Le Taijiquan (Tai Chi Chuan) du style Wang ou Wangjia Taijiquan

Par Thierry Borderie et Georges Charles

Origines du Tai Ji Wang Jia

Par Thierry Borderie Enseignant San Yiquan et des Arts Classiques du Tao.

Il y a une douzaine d’années, mon professeur et ami, Ram, décida de se retirer de l’enseignement. Il laissait une centaine de pratiquant(e)s dans la région de Marseille, entre les mains de successeurs prévus de longue date. Pour ceux , comme moi, qui se retrouvaient loin de la « maison mère », il ne restait que la solitude de l’étude. Etant déjà imprégné par le San Yi Chuan (ou San Yiquan !) , je pris très vite conscience que les énergies de ce dernier entraînaient mon Tai Ji vers de nouvelles coulées. Ram m’avait toujours dit que la transmission d’un joyau ne dispensait pas de la responsabilité de le polir indéfiniment. D’un cœur léger, je laissais donc courir les eaux de ce tai Ji selon ses propres pentes. Informé de cette maturation quasi spontanée, Georges Charles m’encouragea à mettre peu à peu de l’intention dans le processus d’élaboration. L’idée vint alors de mettre délibérément au service de l’enseignement du San Yi Chuan cette fusion de fait. Douze années furent nécessaires à ce travail. Le Wang Tai Ji vise aujourd’hui à transmettre, d’une manière singulière, les principes du San Yi Chuan…. du moins de ce que j’ai pu en percevoir à travers ma compréhension limitée. Cette forme parle donc, a sa façon, des 5 énergies, des 8 directions, des 5 postures, des 5 interceptions, de la terre, de l’homme et du ciel, du plein et du vide, sans jamais quitter nos rivages familiers…tout en variant les plaisirs et les angles de vue ! Si l’important est la profondeur ainsi que les itinéraires qui y mènent, il n’est toutefois pas interdit, dans le même temps, de jubiler dans les vagues de surface.

Thierry Borderie et le Taijiquan de style Wang – Wangjia Taijiquan –

 

Les 3 formes d’études du Wang Tai Ji – Taijiquan de style Wang

  1. Wang Tai Ji : Grande forme d’étude
  2. Wang Tai Ji : Forme d’étude médiane
  3. Wang Tai Ji : Petite forme d’étude

 

Une question de confiance

Par Georges Charles Daoshi San Yiquan

Lorsque Thierry Borderie, qui est l’un des plus anciens et un pilier de l’Ecole San Yiquan que j’ai l’honneur de diriger après avoir succédé à Wang Zemin (Tai Ming Wong ou Wang Tse Ming), m’a proposé de démontrer la forme de Taijiquan (Tai Chi Chuan) qu’il se proposait d’enseigner au sein de l’Ecole j’ai été quelque peu supris. En effet, au sein de San Yiquan bon nombre d’enseignants pratiquent et transmettent diverses formes de Taijiquan qu’ils ont étudiées parallèlement mais en dehors de la structure constituant l’Ecole du Poing des Trois Harmonies telle qu’elle m’a été confiée en 1979 par Wang Zemin. La tradition authentique de la transmission de l’Interne veut que les enseignants et pratiquants qui le souhaitent puissent étudier et pratiquer d’autres styles que ceux de l’Ecole à laquelle ils appartiennent. De tous temps, en Chine, les chefs d’école ont encouragé ce principe d’ouverture.

Ainsi les pratiquants de Xingyiquan pouvaient étudier le Baguazhang ou le Taijiquan et réciproquement ce qui donnait lieu à de nombreux échanges. Et il en était de même en occident tant dans la chevalerie ou les compagnonnage avant que l’égo surdimentionné de petits maîtres interdisent ce principe afin de conserver leurs élèves sous le boisseau. Pourquoi ne pas favoriser le principe des échanges et la fameuse formule de Jigoro Kano, le fondateur du Judo « Respect et Prospérité mutuelle ? ». De mon coté, si je demeure très attaché à l’enseignement de Wang Zemin, je n’en n’ai pas moins eu plusieurs autres professeurs, ce que l’on nomme parfois des maîtres, dans des disciplines très différentes et je leur conserve toujours respect sinon amitié. Mais dans ce cas la demande était particulière puisqu’il s’agissait d’intégrer au sein de San Yiquan une pratique qui, normalement, n’en faisait pas partie. Mais qui était néanmoins pratiquée et enseignée par les pratiquants et enseignants de l’Ecole et sous diverses formes.

Après réflexion j’ai donc pensé que rien ne s’opposait, dans la tradition ni dans les principes de l’école, à cette adaptation et je l’ai encouragée. Il faut dire que Thierry Borderie a pendant plusieurs années étudié et pratiqué le Taijiquan sous la direction de RAM qui est devenu son ami. Pour les plus jeunes ce nom n’évoque évidemment rien puisque, de surcroît, RAM est un individu très discret et, comme devraient l’être les maîtres, surtout en Art Martial, ou chevaleresque, quelqu’un qui possède la vertu de l’humilité. Il n’en fut pas moins l’un des principaux disciples, et assistants, de Li Guanghua, l’un des pionniers du Taijiquan (Tai Chi Chuan) en France, dans les années soixante, et qui était , de surcroît, disciple direct du Maître Yang Chengfu (1883 1936). Excusez du peu.

L’une des rares fois ou le nom de RAM apparaît, c’est à coté de celui de Karlfried Von Durkeim puisqu’ils préfacèrent tous deux l’ouvrage, considéré comme une référence, de Jean Gortais publié au Courrier du Livre « Taijiquan, l’enseignement de Li Guanghua, la tradition de l’Ecole Yang ». Thierry est donc, qu’on le veuille ou non, ce que l’on nomme un « disciple de quatrième génération » dans les généalogies du Taijiquan du style Yang. Et il est vrai qu’il aurait pu tout à fait continuer à enseigner ce style et cette forme au sein de San Yiquan. Sans trop se poser de question.

Mais, probablement, une longue et lente imprégnation de San Yiquan, justement, l’a incité à en utiliser les principes dans sa pratique personnelle du Taijiquan. Et, petit à petit, au bout de douze années il y eu symbiose entre le Taijiquan et San Yiquan comme il y avait déjà eu symbiose, il y a de longues années, entre le Xingyiquan et le Baguazhang puis le Taijiquan au sein de l’Ecole Sun ou entre le Xingyiquan et le Tao-Yin Fa au sein du Wuxingquan puis du Liananquan. Pourquoi les changement, transformations, adaptations prônées par le Yijing se seraient-elles bloquées il y a un siècle ou cinquante ans ? Pourquoi les évolutions seraient elles toujours un nivellement vers le bas, le rapiécé, le simplifié, le « moderne », le mécanique ? Pourquoi seuls les asiatiques auraient le droit, sinon le devoir, d’évoluer et les occidentaux d’appauvrir ? Non, la démarche me semble appartenir à une réalité, celle des « maîtres d’armes » et Thierry en est un, aussi. Et c’est un fier baron du Sud et de la Langue d’Oc.

C’est pourquoi je l’ai encouragé et c’est pourquoi je le soutiens. C’est vaniteux de ma part. Mais je relève le défi, comme le Sire de Coucy. Et je vous propose de découvrir cette pratique lors de notre stage annuel d’été de Paulhac en Margeride. Georges Charles

Et pourquoi de style Wang ?
Simplement en mémoire de Wang Zemin, de Wang Yangmin et du Clan Wang de Yue qui était placé sous la haute bienveillance de Wang Tai Xing  » l’Immortel au Pin Rouge » (Wong Tai Sin).

La devise du Clan Wang de Yue :
« Wang San Heng Yi Shu Wang  » – « Trois traits horizontaux Un trait vertical c’est Wang »
ou « Du Zénith au Nadir et dans toutes les directions s’étend le Clan Wang de Yue »
En précisant que pour les Chinois Wang veut dire Roi ou Empereur.
Wangjia c’est donc aussi le « Style Impérial » en référence à la Chine Classique.
Wang Bi (Wang Pi) au IIIe siècle précisait « Toute la doctrine de Maitre Kong (Confucius) tient en deux termes et rien d’autre : Zhong et Shu. Zhong c’est s’élever au plus haut de soi même, la verticale, Shu c’est s’ouvrir aux autres, l’horizontale ».