Biographie du Maître Wang Yen-Nien

Wang Yen-Nien (Wang Yannian ou Wong Yan Nian suivant diverses transcriptions) est né à Taiyuan, capitale de la Province du Shanxi le 19 décembre 1914… donc dans l’année Jia Yin du « Tigre qui se tient fermement debout »…
Comme de nombreux jeunes Chinois de l’époque, dès son plus jeune âge il étudie l’art du poing au sein de sa famille puis bénéficie des cours particuliers d’un professeur de Xingyi Quan (Poing de l’harmonie de la Forme et de l’Intention, considéré comme l’une des trois principales « pratiques internes » (Nei Jia) des Arts du Poing Chinois).
A dix huit ans il commence la pratique du Taijiquan sous la direction de Wang Xingwu qui fut lui-même élève du réputé Yang Banhou. Il entre à l’Académie de Police du Shanxi puis à l’Académie Militaire.

En 1939 il rencontre un taoïste de l’Ecole du Jing Dan (Pilule d’Or) du nom de Zhang Maolin qui l’initie aux pratiques du Daoyin Neigong (Travail Interne de la « Gymnastique Taoïste ») et le présente à son frère Zhang Qinling qui était à la fois élève de Yang Jianhu et de Yang Chengfu. Cela lui permit d’étudier l’ « Ancienne Grande Forme de la Tradition Secrète du Taijiquan de la Famille Yang » telle qu’elle fut transmise à l’origine par le Fondateur Yang Luchan (1799-1872).

Pendant la guerre sino-japonaise (1938 1945) il devient commandant sous les ordres du Général Yen Xisan et dirige un bataillon puis un régiment et est plusieurs fois décoré pour des actes de bravoure. Lors de la guerre civile entre nationalistes et communistes il rejoint son ancienne unité et, suite à la défaite nationaliste, est contraint de se replier à Taiwan.
De 1949 à 1954 il sera employé par le Ministère de la Défense avec le grade de Colonel.

En 1954 il décide de se consacrer presque exclusivement à l’enseignement du Taijiquan à Yuan Shan dans un petit parc qui sert de mémorial aux résistants du Shanxi.
En 1956 il fonde avec plusieurs autres enseignants de renom l’Association Nationale du Taijiquan de la République de Chine (Zong Mai Wenhua Taijiquan Xueshu Yenjiu) au sein de laquelle il occupera pendant de longues années le poste de Vice Président.

Par la suite il continuera toujours à enseigner à l’extérieur, donc en public, les formes en solo du Taijiquan tandis qu’il préférera transmettre chez lui, en privé, les applications à deux (Tui Shou) et les applications de combat (San Shou).
En 1975, le décès de Chen Man Ching, probablement le Maître Chinois de Taijiquan le plus connu et réputé à l’étranger, et particulièrement aux USA, projette malgrè lui Wang Yen Nien sur le devant de la scène. Il devient, en quelque sorte, le N°1 du Taijiquan à Taiwan… donc la référence pour les traditionalistes.

Ses cours jusqu’ici exclusivement fréquentés par des Chinois voient arriver quelques occidentaux soucieux de retrouver un maître ayant pignon sur rue. Wang Yen Nien a toujours observé ce transfert d’autorité avec un certain détachement sinon un humour certain d’autant plus que les rapports avec Chen Man Ching et ses disciples occidentaux n’aient pas toujours été excellents.
L’un d’eux Robert W. Smith, auteur de « Chinese Boxing – Masters and méthods (Kodansha International 1974) avait, par exemple, affirmé que « Chen se jouait de Wang (Chen toyed with him each time…). a chaque fois qu’ils se rencontraient »… ce qui de l’avis de divers témoins était pourtant très loin d’être le cas.
Mais les deux hommes possédaient des personnalités très différentes… autant Chen était « policé » (Wen – « civil » ou « civilisé » en chinois…) que Wang était « martial » (Wu – « militaire » ou « brave » en chinois). Le premier était poète et fin calligraphe, le type même du mandarin lettré, de grande courtoisie et fin politicien… alors que le second, comme le dit le chapitre XV du Daodejing (Tao Te King) était  » entier d’une seule pièce comme du bois brut ».

Cette bravoure, dans tous les sens du terme, liée au souci de la hiérarchie quelque peu militaire et confucianiste faisait que Wang n’avait jamais souhaité mettre en difficulté celui qu’il considérait comme un « ancien »… puisque plus âgé que lui dans le domaine de la pratique et de l’état civil.

De plus, toujours par habitude, il était considéré comme normal que le militaire, quel que fut son grade, s’écarte humblement devant le politique d’un certain rang et d’un certain âge. Or « Beaux Favoris » (Man Jan – le surnom de Chen Mang Ching) était l’aîné de Wang d’une bonne dizaine d’années.
Cette attitude particulière de Wang ne se limitait pas aux plus anciens puisqu’on relate l’anecdote où il fut plus ou moins défié par un jeune enseignant brésilien d’origine chinoise qui pratiquait avec ses élèves, venus également du Brésil, dans le jardin du Grand Hôtel de Taipei (Yuanshan) où Wang Yen Nien enseigne depuis de longues années.

Les deux hommes se livrèrent à une joute de Tui Shou (poussées à deux) qui dura un bon moment. Les élèves de Wang, témoins de cet événement inhabituel, s’étonnèrent du fait qu’il ne faisait que contrôler la situation, rééquilibrant même plusieurs fois le jeune professeur qui perdait pied tout seul. Les deux protagonistes se séparèrent en échangeant des compliments réciproques et en se saluant maintes fois. Devant la mine défaite de ses élèves Wang sourit d’un air désolé, haussa les épaules et affirma qu’il n’était pas courtois d’humilier un professeur devant ses élèves surtout si ceux-ci sont des touristes ayant fait l’effort de venir étudier le Taijiquan en Chine !

Devant l’affluence des pratiquants venus du monde entier Wang eut un jour l’idée géniale de monter, avec quelques élèves, en une seule nuit de 1985, un bâtiment sur la terrasse d’un building. Le cas ne s’étant jamais produit il prit de cours les autorités et nul n’y trouva rien à redire… et il y enseigne chaque soir depuis cette époque.

Le Maître Wang Yen-nien que la plupart de ses élèves appellent simplement « Monsieur Wang » ou plus respectueusement Laoshi ( littéralement « Vieux Monsieur » ou « Honorable Monsieur ») est depuis 1989 le Président en titre de l’Association Nationale du Taijiquan de la République de Chine et Président de la Fédération Internationale de Taijiquan.

Quelques anecdotes sur l’humour du Maître Wang…

Un jour lors d’une conférence quelqu’un lui posa la question  » Existe-t-il une raison spécifique pour que l’on pratique le Taijiquan le matin de bonne heure dans un parc ? » …
« Oui, il existe même plusieurs raisons très importantes… la première est que, généralement les habitations chinoises sont trop exiguës. La seconde est que plus tard il fait souvent trop chaud. La troisième est qu’il est souvent difficile de convaincre son patron que le Taijiquan pratiqué sur le lieu du travail accroît la productivité ».

Une autre personne lui demanda « L’orientation dans la pratique est-elle très importante ? »
 » Oui, il est préférable de pratiquer face à une montagne que face à un mur d’usine et à l’ombre qu’en plein soleil. La boussole est, somme toute, assez secondaire ».

Lors d’une visite à l’un de ses élèves occidentaux qui dirigeait un cour dans une salle il le félicita pour le travail des élèves mais s’étonna du fait que cet enseignant en question indique d’une voix de stentor les temps d’inspire et d’expire…
Celui-ci lui rétorqua qu’il faisait simplement comme il l’avait vu faire lui-même dans le parc du Grand Hôtel. Wang sourit et demanda, en aparté, où étaient les avions qui survolaient le parc, les autoroutes et la voie de chemin de fer qui le bordaient et les transistors des Taiwanais venus s’y promener.

Le Taijiquan de la Transmission secrète de la Famille Yang

Originellement le Taijiquan provient probablement d’une fusion entre des méthodes énergétiques apparentées au Daoyin Fa (pratiques taoïstes de santé et de longévité), des pratiques de combat effectuées à main nue et avec des armes provenant du Mont Wudang (Wudang Shan Quan Neijia) également réputé pour ses monastères taoïstes et diverses méthodes de combat issues du Monastère de Shaolin (Shaolin Shi Quan Waijia).

Pendant de longues années cette pratique que l’on nommait alors « le Long Poing » (Chang Quan) ou le « Poing Marteau » (Pao Quan) demeura l’exclusivité de la famille Chen. A la fin du 19eme siècle un certain Yang Luchan étudia au sein de cette famille. Selon le Maître Wang, il semble que celui-ci avait pratiqué auparavant le style Tam Tui (jambe ressort), dérivé de Shaolin ainsi que deux autres écoles du Nord de la Chine dont le Hong Quan. Yang Luchan, de plus, était de stature très imposante. Lorsqu’il demanda l’autorisation d’enseigner, à son tour, le Taijiquan il aurait été difficile de lui refuser. Il se rendit donc à Pékin, ou se fit connaître sous le surnom de « Yang le sans rival » et où il ouvrit une école. Lorsqu’on lui demanda de quelle école il s’agissait il lui donna le nom de « Yang Pai » (Branche Yang).

Par la suite, il se référera au Taijiquan de la Branche Yang. Il eut l’occasion d’enseigner cette pratique aux officiers de la garde impériale mais, comme il s’agissait de Mandchous (Qing ou Tsing), il simplifia et raccourcit son enseignement. Cela ne l’empêchait pas de continuer à transmettre la « forme longue » qu’il avait mis au point à ses disciples chinois. Yang Chengfu, le fils de Yang Jianhou transmit, par la suite, cette forme longue à Zhang Qinlin qui eut plusieurs disciples dont Wang Yen Nien… Suivant Wang Yen Nien un apportant apport fut effectué par Zhang Qinlin qui était un initié taoïste des Ecoles Jing Dan (Pilule d’Or) et Jing Shan (Montagne d’Or). Cet apport se basait sur la conception de la circulation du Qi plus que sur la forme elle-même bien que la posture générale du corps soit modifiée pour faciliter cette circulation et accroître l’efficacité.

La longueur exceptionnelle de la forme, désormais séparée en trois parties (Doan) distinctes pour des raisons pédagogiques évidentes, ainsi que la position très particulière du bassin est la principale caractéristique de l’école du Maître Wang Yen Nien.

Le « Grand Enchaînement » (Chang Quan) peut lui-même être précédé d’exercices de base, ou préparations, et, traditionnellement d’un enchaînement plus court qui résume toutes les techniques de base, le Shi San Shi (Treize Postures) qui fut, pendant un moment, plus ou moins commun à la plupart des Ecoles de Taijiquan. Lorsque les « Treize Postures » et le « Grand Enchaînement » ont été étudiés il est alors possible de pratiquer, avec un partenaire, le Tuishou ou « Poussée des Mains » qui comporte également 13 exercices de base ainsi que le Dalu ou « Grands Déplacements ». Au travers du Tuishou et du Dalu il est alors possible d’entreprendre le Yong Fa ou « techniques d’applications » qui consiste à étudier comment les mouvements peuvent s’utiliser en combat sur des poussées, des saisies ou des frappes…Ce Yong Fa peut alors s’appliquer dans la pratique du San Shou (littéralement « séparer les mains ») ou combat libre souple.

Parallèlement, le pratiquant peut également s’initier à diverses armes… le bâton (Taiji Gun); le sabre (Taiji Dao); l’épée (Taiji Jian) et l’éventail (Taiji Shan) qui sont également étudiées sous la forme de Doan (formes ou séries). Bien que le Taijiquan puisse être considéré comme un « Qigong » (ou Chi Kong, Qi Gong… ) (littéralement travail énergétique) en mouvement le Maître Wang Yen Nien propose également un enseignement du Neigong (Travail Interne) du Jing Dan… donc de la méditation taoïste. Il s’agit donc, comme on peut le constater, d’une Ecole et d’un enseignement très structuré et très complet… aux multiples facettes.

Comment pratiquer la forme transmise par le Maître Wang Yen-Nien ?

Le Maître Wang yen-Nien enseigne à Taipei, en République de Chine (Taiwan) où il est possible de le rencontrer chaque matin, de 6H00 à 7H00, à Yuan Shan, juste devant le Grand Hotel.
Son enseignement représente un courant particulier spécifique à la transmission qu’il a reçu de Zhang Qinlin et qui se différencie des diverses écoles de style Yang enseignés sur le continent.

Cet enseignement se transmet en République de Chine par le biais du Maître Wang et de plusieurs professeurs Chinois mais également en Europe où les enseignants qu’il a formé se retrouvent au sein du Collège des Enseignants du Yangjia Michuan Taiji Quan qui fonctionne sous forme d’un parrainage et où ces enseignants se retrouvent en toute égalité.
Les nombreuses Associations européennes permettant la diffusion de cet enseignement et de cette pratique se retrouvent, quant à elles, au sein de l’Amicale du Yangjia Michuan Taijiquan.

Il convient donc de noter, ce qui est assez rare pour être signalé, que le fonctionnement de cet enseignement et de cette transmission s’effectue sur un mode horizontal et démocratique basé sur une forte conception associative et non, comme c’est trop souvent le cas, sur un mode pyramidal de type plus ou moins sectaire prenant la tradition en otage au profit d’un individu ou d’un groupe restreint de privilégiés. Il est à noter, par exemple, que contrairement à de nombreuses autres écoles dites traditionnelles Wang Yen Nien ne pratique pas ce qu’il est convenu de nommer un « rituel d’initiation » (Baishi ; littéralement Bai : s’incliner, faire allégeance Shi : le maître… ). Ceci ne l’empêche pas d’être hautement respecté par les enseignants qu’il a formé et par leurs élèves…

Amicale du Yangjia Michuan Taijiquan
Président :
Jean Luc PERROT 18, avenue Léopold II
5000 NAMUR BELGIQUE

Trésorière :
Françoise ANGRAND BP 1425
49014 ANGERS CEDEX O1 FRANCE
Tél/Fax 02 41 78 84 65

Collège des Enseignants du Yangjia Michuan Taijiquan
Secrétaire : Valérie OPPEL 39, rue de la Servette
1202 GENEVE SUISSE
Tél. : 0041 22 733 08 36

 

Pour en savoir plus :

TAIJI QUAN – Transmission secrète par la Famille Yang par Wang Yen Nien
2 F, 32, Fuguo Road, Shilin, Taipei, Taiwan ROC
Yen-Nien Daoguan
www.ymti.org/fr

TAIJI QUAN – Pratique et enseignement des Huit Portes et Treize Postures
(Ba Men Shi San Shi)

par Christian BERNAPEL et Georges CHARLES Editions ENCRE

WEN WU – La Plume et le Poing –
Collectif du Yangjia Michuan Taijiquan
B.P. 3002 – 49017 ANGERS Cedex 01 FRANCE

Web :

Amicale Yangjia Michuan France et Europe :
Le Site officiel…
http://taijiquan.free.fr/Amicale/Amicale.html

Yangjia Michuan Taijiquan, adresse e-mail de l’école fondée et dirigée par
Wang Yen-nien (Taiwan, ROC – tel/fax 886-2-2881-2981)
www.ymti.org/fr

Et la version Etazunienne du site : American Yangjia Michuan Taijiquan