Générations (ou engendrement) en Cercle) devenait alors sous ma direction San Yiquan (San I Chuan) ou « Poing des Trois Unités ». Il est toujours très difficile de faire comprendre à des Occidentaux, et parfois même à des Chinois, que dans cette branche particulière du Xingyiquan « évolutif » (certains traduisent Ziran (Tseujan)par «naturel » ou « spontané » depuis Li Laoneng chaque enseignant en titre, donc ayant reçu l’autorisation de succession doit utiliser un nom d’école qui lui est propre, ou particulier. Si les racines sont représentées par Yue Fei (1103 1142) que l’on donne, généralement, comme l’initiateur du Xingyiquan ou du moins le précurseur avec le Yue Fei Liuheyiquan – Poing de l’Intention et des Six Harmonies – (ce qui est attesté sur la pierre tombale de Guo Yunshen lui-même ), le tronc est représenté par la forme « ancienne » (ou « orthodoxe »)(Laojia) du Xingyiquan, diverses branches principales se sont formées par la suite en fonction des régions de la Chine, notamment le Hunan, le Shanxi, le Hebei) comme ce fut le cas avec cette branche du Hebei de Li Laoneng, puis des branches secondaires qui sont les successeurs. Cela indique, d’une certaine façon, non pas la rupture mais la différenciation avec le Xingyiquan qui est censé porter une grande attention dur la forme, le formel (Xing) au détriment de l’Intention (ou vouloir) le YI. Li Laoneng souhaita donc que le Yi prenne plus d’importance et que la forme (Xing) ne soit plus l’essentiel. Il nomma donc son école basée sur ce principe Yiquan (Poing de l’Intention – Yi étant par ailleurs plus ou moins intraduisible si ce n’est, en énergétique, l’entité viscérale de la Rate !)
Il fit cela en connaissance de cause et en référence directe à Yue Fei et à son Liuheyiquan. Yue Fei fut donc celui, qui dans cette pratique, fut le premier à utiliser le terme de Yiquan.
Il y a une raison précise à ce fait et elle est attribuée à Kongzi (Confucius) lui-même dans le Liji (Rituel) : « Le nom d’une école appartient à son fondateur, ce nom disparaît avec lui à sa mort. Si un disciple souhaite fonder sa propre école, avec l’assentiment du fondateur, il ne doit en aucun cas l’utiliser. Eventuellement il peut le garder en partie, associé au nouveau nom et ce pour lui rendre hommage ». Donc, par la suite, Guo Yunshen nomma son école Wuxingquan (Poing des Cinq Eléments), son successeur Wang Xiangzhai la nomma Dachengquan (Poing du Grand Dénouement), ses successeurs Kennichi Sawai utilisa Taikiken (c’est simplement Xingyiquan en Japonais) et Wang Zemin choisit Liananquan (Poing des générations (engendrements) circulaires) et ce dernier me demanda d’utiliser San Yiquan (Poing des Trois Un). Malheureusement Wang Xiangzhai, se sentant probablement libéré de la contrainte confucianiste, choisit de reprendre, après 1949, le nom de Yiquan.
Et ce faisant il utilisera conjointement à partir de ce moment les noms de Yiquan et/ou de Dachengquan ce qui finit pas provoquer une confusion. Et à partir de ce moment il n’y eut plus non plus de successeur(s) désigné(s) mais des enseignants qui transmettaient non plus une école mais une pratique et qui, de ce fait, ne virent pas pourquoi changer le nom de cette pratique qui demeurera, pour la plupart, Yiquan-Dachengquan sans trop par ailleurs savoir lequel des deux noms utiliser préférentiellement. De son côté Wang Zemin choisit de conserver l’ancien système qui envisageait toujours un successeur et un nouveau nom pour l’école qu’il dirigerait. Le même phénomène s’est d’ailleurs produit au Japon puis en Occident avec l’Aïkido et son fondateur le Maître Morihei Ueshiba dont la plupart des élèves internes (Uchi Dechi) devenus des héritiers directs, donc ayant l’autorisation directe du Maître d’enseigner, utilisèrent un autre nom que celui même d’Aïkido ce dernier étant, en fait, réservé à son fils puis à son petit fils devenus héréditairement les Soke (chefs) d’Ecole.
Tohei utilisa le nom de Shinshin Tohitsu, Noro celui de Ki No Michi ®, Nakazono celui de Onseido Kototama, Tsuda celui de Katsugen Kai…etc. De ce fait Aïkido demeure un terme générique dont il convient de préciser la tendance lorsqu’elle est autre que celle de l’Aïkikai de Tokyo. En réalité il n’existe pas plus d’Aïkido que de Xingyiquan mais de l’Aïkido de l’Aïkikai, de l’Aïkido du Yoshinkan, de l’Aïkido du Sumikiri, de l’Aïkido du Yoseikan…etc. comme il existe du Xingyiquan de la branche du Hunan, du Xingyiquan de la branche du Hebei et au sein de chacune de ces branches des écoles spécifiques comme Yiquan, Wuxingquan, Dachengquan, Liananquan, San Yiquan, Neilianquan pour n’en citer que quelques une dans cette même branche du Hebei. Il est évidemment très difficile de faire comprendre cela en Occident ou le football est du football et le tennis du tennis. Bien que les Américains différentient pour leur part le football du soccer et qu’il existe, aussi, du tennis de table. En réalité le terme générique n’est destiné qu’au non-pratiquants, aux néophytes, sinon aux béotiens, et aux pratiquants qui ne se posent aucune question un peu comme si Zidane se contentait de dire qu’il « joue au ballon ». Ce qui est encore plus vrai pour le terme Kung-Fu ou Gongfu qui signifie simplement « savoir faire » ou « compétence », encore faut-il savoir dans quelle pratique et, dans ce cas, préciser qu’il s’agit du Wushu, littéralement « art du brave » ou « art de la bravoure » et en Occident, par extension, art martial bien que Mars n’ait strictement rien à voir là dedans !
Il conviendrait alors de préciser, par exemple Hongjiaquan Gongfu Wushu ou « art de la bravoure de la famille ou du clan Hong (Hung) ». Ce qui est trop complexe pour la majorité des occidentaux qui se contentent alors de « faire » du Kung-Fu comme on « fait » la Chine, le Thailande, les Pyramides, son âge, la gueule, un infarctus, son âge…donc en touristes. En Occident, et particulièrement en France, on « fait » donc de l’Aïkido, du Kung-Fu, du Tai-chi, du Chi-Kung. Alors qu’il conviendrait de pratiquer l’Aïkido de l’Aïkikai ou du Yoshinkan, le Hongjiaquan, le Meihuazhang, le Taijiquan du style Chen ou Yang, le Xingyiquan de l’Ecole Dachengquan, le Daoyin Qigong du Maochan, du Jingdan ou du Lingbao. Ce qui est un peu différent, convenons-en. La transmission : la bouture
Avant que Wang me lègue la succession, donc jusqu’en 1979, je me contentai d’enseigner, à partir du moment ou San Yiquan eut sa propre existence je me suis rendu compte qu’il fallait maintenant que je transmette un héritage puisque je me retrouvai désormais à la tête de l’Ecole San Yiquan qui se devait d’être la continuité de l’Ecole Liananquan. Wang a organisé une cérémonie de Baishi, donc de l’acceptation d’un disciple, puis une autre cérémonie me désignant comme maître héritier (Zhangmenren). Visiblement les élèves Chinois de Wang n’étaient pas satisfaits du fait qu’il me confie la destinée de cette école. Ils me firent comprendre par la suite qu’ils n’avaient pas à respecter une tradition qui n’était pas une tradition puisque la tradition chinoise à laquelle ils se référaient n’envisageait pas une transmission d’école vers un occidental âgé d’une trentaine d’années.
Le même problème est arrivé récemment avec la transmission de la succession d’une école de Taijiquan où le maître en titre, avant son décès, a désigné une élève occidentale, qui pratiquait avec lui depuis fort longtemps, pour lui succéder. Le lendemain du décès du maître on a fait comprendre à cette Occidentale qu’elle n’avait plus rien à faire en Chine et qu’il valait mieux qu’elle reparte dans son pays. Ce qu’elle a fait. Mais je suis désolé de dire que Wang ne devait pas avoir tout à fait tort puisque ces élèves chinois avaient un âge approchant du sien, soit près de soixante dix ans, et qu’aucun d’entre eux n’envisageait de transmettre quoi que ce soit à des non-chinois ni même à des Chinois fussent-ils de leur famille. Il n’y aurait probablement eu aucune suite à l’enseignement de Wang en France, donc en Occident, car aucun fils, petit fils ou neveu sinon cousin de ses autres disciples n’était prêt à reprendre le flambeau. Wang m’affirma avoir effectué les démarches nécessaires pour me faire reconnaître en tant que son successeur en titre auprès des associations concernées à Hong Kong et à Taiwan. Puis il se retira.
A partir de ce moment j’ai senti comme un devoir, une charge, de transmettre ce qu’il m’avait enseigné et légué. Et j’ai décidé de m’y consacrer entièrement. Entre temps j’avais abandonné un poste de cadre commercial dans une société agro-alimentaire car la haute direction, par courrier, m’avait fait comprendre qu’il fallait que je choisisse entre mes activités professionnelles et mes activités d’enseignement. Je précise que ces activités d’enseignement ne nuisaient nullement à mon activité professionnelle mais visiblement dérangeaient. Ce que j’ai fait en choisissant l’enseignement. Mes revenus ayant notablement été restreints je me suis donc tourné, comme c’est souvent le cas pour les enseignants d’arts martiaux, vers des activités de protection rapprochée. C’était une profession tout à fait récente et qui n’était ni structurée ni réglementée et qui consistait bien souvent à suppléer aux activités de la police dans la protection rapprochée de personnalités officielles ou non. J’ai donc effectué de nombreuses missions puis, peu après, ai été chargé de l’entrainement des agents de protection. Suite à divers problèmes liés à ces activités j’ai préféré démissionner car souvent les missions dépassaient le simple cadre de la protection. Mais j’ai conservé de bonnes relations avec plusieurs responsables des sociétés de protection de l’époque qui, pour la plupart, dirigeaient également des Dojos ou du moins des clubs d’arts de combat. Et j’ai même souvent enseigné au sein de ces clubs sans qu’il y ait de relation entre mon enseignement et les activités de protection qui y avaient lieu et qui, à mon avis, sont assez incompatibles avec l’esprit du Wushu. J’ai peu à peu remplacé cette activité de garde du corps par une activité d’écriture en fournissant à la presse spécialisée de nombreux articles, en tant que rédacteur pigiste, concernant les arts martiaux, l’Extrême-Orient, les pratiques de santé puis en rédigeant plusieurs ouvrages également sur ces sujets. Actuellement ils sont au nombre d’une vingtaine.
Certains d’entre eux sont épuisés mais très recherchés sur Internet (Traité d’Energie Vitale – Encre) d’autres comme Exercices de Santé du Kung-Fu (Albin Michel), publié en 1983, continuent à être distribués. J’ai également produit deux ouvrages sur la gastronomie et la diététique chinoises, un sur les armes de la Chine ancienne, participé à la rédaction en collectif d’un ouvrage sur l’acupuncture… Et de nombreux hors-séries sur la médecine chinoise, la méditation, les pratiques chinoises de santé, le Feng Shui, l’horoscopie chinoise… Donc plusieurs milliers de pages sur ces sujets qui me passionnent et que j’ai essayé de mieux faire connaître au grand public francophone. Mais également des ouvrages spécialisés qui sont désormais une référence dans le domaine de la pratique des Arts du Poing et des pratiques chinoises de santé et d’éveil. Et surtout de nombreux cours à Paris, en région parisienne, de nombreux stages à Paris, en France, dans la CE et à l’étranger. Les problèmes de la culture hors sol A partir de 1974 il a quand même fallu envisager de transmettre une pratique qui n’était ni connue ni reconnue en France et qui n’avait même pas de nom propre puisqu’on la nommait successivement boxe chinoise traditionnelle, Yoga chinois, Gymnastique chinoise traditionnelle. La dénomination de Cong-Fou qui avait été utilisée par Amiot (Mémoire concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs les usages etc. des Chinois – 1779), par J Estradère (Du massage, son historique, ses manipulations – 1884) de Kong Fou par de Sambucy (Pour comprendre le Yoga – Synthèse Orient Occident, Analyse du Kong-Fou -1973) ne désignait pas, alors, une pratique martiale mais ce que Maspéro (Le Taoisme et les religions chinoises – 1971) décrivait comme la gymnastique Daoyin ou « procédé de conduire le souffle ». Et d’autre part, aux USA, où j’avais étudié, ce terme « Gongfu » désignait une pratique destinée à l’exportation vers les non-chinois, donc fortement occidentalisée. Ce terme semblait donc fortement entaché d’un souci de commercialisation à tendance folklorique. On faisait et on transmettait du « Qigong » et du « Kung-Fu » sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Ce ne sera que dans le courant des années quatre-vingt que ces pratiques, sous ces termes génériques, débarqueront « officiellement » en France alors qu’elles y étaient enseignées depuis le début des années cinquante par Wang Zemin et par moi-même depuis le milieu des années soixante dix. Il n’est pas bon d’être trop longtemps en avance, donc précurseur précoce. A partir de 1975 j’ai rédigé plusieurs importants articles sur les Arts Martiaux chinois dans les revues spécialisées comme Karaté, Karatékas, Budo Magazine, Do et Jitsu, Bushido en resituant les écoles chinoises dans leur contexte d’Externe et d’Interne et en précisant l’histoire des principales d’entre-elles dont une importante série sur le Monastère de Shaolin. Peu de temps après pas mal d’écoles se trouvèrent un nom ou en changèrent.
J’ai réalisé, également, plusieurs articles sur la « gymnastique chinoise » ou le « Yoga chinois », donc le Qigong en précisant, également les origines des principales tendances. Je précise que c’est le Dr de Sambucy qui m’a incité à transmettre mes connaissances du « Qigong » donc du « Kong-Fou » en 1973 puisqu’il avait traité le sujet mais ne pratiquait pas cette discipline. Après quelques moments de curiosité et quelques tentatives de récupération une certaine animosité des disciplines déjà établies comme le Judo et le Karaté s’est faire ressentir avec, comme il se doit, des pressions et des problèmes de clubs puis des problèmes au sein même des fédérations cherchant à « accueillir » ces pratiques. J’ai donc licencié mes élèves, successivement, au Judo, au Karaté, au Kung-Fu Kempo, à la Boxe Chinoise, au Ritsu Zen, au Tai Chi Chuan, au Kungfu Wushu…sans jamais être reconnu en tant qu’école. On me proposait évidemment des grades très élevés, dont un septième Dan, mais mes anciens et assistants étaient toujours considérés comme des « ceintures jaunes », donc des presque débutants, sauf lors d’un protocole d’accord avec la FFKAMA (Karaté) qui reconnaissait 6 ceintures noires (sans dan !) diplômées au sein de cette Fédération (diplôme fédéral) parmi mes anciens et assistants mais protocole qui ne fut jamais respecté ni dans le fond ni dans la forme.
C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de choisir l’autonomie pour l’Ecole San Yiquan au sein de la Loi de 1901 et en regroupant plusieurs associations dans le groupement association COREAM (1984) puis dans les Arts Classiques du Tao (1993). Pour mieux faire connaître ces pratiques, ces techniques et leur contexte j’ai, à partir de 1980 publié une vingtaine d’ouvrages (Sain et Sauf – Encre ; Je m’initie au Kung-Fu – Retz ; Exercices de Santé du Kung-Fu – Albin Michel ; Les armes de la chine ancienne – Amphora ; Cahiers d’acupuncture (collectig dont GC pour les 5 éléments) – Masson ; Hsing I Chuan l’art interne du Kung-Fu Wushu – Sedirep ; Eve défendez-vous – MA Edition ; Traité d’Energie Vitale -Encre ; Taijiquan 8 portes et 13 postures – Encre ; L’Honorable Cuisine Diététique et gastronomie chinoises – Encre ; Le Rituel du Dragon -Chariot d’Or ; Le Lit du Dragon – Chariot d’Or ; La Table du Dragon – Chariot d’Or ; Recettes pour prolonger la vie – Michel d’Orion ; Le Kung Fu en souriant -Budo Editions… J’ai rédigé plus de 200 articles pour la revue « La Vie Naturelle » et fondé le magazine bimestriel Tao-Yin en tant que rédacteur en chef puis rédigé 6 hors séries (Les arts martiaux d’Extrême-Orient ; La médecine chinoise ; La méditation ; Le thé chinois ; le Feng Shui ; la cuisine et la diététique chinoises) pour ce magazine (Groupe de presse Arys).
Si on ajoute une centaine de démonstrations effectuées dans toute la France, en Europe (Italie) et en Amérique (Canada, Québec, Guyane) j’estime que j’ai œuvré à mieux faire connaître ces pratiques et leur contexte philosophique et culturel probablement plus que quiconque. Mais en étant uniquement et finalement reconnu comme auteur, chroniqueur, rédacteur voire comme historien (parfois dépassé) des arts martiaux. La seule reconnaissance officielle dont je dispose est la mention concernant un jugement de la Cour d’Appel de Paris (18eme chambre) et qui affirme « Georges Charles spécialiste en médecine chinoise et en arts martiaux… ». Or, nul n’est censé, et donc ne peut, contester une décision de justice !
En précisant que je n’ai jamais eu, ni par ailleurs demandé, aucune aide officielle ni aucune subvention y compris dans mes activités associatives et fédérales. Avec l’expérience, tant de la pratique que de l’enseignement, je me suis rendu compte, peu à peu, d’une différence fondamentale entre les mentalités occidentales et les mentalités asiatiques, différence liée à deux conceptions opposées de la philosophie. Pour les Occidentaux, et plus particulièrement les Français, l’influence du cartésianisme est essentielle. Cette influence est liée à la raison et plus encore à la raison des choses comme aurait aimé à le préciser Leibniz.
Il faut donc que toute action ait une raison, donc une cause, et soit raisonnée donc raisonnable. Et que, de ce fait, elle soit justifiée et surtout justifiable. Pas de justification pas d’action. Je pense DONC je suis. En dehors de la pensée il n’existe rien puisque je ne suis pas. A l’opposé, concernant la pensée chinoise classique, qui, admettons le a quand même influencée une grande partie de l’Extrême-Orient (Japon, Vietnam, Corée…) et en partie l’Orient, se base principalement sur le principe de l’efficace, de la vertu (Te ou De – comme dans Daodejing ou Tao Te King, le « Traité de la Voie et de son Efficace », donc de la vertu, ou de l’efficacité de la voie). Il suffit que l’efficace se manifeste, donc la vertu (au sens de la vertu du Prince de Machiavel ou de la vertu d’une plante médicinale), pour que le principe (Li) soit. Dans une certaine mesure la vie (Sheng) étant d’essence « simplement efficace » être suffit. Il n’y a (donc) aucunement besoin d’une justification pour être. Je ne suis pas (et je ne précède pas !), je ne pense pas (et ne panse pas !) donc quelque chose. On peut donc supprimer le donc. On peut être sans penser (sans panser, sans dépenser, sans récompenser, sans dispenser…) et sans donc. (Donc) sans justification. Etre suffit. Il suffit d’être. La plante est. Ce qui ne l’empêche pas de posséder sa propre vertu, son « efficace ». Mais elle n’a pas à se justifier. Il n’est pas dommage qu’une plante disparaisse parce que et donc. Cette plante ne doit pas disparaître. Point. Le fait qu’elle aurait pu soigner une éventuelle maladie qui n’existe pas encore ne la concerne pas. C’est ce que nos anciens qui avaient encore du bon sens nommaient « la vertu des simples » avant que l’on décide, scientifiquement, que telle plante est utile et que telle autre ne l’est pas. La plante n’a pas à être utile ou à ne pas l’être. Elle est. Et elle est nécessairement (pas donc !) efficace. Si on en connaît la vertu elle devient simplement plus efficace encore. Lorsqu’un élève Chinois pose la question à son maître Chinois du pourquoi, celui-ci lui répond naturellement parce que cela est ainsi.
Et il suffit à ce maître de démontrer l’efficacité, donc la vertu, du mouvement ou de la pratique pour que la chose soit définitivement entendue et pour que le disciple remercie le maître pour cette réponse. En occident lorsque l’élève pose la question « Pourquoi ? » l’enseignant se doit de lui donner, sur le champ, de multiples explications sur le comment, le combien, le où, le quand et, finalement est obligé de trouver des justifications à ses réponses et, finalement, d’avoir à se justifier. Il faut donner des raisons et expliquer pourquoi et comment ces raisons permettent d’envisager une utilisation rationnelle qui, éventuellement peut, ou pourrait, être efficace. Le fait ne suffit plus comme justification en dehors de la raison. En réalité on finit alors par se contenter qu’un fait soit raisonnable, donc conforme à la raison, sans s’occuper de son efficace, donc de sa vertu.
L’acupuncture n’existe que parce qu’un professeur occidental, Darras pour ne pas le citer, a réussi à matérialiser le circuit d’un méridien en injectant une substance radio-active dans la jambe d’un patient et à faire constater ce fait par une radiographie. Peu lui importe que l’acupuncture existe depuis plus de trois millénaires et a pu servir à soulager ou a guérir des millions de patients non seulement chinois ou japonais, vietnamiens, coréens mais également occidentaux, américains ou africains. Seule lui importe sa preuve scientifique et raisonnable que si un méridien existe, l’acupuncture existe. Qu’elle soit efficace ou non ne le concerne pas. Et seulement à partir du moment où on constate que l’acupuncture existe, on va, éventuellement se pencher sur ses effets et en discuter les résultats. Sans pour autant poser la question à un acupuncteur chinois compétent. Et on nous affirme alors que l’acupuncture a des effets sur les rats parce que lorsqu’on pique ceux-ci avec des aiguilles d’acupuncture (authentique !) ils réagissent en produisant des endomorphines.
On leur aurait tapé avec un crayon sur la tête le résultat aurait été le même mais cela ne rentrerait pas dans le cadre scientifique de cette étude de l’action de l’acupuncture sur des rats ! En précisant, d’autre part, qu’il y a fort peu de chances pour que les expérimentateurs qui ont piqué les rats soient des acupuncteurs compétents. Lorsqu’on connaît l’acupuncture dans sa version chinoise « Zhen Jiu », littéralement « aiguilles et cautérisations » ou « par le fer et par le feu », finalement « piqûres et moxas » on sait qu’il existe des planches et des figurines concernant l’être humain, homme et femme, mais aussi des planches et figurines spécifiques concernant le cheval, la vache, le chien, le chat mais aucune sur le rat.
On voit mal alors comment un non-acupuncteur pourrait connaître ce que les acupuncteurs qualifiés et compétents ne cherchent pas à savoir, c’est-à-dire les points d’acupuncture spécifiques au rat. Les expérimentateurs ont du piquer n’importe où ces bestioles, constaté que ça leur faisait mal et que cette douleur provoquait, naturellement, la production de substances anti-douleur que sont les endomorphines. Le fait qu’un rat qu’on pique n’importe où souffre n’explique pas que l’acupuncture existe. Mais comme on possède désormais une cause et une raison on peut donc en déduire que l’acupuncture existe dans certaines conditions. Pendant ce temps là des millions de patients se font traiter par l’acupuncture sans se poser la question de son existence mais en en attendant une certaine efficacité. Et comme l’acupuncture fonctionne simplement ils en sont satisfaits et continuent à utiliser les services d’acupuncteurs compétents qui n’on jamais fait d’étude scientifique sur les rats. Ils constatent qu’il convient mieux d’utiliser une méthode empirique efficace qu’une méthode scientifique qui ne fonctionne que sur des rats de laboratoire. Il en va de même pour la pratique et pour l’enseignement des arts du poing ou des arts d’éveil et de santé d’origine chinoise.
La transmission s’est toujours effectuée, simplement, de maître à disciple avec la conséquence, et non le but, d’obtenir une certaine efficacité : « demeurer en bonne santé, pouvoir se défendre en cas d’agression, éveiller l’esprit et, éventuellement, modifier le cours de la destinée » (Sun Lutang ou Sun Fukuan). Ce qui est un programme tout à fait honorable et qui peut demander une vie entière. Et, surtout, qui ne souffre aucune autre justification. C’est ainsi et comme ça. Et je comprend alors pourquoi lorsqu’on pose la question à un Chinois il réponde « C’est très compliqué ! » et ajoute, parfois « Et difficile à comprendre ! » en pensant « de toutes façon n’étant pas Chinois vous ne pourriez rien comprendre à ce que je vais tenter de vous expliquer ». En réalité il n’a simplement pas envie d’expliquer ni, surtout, de se justifier. Et c’est pourquoi il ajoute « le secret de la pratique réside dans la pratique » en pensant « Il vous suffirait de pratiquer sans trop vous poser de questions pour ne plus avoir envie de chercher à comprendre ». C’est pour cela que Guo Yunshen affirmait « La pratique est facile car agir est facile, mais obtenir un résultat l’est moins. Il faut tendre à atteindre l’effet recherché avec le minimum de contraintes ». Rejoignant ainsi Zhuangzi « C’est en suivant le chemin que la Voie est tracée. La juste mesure permet la pratique. Pratiquer c’est chercher à atteindre l’efficace (ou un résultat). Lorsqu’on atteint cet efficace on est proche du Tao. Il faut affirmer ce fait ». Ce que résume Audiard, dans un taxi pour Tobrouk « Un con qui marche ira toujours plus loin que deux intellectuels assis ». La vertu est dans l’action pas dans sa raison ou dans sa justification. Etre c’est agir.
Et encore il ne s’agit que de la moitié du chemin à parcourir car cette même pensée chinoise classique insiste sur la vertu, l’efficace du « Wuwei », donc de la non-intervention, de la non-ingérence. Il ne s’agit en aucun cas de non-agir ou de ne pas agir, donc de demeurer assis sans rien faire, mais de faire en sorte que l’action soit, justement, sans justification. C’est l’action juste ou juste l’action. Agir c’est être ainsi.
Une fois que l’on a pris l’arc (ou le pinceau !) (Ti = la structure) que l’on a placé la corde (Daoyin) (Xing la forme), pris la flèche (Qi le souffle), vu la cible (jing l’essence), bandé l’arc, calmé le souffle, posé l’intention (Yi) et libéré l’esprit (Shen) il suffit de décocher (Wuwei) et la flèche doit atteindre le centre de la cible (Zhong). C’est la pierre à encre (Ti), la pierre d’encre (Xing), le liquide (Jing) le mouvement (Dong) qui réunit les « Trois en Un » (San Yi), le pinceau (Qi) qui accueille l’encre (Zheng Jing -essence authentique -) que l’on conduit grâce à l’intention (Yi) sur la feuille de papier (Shen) pour « provoquer autre chose encore » (Hua) qui est image-symbole (Xiang). (Wang Yangming). C’est pour le Yijing « L’Etre Réalisé (ou authentique Zheng Ren) qui sait avancer et reculer (la mobilisation donc la régénération), qui sait prendre et qui sait donner (c’est l’accueil et la conduite, donc le savoir faire) qui sait conserver et abandonner (mettre à bandon donc à disposition de toutes et tous) (c’est l’action juste et juste l’action) sans jamais pour autant perdre sa rectitude (Zheng) ». Et il est précisé dans le Liji (Rites) (Tir à la Cour d’un Prince) « Lorsque la flèche atteint la cible en son centre le juge se contente de dire « Touche ! » et un murmure d’approbation parcourt l’assistance ». Il n’est pas utile de se livrer à des gesticulations puisque le but est simplement atteint. Le fait est accompli. C’est simplement le « Gongfu » qui se manifeste dans l’un des arts chevaleresques et cela n’a pas à se justifier ni à s’expliquer ! C’est toute la différence entre cet enseignement et la compréhension occidentale qui oblige à le justifier. Un Occidental, pourtant, a déjà clairement donné son point de vue sur la question : « Ceux qui sont qualifiés pour parler au nom d’une doctrine traditionnelle n’ont pas à en discuter avec les profanes ni à faire de polémique. Ils n’ont qu’à exposer la doctrine telle qu’elle est, pour ceux qui peuvent le comprendre, et en même temps, à dénoncer l’erreur partout où elle se trouve, à la faire apparaître comme telle en projetant sur elle la lumière de la vraie connaissance, leur rôle n’est pas d’engager une lutte et d’y compromettre la doctrine, mais de porter le jugement qu’ils ont le droit de porter » René Guénon – La crise du monde moderne –
Il ajoute en quatrième de couverture :
» Un des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on y remarque entre l’Orient et l’Occident. Ce qui est probablement excessif mais qui résume bien la difficulté qui est de transmettre un enseignement traditionnel provenant de Chine en Occident et à des occidentaux. Il existe une autre difficulté, liée par ailleurs à cette différence de conception, qui est celle de l’organisation de la pratique qui doit, nécessairement, trouver sa place dans le cadre démocratique de nos institutions occidentales européennes et plus particulièrement françaises. Ces pratiques, en occident, sont, à priori, assimilées par principe à des activités sportives. Et elles devraient donc s’adapter, également par principe, à l’organisation de ces activités sportives et en reproduire les fonctions. Donc se conformer, se mettre dans un moule qui correspond à ce qui préexiste dans le milieu sportif. Puisqu’il existait déjà des structures qui fonctionnaient pour le judo ou le karaté, ces pratiques devraient donc s’assimiler afin d’intégrer ces structures. Or il est facile de constater qu’il existe une différence entre les pratiques d’origine japonaises et les pratiques d’origines chinoises même et surtout si elles s’exercent en Occident. Il est difficile de comparer le Taijiquan au Karaté Shotokan ! Ou le Daoyin Qigong au Judo ! Donc de demander à un enseignant de Taijiquan de se faire juger, j’utilise ce terme à dessein, par un professeur de Karaté lors de l’obtention d’un diplôme fédéral dans une fédération de Karaté. Mais il est vrai qu’il est aussi difficile de demander à un enseignant de Kung-Fu de se faire juger par un professeur de Taijiquan dans une fédération de Taijiquan ! Ces histoires de fédérations et de leurs influences ont pourri la pratique et son enseignement pendant des années sinon des décennies. Chacune d’entre elle, depuis les années soixante dix, ont prétendu pouvoir ou vouloir défendre les intérêts de ces pratiques et de leurs enseignants alors qu’elles n’ont fait que de les utiliser à leur profit sans pour autant donner quoi que ce soit en retour sinon des documents sans aucune valeur juridique effective. En réalité aucune de ces fédérations sportives n’ont pu assumer ni leur rôle ni leurs promesses dans la reconnaissance de ces pratiques et de leur enseignement. Et ceci avec la complicité des ministères qui n’ont jamais souhaité valider un diplôme d’Etat. Pour une raison très simple : ces pratiques ne sont pas sportives au sent où on l’entend en Occident ou même en Chine. Elles appartiennent à un fond historique et culturel qui se transmet de génération en génération sans qu’il soit nécessaire de les adapter à ce qui ne les concerne pas. Il existe, néanmoins, en France un cadre adapté à la pratique, à son enseignement et à la transmission de la tradition qui est l’Association à but non lucratif régie par la Loi de Janvier 1901. En effet ces associations peuvent tout à fait représenter les option culturelles, socio-éducatives, corporelles, philosophiques, éducatives et même sportives sans qu’il soit nécessairement obligatoire de passer par le cadre fédéral qui ne représente, en fait, que la version sportive et compétitive de ces pratiques. Juridiquement les fédérations ne sont que des associations qui ont souhaité prendre le titre de fédération et sont également soumises à la Loi de 1901 concernant les associations déclarées à but non lucratif. Elles ne disposent donc d’aucun autre droit que ceux déjà disposés par les associations qui, elle-même, peuvent tout à fait recevoir un agrément d’un ministère. La seule prérogative d’une fédération reconnue et délégataire est de pouvoir organiser officiellement des coupes, des championnats nationaux et, éventuellement, se faire reconnaître en tant que fédération sportive par le COJO (Comité Olympique International). C’est à cette instance de déterminer, ensuite, si les pratiques concernées sont sportives ou non et, ainsi de pouvoir accepter leur présence à l’Olympiade. Si une pratique ne désire pas se faire reconnaître comme un sport, ne désire pas participer en quoi que ce soit à une Olympiade, de désire pas organiser coupes et championnats nationaux, ne désire pas délivrer des grades ou des ceintures dont l’attribution est réservée aux fédérations délégataires, elle n’a donc aucune raison de se rattacher à une fédération et peut exercer son activité, donc la pratique et l’enseignement ainsi que la transmission d’une tradition dans le cadre d’une association régie par la Loi de 1901 et nul ne pourra lui reprocher ce fait. De plus la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est très explicite à ce sujet : Article 20 1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques. 2. Nul ne peut être obligé de faire partie d’une association Les fédérations étant, officiellement et suivant le droit français, des associations nul ne peut donc être obligé d’en faire partie. L’obligation d’appartenance à une association dite fédération, fut-elle officielle et délégataire, est donc contraire à cette déclaration. Il est tout à fait possible dans le cadre d’une association régie par la Loi de 1901 de salarier des membres y compris de membres du Comité de Direction ou du conseil technique (Conseil d’Etat) donc d’agir professionnellement si un enseignant le souhaite. Ce fait n’est pas contradictoire avec l’aspect non lucratif de l’association régie par la Loi de 1901 puisque la non lucrativité consiste simplement à ne pas partager les bénéfices engendrés par l’activité associative. De plus en l’absence de diplôme d’état (DE) officiel l’enseignement de ces pratiques, dans le cadre de l’association régie par la Loi de 1901 est libre. Mais l’incompétence ou la mauvaise foi de certaines instances locales, généralement inspirées par des personnes n’ayant aucun intérêt à voir ces pratiques se développer, est toujours source de difficultés lorsqu’il s’agit d’obtenir une salle pour y exercer une activité associative se situant hors du cadre officiel d’une fédération. En précisant, par ailleurs, que les fameux diplômes « officiels » affichés par ces mêmes instances dans les salles et locaux concernés comportent généralement des options manuscrites ajoutées après la signature du représentant de l’Etat. Bien qu’il y ait tolérance à ce sujet, tolérance suspecte, cela s’assimile purement et simplement à un faux et usage de faux. Un document concernant un DE de Karaté portant la mention manuscrite « option Kung-Fu » ou « option Tai Chi et Chi Kung » n’est pas juridiquement recevable car la mention est postérieure à la signature du document. Il aurait pu être ajouté « port de charentaises autorisé » ou toute autre mention qui ne concerne pas le diplôme en question. Une grave confusion est, par ailleurs entretenue, entre diplôme fédéral (que n’importe quelle fédération peut délivrer à n’importe qui de manière arbitraire et même discrétionnaire), et le Diplôme d’Etat qui correspond à des normes très particulières, lorsqu’elles sont définies par des décrets d’applications, et qui offre, normalement, des garanties d’indépendance et d’équité. Enfin, la conception même de l’Ecole San Yiquan, qui est simplement due au désir de transmettre, sans trop la dénaturer, une école traditionnelle, donc une tradition, ne facilite pas, du moins en occident, son enseignement. En effet, on est généralement habitué, ici, à la transmission d’une pratique sportive et/ou compétitive dite martiale et se composant donc d’un certain nombre de mouvements éventuellement regroupés dans des « formes » (qui se nomment Tao, Tao Luan, Katas…etc.) et aboutissant, normalement à des combats plus ou moins codifiés, qui tiennent lieu d’applications, et qui semblent être le but ultime à atteindre si on excepte, évidemment, la formation d’enseignants basée sur des critères occidentaux propres à des instituts de formation . Il y a donc une confusion d’une part avec des pratiques sportives et compétitives dites martiales dont le seul but est de former des champions ou du moins d’obtenir des résultats sportifs et, d’autre part, des instituts de formation qui n’ont pour seul but que de proposer des formations diplomantes en vue d’un éventuel enseignement. Et, en parallèle, des activités dites de loisir et de bien-être qui constituent l’immense majorité des cours de Taijiquan et de Qigong en France. Il existe, parallèlement, des instituts de formation basés sur le modèle professionnel, qui ont exclusivement pour fonction et pour but de former des enseignants qui, à leur tour, auront exclusivement pour but de former d’autres enseignants. Ceci dans le cadre de formations spécifiques utilisant généralement et exclusivement des stages répartis sur une ou trois années. Donc avec un cursus spécifique, un programme et des unités de valeur. Mais il ne s’agit donc pas de pratique à proprement parler et surtout à proprement faire puisqu’on va exclusivement, dans ce cas, former des enseignants qui n’auront jamais pratiqué et qui n’auront, de plus, jamais enseigné. Il est particulier à ce genre de structures, qui fonctionnent fort bien en temps de crise puisqu’elles sont censées proposer un débouché professionnel, de délivrer des diplômes d’enseignants, ceci dit sans aucune valeur juridique officielle, à des gens qui n’auront jamais enseigné que dans le cadre restreint de ces formations. C’est comme si une armée ne formait que des officiers instructeurs ou des cadres d’une école de guerre sans disposer d’hommes du rang. Ce qui serait alors invraisemblable mais qui pourtant semble désormais la norme. Les fédérations, elles-mêmes, se tournent désormais vers ce type de formation en dehors du terrain alors qu’auparavant elles utilisaient, ce qui est plus compréhensible, le système des écoles des cadres où des pratiquants d’un certain niveau se formaient, sur le tas, afin de devenir enseignants à leur tour. Au niveau d’une école dite traditionnelle comme San Yiquan, nous souhaitons tout d’abord transmettre un héritage comme cela s’est toujours fait depuis des siècles. Nous souhaitons, ensuite, permettre une pratique et donc former des pratiquants. Si, parmi ceux-ci, certains d’entre eux souhaitent se tourner vers l’enseignement ils doivent tout d’abord pratiquer et ceci un certain nombre d’années puis, comme cela s’est toujours fait, devenir assistants d’un cours et donc se former sur le terrain à l’exercice particulier de l’enseignement. Ils bénéficient, ensuite de cours et de stages spécifiques à préparation de cet enseignement et de conseils qui leurs sont donnés par les autres enseignants déjà confirmés, ceci au sein de notre Convention des Arts Classiques du Tao qui regroupe les anciens et les enseignants. C’est, en quelque sorte, le principe occidental mais ayant fait ses preuves des écoles des cadres. Et nous souhaitons, enfin, agir dans le cadre juridique adéquat donc en toute légalité. Cet enseignement traditionnel, nous l’avons déjà dit, comporte les bases fondamentales de trois Ecoles dites « Externes » (Waijia) qui sont Hung Gar (Honjianquan), Tang Lang (Pei Qiexingtonglongquan) et Wing Chun (Yongchunquan) ainsi que les armes qui y sont rattachées à savoir l’épée (Jian), le sabre (Dao), le bâton (Gun), la lance (Qiang), la hallebarde (Guandao), l’éventail de fer (Tieshan) et des armes complémentaires tels les « couteaux papillons cantonnais » et autres cymbales et fléaux. Elle comporte également l’étude et la pratique du Xingyiquan de forme dite naturelle ou spontanée (Ziran) de la branche du Hebei avec, comme arme principale, la « lance fondue à un crochet du Général Yue Fei » (Yue Fei Gulianjiang). Et également l’étude et la pratique d’une transmission particulière du Daoyin Qigong du Lingbao (Lingbaoming Xiao Dan Pai Daoyin Fa) incluant la méditation dite taoïste et divers enseignements spécifiques comme la diététique chinoise (Yinshi) la réalisation de « Charmes » (Fu Lu Pai) et la transmission des principes essentiels de la théorie du Xinxue de Wang Yang Ming incluant le « San jiao He Yi » (Les Trois enseignements s’Harmonisent en Un). Ce qui dépasse quelque peu le cadre d’une simple pratique récréative ou d’une méthode d’auto-défense fut-elle asiatique. San Yiquan a toujours eu des difficultés d’intégration dans le milieu dit « martial » ou « énergétique » car comportant à la fois de l’Externe (Waijia) et de l’Interne (Neijia), et donc des armes spécifiques, mais également des pratiques énergétiques et d’éveil et de santé ainsi que de la méditation active (Zhan Chan) et passive (Zhou Chan). Elle s’inscrit donc dans ce qu’il est convenu de nommer, en Chine, le Yang Sheng Fa, donc les « pratiques qui entretiennent la vie » et qu’il est très difficile de faire rentrer dans un cadre précis et formaté à l’occidentale. L’arbre et la forêt. Malgré cette difficulté assez particulière l’Ecole San Yiquan est donc présente officiellement depuis 34 ans en France et est la continuité de l’Ecole Liananquan qui s’y était implantée, grâce à Wang Zemin, au début des années cinquante mais exclusivement dans la communauté asiatique. Cette pratique spécifique est donc présente, sous une forme ou l’autre, en France depuis plus de soixante ans. Au sein de l’Association de l’Institut des Arts Martiaux Chinois Traditionnels, qui existe depuis 1978, puis des Arts Classiques du Tao, J’ai formé, ou aidé au perfectionnement, d’une cinquantaine d’enseignants qui ont, sur mon conseil, tous fondé une association régie par la Loi de 1901 puisque l’immense majorité d’entre eux sont des authentiques bénévoles ayant parallèlement une activité professionnelle. Ces enseignants et ces associations déclarées ont décidé de se regrouper au sein des Arts Classiques du Tao afin de pouvoir conserver leur autonomie et de continuer à transmettre un héritage que je leur ai confié sans subir de contrainte et sans être obligés de dénaturer cet enseignement par une pratique uniquement sportive ou folklorique. Cette autonomie, dans un cadre juridique reconnu, est le gage de notre liberté de pratiquer, d’enseigner et de transmettre cet héritage historique, culturel, socio-éducatif et traditionnel. Cela représente donc un mouvement associatif qui pourrait tout à fait revendiquer le titre de fédération mais ce qui ne ferait qu’ajouter de la confusion au trouble ambiant. Nous défendons donc le principe et le fait que ces Arts Classiques représentent à la fois l’art du poing de Chine (Zhonguo Quan) mais également des pratiques énergétiques et philosophiques, sinon artistiques ou culturelles comme la calligraphie, ceci dans une tradition chinoise que l’on peut qualifier d’authentique ou de classique. Comme je l’ai précisé elle pourrait se reconnaître dans la catégorie des « pratiques destinées à entretenir la vie » (Yang Sheng Fa). Nous avons, depuis peu, établi un contact privilégié avec la Chine en participant à l’action du groupement des pratiquants et enseignants de Shenzhou dans le Hebei et dans la réalisation d’un mémorial dédié à la mémoire de Li Laoneng l’initiateur des cette branche particulière du Xingyiquan dite « Ziran Men ». Avec cette reconnaissance mutuelle dans la filiation directe de notre pratique et de notre enseignement un pont est donc établi entre La Chine et l’Occident concernant cette tendance liée tant aux Arts Externes (Waijia) qu’aux Arts Internes (Neijia) ainsi qu’aux pratiques énergétiques de bien-être, de santé et de longévité (Daoyin Qigong et Neidangong). San Yiquan, bien que développée en Occident, particulièrement en France, en Italie, en Espagne, mais également en Amérique avec le Quebec, le Guyane Française et le Brésil, s’inscrit donc désormais dans la très longue tradition des Ecoles Chinoises de l’Art du Poing puisque notre filiation remonte directement à Yue Fei. A partir de la branche du Xingyiquan Ziran Men du Hebei initiée par Li Laoneng je représente la cinquième génération (Li Laoneng, Guo Yunshen, Wang Xiangzhai, Wang Zemin et Georges Charles – Cha Lishi). Grace aux enseignants que j’ai formé et qui représentent la sixième génération et aux enseignants qu’ils ont eux même formés nous en sommes actuellement à la septième génération. Le compte de générations à partir de Yue Fei (1103 1142) demeurant impossible à établir. Je souhaite que ce pont établi entre les traditions chinoises et occidentales puisse se consolider au cours des années et des générations à venir et si on pense, par la suite, que j’y ai pu y contribuer ma tâche sera amplement accomplie. Georges Charles. Traduction de Yanna Guo. Remerciements confraternels à Olivier Chouteau 从枝桠成长为大树 乔治•查理 我习武与授艺的源头:土壤。 一方面,我任职全国技术总监的法国中国武术协会(FNBC)选择代表中国外家和内家(传统)武术,即与中国及华人聚集区建立联系。 我有调查结果表为证。这份调查结果表是我根据 »信息自由 »的法律规定得到的。 在日本和西方,同样的情况发生在合气道及其创始人Morihei Ueshiba大师身上。大师大部分的内家徒弟(Uchi Dechi)成为直系嫡传,他们拥有授武师傅的权利,使用异于 »合气道 »的其它名字。实际上, »合气道 »名字保留给大师的儿孙,他们继承教派的领导权利。 Tohei采用Shinshin Tohitsu的名字,Noro采用Ki No Michi,Nakazono采用Onseido Kototama,Tsuda采用Katsugen Kai等等。因此,合气道成为通称,如果不是指东京合气会的话,那么最好应该指明它的倾向。事实上,与形意拳一样,合气道也分很多支,Aïkikai合气 道,Yoshinkan合气道,Sumikiri合气道,Yoseikan合气道等等。正如形意拳也有湖南形意拳,河北形意拳,在这些支派里又分意拳,比 如在河北一支里有五行拳,大成拳,liananquan,三一拳,内联拳等等。 传承:插条 同时,我放弃了在一个农业产品公司的销售管理职位。因为上层写信告知,需要我在职业生涯和授武活动两者之间做个选择。 一些已经售罄,但在网上深受欢迎 (论生命能量–Encre出版),另一些比如1983年出版的功夫健身练习 (Albin Michel出版)仍在发行。 非本土文化遭遇的问题 惟一的官方认同是一份巴黎审判庭(18分庭)的判决,上书 »乔治•查理,中医及功夫专家…… » 功夫从来就是师徒相传,简简单单,却能够产生一定的价值(这价值并不是目的),即: »保持健康,自我防卫,醒脑明目,并且可能改变命运的轨迹 »(Sun Lutang)。这是完全高尚的行为并且可能需要一生的时间来实现。尤其是它并不需要任何的证实。本就如此。 存在,即行为。 第20条 1 每个人都有和平集会和结社自由的权利。 2不得迫使任何人隶属于某一团体。 树与林Traduction de la Conférence de Georges Charles « De la bouture à l’arbre » en chinois
我自1958年起开始习武。二战刚结束时期,父亲是名柔道运动员,师从Minosuke Kawaishi。因此他让我进入Enghien的青年柔道俱乐部练习柔道,教练是Riva和Dupuis。但柔道并不适合我,我在1960年改习空手 道,师从Henry Plée,他是西方空手道的先驱。我因而能够有机会受教于几位日本大师,如Murakami, Kase, Mochizuki, Nanbu。1966年,我在Dominique Balta的指导下练习合气道,Dominique Balta是Masamichi Noro, André Nocquet 和 Jean Daniel Cauhépé的弟子。
因此,自创始人Morihei Ueshiba以来,已经是第三代传人。1968年,我师从刚刚抵法的Lee Kwan Young学习跆拳道。1969年我开始在美国实习,同时也为Shin Yun Hun工作,任费城学院跆拳道辅导教师,现一般称为教练。
同时,我还在费城大学校园教授合气道的课程。正是此时,我有幸在与习练擒拿术的学员的接触中发现了中国武术。我们切磋交流,中国武术系统的丰富性,多样性 以及逻辑性给我留下了深刻的印象。通过他们介绍,我与他们的师傅见了面并保持了很好的联系。他为我给居住在旧金山的一位中国大师写了一封介绍信,我和表弟 便前去拜见。大师的教名为Shen Tian Shi,是一所中国文化中心的负责人。实际上,这所中心是对公众开放的灵宝明道教团体。大部分学员为亚裔,我们受到了很好的接待。我们与Shen Tian Shi大师相处融洽,他十分惊讶于我阅读李约瑟的作品,因为大师本身也十分熟悉他的作品。我在他的指导下练习一种导引气功,当时被称为 »传统中国体操 »或 « 中国瑜伽 »。我回法国服兵役时,询问他是否在巴黎认识中国武术师傅,他肯定地回答了我并主动为我写了一封引荐信。他跟我解释说,Wong Tai Ming是个商人,但同时也是一位世俗道家师傅,教授 »中国拳术 »。 »中国拳术 »在美国通常被称作中国功夫。我回到法国后,Wong Tai Ming恰好在旅行,于是我决定跟随越南籍教师Hoang Nam进行暑期实习。他教授空手道,Kung-Fu Kempo 以及太极拳。这些课程让我更加渴望继续学习中国武术,并且将来能够教授中国武术。Wong Tai Ming(实名王泽民)收我为学员。他在家中授课,当天气很好时,也在附近的植物园授课。我是学员中惟一的西方人,其他学员都是比我年长很多的中国人。王 泽民经营一家进出口贸易公司,他经常到远东。后来我得知他是叶问大师的私淑弟子,名列教派历史档案。他也是河北形意拳大师王芗斋的门下弟子,因此是形意拳 的第四代传人(李老能,郭云深,王芗斋……)。他祖籍杭州,继承家中外家、内家以及灵宝明道教形式的传统。他还继承了多种武器,包括一种 »古老而神秘的武 器 »–岳飞将军的沥泉神矛,沥泉神矛应该是形意拳的发端。王泽民醉心于中国文化,声称他祖先中有明朝哲学家、社会活动家王阳明(1472-1523)。
他流利的法语口语有助于传授武艺和教授理论。
我在他的指导下习武近十年,他建议我到远东实地习武。1973年至1977年间,我去过几次。
期间,1973年,我在首尔Kukkiwon取得跆拳道三段。
但从1973年起,我完全转入中国武术的习练。
由于他的推荐信,我在香港和台湾都得到几位教练的友好接待。
那个时期,中国大陆对外大门紧闭,因此我只能去香港,台湾以及新加坡和曼谷的华人聚集区。
我结识了洪拳的Chan Hon Chung师傅和Yuen Yik Kai师傅,咏春拳的Tang Sang师傅和Leung Ting师傅,以及太极拳和形意拳的Lee Yin Argn师傅,并与师傅们一起习武。
同时,我取得了教练资格并成为香港中国武术协会(HKCMAAL)和中国武术协会(KFROC)的成员,得到师傅名号。
1974年,王泽民允许我在外家执教,我在Enghien弗朗索瓦•维庸体育中心执教。
我在1974年开始正式教授洪拳、螳螂拳(北螳螂拳)和咏春拳这外家三派的基础武术,并且教授长棍,剑术,刀术以及铁扇功。起初是在弗朗索瓦•维庸的体育 中心,后来在Enghien les Bains的青年柔道俱乐部。此处正是我1958年开始学习柔道的地方。
自然,在课程的第一部分,我采用 »中国体操 »即导引气功作为 »热身 »,做身体、呼吸和能量准备。这种做法显然在法国甚至欧洲都开了先例。
此后,我在巴黎和纳伊开了几门课。在纳伊我遇到了Alain Setrouk,他教授极真空手。Oyama大师创立的极真会与Kennichi Sawai保有良好的关系,Kennichi Sawai是王芗斋的弟子,在日本教授Taikiken(日文形意拳)。我借此结识他的一位西方弟子Ian Kallembach。另外,我们共同参与了一期Budokas 杂志的编写(1977)工作。
此时,法国中国功夫协会(FNBC)成立,其前身为Hoang Nam创立的法国功夫Kempo协会(ANKFK)。我曾相继任技术顾问及全国技术总监。
法国功夫Kempo协会(ANKFK)聚集了数位越南教练,教授当时名为 »Kung-Fu Kempo »的功夫。
作为技术总监,当时我主要负责推广从外家和内家风格延伸而来的中国传统教派,并使之得到承认。然而,这种推广产生了一些问题。主要是面对旧的 »Kung- Fu Kempo »功夫。Kung-Fu Kempo主要聚集了越南派别、中越派别以及个人独创的方法(假如不称之为西方或西化方法)。
我几乎被当成 »清理人 »,在专业刊物发表文章,负责在模棱两可的情形下重新建立秩序。
这种 »清理 »以几个组织的分化而告终。
另一方面,一些教练,其中包括Hoang Nam的学生Jacques Chenal,选择加入法国空手道联合会(FFKAMA),即当时的 »官方 »协会。
大部分越南教练倾向于建立个人团体,当时包括Vovinam-vietvodao。
Hoang Nam大师决定单独行动,不加入固定的组织。
我则考虑发展中国拳术,并使其更具有代表性。
我曾希望真正的中国教派能够派遣一些有代表性的中国教练朋友来法国,主要是香港和台湾地区的朋友,但是他们说我们完全可以不需要求助他们,并且写信直言不很方便。
最终我处于孤立的境地,没办法有任何作为。
因此,我辞去了在法国中国武术协会的职务,回到了法国站禅协会(FFRZ),先后成为协会的技术顾问和全国技术总监。
这个协会聚集了日本和冲绳(Tode, Tomarite, Kobudo学校)的合气道,居合道,空手道,禅坐,太极拳。它受禅宗运动影响很深,其中有Pierre Portocarrero。
我掌管的三一拳派属于中国式站禅(运动或站立的冥想,即人称的 »树姿 »),与日本的禅坐同出一宗,这是我能够顺利融入这个协会的有利因素。
然而,中日在座禅,禅坐和站禅之间的理念大不相同,分歧很大,最终使得协会内部的机构都极为复杂化。
因此,我再一次决定辞职,虽然这次辞职的原因与上一次不同。我辞职后不久,协会便停止一切活动。
1978年,我创办了中国传统武术学院。
学院初址在巴黎阿姆洛街48号。
当时我在Century和Budo Brothers两家保镖公司做贴身保镖。我在Budo Brothers负责保镖的培训,任技术总监。
这两家公司提供保镖和保安,我负责在格斗方法的技术培训以及社会司法方面的理论培训,这种培训开了先河。
Budo Brothers的老板得知我在巴黎为学院寻找一个地址,他很友好地建议我采用他公司的地址,并可以利用公司的行政设施和训练场地,我欣然接受。
他也刚好创立了一个协会,便要求我去巴黎市政厅提交他的协会章程。同一天,即1978年12月18日,我在市政厅提交了他的协会章程以及我的中国传统武术学院的章程。
不久,官方报纸便报道了这件事情。
随后,几个显然不怎么喜欢我,也不欣赏我的活动的人别有用心地告发中国传统武术学院与一个培训保镖,贴身护卫,警犬,保安和安保人员的机构地址相同,并且两个机构的章程于同一天提交。
自然,我们这两种活动很容易被混淆,虽然除了地址相同而外,其它毫无瓜葛。
总而言之,他们指责我为 »间谍 »,或者至少是在招揽形迹可疑的人,干些不可告人的勾当。
事情闹的很大,以至于教育总局立案调查,当然没有发现任何不法之处。
确实,我以前从事保镖活动,后来仍然与保镖领域的一些负责人有来往,尤其是与他们管理的丁香俱乐部和十八世纪俱乐部有密切联系,这一切都被那伙不怀好意之 徒所利用,继续炮制一些令人恼火的谣言。我只想说明一点,我从来没有将我的习武与教授中国侠义武术的活动与任何其它活动混为一谈。虽然在格斗术与武术领 域,我们确实更常遇到从事防卫活动的人,而不是修修补补中国瓷器的人!
不幸的是,这种负面形象不是那么容易处理,那伙人造谣中伤,诬陷我是内家(太极拳和气功)的右派坏分子,一个粗野不堪的家伙。
然而,另一方面,比如在外家和格斗艺术领域,我却被认为是一个左翼知识分子。两面形象一中和,差不多我的真实面貌就显现出来了:实际上,我不是一个极端分子,而是 »中庸 » »平和 » »良善 »之道的信徒!
期间我做了一百多场示范表演,与众多的包括空手道领域(Plée ; Habersetzer ; Portocarrero…)和合气道领域(Nocquet ; Cauhépé ; Balta…)的武术教练建立起联系,目的是推广中国武术尤其是导引武术。
大部分武术训练的准备活动如同学校体操课,仅仅是做俯卧撑,走鸭步,腹肌训练以及围着场地跑跳等。而我希望在其中加入更传统的能量练习。这种变化不知不觉地运用开来,并被一位很有名望的教员称赞为 »巴黎现象 »!
我打赌,如果我是一名舞蹈者的话,我肯定希望在舞蹈课的准备活动中加入这些传统能量练习,今后气功肯定融入舞蹈协会!
我这样夸口显得很自负,但只要看看在一些武术领域比如合气道甚至柔道尤其是Taisu在准备活动方面的发展就知道我所言不差。
更不用说太极拳了,它之前几乎没有任何准备活动。而功夫则在准备活动方面,完全照搬空手道。
1979年,王泽民决定退休。他退隐台湾,把武馆交给我。我接任期间,武馆也从联还拳更名为三一拳。
在 »演变 »(有人译为 »自然 »或 »本能 »)形意拳这一具体分支里,从李老能起,每一位有称号的教练,即取得传承资格的教员,都应该采用自己的或独特的派名。这一点,不用说西方人,甚至很多中国人都难以理解。
一般来讲,形意拳尊岳飞(1103-1142)为始祖,岳飞至少是岳氏六合意拳的创始人(郭云深墓碑为证)。其主干则是形意拳的 »古老 »形式(或者说 »正 统形式 »)(老家),而主要枝干的分布则依照中国区域划分(尤其是湖南,山西,河北),例如李老能的河北分支,然后其继承人形成二级分支。在某种程度上, 这表明了形意拳的分化,而不是断裂。形意拳重 »形 »轻 »意 »。
李老能希望 »意 »比 »形 »更重要, »形 »不再占主要地位。因此,在这个基础上,他的学派命名为 »意拳 »(另外, »意 »或多或少是不可直译的,除非从能量意义来说,它是脾脏实体!)
他重 »意 »的一个原因是参照了岳飞及岳氏六合意拳。岳飞是使用 »意拳 »说法的第一人。
另外一个具体的原由取自《礼记》孔子所言(白话翻译):
« 教派的名号属于其创始人,创始人离世,名号随之消失。如果弟子得到创始人的同意,愿意创办教派,则他无论如何不能使用原有的名号。他在新名号中可以部分保留原属教派名号以表示对创始人的尊敬。 »
因此,随后,郭云深命名他的教派为五行拳,他的继任者王芗斋命名为大成拳,他的继任者Kennichi Sawai以Taikiken(这是形意拳的直接日译)命名,王泽民采用Liananquan命名,并要求我命名教派为 »三一拳 »。
可惜的是,1949年后,可能王芗斋觉得脱离了儒教的束缚,重新启用 »意拳 »为名。这以后,他同时使用意拳和(或)大成拳,导致名称混乱。
从此,再没有指定的传人,只有教授武术的教员,而这些教员并不负责教派传宗。事实上,他们大部分不能理解为何要改名为意拳–大成拳,另外,也不清楚应该优先使用哪个命名。
王泽民却遵守老传统,始终在为他的武馆物色一位继承人和一个新的名号。
很显然,想让西方人理解这种派别方式非常困难,对他们而言,足球就是足球,网球就是网球。虽然拿足球来说,美国人发明了美式足球;拿网球来说,还有桌上网球,即乒乓球。
事实上,通用的术语仅适用于非武术习练者、新近习武者或是一窍不通的门外汉。习武者从来不会对此提出任何问题。正如齐达内只是会说他 »踢球 »。
对于 »功夫 »一词更是如此。功夫仅指 »知识 »或 »能力 »,若要懂得如何运用,则需指明是 »武术 »,直译为 »勇敢者的艺术 »或 »勇猛的艺术 »。在西方,武术被延伸为战争艺术,尽管严格来说,战神与其扯不上任何关系!
因此必须要指明,比如说洪家拳功夫武术或者 »洪家的勇猛的艺术 »。这对于只知 »玩功夫 »的西方人来说太复杂。他们像游客一样 »摆弄功夫 »,正如他们 »摆 弄 »中国, »摆弄 »泰国, »摆弄 »金字塔,正如他们摆弄年纪,摆弄生气,摆弄梗塞一样……
在西方,尤其是在法国,人们 »摆弄 »合气道,功夫,太极和气功。然而,更准确的说法应该是习练Aïkikai或者Yoshinkan的合气道,习练洪家 拳,梅花桩,陈式太极拳或杨式太极拳,大成拳派形意拳,maochan,Jingdan或灵宝导引气功。
我们必须承认,这些还是有些许不同的。
直到1979年,在王泽民任命我为继承人之前,我只教授武术。然而,自三一拳诞生的时刻起,我明白从现在开始我有了传承的责任,因为从此我成为liananquan传承的三一拳派掌门。
王泽民举行了拜师会,收我弟子,然后,又举行了另一个仪式,指派我为掌门人。
王泽民的中国弟子们显然不满意他任命我为门派继承人。
后来,他们让我明白,他们不会尊重这样的传统。因为据他们所知,中国传统从来不会将教派传承给一个三十出头的西方人。
同样的问题最近也发生在太极拳的一个教派的继承问题上。当时的掌门在去世之前,任命一位追随他习武多年的西方学生为掌门。
他去世后第二天,这位西方学生遭到警告,说她在中国没有呆下去的必要,最好识相地回自己国家。
她于是回国了。
但是我不得不抱歉的说,王泽民任命我为继承人并不是没有道理,因为他的中国学生年龄与他本人相近,都70岁上下,他们中没有任何一人想要将武术传播给非华人,哪怕是与他们同一家的中国人。
这样一来,王泽民在法国–甚至在西方–传播授武的基业将不会有人继承,因为他其他的徒弟没有一个儿子孙子或侄子外甥愿意掌舵。
王泽民告诉我,他已经采取必要的步骤,使我作为他的继任者的头衔在香港和台湾地区有关协会得到承认。
然后,他便隐退了。
从那时起,我深深地感到一份责任,一种义务:传播王泽民传授于我并传承于我的一切。
我决定完全投身其中。
我要说明,我教授武术丝毫不影响我的工作业务,但是显然还是会带来麻烦的。
我于是选择了教授武术。
我的收入骤减,我因此不得不从事保镖活动谋生,这也是武术教练常常做的。
保镖是新兴的职业,没有良好的体制。在公众或者非普通人物的贴身护卫方面,它通常成为警方的替代。
我参加过多次行动,不久,便被委任负责保镖训练。
由于保镖活动带来的各种麻烦,我辞了职,因为护卫行动常常超出简单的保镖的范围。
但是我与当时几个保镖公司的头目仍保持良好的关系,他们中大部分也是Dojos或搏击俱乐部的头目。
我常利用这些俱乐部的场地教授武术,但是我的教学活动与保镖活动没有任何关系。我认为,保镖活动与武术精神是相悖的。
我逐渐退出保镖行当,开始了写作生涯。作为特约撰稿人,我在专门的报刊杂志上发表过关于武术、远东、健身术的许多文章。另外,也撰写了关于这些题材的几部专著。
目前大约有20多本。
另外,我还写了两本关于中国美食与营养学的书,一本关于古代中国武器的书,参加编纂了一本关于针灸疗法的书,等等。
另外还有一些关于中医,冥想,中国健身术,风水,中国生肖等等特刊。
我醉心于关于这些主题的不计其数的书本之中,并且尝试使法语读者更好地了解这些知识。
另外,还有一些专业书籍,现在已成为拳术界和养生与参悟术界内的参考书目。
此外,我在巴黎和巴黎大区教授武术。并在巴黎、法国、欧盟及其它国家见习。
自1974年起,在法国传播功夫,需要考虑到一个情况,即它当时既不被认识也不被认可,甚至没有一个专属名称。它接连被命名为中国传统拳击,中国瑜伽,中 国传统体操。Amiot(关于中国历史,科学,艺术,风俗习惯等的回忆录–1779年)和J Estradère(关于按摩的记载与手法–1884)使用Cong-Fou一词,de Sambucy(了解瑜伽–东西方的综合,功夫分析–1973)使用Kong-Fou一词,指的并不是战斗的实践,而是Maspéro(道教与中国宗 教–1971)所描述的导引体操或者说是 »引导气息的程序 »。另一方面,在我曾学习过的美国,功夫(Gongfu)这个词主要是为那些非华人所创,因此 非常西方化。看来,趋俗的商业化考虑已经极大地玷污了这个词。
人们习练或者传播 »气功 »和 »功夫 »,然而却并不自知。这些功夫的通称要等到80年代才正式登陆法国。实际上,自从王泽民在50年代初,我本人在70年代中便早已开始教授传播功夫。所以说,不能太过超前,先驱者不好当。
自1975年起,我在几份专门的刊物如空手道,空手道武术师,Budo杂志,Do和Jistsu,Bushidao发表了几篇关于中国功夫的重要文章。对 外家内家背景下的中国功夫教派做了钩沉,具体阐述了其中重要的几家教派的历史,如很重要的少林派。不久之后,不少教派拥有了派名,或者更改了派名。
另外,我还发表了关于 »中国体操 »或者 »中国瑜伽 »即关于气功的几篇文章,阐明了主要几派的渊源。我要指出,正是由于Dr de Sambucy,在1973年我才开始传播 »气功 »即 »功夫 »。因为Dr de Sambucy对此有论述,却未习练过气功。
一时的新奇过后,一些俱乐部也做了将气功纳入其中的尝试,但是一些已经成立的教派如柔道和空手道对其充满敌意,当然有俱乐部之间的压力和矛盾,也有联合会内部企图 »收并 »这些功夫的问题。
因此,我接连将我的学生注册到柔道、空手道,Kung-Fu Kempo,中国拳击,禅站,太极拳,功夫,武术,而功夫从来没有作为一个教派被认可。
当然,有人推荐我列入很高的级别,其中有七段级别。但是我最初的学生和助手都仍然是 »黄带 »,即入门级别。除了在一次与FFKAMA(空手道)友好协议 中,我最初的学生与助理中有6名在这个联合会内部(联合文凭)被加为黑带(没有段别!)。然而,这个协议无论从内容还是形式上,从来没有被承认过。
正是在那时,我决心在1901年法令的框架内,将三一拳独立,并联合其他几个组织组成联合机构(1984),后来成立道教传统艺术协会(1993)。
从1980年起,我出版了二十几本作品以期更好地传播功夫的艺术、技巧及背景:身强体壮-Encre出版;我如何开始练习功夫-Retz出版;功夫健身练 习-Albin Michel出版;古代中国兵器-Amphora出版;针灸艺术(合著,GC撰写五行部分)-Masson出版;形意拳,功夫武术内家艺术- Sedirep出版;女子防身-MA Edition出版;论生命能量-Encre出版;太极拳8门13式-Encre出版;叹为观止的中国营养与美食艺术-Encre出版;龙之仪式- Chariot d’or出版;龙床-Chariot d’or出版;龙桌-Chariot d’or出版;长寿食谱-Michel d’Orion出版;静谧功夫-Budo Editions出版,等等。
我在《自然生命》杂志撰写200多篇文章,并创办了双月刊杂志Tao-Yin,任主编。后为此杂志(Arys出版集团)撰写了6本特刊(远东的功夫;中医;冥想;中国茶艺;风水;中国餐饮与营养学)。
如果算上我在整个法国,欧洲(意大利),美洲(加拿大、魁北克、圭亚那)做的武术表演的话,我相信可能没有人在传播功夫及其哲学文化背景方面做的比我好。
但我最终只是成为一名论述功夫的作者,专栏作家,编辑甚至是历史学家(有时候是过时了的)。
不过,没有人敢,当然也不能,质疑律法的判决的!
我要指出,包括我在协会和联合会的活动在内,我从来没有得到,也没有索取任何形式的官方帮助或资助。
在习武和授武的经验中,我逐渐体会到西方与亚洲的思想有着质的不同,这种不同与对立的哲学观密不可分。
对西方人,尤其是法国人来说,笛卡尔主义的影响根深蒂固。它与理性–或者进一步说,与莱布尼茨所表达的事物的理性–紧密相连。因此,任何行为须有理 性,即原由,任何行为必须经过推理且合情合理。这样一来,行为便可被验证,尤其是可被辩护。不能验证便不能行动。我思,故我在。思想之外不存在任何东西, 因为我不在。
正相反,影响了远东大部分国家(日本,越南,韩国……)和部分东亚国家的中国古代思想的基础为价值是德(如同道德经中的德,即道德或者德之道)。
只需德显(德是马基雅维利所说的王子之德,或植物的药用价值美德),礼则立。在某种程度上,德即为生。(因此)没有任何验证的必要。我不是(并不说明我过 世了)什么,我不思(并不说明我接受精神治疗)什么。我们因此可以删掉因此。我们可以存在,不需要思(也不需要接受医治,不需要消费,不需要报答,不需要 施舍……),也不需要 »因此 »这个说法。(因此)不需要证实。存在就足够。只要存在。植物存在。它有自身的价值,它的 »德 »。但是它不需被证实。一株植物 消失是遗憾的事,但并不是因为它有用,所以它的消失才可惜。这株植物不应该消失。就是这样。它本来可以治疗一种现今还没有出现的疾病与植物本身无关。这正 是我们智慧的祖先所称的 »简单之德 »。此后,依据科学,我们划分这类植物有用,那类植物没用。植物存在并不是为了有用或没用。它存在。它(没有因此!)有 必要的德。如若我们知道它的德,它只是变得更有价值而已。当一名中国弟子向他的中国师傅提问为什么的时候,师傅自然地便回答他说因为本就如此。师傅只需要 展示某一动作或功夫的价值(德),事情便完全清楚明白,弟子也谢过师傅作答。在西方,当学生提出问题,教师应该立即回答他以无数的解释,解释如何,多少, 地点,时间。最后,他不得不验证自己的回答,并且最终还要自我证实。他应该给出理由并且解释为什么是这些理由,这些理由如何能够保证一种或许可能有效的理 性的运用。没有论据的单纯事实不足以为证明。实际上,人们仅满足于一件事情是理性的,即合理的,却并不管它的价值,即它的德。针灸疗法之所以得到承认,仅 仅是因为西方的一位名为Darras的教授成功地证实了经脉的运行:他在患者的腿上注射了一种放射性物质,并且X光观察。他并不管针灸疗法已经存在了三千 多年,帮助数百万中国、日本、越南、韩国和西方、美洲或非洲的患者减轻痛苦或痊愈。对他来说,惟一重要的是他的科学证实:如果经脉存在,那么针灸便存在。 针灸的有效与否无所谓。只是在针灸的存在得到证实之后,人们才观察它的效用,讨论它的作用。却并不询问有经验的中国针灸专家。人们向我们证实说针灸对老鼠 起作用,因为当拿针灸的针(确实是针灸的针!)扎老鼠时候,它们产生反应,释放出安多芬。如果是拿铅笔敲老鼠脑袋的话,它一样产生安多芬,但是这个结果却 不能进入老鼠对针灸反应研究的科学范围!另外,应该指出,那些针扎老鼠的实验者几乎不可能是有经验的针灸专家。如果我们懂得针灸的中文译法,直译为 »针与 烧灼 »,或 »铁与火 »,即最终的 »针与灸 »,我们便知道不仅有男人女人的人类的身体模型,同样也有马、牛、狗、猫的身体模型,但没有鼠的模型。很难得知那 些对针灸一窍不通的实验者如果能够懂得经验老道的针灸师所不去深究的事情,即在鼠的身上究竟有没有针灸穴位。实验者随便敲这些老鼠的什么地方,就可以证实 它们有疼痛感,并且自然而然的,这种疼痛刺激止疼物质安多芬的释放。我们随便扎一针便产生疼痛感的老鼠并不能解释针灸的存在。然而,正是由于我们从此掌握 了原因与论据,我们便可推断出针灸在某些条件下存在。
与此同时,数百万患者接受针灸治疗,他们并不过问针灸存在与否,而只是等待它的效用。由于针灸确实有效,他们便很满意,继续接受有经验的针灸师的服务。这 些针灸师从来没有在老鼠身上做过科学实验。他们认为可行的经验方法比只对实验室里的老鼠起作用的科学方法更有效。
习武与教授中国传统拳术和养生术也是一样的道理。
我懂得为什么当我们问一个中国人问题时,他回答 »太复杂了 »并且有时还加一句, »很难明白的! »,而心里却想 »不管怎么说,不是中国人的话,就算我试图解 释,你们也不可能理解 »。实际上,他只是不想解释,尤其是不想自我证实。这就是为什么他还要说 »功夫的秘诀是在功夫之中 »,心想 »不需要问那么多问题,练 功就行,不要强求理解 »。
因此,郭云深说 »功夫不难,因为行动不难,但是得到结果却不简单。应该做的是以最少的约束达到理想的效果 »。
这也正应了庄子所言(白话翻译): »循路走,便是行道。正法可修炼。修炼即达到德(或结果)。当我们达到德的境界,我们便近于道。此之谓也。 »。
Audiard在去托卜鲁克的出租车上说的对: »一个走着的蠢货比两个坐着的聪明人要行的远。 »
德存于行之中,而不是理或论中。
并且,要理解中国的哲学,至此才走了一半的路,因为中国古代思想尊崇 »无为 »之德,即不作为,不干涉。
这完全不是说不行动,坐着什么都不干,而恰恰要求所为无因。此即为 »正为 »。
有为,即如此。
我们一旦握弓(或毛笔)在手(体,结构),上弦(导引)(形,形式),搭箭(气,呼吸),瞄准靶心(精,本质),拉弓,屏息,正意(意),放神(神),只 需放弓(无为),箭中靶心(中)。或磨盘(体),磨石(形),墨汁(精),研磨(动)集合 »三一 »,毛豪(气)入墨(正精),意动运笔(意)于宣纸之上 (神),以 »生它物 »(化),即符号字画(像)。(王阳明)。
《易经》有云: »正人知进退(动,即再生),知取予(接收与行为,即处世之道),知存舍(为人所用)(正为),而不失其正。 »
《礼记》详说道(白话翻译): »箭中靶心,评判只需言 »中 »!所有人便赞许。 »
目标已经达到,无需手舞足蹈。
功夫为武艺之一,无需证实,无需解释。
这正是授武与要求有凭有据的西方接受的大不同。
然而,一个西方人在这个问题上已经明确给出了他的观点: »那些能够传播传统教理之人无须与外行争论或笔战。他们只需原原本本地为能够理解的人阐述教理,同 时,照实指出运用教理中的谬误,以真知改正它。他们的角色并非卷入争论,连累教理,而是依照他们拥有的权利做出判断。 »
René Guénon–现代世界的危机
他在书的封底又写道: »现代世界的一个特质是东西方的分化。……一旦两种文明基本原则相同,它们只是体现了不同情形受条件限制下的应用的不同。形式迥异的 文明之间也会有某种平衡。这种情况发生在所有人们称之为普通或传统的文明身上。它们之间没有任何实质冲突,如果有分歧的话,也只是外在的表面分歧。但是, 如果一种文明没有任何更高形式的原则,甚至是建立在反原则之上,那么它便无法与其他文化和谐共存,因为这种和谐只有在高层次上才是真正的深邃有价值的。而 这种高层次正是反常、异质文明所缺少的。在世界目前的状态下存在两种文明:一是忠实地继承了传统思想的东方文明;二是自身反传统的现代西方文明。 »
这种说法可能有些夸张但却很好地说明了将中国的传统教育传播到西方、传播给西方人的困难性。
另外还有一种困难是观念差异,即必须将功夫组织纳入欧洲的西方民主体制范畴。尤其是在法国。
在西方,功夫原则上首先归类于体育活动。所以,理论上,它应当采用体育运动的组织机构且遵循其运作形式。也就是说,应当将功夫移入在体育运动中先前存在的 一些运动的模式中加以复制。先前的柔道或空手道已经有组织结构,功夫只需任凭同化以达到融入这已有的组织结构之中即可。但是,日本传统的武术与中国传统的 武术颇有区别,尤其是当它们存在于西方的土地上。这一点很容易理解。将太极拳与Shotokan空手道或者导引气功和柔道放在一起作比较,实在很难!因 此,让一位太极拳师傅在空手道联合会内部接受一位空手道教师的评判(我特意用了这个词)以取得联合文凭也实在是难!当然让一位功夫师傅在太极拳联合会接受 太极拳教师的评判也不可能。这些所谓的联合会和它们的影响在数年甚至数十年内严重波及到了功夫的习练与教学。自70年代起,每个联合会都声称能够或者愿意 以功夫及其师傅的利益为重,但实际上,它们却只是唯自身利益是图,除了签发一些无任何法律效力的文件之外,没有为功夫做任何事情。事实上,这些体育联合会 没有为功夫以及其教学的认可发挥任何作用,也没有兑现它们曾许下的诺言。其中还有体育部的纵容默许,因为体育部从来都不希望颁发国家文凭。原因很简单:无 论在西方或是中国,功夫都不是通常意义上的体育运动。它属于代代相传的历史文化遗产,不需要适应那些根本与其无关的东西。
尽管如此,在法国仍有一种适合传统功夫操练、教学和传播的管理机制,即受1901年1月法令管辖的非盈利团体。
联合管理机制实际上只能体现功夫的运动与竞技的一面,而这些团体确实可以将功夫的文化、社会教育、身体、哲学、教育以及体育的方面完全体现出来。
从法律上来看,这些联合会只不过是一些想要拥有联合会名号的协会,它们与非盈利的团体一样,也归属1901年法令管辖。因此,与这些团体相比,联合会并无 任何其他特殊权利。非盈利团体同样完全可以在体育部得到承认。得到承认的委托联合会惟一特权是可以组织官方的国家杯赛和锦标赛,且成为国际奥委会承认的体 育协会。
此时接下来便是决定功夫是否属于体育项目,能否进入奥运会。
如果功夫不期望作为一种运动被承认,不期望进入奥运会的任何项目,不期望组织官方的国家杯赛和锦标赛,不期望委托联合会颁发的级别或腰带,那么,它可以在1901年法令的框架内自行组织习武活动、教学活动和传统传承。它没有任何理由必须附属于联合会,这一点无可厚非。
此外,在这一方面,世界人权宣言明确指出:
依据法国法律正式说来,任何人不得被迫隶属于联合协会。
任何迫使加入联合协会–即使是官方委托的联合协会–的行为,都触犯了人权宣言。
如果教员愿意,1901年法令管辖内的团体完全可以职业化,即为其成员包括管理委员会和技术委员会的成员发工资。
职业化并不与1901年法令管辖下团体的非盈利性质相冲突,因为非盈利性仅指不分享团体活动所产生的利益。
另外,由于不颁发官方的国家文凭(DE),功夫教学在1901年法令管辖下的团体内部是自由的。
但是,作为联合协会官方框架之外的团体很难申请到社团活动场地,原因是通常一些不愿看到功夫教学壮大的人造成某些地方当局的不力或恶意。
此外,必须指出,悬挂在训练场地和相关地方的这些机构所谓 »官方 »文凭通常只包含了国家政府代表的署名,后面则是手写的文凭名称。
尽管在这方面有宽容,虽然这宽容显得很可疑,但这相当于是彻头彻尾的伪造。一份上面有书写 »功夫 »或 »太极和气功 »的空手道国家文凭从法律上来说并不能被 接受,因为后面手写的文凭是在文件署名之后。这完全可以被 »港口允许出口方格莫列顿呢拖鞋 »或者与功夫完全无关的东西所代替。
在联合会文凭(随便哪个联合会都可以自行颁发给随便什么人文凭)和国家文凭之间一直存在一个严重的混淆,后者有非常具体的标准,因为它由法令确定,一般说来,能够保证独立公正。
三一拳本身的理念建立在继承传统的愿望上,这一点至少在西方,对教学造成一些困难。
确实,体育或竞技武术的传播有其习惯的做法:一定数量的招式编入一组 »形 »(称为Tao,Tao Luan,Katas等),并且一般胜任能够或多或少已经设计好的打斗,而不是真正的打斗,这样差不多就已经达到最终目的了。当然,除了依据适用于某些培 训机构的西方标准建立起来的教员培训。
在此功夫与武术体育或竞技运动之间有一个混淆:武术体育或竞技运动惟一的目的是培养冠军或者至少取得体育成绩;这些培训机构的惟一目标是提供培养教员的教学培训。而在法国,对于太极拳和气功来说,绝大多数课程以愉悦和养生活动为主要内容。
同时,还有一种培训机构以职业模式专门培养教员,培养出来的教员的任务是继续培养新教员。这种特定培训一般只包含一至三年的见习,有其特定的课程,教学计 划和学分。严格的说,这并不是功夫,因为其目的只是培养一些从来没有真正习武也没有真正授武的教员。在经济危机期间,这种特殊的培训体制运行很好,因为它 提供了职业出路,颁发教学文凭,虽然这些教学文凭法律上说没有任何价值。得到文凭的人只在培训机构内部教授课程。
这好比是一支部队,只培训教导员或军校管理人员,却没有任何士兵。
这听起来不可思议,但其实已经司空见惯。
联合会也开始转向此种形式的非实地培训。而从前,它是采用学校管理体系,一定级别的学员接受实地培训以期成为教员。这种培训方式更容易理解。
三一拳是传统的派别,我们首先希望能够做到像几个世纪以来一样,将遗产传播继承。
其次,我们也希望培训学员。
如果学员中有希望转向教学实践的,他们首先应该实践多年,然后成为课程助理,即实地接受教学的特别训练。
他们要上一些为教学做准备的特别课程,参加见习,并且听取有教员资格的其他教员的建议。这些都是在聚集了前辈和教员的道教传统艺术协议内部进行。某种程度上说,这是西方的培训原则,但在教员培训中已被证明适用。
最后,我们希望培训活动是在合法的范围内进行。
我们已经说过,此种传统教学基础为三家 »外家 »教派:包括洪家拳、螳螂拳,咏春拳。以及配对的武器,包括剑、刀、棍、长枪、戟,铁扇和其它例如广东蝴蝶 刀、铙钹、链锤等的其它武器。它还包括河北自然形意拳的学习与实践,其主要武器为 »岳飞将军钩子枪 »(岳飞Gulianjiang);灵宝导引气功传承的 学习与实践(Lingbaoming xiaodanpai 导引法),包括道教冥想与其它各种特别的教学如中国饮食,道符及王阳明心学理论基本原则传承,包括三教合一。
这稍微超出了简单休闲活动或自卫方法的框架,尽管它是亚洲式的。
一直以来,三一拳很难融入 »武术 »活动或 »能量 »活动范畴,因其同时包容内外两家,因此拥有特殊的武器,同时有能量练习、养生练习、主动冥想(站禅)和被动冥想(zhouchan)。
它在中国被列入养生法,即 »维持生命的练习 »,因此将其列入西式的明确程式化的框架很困难。
尽管存在这种特别的困难,三一拳派作为王泽民50年代初在法国创立的、仅限于亚裔群体的联还拳的续派,在法国已经有34年历史。
也就是说,这种功夫在不同形式下已经在法国存在了60多年。
我在1978年成立的中国传统武术协会和道教传统艺术协会中培育或帮助提升了50多名教员,他们在我的建议指导下,都在1901年法令管辖范围内创办了社团。他们中的大部分都是真正的志愿者,因此他们在授武之外都有职业工作。
这些教员与他们创办的社团决定加入道教传统艺术协会,可以免受限制,不必将功夫教学歪曲成纯体育的或民俗的运动,以保持他们的独立性,继续传承我传给他们的遗产。
这种独立性在法律承认的框架内,能够保证我们习练、教授和传承这项历史、文化社会教育和传统遗产的自由。这称得上是一种联合的行为,完全可以申请联合会的名称,但以联合会做名称只能加剧已存的混乱。
我们因此坚守一个原则,即:道教传统艺术协会不仅代表中国拳术,而且也包含了中国能量、哲学、艺术和文化运动–比如书法,以中国传统来讲,称得上地道或古典。
正像我已经说过的,它是归入 »养生法 »一类的。
最近,我们与中国建立了一份特殊的关系,我们参与了河北神州习武者与武术教练团体,并致力于为形意拳分支即自然门的创立者李老能建立纪念馆。
我们的双向认可,为中国和西方搭建了一条桥梁:通向外家与内家艺术,养生能量功夫,健康和长寿功夫(导引气功和内丹功)。
三一拳尽管发展于西方,尤其是法国、意大利、西班牙、美洲的魁北克、法属圭亚那和巴西,却从此归属于中国拳术的古老传统的继承,因为我们三一拳始祖可以直接追溯到岳飞。
从李老能创建的河北形意拳自然门一支算起,我是第五代传人(李老能,郭云深,王芗斋,王泽民,乔治•查理–查理士)。我培育了第六代传人,他们自己培育的教员,已经成为第七代传人。
自岳飞(1103 1142)始,教派谱系已经难以计数。
我祝愿中国传统和西方传统之间搭筑的桥梁在未来愈久弥坚,我在其中出过力,我的任务圆满完成。
乔治•查理