Prescriptions mensuelles
de la duchesse de Dai

Par Georges Charles

Il s’agit du « Petit Calendrier des Xia » ou « Prescriptions Mensuelles » qui fut, pendant plus de deux millénaires, le guide des activités saisonnières concernant depuis l’Empereur, Fils du Ciel, jusqu’au paysan, Enfant de la Terre.

« Ce qui est en haut donne. Le ciel Ordonne » Ce qui est en bas reçoit. La Terre et l’Etre Humain se conforment »

Adaptation Georges Charles pour les Arts Classiques du Tao.

 

Note de Georges Charles.

Le son « I » (Yi) est attaché à l’entité viscérale des reins qui se nomment, classiquement, pour le rein gauche (Yang-Soleil) Shen et pour le rein droit (Yin-Lune) Ming Men. Ce son particulier est donc lié à l’élément Eau, au Grand Yin, à la profondeur extrême au moment particulier où les énergies profondément enfouies dans le sol vont renaître et croître, annonçant le Printemps et le renouveau. Donc la renaissance. Il relie à tout ce qui est profond, caché, interne, ancestral et qui atteint jusqu’à la « moelle des os ». Nous avons donc délibérément choisi ce son pour mettre en scène ce calendrier plus de deux fois millénaire. Vous remarquerez les nombreux préceptes concernant la nature et son respect. La Chine a donc été à la pointe de l’écologie de terrain mais depuis a subi une perte de mémoire concernant ses classiques les plus anciens et, jadis, les plus révérés. La Chine est donc un bon modèle mais un très mauvais exemple !

Reconstitution de la Dame Xin Hui, Duchesse de Dai
Femme du Premier Ministre du Roi de Xin

Les trois mois du Printemps : « Jaillir et développer »

Jaillir et développer du Printemps est le but
Ciel et Terre ensemble à la vie contribuent
Dix mille être renaissent grâce à cette vertu
Couché dès la nuit debout l’aube parvenue
On arpente la cour à grands pas résolus
Le vêtement dénoué les cheveux par dessus
Favorisant la vie désormais on ne tue
Sans punir on récompense on donne et ne prend plus
Le souffle du Printemps fait croître et évolue
C’est la Voie authentique auquel il est tenu
Contrarier ce principe le foie serait fourbu
Reportant en été un risque malvenu
Par défaut de croissance simplement maintenu.

Premier mois de Printemps :

En ce mois le début du printemps s’établit
L’hibernant réveillé retrouve la prairie
Le faisan bat des ailes et pousse fort son cri
Les grandes oies du nord s’en vont dans leur pays
Touchant du dos la glace le poisson frémit
Montrant son nez le rat des champs est de sortie
D’offrande de poisson la loutre se réjouit
L’autour en fin ramier se change dans le nid
La poule couve déjà et le poussin pépie
Ciel et Terre se joignent et produisent la vie
Le soc à la charrue du nouvel an est mis
Dans le jardin la tige de poireau jaillit
Le saule bourgeonne et le pêcher fleurit
Le vent est fort le temps est froid le soleil luit
Gelée la terre peu à peu se ramollit
Neige et humidité font les labours remis
Les parcelles par l’inspecteur sont réparties
Dans les champs communs le travail est entrepris
Avec la houe la rue se bine et s’éclaircit
La queue de la Grande Ourse est alors infléchie
La constellation Tan culmine dans la nuit
Le fils du ciel tout de vert dans ses habits
De plaques de jade sa ceinture est sertie
De gras moutons et de froment il se nourrit
L’abattage des arbres est alors interdit
Des animaux on ne détruit pas les petits
Ni remparts ni enceintes ne seront construits
En ce mois aucune arme ne sera brandie.

Deuxième mois de Printemps

Au second mois on herse nivelle aplanit
Afin de ne pas nuire aux travaux des prairies
Aucun travail civil ne sera entrepris
Les jeunes pousses et bourgeons protégés à l’abri
Le laboureur ne reste plus en son logis
Portes et fenêtres vont à la menuiserie
Les mesures de longueur les poids on rectifie
Le blanc éclair paraît et le tonnerre rugit
Précédait un orage qui annonce la pluie
De son jeune agneau est suivie la brebis
L’insecte au fond de son cocon frémit
Le loriot pousse son chant et la rue fleurit
Les hirondelles retrouvent l’emplacement de leur nid
Lorsqu’elles sont arrivées au sol on sacrifie
Car la fécondité dépend de leur génie
Mais aucun animal ne pourra être occis
En ce mois le milieu du Printemps s’établit
De savoureux légumes dans l’huile sont frits
Des animaux l’orphelin sera recueilli
L’anguille fait sa mue l’esturgeon est servi
Les garçons et les filles en nombre sont unis
A l’école de musique enfin ils sont instruits
L’Empereur en personne voit la cérémonie
Des trois dignitaires et neuf ministres est suivi
Les princes et les préfets se doivent d’être ravis
Qu’on leur offre des jades Kouei Pi et des soieries
Rivières marais réservoirs et bassins remplis
Monts et forêts que l’on préserve des incendies
Sur décret cesseront procès et plaidoiries
Le fer dans les prisons ne sera plus subi.

Troisième mois de Printemps

Lors du troisième mois grandit encore la vie
Le Yang manifesté enfin se répartit
Parvient en plénitude le souffle qui produit
Le germe se redresse le bourgeon s’épanouit
Le petit rat des champs en caille se modifie
Les taureaux et chevaux aux femelles sont unis
De tous les animaux le nombre est manuscrit
Filets pièges et appâts sont strictement proscrits
Pour protéger la vie chasser est interdit
L’elléocca pousse et l’hélébore se flétrit
Les plantes aquatique grandissent sans répit
De ses sept couleurs l’arc en ciel resplendit
Dans le temple ancestral du poisson est servi
Aux mannes des ancêtres le Fils du Ciel supplie
Que par les céréales les greniers soient remplis
Des resserres des réserves le surplus est sorti
Dans tout l’Empire aux nécessiteux répartis
Des lettrés réputés partout sont pressentis
Pour conseiller les princes jusque dans leurs logis
Le Ministre d’État ordonne à la voirie
Que routes et chemins soient encore élargis
Puisqu’aucune obstruction ne peut être subie
Des vers à soie les cocons chacun trie
De l’Impératrice pour ses dames de compagnie
Afin que ce tissus serve aux cérémonies
Artistes et artisans sont enfin réunis
En fonction des saisons ils oeuvrent des produits
Dont la simplicité ne trouble pas l’esprit
Aux portes de l’Eté le Printemps est conduit
Dans les danses martiales et le charivari.

Les trois mois de l’Eté : « Gravir et contempler »

Dans ces trois mois d’Été l’arbre refleurira
Le Souffle du Ciel vers la terre descendra
Le Principe Essentiel du Sol s’élèvera
Au coeur de la rencontre tout en resplendira
La Force et la Beauté montreront leur éclat
Aidant les énergies à circuler en soi
Dès le soleil levé on marche puis on s’assoit
A l’ombre bienfaisante et loin de tout tracas
On exerce la vie sans aucun embarras
De cette liberté provient alors la joie
Qui rayonne soudain dans un rire immédiat
Du Souffle de l’Été ceci est bien la Voie
Allant à son encontre le coeur en pâtira
Amenant à l’automne fièvre dans bien des cas
Ceci jusqu’à l’hiver où le mal reprendra.

Premier mois de l’Été

En ce mois le début de l’été s’établit
Le soleil entre dans la constellation Pi
La saveur est l’amer l’odeur est le roussi
La grenouille coasse et de la mouche se saisit
Le ver de terre paraît encore tout étourdi
Aux champs les animaux par la trompe avertis
Ainsi sont débusqués sans risquer l’hallali
Rien de ce qui croit n’est dégradé ni flétri
Le grands terrassements seront de fait proscrits
L’arbre dans la forêt ne verra nul outil
Cent plantes de santé pourront être cueillies
Afin de préserver de toutes maladies
La gauche du Ming Tang le Fils du Ciel choisit
Pour se vêtir de rouge tout paré de rubis
De volaille à chair sombre de boeuf il se nourrit
Sur le grill près du feu ils sont alors rôtis
Dans les faubourgs du Sud son cheval le conduit
Pour accueillir l’été à la date accomplie
Aux méritants des principautés il confie
Éloge et compliments il décerne à autrui
Afin que le plaisir rayonne autour de lui
Le vin rituel est bu en bonne compagnie
Et la soie partagée entre les vrais amis
On prévoit les moissons presque dans l’euphorie
Jusque dans les prisons ou le malandrin gît
Puisqu’on manque de bras il en sera sorti
Les danses et les chansons sont mises en harmonie
Pour éveiller le Feu symbole de la vie
Dans la nuit du solstice on ne verra que lui.

Deuxième mois de l’Eté

Au second mois de l’été la mante retrouve la vie
Le geai manque de voix la pie grièche crie
Le cerf et le chevreuil de bois sont démunis
Dans les arbres la cigale entreprend sa scie
Chauffé par le soleil le lézard s’enhardit
Les éphémeres dansent sur l’étang qui frémit
L’hibiscus rouge flamboie la pinellia fleurit
Le jour est plus long et la nuit rétrécit
Le Yin et Yang se heurtent et entrent en conflit
Entre Ciel et Terre se séparent mort et vie
Il demeure au repos le sage en son logis
Fuyant l’agitation qui perturbe son ouie
Il tempère ses désirs restreint son appêtit
En apaisant son coeur il pacifie son Qi
Dans la méditation il sait rester asssis
Alors que sans l’action son énergie jaillit
Point trop de condiments puisque le feu sufit
Pour cuire les aliments dont l’amer se saisit
Prunes et haricots sont mangés en bouillies
Pour apaiser le chaud causant la maladie
Au Souverain du Ciel en grains on sacrifie
Pour que les céréales soient abreuvées de pluie
Gongs et tambours lui jouent une symphonie
Soutenue par les flutes sorties de leurs étuits
Quand le vent est au Sud du feu on se méfie
Pour trouver la fraicheur la montagne on gravit
Apaisant le regard sur l’espece infini
En avalant la brume source de longue vie
La force de l’Eté tout le jour resplendit
Ne laissant plus au Yin que le coeur de la nuit.

Troisième mois de l’Été

Au dernier mois de l’Été domine le vent tiédi
Au creux du mur de ferme le grillon creuse son logis
De l’herbe du remblais le ver luisant surgit
Le jeune épervier vole dès qu’il quitte son nid
Tortues et caïmans de l’étang sont sortis
Pour laisser le poisson procréer ses petits
Dans les cent préfectures le foin est réparti
Le roseau est coupé pour monter des palis
La terre humide et chaude est arrosée de pluie
Comme de l’eau bouillante mauvaise herbe elle détruit
Provoquant la fumure qui le sol bonifie
Si l’on coupe des arbres leur bois sera pourri
Nul grande levée de terre ne sera entrepris
Aucune troupe levée ni armée de conscrits
Il convient d’éviter l’agitation du Qi
A la fin de ce mois l’élément Terre agit
De la saveur sucrée le feu se pacifie
Dont le goût du suave la rate bénéficie
Dans le Palais du Centre l’Empereur sanctifie
Les mets à l’étouffée en récipients servis
Du boeuf et du millet dans la terre sont cuits
Il se vêt tout de jaune aux topazes serties
Au milieu du carré il met en harmonie
La Terre le Ciel et l’Homme avec son énergie
De par sa rectitude sur un axe établi
Il démontre un exemple qui peut être suivi
Au sol il s’enracine vers les cieux il s’oublie
Et maintenant son coeur libre de tout souci
Son corps est immobile mais son esprit agit
Jusqu’aux confins du monde que sa puissance emplit.

Les trois mois de l’Automne : « Construire et égaliser »

L’Automne c’est l’abondance et la maturité
Par l’énergie du Ciel la Terre est oppressée
Le sol démontre alors sa fécondité
Levé de bon matin très tôt on est couché
Dressé fier comme un coq on cache ses pensées
Il convient d’éviter de se sentit blessé
Par l’effet du Métal qui est manifesté
En pacifiant l’eessprit le souffle est amassé
Ainsi est maituenue toute la vitalité
Le souffle du Poumon est fraicheur et claarté
Ceci est de l’Automne la Voie authentifiée
En allant à l’encontre le Poumon est blessé
Provoquant en hiver douleurs et diarrhées
Puisque cette énergie ne sera pas gardée.

Premier mois de l’Automne

Au premier mois d’Automne le soleil est dans Yi
Kien culmine le soir au matin se lève Pi
L’énergie de la Terre vers le Ciel s’agrandit
Arrive un vent très frais dès que parvient la nuit
Dans le jardin à l’aube le rosée blanchit
Le renard entre en chasse et la poule il poursuit
Peu à peu la cigale se lasse de son cri
L’eau déborde du lac et la terre envahit
Donnant aux marécages une nouvelle vie
Le laiteron prospère et le roseau jaillit
Digues et levées de terre près des villes on construit
On colmate les brèches les murs on fortifie
Trois jours avant l’Automne le Grand Scribe avertit
Que l’Elément Métal et le blanc sont choisis
Pour exprimer le souffle qui partant s’établit
Aux faubourgs de l’Ouest l’Empereur est conduit
Sur son char de guerre aux métaux biens polis
Lorsqu’il est de retour l’armée il gratifie
Titres et récompenses aux braves sont remis
Il exerce justice envers les insoumis
Qui sont souvent des Princes que le Peuple honnit
Il fait rendre des comptes à ceux qui l’on trahi
Oppresseurs négligents il faut qu’ils soient punis
Afin que de la Loi nul jamais ne sourit
Le Juste est comme le jade il brille mais n’éblouit
Tranchant mais point ne blesse son éclat est poli
Au chaud il reste froid sa couleur ne varie
Si on est innocent on s’en fait un ami
Mais si on est coupable c’est l’éclair qui jaillit
Il demeure éclairé mais transparent nenni.

Deuxième mois d’Automne

Au second mois d’Automne les hirondelles fuient
Après concertation vers le pays choisi
La grue d’en vient du Sud l’oie au Nord fait son nid
En bandes l’étourneau picore la prairie
Car le vent est plus froid qui porte alors la pluie
En ce mois on nourrit le vieillard décrépi
Le boire le manger le gruau la bouillie
En tout hospice ouvert devront être servis
Tabourets et bâtons leur seront donc fournis
Sous un toit près du feu ils finiront leur vie
Racontant leurs exploits aux plus jeunes ravis
L’Officier Impérial contrôle les habits
Du dessus du dessous les vêlements choisit
Le souffle du repos monte et se quantifie
Tandis que le Qi Yang alors se raréfie
Des mets bien macérés l’Empereur se nourrit
A la saveur piquante et odeur de ranci
Les boissons fermentées peuvent être servies
A table en son palais il goûte le chènevis
Chassant les pestilences lors d’une cérémonie
Il entretient le Yin source de toute vie
Les remparts et enceintes sont fermement construits
Tandis que les douves et caves sont aussi assainis
Sur tout ce qui se vend on indique le prix
Les mesures de longueur les poids sont définis
En matière de justice le code est affermi
Les règles et les coutumes évitent les conflits
Sur les foires les marchés chacun à son envie
Troque ce qu’il a de trop contre des fantaisies
Le Peuple est satisfait le pouvoir s’agrandit.

Troisième mois d’Automne

Au dernier mois d’Automne le loup pousse son cri
Alors dans la montagne au cerf il sacrifie
Tandis que dans la plaine le lapin lui suffit
Dans son trou l’hibernant en obstrue les sorties
Et dans son nid douillet peu à peu s’assoupit
Plongeant dedans la mer en moule se modifie
Le passereau criard aux plumes couleur de nuit
La fleur de chrysanthème de bronze et d’or voici
Lorsque tombe la feuille sur le sol qui jaunit
A partir du bois mort le charbon est produit
Pour chauffer la maison dans laquelle on frémit
Si le givre apparaît les travaux on finit
Les outils sont graissés et aux râtelier mis
Les greniers impériaux des cinq grains sont remplis
Les grands préfets par ordre affichent cet avis
Si l’intensité du souffle froid s’amplifie
Les enfants les vieillards risquent d’être transis
Dès le premier frisson qu’ils demeurent au logis
Il convient d’éviter ainsi la maladie
Le Fils du Ciel dans son armure d’acier poli
S’entraîne à la conduite des chevaux assortis
Alors au maniement des Cinq Armes il s’instruit
Montrant l’exemple à tous les guerriers du pays
Si le gibier abonde la chasse il est permis
Ne pas se modérer déplairait aux Esprits
L’Empereur y parait mais n’ôte point la vie
Aux Quatre Orients par le geste il sacrifie
Plantant au Nord son bâton par défi
Il annonce l’Hiver puisque l’Automne finit.

Les Trois mois de l’Hiver : « Maintenir et conserver »

En Hiver on protège et maintient l’Energie
Imitant le soleil qui jamais trop ne luit
Ne point se dévoiler et demeurer tapi
Levé tard le matin on se met tard au lit
On s’occuppe de soi et laisse faire autrui
En demeurant couvert le froid glacial on fuit
C’est ainsi qu’on évite de perturber la vie
De l’Hiver c’est la règle et que cela soit dit
Dans le cas opposé les reins seront meurtis
Dès le Printemps venu on perdra l’appêtit
On sera épuisé jusque dedans le lit.

Premier mois de l’Hiver

Au premier mois d’Hiver les Sept Etoiles voici
Dès le matin naissant dans le ciel qui blanchit
L’eau devenue glace emprisonne le puits
Sous le sabot ferré craque la terre durcie
L’arc en ciel ne paraît puisque cesse la pluie
Le cormoran plongeant dans l’huître se replie
La loutre batifole avec tous ses petits
En glissant sur la neige elle pousse de petits cris
Sur la pèche en étang la taxe est recueillie
Afin dès le Printemps d’en retirer les fruits
Dans le faubourg du Nord l’Empereur est conduit
Il se vêt d’habits noirs aux pierres de geai sertis
Son char de couleur sombre est attelé de gris
Le Grand Scribe lui annonce que l’Hiver est ici
Que sa vertu dans l’Eau puise sa force infinie
Que le Souffle du Ciel vers le haut est conduit
Tandis que vers le bas est concentré le Qi
Ciel et Terre séparés ne seront plus unis
Tout est clos se referme et demeure assoupi
A son retour le dévouement il remercie
Donnant pension aux proches des morts pour la Patrie
Alors le Fils du Ciel d’un hanap se saisit
Sur le trône il se dresse entament une beuverie
De millet et de porc son repas est servi
Le sel et la saumure ouvrent son appétit
L’odeur de putride et le noir sont prescrits
Omoplates et baguettes livrent leurs prophéties
On tire les Trigrammes dans l’encens qui rougit
Rien ne peut se cacher ni demeurer acquis
Puisque les Mutations on donné leur avis.

Deuxième mois de l’Hiver

Au second mois d’hiver la glace s’affermit
La terre se fissure et le lac est saisi
Le faisan de montagne ne glousse ni ne pépie
S’accouplent enfin les tigres à grand renfort de cris
Faisant chuter la neige de la branche qui plie
Sur les ardoises noires chuinte le grésil
Dans l’herbe dressée raide le source en peine gémit
Q’on ne creuse la terre ni n’ouvre les pertuis
Tout ce qui est couvert ne sera dégarni
Afin que puisse se concentrer l’énergie
Le travail est restreint le repos est prescrit
Puisque le jour est court et que longue est la nuit
Le sage en sa posture son coeur il pacifie
Négligeant le regard il acère son ouie
En renforçant ses reins il assure longue vie
Alors sont macérés le millet et le riz
La souche et le ferment sont pour cela produits
La meilleure eau de source se doit d’être choisie
Dans des vases en argile la cuisson se poursuit
Le feu est surveillé pour que naisse l’alchimie
Qui produira le vin dont l’esprit se réjouit
Si les Six Eléments s’y trouvent réunis
Ce qui reste dehors pourra être saisi
Par le nécessiteux qui ne commet délit
Les granges et les remises doivent servir d’abris
Riches et commerçants fournissent viande et fruits
Le peuple du commun livre ses vieux habits
Chacun doit avoir chaud et le ventre rempli
Cela évitera que le vol soit commis
Et tous les citoyens vivront en harmonie.

Troisième mois de l’Hiver

Au dernier mois d’Hiver haut dans les arbres est la pie
Par le milan cruel l’oiseau est poursuivi
Au sol la poule dort et le faisan pépie
Dès lors la glace abonde et elle est recueillie
Pour aller sur l’étang la pèche est alibi
Un concours de poissons entre tous s’établit
Les plus beaux les plus gras l’Empereur les choisit
Sur son coursier gris de fer il parcourt le pays
Notant dans ses tablettes ce qui vaut d’être instruit
Ce faisant il restaure toute la hiérarchie
Qui dans les Neuf Provinces demeurait assoupie
Les terres sont recensées les richesses définies
Les cinq semences des jarres sont sorties
On répare la charrue dont le soc est durci
Pour labourer la terre et lancer les semis
Il faut prendre des forces et trouver compagnie
Car la tache sera rude et le muscle durci
Un grand boeuf de terre noire dans l’eau est englouti
L’énergie de l’Hiver il emporte avec lui
Au fil de l’eau vers la mer il la reconduit
Des instruments à vent en font l’apologie
Lors d’un concert bruyant et sans monotonie
Banquets et libations sont offerts aux Esprits
A grand renfort de torches on disperse la nuit
Le cycle du soleil désormais se finit
Dans un calendrier à l’Empereur soumis
Toutes les lunaisons sont mises en harmonie
Les Prescriptions Mensuelles sont ainsi définies
Afin de Ciel et Terre dans l’Homme communient.