Morihei Ueshiba en Mandchourie

Un mot de Georges Charles après publication de cet article En publiant cet article, donc un résumé succinct des recherches que j’ai entreprises dès 1969, l’année de la mort du Fondateur de l’Aïkido, O Sensei Morihei Ueshiba, je n’ai eu pour but que de transmettre une information qui semblait maintenue sous le boisseau. Le simple fait d’oser apporter une hypothèse de la présence du Maître Fondateur de l’Aïkido en Mandchourie, donc en Chine, et d’une éventuelle incidence des pratiques chinoises sur l’Aïkido est apte à déclancher une réaction viscèrale et l’ire chez certains qui m’accusent, évidemment, de « mépriser les Japonais ».

Projeter son coeur plutôt que son épée

Sensei André Nocquet et O Waka Sensei Morihei Ueshiba

Meilleurs Voeux de Sensei André Nocquet à Georges Charles. 1969 « Merci de vos  Voeux Me Charles, recevez mes miens de bien fidèle et cordiale amitié. Signé André Nocquet. Dos de la carte précédente. Georges Charles n’était pas élève de Maître Nocquet mais a suivi de très nombreux de ses stages ainsi que de nombreuses projections (8mn) des films tournés au Japon sur le Fondateur O Waka Sensei Morihei Ueshiba.  Georges Charles a néanmoins été l’élève et le Kôhai de Jean Daniel Cauhépé puis l’élève, en Aïkido, de Dominique Balta, lui-même élève de André Nocquet et de Masamichi Noro, disciples de Morihei Ueshiba. On imagine mal une « bien fidèle et cordiale amitié » de André Nocquet vis à vis de quelqu’un qui aurait en quoi que ce soit méprisé l’Aïkido ! 

 

 

 

 

Ce n’est pas le cas, mon souhait est, simplement, de rétablir une partie de la vérité historique et d’éclairer un épisode fort peu connu de la vie de ce Maître exceptionnel que fut Morihei Ueshiba O Sensei. Juste pour la petite histoire je précise qu’en 1969 j’enseignai l’Aïkido sur le campus de l’Université de Philadelphie et que c’est à l’occasion d’une discussion avec des étudiants chinois qu’un doute m’est apparu quand aux origines réelles de l’Aïkido.


Dominique Balta et Georges Charles au JJCE en 1967

Georges Charles a aussi été élève !

Par la suite il enseignera les Arts Martiaux Chinois à Dominique Balta

Ce dernier recevra du Maître Masamichi Noro l’autorisation de fonder sa propre Ecole, le Sei Ni Iki.

Il n’en demeure pas moins l’un des pionniers de l’Aikido en France et élève de trois disciples directs du Maître Morihei Ueshiba – Masamichi Noro, André Noquet, Arimoto Murashige. .


Georges Charles pratiquait l’Aïkido et le Iaido depuis 1966.

Sa ceinture noire et le Hakama lui furent délivrées par Dominique Balta, l’un des premiers élèves de André Noquet et de Jean Daniel Cauhépé, mais qui fut également élève du Maître Nakazono et du Maître Noro.


Photos prises en 1968 dans une forme de Iaido transmise par le

Maître Arimoto Murashige qui fut élève direct de Ueshiba O Sensei.

Qu’on le veuille ou pas Georges Charles fut donc élève de la 3eme génération et était Hakama du vivant de Morihei Ueshiba. .


Pratique du Tanto (1969)

Pour la petite histoire le Katana porté à la ceinture est signé

Ei Sho (1504) Ni Gatsu Ei (Un jour de février) Bizen (Province de Bizen)

Osafune (Village d’Osafune) Sukesada (Yosozaemon) (signature du forgeron)


Georges Charles, élève de Dominique Balta au JJCE de Enghien en 1968


Dominique Balta à gauche (barbu) entre André Nocquet et Jean Daniel Cauhépé

Mont Saint Michel 1964

J’ai évidemment reçu de nombreuses réactions à ce qui ne sont pas des affirmations préremptoires mais des informations qui, pour la plupart, ont déjà été publiées.

La première catégorie est « Vous avez bien fait de publier cet article car « on » le savait mais « on » ne pouvait pas le dire ».

Nocquet le savait, Cauhépé le savait, d’autres le savaient mais ils ont préféré conserver le silence bien que désormais Jean Daniel Cauhépé fait passer l’information et conseille cet article à ses enseignants.

La seconde catégorie est  » D’abord il y a des coquilles et vous confondez l’épouse de Morihei Ueshiba et son fils adoptif, donc tout le reste doit être aussi faux, c’est pas sérieux » et « Pourquoi méprisez vous autant les Japonais ? ».

Authentique !

L’erreur ne provient pas de moi mais de John Stevens et de Aïki News !

Donc John Stevens, l’historien officiel de l’Aïkido il a tout faux lui aussi !

Cela justifie parfaitement l’origine du terme coquille utilisé en imprimerie, donc entre « pros » de l’édition et de la presse : « Une coquille c’est une couille avec un q » (co(q)uille).

Et il est généralement question de faire subir aux mouches les derniers outrages. J’ai donc le plaisir de vous laisser à vos activités reproductrices.

« L’Etre réalisé considére les faits dans leur ensemble.

L’homme de peu s’attache délibérément aux détails »

Kongzi alias Confucius. Mais je vous propose de regarder ce qui suit ! Un reportage exceptionnel INAO sur l’Aïkido en 1964 avec le Maître Fondateur O Sensei Morihei Ueshiba, André Nocquet l’un de ses premiers disciples occidentaux qui permit le développement de l’Aïkido en France, Jean Daniel Cauhépé, son assistant et Dominique Balta, formé conjointement par André Nocquet et Jean Daniel Cauhépé, qui fut de 1966 à 1973 le professeur d’A£ikido et de Iaido de Georges Charles. Par la suite Georges Charles initiera Dominique Balta aux pratiques chinoises. Qu’on le veuille ou pas, Georges Charles représente donc et aussi la cinquième génération, à partir du Maître Fondateur, dans la transmission de cet Art qu’il enseigna sur le Campus de l’Université de Philadelphie (Philadelphia Institute) en 1969. Dominique Balta fut également le disciple et l’assistant du Maître Masamichi Noro lorsqu’il enseignait l’Aïkido et le disciple de Arimoto Murashige. Donc, désolé pour ceux qui débarquent, Georges Charles n’est pas uniquement expert dans les pratiques chinoises puisqu’il était ceinture noire d’Aïkido en 1968 et qu’il enseignait celui-ci tout à fait officiellement en 1969, l’année de la mort du Maître Fondateur.

http://www.ina.fr/sport/autres-sports/video/CPF04007420/aikido.fr.html

La disparition du Maître Masamichi Noro le 15 fébrier 2013

Cliquer ici Les origines de l’Aïkido sont elles uniquement japonaises ?

Existe-til un lien entre Aikido et Pa Koua (Baguazhang) ?

Que faisait le Maître Ueshiba en Mandchourie ?

Qui était le maître spirituel de Morihei Ueshiba ? Par Georges Charles

Le Maître Ueshiba en Mandchourie :

« Je suis allé en Mandchourie très souvent, j’y suis retourné chaque année…C’est pour cette raison que je fus toujours bien reçu »

Une petite explication. Cet article était initialement destiné au Magazine New Génération Tao auquel j’en avais réservé l’exclusivité.

Il était, en effet, destiné à répondre, point par point, à l’interview de Alain Tissier, enseignant et expert réputé en Aïkido, publié dans le N° 52 de NGT d’avril 2009.

Pour des raisons diverses, éditorialistes pour le texte et techniques pour les photos, il ne sera pas publié en l’état.

J’ai donc jugé nécessaire de le publier intégralement puisque les informations apportées concernent tout autant l’Aïkido que les Arts Classiques du Tao et, par extension les Arts Chevaleresques ou « martiaux » de la Chine.

Et également toutes celles et ceux qui souhaitent être informés sur les rapports ayant historiquement existé entre la Chine et le Japon et que l’on préfère souvent passer sous silence pour diverses raisons.

Ces raisons ne nous semblent pas suffisantes et puisque Monsieur Tissier s’est exprimé sur ce sujet assez particulier d’éventuels rapports entre le Baguazhang et l’Akido en les rejetant à priori, nous souhaitons apporter, et ceci pour la première fois sans ambages, un autre éclairage.

En effet les rapports existant éventuellement entre l’Aïkido et le Baguazhang (Pa Kua Chang ou Paume des Huit Trigrammes) ne sont pas une simple rumeur de vestiaire mais une hypothèse qui a été formulée par un chercheur chinois, le Dr Ying-argn Lee, hypothèse que j’ai contribué à développer dès 1976 en Occident et qui fut, par exemple, reprise par Dominique Balta, également enseignant et expert en Aïkido, du moins à l’époque, dans un de ses ouvrages.

Certains autres experts, comme Jean Daniel Cauhépé, ne sont pas du tout hostiles à cette hypothèse et ont constaté, également, des similitudes troublantes.

Nous n’irions pas jusqu’à dire qu’il peut exister une forme de xénophobie teintée de racisme dès qu’il est question des rapports existant entre « chercheurs » ou « scientifiques », sinon historiens, occidentaux vis-à-vis de leurs collègues chinois.

Mais, concernant des découvertes attestant de la présence d’ateliers de taille de silex et d’équarrissage organisé, donc de découpe systématique d’animaux, datant de deux millions d’années en Chine, le Professeur Yves Coppens écrivait dans le N° de Science et Avenir d’avril 2006 « …car le terrain est miné par la politique et l’idéologie. Les chercheurs chinois ont donc exploré avec constance les périodes les plus anciennes de leur territoire. Malheureusement leurs données intéressantes sont peu connues (ou reconnues) car publiées en chinois ».

En résumé ce qui est découvert et publié en Chine et surtout en chinois ne vaut pas tripette et incite probablement à la plus grande méfiance.

Les Chinois, comme on le sait grâce à A2, sont toujours suspects de nous vendre des raviolis, ou des informations, avariés.

C’est donc en français, sinon en bon français, que nous allons publier quelques informations que l’on retrouve, par ailleurs sur le Net puisque leur source principale est « Akido News ».

Ce qui est une sorte de « Pravda », sinon de J.O., de l’Aïkido mondial. L’interview de M. Christian Tissier dans New Génération Tao N° 52 d’avril 2009

ou du moins les extraits qui nous concernent :

Ce qui nous concerne, dans l’interview de Monsieur Christian Tissier, tient en quelques lignes. A la question « M. Ueshiba se serait inspiré des mouvements spiralés du Ba Gua Zhang pour créer l’Aïkido, qu’en pensez vous ? »

Christian Tissier répond :

« Je ne sais pas et très franchement je ne le crois pas.

Il est allé en Chine très peu de temps, non pas pour étudier mais pour construire un temple Shinto.

Il était alors accompagné par le révérend Deguchi connu pour ses revendications nationalistes (…) Enfin il faut replacer les évènements dans leur contexte.

C’était le fin de l’ère Meiji (…)

Les Samouraïs étaient une caste comme les chevaliers (…) ». Et ce que j’en ai à dire parce que Morihei Ueshiba l’a dit :

Je ne souhaite évidemment pas rentrer dans une polémique sur la forme avec Christian Tissier, qui a probablement ses raisons, mais il serait justement nécessaire de bien replacer les évènements dans leur contexte historique et particulier.

Il ne s’agit pas ici d’une croyance mais d’un fait.

L’ère Meiji se termine en 1912 donc bien avant ces évènements de Mandchourie.

Concernant la Mandchourie, donc la Chine , Morihei Ueshiba O Sensei, lui-même répond à un journaliste dans un interview fort connu et maintes fois publié, particulièrement dans « Aïkido News » :

 » Je comprend Sensei que vous avez beaucoup de rapports avec la Mandchourie. Avez-vous passé une longue période là bas ? « 

Morihei Ueshiba :

 » Depuis cet incident (un combat impliquant près de 150 personnes) je suis allé en Mandchourie fort souvent.

J’étais conseiller en Arts Martiaux pour l’organisation Shimbuden ainsi que pour l’Université Kenkoku, en Mandchourie.

C’est pour cette raison que je fus toujours bien reçu. (…)

Deguchi Sensei est allé en Mandchourie pour réaliser son objectif d’une communauté asiatique plus grande.

Je l’ai accompagné à sa demande (PS c’est bien Ueshiba qui accompagne Deguchi et non le contraire !) bien qu’on m’ait demandé d’entrer dans l’armée. Nous avons voyagé en Mongolie et en Mandchourie ».

Concernant Tenryu Saburo, un Sumo

« Oui, je l’ai rencontré lorsque nous faisions le tour de Mandchourie après la célébration marquant le 10 e anniversaire de l’établissement du gouvernement (du Mandchoukuo) ».
Si on excepte d’éventuels problèmes de traduction du japonais en anglais et de l’anglais en français on se rend compte assez vite que les rapports du Maître Ueshiba avec la Mandchourie ne sont pas tout à fait ceux que l’on prétend généralement à sa place.

Entre « très peu de temps » et « je suis allé en Mandchourie fort souvent » il y a un espace qu’il faudrait peut-être envisager.

D’autant plus que dans un autre article publié par Aïkido News Morihei Ueshiba dit :

« Etre retourné en Mandchourie chaque année » .

Mais malheureusement il ne donne pas de dates.

Entre la « construction d’un temple Shinto » (C.Tissier)et la « réalisation d’une communauté asiatique plus grande »(M. Ueshiba) il y a également une petite différence de compréhension des faits.

Dans un autre texte Morihei Ueshiba parle de l’établissement d’un « royaume humanitaire ».

Présenter, ensuite, le révérend Deguchi comme un nationaliste convaincu ne correspond pas tout à fait à la réalité historique.

Il est tellement nationaliste qu’il veut recréer de toutes pièces, avec l’aide de Morihei Ueshiba et de quelques disciples un « Royaume Céleste basé sur la Paix Universelle » et ceci au nez et à la barbe de l’Empereur du Japon et de ses conseillers et ministres.

Et qu’il veut replacer l’Empereur de Chine, Pou Yi, sur ce trône.

Il est donc accusé, au Japon, de crime de lèse majesté (car il ne peut exister qu’un seul empereur !) et devient de loin l’homme le plus recherché par la police (nationaliste) japonaise, la redoutable Gempetai.

Cette expédition fantastique, malgré l’accueil très favorable parfois même délirant de la population, tourne court car son mentor chinois Lu Chang Kwei à été manipulé par un autre seigneur de la guerre plus puissant Chang Tso Ling.

Enfin Deguchi et Ueshiba évoluent bien au dessus de la mentalité Samurai (dont la racine japonaise saburu signifie serviteur) et ils ont des rapports évidents avec les représentants de l’Empereur de Chine, dont le Prince Teh Wang, car ils se retrouvent sur des plans symboliques et initiatiques dépassant, et de loin, l’art du sabre ou de la torsion de poignets.

Désolé ! Ce n’est pas Jean Daniel Cauhépé, mon Sempai en Aïkido, qui me démentira.

C’est ce que reprocheront de nombreux disciples, souvent directs, du Fondateur de l’Aïkido qui ne comprendront jamais cette évolution dans une toute autre dimension et qui demeureront au niveau « martial » et « japonais » de son art.

Précisons encore simplement pour la petite histoire de la biographie de Morihei Ueshiba qu’il fut déjà envoyé en Mandchourie lors de la guerre Russo-japonaise et qu’il y fut en garnison en 1904 et une partie de 1905.

Et qu’il y retourna « officiellement » pendant la dernière guerre mondiale.

Onisaburo Deguchi parmi ses disciples, le premier d’etre-eux, assis à sa droite est

Morihei Ueshiba.

 

Lors du 10eme anniversaire du Mandchoukuo en 1942, il effectua une démonstration devant l’empereur de Chine Pu Yi qui lui portait une grande estime.

Mais l’histoire a voulu que tout cela fut quelque peu oublié et passé sous silence autant en Chine qu’au Japon.

Une piste en 1974 à Hong Kong.

Mais il s’agissait d’un chercheur chinois publiant en chinois !

En, 1974, à Hong Kong, un chercheur reconnu, le Dr Jason Ying-argn Lee, haut responsable de la Hong Kong Chinese Martial Arts Association, avec lequel j’avais eu une longue discussion sur les similitudes entre l’Aïkido et certaines formes de Chin-na Shu (arts des saisies du Bagua), me présenta un document chinois d’époque dans lequel le nom chinois de Morihei Ueshiba figurait en tant que Wang Shou Kao et qui attestait qu’il était bien représenté dans la généalogie de deux écoles de Bagua situées justement en Mandchourie.

Un de mes élèves-enseignant qui réside en Mandchourie, Yohan Radomski, effectue actuellement des recherches plus précises à ce sujet et tente de retrouver ces généalogies.

Enfin, pour ma part, je pense qu’on peut tout à fait continuer à transmettre et continuer à étudier.

Prétendre que le Maître Morihei Ueshiba aurait pu aller en Chine, ou en Mandchourie, « fort souvent », et se désintéresser des pratiques qui le passionnaient, fussent-elles locales, ou « indigènes » ne me semble pas très approprié ni respectueux.

Et au niveau du Maître Ueshiba on peut fort bien « étudier » sans être obligé de repasser par la case départ.

Il lui suffisait probablement de voir pour comprendre et il ne devait pas être nécessaire de lui répéter dix fois la même chose pour qu’il la reproduise et, probablement même, la perfectionne..

Or, dans une interview, toujours publiée par Aïkido News, Tomiki dit que le Maître Ueshiba « appréciait et était fort impressionné par les arts martiaux chinois ». Tomiki utilise à leur égard le terme de « Budo » ce qui, pour un Japonais de l’époque, n’est pas péjoratif, loin s’en faut.

Kongzi affirme « On se réalise moitié par l’étude, moitié par l’enseignement ».

Mépriser l’étude ne me semble pas la Voie du Maître Ueshiba.

Pour finir je voudrais citer le fils du Fondateur, le Doshu Kisshomaru Ueshiba qui à la page 115 de son ouvrage « L’Esprit de l’Aïkido, le véritable sens de la pratique » (Budo Editions) écrit :

« Le tournant se produisit, comme nous l’avons souligné précédemment, après l’expédition de Mongolie intérieure en 1924 1925( …)Nous pouvons dire que les années 1924-1925 ont marqué le début de l’évolution spirituelle de l’Aïkido ».

Le début de l’évolution spirituelle de l’Aïkido aurait donc, suivant son fils, commencé en Chine ?

Comprenne qui pourra.

Et c’est précisément à un autre retour de Mandchourie en 1942 que le Maître Ueshiba donne, finalement, à son Art le nom définitif d’Aïkido.

C’est un autre fait.

C’est en 1942 que le Maître Ueshiba, toujours en Mandchourie, pour le dixième anniversaire du Mandchoukuo, effectue une démonstration devant l’Empereur de Chine Pou Yi .

Il faut dépasser les « patterns » et les clivages ! Josehp Needham, de l’Université de Cambridge, en matière de recherche, conseillait à ses élèves « d’aller rôder sur de nouveaux territoires encore inexplorés ».

Il existe dans le droit français deux principes essentiels celui de la suspicion légitime et celui de l’intime conviction.

Les éléments publiés sont assez probants pour attester d’une part que le Maître Ueshiba s’est rendu très souvent en Mandchourie et qu’il ne s’est pas contenté d’y faire du tourisme ou de la maçonnerie.

J’espère que Christian Tissier ne m’en voudra pas de n’être pas tout à fait du même avis que lui sur ce sujet particulier et j’espère également avoir pu lui apporter d’autres informations que celles dont il disposait jusqu’à maintenant afin qu’il puisse, éventuellement, ne plus rejeter à priori cette hypothèse étrange que l’Aïkido ne soit pas cent pour cent japonais.

Il serait peut-être intéressant désormais de se pencher quelque peu sur le cas Deguchi et de son « Royaume Céleste » et de ne plus le limiter au rôle d’illuminé sectaire et nationaliste, sinon de « baba » dans lequel le confinent souvent les pratiquants et enseignants occidentaux du Maître Ueshiba.

Onisaburo Degushi était considéré comme un grand calligraphe mais également un spécialiste en mythologie japonaise et chinoise.

Onisaburo Deguchi en tenue japonaise traditionnelle

Onisaburo Deguchi en prêtre de l’Omoto-Kyo

Onisaburo Deguchi avec les Maîtres Toyama et Uchida membres de la socièté du Dragon Noir.

Deguchi lutta toute sa vie pour préserver l’Esprit du Budo authentique et trouva en Morihei Ueshiba un porte parole de premier plan.

Il fonda le Dainihon Budo Senyokai qui avait pour but de faire mieux connaître le « Budo » au Japon, en Mandchourie et en Mongolie.
En tous les cas, qu’on le veuille ou non, il influença fortement le Maître Ueshiba et donc l’Aïkido et son message de Paix Universelle.

L’année de sa mort, en 1969, le Maître Ueshiba fit une très importante donation à l’Omoto Kyo, religion syncrétique (en fait entre Shintoisme, Bouddhisme et Taoïsme !) co-fondée par Deguchi. Contrairement à ce que certains prétendent, on ne sait trop pourquoi, il n’avait en aucune manière « rompu les ponts » avec ce qui représentait, spirituellement, son ancien Maître.

Au niveau de l’étiquette, respecter un Maître c’est aussi respecter le Maître de son Maître ! Même et surtout si celui-ci semble un peu bizarre, donc décalé par rapport à son époque.

Il serait inconvenant de dire, ou de penser, que le Maître Ueshiba avait pendant de longues années suivi assidûment l’enseignement d’un irresponsable sectaire ou d’un zozo.

Si il demeure un doute sur la filiation effective entre Baguazhang et l’Aïkido, on ne peut pas non plus balayer cette hypothèse d’un simple « je ne pense pas » et se baser pour ce faire sur des affirmations qui sont contredites par les faits eux-mêmes.

Il restera donc un doute, et tant mieux, car cela est en mesure de susciter des recherches et de ne pas se satisfaire de réponses toutes faites pour ne pas dire « fédérales ». .

Illustrations
1/Ono et Onisaburo Deguchi assis. A droite de Ono Degushi, Morihei Ueshiba, debout en militaire (1932). La bannière est celle du Dainihon Budo Senyo Kai, organisation de protection du Budo fondée par Degushi.

 

on reconnait Morihei Ueshiba debout, en militaire, à la droite de Ono Deguchi

co-fondatrice de l’Omoto Kyo.

Avant d’être maître il faut avoir été disciple ! 2/ Morihei Ueshiba alias Wang Shou Kao en Mandchourie (à droite).

Il est habillé en costume chinois et pratique la méditation Chinkon Kishin.

3/ Ueshiba dans les fers

L’expédition de Mandchourie avec Deguchi se termina tragiquement par une sentence de mort.

On reconnaît de gauche à droite Matsumura, Onisaburo Deguchi, Morihei Ueshiba, Ogiwara, Inoue et Sakamoto enchaînés à la prison de Payintala.

Les prisonniers furent finalement échangés contre des « espions et terroristes chinois dissidents » et remis à l’Ambassade du Japon.

Malgré le mécontentement des autorités japonaises ils furent accueillis comme des héros à leur retour au Japon par une foule immense.

 

ueshiba_mongolie12

Deguchi et Ueshiba dans les fers : il n’y a aucune honte d’aller au bout de ses idées ! 4/1938 Prince Teh Wang.

Le Prince Mandchou Teh Wang et des dignitaires du Mandchoukuo en 1938.

A droite du Prince (qui porte un calot) l’Amiral Isamu Takeshita puis Morihei Ueshiba. On reconnaît également Gozo Shioda, Aritioshi Murashige, Hastu Ueshiba (épouse du Maître Ueshiba).

 

5/ Pu-Yi et le Mandchoukuo

L’Empereur de Chine, Pou Yi, que Onisabura Degushi voulut remettre sur son trône et créer un « Royaume de la Paix Céleste » !

En 1942 le Maître Ueshiba effectua une démonstration qu’il apprécia particulièrement.

Pu Yi fut quelque peu dépassé par les évènements mais ne mérite en aucun cas le titre facile de « fantoche » qu’on lui attribue généralement.

Comme Louis II de Bavière il eut le tort de préférer la paix à la guerre et de s’entourer d’artistes au lieu de militaires.

Mais ce sont ceux-ci qui auront le dernier mot.

6/ dixième anniversaire du Mandchoukuo en 1942

Morihei Ueshiba est assis à coté de Kenji Tomiki.

Derrière Morihei Ueshiba Hideo Oba, à coté Shigenobu Okumura .

Sur la bannière « Célébration des 10 ans de la fondation du Pays. Rencontre amicale de Wushu-Budo Japon Mandchourie »

7/ Onisaburi Deguchi

Le co-fondateur avec Nao Degushi de la religion Omoto Kyo.

Le Maître Ueshiba fut son disciple pendant près de 10 années et continua à le respecter, sinon à le révérer, jusqu’à sa mort.

Il eut une très grande influence sur l’aspect spirituel de l’Aïkido et sur la notion « d’amour universel » préconisée par le Maître Ueshiba.


Onisaburo Deguchi un penseur et philosophe un peu décalé

Actuellement il passerait pour un grand humaniste et un défenseur de l’environnement et serait courtisé par le MODEM !

Il avait probablement un petit siècle d’avance sur son temps.


On comprend que Onisaburo Degushi ne motive que fort peu les « martiaux » !

A leur sujet particulier en voici une description effectuée par Zhuangzi (Tchouang Tseu) (L’Oeuvre Complète XXX Philosophes taoïstes Bibliothéque de la Pléiade NRF Gallimard page 331) – désolé –

« Les bretteurs que voit le roi ont les cheveux en désordre avec des mèches en avant sur les tempes, ils portent une veste écourtée par derrière, ils écarquillent les yeux et parlent avec difficulté ».

C’est évidemment un peu le contraire de Onisaro Degushi, d’où une certaine aversion bien compréhensible.

Mais celui qui déteste le maître de son maître aime-t-il réellement son maître ?


Mais question banane de rocker il assure un max !

Qu’on le veuille ou non, le Maître Ueshiba lui consacra une importante partie de sa vie.
C’est qu’il y avait probablement des raisons. Photos issues de Morihei Ueshiba – Une biographie illustrée – par John Stevens (Budo Editions)