Le baton chinois

Que ce soit en Chine, au Japon, en Corée, au Vietnam, en Thaïlande, en Inde… la pratique du bâton a toujours fait partie intégrante de l’Art Martial dans son sens à la fois le plus noble et le plus populaire. Comme en Occident où le bâton représentait un symbole essentiel
(Bâton du maréchal, crosse papale, bâton du magicien, bâton du Garde des Sceaux ou Bâtonnier de Justice, sceptre royal… mais aussi bâton sur lequel s’appuie le simple moine, le soldat, bâton du sergent de ville ou « gens d’arme », bâton du paysan ou du berger… ), il est omniprésent de la base au sommet de toute hiérarchie classique.

A la fois arme, outil, instrument et symbole de pouvoir il est donc l’un des plus anciens attributs humain… On retrouve, en effet, jusque dans les grottes préhistoriques le fameux « bâton de commandement »…
Ceci est vrai, également, en Afrique, en Amérique et jusqu’en Australie…
Il suffisait, par exemple aux Comanches de toucher un adversaire avec un simple bâton pour que celui-ci s’avoue vaincu. Ils n’ont été, eux-mêmes vaincus que par les « bâtons tonnants » des soldats bleus…

On retrouve des pratiques « martiales » liées au bâton en Afrique, en Afrique du Nord, au Portugal, au Pays Basque (… le Makila) et jusque dans les pays nordiques où il a été pratiqué dans le cadre de la fameuse « Gymnastique Suédoise ». En France il était également le signe distinctif des « Maîtres » du Compagnonnage, constructeurs des cathédrales… les simples compagnons ne disposant que d’une canne.

Il fut, également, indispensable à toute représentation théâtrale s’ouvrant par les trois coups frappés avec vigueur.

Le bâton de combat, ou « Brémas » fut également pratiqué à l’âge médiéval tant pour l’entraînement des chevaliers que par les hommes de troupe… et les manants. Il suffit de se souvenir des jacqueries ou de Robin des Bois et, plus tard des guerres de Vendée où il fut redoutable en corps à corps. Il ne s’agit donc pas d’une nouveauté!

La pratique du bâton en stage
Georges Charles
Jean Luc Saby
Guy Albertini
Olivier Chouteau

Il s’agit d’une discipline traditionnelle incluse dans la pratique des Arts Martiaux Classiques.

Phase du « Bâton de l’Officier » : Tao du Bâton Volant (Tang Ching Gun Tao)
Georges Charles et Olivier Chouteau

Les Chinois, de leur coté, utilisèrent le bâton dans la pratique de leurs Arts Martiaux Classiques puisque celui-ci était également le symbole des moines bouddhistes. La pratique de l’Ecole Shaolin apportait donc une grande attention à son étude. Il fut également très prisé par les initiés du Tao qui représentaient Laozi (Lao Tseu) avec un bâton en forme de dragon. Il est donc toujours étudié tant dans les arts « Externes » ou « durs » issus de Shaolin que dans les Arts « Internes » ou « souples » comme le Taiji Quan (Tai Chi Chuan) classique. Très tôt dans l’histoire, sous l’influence chinoise, l’Art du Bâton se répandit dans tout l’Extrême-Orient… Au Japon où il prit le nom de Bo Juttsu et de Jo Jutsu, il fut particulièrement prisé par les fameux Ninja… mais également au Vietnam, en Corée, en Thaïlande. En Inde il fut pratiqué très tôt par les guerriers Ksattryas dans le cadre du Vajra Musti, art martial très ancien dont on retrouve encore des traces dans le Kalaripayat. Il fut utilisé tant par les Bouddhistes que par les Hindouistes et les tenants de la Religion de Shiva…

La méthode chinoise originelle que nous vous proposons d’étudier provient de deux grands courants… d’une part une étude liée à la pratique du « Bâton de l’Externe » de l’Ecole de la Mante Religieuse des Sept Etoiles du Nord… incluant le bâton du paysan, le bâton du guerrier, le bâton de l’officier… et d’autre part à la pratique du « Bâton de l’Interne » liée à l’Ecole du Xingyi Quan (Hsing I Chuan) telle que la conçut, au douzième siècle, le Maréchal Yao Fei (Yue Fei ou Yuen Fei), héros chinois protégeant les frontières du Nord. Il s’agit donc, en l’espèce du « Bâton de Commandement du Général des Frontières ».

Cette pratique fut à l’origine profonde de la création de l’un des trois grands Arts Internes: le « Poing de l’Unité du Corps et de l’ Intention » (Xingyi), cousin du Taiji Quan (Tai Chi Chuan). Cette forme s’est transmise depuis plus de huit cent ans de maître à disciple au sein de cet Art et est demeurée secrète jusqu’à ce que Wang Tse Ming (Tai Ming Wong) la lègue à Georges CHARLES.
Elle est basée sur le Principe des Cinq Mouvements de l’Energie… qui s’engendrent et se dominent mutuellement… Eau, Bois, Feu, Terre, Métal. Cette pratique est réputée tant pour sa valeur énergétique, liée au renforcement de la santé, que pour son efficacité martiale en combat. Ces deux aspects de la pratique se complètent mutuellement car il est difficile d’apprécier pleinement l’Interne, donc le « Bâton du Général », sans une approche du « Bâton de l’Externe », donc du paysan, du guerrier ou de l’officier… plus pragmatique et plus habituelle aux pratiquants d’Arts Martiaux.

Le Xingyi Quan est avec le Taijiquan (Tai Chi Chuan) et le Bagua Zhang (Pa Kua Chang) l’un des « Trois Arts Martiaux Internes » (San Nei Jia) de la Chine.
Xing
représente la « forme » ou le « corps », Yi représente l’ « Intention », la « Volonté »…
Il s’agit donc du « Poing de l’Unité du Corps et de l’Intention ».

L’origine de la création de cet Art Martial Interne (souple) remonte au Général Yao Fei (Yue Fei ou Yuen Fei) (1103 1142), héros national, connu comme le « Protecteur des Frontières ». Expert dans l’art de la lance, il créa une méthode de combat à main nue utilisant les principes de cette arme et destinée aux officiers, le « Yao San Shou« .

Cette méthode était basée sur le principe des « Cinq Mouvements » qui s’engendrent et se dominent mutuellement :

  1. Eau, Bois, Feu, Terre, Métal…
  2. L’Eau éteint le feu et engendre le bois…
  3. Le Bois épuise la Terre mais engendre le Feu…
  4. Le Feu fond le Métal mais engendre la Terre…
  5. La Terre absorbe l’Eau mais engendre le Métal…
  6. Le Métal coupe le Bois mais engendre l’Eau…

Les cinq mouvements dans le pentagramme

La particularité de la méthode de « Lance Fondue à un crochet du Général Yao Fei », demeurée secrète pendant plus de huit siècles, est de pouvoir à la fois donner des ordres précis aux corps troupes sur le champ de bataille…

Mouvement d’Eau : recul, embuscade
Mouvement de Bois : déplacement de l’extérieur vers l’intérieur
Mouvement de Feu : charge et assaut
Mouvement de Terre : maintenir la position
Mouvement de Métal : manoeuvre d’aile de l’intérieur vers l’extérieur… tout en combattant au coeur de la mêlée. Yao Fei était en effet réputé pour combattre à la tête de ses troupes et, avant Patton, déclarait « Une troupe est comme une nouille et ne se pousse pas, il faut toujours la tirer! ».

Cette forme est assez courte et contient l’essence du Xingyi Quan… La position de combat permet, en effet, de multiples combinaisons… à l’Eau (esquive) correspond la pique ou l’estoc (avec le pointe) ; au Bois(saisir et projeter) correspond le contre ; au Feu(avancer et frapper) correspond la frappe (étincelle dans le casque) ; à la Terre(demeurer sur place) correspond le blocage ; au Métal(esquive vers l’extérieur) correspond la taille ou la coupe avec le crochet.

A l’origine les lances étaient munies d’étendards… Noir avec une tortue pour l’Eau (Nord) ; Vert avec un Dragon pour le Bois (Est) ; Rouge avec un Phoenix pour le Feu (Sud) ; Jaune pour le Centre (Garde Impériale) ; Blanc avec un Tigre pour le Métal (Ouest).

Wang Tse Ping : Forme de lance à crochet (Gulianjiang)

Cela correspondait aux divers corps de troupes disposés sur le champ de bataille. Chacun d’entre eux manoeuvrait suivant les ordres de Yao Fei, relayés par les Officiers Généraux. Ayant vu l’un de ces Généraux qui avait été désarmé se faire tuer par la piétaille ennemie, Yao Fei eut l’idée de transposer ces mouvements de lance à des techniques à mains nues…

L’Eau est l’esquive et la pique, le Bois est la saisie (griffe) et la projection, le Feu est la frappe avec le poing, la Terre est le blocage avec la paume et l’immobilisation, le Métal est le déplacement vers l’extérieur et la frappe avec le tranchant de la main ou du bras.

Esquiver, saisir et projeter, frapper, immobiliser et mettre hors de combat demeurent donc en Xingyi Quan les fondements de l’art de combat, proches de l’ancien Aïki jutsu, utilisé sur les champs de bataille au Japon.

La Méthode de commandement de Yao Fei fut, par ailleurs utilisée au Japon où les généraux utilisaient un  » Gunsen  » (Eventail de fer)… Le film de Kurosawa, « Kagemusha » démontre, lors d’une bataille, cette utilisation et Hideyoshi, lui-même, effectue un Kata d’éventail basé sur ce principe.

En enseignant cette forme, nous ne trahissons plus un quelconque secret, mais mettons à la portée des pratiquants sincères et motivés un patrimoine historique et culturel qui a tendance à disparaître peu à peu sous l’influence de la facilité et du folklore à bon marché destiné uniquement à des démonstrations touristiques. Cette pratique est ouverte à tous, enseignants, anciens, pratiquants, débutants… et néophytes Nous souhaitons qu’elle enrichisse l’Art Martial et la pratique, fut-elle sportive… et qu’elle soit utile à la découverte et à la redécouverte des pratiques corporelles du troisième millénaire…
Ce qui fut est et ce qui est sera… Depuis près de deux millénaires l’Art du Bâton fait partie intégrante de l’Art Martial… il peut désormais faire partie de l’Art de Vivre !

La pratique du bâton au sein de l’Ecole San Yiquan : cliquer ici

Une pratique pour toutes et tous. Stage d’été en Italie.

Art Classique du Tao et Art Chevaleresque issu d’une longue tradition

Depuis 1974 Georges Charles transmet la forme de bâton de l’Ecole de la Mante Religieuse des Sept Etoiles du Nord telle qu’elle était enseignée depuis des siècles au sein du Clan du Marquisat (Houjue) Wang de Yue.

Elle comprend cinq techniques fondamentales liées aux Cinq Eléments : la taille, l’estoc, le contre, la manipulation, le blocage.
Elle comprend vingt cinq techniques complémentaires qui se combinent en cinq enchaïnements simples effectués en solo puis avec partenaire.

Elle comprend Trois Tao complets de 72 mouvements et leurs applications, correspondant au Bâton de l’Officier, le Tao du Bâton qui rebondit (Han Ching Gun Tao) ; le Bâton qui vole (Tang Ching Gun Tao) ; le Bâton qui intercepte (Tung Ching Gun Tao).

Ces formes d’externe comprennent donc le « Bâton du Paysan » ; le « Bâton du Guerrier »; le « Bâton du Sous-Officier », le « Bâton de l’Officier ».

Elles permettent d’aborder avec une meilleure compréhension les formes d’interne transmises au sein de l’Ecole San Yiquan :

– Le Bâton de l’Energie de la Marquise de Dai – proche des formes énergétiques du Tao-Yin Fa d’origine décrites dans les rouleaux de soie (Daoyin Tu) retrouvés dans le tombeau de la Marquide se Dai à Mawangdui.

– Le Bâton du Général Yue Fei (1103 1142) qui fut « recueilli et adopté par le Clan Wang de Yue » (Yue Wu Mou Wang) et qui consitue le « Trésor » (Pao) du Clan. Cette forme de « bâton de l’interne » à l’origine une forme de « lance fondue à un crochet » ou « hanicroche », arme décrite dans le roman « Au Bord de l’Eau » dans le chapitre LVII où Xu Ning, le « Lancier d’Or » enseigne son maniement aux chevaliers rebelles. Elle est à l’origine profonde du Xingyiquan. Cette pratique permet de renouer avec l’esprit chevaleresque.

– Le Bâton du Magicien – originellement transmis au sein du Clan Wang de Yue par Wang Tai Xing (Wong Tai Sin) « L’Immortel au Pin Rouge ».