Acupuncture : Zhen Jiu

L’Empereur WANGDI :

<< Le peuple me verse l’impôt, souvent il est malade ; il est bien à plaindre !
Aussi je ne veux pas qu’il absorbe à travers des potions toxiques.
Je désire qu’il soit traité avec les petites aiguilles d’acupuncture… >>
NEIJING Chapitre 1 (220 Av. J.C.)

Bases fondamentales de l’acupuncture

 

Acupuncture et médecine chinoise : la cosmogonie classique

Il est tout à fait possible de se faire traiter par la médecine chinoise sans jamais avoir eu aucune notion de la pensée et de la philosophie chinoise.

Il est, de même, tout à fait possible d’utiliser une voiture, comme conducteur ou comme passager, sans avoir la moindre notion de mécanique.

Mais, de même que pour le véhicule automobile, si l’usage est régulier, fréquent et prolongé dans le temps quelques notions de base s’imposent.
Le simple fait se savoir et de pouvoir changer une roue, des bougies, un filtre à air permettent une moindre dépendance vis à vis d’autrui et surtout du garagiste.
Si la réparation est plus importante, un minimum de connaissances évite, bien souvent, des surprises désagréables et des facturations pour le moins fantaisistes. Loin de nous la pensée qu’un acupuncteur ou qu’un garagiste puisse profiter de votre méconnaissance pour en tirer un quelconque profit.
Dans certains cas ils sont irremplaçables et d’une grande efficacité et détestent, à juste titre, qu’on leur dicte la conduite à suivre.
Mais, cela n’empêche nullement de tenter de comprendre leur démarche au lieu de demeurer totalement passif.
Cela est encore plus vrai si vous choisissez de d’appuyer leur action par une démarche personnelle active de prévention ou d’entretien.
Si l’acupuncture ou le massage (AN MO chinois, SHIATSU japonais) vous suffit, vous laissez, en quelque sorte, votre corps chez le thérapeute comme votre voiture au garage, vous attendez que cela se passe puis vous reprenez le cours normal des choses c’est à dire l’utilisation rationnelle de votre corps ou de votre véhicule.
Même dans ce cas, il est préférable de connaître un minimum de règles essentielles, fondements d’hygiène et de nutrition ou code de la route.
Si, par contre, vous souhaitez complémentariser l’acte thérapeutique ou éviter qu’il se reproduise trop souvent une simple démarche personnelle dans ce sens impose de ne plus faire n’importe quoi n’importe comment avec n’importe qui.
Qu’il s’agisse d’une pratique énergétique comme le Taiji Quan (Tai Chi Chuan), le Qigong (Chi Kung), la gymnastique chinoise, ou Japonaise, de santé Daoyin (Tao Yin) ou Do In, d’une méthode de nutrition spécifique diététique chinoise (Yinshi) ou macrobiotique japonaise ou simplement de l’utilisation de plantes médicinales familiales dans de simples tisanes, il devient important sinon indispensable de connaître quelques règles.
Ne serait-ce que pour ne pas totalement contrarier ou fausser le travail de l’acupuncteur ou compliquer celui du masseur.
Cela n’est pas du goût de tout le monde et déjà

Confucius

(Kongzi), dans les  » Entretiens « 

(Lun Yu), Livre 3 Chapitre 5, affirmait

 » Il est donné à tous les disciples d’entendre les leçons du Maître sur la bonne tenue corporelle et les règles de bienséance, mais non ses enseignements sur la nature de l’homme et sur l’action du Ciel. « 

Il était donc précisé que seuls les initiés pouvaient avoir accès à certaines connaissances et ceci progressivement. Cela rejoint parfaitement l’affirmation du Docteur A. CHAMFRAULT dans son cinquième tome du  » Traité de Médecine Chinoise  » dans un paragraphe intitulé  » Le souffle des cinq Eléments pour nourrir les cinq organes  » :

 » Dans la notion de circulation de l’énergie en médecine taoïste, l’individu peut de lui même renforcer cette énergie circulante et traiter lui même, et sans l’intervention des aiguilles, toutes les maladies qui peuvent l’atteindre. Il semble donc que le traitement par les aiguilles d’acupuncteur ne soit réservé qu’à ceux qui n’ont pas ce pouvoir. Le Maître acupuncteur remplace donc, avec ses aiguilles, et par le jeu de la pensée, ce qu’un taoïste initié pourrait accomplir par lui-même et sans l’intervention matérielle des aiguilles « .

On comprend que ce  » pouvoir  » des  » taoïstes initiés » puisse quelque peu déranger l’ordre confucianiste et quelques acupuncteurs. Remplacer des myriades de médicaments par quelques aiguilles bien placées est déjà un tour de force économiquement peu apprécié par l’industrie pharmaceutique.
Si les aiguilles elles-mêmes peuvent être à leur tour remplacées par une connaissance utilisée par le patient c’est l’anarchie la plus totale et la plus désespérante. Il ne faut donc pas en vouloir à Confucius qui ne veut que notre bonheur en nous protégeant de trop de savoir.

 

UN TAO UNIQUE AUX MANIFESTATIONS INNOMBRABLES.

Dans la conception classique de la philosophie chinoise du Tao, l’homme situé entre terre et ciel fait partie intégrante de la nature et ne peut s’en dissocier sans rompre un équilibre permettant sa présence. Or, cette nature fait elle-même partie de l’univers qui est la manifestation du Tao. Les innombrables activités humaines, terrestres et célestes dépendent donc de cette Unité primordiale.
En médecine chinoise classique ce principe d’Unité est fondamental, il représente l’homme uni à son environnement direct ou indirect.
Mais également dépendant de cet environnement.
Le but essentiel de cette médecine est de maintenir l’homme dans cette unité ou de favoriser son retour dans celle-ci.

 

 

TAI YI :  » LA GRANDE UNITE  »
UN : L’UNITE DANS LE TAO

Tao (Dao), qui signifie littéralement  » Voie « , correspond à une Unité fondamentale qui est à l’origine de tous les phénomènes manifestés. Ne pouvant le nommer  » car le Tao que l’on nomme n’est pas le Tao authentique (Laozi ou Lao Tseu), on préfère lui donner le nom de  » Grand  » ou  » Grande Unité  » (Tai Yi).
Cette  » Grande Unité  » se manifeste donc dans chaque chose, dans chaque être, dans chaque principe, dans chaque application. En Chine, par principe, ces applications n’échappent pas à cette règle unitaire.
On parle donc de  » La  » cuisine, de  » La  » médecine, de  » La  » santé, de  » La  » peinture, de  » La  » respiration, de  » L’ « individu, de  » L’ « art martial. A partir de ce système unique, qu’il convient encore de définir dans ses règles essentielles, naissent des différenciations puis des complexifications et ceci, souvent, jusqu’à l’infini.
Les asiatiques ont donc tendance à nous présenter, pour l’exportation, cette unité comme quelque chose d’immuable ou de statique sinon de définitif.
A les entendre et à les croire il n’existerait donc qu’une seule école d’acupuncture, qu’une seule cuisine chinoise, qu’une unique méthode de Taijquan (Tai Chi Chuan) , qu’un seul temple Shaolin, qu’une seule Chine.
Cela est pratique, certes, mais ne correspond pas à la réalité.
Lorsque les occidentaux cherchent à comprendre objectivement celle-ci, ils se retrouvent naturellement devant un infini présentant de multiples manifestations, tendances, variations, déclinaisons qu’ils jugent trop complexe et en déduisent que tout cela n’est en fait qu’un  » casse-tête  » chinois de plus.
Il est plus facile de faire croire à un pratiquant de Taijiquan (Tai Chi Chuan) qu’il a choisi  » La  » seule  » école authentique  » ( » originelle  » ;  » ancienne  » ;  » secrète  » ;  » traditionnelle  » ;  » classique  » ;  » reconnue  » ;  » fédérale  » ;  » autorisée  » ;  » diplômante « ) que de lui expliquer qu’il est là par hasard puisque qu’il existe cinq grands styles, une soixantaine de tendances et près de quatre cents écoles tous plus authentiques les uns que les autres.

En fonction du point de vue où l’on se place !

Un proverbe affirme

 » La chouette, elle-même, s’extasie de la beauté de son oisillon  » !

LIANG YI :  » LES DEUX LIAISONS  »
DEUX : LA DUALITE DANS LE TAO
Le YIN/YANG

Par le biais du mouvement le Tai Yi (Grande Unité) donne naissance à deux principes fondamentaux nommés YIN/YANG.
Les plus anciens caractères chinois les désignant sont  » Revers  » et  » Avers  » et plus précisément encore  » Ubac  » et  » Adret  » qui représentent respectivement la partie d’une montagne demeurée à l’ombre et la partie d’une montagne exposée au soleil. Avant même de dresser des listes innombrables et infinies il est essentiel de comprendre qu’ils ne sont, l’un comme l’autre, que la manifestation d’un mouvement, donc d’un dynamisme.
Ce dynamisme se manifeste dans quatre modalités :

1/ le principe d’opposition (DUI LI) ou d’axe opposé.

Il est à noter que cette opposition par axe opposée définit une règle essentielle qui est de comparer uniquement ce qui est comparable.
On peut donc envisager des couples de l’ordre terre/ciel; nuit/jour; froid/chaud; femme/homme; immobilité/mobilité; mort/vie; lourd/léger.
Ceci à l’infini.
Par contre, des affirmations telles que  » Le ciel est Yang donc une pomme de terre est Yin  » ou  » La terre est Yin donc un oiseau est Yang  » sont exclues de ce premier principe et considérées comme totalement arbitraires sinon fantaisistes ou ridicules.
On les retrouve malgrè tout dans certaines théories contemporaines qui ont causé grand tort à la diététique chinoise classique !

2/ le principe d’engendrement réciproque (HU GEN).

YIN/YANG, bien qu’opposés, s’engendrent mutuellement.
La vie engendre la mort mais la mort est nécessaire pour entretenir la vie.
L’activité amène au repos mais le repos est nécessaire à l’activité.
La chaleur provoque la transpiration qui elle même permet le rafraîchissement.
Le froid provoque le grelottement qui lui-même permet le réchauffement.

3/ le principe de décroissance/croissance (XIAO ZHANG).

Lorsque YANG croit YIN décroît
Lorsque YIN croit Yang décroît.
Cette décroissance/croissance permet un équilibre dynamique.
Rien ne peut donc être tout à la fois uniquement YANG ou tout à la fois uniquement YIN.
Tout au plus il peut y avoir équilibre entre YIN/YANg ; majorité de YANG donc minorité de YIN ou majorité de YIN donc minorité de YANG.
Pour simplifier cette explication lorsque vous faites du vélo, si vous demeurez en roue libre les deux pédales ne bougent plus (équilibre YIN/YANG du à un mouvement). Lorsque vous pédalez vous pouvez appuyer fortement sur l’une ou l’autre des pédales. Le pédalier n’en continue pas moins de tourner régulièrement et les pédales de monter et de descendre de manière identique.
Si, par contre, vous appuyez uniquement sur une pédale en bloquant l’autre, ou si vous appuyez sur les deux pédales à la fois, le résultat ne peut être qu’un déséquilibre.
Le pédalier arrête de tourner, bloque le mouvement du vélo, et vous vous cassez la figure.

4/ le principe de transformation mutuelle (ZHUAN HUA).

YIN/YANG agissent l’un sur l’autre, provoquant des transformations, involutions ou évolutions nécessaires à la vie.
En faisant chauffer de l’eau on obtient de la vapeur, en refroidissant de l’eau on obtient de la glace ; en plantant des graines avec l’action combinée de l’eau (Yin) et de la chaleur du soleil (Yang) on obtient des légumes qui à leur tour produisent des graines. Cette transformation mutuelle permet donc la production et la reproduction mais aussi le changement et la diversité.
Ces notions essentielles doivent inciter à quelque peu tempérer les listes occidentalisées se bornant à opposer statiquement YIN/YANG dans un tableau trop souvent YANG et YIN ainsi que dans des théories prônant le Yang sans Yin ou, pire encore, incitant à penser que yin (beurk !) agit au détriment de Yang (Youpi !).
Cela finit par impliquer, vulgairement, que Yin = caca.
Aucun Taoïste n’a jamais pu enseigner cela.
Il s’agit là d’une mystification n’ayant aucun rapport avec la pensée, la philosophie, la tradition chinoise et moins encore avec le Tao.
Dans la vision paradis/enfer du Tao à bon marché le Yang demeure le Yang et le Yin demeure le Yin.
On se  » yanguise  » donc en pratiquant ou en consommant du Yang/paradis et on évite à tout prix le Yin/enfer.
Tout est alors très simple.
Il y a alors les  » bonnes pratiques  » et les  » mauvaises pratiques « , les  » bons aliments  » et les  » mauvais aliments « , les  » produits de santé  » et les  » médicaments qui rendent malade « .
D’un coté la paix, le bonheur de vivre, la vitalité, la pleine forme, les dents blanches et l’haleine fraîche et de l’autre la guerre, le malheur, le béribéri et les odeurs de pied. C’est avec ce type de raisonnement que le discrédit profond et durable à été jeté sur les théories alimentaires et diététiques quand elles ne se veulent pas médicales, se référant au YIN/YANG donc au Tao.
Si on admet, par contre, qu’un produit puisse être relativement plus Yang que Yin, ou l’inverse; qu’un produit considéré comme relativement plus Yin que Yang produira une énergie relativement Yang on comprend mieux le dynamisme du système basé, en fait, sur les mutations (Hua) et les transformations (Yi).
Donc que YIN/YANG ne sont que relatifs en fonction d’un lieu donné et dans un espace particulier.
Il est possible d’envisager une autre vision plus complexe mais également beaucoup plus dynamique.
Ce système YIN/YANG entretient l’équilibre par le mouvement et le mouvement est nécessaire à cet équilibre.
Bien évidemment cela complique quelque peu la belle organisation symétrique des tableaux à afficher sur le mur de la cuisine et oblige à une rédaction littéraire, néanmoins assez proche d’un rapport de gendarmerie, peu conforme avec le rigorisme scientifique auquel nous sommes habitués depuis la communale de Jules Ferry.
Au lieu de ressembler à une liste définitive et propre la classification relative du YIN/YANG finit par prendre des allures de poème et cela dérange.
Cela se manifeste de la façon suivante :
Liste occidentalisée : YANG YIN le ciel la terre le soleil la lune le jour la nuit l’homme la femme le chaud le froid la clarté l’obscurité le haut le bas ect…. ect….
Conception chinoise ou orientale : L’Un, relativement Yin, a tendance à descendre tandis que l’Autre, relativement Yang, a tendance à monter. L’Un, relativement Yin, a tendance à être froid tandis que l’Autre, relativement Yang, a tendance à être chaud. L’Un, relativement Yin, a tendance à être sombre tandis que l’Autre, relativement Yang, a tendance à être clair.
Ce principe est parfaitement démontré par LIEZI (Lie Tseu), un orfèvre en la matière de la philosophie du Tao, dans  » Le Vrai Classique du Vide Parfait « où, dans le chapitre I  » Genèse et transformation « , il explique :

 » L’Energie légère et subtile monte et devient le Ciel tandis que la matière lourde et dense descend et devient la Terre… « 

alors qu’il aurait pu tout à fait se contenter de dire

 » le Ciel est Yang et la terre est Yin « 

Ou plus simplement encore de placer le caractère  » Ciel  » en haut et à droite et le caractère  » Terre  » en bas et à gauche.
Mais, dans ce cas, Liezi, se serait délibérément écarté des quatre principes.

Opposition (DUI LI)

énergie/matière; légèreté/pesanteur; subtilité/densité; montée/descente; Ciel/terre.

Engendrement réciproque (HU GEN)

Ce qui monte (Petit Yang) et produit le Ciel (Grand Yang) provient originellement du bas (Ancien Yin) tandis que ce qui descend (Petit Yin) et produit la Terre (Grand Yin) provient originellement du haut (Ancien Yang).

Croissance/décroissance (XIAO ZHANG)

L’Un s’élève et se disperse TANDIS que l’Autre descend et se concentre.

Transformation mutuelle (ZHUAN HUA)

L’énergie légère et subtile DEVIENT (se transforme en) le Ciel; la matière lourde et dense DEVIENT (se transforme en) la Terre.

Dans cette conception classique si on souhaite établir une liste il convient de tenir au moins compte du mouvement (YUNDONG) et de la transformation (BIANHUA). Lorsque ce mouvement (Tai Su ou  » Grand Flux « ) agit au sein de l’unité fondamentale :

L’Un monte tandis que l’Autre descend,
L’Un devient clair tandis que l’Autre devient sombre,
L’Un se dilate tandis que l’Autre se concentre,
L’Un grandit tandis que l’Autre diminue,
L’Un devient mobile tandis que l’Autre s’arrête,
L’Un se réchauffe tandis que l’Autre se refroidit,
L’Un nait tandis que l’Autre meurt
Jusqu’à l’infini…l’infini..l’infini…

Sur un plan pratique, il est donc important de ne plus considérer YIN/YANG comme un principe statique et immuable, ou comme un symbole inerte et décoratif. Mais bel et bien comme le Tao en volume, en mouvement et en évolution permanente. Dans les livres de sciences naturelles, les girafes sont représentées plates et statiques. Cela donne une idée de ce à quoi ressemble une girafe.
La vraie girafe est, par contre, en volume, en mouvement et en évolution.
Elle possède une taille, un poids, une odeur et des habitudes. Elle a souvent même une famille et vous ne la rencontrerez pas à la page 112 d’un manuel scolaire.
Il en va de même pour le Tao.
En médecine chinoise classique il convient donc d’étudier les manifestations YIN/YANG;
matière/énergie,
froideur/chaleur,
rapidité/lenteur,
surface/profondeur
et d’éventuellement les rééquilibrer par l’utilisation rationnelle de la tonification/dispersion.

SAN TSAI :  » LES TROIS POUVOIRS  »
LE TAO DU CIEL, DE L’ETRE HUMAIN ET DE LA TERRE…


Le Tao en mouvement engendre YIN/YANG.
Il convient alors que ceux-ci se manifestent et évoluent.
En chaque chose existent un commencement, un développement et une fin. Naissance, vie et mort font partie du cycle de la nature.
Ce cycle est un éternel recommencement.

LAOZI (Lao Tseu) explique dans le DAODEJING (Tao Te King) au chapitre 50 :

 » Le retour est le mouvement du Tao « .

Ces  » Trois Pouvoirs  » se manifestent donc dans le ciel, dans l’homme et dans la terre. Les énergies du ciel, ou cosmiques, nommées en chinois Shen Qi ( » souffle spirituel « ) descendent et se concentrent vers la terre. Les énergies de la terre, ou telluriques, nommées en chinois Jinq Qi ( » souffle essentiel « ) montent et se dispersent dans le ciel.
A la confluence du mouvement de ces énergies se trouve l’être humain (Ren)*.
Ce dernier mobilise, accueille, transforme et utilise ces énergies, ce qui lui permet de naître, de vivre puis de mourir.Mais également de donner naissance, d’apprendre, d’enseigner et de transmettre un héritage.

Un passage du Traité de la Poésie ou Livre des Odes (SHI JING) explique à ce sujet :

 » L’Etre humain (Ren) voit le Ciel (Tian) et peut recevoir le souffle spirituel (Shen Qi),
l’Etre humain prend la terre (Ti) et peut comprendre le souffle essentiel (Jing Qi),
l’Etre humain échange avec l’Etre humain (Ren) et peut évoluer (changer le cours des choses ou le destin) (Ming). Celui qui ne sait pas voir le ciel et ne veut pas comprendre la terre demeurera l’esclave de l’Etre humain ou achètera celui-ci. « 

 

Ces  » Trois Pouvoirs  » correspondent plus pratiquement au  » céleste  » ou  » spirituel  » (Esprit ou Shen) pour le ciel, au  » relationnel  » ou  » émotionnel  » (Etre humain ou Ren) pour l’Etre humain et au  » matériel  » ou  » structurel  » (Terrestre ou Ti) pour la terre.

Ces trois notions correspondent également à trois stades.

Le premier est qualifié de normal ou ordinaire, le second de naturel ou spontané, le troisième d’extraordinaire ou merveilleux.
Le premier stade consiste à rétablir le cours normal ou ordinaire de l’énergie ceci afin d’assurer le fonctionnement normal ou ordinaire de l’individu ceci tant au niveau de l’organisme (corps) que de l’esprit.
Il est ainsi normal d’avoir faim, d’avoir sommeil, d’avoir des loisirs après avoir travaillé. Mais, ce fonctionnement  » normal  » est souvent perturbé : on n’a plus faim, on digère mal, on ne dort plus, on n’a plus envie de travailler ni le temps de prendre des loisirs. Le fonctionnement de l’organisme et du psychisme devient alors anormal.
Le premier but de la médecine chinoise classique est de faire rentrer les choses dans l’ordre ce qui correspond à un minimum de santé.
Cela correspond, ou peu s’en faut, à la conception médicale occidentale de la santé comme  » silence du corps « .
On dort sans problème, on mange sans problème, on digère sans problème, on travaille sans problème : on est  » normal  » est la situation est ordinaire.

Le second stade consiste à améliorer le mouvement de l’énergie.
Celle-ci circule alors naturellement permettant de retrouver une liberté spontanée dans les actes de la vie de chaque jour.
Il s’agit d’un état de santé positif et non plus d’une simple absence de maladie.
Le corps n’est plus silencieux mais s’exprime pleinement et naturellement, ceci en harmonie avec la nature.

Le troisième stade consiste à transformer ou à sublimer l’énergie.
Celle-ci devient alors  » merveilleuse  » ou  » extraordinaire « .
C’est l’état de réalisation recherché par les Taoïstes, état permettant la longévité, la créativité, l’harmonie avec le Tao.
En médecine chinoise classique ces  » Trois pouvoirs  » se manifestent, notamment, dans les  » Trois Foyers  » ou  » Trois Réchauffeurs « .
Mais il s’agit également d’équilibrer les influences de la Terre (Nutrition, énergies telluriques, équilibre corporel, influences des saisons et des climats…), de l’Homme (activités affectives, familiales, professionnelles, sociales), et du Ciel (Evolution spirituelle, influences des énergies célestes et cosmiques…).

* : Ren : Etre Humain.
Caractère 2426 du Dictionnaire Ricci.
Il s’agit du « genre humain » et non de l’homme fut-il avec une majuscule.
Ren (Jen) représente donc l’humanité dans son ensemble (human being).
Il n’est pas question de sexe, d’âge, de genre, de statut social et moins encore de nationalité.
Ce caractère est à rapprocher de Ren (Jen) (2427 du Ricci) qui est la « disposition de bienveillance envers autrui », l’amour de son prochain, l’humanité en tant que vertu (de virtus = pouvoir).

Kongzi (Confucius), plusieurs siècles avant les évangiles affirmait

« Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrait pas qu’il te fasse, mais fais à autrui ce que tu aimerai qu’il te fasse, ceci sans s’opposer à son intention » (Li Ji) « Livre des Rites ».

 

Cela inciterait à « devenir humain » et non pas à se contenter d’être un homme fut-il riche, jeune, chinois et en bonne santé vis à vis d’une femme tibétaine vieille pauvre et malade.

 

SI XIANG :  » LES QUATRE ORIENTS  »
L’EST, LE SUD, L’OUEST, LE NORD.

Il s’agit simplement des manifestations différenciées du YIN/YANG.

  1. Il y a ce qui est simplement Yang, le  » Petit Yang  » qui correspond à l’Est, au printemps, au végétal (Bois).
  2. Il y a ce qui est très Yang, le  » Grand Yang  » qui correspond au Sud, à l’été, au Feu.
  3. Il y a ce qui est simplement Yin, le  » Petit Yin « , qui correspond à l’Ouest, à l’automne, au minéral (Métal).
  4. Il y a, enfin, ce qui est très Yin, le  » Grand Yin « , qui correspond au Nord, à l’hiver, à l’Eau.

Ces  » Quatre Orients  » sont représentés symboliquement par les figures traditionnelles du YIJING (Yi King ou Traité des Mutations). Ils se nomment alors les  » Quatre Figures  » ou  » Quatre combinaisons :

 » Grand Yang  » (Tai Yang) double trait Yang (trait unique)
 » Petit Yang  » (Shao Yang ) Yang tempéré par le Yin (trait inférieur yang/supérieur Yin)
 » Petit Yin  » (Shao Yin) Yin tempéré par le Yang (trait inférieurYin/supérieur Yang)
 » Grand Yin  » (Tai Yin) double trait Yin (trait séparé)

Le Grand Yang correspond également à la chaleur (Feu);
le petit Yang correspond également à la tiédeur (Bois);
le petit Yin correspond aussi à la fraîcheur (Métal);
le Grand Yin correspond aussi à la froideur (Eau).

En médecine chinoise classique ces quatre orients sont étudiées dans le cadre des morphologies et des tempéraments et sont la base de l’utilisation de la pharmacopée populaire.

 

WU XING :  » LES CINQ MOUVEMENTS  »
L’EAU, LE BOIS, LE FEU, LA TERRE, LE METAL.

Le cycle des  » Cinq Mouvements  » , que l’on peu aussi nommer Cinq Eléments , Cinq Agents, Cinq Dynamismes, Cinq Tropismes, Cinq Formes est l’aboutissement de la série des nombres puisque la suite de ceux-ci ne fera que reprendre, en les complexifiant, les mêmes principes fondamentaux.

  • Le 6 correspondra au 4 (Quatre Orients ou quatre points cardinaux auxquels s’ajoutent le nadir et le zénith donc « au delà et en deça ».
  • Le 7 correspondra au 3 puisque les 7 manifestations sont présentes dans le ciel, avec l’homme et sur la terre. Sept étoiles de la Grande Ourse, sept planètes dans le ciel, sept couleurs de l’arc en ciel, sept jours de la semaine, sept sons, sept niveaux de compréhension.
  • Le 8 correspondra au 2 puisque les  » Huit Trigrammes  » (Bagua ou Pa Kua) sont les manifestations différenciées et les évolutions du YIN/YANG.
  • Le 9 correspondra à l’Unité (céleste)puisqu’il est considéré comme le maximum du Yang céleste, donc la manifestation aboutie du Grand Yang et de la Grande Unité.
  • Le 10 sera un retour à l’unité fondamentale (Tai Yi)
  • Le 11 sera unité + unité (Ciel antérieur et Ciel postérieur)
  • Le 12 correspondra à une globalité s’exprimant en cercle (avant/pendant/après la création/évolution/destination de la Terre, de l’Etre Humain, du Ciel )
  • Le 13 sera un retour aux origines (Jia Ren = retour chez soi, Etre du Clan).

Ces  » Cinq Mouvements  » sont considérés comme correspondant aux  » manifestations terrestres  » donc aux principaux phénomènes liés aux saisons et à leurs productions.

Au printemps correspond le Bois, ou végétal, la germination, la renaissance, la résurrection (qui re-suscite…remet en mouvement).

A l’été correspond le Feu, ou ignition-combustion, la sublimation, la magnificence.

A l’automne correspond le Métal ou minéral, la cristallisation, la sénescence.

A l’hiver correspond l’Eau, ou liquéfaction, la déliquescence.

Afin que ce système ne soit pas trop rigide, donc puisse être dynamique, il a été adjoint une  » cinquième saison « , donc un cinquième élément, correspondant à la Terre , ou nutrition-production, à l’équilibre, à la tempérance.
Cette cinquième saison se manifeste plus particulièrement en fin d’été, à la période caniculaire.
Mais elle est également présente, en moindre mesure, à la fin de printemps (ou en fin de matinée), à la fin de l’automne (ou fin de soirée), à la fin de l’hiver (ou en fin de nuitée).
Elle correspond particulièrement aux périodes de rééquilibre donc aux principales périodes de régime ou aux heures des repas. En tant qu’élément la Terre représente également la  » quintessence  » (  » quinta essentia  » ou  » cinquième essence « ) manifestée des quatre autres éléments.

Il est à noter que la terre (TU) des  » Cinq Eléments  » diffère de la terre (TI) des  » Trois Pouvoirs  »
la première représente la substance (sol, humus, argile…) tandis que la seconde représente la planète dans son ensemble.

C’est néanmoins à partir de la substance terrestre (Quintessence des Quatre autres Eléments), donc également de la planète, que naît le JING , que l’on traduit habituellement par  » principe essentiel  » principe qui représente  » l’essence  » de vie.

La rencontre du JING QI (Souffle Essentiel) montant de la terre vers le ciel et du SHEN QI (Souffle Spirituel) descendant du ciel vers la terre permet l’animation des êtres vivants au travers des  » Cinq Mouvements « .

Ceux-ci sont donc très importants et utilisés en permanence dans la médecine chinoise classique et l’énergétique tant pour entretenir la santé que pour traiter les maladies.

Les divers « Cycles » (Xiang) utilisés à partir des « Cinq Eléments » : A partir ce ces  » Cinq Eléments  » naissent plusieurs cycles dont les plus connus sont le Cycle d’Engendrement (CHEN) et le Cycle de Domination (ou destruction) (KO) .
Ces deux cycles sont particulièrement utilisés en acupuncture et en diététique ainsi que dans les techniques psychosomatiques ( » Qigong « ) et même dans les  » Arts Martiaux  » classiques (Taiji Quan, Xingyi Quan).

Cycle d’engendrement ou de production (XIANG SHENG) :

l’Eau engendre le Bois (l’eau permet à la graine de germer) (régénération, germination)
Le Bois engendre le Feu (le bois est nécessaire pour entretenir le feu) (combustion, ignition)
Le Feu engendre la Terre (le feu produit de la cendre) (production)
La Terre engendre le Métal (la terre (la cendre) contient des minéraux, des minerais) (cristallisation, minéralisation)
Le Métal engendre l’Eau (Le métal (les minéraux) se liquéfie sous l’action du temps ou de la chaleur) (liquéfaction, dissolution).

Cycle de domination ou destruction (XIANG KE)

L’Eau éteint le Feu
Le Feu fond le Métal
Le Métal coupe le Bois
Le Bois se nourrit de la Terre
La Terre absorbe l’Eau.

Il existe d’autres cycles, plus complexes, utilisant les cinq mouvements de l’énergie comme le « Cycle d’opression » (Xiang Cheng), le « Cycle d’outrage » (Xiang Wu), le Cycle de rebellion » (Fan Wu).
Le « Cycle d’assaut » , d’insulte ou d’attaque : Métal, Feu, Eau, Terre, Bois.
Ce cycle est décrit dans le dix neuvième chapitre de Zhuang Zi (Tchouang Tseu) et est utilisé en énergétique pour purifier.
Il est également nommé  » Cycle des Nomades  » (Xiang Pu)en opposition au cycle d’engendrement qui est considéré comme  » Cycle des Sédentaires  » (Xiang Chen).
Dans l’ancienne tradition ce  » Cycle des nomades  » (PU : voyager à pied se prononce également comme battre, assaillir, frapper) correspondait à l’attaque par le fer (métal de la hache, du sabre), le feu (incendie du campement), l’eau (inondation par rupture des digues d’irrigation) puis l’occupation (prise en main du territoire, de la terre) et enfin la conquête de nouveaux territoires avec l’aide des chevaux (végétal de la prairie, de la steppe, vent du galop, crinières au vent…).
Il s’opposait bien évidemment au  » cycle des Sédentaires  » (CHEN dans le sens de pacifier) , parfois simplement des nomades qui s’étaient fixés ou installés, dans lequel le Feu représentait le foyer, la Terre le lieu de résidence, étymologiquement le loyer, le Métal les outils agraires, l’Eau le puits et le Bois le verger, donc la culture au sens propre et au sens figuré.
Dans cette hypothèse, suivant les confucianistes, les « barbares » étaient « ceux qui ne possèdent pas de limite dans le territoire, dans les paroles et dans les actes ».
Les sédentaires, par contre, étaient donc « limités » dans le lieu (loyer), dans la parole (féal) et dans l’ acte (loyal puis légal).
Ils étaient donc considérés comme « policés », dont polis.
Les barbares possédaient des coûtumes ou un « folklore » , les sédentaires une culture. Les sédentaires se devaient donc d’être « cultivés », les barbares qui devenaient sédentaires devaient se plier à cette règle.
Donc, pour le sédentaire les éléments s’engendrent paisiblement (Feu/Terre/Métal/Eau/Bois).
Le sédentaire est donc l’homme qui possède un feu et un lieu (…un foyer et un loyer) tandis que le  » barbare  » était considéré, tout à fait comme en Occident, sans foyer ni loyer…donc  » sans foy ni loy  » et, par contrecoup  » sans foi ni loi « .
Il conviendrait encore de différencier, suivant le même principe, le  » loyal  » du  » légal « , le second ayant peu à peu remplacé le premier. On peut donc désormais être tout à fait déloyal tout en demeurant légal. Et tout à fait loyal en étant illégal !
Sur un plan plus pratique cela permet de comprendre que, dans l’utilisation du  » Cycle des Cinq Mouvements « , les  » Cinq Elèments  » n’ont pas toujours la même valeur symbolique :
le Métal peut être soit sabre soit charrue,
le Feu soit foyer de cheminée soit incendie…
En quelque sorte l’aiguille de l’acupuncteur peut être très paisible et faciliter la circulation de l’énergie si le cycle utilisé est le cycle d’engendrement ou  » sédentaire  » soit très agressive, pour chasser une énergie pathogène, s’il s’agit d’un cycle d’assaut ou  » nomade « .
Il s’agit bel et bien là de l’exemple de l’utilisation pragmatique de la philosophie chinoise appliquée à la médecine classique.
Avec le temps le  » Cycle d’Insulte  » a évolué vers un cycle utilisant le principe, plus complexe, des  » Six Energies Périphériques  » qui lui-même est à l’origine du principe des  » Douze Méridiens « .
En acupuncture ce cycle duodénaire, correspondant aux douze périodes de l’année, suivant Jacques LAVIER, est également basé sur l’activité du pillard envahisseur : invasion et massacre (métal), installation sur les territoires conquis (Terre), incendie de ce qui est construit (Feu premier ou feu Impérial ou Princier), désolation (Eau), nouvelle tradition (Feu second ou feu ministériel), nouvelle civilisation (Bois).
Le cycle des  » Décrets Impériaux  » quant à lui oppose les éléments par paires : Feu/Eau; Métal/Bois la Terre demeurant au centre. Ce cycle, aussi nommé  » Cycle d’Explication  » (SHI) représente, dans la tradition ancienne, un entretien avec l’Empereur suite à une requête. L’empereur invariablement répond Oui-oui (Feu), Non-non(Eau), Oui (Bois), Non (Métal)…Peut-être (il propose de transmettre le dossier à ses conseillers…) (Terre).
Ce cycle est à l’origine de la proposition du SHI MING, traité médical rédigé par LIU XI dans le premier siècle de notre ère, qui consiste, concernant la structure corporelle (TI), à étudier les couples os/chair (dur/mou); poils (peau)/sang (visible/invisible); avers (face)/revers(dos) (interne/externe); grand/petit (immuable/éphémère) afin d’établir l’unité du corps (notion d’équilibre, de centre, de terre).
Il s’agit d’un cycle plus utilisé dans les pratiques énergétiques (…Daoyin Qigong…) qu’en acupuncture.
En médecine chinoise classique ces  » Cinq Mouvements  » sont omniprésents tant en acupuncture, qu’en pharmacopée, que dans la diététique, la diétothérapie, les massages, les techniques psychosomatiques… L’acupuncture ainsi que le massage médical utilise plus particulièrement dans les traitements, en complément des  » Cinq Mouvements « , le cycle duodénaire correspondant aux énergies dites périphériques, aux  » méridiens  » (chemins de l’énergie périphérique)et aux  » points  » d’acupuncture.
Un ancien adage médical explique à ce sujet :

 » Les Cinq Mouvements se manifestent à l’intérieur, les Six Energies s’expriment à l’extérieur « .

Dans une certaine mesure cela implique que les  » Cinq Mouvements  » sont préférentiellement utilisés dans les pratiques d’entretien de santé (diététique, Daoyin Qigong, automassage…) alors que les  » Six Energies  » sont préférentiellement utilisées dans les pratiques thérapeutiques (acupuncture, moxibustion, diétothérapie, massage et mobilisations médicales, Qigong médical…).

 

ENTITES VISCERALES ET COMPORTEMENT PSYCHOLOGIQUE

 

Les  » Cinq Mouvements  » se manifestent également dans cinq entités viscérales qui influent sur le comportement psychologique. La médecine chinoise propose donc également un moyen d’action dépassant amplement le cadre organique et susceptible de régler des perturbations psychiques éventuelles.
Concernant cette théorie millénaire, la principale difficulté réside d’une part dans la traduction des termes utilisés, d’autre part dans leur interprétation. Il demeure, en effet, difficile à un occidental de traiter de psychologie sans utiliser un vocabulaire propre aux psychologues.
De ce fait la tentation est grande d’essayer de faire correspondre la tradition chinoise aux théories freudiennes.
Certains auteurs, et non des moindres, comme Jacques LAVIER, ont donc effectué une tentative d’explication en utilisant des concepts tels que le subconscient, correspondant à l’entité viscérale des reins (ZHI), que le préconscient, correspondant à l’entité viscérale du foie (HUN), le conscient, correspondant à l’entité viscérale du coeur (SHEN), le postconscient, correspondant à l’entité viscérale des poumons (PO) et l’idéogène correspondant à l’entité viscérale de la rate (YI).
D’autres se réfèrent à l’énergie ancestrale (Eau), à l’énergie rationnelle (Bois), à l’énergie psychique ou mentale sinon spirituelle (Feu), à l’énergie végétative (Métal) et à l’énergie créatrice (Terre).

Au reins correspond l’entité viscérale Zhi (Ricci 821 : aspirations, ambition, idéal)
Au foie correspond l’entité viscérale Hun (Ricci 2286 : principe vital, dynamisme)
Au coeur correspond l’entité viscérale Shen ((Ricci 4317 : vitalité, entrain, allant)
A la rate correspond l’entité viscérale Yi (Ricci 2248 : intention, dessein, vouloir)
Aux poumons correspond l’entité viscérale Po

(Ricci 4148 : animation de l’ Etre)

A ces entités-énergies correspondent des états psychologiques primaires.

La colère correspond au Bois, la joie correspond au Feu, la réflexion correspond à la Terre, la tristesse correspond au Métal, la peur correspond à l’Eau.

Suivant l’état de plénitude, d’équilibre, de vide d’énergie dans ces organes on assiste alors à la prédominance d’un état psychologique particulier. En réglant ce mouvement d’énergie, par l’acupuncture, la pharmacopée, les techniques psychosomatiques, il est donc possible d’influer sur ces états, donc sur les sentiments.
Cela peut sembler primaire car remplacer cinquante séances de divan par quelques misérables piqûres ou une potion, sinon quelques mouvements, n’est pas facilement admis.
Dans la conception énergétique chinoise la colère fait monter l’énergie vers le haut du corps, la joie harmonise cette énergie, la tristesse la disperse, la réflexion la concentre, l’émotion la trouble. Il existe, dans cette hypothèse, une interdépendance directe entre les émotions et les mouvements de l’énergie…donc les états psychologiques et organiques sinon pathologiques.

Cette théorie est loin d’être récente puisque dans le

 » Traité du Maître Transcendant de Nan Hoa « , Zhuangzi (Tchouang Tseu) , au chapitre 19 explique on ne peut plus clairement :

 » Quand l’esprit vital se disperse vers l’extérieur (Excès de Petit Yin/métal) et ne peut se recentrer l’homme perd son courage. Quand l’esprit vital accumulé dans le haut du corps (excès de Yang/Feu) ne peut pas redescendre, l’homme devient irascible. Quand l’esprit vital accumulé dans le bas du corps (excès de Yin/Eau) ne peut pas remonter, l’homme devient oublieux. Quand l’esprit vital accumulé dans le centre ne peut monter ni descendre alors l’homme se sent malade…. « .

Il ne s’agit pourtant pas d’un texte médical mais d’un grand classique.

On note également qu’il s’agit du  » Cycle d’Insulte  » ou  » Cycle des barbares ou conquérants » Métal (Hache), Feu (Incendie), Eau (Inondation) Terre (occupation) pour revenir au Bois (conquête). Le Métal (tristesse) est fondu par le Feu (joie); la joie (Feu) est éteinte par la peur (Eau); la peur (Eau) est absorbée par la réflexion (Terre), la réflexion (Terre) est dominée par la colère (Bois).